Le pape François voyagera à Budapest pour rencontrer le Premier ministre hongrois et discuter des prises de position de la Hongrie.

Une visite plus qu’attendue. Le pape François se rendra du 28 au 30 avril à Budapest où il rencontrera le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dirigeant souverainiste dont il ne partage pas la politique anti-migrants et désireux de maintenir le lien avec Moscou.
Le jésuite argentin de 86 ans sera reçu le 28 avril par Viktor Orban, a annoncé lundi 27 février le Vatican. Le souverain pontife et le dirigeant s’étaient déjà rencontrés au Vatican ainsi qu’à Budapest, lors d’une première visite éclair du pape en septembre 2021.
Pour son 41e voyage international depuis son élection en 2013, Jorge Bergoglio rencontrera également des réfugiés et des personnes pauvres, des jeunes, des membres de l’Église locale et des représentants du secteur universitaire et culturel, selon le programme diffusé par le Vatican.
« Nous n’avons aucun problème avec les réfugiés »
« Je suis très heureux, le pape avait depuis longtemps ce projet dans le cœur », a réagi auprès de l’Agence France-Presse l’ambassadeur de Hongrie près le Saint-Siège, Eduard Habsburg. Selon lui, « la vision du Saint-Père sur le thème des migrants et réfugiés est beaucoup plus nuancée qu’on en a parfois l’impression dans les médias ».
« Le gouvernement hongrois n’a jamais eu de problème avec des réfugiés. Le problème, ce sont les migrants illégaux ; mais un réfugié sera toujours accueilli en Hongrie, comme on le voit actuellement avec les réfugiés ukrainiens », a-t-il ajouté. Des centaines de milliers d’Ukrainiens ont passé la frontière depuis le début de l’invasion russe, il y a un an, et 34 248 ont obtenu le statut de réfugié en Hongrie au 24 février, selon les derniers chiffres de l’Autorité hongroise pour l’Immigration.
« Ouverts à tous »
Le pape avait déjà fait une escale de sept heures à Budapest en septembre 2021 avant une visite en Slovaquie. À cette occasion, il avait présidé une messe et appelé les Hongrois à être « ouverts » à tous.
Quelques mois plus tard, en avril 2022, le chef de l’Église avait reçu pour la première fois Viktor Orban au Vatican. Au cours de cette audience privée, il avait exprimé au dirigeant hongrois sa reconnaissance pour la protection que la Hongrie offre aux réfugiés fuyant la guerre dans l’Ukraine voisine.
Les deux hommes ont des conceptions de la religion aux antipodes : Viktor Orban, issu d’un milieu calviniste, brandit son attachement à une « Europe chrétienne » pour justifier sa politique anti-migrants, tandis que le souverain pontife fait d’un accueil bienveillant un devoir de croyant.
Kiev au centre des discussions
La guerre en Ukraine devrait constituer l’un des enjeux de cette visite, alors que les innombrables appels du pape à la paix et l’initiative du Saint-Siège pour une médiation sont restés lettre morte.
Attaché à la défense des « valeurs chrétiennes », Viktor Orban est soucieux de maintenir des liens avec Moscou. Il se garde de critiquer le président russe Vladimir Poutine et refuse d’envoyer des armes à Kiev, appelant à la place à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers de paix.
François est le deuxième pape à se rendre en Hongrie, pays d’Europe centrale de près de 10 millions d’habitants, après les visites de Jean-Paul II en 1991 et 1996. Malgré son âge avancé et ses douleurs au genou l’obligeant à se déplacer en fauteuil roulant, le chef de l’Église catholique continue de voyager. Il doit se rendre en août à Lisbonne et à Marseille en septembre.
Le Point par V.P. avec AFP