Posts Tagged ‘immigrants’

Canada: Des immigrants paient jusqu’à 12 mois de loyer d’avance pour signer un bail

novembre 26, 2022

Maimouna Bella Sane est assise dans sa cuisine. Elle regarde fixement la caméra. Elle a son pouce et son index de la main droite, appuyée sur ses lèvres.
En arrière-plan, on aperçoit un four et des ustensiles de cuisine.

Mme Sane s’était renseignée sur le coût de la vie à Toronto grâce aux réseaux sociaux et s’est convaincue de payer plusieurs mois de loyer d’avance pour signer son premier bail. Photo : Radio-Canada

Sans historique de crédit ni emploi, même s’ils ont des économies, de nouveaux arrivants se heurtent à des refus catégoriques lorsqu’ils tentent de louer des logements. Des familles proposent de payer des mois de loyer, parfois de 6 à 12 mois d’avance, pour avoir accès à un logement.

Maïmouna Bella Sane est arrivée en Ontario au mois de juin, avec son fils et son époux. Elle a payé 16 800 $ de loyer d’avance pour un bail d’un an.

Durant des semaines, de nombreuses offres de location ont été refusées à l’agent immobilier représentant la famille de Mme Sane. On nous disait non chaque fois, explique-t-elle. J’étais complètement stressée. Il y a des jours où j’avais envie de repartir en France, ajoute-t-elle.

Mais les choses se sont arrangées. Dès qu’on a proposé de payer 12 mois de loyer d’avance, ça a été vite un oui.

Depuis, la mère de famille sent un poids en moins sur ses épaules. Résignée, elle explique qu’il fallait rassurer les propriétaires.

Pour obtenir son permis de vacances-travail auprès d’Immigration et Citoyenneté Canada, Mme Sane ne devait justifier que 2500 dollars comme preuve de fonds pour les trois premiers mois.

Pour ceux qui s’établissent en tant que travailleurs qualifiés avec une famille de trois personnes, le gouvernement fédéral requiert 20 371 $ comme preuve de fonds.

Exigences relatives aux preuves de fonds

Nombre de membres dans la familleFond requis (en dollars canadiens)
113 310 $
216 570 $
320 371 $
424 733 $
528 052 $
631 638 $
735 224 $
Au-delà de 7, la famille doit jouter pour chaque membre supplémentaire3 586 $

Source : Immigration et Citoyenneté Canada.

Dans la région de York, Gildas Alladaye et sa famille, originaires du Cameroun, sont arrivés en Ontario il y a deux mois. M. Alladaye a également eu beaucoup de mal à louer un logement. Des propriétaires exigeaient [un bail de] 12 mois ou rien, affirme le père de famille. Pour inciter les propriétaires à me répondre [positivement], j’étais obligé de leur proposer quatre à six mois de loyer d’avance, ajoute-t-il.

Il explique que la situation a eu un effet sur sa santé mentale. Ça m’a touché psychologiquement. J’ai eu des nuits blanches, confie-t-il.

Un homme debout à l'extérieur dans un parc, un jour d'automne.

Thomas Delespierre est le fondateur de Tomadel, une entreprise qui aide à la location, l’achat, la vente et la valorisation de l’immobilier. Photo : Radio-Canada/Dean Gariepy

Thomas Delespierre, agent immobilier à Toronto, explique qu’il est illégal pour un propriétaire d’imposer des mois de loyer d’avance à un locataire potentiel. En revanche, il n’est pas illégal, en tant que locataire, de proposer de payer des mois de loyer d’avance. Ça doit vraiment venir des locataires et pas des propriétaires, souligne-t-il.

« La vérité, c’est que si un locataire ne le fait pas et qu’il n’a pas un dossier extrêmement fort […] au bout de la troisième, de la quatrième offre qui est rejetée […] s’il veut être compétitif, il offre lui-même de payer des loyers d’avance. »— Une citation de  Thomas Delespierre, agent immobilier

L’Association des francophones de la région de York (AFRY) observe aussi les difficultés de sa communauté par rapport au logement. Son directeur général, Jean Grenier Godard, affirme que les demandes illégales de paiement de loyer d’avance des propriétaires sont courantes dans la région de York. Les propriétaires sont très frileux et demandent beaucoup de garanties, dit-il.

« Si l’on arrive et qu’on n’a pas les moyens financiers de payer six mois de loyer d’un coup au minimum, ça va être très compliqué. »— Une citation de  Jean Grenier Godard, directeur général de l’Association des francophones de la région de York

Rose-Marie Nguyen, travailleuse sociale en établissement pour l’AFRY, explique qu’il est encore plus compliqué pour les familles que pour les personnes seules d’obtenir un bail. Des familles avec des enfants sont discriminées, affirme-t-elle. Ce n’est écrit nulle part sur les sites Internet, mais quand vous dites qu’il y a des enfants […] on ne peut pas louer.

En effet, Gildas Alladaye raconte que certains propriétaires ont refusé de lui louer un appartement pour les mêmes raisons. Ils m’ont dit : « Nous, on n’accepte pas les enfants. »

En Ontario, il est illégal de refuser l’accès à un logement à des familles avec enfants.

La crise du logement peut freiner un nouvel arrivant

Puiser une grande part de ses économies pour payer son loyer d’avance peut aussi pousser un nouvel arrivant à repenser son installation au Canada. C’est le cas de Yasmine Malek Menasria, qui, au bout de ses péripéties, retourne dans son pays natal, l’Algérie.

Yasmine Malek Menasria porte un casque d'écoute et sourit à la caméra. En arrière-plan, un mur et un rideau forment un écran.

Mme Menasria espère revenir pour s’établir en Ontario. Photo: Radio-Canada

Mme Menasria a eu du mal à louer un logement dans la région de York lorsqu’elle avait un statut de résidente temporaire. Ce n’est peut-être pas de la discrimination, mais en quelque sorte la discrimination de statut de quelqu’un.

« Des propriétaires […] demandaient l’historique de crédit ou bien un an de loyer d’avance. […] Finalement, j’ai dit : « On peut vous payer juste six mois et le reste en chèques postdatés. » »— Une citation de  Yasmine Malek Menasria, Algérie

À la suite de ce compromis, la famille de trois personnes a pu s’installer un certain temps à Vaughan. Financièrement, entre autres, la situation s’est corsée, et Mme Menasria et sa famille ont dû rebrousser chemin vers l’Algérie. On a tout abandonné. On a vendu tous nos meubles, bradés.

