Deux promesses de Hakainde Hichilema, élu président l’an dernier après des décennies dans l’opposition, ont été tenues ce vendredi. Lusaka a aboli la peine de mort et invalidé une loi qui interdisait aux citoyens de diffamer leur chef d’État.
La Zambie a aboli la peine de mort et invalidé une loi qui interdisait aux citoyens de diffamer leur chef d’État, deux promesses du président Hakainde Hichilema, élu l’an dernier après des décennies dans l’opposition. Le président a signé vendredi soir le décret qui supprime deux lois héritées de l’époque coloniale, suscitant des réactions enthousiastes d’ONG et de militants des droits humains.
Hakainde Hichilema « a approuvé le code pénal de 2022 qui abolit la peine de mort et le délit pénal de diffamation du président, qui figuraient dans les textes de loi zambiens depuis l’ère pré-indépendance », a déclaré le porte-parole de la présidence, Anthony Bwalya, dans un communiqué.
Vers une véritable démocratie
Pour le militant de droits Brebner Changala, cette décision représente une étape importante vers l’instauration d’une véritable démocratie. « C’est un énorme jalon dans la suppression des lois coloniales qui ne correspondent pas au régime démocratique du pays », a-t-il déclaré samedi, appelant le président à aller plus loin encore et à examiner « la loi sur l’ordre public, l’accès à l’information et d’autres lois coloniales ».
LES CITOYENS POURRONT AINSI EXPRIMER LIBREMENT LEURS OPINIONS SANS CRAINDRE D’ÊTRE POURSUIVIS
La directrice du Centre for Policy Dialogue, Caroline Katotobwe, s’est félicitée que le président ait tenu sa promesse électorale. « Nous sommes ravis que cette loi répressive ait enfin été supprimée. Les citoyens pourront ainsi exprimer librement leurs opinions sans craindre d’être poursuivis comme c’était le cas dans le passé », a-t-elle affirmé dans un communiqué.
La transition démocratique lors de l’élection en août 2021 de « HH », opposant de toujours, sur des promesse d’éradiquer une corruption rampante et de ressusciter l’économie, avait suscité un élan d’espoir pour les 18 millions d’habitants du pays, ainsi qu’en Afrique et au-delà.
Élu à la surprise générale en août dernier, le nouveau chef de l’État a adopté un style radicalement différent de celui de son prédécesseur. Partisan d’un libéralisme économique et politique, cet ancien homme d’affaires qui a connu la torture et la prison veut en finir avec la corruption et remettre son pays sur les rails. Pour, enfin, obtenir des résultats.
Hakainde Hichilema ne correspond pas vraiment à l’image que l’on se fait d’un révolutionnaire. Toujours vêtu d’un costume, parlant couramment le langage des experts-comptables (il a dirigé deux cabinets internationaux) et maniant à merveille l’analyse comparative des systèmes fiscaux, le deuxième plus gros éleveur de Zambie peut sembler plus à l’aise dans une salle de réunion que dans un meeting de campagne.
Des coups et des bosses
Homme d’affaires autodidacte, qui prône le libéralisme social et économique, Hakainde Hichilema est aussi une personnalité politique atypique, qui a connu la prison et la torture. En août dernier, alors qu’il n’avait pas encore 60 ans et qu’il briguait pour la sixième fois la magistrature suprême, il a finalement été porté à la tête du pays, battant sèchement le président sortant, Edgar Lungu, au pouvoir depuis 2015. Ce faisant, et malgré les coups et les bosses récoltés durant la campagne, il a prouvé qu’avec un peu de stratégie, d’unité et beaucoup de détermination, l’impossible était à portée de vote.
