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Canada-Québec: La filière africaine pour recruter 1000 infirmières

mars 1, 2023

D’ici deux ans, environ 1000 étudiantes recrutées en Afrique auront terminé leur mise à niveau pour devenir infirmières au Québec. Une bouée de sauvetage pour plusieurs cégeps en région, mais une source de frustration pour des hôpitaux montréalais, aux prises avec une pénurie d’infirmières.

Une étudiante au cégep.

Amelie Leticia Kwebou Tchasseum, étudiante en sciences infirmières, cégep de Chicoutimi. Photo : Radio-Canada

En 2018, l’enseignement des sciences infirmières au Cégep de La Pocatière, au Bas-Saint-Laurent, a bien failli être rayé des programmes de l’établissement.

Ça a été notre année la plus difficile, se rappelle la directrice générale du cégep, Marie-Claude Deschênes. Quatre étudiantes étaient inscrites au programme, alors faites les calculs : il n’y a rien de rentable à garder un programme de quatre étudiants […] avec cinq, six enseignants.

Après discussion avec le ministère de l’Éducation, les hôpitaux de la région et des groupes citoyens, le conseil d’administration du cégep a autorisé la poursuite du programme.

On a décidé de valoriser la profession d’infirmière dans la région […] et d’attirer des étudiants internationaux, explique Mme Deschênes.

Une femme dans une bibliothèque.

Marie-Claude Deschênes, directrice générale du cégep de La Pocatière. Photo : Radio-Canada

L’Afrique francophone a été privilégiée plutôt que la France.

« On a fait des partenariats, notamment au Cameroun. Ces gens-là étaient prêts à immigrer ici, à rester travailler dans la région, c’était un avantage. »— Une citation de  Marie-Claude Deschênes, directrice générale du cégep de La Pocatière

Aujourd’hui, le programme en soins infirmiers compte 59 étudiantes, dont sept recrutées à l’international.

Comme le soulignent les données de la Fédération des cégeps, la relève au collégial en soins infirmiers demeure un défi. Le nombre d’étudiantes inscrites au DEC en sciences infirmières au Québec a diminué de 1765 en 2010 à moins de 1500 en 2020.

Infirmières de l’étranger : du Cameroun au Saguenay-Lac-Saint-Jean

Le gouvernement du Québec annonçait l’an dernier un investissement de 65 millions de dollars pour recruter plus de 1000 infirmières de l’étranger. Les renforts commencent à arriver : une bénédiction pour les hôpitaux et les programmes de soins infirmiers, qui seraient, faute de secours, forcés de fermer. Reportage de Davide Gentile

65 000 $ par étudiante

L’approche développée par La Pocatière s’inscrit dans un contexte propice alors que Québec lançait, il y a un an, un programme impliquant les cégeps de la province en vue de recruter, à terme, 1000 infirmiers et infirmières à l’international.

Dévoilé par les ministres Jean Boulet et Christian Dubé, il vise à accélérer la reconnaissance des compétences pour des candidates et candidats francophones qui possèdent une expérience de travail comparable […] et une formation en soins infirmiers similaire à celle offerte au Québec.

C’est ce qui permet, par exemple, au Bas-Saint-Laurent d’accueillir une trentaine d’étudiantes internationales depuis l’automne.

Québec assume notamment les frais de scolarité et verse une allocation hebdomadaire de 500 $ aux étudiantes.

Enveloppe prévue : 65 millions de dollars sur deux ans.

Depuis la session d’automne 2022, près de 500 étudiantes sont inscrites dans une formation d’appoint dans les cégeps d’une dizaine de régions, dont le Saguenay-Lac Saint-Jean.

Des élèves en formation en sciences infirmières.

Des étudiantes camerounaises en sciences infirmières au cégep de Chicoutimi. Photo : Radio-Canada

Au Cameroun, on entendait beaucoup parler de la profession infirmière au Québec, que c’est une profession tellement valorisée au Québec, explique Amelie Leticia Kwebou Tchasseum.

La formation au Cameroun est bonne, mais après, on n’a pas toujours un emploi qui nous permet d’être stables dans la vie, ajoute-t-elle.

Lors de notre passage au cégep de Chicoutimi, d’autres étudiantes du Cameroun racontent combien le Québec et le Canada ont bonne réputation.

Oui, ça se parle dans les médias tout le temps, mais pour dire vrai, moi, c’était un rêve, affirme Landrine Gymfat Teufac Tobie. Je disais toujours à mon père que j’irais un jour au Québec, j’irais un jour au Canada.

La surcharge de travail tant médiatisée n’effraie pas l’étudiante Danielle Constantine Foning Maffo.

« L’inquiétude de la charge de travail n’a pas été parce que chez nous aussi la charge de travail est énorme, on avait une infirmière pour au moins 15 patients chez nous. »— Une citation de  Danielle Constantine Foning Maffo

Une étudiante au cégep.

Danielle Constantine Foning Maffo, étudiante en sciences infirmières, cégep de Chicoutimi. Photo : Radio-Canada

En moins de 12 mois, la plupart auront terminé leur formation et leur stage. Ce que j’apprends réellement, c’est la manipulation des appareils qui ne sont pas les mêmes, les techniques de notation ne sont pas les mêmes après avoir administré les soins, remarque Mme Foning Maffo.

Au total, le réseau de la santé Saguenay-Lac-Saint-Jean s’attend à embaucher autour de 25 candidates issues du programme dans la prochaine année.

Ça demande beaucoup pour l’intégration et l’adaptation de ce monde-là, donc on aime mieux y aller à petites doses et que les résultats soient concluants, affirme le conseiller-cadre en planification de main-d’œuvre au CIUSSS, Dominique Gagnon.

Un homme dans une salle d'hôpital.

Dominique Gagnon, conseiller-cadre en planification de main-d’œuvre au CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Photo : Radio-Canada

Une petite dose qui pourrait prendre de l’ampleur.

