Après plusieurs jam sessions réussies, l’Institut français du Congo (IFC) réitérera l’événement dans la ville de Pointe-Noire, en invitant cette fois-ci sur scène le groupe emblématique Conquering Lions pour une jam session explosive entre élégance du reggae et puissance des mots, le 7 juillet prochain, à partir de 19 heures.
Les membres du groupe Conquering Lions/ DR
Les jam sessions sont des événements musicaux incontournables pour les amoureux de la musique. C’est un petit moment d’évasion où des artistes, musiciens et chanteurs se laissent aller à des nouvelles expériences sonores en bonne compagnie.
Entourés des leurs, de passionnés mais aussi d’oreilles curieuses, une atmosphère chaleureuse s’installe pour une soirée mémorable autour d’improvisations et de reprises. Pendant cette jam session, le groupe de reggae Conquering Lions livrera une prestation haut de gamme pour la bonne satisfaction des spectateurs. Il y a quelques années, Conquering Lions était considéré comme l’un des groupes émergents à suivre dans le pays. Aujourd’hui, il est définitivement le groupe coup de cœur pour de nombreux Congolais.
Influencés par des artistes comme Bob Marley, Peter Tosh, Bunny Wailer, Burnig Spear et des groupes comme les Wailers, Uhuru noir, le cercle intérieur, les Abyssiniens, ou encore les Pionniers, les musiciens du groupe Conquering Lions tendent à reproduire sur scène cette énergie électrique qu’ils retrouvent à l’écoute de ces artistes qui les inspirent.
Forts de leurs différentes influences, ils s’accordent ensemble pour élever et faire entendre le message qui les porte, à savoir l’amour du reggae et de la musique mais surtout le « One love » prôné par Bob Marley. La musique que ce groupe distille a pour base le son organique des rythmes du terroir qui se mélange librement avec la sympathie du reggae traditionnel jamaïcain et l’improvisation de ses musiciens. Un rythme bien coloré que ses musiciens intitulent « Reggae Bantou ». Indépendamment des tendances, les membres de ce groupe mêlent le passé au présent selon leur propre recette. Bien que ce groupe soit principalement actif sur la scène locale mais également nationale, les auditeurs disent souvent qu’il a un son mondial.
Pour tout dire, Conquering Lions, ce sont des voix reconnaissables dès les premières notes, une fraîcheur, une spontanéité, un esprit vif, un amour du jeu et de la liberté. Ses musiciens aiment chanter, jongler avec les mots et faire de leur répertoire musical leur terrain de jeu. Ces artistes restent éternellement des chanteurs curieux et ouverts sur la création, qui se sont appliqués tout au long de leur carrière à mélanger les genres, à unir chanson congolaise, poésie et reggae.
Pendant cette jam session, le groupe Conquering Lions offrira au public un beau moment de détente avec une musique qui prône la diversité, le partage et l’amour du prochain, à savoir le reggae. L’une des rares constantes que l’on retrouve dans ce style musical tout au long de son histoire, c’est son lien indéfectible avec l’improvisation. Et c’est certainement dans le cadre des jam sessions que ce lien se fait le plus fort. Jam session, soit littéralement « séance d’improvisation » en anglais ou « bœuf » comme on les appelle en français. Pour le dire simplement, une jam session, c’est le fait que plusieurs musiciens se réunissent dans un club, un bar ou une salle de concert pour jouer ensemble soit des standards sur lesquels on improvise, soit pour improviser totalement
Notons qu’en invitant le groupe Conquering Lions à cet événement, l’IFC voit les choses en couleurs. Pendant cette jam session, la salle de spectacle sera colorée de trois couleurs qui composent le drapeau des Rasta, à savoir le rouge, symbolisant la force et la lutte, le jaune, le soleil et de la sagesse et enfin le vert qui est associé à l’espoir, à la vie et à l’amour.
Placée sur le thème « Transmédia », la septième édition du festival international de bande dessinée du Congo « Bilili BD » a officiellement levé ses rideaux le 6 décembre, à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville, en présence d’artistes nationaux et internationaux ainsi que de quelques autorités de la place.