Mme Menasria a tenté de rester stoïque, mais sa santé mentale en a pris un coup. Je suis passée par un épisode de dépression quand je suis rentrée, parce que c’était un futur qui a été imaginé, confie-t-elle.

« Autant j’étais sûre de moi, de mes compétences, de mes projets, de mes ambitions, autant maintenant j’ai peur de faire quoi que ce soit, en fait.  »— Une citation de  Yasmine Malek Menasria, Algérie

Mme Menasria souhaite qu’Immigration et Citoyenneté Canada informe davantage les nouveaux arrivants. Ce serait bien d’être informés sur nos droits au logement avant d’arriver au Canada, comme ils le font pour les permis de travail, dit-elle.

La famille de Mme Menasria se prépare à revenir au Canada l’an prochain, mieux outillée face à ce qui l’attend. Toutefois, la mère de famille admet avoir encore des appréhensions.

Avec Radio-Canada

Canada: Québec prêt à accueillir plus d’immigrants, s’ils sont francophones

novembre 9, 2022

Le gouvernement Legault réfléchit à créer une autre voie d’immigration pour les travailleurs et les diplômés francophones déjà installés au Québec, a appris Radio-Canada.

François Legault à l'Assemblée nationale

L’équipe de François Legault étudie différentes possibilités concernant les prochains seuils d’immigration, pour privilégier notamment les immigrants francophones. Photo : Radio-Canada/Sylvain Roussel

Il pourrait bientôt y avoir plus d’immigrants permanents au Québec. Mais uniquement s’ils sont francophones.

Le gouvernement Legault, qui s’était pourtant récemment fermement opposé à une hausse des seuils d’immigration, songe à la création d’un nouveau programme ou d’une nouvelle catégorie qui viserait spécifiquement les immigrants déjà installés au Québec.

On parle par exemple des diplômés d’une institution francophone – dans les universités et les cégeps – ou de travailleurs temporaires francophones bien intégrés au Québec depuis plusieurs années.

Cette idée est dans les cartons, nous ont confirmé plusieurs sources, tant du côté de Québec que d’Ottawa. Des discussions vont avoir prochainement lieu sur ce sujet.

L’objectif serait de garder ces familles, ces étudiants et ces travailleurs dans la province, en créant ainsi une autre voie plus rapide vers la résidence permanente.

Urgence de protéger la langue française

Selon nos informations, l’équipe de François Legault aurait pris conscience de l’urgence de protéger la langue française en attirant ainsi plus d’immigrants francophones de manière durable au Québec.

Voir les leviers qu’on a pour choisir plus de francophones, ça me semble être une priorité, nous a glissé une source gouvernementale, alors qu’Ottawa compte attirer 500 000 nouveaux résidents permanents par an d’ici 2025.

Le nombre d’immigrants admis au Québec comme résidents permanents, actuellement aux alentours de 50 000, pourrait ainsi augmenter, mais rien n’est encore formellement décidé, nous a-t-on précisé.

Aucun chiffre sur d’éventuels nouveaux seuils ne circule non plus. On est en train de brasser ça, a mentionné une autre source.

Le gouvernement Legault pourrait notamment proposer différentes options dans les prochains mois à Ottawa, mais aussi aux acteurs québécois du milieu de l’immigration.

Repoussées en raison de la campagne électorale, des consultations publiques sont prévues l’année prochaine pour définir le prochain plan triennal d’immigration au Québec.

Ça va aboutir assez vite, affirme-t-on, tout en soutenant qu’il faut également évaluer rigoureusement l’impact sur les logements et services sociaux.

Un inventaire toujours très important

Le Québec accueillera cette année un nombre record d’immigrants permanents. Outre les quelque 50 000 personnes initialement prévues, un rattrapage de 18 000 immigrants supplémentaires a été programmé, en raison de problématiques liées à la pandémie. Ces objectifs, selon des informations provenant d’Ottawa, sont en passe d’être remplis. Selon nos informations, ces seuils ne suffisent cependant pas à vider l’inventaire de demandes, toujours très important. À l’heure actuelle, plus de 40 000 travailleurs qualifiés québécois attendent leur résidence permanente, qui leur est délivrée en fonction des cibles de Québec.

Québec a déjà les pouvoirs, mais…

En réalité, rien n’empêche, à l’heure actuelle, Québec de revoir déjà ses critères de sélection et de choisir plus d’immigrants francophones dans les catégories économiques. Selon l’accord Québec-Ottawa en immigration, le gouvernement provincial dispose de ces pouvoirs.

Imposer une obligation de connaître la langue française pour immigrer au Québec n’est cependant pas à l’étude. Cette idée se heurte au monde des affaires – bien connu par la nouvelle ministre de l’Immigration Christine Fréchette – qui a déjà fait connaître son opposition.

Le milieu entrepreneurial privilégie, tout comme le gouvernement Legault, une francisation des immigrants, dès leur arrivée, à travers notamment les entreprises. Ainsi, ces dernières peuvent recruter plus aisément des travailleurs très convoités, anglophones, dans des secteurs de pointe.

Québec ne peut pas demander non plus à Ottawa de délivrer en priorité des résidences permanentes aux candidats francophones. Cette éventualité, nous a-t-on indiqué, pourrait se heurter aux tribunaux.

La création cependant d’un nouveau programme spécifique avec d’autres critères, comme l’envisage Québec, pourrait régler cette situation et faciliterait grandement les négociations avec Ottawa, qui verrait cette éventualité d’un bon œil.

Le plan d’immigration au Québec pour 2023 devrait être déposé d’ici la mi-décembre. Le prochain plan triennal, pour 2024-2026, sera quant à lui connu dans un an.

Avec Radio- Canada par Sébastien Bovet et Romain Schué

Les immigrants représentent près du quart de la population canadienne

octobre 26, 2022
Des passants

D’ici vingt ans, le tiers de la population canadienne devrait être d’origine immigrante. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Les immigrants reçus et les résidents permanents représentaient 23,0 % de la population en 2021, soit la plus forte proportion observée dans l’histoire du pays, dit Statistique Canada.