Au niveau de la démographie, la région a un problème […] on n’a pas le choix de se tourner vers l’immigration, c’est un des moyens, soutient M. Gagnon. Ce n’est pas l’unique moyen, mais un des moyens de s’en sortir.

Sans oublier la survie des programmes d’enseignement collégial en région.

C’est la clientèle internationale qui nous permet de continuer d’offrir nos programmes, d’avoir assez d’étudiants pour nous permettre de donner nos cours, reconnaît Sébastien Renaud, directeur de la formation continue, cégep de Chicoutimi.

Montréal, pas avant 2024

Selon les plans du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Montréal obtiendra une part des cohortes lors de la dernière phase du programme qui s’étend jusqu’à l’hiver 2024.

L’objectif est d’avoir 389 candidats […] dans les régions de Montréal et Québec, écrit-on.

Pour le président du Syndicat des professionnels en soins de l’Est-de-l’île-de-Montréal, Denis Cloutier, la cible pour Montréal et le délai n’est absolument pas justifiée.

« Selon moi, on est vraiment face à un objectif du ministère de l’Immigration qui souhaite voir plus d’immigrants s’installer en région sans tenir compte vraiment des besoins des établissements du réseau de la santé »— Une citation de  Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnels en soins de l’Est-de-l’île-de-Montréal

Encore récemment, un rapport faisait état du manque criant d’infirmières dans l’est de Montréal, où l’on retrouve 29 % de la population de l’île.

De tous les établissements de santé du Québec, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal est celui dont les espoirs de recrutement à l’étranger sont les plus élevés afin de juguler la pénurie d’infirmières dont souffre ses hôpitaux et CHSLD.

Un mandat pour recruter 565 infirmières a été confié par l’établissement au ministère de la Santé. Pour Denis Cloutier, du Syndicat des professionnels en soins de l’Est-de-l’île-de-Montréal, le système de reconnaissance des diplômes étrangers des infirmières pourrait être amélioré.

Selon lui, le modèle idéal demeure l’entente France-Québec qui implique une reconnaissance automatique des diplômes français, alors que le programme implique une évaluation de chaque dossier, même si les parcours académiques ont déjà été évalués.

Avec Radio-Canada par Daniel Boily et Davide Gentile

Canada: Seulement six infirmières de Montréal se portent volontaires pour Maisonneuve-Rosemont

février 3, 2023

Deux semaines après avoir lancé un appel à l’aide auprès de ses partenaires sur l’île, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal constate pour l’instant qu’il devra puiser dans ses propres rangs pour pallier la pénurie d’infirmières aux urgences.

L'hôpital Maisonneuve-Rosemont

L’hôpital Maisonneuve-Rosemont Photo : Radio-Canada/Charles Contant

Dans un geste exceptionnel, la direction du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal lançait il y a deux semaines un appel aux infirmières du réseau, partout sur l’île, pour qu’elles viennent prêter main-forte à l’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR).

Nous travaillons en collaboration avec nos partenaires du réseau montréalais afin d’apporter l’aide requise à nos équipes et nous les remercions de leur précieuse collaboration, disait alors le PDG du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Jean-François Fortin-Verreault.

Or, selon les informations obtenues par Radio-Canada, à peine quelques infirmières du réseau montréalais se joindront aux urgences de HMR et de Santa-Cabrini, aussi aux prises avec un manque de personnel.

En ce qui concerne l’aide potentielle en provenance des autres organisations de santé de la région métropolitaine, nous avons reçu des offres de trois organisations différentes de la région de Montréal pour un total de six personnes, dont cinq infirmières et une infirmière auxiliaire, confirme le porte-parole Christian Merciari.

Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal est un de ceux qui vont contribuer.

Nous avons envoyé deux infirmières en plus de deux autres infirmières, qui occupent des postes de gestionnaire à notre CIUSSS, pour aller aider les équipes à l’urgence de HMR, écrit la porte-parole du CIUSSS de l’Ouest, Hélène Bergeron-Gamache.

Ils seront présents quelques jours entre le 23 janvier et le 17 février et proviennent de nos équipes des cliniques de vaccination COVID, précise-t-elle.

Au CUSM, une infirmière auxiliaire s’est portée volontaire et commencera son orientation sous peu, indique-t-on.

Au CISSS de Laval, un communiqué interne a été envoyé la semaine dernière au personnel pour solliciter des volontaires.

« Certains établissements sont plus particulièrement touchés que d’autres. C’est le cas de l’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont […] qui vit actuellement une situation préoccupante dans sa capacité d’offrir des soins et services sécuritaires au sein de son urgence, notamment en raison d’un manque de personnel infirmier en nombre suffisant. »— Une citation de  CISSS de Laval, communiqué interne, 24 janvier 2023

Une porte-parole du CISSS de Laval précise que peu d’infirmières se sont portées volontaires et que l’établissement évalue leur disponibilité en fonction des besoins de HMR tout en s’assurant de ne pas compromettre les services à la population lavalloise.

Marie-Eve Despatie-Gagnon ajoute que le CISSS a augmenté sa capacité d’accueil quant au nombre d’ambulances arrivant à l’Hôpital de la Cité-de-la-Santé; rapatrié des usagers lavallois sur le territoire, avec des niveaux de soins alternatifs (NSA), qui occupaient des lits d’hôpitaux à Montréal; proposé à HMR qu’il réfère des usagers vers la clinique conjointe d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) CISSS de Laval – Université de Montréal.

De son côté le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal a également fait circuler un courriel auprès des employés.

Des infirmières et infirmiers et du personnel rassemblés dans une salle commune.

Un sit-in a eu lieu lors du quart de travail de soir du 15 janvier à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour marquer le refus d’un plan de contingence décidé par la direction et dénoncer les heures supplémentaires obligatoires. Photo : Radio-Canada/Davide Gentile

Plusieurs sources d’autres urgences de la région indiquent qu’il est simplement impossible de venir à la rescousse des hôpitaux de l’Est de Montréal.