1- Les visiteurs explorant les stands après le lancement officiel de la 7e édition du festival Bilili BD /Adiac
Année après année, le festival Bilili BD est heureux de faire son bout de chemin en se réinventant à chaque édition. « L’IFC de Brazzaville a le plaisir, pour la septième année consécutive, d’accueillir , du 6 au 10 décembre, le festival Bilili. Formidable outil de promotion des arts graphiques, il est devenu au fil des ans un rendez-vous incontournable pour promouvoir les auteurs, créateurs, éditeurs d’Afrique centrale et d’ailleurs. Grâce à la pérennité du festival et à la confiance accordée des partenaires, Bilili réaffirme sa capacité à attirer de plus en plus de visiteurs. Je salue donc la détermination, l’enthousiasme et l’engagement renouvelés chaque année de la directrice du festival, Joëlle Epée », a déclaré Régis Ségala, directeur délégué de l’IFC.
« Bilili a sept ans. On ne sait pas combien d’années on continuera à fêter de nouvelles éditions. J’aimerai tellement être comme le festival d’Angoulême où on dépasse quarante ans car c’est tellement gratifiant d’avoir un an de plus. Et je suis encore extrêmement reconnaissante envers toutes les personnes de bonne volonté qui me suivent dans cette envie de laisser autre chose que juste des mots et de belles vidéos ; de laisser une mémoire graphique qui rayonnera à partir du Congo vers le reste du monde », a indiqué, pour sa part , la promotrice Joëlle Epée Mandengue.
C’est donc dans cet esprit d’introspection et de perspectives que la septième édition s’articulera principalement autour des discussions sur le transmédia. Ce terme désigne un processus ou un mode de création dans lequel les éléments d’une fiction sont dispersés sur diverses plateformes médiatiques, dans le but de créer une expérience de divertissement coordonnée et unifiée. Il s’agira, entre autres, de décortiquer comment est-ce qu’un auteur de bande dessinée (BD) s’émancipe des planches et explore d’autres façons de faire de cette BD.
2- Une vue de l’exposition de bande dessinée « Scènes BD africaine »/Adiac
Ainsi, de la BD qui intègre le langage des signes comme « Henri et Bintou » d’Afiri Studio, à la BD uniquement lisible avec un casque de réalité virtuelle, en passant par la BD muette de Wilfrid Lupano ou encore celle lisible uniquement sur des plateformes dédiées en ligne, la BD se décloisonne, se réinvente et s’adapte aux nouveaux médias pour conquérir sans cesse le grand public. « Il y a plusieurs façons de présenter la bande dessinée, même de travailler pour créer des images. D’où les ateliers en intelligence artificielle où les participants vont apprendre des logiciels qui permettent de générer des images juste en tapant du texte », a détaillée Joëlle Epée Mandengue.
Dans cet élan d’émancipation, Bilili BD accueille cette année les artistes de plusieurs pays : Congo, République démocratique du Congo, Cameroun, Centrafrique, Gabon, Zimbabwe, Martinique, France, Belgique, Espagne, Suisse, etc. Parmi les invités, on compte également de grandes maisons d’édition de BD qui tiennent des tables rondes et exposent leurs œuvres dans le hall de l’IFC où le public peut également découvrir l’exposition « Scènes BD africaine » qui était initiée à l’occasion d’Africa 2020. A côté de cela, la septième édition de ce rendez-vous c’est autant de rencontres professionnelles, conférences, ateliers, ventes-dédicaces, projections de films d’animation, spectacles vivants, concours de BD et de cosplay.
Notons que toutes les activités détaillées de cette septième édition de Bilili BD sont à retrouver sur la page Facebook du festival où la participation et la retransmission se font en ligne, en direct. Outre l’IFC, la salle CanalOlympia et le siège de la délégation de l’Union européenne abritent certaines activités du festival.
A l’orée de la quinzième édition du festival d’humour « tuSeo » qui se déroulera en octobre à l’Institut français du Congo, le comité d’organisation invite les artistes congolais à postuler pour une formation en stand-up.