Dans ces nouvelles données tirées du plus récent recensement, l’agence fédérale précise que le Canada est également le pays ayant la proportion la plus importante d’immigrants au sein du G7.

En 2021, le Canada a aussi dépassé son précédent pic de population immigrante, qui remontait à exactement un siècle, en 1921, avec 22,3 % d’immigrants.

Et toujours selon Statistique Canada, de 2016 à 2021, les immigrants ont représenté 80 % de la croissance de la population active, avec 1,3 million de nouveaux arrivants qui se sont établis ici de façon permanente. Cette augmentation est importante, souligne-t-on, pour notamment pourvoir les nombreux postes vacants d’un océan à l’autre.

Puisqu’à la fin de l’an dernier, le nombre d’emplois à pourvoir était 80 % plus élevé qu’avant la pandémie, et que la population active continue de vieillir, cette augmentation du nombre d’immigrants pourrait contribuer à la bonne marche de l’économie d’ici, souligne la note d’information publiée mercredi.

Presque tous les immigrants peuvent parler français ou anglais

Si plus des deux tiers des nouveaux arrivants n’ont ni le français ni l’anglais comme langue maternelle, presque la totalité d’entre eux (92,7 %) disent pouvoir tenir une conversation dans l’une ou l’autre des deux langues officielles.

De fait, parmi les immigrants qui disent avoir une langue non officielle comme langue maternelle, près des deux tiers parlent néanmoins régulièrement la langue de Molière ou celle de Shakespeare à la maison.

Dans ce domaine, c’est l’anglais qui est le plus souvent parlé, que ce soit seul ou avec une autre langue que le français, indique Statistique Canada.

Au Québec, le français était, l’an dernier, la seule langue officielle parlée par plus de la moitié (54,5 %) des immigrants, alors qu’environ 15 % des nouveaux arrivants parlaient plutôt français et anglais.

Le quart (25,5 %) des immigrants arrivés au Québec ne parlaient que l’anglais l’an dernier, précise la note d’information. Et seulement 5 % des nouveaux venus ne pouvaient s’exprimer dans aucune des deux langues officielles.

À l’extérieur du Québec, cependant, la langue de Shakespeare est la seule langue officielle parlée par environ 9 immigrants sur 10, alors que ceux qui ne parlaient que le français, comme langue officielle, ne représentaient que 2,1 % des nouveaux arrivants.

Au total, les immigrants récents ont mentionné parler un total de 450 langues. Parmi les langues non officielles les plus souvent parlées par les nouveaux venus, on compte l’arabe, le tagalog, le mandarin et le pendjabi.

Des immigrants économiques et largement originaires d’Asie

Statistique Canada indique également que plus de la moitié des immigrants récents vivant au pays ont été sélectionnés en vertu de la catégorie économique, soit près de 750 000 personnes, dont le tiers a été sélectionné dans le cadre du programme fédéral de travailleurs qualifiés, et un autre tiers selon les critères des provinces.

Au Québec, qui dispose de ses propres critères en matière d’immigration, 46,4 % des immigrants reçus l’an dernier avaient été admis en vertu d’un programme de travailleurs qualifiés.

Et toujours depuis 2016, un peu plus du tiers (36 %) des immigrants récents établis au pays sont arrivés en vertu d’un permis de travail, d’études ou en tant que demandeurs d’asile.

Quant à l’origine de ces nouveaux Canadiens, elle a changé avec les années. Si l’on compte de moins en moins d’immigrants européens, ceux qui proviennent du Moyen-Orient ou d’ailleurs en Asie sont toujours plus nombreux. En fait, 62 % des immigrants récents, de 2016 à 2021, étaient originaires de cette région du monde.

De façon encore plus spécifique, près d’un immigrant récent sur cinq (18,6 %) est né en Inde.

Quant aux immigrants européens, s’ils représentaient 61,6 % des nouveaux arrivants en 1971, cette proportion est tombée à 10,1 % en 2021.

Un avion transportant près de 230 réfugiés ukrainiens atterrit à l'aéroport de Regina, en Saskatchewan, le 4 juillet 2022.

Près d’un quart de million de réfugiés ont obtenu leur résidence permanente, entre 2016 et 2021. Photo : Radio-Canada/Archive

Un quart de million de réfugiés devenus résidents permanents

Le recensement tenu l’an dernier, près d’un quart de million (218 430) de nouveaux réfugiés ont été admis comme résidents permanents, entre 2016 et 2021, et se trouvaient toujours au pays au moment où Statistique Canada a pris son instantané de la population canadienne.

De ce nombre, on compte 61 000 réfugiés originaires de Syrie, qui ont fui la guerre civile qui déchire toujours ce pays du Moyen-Orient.

D’ailleurs, la provenance des réfugiés a changé avec les années, y compris, tristement, en raison de l’origine des conflits qui ensanglantent certaines régions du globe.

De 1980 à 1990, par exemple, la plupart des réfugiés provenaient du Vietnam, de la Pologne et du Salvador; lors de la décennie suivante, le Sri Lanka, la Bosnie-Herzégovine et l’Iran représentaient la plus grande part des réfugiés admis au Canada, indique l’agence fédérale.

De 2001 à 2010, les principaux pays d’origine des réfugiés étaient la Colombie, l’Afghanistan et l’Irak, ces deux derniers pays ayant été ravagés par des guerres.

En ce qui concerne les réfugiés syriens, le gouvernement fédéral s’était engagé, en 2015, à en recevoir plusieurs dizaines de milliers; 27 000 d’entre eux étaient déjà arrivés au pays au cours des cinq années précédentes, lors du recensement de 2016.

De 2016 à 2021, 60 795 réfugiés syriens supplémentaires ont été admis au pays et y vivent, ce qui représente un peu plus du quart (27,8 %) des nouveaux réfugiés au pays.

Parmi les autres pays d’origine des réfugiés, on compte l’Irak, l’Érythrée, l’Aghanistan et le Pakistan.

Enfin, près de 85 000 immigrants ayant présenté une demande d’asile ont obtenu leur résidence permanente, entre les années 2016 et 2021.

Des immigrants largement urbains

Les nouvelles données tirées du recensement indiquent par ailleurs que la quasi-totalité des immigrants récents vivaient dans l’une ou l’autre des 41 plus grandes villes du pays, soit des municipalités comptant plus de 100 000 habitants.

