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Zimbabwe: le président prône l’apaisement, l’armée dans les rues de Harare

août 2, 2018

Les forces de l’ordre stationnées dans une rue de Bulawayo au Zimbabwe, le 2 août 2018 / © AFP / PATRICK MEINHARDT

Le président Emmerson Mnangagwa a appelé jeudi à l’apaisement au Zimbabwe alors que l’armée patrouillait dans les rues de Harare dans l’attente des résultats de la présidentielle, au lendemain d’une répression meurtrière contre l’opposition qui crie à la fraude.

La commission électorale a de son côté exhorté jeudi la population à faire preuve de « patience », annonçant que les résultats devraient être communiqués dans la journée ou vendredi.

Le Zimbabwe a organisé lundi, sans incident majeur, les premières élections générales depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre après trente-sept ans au pouvoir. Ces scrutins devaient marquer un tournant dans l’histoire du pays où les élections ont été régulièrement entachées de fraude et de violence.

Mais mercredi, après l’annonce de la victoire écrasante aux législatives de la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis 1980, la situation a dégénéré dans la capitale.

L’armée a ouvert le feu sur des manifestants de l’opposition qui protestaient contre des fraudes. Trois personnes ont été tuées, selon la police.

Jeudi, le chef de l’Etat a appelé à résoudre « pacifiquement les différends » avec l’opposition, précisant avoir été en discussion avec son chef, Nelson Chamisa, pour tenter de « désamorcer » la crise.

La communauté internationale s’est inquiétée de ces tensions post-électorales.

Le Commonwealth a « catégoriquement dénoncé l’usage excessif de la force contre des civils non armés » et demandé à la commission électorale d' »annoncer, sans plus attendre, tous les résultats des élections ».

Des policiers anti-émeute protègent les locaux de la commission électorale à Harare, le 1er août 2018. / © AFP / Luis TATO

Dès mercredi soir, le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale du Zimbabwe, et les Etats-Unis avaient appelé Harare à la « retenue ».

– « Faux résultats » –

Le Zimbabwe est toujours dans l’incertitude concernant les résultats de la présidentielle, qui se joue entre Emmerson Mnangagwa – 75 ans et ancien bras droit de Robert Mugabe – et Nelson Chamisa – 40 ans et récemment propulsé à la tête du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Nelson Chamisa avait accusé mercredi la commission électorale de préparer de « faux résultats » pour la présidentielle, provoquant la colère de ses partisans qui sont descendus dans la rue avant d’être dispersés à coup de balles réelles et de gaz lacrymogène.

Après ces violences, le gouvernement a prévenu qu’il ne « tolérerait » aucune contestation.

Jeudi, des policiers anti-émeutes étaient stationnés devant le siège du MDC, tandis que des militaires gardaient les bureaux de la Zanu-PF.

« Aucun agent de change », ont crié des soldats, le visage masqué, à des changeurs de billets installés sur un trottoir à proximité du centre-ville, tandis que l’activité était normale dans des marchés de la capitale.

Le Zimbabwe depuis l’indépendance / © AFP / John SAEKI

« Je ne savais pas si c’était sûr de venir travailler », a expliqué un employé de parking à l’AFP à Harare. « On s’est consulté entre nous. Certains de mes collègues ne savaient pas quoi faire et maintenant ils se préparent à venir », a-t-il ajouté.

Devant les banques, des habitants faisaient la queue pour obtenir du liquide, une scène ordinaire au Zimbabwe qui manque cruellement de cash.

– ‘Main lourde’ –

« Quelle perte de temps de s’être inscrit sur les listes électorales, d’avoir voté pour avoir au final des gens tués », a réagi, dépitée, Sharon Nhamo, une employée de parking de 40 ans.

Le président Mnangagwa, soucieux de se démarquer de son prédécesseur, avait promis des élections libres, pacifiques et transparentes, dans l’espoir d’attirer de nouveaux les investisseurs occidentaux dans son pays au bord de la faillite.