LE SYSTÈME TOUT ENTIER ÉTAIT CASSÉ
Sitôt élu, il s’est fixé une feuille de route ambitieuse : libéraliser un système politique sur lequel l’État n’avait cessé de renforcer son emprise les années précédentes ; conclure un accord avec les créanciers alors que le pays était en défaut de paiement ; reconstruire l’économie, mais aussi les services d’éducation et de santé publique… Un programme si ambitieux qu’il en est révolutionnaire. « Le système tout entier était cassé, se justifie le nouveau président. Des dettes énormes, une dépense publique folle, des ressources fiscales détournées par une poignée d’individus… Tout était politisé et corrompu. »
Quand, à l’issue du scrutin du 12 août, la commission électorale a annoncé sa victoire avec 60 % des suffrages, contre 38 % pour Lungu, il y a eu comme un moment de flottement. Le sortant allait-il accepter sa défaite ? Ne fallait-il pas redouter les milliers de policiers et de soldats rappelés pour défendre Lungu et son parti, le Front patriotique (PF) ?
En coulisses, les négociations ont commencé. Rupiah Banda, ancien président de la Zambie, et Jakaya Kikwete, ex-chef de l’État tanzanien, ont organisé une rencontre entre les deux rivaux. Rendez-vous a été donné au domicile de Banda, qui s’est efforcé de convaincre le sortant de ne pas contester les résultats – et cela n’allait pas de soi, tant l’inimitié entre Lungu et Hichilema était forte. Ce jour-là, Hichilema ne ménage pas son adversaire. « Je voulais lui dire que je n’aimais pas la façon dont il dirigeait le pays, qu’il avait la main lourde, qu’il était autocratique et que des gens mouraient inutilement, raconte-t-il. Mon message, c’est que nous, nous allions diriger le pays différemment, à l’opposé de la façon dont il procédait. »
J’AI DIT À LUNGU QUE NOUS N’ALLIONS PAS POURSUIVRE DES INDIVIDUS PARCE QU’ILS AVAIENT TRAVAILLÉ AVEC LUI, MAIS PARCE QU’ILS AVAIENT COMMIS UN CRIME
Très vite s’est posée la question de la responsabilité pénale de Lungu. « Je lui ai dit très clairement que nous aurions une tolérance zéro dans notre lutte contre la corruption, poursuit le président zambien. Et que nous n’allions pas poursuivre des individus parce qu’ils avaient travaillé avec lui, mais parce qu’ils avaient commis un crime. » Des enquêtes ont depuis été ouvertes. Lungu pourrait-il se retrouver devant les tribunaux ? « Si les crimes ont été commis lorsqu’il était en fonction, je pense qu’il est couvert par l’immunité, élude son successeur. À moins que celle-ci ne soit levée [par le Parlement]. C’est comme ça que cela fonctionne. »
Dans le collimateur de la justice
C’est ce qui s’était passé en 2008, lorsque le président de l’époque, Levy Mwanawasa, avait demandé aux élus zambiens de lever l’immunité de son prédécesseur, Frederick Chiluba, accusé de corruption. Aujourd’hui, Hichilema et son entourage ne souhaitent pas dire si Lungu fait, à titre personnel, l’objet d’une enquête. Mais, de fait, nombre de ses partenaires en affaires sont aujourd’hui dans le collimateur de la justice.
ON A ESSAYÉ DE M’ÉLIMINER, MAIS J’AI SURVÉCU
C’est le cas de Valden Findlay, souvent décrit comme le « meilleur ami » de Lungu et qui, quoique dépourvu de rôle officiel, l’accompagnait lors de la plupart de ses déplacements à l’étranger. Après les élections, la Commission de lutte contre la drogue (DEC) a gelé ses comptes bancaires. La même DEC a annoncé qu’elle enquêtait sur l’ancien ministre des Affaires étrangères, Joseph Malanji, et sur l’ancien ministre de la Santé, Chitalu Chilufya. Tous deux sont soupçonnés « de crimes financiers et de blanchiment d’argent ». Les enquêteurs cherchent notamment à savoir comment Malanji a pu réunir 1,4 million de dollars en espèces pour acheter un hélicoptère, en mars dernier. Hichilema insiste néanmoins sur le fait qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières : la loi sera appliquée, mais « pas dans une logique de vengeance ».
