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Le président malien félicite Mamoudou Gassama, qui a sauvé un enfant français

juin 18, 2018

Le président du Mali Ibrahim Boubacar Keita (à droite) rencontre Mamoudou Gassama le 18 juin 2018 à Bamako.n / © AFP / Michele CATTANI

Mamoudou Gassama, le jeune migrant malien qui a sauvé un enfant en escaladant la façade d’un immeuble à Paris, a été reçu lundi à Bamako par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui l’a félicité.

« Au moment où le courage de tous était interpellé, mais où un seul peut faire la décision, tu as fait la décision. De ça nous sommes très fiers », a-t-il déclaré au jeune homme, accompagné de son père.

« Il y a une habitude culturelle chez nous. Quand on veut célébrer quelqu’un, dire son patronyme avec force et le répéter: Gassama », a ajouté le président malien.

« On a bien parlé. Il m’a félicité pour le boulot que j’ai fait », a expliqué à la presse le jeune homme, en rappelant que le chef de l’Etat l’avait « soutenu » en l’appelant le jour de son exploit.

Arrivée de Mamoudou Gassama à BAMAKO (MALI)

Mamoudou Gassama, 22 ans, rebaptisé Spiderman sur les réseaux sociaux, avait sauvé un enfant suspendu dans le vide en escaladant la façade d’un immeuble du nord de Paris, le 26 mai, suscitant l’admiration générale en France et la fierté au Mali.

Reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron, le jeune sans-papiers a vu sa situation régularisée avant une prochaine naturalisation.

Il avait reçu début juin la médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris, plus haute distinction de la capitale.

Romandie.com avec(©AFP / 18 juin 2018 21h35)

Mali: l’ex-président de la Défense Soumaleylou Boubègne Maiga nommé Premier ministre (officiel)

décembre 30, 2017

Bamako – Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a nommé Premier ministre l’ancien ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maiga, en remplacement d’Abdoulaye Idrissa Maiga qui était en poste depuis avril, selon un décret présidentiel publié samedi.

« Monsieur Soumeylou Boubèye Maiga est nommé Premier ministre », selon ce décret publié notamment sur le compte twitter de la présidence malienne et lu sur la télévision publique.

Le nouveau chef du gouvernement malien, né le 8 juin 1954 à Gao (nord), est une figure de la vie politique malienne. Il est considéré comme un proche du président malien qui l’avait nommé ministre de la Défense en septembre 2013. Il avait démissionné en mai 2014, après une lourde défaite de l’armée face à la rébellion touareg.

Soumeylou Boubèye Maïga est le cinquième Premier ministre nommé par le président Keïta, élu en août 2013 pour cinq ans et probable candidat à sa réélection en 2018.

Le nouveau chef du gouvernement malien a notamment servi comme chef des services de renseignements, ministre des Affaires étrangères et secrétaire général de la présidence. Il dirige un parti membre de la mouvance présidentielle.

Il remplace Abdoulaye Idrissa Maiga qui a présenté sa démission et celle de son gouvernement vendredi.

Abdoulaye Idrissa Maïga était le quatrième Premier ministre du président Keïta, après Oumar Tatam Ly (septembre 2013-mars 2014), Moussa Mara (avril 2014-janvier 2015) et Modibo Keïta (janvier 2015-avril 2017).

Son remplacement a lieu alors que le nord du Mali est en proie à une situation difficile sur le plan de la sécurité.

Cette région était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes ont été en grande partie chassés par une opération militaire française lancée en janvier 2013.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes.

Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.

Face à la dégradation de la situation aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, l’organisation régionale G5 Sahel, qui regroupe ces trois pays, ainsi que la Mauritanie et le Tchad, a réactivé en 2017, avec le soutien de la France un projet de force conjointe antijihadiste, initialement lancé en novembre 2015.