« C’est vraiment décevant », a estimé pour sa part Timie Manuwere, 37 ans. « L’opposition a eu tort et la réaction du gouvernement a aggravé la situation. Ils ont eu la main lourde », a-t-il ajouté, expliquant cependant ne pas être surpris.

« Je ne m’attendais pas à ce que les choses changent beaucoup avec les élections. Il était très improbable que ces gars abandonnent juste le pouvoir au bout de huit mois. ll faut aussi qu’ils profitent du coup. »

Violences au Zimbabwe après l’annonce des résultats / © AFP / Maryke Vermaak

Emmerson Mnangagwa a succédé à Robert Mugabe à la suite d’un coup de force de l’armée, qui a contraint le nonagénaire à démissionner. Le nouveau président a confié à plusieurs militaires des postes clés dans son gouvernement.

« Nous avons tous été naïfs, y compris la communauté internationale », a estimé Ibbo Mandaza, un analyste du groupe de réflexion Southern African Political and Economic Series (SAPES) basé à Harare.

« Nous avons refusé d’appeler un coup un coup et la communauté internationale a été naïve de penser que les élections seraient libres et justes sous un gouvernement militaire », a-t-il déclaré à l’AFP.

Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, un second tour sera organisé le 8 septembre.

Romandie.com avec(©AFP / 02 août 2018 15h26)

Zimbabwe: A Harare, soldats et manifestants main dans la main pour faire tomber Mugabe

novembre 18, 2017

Des manifestants au côté d’un transport de troupes de l’armée zimbabwéenne le 18 novembre 2017 lors d’une manifestation pour réclamer le départ du président Robert Mugabe / © AFP / Jekesai NJIKIZANA

Dans le centre ville d’Harare, des manifestants astiquent avec un drapeau zimbabwéen les rangers déjà rutilantes d’un soldat en treillis. « On est tellement heureux que l’armée soit de notre côté. Ils doivent finir le travail et s’assurer que Robert Mugabe parte », explique un manifestant, Baliwe Sibanda.

Scène impensable il y a encore une semaine au Zimbabwe, manifestants et soldats ont fraternisé samedi dans les rues de la capitale, où les anti-Mugabe sont descendus par milliers pour demander le départ du président, au pouvoir depuis 1980.

Des habitants applaudissent un militaire posté sur un char. D’autres brandissent des pancartes « L’armée du Zimbabwe, voix du peuple » et acclament des portraits du chef d’état-major de l’armée, le général Constantino Chiwenga, qui « appuie pleinement » ces manifestations.

L’armée, qui a toujours soutenu le régime Mugabe, a pris dans la nuit de mardi à mercredi le contrôle de la capitale, sans effusion de sang, et placé en résidence surveillée le président âgé de 93 ans.

« Ce n’est pas un coup, c’est cool », explique un manifestant sur une feuille de papier qu’il porte à bout de bras.

L’armée a décidé d’intervenir après la révocation la semaine dernière du vice-président Emmerson Mnangagwa, ennemi juré de la Première dame.

Pour les généraux, la perspective de voir Grace Mugabe en position de favorite pour remplacer le moment venu son époux était devenue inacceptable.

« Être président ne se transmet pas sexuellement », peut-on lire sur une pancarte représentant Grace Mugabe et brandie samedi par des manifestants euphoriques.

« Regardez la foule autour des soldats. Cela montre à quel point le peuple est heureux de ce qu’ils ont fait », estime Tafadzwa Musarurwa, étudiant en sciences sociales. « On peut maintenant espérer avoir un boulot à la sortie de la fac », ajoute-t-il, en référence à la crise économique dans laquelle le pays est plongé depuis une décennie.

– ‘Nouveau départ’ –

« Je suis heureux. On va avoir un changement aujourd’hui. On va avoir un Zimbabwe libre », affirme un manifestant qui tient fièrement une affiche « Nouveau départ ».

