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En Tunisie, la convocation de deux journalistes inquiète et indigne

mai 23, 2023

Haythem el-Mekki et Elyes Gharbi, deux figures emblématiques de la radio indépendante Mosaïque FM, ont été convoqués par la police pour des propos sur les forces de l’ordre. Une nouvelle atteinte à la liberté d’expression qui inquiète.

Haythem el-Mekki (à g.) et Elyes Gharbi à leur sortie des locaux de la Brigade criminelle d’El-Gorjani, le 22 mai 2023. © FETHI BELAID/AFP

Ils ne s’attendaient pas à être convoqués pour être entendus par l’unité d’investigation de la brigade criminelle d’El-Gorjani (Tunis). Et certainement pas pour « atteinte aux agents des forces de l’ordre », comme le précise la plainte déposée le 16 mai par un sécuritaire au nom d’un syndicat des forces de l’ordre. Encore moins pour des propos tenus à l’antenne lors de l’émission de Midi Show du 15 mai, qui a essentiellement couvert l’attentat perpétré la veille contre la synagogue de la Ghriba, à Djerba. C’est pourtant la mésaventure qu’ont connue le journaliste Haythem el-Mekki et l’animateur Elyes Gharbi, deux pointures de l’audiovisuel tunisien qui se distinguent par leur pertinence, souvent perçue par l’exécutif comme de l’impertinence.

Certes, tous les deux se savaient dans le collimateur d’un pouvoir de plus en plus frileux à l’égard des médias. Depuis l’arrestation, le 13 février 2023, de Noureddine Boutar, patron de Radio Mosaïque FM, les deux compères de Midi Show, qui forment avec Zyed Krichen, également directeur du quotidien Le Maghreb, le trio phare de l’audimat tunisien, savaient être des cibles potentielles.

La question de la ligne éditoriale de la radio a d’ailleurs été, selon l’avocat du collectif de défense, Ayoub Ghedamsi, évoquée à plusieurs reprises lors de l’interrogatoire de Boutar. Au point que le juge d’instruction a placé ce dernier sous mandat de dépôt « pour avoir utilisé la ligne éditoriale de Mosaïque FM afin de porter atteinte au plus haut sommet du pouvoir et aux symboles de l’État, mais aussi pour envenimer la situation dans le pays ».

Coup de semonce

Un autre journaliste de la chaîne, Khalifa Guesmi, a aussi été poursuivi en vertu de la loi antiterroriste et du code pénal à la suite d’un article sur le démantèlement d’une cellule terroriste à Kairouan (Centre). Il lui a été reproché de ne pas dévoiler sa source alors que cette dernière s’était d’elle-même identifiée auprès des enquêteurs. Malgré toutes les preuves apportées, il a été condamné en appel, le 16 mai, à cinq ans de prison.

L’affaire Khalifa Guesmi a été un coup de semonce, un avertissement dont le message implicite invitait les médias à rentrer dans le rang. Mais c’était mal connaître Elyes Gharbi et Haythem el-Mekki, qui avaient tenu tête à Ben Ali et connu la répression policière sous l’ancien régime. De quoi forger un caractère et des convictions, en particulier l’attachement à une presse libre, dernier bastion face à un pouvoir qui entend contrôler les médias, même privés, et qui ne souffre aucune critique.

Au point d’avoir promulgué, en septembre 2022, le désormais fameux décret 54, qui, sous couvert de « lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication », punit d’emprisonnement assorti d’amende la publication et la diffusion de rumeurs ou fausses informations, sans toutefois les définir. Un texte ambigu et liberticide qui n’a pas empêché les journalistes de continuer à s’exprimer tout en sachant qu’ils couraient désormais des risques supplémentaires.

« Faire notre travail, accomplir notre mission », c’est ce à quoi s’engage régulièrement Elyes Gharbi à l’antenne. Une manière de sensibiliser le public au travail de journaliste, profession largement décriée depuis que les islamistes au pouvoir en 2012 avaient lancé une offensive contre ce qu’ils qualifiaient de « médias de la honte ». Un bras de fer qui avait tourné court face à la résistance d’une corporation qui, au lendemain de la révolution de 2011, pensait s’être définitivement affranchie d’un rapport ambigu avec les autorités. Dans cette relation tourmentée où le pouvoir préfère la répression à la régulation, les journalistes deviennent des dommages collatéraux.

Une plainte difficile à étayer

Entendus ce lundi, selon une avocate, pour « diffamation et propagation de rumeurs qui touchent la sécurité intérieure », Haythem el-Mekki et Elyes Gharbi ont été remis en liberté, mais l’affaire n’est pas close. Reste au magistrat instructeur à décider de les poursuivre ou de classer le dossier. Il lui sera néanmoins difficile de donner suite à cette plainte qui émane, comme c’est de plus en plus souvent le cas, d’un sécuritaire, d’autant que les propos de Haythem el-Mekki n’étaient ni diffamatoires ni insultants.

Il suggérait, lors de l’émission détaillant l’attentat de la Ghriba, de revoir les tests psycho-techniques lors du recrutement des jeunes sécuritaires pour identifier au mieux leurs motivations : se présentent-ils au concours pour défendre le pays et les citoyens, pour faire appliquer la loi, ou pour profiter de leur position pour commettre des abus ? Le journaliste avait contextualisé ses propos, soulignant que parfois, des bandits peuvent devenir policiers.

« Personnellement, je pense que cette affaire devrait être close parce que les déclarations de Haythem el-Mekki ne peuvent pas être considérées comme un dénigrement des forces de l’ordre », a déclaré l’avocat et président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Bassem Trifi, qui observe que la plainte, contrairement à ce qui a été dit, a été déposée à titre personnel et que « le plaignant ne représente pas le secrétariat général du syndicat des forces de sécurité intérieure ». De quoi s’interroger sur la tendance actuelle qui voit se multiplier les plaintes des sécuritaires, ou présumés tels, à l’encontre des médias et de la société civile.

Une situation singulière qui alerte un peu plus les défenseurs de la liberté d’expression. Le mouvement de soutien a été considérable sur les réseaux sociaux, mais hier matin, devant l’ancienne caserne ottomane d’El-Gorjani, seuls quelques irréductibles étaient venus apporter leur soutien aux deux journalistes vedette de Mosaïque FM. « Toujours les mêmes : des représentants de la société civile attachés aux droits de l’homme dont la plupart étaient déjà des opposants à Ben Ali », remarque en substance un chef d’entreprise.