L’affiche de candidature/DR
Organisé sur le thème « Professionnalisons le stand-up », l’atelier de formation s’adresse spécialement aux humoristes, conteurs, comédiens passionnés ou évoluant dans le domaine du spectacle du rire. L’objectif de cette initiative est d’outiller les participants à l’écriture d’un texte pour la scène. Ce, dans la mesure où de nombreux artistes, quoiqu’ayant une carrière professionnelle prolifique, se butent quelques fois à cet exercice. Comme le soulignent les organisateurs, « cet atelier offert par l’Institut français du Congo et le festival tuSeo est un moyen de maîtriser des techniques d’écriture collectives pour écrire des sketchs et des textes de stand-up ». Par ailleurs, cette formation entend contribuer à la découverte de jeunes talents et soutenir des artistes en leur offrant la possibilité d’évoluer artistiquement, tant sur le plan national qu’international.
Les candidatures à cet atelier de professionnalisation au stand-up sont ouvertes jusqu’au 15 octobre au service de la communication de l’Institut français du Congo. La formation sera donnée par l’artiste franco-camerounais Saïdou Abatcha, invité spécial de cette quinzième édition du festival tuSeo. Des observations du monde contemporain au détournement des dons humanitaires, en passant par les dictatures, l’industrie envahissante… Saïdou Abatcha est un puits sans fond de proverbes africains assez hilarants et pleins de sagesse. Avec son parcours riche et inspirant, ce conteur-humoriste, magicien du langage, livrera aux participants son expertise et ses secrets professionnels qui lui ont, entre autres, permis dans la plupart de ses spectacles d’accrocher le public en toute finesse.
Notons qu’au terme de la formation les participants auront l’opportunité de restituer leur apprentissage en présentant des spectacles au cours de la tenue du festival tuSeo, prévu du 27 au 29 octobre à l’Institut français du Congo.
Dans le cadre de la clôture des activités du mois dédié à la lutte pour les droits de femme, la Fondation congolaise pour la recherche médicale (FCRM) a projeté, le 30 mars à l’Institut français du Congo, le documentaire « Femmes et science en Afrique, une révolution silencieuse ».
1- Une capture du film « Femmes et science en Afrique : une révolution silencieuse » lors de sa projection à l’IFC/Adiac
C’est en présence de Kate Thompson-Gorry, Michel Welterlin et de la Pre Francine Ntoumi, respectivement réalisatrice, producteur et l’une des héroïnes du film, que s’est faite la projection du documentaire « Femmes et science en Afrique : une révolution silencieuse ». Cette cérémonie s’inscrit dans la vision du programme « Femmes & Sciences » de la Fondation congolaise pour la recherche médicale dont les actions incluent des campagnes de sensibilisation en milieu scolaire, l’encouragement des femmes engagées dans les sciences par l’attribution du prix d’encouragement scientifique et des bourses aux étudiantes.
« Femmes et science en Afrique : une révolution silencieuse » est un documentaire inédit au cœur d’une communauté bouillonnante de femmes du continent, réservoir unique de talents pour la science et l’innovation. Des femmes qui, par leur dynamisme, leur travail acharné et leur implication pour l’égalité des droits, ont réussi à briser les stéréotypes dans le milieu de la recherche, tout en participant aujourd’hui au développement de l’Afrique.
Pre Tebello Nyokong (Chimiste) de l’Afrique du Sud, Pre Francine Ntoumi (Biologiste moléculaire) de la République du Congo et enfin, Zara Randriamanakoto (Astrophysicienne) de Madagascar, sont les trois protagonistes du film. En 51 min, l’œuvre les met en lumière et apporte des réponses aux questions ayant un lien direct avec leurs parcours et leurs exploits : qui sont ces femmes ? Quels obstacles ont-elles dû surmonter pour arriver au sommet de leur art ? Quel impact ont-elles sur leur communauté ? Sauront-elles trouver des solutions concrètes aux défis majeurs du XXIe siècle ? Et si le Einstein de demain était une femme africaine ?