« Mugabe est parti, c’est terminé », assure un autre. « Nous sommes tellement heureux que l’armée nous libère de la dynastie Mugabe », ajoute Baliwe Sibanda.

Mais le président Mugabe, qui dirige d’une main de fer son pays depuis l’indépendance, s’accroche toujours au pouvoir. Les négociations avec l’armée, entamées jeudi, semblent piétiner.

Dans ce contexte, les manifestations, à l’appel des anciens combattants, acteurs incontournables de la vie politique zimbabwéenne, et d’organisations de la société civile, visent à accroître la pression sur le vieux dirigeant.

Un groupe de jeunes hommes piétinent une plaque de rue au nom de Robert Mugabe, dans un concert de klaxons et de vuvuzelas.

Fait rarissime, des Blancs, descendants des colons britanniques, se joignent aussi à cet élan populaire. « Nous sommes ici pour voir éclore un nouveau Zimbabwe pour tous les habitants de ce pays », explique Eleanor Shepherd, une courtière en assurances.

« Mugabe est la cause de tous nos problèmes », estime Irene Douglas, une fermière blanche expulsée de ses terres dans le cadre de la réforme agraire de Robert Mugabe.

Cette réforme, lancée en 2000, était officiellement destinée à redistribuer les terres de milliers de fermiers blancs à 300.000 Noirs souvent inexpérimentés, sous-équipés et sans moyen pour investir. Elle a en fait précipité dans la crise le Zimbabwe, en ruinant son agriculture.

Dans l’euphorie des différentes manifestations anti-Mugabe organisées samedi dans la capitale, les voix inquiètes se font rares. « Espérons que nous célébrons le meilleur, pas le pire », avance timidement Kelvin Shonhiwa.

De toute façon, Mugabe « doit partir. Il est là depuis trop longtemps. On en ras le bol de lui. Bye bye Robert », lance un jeune homme, alors que des manifestants réunis au stade de Highfield, dans la banlieue d’Harare, quittent, en début d’après-midi, les lieux à bord de voitures, bus et camions.

Direction le « Toit bleu », la luxueuse résidence privée de Mugabe où le président est assigné à résidence.

Romandie.com avec(©AFP / 18 novembre 2017 13h03

Zimbabwe: des chars vus près d’Harare après des menaces du chef de l’armée

novembre 14, 2017

Le chef de l’armée zimbabwéenne, le général Constantino Chiwenga, le 13 novembre 2017 à Harare / © AFP / Jekesai NJIKIZANA

Un convoi militaire en mouvement a été vu mardi près de la capitale zimbabwéenne, Harare, ajoutant au climat de tension au lendemain d’une mise en garde sans précédent du chef de l’armée à l’encontre du président Robert Mugabe.

« J’ai vu un long convoi de véhicules militaires, dont des chars, il y a environ une heure. Je ne sais pas dans quelle direction ils allaient », a déclaré à l’AFP sous couvert de l’anonymat une vendeuse près du centre commercial Westgate, à environ 10 km du centre de la capitale.

Une deuxième témoin a confirmé à l’AFP avoir vu le convoi. La raison de la présence de ce convoi n’était pas claire dans l’immédiat.

Le porte-parole de l’armée n’était pas joignable pour le moment.

Ces événements ajoutent à l’incertitude régnant dans le pays depuis la décision la semaine dernière du président Mugabe, 93 ans, de révoquer le vice-président Emmerson Mnangagwa, pourtant longtemps pressenti comme dauphin du président.

M. Mnangagwa, 75 ans, a été humilié et démis de ses fonctions la semaine dernière et a fui le pays, après un bras de fer avec la première dame, Grace Mugabe, 52 ans. Figure controversée au tempérament de feu, Mme Mugabe compte de nombreux opposants au sein du parti et du gouvernement.

Dans une mise en garde sans précédent, le chef de l’armée, le général Constantino Chiwenga, a dénoncé lundi l’éviction la semaine dernière du vice-président du pays et prévenu que l’armée pourrait « intervenir » si cette « purge » ne cessait pas au sein du parti présidentiel, la Zanu-PF, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980.

