Nairobi – Des jeunes miliciens proches du pouvoir burundais et des policiers se sont livrés à des viols collectifs répétés sur des femmes considérées comme proches de l’opposition, depuis le début de la crise en avril 2015, a dénoncé mercredi Human Rights Watch (HRW).
Des membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir (CNDD-FDD) que l’ONU qualifie de milice, ont violé collectivement, de manière répétée, des femmes depuis 2015, accuse l’organisation de défense des droits de l’homme dans un rapport.
Nombre de ces viols paraissent avoir été dirigés contre des parentes d’individus perçus comme des opposants au gouvernement. Des policiers ou des hommes portant des uniformes de police ont aussi commis des viols, affirme HRW.
Des accusations similaires avaient été lancées en janvier par l’ONU. Le Haut commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, avait dénoncé des violences sexuelles commises par des membres des forces de sécurité.
Il avait évoqué 13 cas de violences sexuelles contre des femmes, commis dans les quartiers perçus comme soutenant l’opposition.
Le Burundi est plongé dans une grave crise émaillée de violences depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature pour un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet.
Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.
Human Rights Watch décrit un schéma d’abus en plusieurs endroits et dans plusieurs provinces, où des hommes armés de fusils, de bâtons ou de couteaux ont violé des femmes lors d’attaques sur leur maison, le plus souvent de nuit.
Les membres masculins de ces familles, pour certains appartenant à des partis d’opposition, ont aussi été ciblés et parfois tués ou enlevés, assure HRW.
Pour les femmes violées, les séquelles sont multiples: blessures, infection par des maladies sexuellement transmissibles, grossesses non souhaitées, angoisse et dépression.
Les assaillants de la ligue des jeunes du parti au pouvoir au Burundi ont attaché, brutalement battu et violé collectivement des femmes, souvent avec leurs enfants à côté. De nombreuses femmes ont souffert de conséquences physiques et psychologiques à long terme, s’est indignée Skye Wheeler, chercheuse pour HRW.
L’organisation dit avoir interrogé en mai 2016 plus de 70 de ces victimes de viols, rencontrées dans le camp de réfugiés de Nduta, dans l’ouest de la Tanzanie.
Des dizaines de femmes ont indiqué avoir été violées chez elles ou près de leur domicile, selon HRW.
Quatorze d’entre elles ont dit avoir reconnu au moins un de leurs agresseurs comme étant un Imbonerakure. D’autres ont déclaré que les violeurs portaient des uniformes de la police. D’autres n’ont pu identifier les assaillants.
Une femme âgée de 36 ans a raconté à HRW avoir été violée par trois Imbonerakure, dont l’un qu’elle connaissait, dans le quartier de Mutakura à Bujumbura, la capitale, en octobre 2015.
Il me tenaient par les bras et les jambes, a-t-elle expliqué. Pendant qu’ils me violaient, ils disaient: +Tuons-la, c’est la femme d’un (membre du parti d’opposition des) FNL+. Le lendemain, le corps de son mari a été retrouvé dans un fossé près de leur maison.
HRW dit avoir sollicité un commentaire de Pascal Nyabenda, le président du CNDD-FDD, mais n’avoir obtenu aucune réponse.
L’organisation déplore également que ceux qui ont fui en Tanzanie ne sont pas à l’abri des violences sexuelles dans les camps, où le nombre de viols est de manière alarmante très élevé, et notamment les viols d’enfants.
Selon les témoignages recueillis par HRW, ces viols sont commis par d’autres réfugiés burundais ou des Tanzaniens.
Romandie.com avec(©AFP / 27 juillet 2016 11h48) 