On manque nous-mêmes d’infirmières. Je ne vois vraiment pas qui pourrait en envoyer à l’urgence de HMR, indique un médecin d’urgence dans un autre établissement de l’île de Montréal.

Sept autres infirmières indépendantes se sont portées volontaires pour des postes permanents.

73 infirmières du CIUSSS de l’Est

À ce jour, près de 90 infirmières au total ont levé la main pour offrir des disponibilités à l’urgence de Maisonneuve-Rosemont, la plupart du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

L’opération de recrutement récemment lancée afin d’ajouter du personnel qualifié pour les salles d’urgences du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a permis d’obtenir des offres d’aide de 173 employés de notre CIUSSS dont 60 infirmières, 13 infirmières auxiliaires et 100 préposés aux bénéficiaires, précise le porte-parole Christian Merciari.

Parmi ces personnes, des infirmières sont actuellement en orientation et elles pourront contribuer à des quarts de travail pour nous aider à combler les besoins infirmiers dans nos salles d’urgences, ajoute-t-il.

L’établissement emploie plus de 4000 infirmières dans les hôpitaux, CHSLD et CLSC qui relèvent de lui.

Les hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Santa-Cabrini auront recours à du personnel infirmier d’agence pour combler des quarts de soir, de nuit et de fin de semaine, indique-t-on.

Comme le soulignait récemment au micro de Tout un matin la gestionnaire du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, la docteure Martine Leblanc, quand on a des couvertures de postes de l’ordre de 30 % pour les quarts de nuit et de 40 % ou moins pour les quarts de soir, vous comprenez que la pression sur les équipes est trop élevée.

Pour le député de Camille-Laurin et chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon,nous ne sommes malheureusement pas surpris que peu d’infirmières se soient portées volontaires […] sans un véritable changement à la source, HMR devra composer avec du temps supplémentaire obligatoire et une surcharge de travail et de patients. Les citoyens et les travailleurs de l’Est-de-Montréal méritent mieux.

Ces derniers mois, le CIUSSS a confié au ministère de la Santé un nombre record de mandats pour recruter 565 infirmières, que ce soit en France, au Maroc ou en Amérique du Sud.

Avec Radio-Canada par Daniel Boily et Davide Gentile

Canada-Québec: Retour des infirmières d’agence à 100 $ l’heure

janvier 24, 2023

Depuis le début de l’année, de nombreux propriétaires de centres d’hébergement pour aînés doivent composer avec des hausses tarifaires de 30 % à 40 % de la part des agences de placement de personnel infirmier. Toutefois, selon ces agences, ces hausses s’imposaient en raison de l’inflation.

Une personne âgée se déplace avec une marchette dans le corridor d'une résidence privée pour aînés.

Une personne âgée se déplace avec une marchette dans le corridor d’une résidence privée pour aînés. Photo : Radio-Canada/Josée Ducharme

Au début du mois de janvier, l’équipe de gestion du Groupe Santé Arbec a sursauté lorsqu’elle a reçu de nouvelles grilles tarifaires des agences de placement d’infirmières.

On a eu plusieurs agences qui ont fait des tentatives pour hausser les tarifs horaires de façon assez exagérée, explique le président directeur général du Groupe, Paul Arbec.

Une agence est par exemple passée de 72 $ à 95 $ l’heure pour du personnel infirmier, précise-t-il, soit une hausse de plus de 30 %.

Le Groupe Santé Arbec gère plus d’une quinzaine de milieux d’hébergement, dont des CHSLD privés non conventionnés sous contrat avec le gouvernement.

M. Arbec, qui est aussi porte-parole de l’Association des établissements de longue durée privés du Québec (AELDPQ), constate que plusieurs membres de l’Association reçoivent des augmentations de 35 %, 40 %.

Jusqu’à maintenant, le plus élevé qu’on a vu pour du temps simple, c’est 107 $ […] pour une infirmière qui, en temps normal, nous coûterait 50 $ de l’heure, dit le président de l’AELDPQ.

Un homme dans son bureau.

Paul Arbec, président-directeur général du Groupe Santé Arbec Photo : Radio-Canada

Au début de la pandémie, des agences avaient facturé jusqu’à 150 $ l’heure.

Un arrêté ministériel de 2021, échu le 31 décembre dernier, avait plafonné le tarif horaire à près de 72 $, tant au public qu’au privé.

Le PDG du Groupe Santé Arbec, tout comme le président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), espère une intervention rapide de Québec.

On pourrait dire que c’est le free for all, c’est vraiment du n’importe quoi au niveau des agences, affirme Marc Fortin, du RQRA. Il va vraiment falloir que le gouvernement [s’occupe de régler] cette question-là, dit-il.

Selon le dernier rapport sur l’effectif infirmier 2021-2022 de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), plus de 3,2 % du personnel infirmier, soit 2400 personnes, exerçait cette profession principalement auprès d’agences de placement ou de soins privés en mars dernier.

Cependant, pour le représentant des agences privées de placement, des ajustements tarifaires s’imposaient.

De façon générale, les prix ont été plafonnés par le gouvernement lors des deux dernières années en utilisant des données datant de 2018, alors que la planète entière traversait la pire crise inflationniste des dernières décennies, explique Patrice Lapointe, de l’Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec (EPPSQ). Il est donc possible que certains ajustements tarifaires puissent avoir été nécessaires dans certains cas.

Des contrats octroyés sans appel d’offres par le réseau public durant la pandémie ont également eu un impact sur les salaires versés aux infirmières d’agence, selon l’EPPSQ. M. Lapointe espère une rencontre avec le gouvernement.

Abolir Recrutement Santé Québec

La pénurie d’infirmières dans le réseau de la santé et de l’hébergement privé pour aînés s’est accentuée depuis la pandémie.

