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Tunisie : les sondages confirment la baisse de popularité d’Ennahdha

mars 1, 2013

Ghannouchi ne recueille que 3,7% d'intentions de vote, contre 29,1% pour Caïd Essebsi. Ghannouchi ne recueille que 3,7% d’intentions de vote, contre 29,1% pour Caïd Essebsi. © AFP/Montage J.A.

Plusieurs sondages, dont le dernier publié le 1er mars par le cabinet Sigma Conseil, montrent que la cote du parti islamiste Ennahdha s’effrite. Tandis que celle de son principal rival, Nida Tounès, grimpe.

Présenté le 1er mars, le sondage effectué par le cabinet Sigma conseil offre un premier enseignement sur la situation politique compliquée de la Tunisie : 47,7% des sondés n’adhérent pas à la désignation d’Ali Laarayedh, ancien ministre de l’intérieur, comme Premier ministre chargé de réunir une nouvelle équipe gouvernementale après la démission du gouvernement Jebali. Seuls 31,5% le soutiennent tandis que 20,8% sont hésitants.

À la question de savoir « quelle est la personnalité politique en qui vous avez le plus confiance ? », les Tunisiens désignent à 31,5% Béji Caïd Essebsi, ancien premier ministre et fondateur de « Nida Tounès », parti rival d’Ennahdha. Ali Laarayedh, n’arrive qu’en 2e position, avec 18,2 % d’opinions positives. Hamadi Jebali, ancien chef du gouvernement dont l’initiative de mettre en place un gouvernement de technocrates a été rejetée par son propre parti, obtient 15,6 %, suivi de Hamma Hammami, secrétaire général du Front Populaire (11,9 %). Rached Ghannouchi (leader d’Ennahdha) ne recueille que 5,4%.

Trois grands pôles

Les intentions de vote reflètent presque le même classement. Caïd Essebsi arrive en tête avec 29,1 %, suivi de Hamadi Jebali (21,7%), Hamma Hammami (12%) et Ali Laarayedh (7,3%). Comme dans les sondages précédents, les autres leaders politiques se placent loin derrière. Moncef Marzouki, actuel président de la république obtient 4,6%, Ahmed Néjib Chebbi 3,8%, Rached Ghannouchi 3,7%, Taieb Baccouche 3,5%, Kamel Morjane 2,1%, et Mustapha Ben Jaafar 1,9%.

Ces résultats rejoignent ceux publiés par le bureau 3 C études, le 22 février dernier. Et confirment la tendance des précédents du mois de janvier. Il en ressort que le paysage politique tunisien s’articule autour de trois pôles : Nida Tounès, Ennahdha et le Front populaire. Une situation qui explique le bras de fer avec Nida Tounès qu’a engagé Ennahdha, visiblement pénalisé par son mauvais bilan après plus d’un an au pouvoir.

Jeuneafrique.com par Frida Dahmani, à Tunis

Tunisie : sous le choc, les démocrates resserent les rangs aux obsèques de Chokri Belaïd

février 8, 2013
Le cercueil de Chokri Belaïd suivi par des milliers de Tunisiens à Djebel Jelloul, près de Tunis. Le cercueil de Chokri Belaïd suivi par des milliers de Tunisiens à Djebel Jelloul, près de Tunis. © Fethi Belaïd/AFP

Les obsèques de l’opposant tunisien Chokri Belaïd se sont déroulées vendredi 8 février au sud de Tunis, en présence de plusieurs dizaines de millers de Tunisiens. L’assassinat par balles de l’homme politique et défenseur des droits de l’homme, deux jours plus tôt, est un traumatisme pour tous les démocrates du pays.

La fatiha vient d’être récitée et la tombe de Chokri Belaïd scellée mais les voix des démocrates tunisiens sont plus audibles que jamais. Rien que dans la capitale, Tunis, ils étaient des dizaines de milliers à exprimer leur volonté de dignité, de liberté et d’égalité sociale en accompagnant vendredi le cortège funèbre du leader du Front populaire, assassiné de quatre balles à bout portant par deux inconnus, devant chez lui, le 6 février au matin.

La Tunisie est transfigurée. Il aura fallu que la violence politique fasse verser le sang pour qu’un peuple entier resserre les rangs et exige que les querelles partisanes n’empêchent pas le pays d’avancer. « Plus jamais ça », entendait-on de la part des femmes et des hommes de tous âges et de toutes origines sociales qui ont tenu, malgré le froid glacial, à rendre un dernier hommage à celui qui est devenu un symbole de la lutte pour les libertés.

« Ce n’est plus un militant, c’est un combattant », déclaraient ses compagnons du parti El Watad tandis que Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire (FP), faisait l’éloge de son ami disparu. Dans le cimetière résonnaient des slogans scandés avec une ferveur extraordinaire. Le chagrin se lisait sur tous les visages. Même les militaires ne se cachaient pas pour pleurer.

Colère contenue

Sans rage mais avec une colère contenue, les Tunisiens ont tenu à marquer, par leur mobilisation, les lignes rouges à ne pas franchir. Les dirigeants d’Ennahdha, portés au pouvoir par 1 200 000 voix en novembre 2011, ainsi que toutes les autres formations islamistes, ont sûrement été surpris. Car ceux qu’ils ont parfois tendance à considérer comme quantité négligeable se sont révélés non seulement nombreux mais aussi unis.

Les islamistes devront désormais prendre en compte cette donnée. Les moins tolérants l’ont déjà fait en choisissant l’affrontement physique. Les ligues de protection de la révolution ont bien saccagé des voitures et tenté de perturber les funérailles de Belaïd, mais leur faculté de nuisance était bien faible au regard du tsunami humain qui déferlait sur le cimetière, au son de l’hymne national.

Émouvante et éprouvante, cette journée si particulière n’était pas encore finie, à l’heure où s’écrivaient ces lignes. Les forces de l’ordre quadrillaient la ville, guettant les casseurs mais aussi les manifestations spontanées, alors que la grève générale était scrupuleusement observée dans tout le pays.

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 Jeuneafrique.com par Frida Dahmani, à Tunis