« On a essayé de m’éliminer, mais j’ai survécu », poursuit-il. De ses années d’opposition, Hichilema garde un souvenir cuisant. Il a été arrêté et détenu pas moins de 20 fois lorsque Lungu était au pouvoir. Il a même été accusé de trahison pour ne pas s’être rangé sur le bord de la route à l’approche du convoi du président, en avril 2017. Un mandat avait été délivré à son encontre et des officiers armés avaient fait irruption chez lui, à Lusaka, pour l’arrêter. Après avoir mis sa famille à l’abri dans une pièce sécurisée, Hichilema était parvenu à échapper à la police. Plusieurs membres de son personnel avaient néanmoins été battus, des objets de valeur lui avaient été dérobés et une grande partie de ses biens avaient été vandalisés.
Une seringue cachée dans la bible d’un faux prêtre
Le lendemain, il s’était présenté au poste de police. Il sera détenu pendant quatre mois sans procès, période pendant laquelle il dit avoir été battu et torturé. Il raconte qu’un jour, un homme habillé en prêtre et tenant une bible s’est présenté dans sa cellule. « Je pouvais voir qu’il avait caché quelque chose dans sa bible. Il s’est avéré que c’était une seringue hypodermique. » Hichilema en est convaincu, on a tenté de le tuer. Et ce n’était ni la première ni la dernière fois.
Plus tard, alors qu’il avait fini par être libéré grâce à l’intervention d’Olusegun Obsanjo, l’ancien président nigérian, et de Patricia Scotland, la secrétaire générale du Commonwealth, Hichilema identifiera son agresseur, obtenant même une ordonnance exigeant que l’État le présente au tribunal. Mais l’État n’a pas obtempéré et l’homme est toujours en fuite.
BEAUCOUP DE GENS ONT ÉTÉ MIS EN PRISON POUR DES CRIMES QU’ILS N’AVAIENT PAS COMMIS
Sous la pression internationale, Lungu s’est éloigné du bord du gouffre dans lequel il paraissait sur le point de précipiter la Zambie. Il a proposé un dialogue politique à l’opposition, ce qui lui a surtout permis de gagner du temps sans avoir à procéder à de réels changements. « Le système était autocratique et lourd, et beaucoup de gens ont été mis en prison pour des crimes qu’ils n’avaient pas commis », regrette Hichilema, en expliquant comment sa formation, le Parti unifié pour le développement national (UPND), a adapté sa stratégie électorale à cet environnement répressif. « Il a fallu composer avec ce contexte et trouver le moyen de faire campagne, évidemment dans la clandestinité, sans jamais lâcher le ballon des yeux. »
« Il y a des leçons à en tirer pour tous ceux qui croient en l’État de droit et en la démocratie. Vous pouvez accomplir de grandes choses sans recourir à la violence ou à la lutte armée, qui abîme les fondations d’un pays. » Pour la Zambie, qui partage une frontière avec la tumultueuse RDC, c’est plus qu’un argument rhétorique. Fin novembre, Hichilema est d’ailleurs allé à Kinshasa à la rencontre de son homologue congolais, Félix Tshisekedi, pour trouver le moyen de stimuler les échanges et les investissements entre leurs deux pays.
Rencontre avec Tshisekedi
Les deux hommes s’entendent bien. Tous deux ont longtemps été dans l’opposition avant d’accéder à la magistrature suprême et tous deux veulent se débarrasser de l’ombre de leurs prédécesseurs. Leurs pays sont aussi les principaux producteurs de cuivre et de cobalt sur le continent. La RDC produit environ 70 % du cobalt mondial et cela n’est sans doute pas un hasard si la visite d’Hichilema a coïncidé avec la tenue d’une conférence visant à promouvoir la production de batteries pour les voitures électriques – un marché qui devrait dépasser les 50 milliards de dollars d’ici 2025. « Ce passage des voitures à essence aux véhicules électriques a un impact sur le prix de nos métaux. Nous en sommes conscients et nous voulons tirer le meilleur de cette opportunité. Ces revenus, nous les utiliserons pour construire une économie plus verte », affirme Hichilema.