Romandie.com avec(©AFP / 30 décembre 2017 18h16)   

Mali: l’ex-président Amadou Toumani Touré de retour dimanche

décembre 22, 2017

Bamako – Le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé vendredi le retour dimanche à Bamako de l’ex-président Amadou Toumani Touré (2002-2012), en exil au Sénégal depuis cinq ans, qui a exclu de s’engager de nouveau en politique.

Il s’agit de la première confirmation officielle des affirmations ces derniers jours de proches d’Amadou Toumani Touré, dit « ATT », annonçant son retour imminent.

« Le moment est venu de dire à notre jeune frère Amadou Toumani Touré de revenir au Mali. Il a quitté le pouvoir de manière légale », a déclaré le président Keïta à Bamako pendant la cérémonie de lancement de la Journée nationale des communes.

« C’est pourquoi, au nom du Mali, je l’ai décidé. Je dis: +Mon cher cadet, il est temps de revenir, le climat me semble favorable+ », a-t-il ajouté, précisant qu’il déjeunerait dimanche avec lui à sa résidence.

« Il est temps que nous dépassions les petites passions. Le Mali d’aujourd’hui a besoin de cela », a estimé le chef de l’Etat.

Joint au téléphone par l’AFP de Bamako, Amadou Toumani Touré s’est dit « heureux ».

« Je remercie les autorités sénégalaises. Je vais voir dès dimanche, s’il plaît à Dieu, mon aîné, le président IBK (Ibrahim Boubacar Keïta). Je ne vais pas faire de politique », a-t-il ajouté.

Une élection présidentielle est prévue au Mali en 2018, mais M. Keïta n’a pas encore dit s’il serait candidat.

Général à la retraite élu président en 2002, réélu en 2007, « ATT » avait été renversé le 22 mars 2012 par des militaires qui l’accusaient d’incurie face à la rébellion dans le nord du pays. En avril 2012, il avait ensuite formellement démissionné, puis quitté le Mali pour Dakar avec sa famille.

Il était menacé d’un procès pour « haute trahison » au Mali, à la suite notamment d’accusations du gouvernement en décembre 2013. Mais l’Assemblée nationale a rejeté en décembre 2016 à une écrasante majorité l’ouverture de poursuites contre lui.

« Je vais lui envoyer l’aéronef de la République pour le chercher et le ramener au Mali », a indiqué M. Keïta, soulignant avoir remercié son homologue sénégalais Macky Sall « pour son hospitalité ».

M. Touré a ces dernières années mené une existence discrète à Dakar, n’apparaissant presque jamais ni ne s’exprimant en public.

Le putsch de 2012 a précipité la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg et aux groupes jihadistes liés à Al-Qaïda dans le nord du Mali. Cette vaste région était alors tombée sous la coupe des jihadistes d’abord alliés aux rebelles, qu’ils avaient ensuite évincés.

Ces groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013, à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes.

Romandie.com avec(©AFP / 22 décembre 2017 16h26)                                            

Mali: le président suspend la révision constitutionnelle, l’opposition crie victoire

août 19, 2017

Bamako – Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a décidé de « surseoir » à l’organisation d’un référendum sur son projet de révision de la Constitution, une décision célébrée samedi dans les rues de Bamako par plusieurs milliers d’opposants.

Le 21 juin, le gouvernement malien avait déjà décidé de reporter à une date ultérieure le référendum initialement prévu le 9 juillet 2017.

La révision de la Constitution de 1992, la première depuis 25 ans, vise notamment à « mettre en oeuvre certains engagements de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » signé en mai-juin 2015 entre le gouvernement et l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du pays. Il prévoit aussi la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes.

« Dans l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé, j’ai décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle », a déclaré IBK vendredi soir à la télévision.

L’opposition est descendue dans la rue pour célébrer ce qu’elle considère comme une victoire contre un projet qu’elle combattait.