« Ça n’est pas gagné »

Aux côtés du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), étaient présents Reporters sans frontières (RSF) et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). « Il est plus utile de se mobiliser ensuite en cas de problème plutôt que de s’user à attendre des heures l’issue d’un interrogatoire », estime avec pragmatisme un journaliste qui assure que « la liberté d’expression est prise en otage » et que toute la bataille consiste à la libérer durablement, mais selon lui, « ça n’est pas gagné ».

Avec Jeune Afrique par Frida Dahmani – à Tunis

Les Tunisiens s’interrogent sur la « disparition » de Kaïs Saïed

avril 3, 2023

Mis à jour le 3 avril 2023 à 13:56Habituellement omniprésent sur la scène publique, le président tunisien n’a plus fait aucune apparition depuis le 23 mars. Une absence qui alimente rumeurs et spéculations.

Le président tunisien Kaïs Saïed rencontre le secrétaire d’État américain Antony Blinken lors du sommet États-Unis – Afrique à Washington, le 14 décembre 2022. © KEVIN DIETSCH/Getty Images via AFP

Le 22 mars, veille de ramadan, le président Kaïs Saïed s’est déplacé à la mosquée de la Zitouna, espace cultuel phare de Tunis. C’est la dernière fois qu’il a été vu en public. Depuis, la page Facebook de la présidence, qui à l’accoutumée fait part de l’essentiel de l’activité présidentielle, semble figée au 23 mars. On sait pourtant que le chef de l’État tunisien a reçu Paolo Gentiloni, le 27 mars. Une information confirmée par deux communiqués émis par le  commissaire européen à l’Économie, à l’occasion de son déplacement à Tunis. La délégation qui a accompagné le responsable européen au palais, sans être reçue, a attendu dans un salon la fin de la rencontre, et l’un de ses membres rapporte avoir entendu Kaïs Saïed, dont la voix est particulière. C’est l’ultime témoignage crédible concernant l’activité du président.

Depuis le 31 mars, les Tunisiens s’interrogent publiquement sur ce qu’il est advenu de leur président. À défaut d’informations données par les autorités, on spécule. En trois jours, la rumeur a enflé et s’est infiltrée sur tous les réseaux sociaux. Elle a démarré avec des « vœux de bon rétablissement » sibyllins pour devenir encore plus hermétique dans la soirée du 31 mars, avec des messages évoquant une « tachycardie ventriculaire polymorphe avec torsades de pointes ». Depuis, la formule sature les réseaux sans être très explicite. Renseignements pris, ce type de pathologie touche, notamment, des personnes suivant certains traitements médicaux.

Le précédent Essebsi

Aucun médecin, bien sûr, ne se hasarde à formuler le moindre avis. C’est donc la rumeur, toujours elle, qui remplit les cases manquantes. À en croire certaines sources, le président aurait eu un malaise après le départ de Gentiloni, ce qui aurait nécessité son admission à l’hôpital militaire de Tunis. Depuis, son état se serait amélioré et il serait actuellement de retour à Carthage, sous contrôle médical.

Interpellé sur le sujet par des journalistes, le ministre de la Santé, Ali Mrabet, a refusé d’évoquer l’état de santé du président. Il n’a sans doute pas voulu se substituer au général Mustapha Ferjani, ministre conseiller du président Saïed, qui a conservé son poste de chef de service de la réanimation à l’hôpital militaire de Tunis et qui, de par sa position, est sans doute celui dont la parole est la plus crédible. Comme cela avait été le cas lors des hospitalisations de Béji Caïd Essebsi.À LIRETunisie : disparition de Béji Caïd Essebsi, héritier de Bourguiba à la présidence contrastée

Cette situation préoccupe et trouble d’autant plus les Tunisiens que, comme le fait remarquer un internaute sur les réseaux sociaux, « le président de la République disparaît des radars à un moment critique où la Tunisie est en pleine négociation internationale pour sa survie économique ». Difficile, là encore, de ne pas faire le parallèle avec les incertitudes dues aux difficultés constitutionnelles apparues au décès du président en exercice Béji Caïd Essebsi, en juillet 2019.

À l ‘époque déjà, il aurait théoriquement fallu qu’une Cour constitutionnelle constate la vacance de pouvoir et désigne un président par intérim, mais cette instance n’avait pas été créée en raison des embûches posées par Ennahdha. Malgré les pressions – en particulier la tentation d’un passage en force de l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed – , Mohamed Ennacer, président de l’Assemblée des représentants du peuple, avait finalement tranché et imposé, avec le soutien de l’hémicycle, une feuille de route pour aller à des élections présidentielles anticipées. Lesquelles ont été remportées par Kaïs Saïed.

Vide constitutionnel

Aujourd’hui, la question de la vacance de pouvoir revient, quoi que d’une autre manière, et révèle la faiblesse de la Constitution de 2022 sur ce point. Le texte voulu par Kaïs Saïed prévoit, dans ses articles 107 et 108, qu’en cas d’empêchement provisoire le président délègue ses pouvoirs au chef du gouvernement (lequel ne peut toutefois pas procéder à la dissolution des deux chambres du Parlement). L’article 109 quant à lui, énonce qu’ « en cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, de démission, d’empêchement absolu ou pour toute autre cause, le président de la Cour constitutionnelle est alors immédiatement investi provisoirement des fonctions de président de l’État pour une période allant de quarante-cinq jours au moins à quatre-vingt-dix jours au plus. »

Mais comme en 2019, le problème est que la Cour constitutionnelle évoquée dans le texte n’a toujours pas été mise en place. Et pour tout compliquer, certains estiment que puisque le président Saïed a été élu et a prêté serment conformément à la Constitution de 2014, ce sont les règles de celle-ci – et non de celle adoptée en 2022 – qui doivent s’appliquer. Une interprétation qui, dans les faits, n’apporte rien de plus puisque même dans ce cas, il faudrait une Cour constitutionnelle.