Et ce sont, sans surprise, les trois métropoles qui attirent le plus de nouveaux arrivants; Toronto (29,5 %), Montréal (12,2 %) et Vancouver (11,7 %) ont, à elles seules, accueilli plus de la moitié des immigrants (53,4 %).

Cette proportion est toutefois en baisse d’environ trois points de pourcentage depuis 2016, avec une diminution particulièrement marquée à Montréal.

Malgré ce recul, un peu plus de 92 % des immigrants vivaient dans de grandes villes, l’an dernier, comparativement à seulement les deux tiers des personnes nées au Canada.

Cette préférence pour les grands centres fait en sorte que les immigrants représentent une grande proportion de la population de ces villes; le taux flirte avec les 50 % dans la grande région de Toronto, tandis qu’il oscille autour du tiers à Calgary, et frôle le quart à Montréal et Winnipeg.

Qu’est-ce qui explique cette envie de s’installer en ville? Selon l’Enquête sociale canadienne de 2022, la plupart des nouveaux immigrants valorisent encore le fait d’avoir de la famille dans la région. Parallèlement, les perspectives d’emploi, d’affaires et d’éducation ainsi que le logement figuraient aussi parmi les principales raisons prises en considération par les immigrants pour choisir leur ville de résidence, indique Statistique Canada dans sa note d’information.

Avec Radio-Canada par Hugo Prévost

Canada-Québec: Il serait « suicidaire » d’accueillir plus de 50 000 immigrants par an, selon Legault

septembre 28, 2022

Le chef de la CAQ a toutefois jugé que le ministre sortant de l’Immigration, Jean Boulet, ne pourrait réintégrer son poste après avoir tenu des propos controversés sur les nouveaux arrivants.

François Legault livrant un discours.

François Legault a pris la parole mercredi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Photo : Radio-Canada/Mathieu Potvin

Afin de contrer la tendance du déclin du français dans la province, François Legault estime qu’il faut s’en tenir au seuil d’immigration proposé par son parti, à savoir 50 000 immigrants par an dès 2023. Il serait « un peu suicidaire » d’accepter davantage de nouveaux arrivants, selon le chef caquiste.

Le premier ministre sortant, sous qui le Québec a accueilli plus d’immigrants que jamais, a déclaré mercredi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) que son parti serait plus exigeant en matière de connaissance du français chez les immigrants. On va essayer d’envoyer un plus grand pourcentage [d’immigrants] dans les régions francophones, a-t-il assuré.

« Mais tant qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut protéger la langue, ce serait un peu suicidaire d’aller augmenter [le seuil]. »— Une citation de  François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Questionné en mêlée de presse, le chef caquiste ne s’est pas rétracté, estimant que les Québécois attendent du gouvernement des gestes concrets pour arrêter la tendance du déclin de la langue.

Au terme de sa discussion avec M. Legault, le président de la CCMM, Michel Leblanc, s’est dit en désaccord avec la position du premier ministre sortant. Dans notre esprit, ce n’est pas du tout suicidaire, a-t-il déclaré aux journalistes.

Boulet disqualifié pour le poste de ministre de l’Immigration

À cette déclaration du chef caquiste s’ajoute celle controversée de son ministre sortant de l’Immigration et du Travail, Jean Boulet, qui a refait surface après avoir été prononcée la semaine dernière lors d’un débat entre les candidats de la circonscription de Trois-Rivières.

M. Boulet y a déclaré que 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.

Mercredi, le candidat caquiste dans Trois-Rivières s’est dit désolé d’avoir mal exprimé [sa] pensée, jugeant que sa déclaration aurait dû être comprise en deux temps. D’une part, 80 % des immigrants s’en vont à Montréal. D’autre part, [il y en a qui ne] travaillent pas, [ne] parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.

François Legault a pour sa part « regretté » les propos « inacceptables » de M. Boulet, assurant qu’ils ne reflétaient pas le fond de sa pensée.

Le député sortant peut toutefois faire une croix sur le ministère de l’Immigration. En entrevue à Midi info, François Legault a estimé qu’il s’agissait d’une question de perception, d’image, de confianceMalheureusement, je ne pense pas qu’il peut aspirer à retrouver son poste après cette déclaration, a-t-il expliqué.

Des propos irresponsables condamnés par les chefs

Le suicide, c’est se donner la mort. François Legault croit qu’accueillir plus d’immigrants, c’est la mort de la nation québécoise, a réagi le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, dont le parti propose d’augmenter les seuils de 60 000 à 80 000 personnes par an.

Si la CAQ souhaitait vraiment encourager la francisation au Québec, a-t-il plaidé, elle aurait ajouté des sommes à cet égard dans son cadre financier. Les propos tenus par son chef sont « blessants, grossiers et irresponsables ».

Même son de cloche du côté du Parti québécois, où le chef Paul St-Pierre Plamondon a dit qu’il était de plus en plus difficile de croire que les déclarations de la CAQ soient chaque fois […] des accidents.

Les caquistes cherchent, selon lui, à « mettre sous le tapis » le fait qu’accueillir 50 000 immigrants par année était propice au déclin du français. C’est une façon d’essayer de faire oublier la pauvreté de leur programme, la pauvreté de leur bilan et ce qu’ils ont à proposer en matière de langue française. Je trouve ça très irresponsable, a-t-il lancé.

Sa formation, qui fait de la défense du français son cheval de bataille, entend pour sa part abaisser les seuils d’immigration à 35 000 par année.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a pour sa part rappelé que M. Legault n’en était pas à son premier faux pas en la matière : au cours de la campagne, il avait dû s’excuser pour des propos qui établissaient un lien entre l’immigration et la violence.

Sous son gouvernement, le Québec a accueilli 70 000 immigrants en un an, a-t-il poursuivi. Était-ce un suicide pour la CAQ? Je ne pense pas. J’ignorais qu’il jugerait son propre mandat si sévèrement, a déclaré M. Duhaime, qui s’oppose à une augmentation des seuils.

Se disant « en désaccord profond » avec la vision caquiste, la cheffe du Parti libéral du Québec Dominique Anglade, qui plaide pour une augmentation des seuils à 70 000 personnes par an, a jugé que François Legault avait fait preuve d’un « manque flagrant d’empathie ».