Radio-Canada dévoilait la semaine dernière que les établissements publics avaient mandaté Recrutement Santé Québec (RSQ) afin de recruter plus de 3300 infirmières à l’étranger. RSQ est le service de recrutement officiel du ministère de la Santé à l’extérieur du Canada.

Au RQRA, on suggère une transformation de RSQ.

On a demandé au gouvernement d’abolir RSQ pour créer un organisme à but non lucratif qui s’occuperait des besoins [de recrutement dans le secteur] de la santé, que ce soit au public, au privé ou au communautaire, lance Marc Fortin, du RQRA.

Un homme dans son bureau.

Marc Fortin, président-directeur général, Regroupement québécois des résidences pour aînés Photo: Radio-Canada

Pour le moment, il n’y a pas d’ouverture, mais c’est quelque chose qu’on devrait regarder parce qu’on est tous interreliés dans un écosystème, soutient M. Fortin.

Entre-temps, l’association qu’il représente a recours depuis l’an dernier à des intermédiaires pour recruter du personnel à l’étranger.

On travaille avec des entreprises privées […] qui recrutent pour des entreprises comme St-Hubert et Olymel, où on essaie d’avoir une économie d’échelle, précise M. Fortin.

Les bureaux du ministère de l’Immigration dans des pays francophones sont également utilisés

Avec Radio-Canada par Daniel Boily et Davide Gentile

Crise dans les urgences : manque-t-il d’infirmières partout dans le monde?

janvier 22, 2023
Des infirmiers sont dans le couloir d'un hôpital.

Pour palier le manque de personnel, les gestionnaires des hôpitaux utilisent régulièrement le temps supplémentaire obligatoire, imposant des quarts parfois très longs aux employés. Photo : Radio-Canada/Evan Mitsui

« Il manque d’infirmières partout dans le monde », a déclaré le premier ministre du Québec, François Legault, mercredi dernier, alors que son gouvernement devait répondre, une fois de plus, à la question du manque de personnel dans les hôpitaux de la province. Mais est-ce vraiment le cas? Et si oui, existe-t-il des solutions à cette pénurie?

Il manque effectivement d’infirmières dans les autres provinces et territoires du Canada, et dans plusieurs pays d’Europe qui, contrairement à certains systèmes comme celui exclusivement privé des États-Unis, peuvent être comparables au Québec en ce sens qu’ils gèrent également des réseaux de santé publics.

Selon Pascal Garel, de la Fédération européenne des hôpitaux qui représente les réseaux d’une trentaine de pays, c’est un problème partout, que ce soit en Grèce, où on a une infirmière pour un médecin, ou en Irlande, où on a cinq infirmières pour un médecin.

La situation est assez proche chez vous et chez nous, en Europe. On a un vieillissement de la population [et] on a reçu la triple claque cet hiver – la pandémie, la grippe et la bronchiolite – qui a touché nos enfants. Ça a fait exploser la situation dans certains pays.

Et là aussi, en plus de l’augmentation de la clientèle, les conditions de travail liées à la surcharge poussent de nombreuses infirmières à quitter le réseau de la santé et à changer de carrière. Il y a une pression insupportable et encore plus quand on a vécu la COVID. On a beaucoup donné et on a le sentiment de ne rien voir venir en termes de salaire et de conditions de travail, explique Pascal Garel, en entrevue à l’émission Les faits d’abord, sur les ondes d’ICI Première.

Mais alors, quand François Legault dit qu’on va essayer avec l’immigration et la requalification, est-ce une solution réaliste pour renflouer les rangs des infirmières du Québec?

Non, parce que tout le monde joue à la même chose, lance sans hésitation Sylvain Brousseau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada.

« Toutes les provinces canadiennes essayent d’aller piocher des infirmières chez leurs voisins et, au niveau international, tous les pays riches essayent d’aller piocher des infirmières dans les pays où les conditions sont moins bonnes. »— Une citation de  Sylvain Brousseau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada

On a essayé [en Europe] et ça n’a pas marché, ajoute Pascal Garel, qui souligne d’ailleurs que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande des pratiques éthiques en matière de recrutement international pour éviter de piller les professionnels se trouvant dans des pays pauvres, qui ont déjà besoin de ce personnel médical.

Le nerf de la guerre : les conditions de travail

Sylvain Brousseau compare le problème à une baignoire qui fuit : il faut arrêter de tenter d’y remettre de l’eau, mais plutôt s’attaquer à pourquoi elle fuit.

D’ailleurs, comment se fait-il qu’on parle de pénurie d’infirmières au Québec, alors que 80 000 membres sont inscrits à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), soit un nombre environ 10 % plus élevé que dans les dernières années?

Quand on parle de la pénurie d’infirmières, on parle de pénurie dans un secteur en particulier, répond Damien Contandriopoulos, professeur en soins infirmiers à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique. Ce n’est pas que les infirmières ont disparu, c’est que les infirmières, comme professionnelles assez qualifiées, sont capables de choisir les milieux de travail qui sont les moins pires.

« Et en ce moment, le milieu qui est le pire, c’est le milieu hospitalier. […] C’est une pénurie concentrée. Ce n’est pas que les infirmières ne sont pas là, c’est que les infirmières ont la possibilité d’aller travailler dans des milieux qui ne les rendent pas folles ni malades. »— Une citation de  Damien Contandriopoulos, professeur en soins infirmiers à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique

Ces infirmières vont donc dans les agences privées ou dans toutes sortes de secteurs dans la santé ou la parasanté avec de meilleures conditions de travail.

Et c’est là, selon les trois intervenants, le nerf de la guerre : les conditions de travail, dont le temps supplémentaire obligatoire (TSO).