Nous sommes ici pour célébrer une victoire, le retrait du projet référendaire. Nous remercions les milliers de militants qui sont présents au meeting. Nous resterons vigilants pour la suite », a déclaré Amadou Thiam, vice-Président de la plateforme « Touche pas à ma Constitution », qui a rassemblé quelques milliers de personnes dans les rues de la capitale malienne samedi, selon un correspondant de l’AFP.

Dans son allocution, le chef de l’Etat malien avait souligné que son « devoir » était « d’expliquer tous les bénéfices que la révision constitutionnelle apporterait au rétablissement de la paix, à la consolidation de nos institutions et à l’amélioration de la gouvernance ».

« Je constate toutefois que dans le climat actuel ces explications peinent à être entendues et acceptées », avait ajouté Ibrahim Boubacar Keïta.

« Nous devons prendre le temps de nous retrouver pour échanger sans détour », a-t-il estimé, tout en regrettant que de « profonds clivages menacent d’ébranler durablement (la) cohésion nationale ».

Le 5 juillet, la Cour constitutionnelle avait demandé au gouvernement d’apporter des « corrections » au projet de révision constitutionnelle, acceptant la requête de l’opposition sur l’article évoquant la durée du mandat des sénateurs désignés par le président, qui n’était nullement mentionnée dans la texte.

En revanche, la Cour avait rejeté une autre requête réclamant l’annulation du référendum déposée par l’opposition, qui avait organisé plusieurs manifestations.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature de l’accord de paix de 2015. Depuis, ces attaques se sont étendues dans le centre et dans le Sud et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.

Romandie.com avec(©AFP / 19 août 2017 15h15)

Au Mali, Macron confirme l’engagement français contre le djihadisme

mai 19, 2017

  

Le président français Emmanuel Macron à Gao le 19 mai 2017 en compagnie de son homologue malien Ibrahim Boubcar Keïta. © Christophe Petit Tesson/AP/Sipa

Le nouveau président français a insisté sur la volonté de la France de contribuer au développement et à la sécurité du pays.

« La France est engagée depuis le début à vos côtés et ce que je suis venu ici vous dire, de manière très claire, c’est qu’elle continuera à l’être, de la même manière », a-t-il dit d’une conférence de presse commune avec son homologue, Ibrahim Boubacar Keïta. Il s’agit du premier déplacement d’Emmanuel Macron sur un théâtre d’opération depuis son investiture.

Sur le volet militaire et la coopération internationale dans ce sens, « il est indispensable aujourd’hui que nous accélérions », a poursuivi Emmanuel Macron. « Nous l’avons bien vu durant ces derniers mois, les terroristes islamistes s’organisent, se regroupent, sont en train de se fédérer et donc nous serons intraitables à l’égard de ces derniers. »

Lire aussi :   L’antiterrorisme au cœur de la première visite à l’étranger de Macron

Accélérer le processus de paix

Le nouveau président français a précisé qu’il voulait renforcer le partenariat avec l’Allemagne pour la sécurité du Mali et qu’il en avait parlé avec la chancelière Angela Merkel. Il a appelé à une « accélération » du processus de paix, deux ans après la signature d’un accord négocié pendant de longs mois à Alger, entre le gouvernement malien, les groupes armés pro-Bamako, et l’ex-rébellion à dominante touareg.

« Ma volonté, dans le cadre de nos engagements en Afrique, sur le plan militaire, c’est de faire davantage encore avec l’Europe, c’est de faire davantage avec l’Allemagne » mais en regardant de façon pragmatique sous quelle forme chacun peut intervenir, a-t-il dit, soulignant les contraintes, en Allemagne, pour l’engagement des armées.

Contribuer au développement

Quatre ans après l’intervention militaire française, déclenchée pour contrer l’avancée de groupes djihadistes qui menaçaient la capitale Bamako, la situation sécuritaire reste précaire dans le pays où les forces nationales et étrangères sont régulièrement prises pour cibles.