Dans l’attente d’éclaircissement (ou d’une réapparition du président), l’heure est donc au vide constitutionnel. Une situation d’impasse qui commence à angoisser l’opinion. « Nous sommes conscients que ce qui se joue est grave et nous sommes en droit de savoir puisque, selon la Constitution, le peuple est souverain », assène, à titre personnel, un proche du Parti destourien libre (PDL). Il est l’un des rares à donner un avis alors que les partis politiques encore opérationnels, tout comme la société civile, ne se prononcent pas.

Confusion

Certains pages et comptes animés par des mouvements acquis à Kaïs Saïed en sont réduits à démentir les rumeurs via la diffusion d’anciennes photos, ce qui ne fait qu’alimenter une confusion qui ajoute à l’anxiété. D’autres rappellent que les demandes de diffusion d’un bulletin de santé du président n’ont jamais été suivies d’effet tandis que les plus optimistes, pour dédramatiser, rappellent qu’avant de prendre en main tous les pouvoirs, Kaïs Saïed avait l’habitude de se mettre en retrait à certaines périodes. D’autres enfin estiment que cette absence de la scène publique pourrait également être une réaction à la pression internationale qui enjoint le président à signer l’accord pour un prêt du Fonds monétaire international, dont l’octroi est conditionné à des réformes que le président perçoit comme une ingérence.

Les spéculations vont bon train mais jusqu’à présent, les Tunisiens continuent d’attendre une parole officielle. Qui aurait le courage de la prendre ? L’heure est pour l’instant au silence et à la Kasbah, siège de la primature, on continue à traiter les affaires courantes. Une attitude qui, avec le temps, risque de devenir de plus en plus surréaliste.

Avec Jeune Afrique par Frida Dahmani

Le discours de Poutine a laissé beaucoup de Russes sur leur faim

février 21, 2023

L’allocution du président, diffusée en direct sur toutes les chaînes d’État ce mardi, était très attendue par la population.

Le president russe Vladimir Poutine prononce son discours annuel sur l'etat de la nation au centre de conference Gostiny Dvor, a Moscou, le 21 fevrier 2023.
Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours annuel sur l’état de la nation au centre de conférence Gostiny Dvor, à Moscou, le 21 février 2023.© Dmitry Astakhov/Sputnik/AFP

« D’un côté, je suis rassurée que le président n’ait rien dit à propos d’une nouvelle vague de mobilisation ou d’une participation plus évidente de nous tous, ici en Russie, à cette guerre », avoue Lara, 26 ans, commerciale dans une banque d’État. « Mais, de l’autre, les buts de cette guerre ne sont toujours pas clairs et on ne sait même pas quand on s’en sortira ! » soupire-t-elle, agacée.

Comme de nombreux Moscovites, Lara a regardé avec attention l’allocution de Vladimir Poutine sur son téléphone portable depuis son lieu de travail. À l’instar d’une majorité de la population russe inquiète et désarçonnée par l’invasion de l’Ukraine, il y a un an, la jeune femme attendait avec angoisse ce discours devant les deux chambres du Parlement, d’autant qu’il n’avait pas eu lieu à la fin 2022, comme l’exigeait pourtant la Constitution.

« Citoyens de deuxième catégorie »

Le discours-fleuve – le plus long de toutes ses allocutions aux deux Chambres – n’a guère apporté d’éléments nouveaux, sauf à la fin, quand le chef de l’État, à la voix enrouée mais à la mine et au ton énergiques, a annoncé que la Russie suspendait sa participation à l’accord New Start avec les États-Unis sur le désarmement nucléaire stratégique.

Il a justifié sa décision par les vols de drones – « modernisés avec l’aide de l’Occident » – au-dessus de deux aéroports russes en décembre, celui d’Engels et celui de Ryazan. Pour ajouter, presque malicieux et sûr de son effet, que si les États-Unis s’apprêtaient à procéder les premiers à de nouveaux essais nucléaires, la Russie se réservait également le droit d’y procéder. « Ce moment-là m’a marquée, souligne Lara, parce que c’est comme si le président évoquait la guerre froide… »

La jeune femme a été étonnée par l’insistance du président à diviser, en permanence, la société russe entre « les nôtres » et « les autres ». Il l’a fait notamment à propos des hommes d’affaires qui ont quitté le pays à la suite de la guerre. « Personne ne va les plaindre d’avoir perdu l’argent qu’ils ont déposé sur des comptes en banque en Occident » où ils ne sont, finalement, que « des citoyens de deuxième catégorie », a affirmé Vladimir Poutine, qui ne perd plus une occasion de montrer sa satisfaction vis-à-vis de la « purification » de la société russe induite par cette guerre.

Nouvelles élites

Autre moment révélateur : quand le président russe, quasi hors de lui, a évoqué le nom d’une nouvelle brigade de chasseurs alpins ukrainiens officiellement nommée « Edelweiss » (le nom d’une fleur de montagne), selon lui en référence à la division nazie qui portait le même nom. Selon Lara, beaucoup de Russes, même contre la guerre, peuvent se demander pourquoi cette dénomination a été choisie par le président ukrainien.

Au grand dam de la jeune femme, et de toute une population jeune et éloignée de la politique, Vladimir Poutine n’a pas soufflé mot sur les moyens de stopper cette guerre, ni sur ce qu’il proposait pour réussir à vivre sous ces conditions radicalement différentes.

Dans la salle où s’exprimait le président, de très nombreux invalides de guerre et militaires en uniforme, leurs médailles bien visibles, ont été montrés à plusieurs reprises lors de la retransmission télévisée en direct sur toutes les chaînes d’État, comme illustrant ce changement des élites que Poutine appelle de ses vœux.

Les anciennes élites, trop libérales dans les années 1990 – quand « des conseillers occidentaux venaient nous donner des leçons, vous vous en souvenez ? », a-t-il glissé –, se sont, selon Poutine, trompées et n’ont pas été assez patriotes. Voici les nouvelles élites, semblait dire le chef d’État russe, dont les propos étaient immédiatement illustrés par le réalisateur de la retransmission.

Aucune mention du coût humain du conflit

Assis aux côtés du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, son collègue de la Défense Sergueï Choïgou a gardé un visage fermé et impassible tout au long de l’allocution. Ramzan Kadyrov, le président de la Tchétchénie, fort disert sur son fil Twitter, ne semblait pas être présent, alors qu’il avait été annoncé.