Lorsqu’on travaille dans un milieu où on perçoit constamment de la toxicité, de la violence, du racisme, ce n’est pas tenable, lance Sylvain Brousseau. Lorsqu’on demande constamment à une infirmière de rester 22, 23, 24 heures, ce n’est pas tenable. Et il en va de la qualité des soins : lorsqu’elles terminent leur quart de travail, elles se remettent en question parce qu’elles sont constamment sous pression. Ce n’est pas tenable.

C’est un problème de gestion catastrophique, généralisé et autorenforçant, précise Damien Contandriopoulos. Quand on est un hôpital avec des conditions de travail pourries, c’est un petit milieu, tout le monde le sait. Donc, les infirmières ne veulent pas y aller et le problème fait juste se renforcer.

« Il faut que les employeurs dans les hôpitaux deviennent des employeurs de choix. Ça veut dire des salaires compétitifs, des conditions de travail décentes et que les gens puissent exercer complètement leurs compétences. Ce qui n’est pas le cas présentement. »— Une citation de  Sylvain Brousseau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada

Le plus décourageant selon Damien Contandriopoulos? Je commente ce sujet-là depuis 15 ans maintenant et rien ne bouge. […] Les pistes d’action qui sont mises de l’avant par le gouvernement sont généralement unidirectionnelles – c’est juste de l’argent – et trop timides.

Il y a une panoplie de solutions qui existent depuis très longtemps, on les mentionne depuis une quinzaine d’années, ajoute Sylvain Brousseau, qui suggère aux provinces canadiennes de consulter le document préparé par la Fédération canadienne des syndicats infirmiers en 2022, Soutenir les soins infirmiers au Canada.

Avec Radio-Canada par Anaïs Brasier

Royaume-Uni: les infirmières à nouveau en grève pour des hausses de salaire

janvier 18, 2023
Royaume-Uni: les infirmieres a nouveau en greve pour des hausses de salaire
Royaume-Uni: les infirmières à nouveau en grève pour des hausses de salaire© AFP/CARLOS JASSO

Après une première grève historique en décembre, des milliers d’infirmières ont à nouveau cessé le travail mercredi en Angleterre pour deux jours, réclamant de meilleurs salaires et conditions de travail, dans un Royaume-Uni confronté à une forte inflation.

Près d’un quart des services de santé publics étaient affectés.

Après des années de vaches maigres, les infirmières réclament des augmentations supérieures de 5 % à l’inflation, qui a atteint 10,5 % en décembre, en très légère baisse par rapport à novembre (10,7 %).

Les discussions entre le gouvernement conservateur de Rishi Sunak et le principal syndicat d’infirmières, le Royal College of Nursing (RCN) sont au point mort. Après une première grève de deux jours en décembre, du jamais vu en un siècle d’existence du syndicat, deux autres journées de grève sont annoncées pour les 6 et 7 février, touchant davantage d’hôpitaux.

Alors que les grèves affectent de nombreux autres secteurs, les infirmières seront rejointes par des milliers d’ambulanciers et personnel de ce secteur le 6 février, à l’appel du syndicat GMB qui a annoncé mercredi quatre nouveaux jours de grève, les 6 et 20 février et les 6 et 20 mars.

Les infirmières ne protestent pas seulement pour obtenir de meilleurs salaires, mais aussi contre la dégradations des conditions de travail.

« Si je devais choisir une formation aujourd’hui, je ne serais pas infirmière. C’est un boulot tellement dur en ce moment », explique à l’AFP Orla Dooley, 29 ans dont dix en tant qu’infirmière. « C’est quelque chose que j’aimais, c’est vraiment triste ».

En cette matinée glaciale, elle a rejoint le piquet pour soutenir les grévistes après son service de nuit à l’hôpital Saint-George de Londres.

Il manque souvent « 10, 12 infirmières, soit la moitié de l’effectif », souligne-t-elle. « Les problèmes de sécurité des patients ne surviennent pas que les jours de grève, mais tous les jours ».

Le sort des patients est au centre de leurs préoccupations, assurent les grévistes.

Service minimum

Faire grève est « la dernière chose qu’on veut faire », explique Steven Bedford, qui travaille dans la santé mentale. « On sait que les urgences vont probablement avoir du mal aujourd’hui, mais on doit se faire entendre ».

Le gouvernement, qui veut faire voter une loi instaurant un service minimum dans certains secteurs, dont la santé, dénonce lui les perturbations que vont engendrer ces grèves pour la population en plein hiver.

Avec « 47.000 postes vacants » en Angleterre, « je ne sais pas comment le gouvernement va faire » pour instaurer un service minimum, a déclaré la secrétaire générale du RCN Pat Cullen sur la chaîne ITV. Elle a également appelé le gouvernement à revenir à la table des négociations.

Le ministre de la Santé Steve Barclay a jugé « inabordable » une augmentation de 10 % pour les infirmières, soulignant que cela coûterait 3,6 milliards de livres par an (4,1 milliards d’euros. « Cela enlèverait de l’argent au service des patients », a-t-il ajouté lors de la visite d’un hôpital à Harrow (nord-ouest de Londres).

Selon lui, les deux jours de débrayage des infirmières en décembre avaient entraîné l’annulation de 30.000 opérations et rendez-vous.

Selon la NHS Confederation, qui représente les hôpitaux, cette nouvelle grève pourrait entrainer l’annulation de 4.500 opérations et 25.000 rendez-vous.

« Conflit dommageable »

Son président, Matthew Taylor, a appelé le gouvernement à « faire tout ce qu’il peut pour mettre fin à ce conflit dommageable » pour le service public de santé, le NHS.

« Nous ne pensons pas que c’est la bonne manière d’agir, nous continuons d’appeler les syndicats à quitter les piquets de grève et à continuer les discussions », a affirmé un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak, évoquant aussi la grève à venir des enseignants à partir du 1er février, à laquelle s’ajoutera un nouveau débrayage des cheminots.

Le mouvement des infirmières est le plus populaire de tous ceux qui secouent le Royaume-Uni ces derniers mois, confronté à sa pire crise sociale depuis des décennies.