Alors que l’histoire tragique de la jeune Amélie Champagne, qui s’est enlevé la vie après avoir été hospitalisée, a défrayé les manchettes cette semaine, le mot est « particulièrement mal choisi », a-t-elle accusé.

Radio-Canada par Valérie Boisclair avec la collaboration de Jérôme Labbé

Canada-Québec: Un record d’immigrants sous Legault

août 26, 2022

Jamais le Québec n’a accueilli autant d’immigrants. Un bilan contraire aux promesses faites par François Legault en 2018.

Un ouvrier fait des semis.

Le nombre de travailleurs étrangers arrivés au Québec a explosé ces dernières années. Photo : La Presse Canadienne/Graham Hughes

En prendre moins, mais en prendre soin. Tel était le slogan répété, jour après jour, durant la dernière campagne électorale victorieuse de François Legault.

Pourtant, dans les faits, c’est un tout autre scénario qui a déboulé sur le Québec au cours des quatre dernières années.

Retour sur un mandat controversé en matière d’immigration, où les contestations judiciaires, les bisbilles avec Ottawa et les affrontements avec le monde des affaires ont été omniprésents.

Des seuils baissés, mais…

François Legault a tenu sa principale promesse. Dès sa première année au pouvoir, il a baissé les seuils d’immigration d’environ 20 %. Près de 40 000 immigrants permanents ont été accueillis au Québec en 2019.

Mais, au total, il n’y a pas moins d’immigrants au Québec que sous l’ère libérale précédente. Bien au contraire.

Depuis l’arrivée au pouvoir du chef caquiste, le nombre de personnes arrivées dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) a rapidement explosé. Entre 2017 et 2019, ce nombre a même doublé, avant une stagnation due à la pandémie et à la restriction des voyages.

L’an passé, près de 36 000 travailleurs étrangers temporaires ont été embauchés au Québec. Aucune autre province n’a connu une telle augmentation durant cette période.

Alors que la frontière canadienne est désormais pleinement rouverte, ce chiffre a de bonnes chances d’être battu cette année. De janvier à mars, plus de 14 000 travailleurs étrangers temporaires ont eu l’autorisation de venir au Québec.

C’est d’ailleurs sur ce thème, l’immigration temporaire, que le gouvernement Legault a réalisé de véritables avancées, qui ont été saluées – une fois n’est pas coutume – à la fois par les immigrants et par les employeurs.

Depuis son arrivée en poste l’automne dernier, Jean Boulet – également ministre du Travail – a négocié avec Ottawa des assouplissements réclamés depuis longtemps au niveau des formalités administratives et du recrutement. Il est maintenant plus facile et moins long d’embaucher un travailleur étranger.

Bien plus de 100 000 immigrants en 2022

L’abaissement des seuils d’immigration n’a quant à lui pas duré très longtemps.

Petit à petit, le nombre d’immigrants permanents accueillis au Québec est revenu à des niveaux similaires vus avant la prise de pouvoir caquiste. Un nombre record de nouveaux résidents permanents devrait même arriver d’ici la fin de l’année.

Pour compenser les effets de la crise sanitaire, le gouvernement a promis d’accueillir 18 000 personnes supplémentaires. Il devrait donc y avoir près de 70 000 nouveaux arrivants en 2022.

En cumulant les résidents permanents et les temporaires, la barre des 100 000 immigrants – hors étudiants étrangers – sera donc aisément franchie cette année.

Et ce décompte ne prend pas en compte, non plus, le nombre de travailleurs venant dans le cadre du Programme de mobilité internationale (PMI). Ce programme permet aux employeurs – selon les professions – de réaliser des embauches sans avoir à fournir une longue, coûteuse et pénible évaluation des impacts sur le marché du travail (EIMT).

Selon Immigration Canada, des dizaines de milliers travailleurs arriveraient ainsi au Québec chaque année, mais le ministère fédéral n’a pas été en mesure de nous fournir des données complètes, puisqu’il dit de pas connaître avec exactitude la province de destination de ces immigrants.

Le devant de bureaux de l’Immigration, de la francisation et de l’intégration

Québec est responsable d’une partie de la sélection des immigrants arrivant dans la province. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Qu’en sera-t-il pour l’avenir? Québec a refusé de publier sa prochaine planification avant la campagne électorale, mais François Legault a déjà fermé la porte à une révision à la hausse, tout en affirmant privilégier l’immigration économique, au détriment des autres catégories.

Le premier ministre a maintes fois clamé que le Québec a atteint sa capacité d’accueil, même si, comme l’a révélé Radio-Canada, aucune étude n’existe à ce sujet.

Il y a d’ailleurs eu, tout au long de ce mandat, des remous en interne. Plusieurs sources nous ont parlé de différends, au Conseil des ministres, entre les élus à vocation économique et le premier ministre, sur le nombre d’immigrants à admettre.

En mai dernier, le ministre Boulet avait par exemple jugé raisonnable une proposition d’augmenter les seuils à 58 000 immigrants permanents, avant de faire volte-face quelques heures plus tard.

Un accord complexe entre Québec et Ottawa

L’immigration est une compétence partagée entre Québec et Ottawa. Un accord a été signé en 1991 et le Québec est la seule province à disposer d’une telle entente. Celle-ci permet notamment au gouvernement québécois de sélectionner ses propres immigrants dans la catégorie économique.

Québec est également libre de fixer ses propres cibles d’immigration, même si, selon cet accord, le Québec devrait normalement recevoir un pourcentage d’immigrants égal au pourcentage de sa population par rapport à la population totale du Canada. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

François Legault a fait part de son désir de revoir cet accord afin d’obtenir plus de pouvoirs. Il souhaite par exemple gérer le programme de réunification familiale pour imposer une meilleure connaissance de la langue française dans cette catégorie. Une demande déjà rejetée par Justin Trudeau.

Un moment de confidence lors d'une conférence de presse

Le premier ministre du Québec, François Legault, et Simon Jolin-Barrette lors du bilan du gouvernement en juin 2019 Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

De Jolin-Barrette à Boulet

Il faudrait d’ailleurs diviser ce mandat caquiste en deux parties bien distinctes, tant le style, le ton et les résultats ont été différents.