Le maire de Moscou Sergueï Sobianine, soupçonné de ne pas être un chantre de la guerre, et qui a tout fait pour que sa ville envoie très peu de mobilisés participer à « l’opération militaire spéciale », n’a pas été montré non plus.

Aucune mention n’a été faite, par Vladimir Poutine, du coût humain du conflit, sauf pour remercier celles et ceux qui, « héroïquement », en souffrent. Si certains semblent avoir apprécié que l’allocution n’ait été ni trop belliqueuse ni trop jusqu’au-boutiste, les « turbopatriotes », eux, l’ont immédiatement critiquée sur certaines chaînes Telegram. Hier dans l’expectative, les marchés boursiers russes avaient accusé une baisse. En signe de confiance, ce mardi, ils sont remontés pendant l’allocution du président.

L’agence de presse officielle RIA-Novosti a fait les comptes : la salle a applaudi 53 fois et s’est levée à 4 reprises. Mais pas quand Vladimir Poutine a subitement évoqué la suspension de l’accord nucléaire. À ce moment précis, un seul homme, en uniforme militaire et filmé de dos par le réalisateur, s’est levé de son siège, mais il n’a pas été suivi par la salle, preuve que l’ambiance était à la circonspection.

Avec Le Point.fr par l’envoyée spéciale à Moscou, Anne Nivat

L’abandon de la politique « zéro COVID » en Chine inquiète à l’étranger

décembre 28, 2022

L’annonce survient alors que la Chine fait face à la plus importante vague de contaminations au monde, amplifiée par l’apparition de nouveaux variants.

Des patients atteints de la COVID-19 attendent sur des brancards dans le corridor d'un hôpital.

Des patients atteints de la COVID-19 attendent sur des brancards dans le corridor d’un hôpital à Tianjin, en Chine. Photo : AFP via Getty Images/Noel Celis

La fin brutale ce mois-ci de la politique « zéro COVID » en Chine a suscité l’inquiétude de plusieurs pays, dont les États-Unis, qui envisagent des restrictions d’entrée pour les voyageurs chinois.

L’annonce de Pékin lundi sur la fin des quarantaines obligatoires à l’arrivée au pays à compter du 8 janvier a été accueillie dans la joie par les Chinois.

Cette décision marque la disparition prochaine du dernier vestige de la politique zéro COVID chinoise, qui isolait le pays depuis près de trois ans et qui a suscité à la fin novembre des manifestations d’une ampleur inédite depuis des décennies. Elle a déclenché une ruée vers les vols internationaux et les prix des billets ont explosé.

La nouvelle a été reçue d’une tout autre manière à l’étranger, alors que la Chine fait face à la plus importante vague de contaminations au monde, amplifiée par l’apparition de nouveaux variants.

Aux États-Unis, des responsables ont déclaré mardi que des restrictions d’entrée pour les voyageurs venant de Chine étaient envisagées, après que le Japon et l’Inde eurent imposé des tests PCR obligatoires aux arrivants chinois.

La communauté internationale est de plus en plus préoccupée par les poussées actuelles de COVID-19 en Chine et par le manque de données transparentes, notamment de données sur les séquences génomiques virales, communiquées par la RPC, ont déclaré ces responsables américains, sous couvert d’anonymat.

Citant des préoccupations exprimées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ils ont ajouté que les États-Unis envisagent de prendre des mesures similaires à celles décidées par le Japon, l’Inde et la Malaisie.

Le Japon va ainsi rétablir à partir de vendredi les tests PCR obligatoires pour les voyageurs provenant de Chine continentale. L’île de Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie de son territoire, a également annoncé qu’elle procéderait à des contrôles du virus sur les voyageurs en provenance du continent.

Hôpitaux engorgés et pénurie de médicaments contre la fièvre

Le soudain revirement de politique sanitaire opéré par Pékin a mis fin à près de trois années de tests de masse, confinements et quarantaines prolongées, qui ont sérieusement perturbé les chaînes d’approvisionnement du pays ainsi que l’économie chinoise, la deuxième plus importante au monde.

Hôpitaux et crématoriums sont submergés pendant que des habitants font état de pénuries de médicaments contre la fièvre alors que la progression du virus parmi la population de 1,4 milliard d’habitants reste largement incontrôlée.

Interrogé sur les restrictions annoncées par le Japon, le ministère chinois des Affaires étrangères a appelé mardi les États à maintenir des mesures scientifiques et appropriées contre la COVID et qui ne perturbent pas les échanges humains.

Tous les voyageurs arrivant en Chine devaient observer une quarantaine obligatoire depuis mars 2020. D’abord d’une durée de trois semaines, elle a été réduite à une seule en juin, puis à cinq jours le mois dernier. L’abolition de cette règle en janvier signifiera aussi la reclassification de la COVID-19 en maladie infectieuse de catégorie B, permettant aux autorités d’assouplir les contrôles.

Mardi, les autorités migratoires chinoises ont aussi annoncé la reprise graduelle de l’octroi de passeports pour le tourisme et les visites d’amis à l’étranger à partir du 8 janvier.

Cette reprise épidémique hivernale survient à quelques semaines du Nouvel An lunaire fin janvier, au cours duquel des millions de personnes voyageront pour retrouver leurs proches.

Plus de 5000 nouveaux cas

Les autorités chinoises ont reconnu que l’étendue de la vague épidémique était maintenant impossible à mesurer et ont réduit le nombre de critères permettant d’imputer un décès à la COVID.

Le Centre de prévention et de contrôle des maladies chinois a répertorié mercredi 5231 nouvelles contaminations et trois morts du coronavirus à l’échelle nationale, des chiffres probablement sous-estimés, car les malades n’ont plus besoin de se déclarer.

Les autorités utilisent des données recueillies lors de sondages en ligne, de visites à l’hôpital, de demandes de médicaments contre la fièvre et d’appels d’urgence pour combler les défauts dans les chiffres [officiels] rapportés, a expliqué mardi un responsable du contrôle des maladies, Yin Wenwu, lors d’une conférence de presse.

Face aux manques de médicaments de base, les autorités pékinoises prévoient de distribuer du Paxlovid, un traitement oral, dans des hôpitaux locaux et des cliniques communautaires. Il reste cependant très difficile à obtenir pour le citoyen ordinaire.