Selon un sondage Ipsos pour l’agence PA, 57 % des Britanniques estiment que le gouvernement est le plus à blâmer pour la longueur de la grève des infirmières.

82 % des personnes interrogées éprouvent de la sympathie pour les infirmières et 80 % pour les ambulanciers.

Par Le Point avec AFP

Canada: L’Est-de-Montréal cherche 565 infirmières à l’international

janvier 18, 2023

De tous les établissements de santé du Québec, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal est celui dont les espoirs de recrutement à l’étranger sont les plus élevés afin de juguler la pénurie d’infirmières dont souffre notamment Maisonneuve-Rosemont.

L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

L’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont est aux prises avec une crise de personnel. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada/Charles Contant

Ces derniers mois, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a confié au ministère de la Santé un nombre record de mandats pour recruter des infirmières, que ce soit en France, au Maroc ou en Amérique du Sud.

Selon les informations obtenues par Radio-Canada, les attentes sont particulièrement élevées pour l’Est-de-Montréal, où le CIUSSS souhaite en recruter 565, en hausse de plus de 200 par rapport aux demandes de mai 2022.

Ce CIUSSS emploie environ 4400 infirmières dans les hôpitaux, CHSLD et CLSC qui relèvent de lui.

Pour l’ensemble du Québec, les cibles de recrutement à l’international s’élèvent à plus de 3300 infirmières, indique-t-on au ministère de la Santé.

À l’inverse, le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal en recherche actuellement 240, une baisse marquée par rapport au printemps dernier. L’établissement du Nord-de-Montréal s’est doté en 2021 d’une équipe de ressources humaines(Nouvelle fenêtre) qui se consacre au recrutement de personnes de l’étranger afin de les intégrer, les suivre dans leur cheminement d’immigration, les accueillir.

De la Montérégie aux Laurentides, la grande région de Montréal représente 70 % des mandats pour recruter à l’international.

De passage mercredi à l’émission Tout un matin, diffusée sur les ondes d’ICI Premières, pour parler de la crise à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, le PDG du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal a expliqué l’ampleur des besoins de main-d’œuvre infirmière dans l’Est-de-Montréal par rapport au CIUSSS voisin du Nord-de-l’Île-de-Montréal.

La première chose qui explique cette différence, c’est l’intensité de la COVID, car lors de la première vague avec 17 % des lits (…) on a servi 40 % des patients COVID à Montréal, a mentionné Jean-François Fortin Verreault.

Suite à cette première vague, on a eu 200 infirmières qui ont quitté et ç’a laissé des traces, a ajouté le PDG.

À la base, notre enjeu, c’est la pénurie de main-d’œuvre qui frappe fort dans l’Est, a indiqué la directrice générale adjointe (DGA) des programmes de santé physique généraux et spécialisés au CIUSSS, la docteure Martine Leblanc.

De l’avis de la docteure Leblanc, c’est sûr qu’actuellement, on n’a pas bonne presse, on en est conscient et ça n’attire pas les gens à venir travailler […] à [re]joindre nos équipes, mais il faut trouver le moyen de renverser ça et de se redonner une image plus positive pour que les gens aient le goût de [re]joindre nos équipes.

Selon nos informations, une campagne de recrutement dotée d’un budget publicitaire a été suspendue, le temps d’apaiser la crise à l’hôpital.

Christian Dubé en mêlée de presse devant l'hôpital.

Le ministre de la Santé Christian Dubé a rencontré le PDG du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal lundi soir et mardi matin en raison de la crise qui sévit à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. (Photo d’archives) Photo : La Presse Canadienne/Ryan Remiorz

Une poignée de recrues

Si les attentes de recrutement se chiffrent par milliers, le nombre de recrues de l’étranger se chiffre par centaines.

Selon les données du ministère de la Santé, 92 infirmières ont été recrutées à l’international depuis le mois de septembre.

Pour la période de 12 mois de septembre 2021 à août 2022, 394 ont été embauchées, dont les deux tiers dans la grande région de Montréal.

Le recrutement à l’étranger ne s’est donc pas révélé jusqu’ici la panacée espérée. Dans l’immédiat, on se penche sur le temps supplémentaire obligatoire (TSO) qui nuit à l’embauche.

Je peux vous dire que là où il n’y a plus de TSO et un meilleur climat de travail, il y a beaucoup moins de problèmes de personnel, a lancé le ministre Christian Dubé mardi devant l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Le député solidaire Vincent Marissal appelle quant à lui à réquisitionner les infirmières qui travaillent dans des agences privées. Il y a un seul bassin de main-d’œuvre […] Les infirmières ont été formées à nos frais, on a juste à les réquisitionner […] on va le faire à la guerre comme à la guerre, s’est-il exclamé.

C’est le fun d’éteindre des feux et de régler des urgences, mais moi, je ne suis pas là pour ça […] mais pour avoir des effets structurants qui vont changer des choses, avait déclaré Christian Dubé lors de sa première mêlée de presse de l’année la semaine dernière.

Visiblement, l’actualité a bousculé ses plans.

Avec Radio-Canada par Daniel Boily et Davide Gentile

Canada-Québec: Une centaine d’infirmières de l’urgence de Maisonneuve-Rosemont de Montréal menacent de démissionner

janvier 14, 2023

Les infirmières exigent le départ de la cheffe d’unité de l’urgence à qui elles reprochent notamment de générer une ambiance toxique.

L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont Photo : La Presse Canadienne/Paul Chiasson

Un bras de fer s’installe entre le personnel infirmier de l’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) et la direction du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

L’équipe complète d’infirmières et d’infirmières auxiliaires de l’urgence de l’hôpital exige la démission immédiate de notre cheffe d’unité […] sans quoi nous nous engageons à remettre notre démission, peut-on lire dans une pétition consultée par Radio-Canada.