« La purge actuelle qui vise clairement les membres du parti qui ont été engagés dans la guerre d’indépendance doit cesser (…) Nous devons rappeler à ceux qui sont derrière ces dangereuses manigances que lorsqu’il s’agit de protéger notre révolution, l’armée n’hésitera pas à intervenir », a martelé lundi le général Chiwenga.

Ses déclarations semblent viser les efforts de plus en plus offensifs de Grace Mugabe pour se rapprocher du pouvoir et critiquer publiquement ses opposants, dont M. Mnangagwa. Avec l’éviction de ce dernier, elle se retrouve en position idéale pour succéder à son époux.

– « Tournant majeur » –

A la tête depuis 37 ans d’un régime autoritaire et répressif, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018, malgré son grand âge et sa santé fragile.

Réagissant à la menace du chef de l’armée, le principal parti d’opposition zimbabwéen, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s’est clairement positionné contre une prise du pouvoir des militaires.

« Personne ne veut voir de coup d’Etat – et je ne dis pas qu’il va y en avoir un. Il n’est pas souhaitable que l’armée prenne le pouvoir. Cela donnera un coup d’arrêt à la démocratie, et ce n’est pas sain pour le pays », a déclaré à l’AFP un haut responsable du parti, Gift Chimanikire.

La branche jeunesse de la Zanu-PF a également fait savoir dans un communiqué qu’elle s’opposait vivement à une prise de pouvoir de l’armée.

Mardi à Harare, les rumeurs allaient bon train sur une possible révocation par Mugabe du chef de l’armée, qui est considéré comme un allié de M. Mnangagwa. Le général Chiwenga, 61 ans, et M. Mnangagwa ont tous deux été des figures majeures – tout comme Mugabe – de la lutte pour l’indépendance du Zimbabwe.

M. Mnangagwa était vu comme l’un des lieutenants les plus fidèles de Mugabe, ayant travaillé à ses côtés depuis plus de 40 ans, et l’ex vice-président entretient des liens étroits avec les militaires.

Cette crise « marque une nouvelle étape alarmante dans la course à la succession » de Mugabe, a relevé l’analyste politique Alex Magaisa. « (Mugabe) a déjà par le passé demandé à l’armée de rester à l’écart de la course pour prendre la tête de la Zanu-PF. Son autorité sur l’armée n’a jamais été testée à ce point. S’il ne fait rien, cela pourra être interprété comme un signe de faiblesse. S’il intervient, cela pourrait déclencher une confrontation ouverte », souligne l’expert.

Pour Shadrack Gutto, directeur du Centre African Renaissance Studies à l’Université d’Afrique du Sud, l’armée « n’acceptera pas Grace Mugabe comme présidente du Zimbabwe (…) Nous sommes à un tournant majeur du Zimbabwe parce que Robert Mugabe est à moitié sénile », a jugé l’expert.

Romandie.com avec(©AFP / 14 novembre 2017 18h00)                

Zimbabwe: le grand retour du spectre de l’hyperinflation

septembre 30, 2017

Des unités de la police anti-émeutes dans les rues d’Harare le 29 septembre 2017 après des manifestations contre la situation économique / © AFP / Jekesai NJIKIZANA

Elles avaient disparu des rues d’Harare depuis des années, les voilà de retour. Les files de voitures en quête de carburant s’étirent à nouveau dans la capitale du Zimbabwe et avec elles les craintes d’une nouvelle descente aux enfers de l’économie du pays.

Dennis Zhemi la redoute spécialement depuis la semaine dernière, quand il a trouvé sa station-service déserte, cuves vides.

Et plus encore après être tombé nez-à-nez, dans la foulée, sur une quarantaine de véhicules alignés à l’arrêt devant les pompes d’un autre distributeur pétrolier.

Ce jour-là, Dennis Zhemi a abandonné sa voiture au bord de la panne sèche et sauté dans un minibus pour rejoindre son bureau.