« La Zambie est un pays stratégiquement situé, poursuit-il. Nous travaillons à en faire un centre de production, de valeur ajoutée et de logistique. » Pour que cela devienne une réalité, il prévoit la construction de voies ferrées à écartement standard à travers la Zambie, reliant l’Afrique du Sud à la RDC et à la Tanzanie. Il souhaite également que les frontières entre le Congo et la Zambie restent ouvertes 24 heures sur 24 et que les exportations vers l’Afrique du Sud soit facilitées.
SOUS LA PRÉSIDENCE DE LUNGU, TOUT ÉTAIT TOUJOURS LIÉ AU PARTI
Parallèlement, il entend mettre l’accent sur la bonne gouvernance. « Nous avions auparavant un problème de leadership, qui était politisé. Tout était toujours lié au parti, et ce n’est pas ainsi que nous voyons les choses. » Sous la présidence de Lungu, les cadres du PF ont effectivement pris le contrôle de vastes pans de l’économie – marchés, gares routières, distribution d’engrais et de semences dans les zones agricoles.
Quelques jours après sa victoire, Hichilema a par ailleurs limogé les chefs de la sécurité. « Il était nécessaire de procéder à des changements essentiels. Comment voulez-vous demander à un inspecteur général de la police dont les hommes brutalisaient la population de continuer ? Comment voulez-vous qu’il dise : “Maintenant, les citoyens ont des libertés. Ils ont des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution.” Pendant des années, ils ont été soudoyés pour ne pas protéger les citoyens ! »
Hichilema a ensuite constitué son équipe économique. Il s’est notamment entouré de deux vétérans de la scène zambienne. Denny Kalyalya, qu’un bras de fer avait opposé à Lungu, a fait son grand retour au poste de gouverneur de la Banque centrale. Ancien haut cadre de la Banque mondiale, il est revenu avec la garantie que la structure serait indépendante et aurait un objectif prioritaire : faire baisser l’inflation, à son plus haut niveau depuis deux décennies.
L’autre revenant est le ministre des Finances, Situmbeko Musokotwane, qui avait occupé ce portefeuille sous la présidence de Rupiah Banda (2008-2011). Sur la même ligne que Kalyalya et Hichilema, Musokotwane estime que les comptes du gouvernement ne tenaient jusqu’à présent pas la route et que l’économie avait besoin d’un traitement radical. Sa priorité ? Restructurer la dette extérieure du pays, qui s’élève à 13 milliards de dollars.
Le chef de l’État devra aussi veiller à ce que le secteur minier soit remis en ordre, d’autant qu’une enquête sur la vente de certains actifs appartenant à l’État a révélé qu’ils avaient été détournés. L’enjeu est d’autant plus important qu’Hichilema ambitionne de quadrupler sa production de cuivre au cours des dix prochaines années. Le prix mondial de ce minerai a dépassé 10 000 dollars la tonne en juin et devrait atteindre 20 000 dollars la tonne d’ici dix ans. Avec ses richesses en cuivre, les plus importantes d’Afrique après celles de la RDC, la Zambie s’est lancée dans une course contre la montre pour augmenter la rentabilité des mines, handicapée par des années de sous-investissement et de querelles politiques.
Hichilema sait être patient, sa trajectoire politique en atteste. Mais sa position et son style de gouvernement sont ancrés dans la culture d’entreprise. Si, avec son sens des affaires, sa rigueur d’expert-comptable, sa culture du résultat et les technocrates dont il s’est entouré, il parvient à redresser l’économie, grâce notamment aux perspectives qu’offre le cuivre, alors il pourrait bien avoir gagné son pari.