Ce médicament, développé par les États-Unis, était brièvement disponible sur la plateforme de commerce en ligne JD.com et celle de livraison Meituan ces derniers jours, avant d’être en rupture de stock.

Le Japon craint d’être entraîné dans une guerre à Taïwan

août 11, 2022

Les exercices militaires de la Chine autour de Taïwan sont peut-être terminés, mais la menace d’une invasion de l’île à moyen terme demeure en place. Dans son « livre blanc » publié mercredi et qui se veut une marche à suivre pour la réunification, Pékin ne renonce pas à l’usage de la force qui serait utilisée en dernier recours.

Des hélicoptères volent au-dessus de la mer, où se trouvent des navires.

Des hélicoptères chinois près de l’île Pintgan, l’un des points les plus proches de Taïwan Photo: AFP via Getty Images/Hector Retamal

Depuis la visite de la présidente de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi, à Taïwan la semaine dernière, la réaction et la démonstration de force chinoises font craindre le pire à Tokyo. Le Japon redoute d’être attiré dans un conflit militaire entre la Chine et les États-Unis sur la question de Taïwan.

Décryptage et explications avec Antoine Bondaz, directeur du Programme Taïwan et chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, et Robert Dujarric, codirecteur du Département d’études asiatiques de Temple University Japan.

D’où viennent ces craintes japonaises d’être entraîné dans un conflit à Taïwan?

Antoine Bondaz : Les craintes du Japon sont anciennes et il y a plusieurs raisons. Premièrement, il y a la géographie. Il ne faut pas oublier que certaines îles japonaises se trouvent à moins de 150 kilomètres de Taïwan. Si la Chine devait réaliser un blocus de l’île, ce blocus se ferait, de fait, quasiment dans la zone économique exclusive du Japon ou extrêmement proche des côtes japonaises. On l’a vu avec les zones annoncées lors des exercices militaires par la Chine. Certaines encerclaient partiellement certaines îles japonaises.

Deuxièmement, et c’est fondamental, s’il y avait une intervention militaire américaine, les troupes américaines les plus proches de Taïwan ne se trouvent pas à Hawaï ou à Guam. Elles se trouvent au Japon, notamment à Okinawa. Donc une intervention militaire américaine nécessiterait la mobilisation des troupes américaines basées au Japon et donc, de fait, une participation directe ou indirecte du Japon.

Troisièmement, et c’est le point qui est le plus discuté aujourd’hui à Tokyo, la sécurité et l’environnement stratégique du Japon seraient extrêmement dégradés si la Chine réussissait à conquérir Taïwan par la force.

Certains analystes disent que le Japon pourrait aussi être une cible, surtout dans le cas où on doit intervenir pour porter secours à Taïwan. Est-ce que c’est un enjeu?

Robert Dujarric : Oui, je pense que l’on considère dans les cercles dirigeants à Tokyo, depuis longtemps, depuis peut-être 25 ans, que le Japon pourrait être directement ou indirectement attaqué par la Chine. On a toujours pensé au Japon qu’une invasion chinoise, une annexion chinoise de Taïwan, serait une menace mortelle pour le Japon.

Pourquoi? Quel est le rôle ou l’importance de Taïwan pour le Japon?

Robert Dujarric : C’est encore la question de la proximité géographique de l’île, la possibilité, si la Chine prenait possession de Taïwan, d’installer des bases militaires. Surtout, ça serait la démonstration du fait que la Chine peut éliminer un État indépendant, indépendant de facto, de la région. Donc la question que se poseraient les Japonais, c’est : est-ce que ça pourrait arriver plus tard en Corée du Sud, est-ce que le Japon pourrait être victime? Pour eux, ça serait le début d’une restructuration internationale dans la région qui serait profondément néfaste au Japon.

Est-ce qu’il y a une inquiétude plus grande après les exercices qu’on a vus la semaine dernière?

Robert Dujarric : Je crois que c’est la prolongation des exercices chinois qui préoccupe. Il y en a eu depuis longtemps. Ceux-là semblaient être un peu plus agressifs. Mais je crois que c’est une préoccupation qui n’est pas arrivée soudainement, qui existait déjà et qui était renforcée depuis que Xi Jinping est au pouvoir.

Les missiles balistiques chinois qui ont terminé leur course près des eaux japonaises, quelle importance ou quelle signification cela a-t-il?

Robert Dujarric : La signification, c’est que la Chine est prête à provoquer le Japon, mais pas à franchir la ligne rouge. Ces missiles sont tombés hors des eaux territoriales japonaises, donc ça n’était pas une violation de la souveraineté territoriale japonaise.

Mais c’est pour eux la preuve que la Chine est très agressive. C’est interprété par le gouvernement à Tokyo comme voulant dire que le Japon devrait faire plus pour se défendre, ce qui veut dire aussi qu’ils souhaitent que les États-Unis en fassent plus pour protéger le Japon.

La Chine est de plus en plus claire : pour elle, la réunification avec Taïwan est inévitable. Cependant, cet objectif devra nécessairement passer par un conflit. Cela crée beaucoup d’inquiétude, notamment pour le Japon qui craint d’être impliqué dans la guerre malgré lui. Reportage de notre correspondant en Asie, Philippe Leblanc.

Notre correspondant en Asie Philippe Leblanc sera basé à Taïwan pour les prochains mois, afin de nous faire découvrir cette île de près de 24 millions d’habitants, sa société et les défis qui l’animent. Et aussi afin de couvrir les enjeux d’actualité de toute la région Asie-Pacifique.

Avec Radio-Canada par Philippe Leblanc

Québec-Mauricie/COVID-19 : la hausse des hospitalisations inquiète la santé publique régionale

juin 30, 2022
À l'avant-plan, deux professionnels de la santé manipulent des fournitures médicales. Derrière eux, d'autres s'occupent d'un patient dans un lit d'hôpital. Tous portent des vêtements protecteurs.

La direction de la santé publique souhaite éviter de rappeler du personnel déjà épuisé au travail, mais si la hausse se poursuit, ce n’est pas exclu. Photo : Getty Images/Morsa Images

Comme ailleurs au Québec, la hausse des cas de COVID-19 se fait sentir en Mauricie et au Centre-du-Québec. Plus d’une cinquantaine de personnes sont hospitalisées dans la région à cause de la COVID-19, ce qui inquiète la santé publique régionale.