La France continuera donc pour le compte de l’Europe tout entière à contribuer à la sécurité du Mali mais d’autres pays européens peuvent en faire davantage pour le développement, a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron a insisté sur la volonté de la France de contribuer au développement du Mali. Pour l’Agence française de développement (AFD), « un peu plus de 470 millions d’euros [d’aide] ont été décidés sur la zone pour les années à venir, pour accompagner cet effort militaire », a annoncé M. Macron.

Lemonde.fr avec AFP et Jeuneafrique.com

Le président malien à Yahya Jammeh: « la Gambie n’a pas besoin d’un bain de sang »

janvier 14, 2017

Bamako – Le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Keïta a déclaré samedi à Bamako espérer que le président gambien sortant Yahya Jammeh, qui refuse de céder le pouvoir, va comprendre que « la Gambie n’a pas besoin d’un bain de sang ».

« Nous avons posé un acte fort. D’abord, nous avons reçu le président » gambien élu, Adama Barrow, a déclaré M. Keïta lors d’une conférence de presse avec le président français François Hollande, à l’issue du 27e sommet Afrique-France vendredi et samedi à Bamako.

C’est « une reconnaissance de facto et de jure » du président Barrow, invité spécial du sommet.

« Le 19 janvier, j’ose espérer que la sagesse africaine inspirera notre frère (Yahya Jammeh), que le bon musulman qu’il dit être comprenne l’intérêt supérieur de la Gambie qui n’a pas besoin d’un bain de sang », a ajouté M. Keïta, après des menaces de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) d’une intervention militaire en Gambie.

Yahya Jammeh doit quitter le pouvoir le 19 janvier, après l’expiration de son mandat, et Adama Barrow doit être investi le même jour.

Samedi, une réunion de la Cédéao sur la Gambie s’est tenue à Bamako en marge du sommet Afrique-France, en présence de M. Barrow, selon une source à la présidence malienne.

La rencontre a notamment réuni les présidents nigérian Muhammadu Buhari et libérien Ellen Johnson Sirleaf ainsi que l’ex-président ghanéen John Dramani Mahama, a affirmé à l’AFP cette source.

Venu de Banjul en compagnie de la présidente libérienne, Adama Barrow a assisté samedi matin au sommet Afrique-France à Bamako.

Une mission de la Cédéao s’était rendue vendredi à Banjul pour tenter de convaincre Yahya Jammeh de céder le pouvoir.

Par ailleurs, de hauts responsables militaires de l’organisation régionale, venant notamment du Sénégal, du Liberia et du Ghana, se sont récemment réunis dans la capitale fédérale nigériane Abuja pour discuter de « l’impasse politique » en Gambie, selon l’état-major nigérian.

La Gambie est plongée dans une crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu’il ne reconnaissait plus les résultats de l’élection présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire.

Outre la Cédéao, de nombreux pays et organisations, dont l’ONU, font pression sur M. Jammeh, qui a de son côté saisi la justice pour faire annuler les résultats de l’élection et se dit déterminé à rester président tant qu’elle n’aura pas statué sur ses recours.

Romandie.com avec(©AFP / 14 janvier 2017 21h38)  

« Un sommet Afrique-France ? Pourquoi pas, mais, de grâce, pas au Mali ! »

janvier 11, 2017

Notre chroniqueur déplore l’absence de vision politique de la France, engagée au Mali, et la faillite des responsables politiques maliens.

François Hollande et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta le 3 octobre 2016 à l’Elysée. Crédits : IAN LANGSDON/AFP
Le sommet AfriqueFrance se tiendra à Bamako les vendredi 13 et samedi 14 janvier. Si le débat sur l’utilité d’un tel sommet est légitime, ce qui me dérange le plus, c’est de le voir se tenir au Mali. Le Mali incarne à lui seul le mal qui ronge la sous-région : un pouvoir politique qui a fait de l’incurie sa marque de fabrique, une clique de kleptocrates qui ont mis en coupe réglée le pays et les logiques mafieuses qui sont désormais les seules qui prévalent dans tous les secteurs d’activité au Mali.