Avec Jeune Afrique par Patrick Smith pour The Africa Report
Lors de son premier discours en tant président, Hakainde Hichilema s’est engagé à réduire la dette du pays, désormais supérieure au PIB.
C’est masqué que le nouveau président zambien a prêté serment devant une foule de 60 000 spectateurs. Lors de son premier discours en tant que président, Hakainde Hichilema est revenu sur ses principaux objectifs : rendre la « vie meilleure », réduire le chômage et le poids de la dette.
Le successeur d’Edgar Lungu, qui en était à sa sixième candidature, va devoir relancer une économie minée par la dette, fragilisée par les cours imprévisibles des matières premières, et depuis peu le Covid-19. Entre 2019 et 2020 la dette du pays est passée de 94,5 % du PIB à plus de 117 % et la Zambie est devenue en novembre dernier le premier pays africain à faire défaut sur sa dette souveraine depuis le début de la pandémie.
« Au cours de la dernière décennie, le niveau de la dette est devenu insoutenable, réduisant la capacité du pays à investir », a soutenu Hakainde Hichelma devant ses sympathisants réunis dans le stade des Héros de Lusaka, la capitale du pays.
Restaurer la confiance
« Notre priorité au cours des cinq prochaines années sera de restaurer la stabilité macroéconomique », a-t-il poursuivi. « Nous accorderons une attention particulière à la réduction du déficit budgétaire, à la réduction de la dette publique et au rétablissement de la confiance des marchés dans notre pays. »
La dette extérieure zambienne s’élève au total à 12 milliards de dollars, dont environ 3 milliards d’euro-obligations, 3,5 milliards de dettes bilatérales, 2,1 milliards de dollars dues à des organismes de prêt multilatéraux (le FMI notamment), et 2,9 milliards de dollars dûs à des banques commerciales.
La victoire surprise d’Hakainde Hichilema, surnommé « HH », réussira peut-être à rassurer les créanciers : depuis son arrivée au pouvoir la différence de taux d’intérêts entre les bons du Trésor américains, valeurs de référence, et les obligations zambiennes est revenu à son niveau d’avant la pandémie.
« Notre budget national a été submergé par le service de la dette », a déclaré le nouveau président zambien, septième homme à occuper ce poste depuis l’indépendance du pays en 1964, promettant de tout faire pour rétablir la situation d’avant crise.
Pour cela, l’ancien homme d’affaires va devoir négocier avec les différents créanciers. Et la tâche ne s’annonce pas facile : les accords trouvés avec la Chine et les groupes chinois, qui représentent un quart de la dette extérieure du pays, comprennent des clauses de confidentialité particulièrement délicates au vu des exigences du FMI.
Le 16 août, Edgar Lungu, le chef de l’État sortant, a été largement battu par son éternel opposant. À la surprise générale.
Ce lundi 16 août, Hakainde Hichilema, 59 ans, est devenu le septième président zambien démocratiquement élu, devançant Edgar Lungu de près de 1 million de voix.PUBLICITÉ
Candidat pour la sixième fois, Hichilema faisait figure d’éternel second. C’est la troisième fois qu’il faisait face à Lungu, président depuis 2015, dont il était devenu le principal opposant.
En prison pour « trahison »
Cet homme d’affaires autodidacte est, depuis 2006, à la tête de l’Alliance démocratique unie (UPND), qui prône le libéralisme social et économique, à l’encontre des idées du Front patriotique (FP), le parti conservateur du chef de l’État sortant.
Hichilema s’était vivement opposé à la réélection de Lungu en 2016. Il avait alors dénoncé des fraudes et multiplié les recours, ce qui lui avait valu d’être poursuivi en justice, puis incarcéré, d’avril à août 2017, pour « trahison ».
« HH », comme on l’appelle, a fini par s’ imposer comme le candidat du peuple, en particulier durant cette dernière campagne. La population le surnomme aussi « Bally », terme utilisé pour parler d’un aîné, en signe de respect.