Au cours des deux premières années, le ministre Simon Jolin-Barrette, qui avait la pleine confiance de François Legault et la responsabilité de mettre en œuvre différentes réformes en immigration, s’est attiré les foudres d’experts, d’avocats et des oppositions.

En interne, on parlait même d’une guerre ouverte entre son cabinet et la machine administrative. À micro fermé, des conseillers et des élus à Ottawa fustigeaient également le comportement et les actions du ministre Jolin-Barrette.

Dans un premier temps, ce dernier a voulu revoir radicalement le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), un programme permettant d’accéder rapidement à la résidence permanente pour tous ceux qui ont déjà étudié ou travaillé dans la province. Critiqué de toutes parts, y compris par des sommités internationales, ce projet a dû être suspendu, avant d’être remis en place – avec des changements – quelques mois plus tard.

Ces différentes réformes, qui ont conduit à l’abandon contesté devant les tribunaux de milliers de dossiers d’immigration, avaient un but principal : privilégier Arrima, un nouveau système de sélection des immigrants. Or, ce dernier peine encore à trouver son rythme de croisière.

Les relations entre le gouvernement Legault, en matière d’immigration, se sont par la suite apaisées avec Ottawa et la société civile, après l’arrivée en poste de Nadine Girault (juin 2021), puis de Jean Boulet (novembre 2021).

Seule friction toujours vive : les délais d’immigration, très différents entre le Québec et le reste du Canada. Initialement, le gouvernement fédéral avait publiquement accusé Québec d’allonger ce temps d’attente pour les immigrants avant d’admettre sa part de responsabilité et d’être vivement accusé de négliger les dossiers des étudiants francophones voulant venir au Québec.

Jean Boulet s'exprime debout à l'Assemblée nationale, en gesticulant de la main.

Le ministre de l’Immigration, Jean Boulet, a obtenu des gains avec Ottawa afin de réduire les formalités administratives pour l’embauche de travailleurs temporaires. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Francisation, réduction des exigences de français

Outre la baisse du nombre d’immigrants, le gouvernement Legault avait un autre cheval de bataille : améliorer le taux de francisation.

Chaque année, des dizaines de millions de dollars ont été dépensés à cet effet. Lors du plus récent budget, 290 M$ ont d’ailleurs été annoncés pour renforcer l’intégration en emploi des personnes immigrantes.

« Les dépenses du Québec en matière d’intégration et de francisation des personnes immigrantes ont atteint des niveaux historiques. »— Une citation de  Arianne Méthot, porte-parole du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec (MIFI)

Malgré ces mesures, qui ont été saluées, la CAQ s’est attiré les foudres des oppositions, notamment du Parti québécois. Ce dernier a par exemple demandé à plusieurs reprises de revoir le système de sélection des immigrants.

À ce jour, ne pas connaître la langue française n’est pas rédhibitoire pour immigrer au Québec. Le gouvernement a même ouvert la porte à une réduction de ces exigences pour permettre plus facilement à des talents – selon les mots utilisés par Nadine Girault – d’arriver dans la province.

Pour la première fois, un programme d’immigration, avec quelques centaines de places, a aussi été créé. Celui-ci est réservé aux non-francophones travaillant dans certains secteurs recherchés, avec des hauts salaires.

D’ailleurs, François Legault a confié ouvertement à des chefs d’entreprises avoir un problème avec les immigrants gagnant moins de 56 000 $ annuellement. Des propos qu’il ne regrette pas et qu’il justifie en invoquant son désir d’augmenter le salaire moyen au Québec.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Canada: Le Québec accueillera un record de plus de 100 000 immigrants en 2022

mai 12, 2022
Entrée d'un bureau d'Immigration, Francisation et Intégration du Québec.

Environ 70 000 immigrants permanents seront reçus au Québec en 2022, une hausse de plus de 50 % par rapport à 2021. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Le Québec va accueillir plus de 100 000 immigrants permanents, irréguliers et temporaires en 2022, un nombre record. De ce nombre, environ 70 000 immigrants permanents seront reçus, une hausse de plus de 50 % par rapport à 2021 en raison du rattrapage que le gouvernement Legault effectue pour compenser la baisse du nombre d’immigrants durant la pandémie.

Aux 70 000 immigrants réguliers accueillis cette année, Québec permet également l’accueil d’un nombre grandissant de travailleurs étrangers temporaires. Depuis 2017, ce nombre est en hausse d’environ 80 %. On est passé de près de 18 000 travailleurs étrangers temporaires en 2017 à environ 33 000 qui ont été autorisés en 2019 et 2020, avec une tendance semblable en 2021 et 2022.

À ces arrivées régulières et encadrées s’ajoutent aussi les demandeurs d’asile. Au cours des trois premiers mois de 2022, on signale plus de 7000 interceptions à la frontière québécoise, au chemin Roxham de Saint-Bernard-de-Lacolle, de personnes qui passent la frontière de façon irrégulière et qui demandent refuge.

Le gouvernement Legault s’attend, au rythme actuel, à l’arrivée de 30 000 à 35 000 personnes par le chemin Roxham cette année. 

Fermer le chemin Roxham : une image simpliste

Québec demande au gouvernement fédéral de « fermer le chemin Roxham ». C’est une image simpliste, que les politiciens aiment bien utiliser pour tenter de frapper l’imaginaire dans la population. Dans les faits, la demande est beaucoup plus complexe et implique à la fois le gouvernement Trudeau à Ottawa et l’administration Biden à Washington.Une famille avec des valises.

Québec s’attend, au rythme actuel, à l’arrivée de 30 000 à 35 000 personnes par le chemin Roxham en 2022. Photo: Radio-Canada/Romain Schué

Ce qui est en cause, c’est l’entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis, qui se reconnaissent mutuellement comme étant des pays d’accueil, de refuge, où les gens peuvent demander l’asile et la protection. Donc, une personne qui est en sol américain et qui veut demander l’asile au Canada ne peut pas emprunter un chemin régulier, celui de la douane. Elle doit passer par un chemin irrégulier et demander refuge auprès des autorités.

C’est ainsi que s’est formé, avec le temps, un passage informel qui est celui du chemin Roxham, facile d’accès entre l’État de New York et le Québec. Avec le temps, et le nombre de personnes qui empruntaient ce chemin, la GRC y a installé un poste pour formaliser l’accueil et encadrer ce mouvement migratoire.