On pourrait qualifier le Mali de failed State, « Etat failli », mais je préfère parler de fake State, « un semblant d’Etat ». Le pouvoir malien a cultivé l’art de sauver les apparences, apparences au-delà desquelles la communauté internationale ne va pas. Le président Amadou Toumani Touré (ATT, 2002-2012) excellait dans cet art, bien servi il est vrai par les griots de la communauté internationale qui chantaient ses louanges. Aujourd’hui l’actuel président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), bénéficie des services d’un griot en chef prestigieux : François Hollande.

Essai non transformé

Le président français veut faire du Mali un exemple de la réussite de sa politique internationale. La décision d’intervenir militairement en janvier 2013 était sans nul doute une décision courageuse. Malheureusement, l’essai ne fut pas transformé à cause d’une absence totale de vision politique. Une opération militaire ne peut pas être un objectif en soi, une victoire militaire ne sert à rien si elle n’est pas le moyen d’atteindre un objectif politique.

Donc, une fois les djihadistes éparpillés, l’opération « Serval » a été rebaptisée, avec un mandat plus large, opération « Barkhane », les casques bleus ont débarqué au Mali et aujourd’hui le résultat est sans appel : le nord du pays est désormais hors contrôle.

Cette situation n’est pas que la conséquence d’une absence de vision politique de la part de la France. Elle est aussi et surtout de la responsabilité des autorités politiques à Bamako qui ont failli. Le peuple malien a confié en 2013 les rênes du pays à IBK dans le cadre d’une élection dont le résultat final ne peut être contesté. Aujourd’hui cette légitimité politique a disparu car le pouvoir politique a tout simplement renoncé à incarner l’intérêt national. Les « logiques patrimoniales », pour reprendre l’expression de Jean-François Bayart, ont pris le dessus sur toute autre considération, la kleptocratie érigée en mode de gouvernance.

Cette « gouvernance » n’est pas l’apanage du seul Mali. Le Niger et la Mauritanie, pays voisins du Mali, souffrent du même mal et, pour ce qui est du Niger, il bénéficie du même griot en chef, François Hollande. Le plus frappant, c’est le fossé qui existe entre la cécité du pouvoir politique français concernant la réalité de la situation politique dans la bande sahélienne et la perception qu’ont les opinions publiques africaines de leurs propres dirigeants.

Opinions publiques écœurées

Ces opinions publiques, écœurées, en particulier la jeunesse africaine, constatent que la France en particulier, la communauté internationale en général sont complices de ces pouvoirs kleptocrates. D’ailleurs, plus ces élites politiques faillissent, plus la générosité internationale déverse des milliards d’euros, une prime à l’incurie en somme. C’est ce qui a miné la légitimité de la coalition internationale qui a soutenu de manière indéfectible le régime outrancièrement corrompu d’Amid Karzaï en Afghanistan.

Je me demande donc ce que pourra être le discours du président François Hollande lors de ce sommet : va-t-il continuer à faire le griot d’IBK et insulter l’intelligence des opinions publiques africaines ou va-t-il saisir cette opportunité pour un discours courageux ? La deuxième option ne consiste pas à juger ou à critiquer publiquement les autorités politiques du Mali. La France n’en a pas le mandat juridique ni le mandat moral. Il s’agit plutôt de rappeler que la France ne peut continuer à essayer de sauver un pays si ses dirigeants ne sont pas les premiers à mener ce combat. Il s’agit de rappeler aux peuples africains qu’ils sont les réels détenteurs du pouvoir et que ce sont eux, pour reprendre le programme du mouvement citoyen sénégalais Y en a marre, qui façonneront le NTA, le Nouveau Type d’Africain. La France et la communauté internationale n’ont pas ce pouvoir. Il leur revient juste de choisir leur camp. Si on me demande un avis, je leur recommanderai plutôt celui des peuples.