2- Une vue des panélistes durant les échanges/DR
La projection du film s’est suivie d’une causerie-débat avec l’assistance composée, entre autres, des cadres ministériels, scientifiques, enseignants et chercheurs, étudiants, élèves, communicants, cinéastes, etc. « Mon métier de réalisatrice est avant tout de raconter des histoires qui peuvent porter, inspirer et faire découvrir des choses et des personnes qu’on ne connaît pas forcément. En étudiant le sujet de la science, j’ai découvert ces trois femmes exceptionnelles que je ne connaissais pas. Et d’ailleurs, le titre révolution silencieuse, c’est parce qu’il y a des femmes scientifiques en Afrique, mais peu d’entre elles sont connues. A travers ce film, j’ai voulu donner une voix à ces femmes et faire connaître cette révolution », a fait savoir Kate Thompson-Gorry, réalisatrice du documentaire sorti en 2019.
A ce propos, la Pre Francine Ntoumi, engagée dans la lutte contre le paludisme et présidente de la FCRM, a remercié toute l’équipe de production du film d’avoir bien voulu mettre sous les projecteurs les efforts des femmes africaines afin de porter haut cette science qui est importante pour l’avenir du continent. Aux jeunes filles intéressées par les métiers scientifiques, elle les a exhortées à se projeter à grande échelle en vue d’aller le plus loin possible. Ce, en s’appuyant sur la formation comme participation à la construction de ce rêve. « La femme ne doit pas limiter ses ambitions. Ce film est un outil formidable de plaidoyer, d’éducation et d’encouragement pour les filles et les femmes de science en Afrique », a-t-elle indiqué.
De ce temps de partage, Channie Rhonda Kono, étudiante en troisième année de biologie à l’Université Marien-Ngouabi, a exprimé sa satisfaction qu’aujourd’hui la société comprend de plus en plus que la femme est indispensable et qu’elle a beaucoup apporté dans le développement. « C’est juste magnifique de voir toutes ces femmes scientifiques rayonner, elles qui n’ont pas abandonné et qui pour nous jeunes sont de véritables modèles et sources d’inspiration », a-t-elle confié.
Notons que « Femmes et science en Afrique : une révolution silencieuse » a été produit par Michel Welterlin et la compagnie Taxi-Brousse, avec le soutien de Canal + international et de la fondation L’Oréal.
Ngozi Okonjo-Iweala, Makhtar Diop, Lazare Eloundou Assomo… Ils sont à la tête de l’Organisation mondiale du commerce, de la Société financière internationale et du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. Des places à la hauteur des enjeux du continent.
Ngozi Okonjo-Iweala, une briseuse de plafond de verre à l’OMC
Désignée comme l’une des femmes « les plus influentes » de 2021 par le Financial Times, elle a « brisé tous les plafonds de verre par l’ampleur de ses compétences, son intégrité absolue et sa bonne humeur », écrit Christine Lagarde, désormais patronne de la Banque centrale européenne.
Dès son arrivée à la tête de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala a également entrepris de féminiser la direction générale de l’institution, où elle a instauré une stricte parité homme-femme. « C’est la première fois dans l’histoire de notre organisation que la moitié des directeurs généraux sont des femmes. Cela souligne mon engagement à choisir des dirigeants talentueux pour notre organisation tout en atteignant un équilibre entre les sexes aux plus hauts postes », s’est-elle félicitée.
Dès le mois d’avril, la Nigériane exhorte les pays d’Afrique à s’entendre pour une mutualisation de leurs forces et de leurs ressources afin de créer leurs propres vaccins. Parallèlement, elle travaille à convaincre les pays riches de lâcher du lest sur la question de la levée des brevets.
« À long terme, surtout si nous devons vivre avec ce virus [le Covid-19] pendant plusieurs années, nous devons disposer d’une base mondiale de production de vaccins plus diversifiée géographiquement, plaidait-elle en mai dernier. Le fait que l’Afrique dispose de moins de 0,2% des capacités mondiales de production ne contribuera pas à la résilience de l’offre. » Mais près de dix mois après avoir engagé ce combat, Ngozi Okonjo-Iweala ne peut que constater que les négociations sont « bloquées » sur ce point.