Environ 90 % des 110 travailleuses de l’équipe avaient signé la pétition vendredi après-midi avec un ultimatum fixé à mercredi prochain.

Nous lui reprochons de n’avoir rien mis en place depuis son arrivée pour tenter de retenir son personnel. Son manque de soutien, d’écoute et d’empathie envers l’équipe contribue à générer une ambiance toxique et des conditions de travail inhumaines, affirme-t-on.

En place depuis juillet 2022, la cheffe de l’urgence occupait auparavant un poste similaire dans un autre hôpital de la région de Montréal.

Cette initiative des syndiquées n’étonne pas le président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Denis Cloutier.

La fréquence à laquelle les professionnelles en soins de l’urgence de HMR sont forcées de travailler en temps supplémentaire obligatoire est inhumaine et constitue un réel abus de gestion, écrit Denis Cloutier.

Denis Cloutier en entrevue à l'extérieur.

Denis Cloutier, président du Syndicat des professionnelles en soins de l’Est-de-l’Île-de-Montréal Photo : Radio-Canada

Selon lui, les gestionnaires de premier niveau qui sont responsables d’appliquer les TSO ont souvent recours à la menace et à l’intimidation pour parvenir à leurs fins.

Au CIUSSS, un porte-parole a précisé qu’aucun commentaire ne serait fait pour l’instant.

Questionné plus tôt cette semaine sur cet hôpital de l’est de Montréal, le ministre Dubé avait répondu que l’établissement figurait parmi ceux qui ont le plus de difficulté à implanter des mesures.

Le ministre se demandait alors pourquoi il y a une trentaine d’hôpitaux qui ont réussi à implanter la gestion locale des horaires alors que le recours aux heures supplémentaires obligatoires demeure élevé à l’urgence de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Radio-Canada dévoilait récemment que le gouvernement du Québec a fermé la porte à un projet pilote visant à réduire les heures supplémentaires obligatoires à Maisonneuve-Rosemont.

L’établissement peine à recruter du personnel. La pénurie nationale de personnel y est donc exacerbée, particulièrement à l’urgence de l’établissement.

Le taux d’occupation des civières à l’urgence a oscillé entre 94 % et 141 % au cours de la dernière semaine.

L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont est l’un des plus vétustes du Québec. Des travaux de plusieurs milliards de dollars pourraient s’étendre sur une période de 11 à 13 ans, au-delà de 2033.

Avec Radio-Canada par Daniel Boily et Davide Gentile

Canada-Québec/Pénurie d’infirmières: la population invitée à ne pas aller à l’Hôpital du Lakeshore

juin 11, 2022

MONTRÉAL — En raison d’un manque de personnel, le Syndicat des professionnelles en soins de santé de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal (SPSSODIM) demande à la population d’éviter de se rendre à l’Hôpital général du Lakeshore, situé à Pointe-Claire, pour cette fin de semaine. 

La présidente du syndicat, Johanne Riendeau, indique par voie de communiqué qu’il «manque la moitié des infirmières sur plusieurs quarts de travail», soulignant que par endroit jusqu’à six infirmières de plus seraient nécessaires.  

Ce n’est pas la première fois que l’Hôpital du Lakeshore est aux prises avec une pénurie d’employés. En août 2020, le SPSSODIM invitait également la population à se présenter aux autres urgences de la région pour se faire soigner en raison d’un manque criant de professionnels de la santé. 

Mme Riendeau estime que la situation actuelle n’est plus sécuritaire à l’urgence, ni pour la population ni pour les membres qui sont épuisées, dit-elle.  

«Nous avons un taux d’occupation qui dépasse 150 % […], il ne nous est plus possible d’assurer des soins sécuritaires et de qualité à la population normalement desservie par notre établissement», a déclaré Mme Riendeau dans un communiqué.

En soirée vendredi, le site web Index Santé indiquait que le taux d’occupation de l’Hôpital du Lakeshore était de 126%. Au total, 18 personnes patientaient depuis au moins 24 heures sur une civière et neuf patients depuis 48 heures. 

Ailleurs dans le réseau montréalais, le taux d’occupation était également alarmant à certains endroits. Vendredi vers 21h30, l’Hôpital Royal Victoria affichait un taux d’occupation de 155% et l’Hôpital général juif, un taux de 187%. 

Par ailleurs, le SPSSODIM soutient que le personnel de la santé appréhende la saison estivale. Il lance un appel au gouvernement afin de mettre en place «des mesures incitatives pour pouvoir traverser l’été et obtenir des ratios sécuritaires pour prodiguer des soins de qualité à la population de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal». 

Sur son site web, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal mentionne qu’il existe des solutions de rechange à la visite à l’urgence, telles que consulter son pharmacien de quartier ou téléphoner au 8-1-1.  

Également desservis par le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, l’Hôpital LaSalle affichait un taux d’occupation de 60% vendredi soir, et l’Hôpital de Lachine, un taux de 57%, selon le site web Index Santé. 

Avec La Presse Canadienne

Canada-Québec: Des démissions d’infirmières à répétition qui pèsent lourd sur le réseau de la santé

juin 4, 2022

Deux femmes de dos arborant un chandail noir sur lequel est écrit «La Chaudière déborde». En arrière-plan, la façade d'un hôpital.

En Chaudière-Appalaches, 700 postes d’infirmières sont à pourvoir. Conséquence de quoi, celles qui sont sur le front croulent sous le travail. Photo : Radio-Canada/Camille Carpentier

La pandémie a découragé les meilleures volontés. Beaucoup de professionnelles de la santé, épuisées par la crise sanitaire, ont quitté le réseau public, préférant exercer dans le privé où elles ont trouvé de meilleures conditions de travail.

Cette réalité se vérifie partout dans la grande région de Québec et en Chaudière-Appalaches. Depuis le début de l’année – qui n’est pas terminée -, 526 infirmières en poste au CHU de Québec ont démissionné. Elles étaient 478 en 2021 et 417 en 2020.