« Ça m’a immédiatement rappelé la crise de 2008, lorsque nous étions obligés de dormir dans nos voitures en faisant la queue pour de l’essence », raconte ce cadre supérieur de 43 ans. « Alors j’ai prié en silence pour ne pas revivre ça ».

Il y a une dizaine d’années, une vague d’hyperinflation sans précédent a balayé le pays, anéantissant les bas de laine des petits épargnants, vidant les rayons des magasins et les stations-service.

L’effondrement de la monnaie nationale a causé une hausse vertigineuse des prix qui a atteint jusqu’à 500 milliards de pour cent et forcé le gouvernement à adopter le dollar américain comme monnaie d’échange.

Chômage de masse, manque de liquidités, l’économie du pays ne s’en est jamais remise. A nouveau menacé d’asphyxie financière, le Zimbabwe a émis il y a presque un an des « bond notes ».

Mais cette nouvelle monnaie n’a jamais eu la confiance des acteurs économiques ni de la population du pays.

– « Premières pénuries » –

Théoriquement de la même valeur que le dollar américain, le cours de ces « billets d’obligation » a vite dévissé. Au marché noir, les revendeurs de la gare routière d’Harare exigeaient cette semaine entre 1,37 et 1,50 « bond note » pour un dollar.

L’effet de cette dévaluation sauvage s’est vite fait sentir. Anticipant une reprise de l’inflation, la population a commencé à se ruer sur les magasins pour constituer des stocks.

« Nous avons déjà noté les premières pénuries de produits de première nécessité », constate Peter Mutasa, le président de la Confédération des syndicats du Zimbabwe.

« Cette situation, c’est à cause du manque de crédibilité des +bond notes+ », explique-t-il. « Nous sommes contraints d’en revenir au troc car il n’y a plus de réserves d’argent dans les banques ».

Dans un petit supermarché de la capitale, chaque produit compte désormais plusieurs étiquettes. Un savon y est vendu un dollar américain. Mais son prix passe à 1,30 s’il est réglé en billets d’obligation ou par carte bancaire.

Pour contrecarrer la valse des étiquettes, les acheteurs multiplient les achats de précaution, les rayons se vident et les prix montent.

Dans le même supermarché de Harare, le prix de 2 litres d’huile de cuisine est passé de 3,18 à 5 dollars en l’espace de quelques jours, et même à 7 dollars si elle est payée par carte bancaire.

Sans surprise, le manque de plus en plus criant de liquidités n’a pas tardé non plus à ralentir l’activité.

Il y a quelques semaines encore, la friperie de Brenda Mpofu lui rapportait jusqu’à 200 dollars les jours fastes. Aujourd’hui, elle s’estime heureuse les soirs où elle en a empoché 20…

– « Fauteurs de troubles » –

« J’avais les moyens de payer mon loyer, d’acheter de quoi manger et m’habiller et d’envoyer mes enfants à l’école sans trop de mal », déplore-t-elle, « mais ces jours-ci, j’y arrive à peine ».

Pour s’en sortir, Brenda Mpofu s’est résolue à quitter la capitale pour la campagne, où elle échange ses fripes contre du maïs, avant de le revendre contre d’autres produits.

Dans les villes comme dans les villages, la colère commence à monter dans la population.

Vendredi, la police a dû user de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation réunie à l’appel du mouvement Tajamuka (Nous sommes agités), à la pointe de la contestation contre le régime du président Robert Mugabe.

Rendu largement responsable par ses adversaires de la faillite économique du pays à cause de sa réforme agraire du début des années 2000, le chef de l’Etat a reconnu publiquement cette semaine la gravité de la situation. « Certains sont pressés de manipuler le cours des devises de façon à provoquer l’inflation et une ruée sur les achats », a-t-il accusé, en pointant du doigt des « fauteurs de troubles de l’intérieur » qui souhaitent provoquer sa chute.