Le 15 août dans l’après-midi, Hichilema a rendu visite à l’ancien président Rupiah Banda, avec qui il a évoqué « un large éventail de questions relatives au bien-être [du] peuple [zambien] », comme il l’a ensuite indiqué sur Twitter.
Soutiens étiolés
Entre le président sortant et son opposant, la course était serrée depuis le début de la campagne. Mais c’est l’état du pays, notamment sur le plan économique, qui a desservi Edgar Lungu. Ses soutiens se sont en effet étiolés du fait de l’augmentation du coût de la vie, conséquence d’une hausse du taux de l’inflation de plus de 20% durant son dernier mandat, particulièrement depuis le début de la pandémie de Covid-19.
Avec un taux de participation supérieur à 70%, la population était au rendez-vous pour cette élection. Les bureaux de vote étaient restés ouverts tard dans la nuit du 12 au 13 août, jusqu’à 5 heures du matin, en raison de l’affluence. Certains électeurs patientaient depuis la fin d’après-midi.
Ce n’est que le 16 août à 2h30 du matin, à l’issue d’un dépouillement qui aura duré plusieurs jours, qu’Esau Chulu, le président de la commission électorale, a déclaré officiellement Hichilema président de la Zambie.
« La victoire est en vue »
Après une campagne au coude-à-coude, l’enthousiasme était palpable dans les rues de Lusaka, où de nombreux partisans de l’UPND, arborant les couleurs de leur parti, fêtaient la victoire avant même l’annonce des résultats.
Dans la soirée du 14 août, le FP avait fait savoir qu’il n’excluait pas de déposer des recours dans trois provinces, bastions historiques de l’opposition, qui, selon lui, auraient été le théâtre de violences lors du scrutin, de nature à invalider ce dernier.
Le matin même, Hichilema avait appelé au calme. « La victoire est en vue . Je demande à nos partisans de se réfréner », avait-il écrit sur son compte twitter. « Nous avons voté pour le changement, pour une Zambie meilleure, libérée de toute violence et discrimination. Incarnons le changement pour lequel nous avons voté », avait-il conclu
Le décompte des voix a repris en Zambie vendredi, au lendemain d’un scrutin tendu mais émaillé de peu d’incidents. Le président sortant et son opposant historique sont annoncés au coude-à-coude.
Les résultats de la présidentielle, mais aussi des législatives et municipales dans ce pays à l’économie plombée – la Zambie est le premier État du continent à faire défaut sur sa dette dans la foulée de la pandémie de coronavirus -, devront être connus d’ici dimanche soir.
L’écart entre le président sortant Edgar Lungu, 64 ans, et son infatigable rival qui se présente pour la sixième fois, Hakainde Hichilema, 59 ans, n’était que d’un peu plus de 100 000 voix en 2016. Il pourrait être encore plus serré, croient savoir les sondeurs.
Des violences ont été signalées dans la province du Nord-Ouest, un bastion d’Hichilema, où deux personnes dont un responsable du parti au pouvoir, le Front patriotique (PF), ont été tuées, a annoncé le président jeudi soir, accusant le parti de son rival, le Parti uni pour le développement national (UPND). La commission électorale zambienne a ouvert une enquête sur ces violences et ce meurtre, dont l’UPND s’est distancié, accusant le pouvoir de tenter ainsi de faire diversion. Le PF avance aussi que certains de ses partisans ont été agressés et chassés des bureaux de vote dans le sud du pays.
Edgar Lungu, qui avait déployé l’armée au début du mois pour renforcer l’ordre pendant la période électorale après des violences sporadiques, a annoncé le renfort d’effectifs militaires dans trois provinces. L’opposition craint que le président n’exagère l’ampleur de la violence et de l’instabilité dans les régions d’opposition pour justifier l’invalidation de résultats.