Le CISSS de Chaudière-Appalaches rapporte 310 départs pour la période 2021-2022, alors qu’il y en avait eu 240 en 2020-2021 et 213 en 2019-2020.

Les embauches ne parviennent pas à compenser cette fuite de main-d’œuvre. Résultat, il manque 800 infirmières au CHU de Québec et 700 au CISSS de Chaudière-Appalaches.

Les gens n’en peuvent tout simplement plus, alerte Patricia Pouliot, la co-présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de Chaudière-Appalaches.

Les primes du gouvernement ont eu peu d’effet

Le gouvernement a bien tenté de convaincre les professionnelles de la santé de rester dans le public ou d’y venir, en accordant des primes. Hélène Gravel, la présidente de l’Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec, juge que l’initiative n’a pas eu l’effet escompté.

On n’a vu aucune différence. À notre avis, ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de qualité de vie.

Brigitte Martel, la directrice des soins infirmiers au CHU de Québec, abonde dans le même sens. Il y a beaucoup d’offres de travail. Les infirmières font des choix pour leur vie personnelle.

Parce que le manque d’employés est criant dans les hôpitaux, le recours à des agences de placement augmente.

En 2019-2020, la proportion des heures travaillées par le personnel infirmier provenant d’agences au sein du CIUSSS de la Capitale-Nationale était de 1,15 %. En 2021-2022, elle a atteint les 4,24 %.

Tandis que la saison estivale s’annonce, Patricia Pouliot craint le pire.

On est rendu, je pense, et je n’aime pas tenir ce discours, à devoir couper des services. (…) La ligne est mince avant que les gens disent on lâche tout, on abandonne.

Acec Radio-Canada d’après les informations de Camille Carpentier

Canada: Les infirmières non vaccinées contre la COVID-19 ne pourront plus exercer au Québec

octobre 11, 2021

Le président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec a confirmé la suspension imminente du permis des infirmières qui ne sont pas adéquatement vaccinées contre la COVID-19.

La mesure concernerait plus de 4000 infirmières au Québec.

© /Shutterstock / Alliance Images La mesure concernerait plus de 4000 infirmières au Québec.

Cette décision intervient sur les recommandations du ministre de la Santé, Christian Dubé, qui a suggéré à tous les ordres professionnels du milieu de la santé de suspendre le permis d’exercer de leurs membres qui refusent de se faire vacciner à compter du 15 octobre.

Chez les infirmières, 4338 ne sont pas adéquatement vaccinées, et 2807 ne le sont pas du tout, a précisé Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, au micro de l’émission Tout un matin.

À ce nombre s’ajoutent 5716 infirmières dont le statut vaccinal n’est pas encore connu pour des problèmes administratifs et qui seront contactées d’ici mercredi pour clarifier leur situation.

Seules les employées en télémédecine sont exemptées d’obligation vaccinale, a ajouté le président de l’Ordre.

Luc Mathieu, président de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

© /Radio-Canada Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).

Les infirmières suspendues pourront, par la suite, retrouver leur droit de pratique en fournissant la preuve d’un parcours vaccinal complet. L’Ordre précise qu’il n’exigera pas d’examen pour réintégrer ses rangs, même après plusieurs mois de suspension.

Le décret sur la vaccination obligatoire du personnel de santé a soulevé une multitude de questions, a reconnu M. Mathieu, et ce, jusqu’à tout récemment.

Suspendre ou même limiter le permis d’un membre, ce n’est pas rien. On voulait s’assurer qu’avant de transmettre les informations à nos membres et de prendre une position éclairée, on ait eu des échanges avec les représentants du ministère pour clarifier des choses», a-t-il précisé.

Sa décision a été immédiatement saluée par le ministre de la Santé, Christian Dubé, sur Twitter, dans un gazouillis où il encourage aussi les infirmières à se faire vacciner, car il n’est jamais trop tard».

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec.

© Paul Chiasson/La Presse canadienne Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Le Collège des médecins avait déjà annoncé qu’il suspendrait le droit d’exercer de ses membres non vaccinés, et ce, jusqu’à ce qu’ils régularisent leur situation.

Cela inclut notamment l’interdiction d’effectuer des téléconsultations et le suivi de résultats d’examens ou de tests de laboratoire», avait indiqué le Collège, considérant que la vaccination est un devoir déontologique et une obligation sociale.»

Une pression additionnelle »

À quelques jours de l’entrée en vigueur de l’obligation de vaccination pour les soignants, la suspension de permis est loin de faire l’unanimité, faisant craindre des difficultés d’organisation pour le secteur infirmier.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente quelque 76 000 membres, estime que la mesure est excessive» et s’engage à contester devant les tribunaux toute décision des ordres professionnels qui pourrait porter un préjudice démesuré à [nos] membres».

Elle n’est pas la seule à exprimer son mécontentement. Nous, on manque déjà de monde, déplore de son côté Nancy Hogan, présidente du Syndicat interprofessionnel du CHU de Québec. La vaccination, ça fait seulement en rajouter qui vont quitter.»

Mme Hogan aurait préféré que d’autres mesures soient envisagées dans un contexte de pénurie de personnel. Elle cite les tests de dépistage de la COVID-19 qui auraient pu être imposés aux infirmières trois fois par semaine, par exemple.

Il faut que le gouvernement donne son plan pour arrêter le TSO [temps supplémentaire obligatoire]», lequel risque de s’accentuer avec la suspension de centaines d’infirmières, craint-elle.

Ses inquiétudes sont partagées par Laurier Ouellet, président du syndicat des professionnels en soins de Chaudière-Appalaches: Ceux qui restent vont être obligés de faire encore plus de temps supplémentaire, anticipe-t-il, ça va être le chaos. Il y a des services qui vont être suspendus, ça c’est sûr.»

Par La Presse canadienne avec les informations de Pierre-Alexandre Bolduc