« Right choice, right time » (« Le bon choix au bon moment »). Le message de félicitations adressé par le Rwandais Donald Kaberuka, ex-président de la Banque africaine de développement, à Makhtar Diop, lorsque sa nomination à la tête de la Société financière internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale qui intervient dans le secteur privé) avait le mérite de la concision. Mais il résumait l’état d’esprit d’une large partie de la nomenklatura financière africaine.
Premier Africain à prendre les rênes de l’organisation, l’économiste sénégalais de 60 ans a pris la suite du Français Philippe Le Houérou, le 1er mars dernier, au terme d’un processus de sélection particulièrement difficile. Pas moins d’une centaine de candidats se pressaient au portillon, dont certains poids lourds, de l’économiste camerounaise Vera Songwe au ministre ivoirien Thierry Tanoh, tous deux d’anciens d’IFC, en passant par le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam ou l’ancien Premier ministre togolais Gilbert Houngbo.
Ex-ministre des Finances (2000-2011) du Sénégal, Makhtar Diop a été le premier Africain francophone à être nommé vice-président de la Banque mondiale chargé de l’Afrique. En 2014, il s’était lancé dans la course pour prendre la direction de la Banque africaine de développement, avant de finalement se retirer, laissant un boulevard au Nigérian Akinwumi Adesina.
À la tête de l’IFC, Makhtar Diop a une urgence : « Tout faire pour relancer la machine économique, en particulier en Afrique, le continent le plus affecté par la crise [du Covid-19] ». Dans l’entretien que le Sénégalais a accordé à Jeune Afrique en juillet dernier, le patron de l’IFC détaillait ce qu’il nomme sa « stratégie 3.0 », consistant à ne pas se focaliser sur les opérations financièrement viables, mais à aller « bien au-delà », en poussant le secteur privé international « à investir là où il n’existe pas ». Le but ? « créer de nouveaux marchés ».
Autre chantier sur lequel Makhtar Diop entend travailler au cours de son mandat, la promotion d’investissements « verts ». « Essayer de créer des opportunités économiques sans lutter simultanément contre le changement climatique, c’est comme essayer de pagayer sur un bateau sans rame. C’est possible. Mais je ne pense pas que vous alliez bien loin », a-t-il encore insisté dans un entretien accordé au Financial Times, le 17 décembre dernier.
Lazare Eloundou Assomo, la protection du patrimoine mondial
Cette fin d’année 2021 aura été marquée par une avalanche de bonnes nouvelles en provenance du siège de l’Unesco, à Paris. L’inscription au patrimoine immatériel de l’humanité du tieboudiène sénégalais, du m’bolon malien et de la rumba des deux Congos ont été saluées comme autant de motifs de fierté sur le continent.
Une autre annonce, début décembre, a eu moins d’écho auprès du grand public. Elle n’en a pas moins une valeur symbolique tout aussi forte : l’arrivée du Camerounais Lazare Eloundou Assomo, 53 ans, à la direction du Centre du patrimoine mondial de l’institution onusienne. Il est le premier Africain à avoir été nommé à ce poste stratégique pour la préservation et la promotion des sites d’exception du continent.
Formé à l’architecture en France, à Clermont-Ferrand puis à Grenoble, il entame sa carrière de chercheur associé au Centre international de la construction en terre de l’école d’architecture de Grenoble en travaillant à la préservation de l’habitat traditionnel mousgoum, dans le nord du Cameroun. Son parcours l’a conduit à travailler en Érythrée, au Bénin – sur la restauration des palais royaux d’Abomey – ou encore au Mali, où il a participé au projet de reconstruction des mausolées de Tombouctou détruits par les jihadistes.