Malgré une santé déclinante, M. Mugabe, 93 ans, qui règne d’une main de fer depuis trente-sept ans sur le Zimbabwe, a décidé de briguer un nouveau mandat l’an prochain.

A en croire l’économiste Prosper Chitambara, cette élection présidentielle risque fort de peser sur le climat financier. « La situation politique génère beaucoup d’incertitudes, d’où la réémergence des marchés parallèles et d’un système à prix multiples », constate-t-il, « et en se rapprochant du scrutin, cette incertitude ne va qu’augmenter ».

Romandie.com avec(©AFP / 30 septembre 2017 11h04)                

Zimbabwe: une manifestation de l’opposition brutalement réprimée par la police

août 26, 2016

Harare – La police anti-émeute zimbabwéenne a de nouveau brutalement réprimé vendredi une manifestation de l’opposition à Harare, un rassemblement de plus qui symbolise le ras-le-bol grandissant envers le régime du président Robert Mugabe.

Selon un journaliste de l’AFP présent dans le centre-ville de la capitale, la police a lancé des grenades lacrymogène et a utilisé des canons à eau contre les manifestants qui commençaient à peine à se rassembler.

Ces derniers ont répliqué par des jets de pierres sur les forces de l’ordre et en mettant le feu à des pneus. Certains ont déboulonné le panneau d’une rue portant le nom du président Mugabe.

La manifestation qui a pourtant été autorisée par la justice vendredi matin était organisée par 18 partis d’opposition réclamant une réforme électorale en vue des élections générales de 2018. Robert Mugabe, 92 ans, y est candidat à sa propre succession.

Les policiers ont ensuite poursuivi certains manifestants pour les frapper à coups de matraque et menacé les journalistes sur place qui couvraient l’événement.

Les rues habituellement très animées du centre d’Harare étaient vides et plusieurs magasins fermés.

Des affrontements ont également eu lieu entre des commerçants supporters du parti au pouvoir, la ZANU-PF, qui refusaient de fermer leurs échoppes de rue, et les manifestants.

Les sympathisants de la ZANU-PF ont notamment jeté des pierres aux opposants qui avaient mis le feu à leurs étals.

Vendredi matin, la justice avait autorisé cette marche organisée par les principaux leaders d’opposition comme Morgan Tsvangirai du mouvement pour le changement démocratique (MDC) ou Joice Mujuru, ex-vice présidente désormais à la tête du Peuple du Zimbabwe d’abord (ZPF).

Nous voyons cela comme une victoire de la démocratie, a déclaré le porte-parole de l’opposition Douglas Mwonzora après le jugement.

Jeudi soir déjà, la police avait mis en garde les manifestants et tenté de les décourager en indiquant que l’affluence attendue (150.000 personnes) risquait de perturber l’activité de la capitale.

La manifestation a cependant été loin de rassembler autant de monde, la police ayant dispersé très rapidement la moindre formation de groupes, vendredi matin.

Plusieurs ambassades à Harare ont appelé les autorités à respecter les droits de l’Homme et les libertés lors de ces manifestations.

Dans un communiqué, l’ambassade d’Australie a indiqué partager l’inquiétude de nombreux Zimbabwéens concernant la violence de ces dernières semaines.

L’usage de la violence est inacceptable quelles que soient les circonstances, précise le texte.

L’ambassade du Canada a de son côté appelé au calme et également souligné son inquiétude croissance concernant les comptes-rendus de violences contre les manifestations.

Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Ignatious Chombo, a prévenu que le gouvernement resterait inflexible face à ces manifestations qui demandent un changement de régime et sont sponsorisées par l’Occident.

Depuis plusieurs semaines, le Zimbabwe connaît un mouvement de contestation anti-Mugabe d’une rare ampleur qui résiste à la répression du régime.

Les manifestants, principalement issus de la société civile, réclament le départ de Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, qu’ils accusent notamment d’être à l’origine de la faillite économique du Zimbabwe.

Les dernières élections au Zimbabwe remontent à 2013 où Robert Mugabe l’avait emporté dans un scrutin organisé à la hâte et que l’opposition avait dénoncé comme étant truqué.