D’importantes perturbations d’accès aux réseaux sociaux, constatées jeudi notamment dans la capitale Lusaka, et coïncidant avec le moment du vote de Hakainde Hichilema – surnommé « HH » ou « Bally », terme affectueux désignant un aîné – suscitent aussi l’inquiétude.
Mise en garde
Le scrutin s’est poursuivi longtemps après la fermeture des bureaux de vote prévue jeudi à 18 heures, pour faire voter tous ceux qui étaient déjà installés dans la queue. Jusqu’à 3 heures du matin, dans certains endroits, a précisé la commission électorale. Des dépouillements partiels seront annoncés régulièrement jusqu’à dimanche soir quand tous les bulletins devraient être comptés.
Edgar Lungu a déjà laissé entendre que les violences du jour de l’élection avaient « empêché », dans trois provinces, les élections d’être « libres et équitables ». Les résultats à Lusaka, bastion traditionnel du parti au pouvoir qui concentre 3,3 millions de Zambiens, et dans la province centrale de Copperbelt, essentielle à l’économie du pays avec ses mines de cuivre, sont particulièrement scrutés, pouvant faire basculer l’élection.
Les observateurs, zambiens et internationaux, ont mis en garde contre d’éventuels troubles lorsque les résultats seront connus. « Le véritable test sera dans le processus de comptage », a commenté l’économiste zambien indépendant Trevor Simumba.
Lusaka – Le chef de l’opposition zambienne, Hakainde Hichilema, qui refuse toujours de reconnaître sa défaite à la présidentielle d’août 2016, a été inculpé mercredi de « trahison » pour avoir tenté de bloquer le convoi du chef de l’Etat Edgar Lungu.
« Nous avons inculpé Hichilema ainsi que cinq autres personnes de trahison », a annoncé à la presse le chef de la police zambienne Kakoma Kanganja.
Le chef du Parti uni pour le développement national (UPND) a été arrêté mardi matin à son domicile de Lusaka au terme de plusieurs heures d’un véritable siège qui a mobilisé une centaine de policiers.
Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène et pris d’assaut son domicile, avant de le conduire dans un camp d’entraînement de la police pour y être interrogé.
Selon son avocat, Jack Mwiimbu, M. Hichilema est officiellement accusé d’avoir voulu bloquer le convoi du président Lungu, dimanche à l’occasion d’un déplacement dans l’ouest.
Mais selon l’opposition, il paie son refus de reconnaître la victoire d’Edgar Lungu à l’élection présidentielle d’août dernier.
Candidat pour la cinquième fois, celui qui est surnommé « HH » avait alors été devancé d’à peine 100.000 voix (2,5% des suffrages) par M. Lungu, au pouvoir depuis 2015.
Il avait contesté les résultats pour fraude mais la Cour constitutionnelle avait validé la réélection de M. Lungu. Il a depuis déposé d’autres recours devant les tribunaux.
La qualification de trahison, qui ne permet pas de libération sous caution en Zambie, est passible d’un minimum de quinze ans de prison et dans le pire des cas de la peine de mort.
Ce n’est pas la première fois qu’Hakainde Hichilema est interpellé. En octobre dernier, il avait passé une nuit en détention, accusé d’incitation à l’insurrection et de rassemblement interdit.
Lusaka – Le chef de l’opposition zambienne, Hakainde Hichilema, s’est rendu dimanche au siège de la commission électorale pour protester contre la lenteur du dépouillement des bulletins de la présidentielle dont les résultats partiels le donnent devancé par le président sortant Edgar Lungu.
Trois jours après le vote, près de la moitié des résultats – 69 circonscriptions sur 156 – avaient été publiés. Ils créditent M. Hichilema de 644.132 voix contre 699.960 au président Lungu, chef du Front patriotique (PF), qui arrive également en tête dans la capitale Lusaka.