À la tête du Centre du patrimoine mondial, ce passionné qui affirme avoir Nelson Mandela pour modèle, entend faire la part belle à un continent trop longtemps oublié dans ce domaine. « L’Afrique est le berceau de l’humanité. Elle compte énormément de sites culturels et naturels qui sont importants, insistait Lazare Elououndo Assomo, interrogé par le Guardian, le 20 décembre. Mais certaines catégories de sites en Afrique ne sont pas forcément du même genre que celles que l’on trouve dans d’autres régions. »
LA MOBILISATION DE NOS EFFORTS POUR SAUVEGARDER LES SITES DU PATRIMOINE MONDIAL SUR LE CONTINENT DOIT ÊTRE UNE PRIORITÉ
Dans ce combat, si la préservation des sites architecturaux compte parmi ses priorités, il en est une autre que le Camerounais entend placer en tête de son agenda : la préservation des sites naturels d’exception, alors qu’une course contre la montre s’est engagée sur les questions environnementales. « L’Afrique est aujourd’hui en première ligne des effets du changement climatique. La mobilisation de nos efforts pour sauvegarder les sites du patrimoine mondial sur le continent doit être une priorité. »
L’année qui s’ouvre va également marquer la célébration du cinquantenaire de la Convention du patrimoine mondial. « L’occasion d’une grande rétrospective mais aussi d’une réflexion collective sur les meilleures façons de faire prospérer notre démarche pour les cinquante ans à venir », a déclaré Lazare Elououndo Assomo.
Créé en 2018, sous l’impulsion de la chanteuse et percussionniste Gladys Samba, le groupe « afro féministe » scande le quotidien de la femme africaine en général et de la femme congolaise en particulier sur des rythmiques complexes, réalisées avec des ustensiles de cuisine et du matériel de récupération.
Le groupe, Les mamans du Congo, en pleine prestation/DR
Elles sont jeunes, belles, pleines d’énergie et ont la verve musicale dans les veines. L’aventure des « Mamans du Congo » force l’admiration; car peu de femmes oseraient s’affirmer comme elles l’ont fait. Tout est parti d’un simple constat: « Lafemme n’est pas faite que pour rester dans la cuisine ».
« Nous utilisons les ustensiles de cuisine pour remporter le combat face à certains hommes qui estiment toujours que la place de la femme se trouve dans la cuisine et non dans un bureau ou sur scène. Ainsi, à travers l’utilisation des ustensiles de cuisine comme instruments de musique, nous voulons montrer que la femme peut faire autre chose de ses mains et exercer le même travail que l’homme » a indiqué la fondatrice du groupe, Gladys Samba.
Leurs créations se situent à mi-chemin entre la tradition et la modernité. Les mamans du Congo mettent essentiellement en valeur des berceuses congolaises chantées en diverses langues vernaculaires du pays. Dans leurs chants, elles peignent le quotidien des femmes africaines et plus particulièrement de celles du Congo, avec une poignée d’humour. Leur vision se résume à pérenniser et valoriser le côté traditionnel de la femme d’aujourd’hui. Comme instruments leur permettant de créer des rythmes, figure tout ce qui se trouve dans la cuisine, à savoir : les fourchettes, cuillères, assiettes, paniers, pilons, marmites et biens d’autres matériels de récupération.
Dans ses débuts, le groupe regorgeait douze femmes et quatre hommes. Chemin faisant, certaines mamans ont fini par jeter l’éponge; car n’appréciant pas l’idéologie du groupe et d’autres se sont retirées sous la pression de leurs époux qui ne jugeaient pas dignes de voir leurs femmes faire partie d’un groupe musical. Aujourd’hui, elles sont restées cinq à faire vivre le projet, soutenu depuis le début par l’Institut français du Congo. Qualifiées de « femmes battantes », il s’agit précisément de : Gladys Samba, Odette Valdemar Ghaba Koubende, Argéa Déodalsy Kimbembe, Penina Sionne Livangou Tombet et Emira Fraye Milisande Madieta et la plus jeune de la fratrie âgée de 21 ans.
Congo : les « mamans du Congo » sont de retour ! Contes et berceuses bantous rythmés par des musiques électroniques, c’est l’histoire de leur premier album, né d’une rencontre avec le producteur et DJ français Robin
Leur premier album concocté avec la participation du beatmaker hip-hop et house français, Rrobin, est déjà disponible sur le marché du disque. Le 13 janvier, en début de soirée, « Les mamans du Congo » ont livré un spectacle haut en couleur qui a émerveillé le public présent.