Romandie.com avec(©AFP / 26 août 2016 15h00)

Zimbabwe : Mugabe compare le mouvement #Thisflag au printemps arabe

août 8, 2016

Robert Mugabe, 92 ans, s’adressant aux vétérans le 3 août. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/Sipa

Le président zimbabwéen a comparé lundi les manifestations contre son gouvernement aux révolutions arabes qui ont mené à la chute de plusieurs régimes en 2011. Dans un discours donné à Harare, il a martelé que la contestation était inutile.

Dans une allocution prononcée à Harare à l’occasion de la célébration des héros de l’indépendance obtenue en 1980, Robert Mugabe, 92 ans, a accusé ses opposants d’essayer de le renverser par la rue « comme dans les pays arabes ».

En réponse au mouvement de contestation qui a gagné le pays ces derniers mois et qui atteint une ampleur inédite au Zimbabwe, Mugabe a lancé : « Où est passé le vote ? Vous avez oublié ce qu’est la démocratie ? »

« Ces manifestations sont inutiles car la plupart du temps elles finissent dans la violence », a asséné M. Mugabe. Et de poursuivre : « Quel est l’intérêt d’aller dans les rues avec l’intention de montrer que vous savez lancer des pierres ? De viser la police avec des pierres, nous ne voulons pas ça ».

Une contestation pacifique contre la politique économique du régime

Des dizaines de milliers de Zimbabwéens se rassemblent dans une fronde citoyenne pacifique, réunie sous le hashtag #thisflag sur les réseaux sociaux, pour dénoncer les abus et négligences du régime de Robert Mugabe, et plus particulièrement sa politique économique, qui plonge de nouveau le pays dans une grave crise économique.

Parmi les mesures les plus dénoncées figure l’introduction de « billets d’obligation », une devise locale lancée en mai, arrimée au dollar américain. Cette décision fait craindre un retour de l’hyperinflation qui avait eu un effet dévastateur sur l’économie du pays en 2008-9, poussant le Zimbabwe à abandonner sa devise nationale.

La semaine dernière, la police a violemment dispersé à coups de canons à eau et de matraques une manifestation devant le ministère des finances contre cette loi. La foule était également venue dénoncer les retards de paiement des salaires des fonctionnaires par un gouvernement à court de devises.

Mugabe promet des améliorations

Devant la tribune, le président a assuré qu’il allait prendre des mesures pour assurer le paiement de ces salaires, affirmant : « Le gouvernement reconnaît la contribution des fonctionnaires et va mettre en place des programmes pour améliorer leur niveau de vie et leurs conditions de travail ».

Mais les promesses de Robert Mugabe, qui dirige le Zimbabwe d’une main de fer depuis l’indépendance, sonnent désormais creux auprès d’une partie de ses sympathisants qui a décidé de lui tourner le dos.

Le dirigeant a ainsi été désavoué par les vétérans de la guerre d’indépendance qui lui étaient jusqu’alors loyaux. Fin juillet, les anciens combattants ont condamné le comportement « dictatorial » de M. Mugabe et appelé à sa démission, ce qui a mené à l’arrestation de plusieurs d’entre eux ces dernières semaines.

L’indéboulonnable chef de l’État prévoit coûte que coûte de se présenter à sa propre succession en 2018.

Jeuneafrique.com avec AFP

Zimbabwe: la police réprime violemment une manifestation anti-gouvernement

août 3, 2016

Harare – La police zimbabwéenne a dispersé mercredi à coups de matraques et de canons à eau une manifestation de quelques centaines de personnes qui protestaient à Harare contre la politique économique du gouvernement, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants qui s’étaient rassemblés devant le ministère des Finances, a constaté le correspondant de l’AFP.

Dans la foule, beaucoup arboraient le drapeau du Zimbabwe autour du cou, un symbole de la vague de contestation récente qui s’est emparée du pays.