Alors, vous comprenez que l’image qui est celle de fermer physiquement le chemin Roxham, d’y installer une clôture comme l’évoquait l’ancien chef du Parti québécois Jean-François Lisée en 2018 est particulièrement simpliste. Fermer un chemin, c’est en ouvrir des milliers d’autres. Autrement, il faudrait appeler, comme Donald Trump, à la construction d’un mur, immense, d’un bout à l’autre du pays.

C’est l’entente entre le Canada et les États-Unis qui doit être revue et le gouvernement Trudeau dit être en train de négocier cela avec l’administration américaine.

En attendant, la proposition du ministre Jean Boulet d’assurer un transfert ailleurs au Canada de personnes qui passent de façon irrégulière au chemin Roxham est probablement la plus appropriée dans les circonstances.

Les passages irréguliers se font pratiquement tous au chemin Roxham alors que les demandeurs d’asile se trouvent pour la plupart dans l’est des États-Unis, surtout à New York ou en Floride. L’accès à la frontière entre l’État de New York et le Québec est facile, en plusieurs endroits.

Des immigrants pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre

Le gouvernement de François Legault semble comprendre que le Québec a besoin d’immigrants. Dans les débats en Chambre, le premier ministre accuse les libéraux de ne compter que sur l’immigration pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre, sans tenir compte de leur intégration et de leur connaissance du français.

Mais, dans les faits, le gouvernement Legault a décidé d’accueillir un nombre record d’immigrants sur le territoire du Québec en 2022. Ces immigrants font partie des nombreuses solutions à mettre en œuvre pour tenter de réduire la pression économique que cause le manque de main-d’œuvre.

D’abord, Québec a décidé de rattraper le manque à gagner provoqué par la pandémie, qui est venue ralentir les mouvements de population. Le Québec a accueilli un peu plus de 40 000 immigrants en 2019, puis 25 000 en 2020, avant de remonter à plus de 40 000 en 2021.

En 2022, le Québec accueillera un nombre record d’environ 70 000 immigrants.

Par ailleurs, après avoir abaissé la cible d’accueil à 40 000 immigrants à son arrivée au pouvoir, François Legault a annoncé qu’il allait porter ce nombre à 50 000 par année, une hausse de 20 à 25 %. Il a indiqué qu’il voulait plafonner ce nombre à 50 000.

Le gouvernement de François Legault a aussi choisi d’augmenter de façon marquée le nombre de travailleurs immigrants étrangers temporaires en sol québécois. Au rythme actuel, le Québec en accueillera plus de 30 000 cette année, s’approchant ou dépassant, on verra bien, le record établi dans les dernières années.

Fin 2021, une entente a été conclue avec le gouvernement fédéral pour faire venir plus d’immigrants temporaires dans des emplois à plus bas salaire. De plus, les entreprises peuvent embaucher autant qu’elles le souhaitent des travailleurs temporaires pour des professions peu spécialisées. Et il y a davantage de professions qui n’ont plus besoin de passer par un affichage.

Avec Radio-Canada par Gérald Fillion

Canada: « L’enfer » d’immigrants ayant investi au Québec, épuisés par l’attente

février 4, 2022

La voix teintée d’ironie, David Boisselier soupire. « Il aurait fallu venir par Roxham. Notre dossier aurait déjà été traité », lâche cet entrepreneur et chef d’entreprise, lassé par des années d’attente et d’absence de perspective.

Assis sur le canapé de son appartement montréalais, aux côtés de son épouse, ce Français d’origine ne cache plus son agacement. Arrivé au Québec à l’automne 2015, par le biais d’un programme réservé aux entrepreneurs, avec ses deux enfants, le couple patiente depuis presque sept ans pour finaliser son dossier d’immigration.

Sept ans de galère» et d’enfer administratif» avec Immigration Canada, insiste David Boisselier, qui dirige, entre autres, un café dans l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. On a tout vendu en France. On a été convaincus par l’ambassade du Canada à Paris, qui cherchait des chefs d’entreprises.»

De la capitale française à Montréal, rien, finalement, ne se passe comme prévu. Après avoir obtenu un certificat de sélection du Québec (CSQ) moins de deux ans après leur installation, ils doivent désormais faire preuve de patience pour recevoir leur résidence permanente. Un sésame indispensable.

Sans ce papier, je ne peux quasiment rien faire. Je ne peux développer aucun gros projet, les banques demandent une résidence permanente. Je fais donc des affaires à minima», détaille ce quinquagénaire, en déplorant un enfer administratif».

Au total, le couple assure avoir effectué 34 demandes de renouvellement de permis de travail ou d’études pour les enfants. Près de 30 000 $ ont aussi été dépensés en frais administratifs par cette famille, qui, en raison de ces délais, a connu de nombreuses péripéties, dont une interdiction de travailler, une inscription repoussée dans un cégep et une absence de protection médicale durant des mois.

Mon fils déprime, il est bloqué. Il veut faire une école en aéronautique, mais elle exige la résidence permanente», illustre Sandrine Boisselier, directrice marketing dans le secteur informatique.

Leur avocat, Guillaume Audet, est quant à lui perplexe. C’est la famille, normalement, que l’on veut ici. Ils sont éduqués, francophones, ils travaillent et génèrent de la richesse pour le Québec. Mais on les fait languir».Selon l'avocat en immigration Guillaume Audet, les délais de traitement sont actuellement inacceptables.© Ivanoh Demers/Radio-Canada Selon l’avocat en immigration Guillaume Audet, les délais de traitement sont actuellement inacceptables.

Plus de cinq ans d’attente en moyenne

Depuis plusieurs années, les délais d’attente pour l’obtention d’une résidence permanente ont littéralement explosé dans de multiples catégories, y compris celle des gens d’affaires» sélectionnés par le Québec. Celle-ci regroupe des entrepreneurs, des investisseurs et des travailleurs autonomes, qui s’engagent à investir dans l’économie québécoise.

Désormais, pour ces derniers, Immigration Canada évoque 65 mois d’attente pour l’obtention de la résidence permanente. Soit plus de 5 ans pour les candidats concernés, qui ont déjà dû patienter, au préalable, plusieurs mois avant de recevoir leur CSQ.