Lemonde.fr par Laurent Bigot (chroniqueur Le Monde Afrique)

Laurent Bigot est un ancien diplomate français devenu consultant indépendant

Mali: rejet de la plainte d’un collectif d’associations contre le président Keïta

mars 7, 2016

Bamako – La Haute Cour de justice du Mali, habilitée à juger les dirigeants et ex-dirigeants du pays, a rejeté la plainte pour haute trahison déposée contre le président Ibrahim Boubacar Keïta par un collectif d’associations, selon un de ses responsables lundi.

Ce document a été rejeté par la Haute Cour, a déclaré à l’AFP un responsable de cette institution dont les membres sont choisis parmi les députés à chaque renouvellement de l’Assemblée nationale.

La même décision est publiée dans un document interne de la Haute Cour consulté par un journaliste de l’AFP.

Le collectif baptisé Bloc d’intervention patriotique pour la réunification entière du Mali (Biprem) avait annoncé avoir déposé le 2 mars une plainte contre le président Keïta pour haute trahison et gestion calamiteuse du pays auprès de la Haute Cour.

Le Biprem reprochait à M. Keïta d’avoir échoué dans le serment prêté lors de son investiture en septembre 2013 de garantir l’intégrité territoriale du Mali, ajoutant que la ville de Kidal (extrême nord-est) échappait toujours au contrôle de l’Etat et que le pays demeurait en proie à l’insécurité.

La Haute Cour ne considère pas ça comme une plainte, c’est un tract dans sa présentation (et) ces associations ne sont pas habilitées à déposer une telle plainte. Et surtout, ce n’est pas du tout la procédure à suivre, a expliqué le responsable, qui a souhaité conserver l’anonymat.

La Haute Cour, dont les membres actuels ont été nommés en 2014, est habilitée à juger les ministres, présidents, ex-ministres ou anciens présidents de la République mis en accusation devant elle pour des crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.

D’après les dispositions en vigueur, la mise en accusation est votée par scrutin public à la majorité des deux tiers des députés composant l’Assemblée nationale.

Selon la loi, lorsque le président de la République est susceptible d’être inculpé à raison des faits qualifiés de haute trahison, l’Assemblée nationale en est saisie par son président.

L’annonce par le Biprem du dépôt de la plainte a suscité depuis la semaine dernière une polémique au Mali, marquée par le démenti d’intellectuels ainsi que d’un homme politique cités comme étant des membres du collectif ou signataires de la plainte.

Parmi eux, figurait l’écrivain Seydou Badian Kouyaté, auteur notamment de Sous l’orage et de La saison des pièges, qui fut également ministre durant le régime du premier président malien Modibo Keïta (1960-1968).

Je déments catégoriquement. Je ne suis pas membre du Biprem, et je ne suis pas signataire du document. Je ne vois pas pourquoi mon nom est cité a déclaré M. Kouyaté à l’AFP lundi.

Le Biprem est présidé par Lassine Diawara, journaliste, qui avait déclaré soutenir le capitaine Amadou Aya Sanogo, meneur du coup d’Etat ayant renversé en mars 2012 le président Amadou Toumani Touré.

M. Diawara a ensuite soutenu la candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta pour l’élection présidentielle de 2013, avant de rejoindre l’opposition.

M. Keïta a été élu en 2013 alors que le Mali tentait de se relever de près de deux ans d’une crise politico-militaire marquée par une rébellion indépendantiste à dominante touareg et la prise de contrôle, en mars-avril 2012, de la moitié nord du pays par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés du Nord à la suite du lancement en janvier 2013 d’une intervention militaire internationale, toujours en cours.

Un accord de paix censé isoler définitivement ces islamistes extrémistes a été signé en mai-juin 2015, notamment par Bamako et la rébellion. Cependant, des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.