Un jour libérateur, désormais oppresseur, Mugabe doit partir, Vous avez échoué M. Mugabe, pouvait-on lire sur les pancartes brandies par la foule.

La crise économique que traverse le Zimbabwe depuis le début des années 2000 s’est aggravée cette année et le gouvernement est à court de liquidités pour payer les fonctionnaires.

Ces dernières semaines, plusieurs manifestations ont secoué le pays pour dénoncer le chaos économique dans lequel est plongé le pays.

Ce que nous disons est simple: nous avons besoin d’emplois, a affirmé à l’AFP Douglas Munjere, 30 ans et sans emploi depuis sa sortie de l’université.

Tous ces gens devraient être au travail mais il n’y a pas d’emplois a-t-il ajouté.

Un groupe de jeunes diplômés sans emploi avaient été interdits de manifester par la police à Harare mais ont finalement rejoint un autre cortège qui protestait contre l’introduction de billets d’obligation, une devise locale introduite en mai, à parité avec le dollar américain.

Les manifestants ont déposé une pétition au ministère des Finances pour dénoncer cette mesure économique qui fait craindre un retour de l’hyperinflation qui avait détruit l’économie en 2008-2009, poussant alors le Zimbabwe à abandonner sa devise nationale.

Le régime de Robert Mugabe, 92 ans et au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1980, est vivement contesté ces dernières semaines, y compris au sein de ses anciens soutiens.

Il y a deux semaines, les vétérans de la guerre d’indépendance du Zimbabwe, habituellement loyaux au président ont dénoncé le comportement dictatorial de Robert Mugabe et appelé à sa démission.

Malgré son âge canonique, le président zimbabwéen a vivement réagi et menacé les contestataires d’une répression sévère. Une promesse rapidement tenue puisque cinq vétérans ont été arrêtés depuis la semaine dernière.

Romandie.com avec(©AFP / 03 août 2016 13h13)

Zimbabwe: plus de 2.000 manifestants anti-Mugabe dans les rues d’Harare

avril 14, 2016

Harare – L’opposition zimbabwéenne a réuni jeudi plus de 2.000 manifestants dans les rues d’Harare, pour la plus importante manifestation contre le président Robert Mugabe jamais organisée depuis près de dix ans, ont constaté des journalistes de l’AFP.

A l’appel du mouvement d’opposition MDC (Mouvement pour un Changement démocratique), les manifestants ont brandi des pancartes et chanté des slogans anti-Mugabe, sous l’oeil vigilant de la police, qui n’est pas intervenue.

Morgan Tsvangirai, le leader du MDC, a prononcé une violente diatribe contre le chef de l’Etat, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980 et désormais âgé de 92 ans.

Mugabe n’a aucune solution à la crise, a lancé Tsvangirai, candidat malheureux à la dernière élection présidentielle: Nous sommes ici pour dire à Mugabe et à son régime qu’ils ont échoué.

Le régime, devenu de plus en plus autoritaire au fil des années, a parfois fait réprimer brutalement les manifestations anti-Mugabe.

La dernière manifestation de masse contre le chef de l’Etat remontait à 2007. La police avait alors frappé Morgan Tsvangirai et d’autres dirigeants de l’opposition, qui s’étaient rassemblés pour une réunion de prière.

Robert Mugabe est toujours présent sur la scène politique, mais son âge et ses ennuis de santé nourrissent désormais toutes les spéculations sur les conditions de sa succession, qui détermineront l’avenir du pays.

Après de premières années d’indépendance plutôt réussies, le Zimbabwe s’est enfoncé au tournant du siècle dans une terrible crise économique dont il ne s’est jamais remis.

La monnaie nationale a été supprimée après une hyper-inflation, et les échanges se font désormais en dollar américain. L’agriculture autrefois prospère a périclité, au point que le pays a connu des épisodes de disette. Et les défenseurs des droits de l’Homme dénoncent l’autoritarisme du régime et la violence politique.

Romandie.com avec(©AFP / 14 avril 2016 15h46)