À l’heure actuelle, Sandrine et David Boisselier ne sont pas les seuls à attendre et à s’agacer. Selon Québec, 19 800 personnes, déjà sélectionnées par la province, sont dans l’entonnoir fédéral.

Avec Radio-Canada par Romain Schué

Canada-UMQ: promotion du français chez les jeunes, les immigrants et les commerçants

novembre 5, 2021

MONTRÉAL — L’Union des municipalités du Québec (UMQ) entend promouvoir et valoriser la langue française auprès des jeunes, des personnes immigrantes et des commerçants.

 

© Fournis par La Presse Canadienne

L’organisme regroupant 390 membres lancera bientôt un appel de projets sous la thématique «Fous du français» qui invitera les municipalités et MRC membres à soumettre différents projets qui feront la promotion de la langue.   

L’appel de projets sera lancé dans le cadre d’une séance d’information «Êtes-vous fous du français», qui aura lieu le 24 novembre. Les membres de l’UMQ seront ensuite invités à déposer un projet avant le 25 février prochain.  

L’initiative profite d’une contribution financière du gouvernement du Québec.  

L’UMQ a pris note de récentes statistiques démontrant que l’usage de la langue française est en déclin dans plusieurs endroits au Québec, notamment dans la grande région de Montréal. Elle croit que les municipalités peuvent agir pour favoriser et promouvoir son usage dans la population.   L

L’UMQ regroupe des municipalités de toutes tailles dans toutes les régions du Québec. Ses membres représentent plus de 85 % de la population et du territoire du Québec.

Avec La Presse Canadienne

Québec-Shawinigan: La diversité pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre

octobre 21, 2021

Dans un contexte de pénurie de main-d’oeuvre, le Service d’accueil aux nouveaux arrivants (SANA) de Shawinigan observe que la demande pour ses services est grandissante. Alors que la Semaine québécoise des rencontres interculturelles bat son plein, un organisme de Shawinigan se mobilise avec le SANA pour l’élaboration d’un plan d’action tourné vers davantage d’accueil et d’inclusion, notamment en milieu de travail.

Le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CNETE) a remporté le prix Diversité culturelle au Gala de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan (CCIS) l’an dernier.

© Josée Ducharme/Radio-Canada Le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CNETE) a remporté le prix Diversité culturelle au Gala de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan (CCIS) l’an dernier.

L’organisme Autrement d’ici, qui travaille depuis 15 ans à développer les compétences interculturelles de professionnels, vient de conclure une semaine de consultations publiques auprès de citoyens, d’employeurs, d’organismes et de personnes immigrantes de Shawinigan sur le sujet.

La fondatrice de l’organisme, Suzie Yeo, mentionne que l’inclusion ne va pas de soi. Si on a de la difficulté à aller au-delà des différences, croyant que ces différences-là insinuent que les gens ne travaillent pas de la même façon, qu’on n’a pas la même vision, qu’on collaborera de façon difficile, bien naturellement, ça ne permet pas cette rencontre interculturelle et ça ne permet pas à tous et chacun de participer pleinement à l’organisation. »

Suzie Yeo, fondatrice de l'organisme Autrement d'ici

© Josée Ducharme/Radio-Canada Suzie Yeo, fondatrice de l’organisme Autrement d’ici

Une soixantaine de nationalités sont représentées à Shawinigan, mais le SANA fait le constat qu’une plus grande place pourrait leur être faite en entreprise. L’organisme offre nouvellement des formations et ateliers qui misent sur cet objectif, comme l’explique le chargé de projet au SANA de Shawinigan Éric Champoux.Comment éviter les biais inconscients, ou comment gérer ça dans une équipe? C’est toujours une méconnaissance de l’autre, donc d’aller vers l’autre, de se parler. »

Le SANA note que la demande pour ces formations est en forte croissance, à l’heure où plusieurs domaines souffrent d’un manque criant de personnel.

L’exemple du CNETE

Une entreprise se démarque particulièrement en matière d’inclusion. Le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales (CNETE) a remporté le prix Diversité culturelle au Gala de la Chambre de commerce et d’industrie de Shawinigan (CCIS) l’an dernier.

On les a choisis parce que ce sont les plus performants, tout simplement ,» indique la directrice générale du CNETE Nancy Déziel pour expliquer qu’un grand nombre de ses employés est issu de la diversité. Non seulement on retrouve dans le laboratoire des travailleurs de diverses origines, mais on y observe également la parité hommes femmes.

Je pense que l’ouverture est là. Maintenant il y a peut-être des domaines où c’est moins évident, peut-être les domaines professionnels. Peut-être qu’il y a des ouvertures à faire de ce côté-là», poursuit Nancy Déziel.

Au CNETE, c’est une question de progrès et de vitalité économique, d’autant plus en contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Avec CBC/Radio-Canada avec les informations de Marie-Ève Trudel

Canada-Ontario: Doug Ford refuse de s’excuser pour ses propos sur les immigrants

octobre 19, 2021

TORONTO — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, refuse de s’excuser pour les commentaires qu’il a faits lundi au sujet des immigrants.

© Fournis par La Presse Canadienne

Après une annonce à Windsor, lundi, M. Ford a repris sa rhétorique familière au sujet du plus gros problème de l’Ontario: la pénurie de main-d’oeuvre, en particulier dans les métiers et la construction.

Il a déclaré que les personnes qui veulent venir trimer dur comme tous les autres nouveaux Canadiens devraient venir en Ontario, mais que ceux qui veulent «toucher l’allocation et s’asseoir» devraient aller ailleurs.

Lors de la période des questions à l’Assemblée législative, mardi, la néo-démocrate Doly Begum a déclaré que ces commentaires étaient offensants pour des familles comme la sienne, qui sont venues en Ontario pour bâtir un avenir meilleur, et elle a demandé des excuses au premier ministre.

M. Ford a assuré qu’il est pour l’immigration, d’où qu’elle vienne, et que sa base est composée de gens originaires du monde entier – mais il ne s’est pas excusé pour ses propos de lundi.

Le Conseil ontarien des agences au service des immigrants estime que M. Ford ne devrait pas utiliser des figures de rhétorique xénophobes en parlant des immigrants.

Avec La Presse Canadienne