Dans les dernières semaines, les hospitalisations pour le virus se tenaient sous la barre de la vingtaine.

Ce qui est rassurant, c’est que seulement 24 % des personnes hospitalisées le sont pour la COVID-19., a indiqué la directrice du CIUSSS MCQ, Marie-Josée Godi, en entrevue avec Sophie Bernier.

Dre Marie-Josée Godi est la directrice de la santé publique et de la responsabilité populationnelle au CIUSSS MCQ. (Archives)

La Dre Marie-Josée Godi est la directrice de la santé publique et de la responsabilité populationnelle au CIUSSS MCQ. (Archives) Photo: Radio-Canada/José Ducharme

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de vacances estivales, les hôpitaux ont une moins grande capacité d’accueil dans la région.

« Le personnel a besoin de répit après avoir travaillé d’arrache-pied dans les derniers mois, donc si la tendance se poursuit, on pourrait arriver à une période critique.  »— Une citation de  Marie-Josée Godi, directrice de la santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec

La direction de la santé publique souhaite éviter de rappeler du personnel déjà épuisé au travail, mais si la hausse se poursuit, ce n’est pas exclu.

Il est certain que ça fait partie des priorités de pouvoir traiter toute la population. On a une certaine capacité à avoir des lits. On espère qu’on n’atteindra pas la barre des 100 personnes qui vont être admises dans les unités COVID d’ici les prochaines semaines  a avoué Marie-Josée Godi.

Avec Radio-Canada par Radio-Canada

Canada: Ottawa s’inquiète pour un équipage canadien retenu en République dominicaine

juin 18, 2022
Omar Alghabra.

Omar Alghabra, ministre canadien des Transports Photo: La Presse Canadienne/Patrick Doyle

Les représentants du gouvernement fédéral se disent préoccupés par la sécurité des membres d’un équipage canadien coincés en République dominicaine depuis avril après avoir signalé la présence de cocaïne à bord de leur avion.

Les cinq membres d’équipage n’ont toujours pas été inculpés et le gouvernement fédéral tente d’obtenir une enquête accélérée et leur retour rapide à la maison si aucune accusation n’est portée.

Le 5 avril, les autorités dominicaines ont arrêté deux pilotes, deux agents de bord et un ingénieur de maintenance après que ceux-ci eurent déclaré avoir trouvé un sac caché dans un appareil de Pivot Airlines.

L'équipage de Pivot Airlines.

L’équipage de Pivot Airlines a été arrêté en République dominicaine en avril après avoir signalé aux autorités que des millions de dollars de cocaïne avaient été trouvés à bord de leur avion. Photo: CBC/Unifor/Youtube

Les responsables dominicains du contrôle des drogues ont ensuite mis en ligne une vidéo affirmant avoir trouvé à bord de l’avion huit sacs de sport noirs remplis de plus de 200 kilogrammes de cocaïne.

Le premier ministre du Canada et la ministre des Affaires étrangères ont déjà soulevé la question avec leurs homologues au Sommet des Amériques la semaine dernière. Ils ont alors reçu l’assurance que l’affaire serait traitée conformément à l’État de droit.

Le ministre des Transports, Omar Alghabra, a déclaré à CBC News que le gouvernement continuait de faire pression auprès des autorités dominicaines.

« Nous ferons tout ce qu’il faut pour trouver un moyen, premièrement, de nous assurer qu’ils bénéficient d’une procédure régulière et que leurs droits sont protégés, deuxièmement, de les voir revenir chez eux en toute sécurité. »— Une citation de  Omar Alghabra, ministre canadien des Transports

L’un des pilotes, le capitaine Robert Di Venanzo, a déclaré à CBC News qu’il était reconnaissant de l’aide gouvernementale apportée, mais qu’il s’attendait à ce qu’on en fasse plus.

Nous pensions être des héros

M. Di Venanzo dit que ses collègues et lui vivent un cauchemar depuis six semaines parce qu’ils ont fait ce qu’il fallait.

Nous avons pensé que nous étions des héros, vu ce que nous avons trouvé et ce que nous avons signalé, a déclaré M. Di Venanzo lors d’un appel Zoom depuis un lieu non divulgué dans le pays.

« Nous pensions avoir fait une chose extraordinaire en ne permettant pas à ces produits de revenir au Canada. »— Une citation de  Robert Di Venanzo, pilote

M. Di Venanzo a déclaré que les événements se sont enchaînés rapidement. Les cinq membres d’équipage ont été menottés avant même que les autorités dominicaines les transportent vers un centre de détention local.

Pendant les premiers neuf jours en prison, des détenus leur ont dit à plusieurs reprises que, s’ils n’appelaient pas chez eux pour demander de l’argent à leur famille, ils seraient tués, a ajouté M. Di Venanzo.

Nous avons été menacés de mort par des narcocriminels, extorqués par des détenus, et avons vécu dans des conditions inhumaines et humiliantes, a déclaré Robert Di Venanzo dans une vidéo mise en ligne avec son équipe la semaine dernière, suppliant le gouvernement canadien de leur venir en aide.

« En prison, un cadavre a été placé devant notre cellule et on nous a dit que nous serions les prochains. Nous vivons un cauchemar. »— Une citation de  Robert Di Venanzo, pilote

La version des détenus et de Pivot Airlines

La compagnie, qui se spécialise dans le transport aérien régional, affirme que le calvaire a commencé lorsque l’équipage s’est rendu à Punta Cana dans la soirée du 4 avril avec une autre compagnie aérienne commerciale.

Le travail de l’équipage consistait à ramener à Toronto un jet de 50 places de Pivot qui avait été affrété par une société d’investissement immobilier de l’Alberta. L’avion avait atterri à Punta Cana le 31 mars et était resté stationné pendant cinq jours dans un endroit sécurisé, gardé par une société américaine. L’équipage initial de Pivot est rentré au Canada par avion.

Le 5 avril, un ingénieur en mécanique était en train de résoudre un problème sur l’avion avant le décollage pour Toronto lorsqu’il a repéré un sac noir dans un compartiment sous l’avant de l’appareil, rempli d’ordinateurs, de câbles et de ventilateurs.

L’équipage a immédiatement appelé la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et la police dominicaine, a déclaré M. Di Venanzo.

Nous ignorions à ce moment-là s’il s’agissait d’un engin explosif ou d’un produit de contrebande, a-t-il précisé.