Avec Adiac-Congo par Grace Merveille Ngapia (stagiaire)
Le vendredi 25 septembre 2015, Kosmos Mountouari, l’une des valeurs sûres de la musique congolaise et ex-membre du mythique orchestre Les Bantous de la capitale, sera à l’affiche, à I.f.c (Institut français du Congo), Brazzaville. A l’occasion du concert qu’il donnera, pour marquer ses 50 ans de carrière musicale, débutée, justement, dans l’ensemble musical précité, en 1965.
Ce concert, qui s’annonce explosif, sera l’occasion, pour le grand-frère de Pierre Mountouari, de faire déguster à ceux qui effectueront le déplacement de l’I.f.c, ses chefs-d’œuvre tels que Ebandeli ya mossala, Jossène, Makiri, Tabali, Etat civil, Madou Seselese, Liberté, Ba camarades, Ba tâ Mbiemo, Kembo na Nzambe, et Kamani Mado, composés aussi bien dans les Bantous de la capitale, que dans d’autres ensembles musicaux, comme le Trio Cépakos (Célestin Kouka, Pamelo Mounk’a et Kosmos Mountouari), fondé en 1973, et qui deviendra, en 1974, l’orchestre Le Peuple. Cet ensemble musical a connu un succès fou, notamment sur les deux rives du fleuve Congo et a obtenu le 1er prix de la chanson congolaise, en 1976, décerné par le président Marien Ngouabi, en personne.
Pour la petite histoire, Kosmos Moutouari est né dans le village Kivimba, dans le district de Kinkala, département du Pool, un certain 25 juillet. Il a fait ses débuts dans la musique, vers les années 1965, lorsqu’il a réussi à un concours pour être cadre statisticien. «Lorsque Moujos quitte les Bantous, je saisis l’opportunité avec l’insistance de mes amis qui m’ont poussé à aller voir Célestin Nkouka, et j’y suis allé. Ce dernier m’a fait passer un test, avant de me dire que je chantais bien… Pendant des mois, après mon stage, j’allais assister aux répétitions et un jour, Serges Essous demande «que fait ce jeune?» On lui répond que je venais pour apprendre à chanter.
Quelques jours plus tard, toujours Essous me dit: petit, il paraît que tu veux apprendre à chanter, est-ce tu ne peux venir chanter? Je dis «oui, je vais essayer!». Et on devait interpréter, avec Pablito (Pamelo), sa chanson qui n’est jamais sortie intitulée «Maria». À la fin, les gens commençaient à chuchoter quoiqu’avec une certaine indifférence, mais c’était un bel élan pour moi. Et on me fait miroiter que j’avais une chance de chanter en public au cours des prestations des Bantous. Pour moi, c’était une occasion de faire ma pub que je vais chanter… Malheureusement, on ne me faisait jamais chanter.
Le 2 mai 1965, au bar Macedo, pendant que les musiciens chantaient, j’étais toujours-là. Quelques temps, personne n’était sur la piste et je regardais l’orchestre en face de moi, au milieu, c’est la piste qui nous séparait. Et à un moment, j’ai senti une puissance en moi qui me pousse à traverser la piste pour aller voir le chef Essous et je lui demande: «Chef, chef, faites-moi chanter», et un peu sidéré, il appelle Nino en ces termes «my friend, on n’a qu’à lancer le petit. Essous prend le micro et annonce au public: «nous allons vous présenter un jeune au nom de Côme Moutouari…» dès qu’il finit j’ai eu un trac grave, et je n’arrivais pas à me contenir, c’est à ce moment que le chef Essous s’est approché de moi pour m’encourager. Pour dissiper cette peur, j’ai emprunté les lunettes d’un ami. Moi et Pablito avons commencé à chanter. Dès que j’ai fini, Kouka Célestin me demande de me mettre à genou et prend une bouteille de bière et fait un cercle avec la boisson, et me la reverse sur la tête en signe de bénédiction. Depuis ce jour, j’ai intégré l’orchestre Bantou de la capitale…», expliquait-il, en 1994, dans le magazine en ligne ‘’Afrique actualité’’, pour parler de ses premiers pas dans la musique.