Romandie.com avec(©AFP / 07 mars 2016 23h02)

François Hollande à Dakar : « Ce qu’a fait le peuple burkinabè doit faire réfléchir « 

novembre 29, 2014

François Hollande, le 29 novembre à Dakar.
François Hollande, le 29 novembre à Dakar. © AFP

Lors de son discours, pendant la cérémonie d’ouverture du Sommet de la Francophonie de Dakar, le président français, François Hollande, a tenu des propos fermes sur le respect des Constitutions. Neuf chefs d’État et de gouvernement se sont succédés à la tribune.

À la tribune, le 29 novembre, devant les chefs d’État présents au Sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) de Dakar, parmi lesquels 19 africains, François Hollande s’est prononcé pour le respect des Constitutions.

Le président français a appelé « au respect des ordres constitutionnels et des aspirations des peuples ». « Là où les règles constitutionnelles sont malmenées (…) là où l’alternance est empêchée, j’affirme, ici, que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver un soutien dans l’espace francophone », a-t-il déclaré.

« Le peuple burkinabè a fait une belle démonstration, a-t-il ajouté. Ce qu’a fait le peuple burkinabè doit faire réfléchir ceux qui veulent se maintenir au pouvoir en violant l’ordre constitutionnel ».

Il a également souhaité une mobilité plus importante des étudiants, entrepreneurs et chercheurs au sein de la francophonie, a insisté sur la nécessité de trouver un accord contraignant sur le climat lors du Sommet de Paris l’année prochaine.

Revenant sur sa visite en Guinée pays touché par Ebola, la veille, il s’est prononcé « l’enfermement » et la « discrimination » et a plaidé pour une poursuite des échanges avec eux. Le Sommet de l’OIF doit adopter une résolution, négociée par les ministres ces derniers jours, appelant à l’ouverture des frontières et lignes aériennes avec les pays touchés par l’épidémie d’Ebola, tout en prenant des mesures de contrôle sanitaire.

Ebola au Mali, « zéro cas d’infection »

Sur ce thème, le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, a pour sa part affirmé, à la tribune, que son pays ne connaissait à ce jour « zéro cas d’infection » par le virus Ebola, les récents cas suspects s’étant soldés par une guérison ou des tests négatifs.

Ces discours ont eu lieu lors de la cérémonie d’ouverture du Sommet, dans la matinée du samedi 29 novembre. Se sont succédés à la tribune le président sénégalais Macky Sall, le Congolais Joseph Kabila, le Malien Ibrahim Boubacar Keita, la vice-présidente du Viet-Nam Nguyen Thi Doan, le Français François Hollande, le Premier ministre Canadien Stephen Harper, le Guinéen Alpha Condé, le Premier ministre égyptien Ibrahim Mahlab, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Tchadien Idriss Déby Itno, le prince Albert II de Monaco, le Camerounais Paul Biya et le Gabonais Ali Bongo. Ce dernier a d’ailleurs appelé à la « création d’une zone de libre-échange culturel et économique dans la Francophonie ».

Chaque discours a été ponctué par de vibrants hommages à Abdou Diouf, l’ancien président sénégalais, qui doit quitter le poste de secrétaire général de l’OIF à l’issue du sommet. Le président Macky Sall a d’ailleurs annoncé que le centre où se tient l’événement serait renommé, en son honneur, Centre international de conférence Abdou Diouf (Cicad). C’est lui qui a prononcé le dernier discours de la matinée.

Jeunearique.com par Pierre Boisselet, envoyé spécial à Dakar

Burkina : comment les chefs d’État africains voient la chute de Compaoré

novembre 14, 2014

Goodluck Jonathan (à g.), Macky Sall et Isaac Zida (centre), le 5 novembre à Ouagadougou.
Goodluck Jonathan (à g.), Macky Sall et Isaac Zida (centre), le 5 novembre à Ouagadougou. © Issouf Sanogo/AFP

D’Alassane Ouattara à Boni Yayi, en passant par Ibrahim Boubacar Keïta, Faure Gnassingbé ou Alpha Condé… Tous n’ont pas le même avis sur le départ de Compaoré.