Plusieurs sacs en plastique sur la piste non loin d'un avion.

La cocaïne trouvée dans l’avion de Pivot Airlines. PHOTO : CBC

Quelques heures plus tard, les autorités dominicaines ont fait sortir l’équipage. Elles avaient étalé sur le tarmac tous les sacs de voyage contenant de la drogue qui, selon elles, avaient été récupérés dans l’avion.

L’équipage a ensuite été placé en détention et entassé dans une cellule avec 26 autres détenus, selon M. Di Venanzo. Ils n’ont pas été nourris pendant trois jours et ont dû dormir sur le sol ou debout.

Dans un communiqué transmis à CBC News, un porte-parole de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré que les agents consulaires fournissent de l’aide et sont en contact avec les familles des citoyens canadiens.

Le secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères est également directement engagé dans ce dossier, a indiqué le bureau de Mme Joly. Il s’agit d’une priorité. Pour des raisons de protection de la vie privée, nous ne pouvons pas discuter d’autres détails.

Appel pour remettre les Canadiens en prison

Depuis leur libération en avril, les membres de l’équipage n’ont pas encore été interrogés par les enquêteurs et n’ont pas été inculpés, a déclaré M. Di Venanzo.

Les autorités dominicaines ont cependant dit à l’équipage qu’il ne pourrait pas quitter le pays avant la fin de l’enquête, ce qui pourrait prendre encore 10 mois.

Le 21 juillet, le procureur de la République dominicaine fera appel de la décision d’autoriser la libération sous caution des Canadiens.

S’adressant directement au premier ministre dans une vidéo, l’agente de bord Christina Carello a supplié elle aussi les autorités canadiennes de lui venir en aide.

« Monsieur le premier ministre, si nous retournons en prison ici, nous pourrions ne jamais rentrer chez nous. »— Une citation de  Christina Carello, agente de bord

La compagnie aérienne a déclaré qu’elle logeait désormais ses employés dans des lieux non divulgués avec une sécurité privée. M. Di Venanzo a décrit les conditions de libération sous caution des membres de l’équipage comme une assignation à résidence, ajoutant qu’ils n’ont pas accès à leurs passeports ou à leurs propres téléphones et qu’ils sont sous la surveillance constante du personnel de sécurité.

Le PDG de Pivot Airlines, Eric Edmondson, se dit très reconnaissant de l’aide apportée jusqu’à présent par le ministre fédéral, mais il souhaite le rapatriement de l’équipage.

Ces gens doivent être protégés, a déclaré M. Edmondson, qui désire que l’équipage revienne au pays rapidement. Ils ont donné de l’information sur les narcocriminels, c’est public, et ils sont maintenant en danger.

Il demande également aux autorités internationales de l’aviation de les aider à obtenir des images de surveillance.

La société américaine engagée pour surveiller l’avion pendant les cinq jours ne coopère pas avec les enquêteurs de la compagnie aérienne, a déclaré M. Edmondson.

L’ambassade de la République dominicaine a déclaré à CBC News qu’elle avait besoin de plus de temps pour répondre à des questions spécifiques, mais a déclaré de manière générale que le pays est un État de droit social et démocratique, où la règle de droit prévaut.

Personne n’est au-dessus de la loi. En ce sens, ces garanties seront données à tous les citoyens en toutes circonstances, a écrit l’ambassade dans un communiqué.

Avec Radio-Canada d‘après les informations d’Ashley Burke et de Richard Raycraft, de CBC News

Le Conseil de sécurité de l’ONU « inquiet » à propos de l’Ukraine

mai 6, 2022
Antonio Guterres parlant au micro à son siège au Conseil de sécurité de l'ONU.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait plaidé pour la recherche d’une solution pacifique au Conseil de sécurité, jeudi. Photo: Getty Images/Spencer Platt

Le Conseil de sécurité de l’ONU, dont fait partie la Russie, a approuvé vendredi une déclaration unanime – sa première depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février – « apportant un ferme soutien » au secrétaire général de l’organisation « dans la recherche d’une solution pacifique » à la guerre. L’organisation se dit aussi « inquiète » quant aux perspectives de maintien de la paix et de la sécurité en Ukraine.

Rédigée par la Norvège et le Mexique, la déclaration ne va pas jusqu’à soutenir expressément une médiation d’Antonio Guterres, qui a proposé ses bons offices pour cela, comme le prévoyait une première version du texte négocié depuis jeudi.

Le texte indique aussi que le Conseil de sécurité rappelle que tous les États membres ont contracté, en vertu de la Charte des Nations unies, l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques.

Interrogé pour savoir ce qui a conduit la Russie, qui bloque le Conseil de sécurité depuis février, à approuver ce texte, un diplomate s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a répondu à l’AFP : L’important en a été retiré.

La déclaration représente cependant la première manifestation d’unité du Conseil de sécurité depuis le début de la guerre. À la fin de février, Moscou avait mis son veto à une résolution réclamant à la Russie de rapatrier son armée sur le sol russe.

Aujourd’hui, pour la première fois, le Conseil de sécurité s’est prononcé d’une seule voix pour la paix en Ukraine, s’est félicité dans un communiqué le chef de l’ONU. Le monde doit s’unir pour faire taire les armes et défendre les valeurs de la Charte des Nations unies et je continuerai à ne ménager aucun effort pour sauver des vies, réduire les souffrances et retrouver le chemin de la paix, a ajouté Antonio Guterres.

Selon l’ambassadeur mexicain à l’ONU, Juan Ramon de la Fuente, ce tout premier pas initial […] pointe dans la bonne directionIl est encourageant de voir que la diplomatie prend sa place au Conseil, a-t-il estimé, en faisant valoir aussi, à propos des efforts de paix, que la diplomatie discrète est parfois bien plus efficace que beaucoup de déclarations.

C’est la première décision unanime prise par le Conseil depuis le début de cette horrible guerre en Ukraine, s’est aussi félicitée son homologue norvégienne, Mona Juul. Les besoins et les souffrances du peuple ukrainien nécessitent un effort maximal des Nations unies, tant du Conseil que du secrétaire général et du système des Nations unies en tant que tel, a-t-elle ajouté.