M. Hichilema, un entrepreneur qui dirige le Parti uni pour le développement national (UPND), a demandé dimanche à parler au président de la commission électorale Esau Chulu, mais a été bloqué dans un premier temps par la police au siège de la commission dans la capitale Lusaka, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’opposant protestait contre le retard pris dans l’annonce des résultats dont la commission électorale avait initialement indiqué qu’ils seraient connus 48 heures après la fin du vote jeudi soir. Pourquoi leur faut-il tant de temps’, s’est-il alarmé face à l’AFP.
Aucune explication n’a été fournie par la commission électorale.
Mais peu de temps après, M. Hichilema a finalement été reçu par des membres de la commission électorale, lors d’une réunion qui a duré près de deux heures.
Nous nous sommes mis d’accord sur le fait qu’aucune déclaration de résultats ne devait intervenir pour la ville de Lusaka, a-t-il rapporté aux journalistes qui l’attendaient à l’issue de cette rencontre.
Il a estimé que les prochains décomptes concernant la capitale devraient être vérifiés par tous les partis avant d’être publiés, sinon la commission ne ferait rien d’autre que d’assister un parti qui chercherait à voler l’élection. L’opposant n’a pas précisé à quel parti il faisait allusion.
Vendredi soir, M. Hichilema avait accusé le PF de s’entendre avec la commission électorale afin de retarder l’annonce des résultats et permettre au parti au pouvoir de truquer le vote.
Le porte-parole du PF, Frank Bwalya, a répliqué dimanche en estimant que le principal rival du président Lungu n’avait cherché qu’à attirer l’attention en se rendant à la commission électorale. Il voulait forcer la police à l’arrêter, a-t-il dit.
Selon M. Bwalya, le parti de l’opposant est lui-même à l’origine des retards en raison du dépôt de nombreux recours devant la commission électorale.
M. Hichilema, un homme d’affaires à succès de 54 ans, en est à sa cinquième tentative de conquête de la présidence après avoir perdu de justesse (1,5%) contre M. Lungu l’an dernier.
Il s’agissait alors d’une élection anticipée pour désigner un dirigeant le temps d’achever le mandat du président Michel Sata, décédé de maladie en octobre 2014.
Le court mandat de M. Lungu, 59 ans, a souffert de la chute des cours du cuivre dont la Zambie, deuxième producteur d’Afrique, est ultradépendante.
La campagne électorale a été tendue et émaillée d’affrontements parfois violents qui ont fait au moins trois morts.
Le candidat du pouvoir en Zambie, le ministre de la Défense Edgar Lungu, a remporté l’élection présidentielle, a annoncé samedi la commission électorale.
Edgar Lungu, candidat du Front patriotique (PF), est arrivé premier d’une courte tête avec 48,33% des voix, devançant son rival Hakainde Hichilema, candidat du Parti de l’unité pour le développement national (UNPD), qui a obtenu 46,67% des voix lors du scrutin de mardi.
Dans les rues de la capitale Lusaka, les partisans du Front Patriotique ont bruyamment célébré la victoire de leur candidat, juriste de 58 ans, et la police a du faire usage de gaz lacrymogènes pour empêcher les supporteurs d’envahir le centre de conférence où étaient annoncé les résultats officiels.
Un scrutin perturbé par des retards
Hakainde Hichilema avait dénoncé plus tôt samedi un « simulacre » d’élection, alors que le scrutin avait été entaché de retards. Le scrutin s’est prolongé sur trois jours notammlent en raison des mauvaises conditions météorologiques qui ont empêché les électeurs d’accéder aux bureaux de vote.
Cet homme d’affaires de 52 ans, qui briguait la présidence pour la quatrième fois, a accusé son rival de lui avoir volé sa victoire.
Edgar Lungu doit prêter serment dimanche et deviendra ainsi le sixième président de la Zambie (ancienne Rhodésie) depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1964.
Le nouveau président dirigera ce pays d’Afrique australe jusqu’en septembre 2016, fin du mandat de cinq ans que n’a pas achevé Michael Sata, le chef de l’Etat décédé en octobre.