De tous les chefs d’État africains, le plus affecté par la chute de Blaise Compaoré est certainement l’Ivoirien Alassane Ouattara. Entre les deux hommes, la relation était stratégique. De bonne source, le jour de sa chute, le 31 octobre, Blaise a téléphoné à son ami ivoirien pour lui demander asile et recevoir protection dans sa fuite. Aussitôt, Alassane Ouattara a appelé François Hollande afin que la France prête hélicoptère et avion au fugitif.

Après son arrivée à Yamoussoukro, le Burkinabè a reçu deux fois la visite du président ivoirien, les 1er et 4 novembre. Autre ami très marqué par l’événement, Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, lui, dénonce « l’exil doré » accordé par la Côte d’Ivoire.

Qui se désole de la chute de Blaise ?

En Afrique centrale, tous les chefs d’État, ou presque. En Afrique de l’Ouest en revanche, très peu de monde. À l’exception d’Alassane Ouattara, bien sûr, et de son homologue togolais, Faure Gnassingbé, qui doit redouter une propagation de l’onde de choc jusqu’à Lomé. « Blaise avait la particularité d’être accessible à tout le monde, confie avec un brin de nostalgie le ministre d’un État d’Afrique de l’Ouest. Quand j’étais dans l’opposition, il me recevait souvent à sa table. Mais ce n’était pas seulement pour mes beaux yeux. Selon lui, tout opposant pouvait faire naître la subversion chez l’un de ses partenaires et l’affaiblir. Le Burkina était riche de ses voisins. »

C’est sans doute au Mali que l’événement est le mieux accueilli. Le Rassemblement pour le Mali (RPM), du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), « apprécie le geste héroïque du peuple burkinabè […] contre une dictature de plus de vingt-sept ans ». Commentaire d’un proche d’IBK : « Nous ne pardonnons pas à Blaise d’avoir accordé le gîte et le couvert à tous les chefs rebelles du Nord-Mali. Son départ va faciliter les négociations d’Alger. »

Au Niger, même son de cloche. Sur la BBC en langue haoussa, Mohamed Bazoum, le ministre des Affaires étrangères, a lâché : « Ce qui s’est passé doit servir de leçon aux chefs d’État qui veulent se maintenir trop longtemps au pouvoir. » Mahamadou Issoufou se frotte les mains à l’idée que son opposant Hama Amadou ne puisse plus se réfugier au Burkina Faso.

En Mauritanie, l’Union pour la République (UPR, au pouvoir) félicite les Burkinabè « pour la réalisation du triomphe des peuples africains contre la tyrannie ». Mohamed Ould Abdelaziz se réjouit quant à lui de voir son opposant Limam Chafi, proche conseiller de Compaoré, errer désormais entre Abidjan et Rabat.

Pas de réaction officielle en Guinée, car Alpha Condé était à la fois très proche de Blaise et très inquiet devant son obstination à rester au pouvoir. « Cela va très mal se passer », prédisait-il ces dernières semaines.

Pas de commentaire non plus au Bénin. Mais subitement, Boni Yayi retrouve des mots simples pour dire qu’il n’essaiera pas de briguer un troisième mandat en 2016. « Je ne toucherai pas à ma Constitution. Je le jure », a-t-il déclaré le 3 novembre sur France 24. « L’an dernier, à chaque fois qu’il le disait aussi clairement, il recevait un coup de fil menaçant de Ouagadougou, explique l’un de ses proches. Aujourd’hui, Blaise ne peut plus lui pourrir la vie. »

Jeuneafrique.com par Christophe Boisbouvier