Très court, le texte adopté indique que le Conseil de sécurité exprime sa profonde préoccupation concernant le maintien de la paix et de la sécurité en Ukraine. Les 15 membres du Conseil rappellent aussi que tous les États membres se sont engagés, en vertu de la Charte des Nations unies, à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques.

Un rôle surtout humanitaire

Marginalisée depuis le début du conflit, l’ONU, dont la mission est de garantir la paix dans le monde, ne s’est pas imposée à ce jour comme un médiateur possible pour un règlement pacifique du conflit. Elle intervient en Ukraine et dans les pays voisins dans un rôle jusqu’ici principalement humanitaire.

Antonio Guterres s’est rendu récemment, et pour la première fois depuis le début du conflit, en Russie et en Ukraine, une double visite qui lui a permis d’obtenir des évacuations de plusieurs centaines de civils de la ville portuaire ukrainienne de Marioupol.

L’ONU a annoncé vendredi que son chef retournera lundi et mardi dans la région et qu’il fera une visite en Moldavie, qui accueille près d’un demi-million de réfugiés ukrainiens. Durant son séjour, il se rendra dans un centre de réfugiés géré avec le concours de l’ONU au profit notamment de femmes, d’enfants et de jeunes.

Depuis la mi-avril, l’ONU essaie de créer un groupe de contact humanitaire qui réunirait autour d’une même table l’Ukraine, la Russie et les Nations unies. En vain jusqu’à présent. Nous continuons d’explorer les moyens de réunir les parties au conflit dans un format durable et cohérent pour discuter des questions humanitaires par le biais d’un groupe de contact humanitaire, a indiqué vendredi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric.

Le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Martin Griffiths, se rendra lundi en Turquie pour discuter de cette question avec les autorités turques, a-t-il ajouté. La Turquie a réuni en mars des négociateurs ukrainiens et russes et l’ONU espérait encore récemment que ce pays pourrait accueillir le groupe de contact humanitaire qu’elle essaie de créer.

Avec Radio-Canada

Céline Dion, la grande inquiétude

avril 29, 2022

La chanteuse star québécoise a annoncé vendredi le report de sa tournée européenne, « Courage World Tour », à 2023 pour des raisons de santé.

La chanteuse, qui avait donne rendez-vous a ses fans europeens en 2022, a annonce qu'elle devra attendre 2023 pour donner des concerts sur le Vieux Continent.
La chanteuse, qui avait donné rendez-vous à ses fans européens en 2022, a annoncé qu’elle devra attendre 2023 pour donner des concerts sur le Vieux Continent.© ALICE CHICHE / AFP

C’est un coup dur pour ses nombreux fans à travers le Vieux Continent. Céline Dion a annoncé vendredi 29 avril qu’elle reportait à 2023 tous les concerts de sa tournée Courage World Tour prévus en Europe cette année, en raison d’un problème de santé. « Je me sens un peu mieux… mais il m’arrive encore d’avoir des spasmes », a expliqué la star québecoise de la chanson dans un communiqué publié en France par la grande salle Paris La Défense Arena.

« Je suis tellement désolée d’avoir à changer les dates de la tournée en Europe une nouvelle fois ; la première fois, ce fut à cause de la pandémie, maintenant, c’est en raison de ma santé », a précisé la chanteuse âgée de 54 ans. « Pour être sur scène, je dois être au top de ma forme. Pour être honnête, j’ai hâte, mais je ne suis pas encore tout à fait prête… Je fais de mon mieux pour revenir à 100 % pour monter sur scène, parce que c’est ce que vous méritez », poursuit-elle.

Céline Dion avait donné les 52 premiers spectacles de la tournée avant le début de la pandémie début 2020. La superstar avait annoncé en janvier dernier qu’elle annulait la partie nord-américaine de cette tournée à cause de ses problèmes de santé.

Par Le Point avec AFP

France: Vers une pénurie de prêtres dans la Manche

décembre 24, 2021

Plusieurs diocèses normands s’apprêtent à voir le nombre de messes célébrées dans les églises se réduire drastiquement, explique « Le Parisien ».

C’est un constat alarmant qui ne manque pas d’inquiéter de nombreux fidèles de l’Église. Comme le rapporte Le Parisien, le nombre de plus en plus limité de prêtres dans le département de la Manche va engendrer une réduction drastique des célébrations de messes dans de nombreux lieux de culte. Le quotidien souligne que la moitié des 50 prêtres actuellement en exercice aura atteint la limite d’âge d’ici 2026, obligeant les diocèses à se réorganiser.

« Il faut se faire à l’idée que le temps où l’on avait un curé par église est révolu depuis longtemps. Même la situation actuelle n’est pas tenable. Certains ont du mal à l’admettre, mais c’est un principe de réalité », a regretté Mgr Le Boulc’h auprès du Parisien, avant de dresser la situation alarmante de son diocèse de Coutances-Avranches.

« On ne peut donc pas faire autrement que de réduire le nombre de lieux eucharistiques, c’est-à-dire les lieux où les messes sont célébrées. Dans notre département, nous en comptons aujourd’hui une cinquantaine. Nous allons progressivement nous organiser pour qu’il n’y en ait plus que 15 d’ici 3 ans », annonce-t-il.

« La stratégie de l’évêque est catastrophique »

Cette conséquence directe du faible nombre de prêtres est fortement mal accueillie par les fidèles pour de multiples raisons. « Les gens, et a fortiori nos aînés, sont souvent très liés à leur paroisse. Ils y ont été baptisés, s’y sont mariés. Il y a un attachement fort qui n’est pas interchangeable », souligne un fidèle de l’église Notre-Dame-du-Travail à Tourlaville, menacée d’être à l’avenir privée de ses messes régulières.

Ce dernier explique également que la question de proximité est un facteur non négligeable pour les catholiques : « On va fermer les églises où ils sont toujours allés, mais en plus il faudrait qu’ils fassent 5 ou 10 km pour aller en ville dans une paroisse où ils n’ont aucun repère », fustige-t-il auprès du quotidien. « La stratégie de l’évêque est catastrophique. Elle nous est imposée d’en haut comme s’il s’agissait de ressources humaines. Les fidèles ont besoin de leurs paroisses, de leurs repères », regrette un autre fidèle face à cette réorganisation qui pourrait s’aggraver encore dans les décennies à venir.

Avec Le Point