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Présidentielle en Centrafrique : la candidature de François Bozizé invalidée par la Cour constitutionnelle

décembre 3, 2020
François Bozizé, lors du dépôt de sa candidature, le 9 novembre 2020.

La Cour constitutionnelle a invalidé la candidature de François Bozizé à la présidentielle prévue le 27 décembre prochain. Quatre autres candidats ont été recalés.

L’ancien président centrafricain, chassé du pouvoir en 2013 par la rébellion de l’ex-Séléka, ne pourra pas participer à la présidentielle. La Cour constitutionnelle a annoncé l’invalidation de la candidature de François Bozizé, de même que celle de quatre autres candidats à la magistrature suprême, ce jeudi 3 décembre à la mi-journée.

Selon nos informations, confirmées par le  Kwa na Kwa (KNK), parti de l’ancien président, la Cour a estimé que les sanctions des Nations unies dont François Bozizé fait l’objet étaient incompatibles avec une candidature à la présidence.

« Mandat d’arrêt international »

« Le candidat fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui le 31 mars 2014 » devant la justice de son pays, notamment « pour assassinats, arrestations, séquestrations, détentions arbitraires et tortures », a précisé la Cour. L’instance a également souligné que, « selon les termes » d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, « le candidat fait l’objet de sanctions, renouvelées le 28 juillet 2020 » et qu’il « déroge au critère de bonne moralité inscrit dans le Code électoral ».

Les Nations unies n’ont pas réagi officiellement à cette annonce. Contacté par Jeune Afrique, le Sénégalais Mankeur Ndiaye, qui dirige la mission onusienne en Centrafrique, affirme cependant « suivre de près » la situation.

Quatre autres candidatures rejetées

Les quatre autres candidatures rejetées sont celles de Jean-Michel Mandaba, Bertrand Bali Kemba, Freddy Michael Guele-Gongassoua et Armel Sayo, pour des motifs de corruption et d’appartenance à des groupes armés. Des arguments qui avaient déjà été mis en avant par la Cour constitutionnelle pour justifier sa décision, le 28 novembre, de rejeter plusieurs candidatures aux élections législatives qui se tiendront à la même date que la présidentielle.

L’ancien président centrafricain, qui vivait en exil depuis sa chute en 2013, était rentré dans son pays le 16 décembre 2019 en toute discrétion. Il a cependant très rapidement reconquis sa place sur la scène politique centrafricaine, avant de déclarer officiellement sa candidature, en juillet dernier.

Avec Jeune Afrique par Pacôme Pabandji – à Bangui

Canada: la justice invalide un accord avec les États-Unis sur les réfugiés

juillet 22, 2020

 

La Cour fédérale du Canada a invalidé mercredi un accord controversé passé avec les Etats-Unis, qui oblige les demandeurs d’asile qui tentent de franchir la frontière canadienne à demander d’abord l’asile sur le sol américain. La cour a jugé que cette «Entente sur les tiers pays sûrs», un accord passé en 2004 et dénoncé par des associations de défense des réfugiés, violait la Charte canadienne des droits et libertés. Cette charte prévoit notamment que «chacun à droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne», a rappelé la juge Ann Marie McDonald dans son jugement.

La cour a toutefois suspendu l’application de son jugement pendant six mois, afin de donner au Parlement le temps d’y répondre. L’accord canado-américain stipule qu’une personne demandant l’asile doit déposer sa demande dans le premier pays où elle entre, soit le Canada soit les Etats-Unis. Plusieurs associations de défense des réfugiés et l’opposition au gouvernement de Justin Trudeau l’ont dénoncé à plusieurs reprises. Elles estiment que les Etats-Unis de Donald Trump, qui ont durci les règles en matière d’asile, ne sont plus un «pays sûr» pour les réfugiés.

Le jugement cite notamment le cas d’une femme musulmane originaire d’Ethiopie, Nedira Mustefa, qui a été maintenue à l’isolement pendant une semaine dans un centre de détention américain après avoir été renvoyée par les autorités canadiennes. Elle a décrit l’expérience comme une épreuve «terrifiante» et «psychologiquement traumatisante». «Le Canada ne peut pas fermer les yeux sur les conséquences» de cet accord sur cette femme, écrit la juge. «Tout démontre de façon claire que ceux qui sont renvoyés aux Etats-Unis par les autorités canadiennes sont sanctionnés par une détention.»

Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, des dizaines de milliers de personnes ont franchi la frontière américano-canadienne afin de déposer leur demande d’asile au Canada. La Cour fédérale avait été saisie par plusieurs associations, dont Amnesty International. «L’Entente sur les tiers pays sûrs est à l’origine de graves violations des droits humains depuis plusieurs années, confirmées sans équivoque dans cette décision», s’est félicitée France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnesty Canada francophone. «Cela ne peut pas continuer un jour de plus, d’autant plus que la Covid-19 n’épargne pas les centres de détention de migrantes et migrants aux Etats-Unis», poursuit-elle dans un communiqué transmis à l’AFP. Elle demande en outre à Ottawa de «revenir sur sa décision de fermer la frontière aux demandeurs d’asile» en raison de la pandémie. Une porte-parole du ministre fédéral de la Sécurité publique Bill Blair, a pour sa part indiqué que le gouvernement «évaluait» le jugement, rappelant qu’il n’entrerait pas en vigueur avant fin janvier 2021. «L’accord sur les pays tiers sûrs reste en vigueur», a-t-elle commenté.

Par Le Figaro avec AFP

RDC: l’invalidation de l’élection de députés de l’opposition annulée

juillet 5, 2019

Une audience de la Cour constitutionnelle de la RDC, le 27 juillet 2015 à Kinshasa (archives). © Ph. John Bompengo/Monusco

 

La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo est partiellement revenue mercredi et jeudi sur sa décision d’invalider l’élection de plusieurs députés d’opposition, une mesure qui avait ravivé les tensions politiques à Kinshasa.

La Cour a réhabilité dix-neuf des 23 députés de la coalition d’opposition Lamuka invalidés, après examen d’ « erreurs matérielles » par une chambre spéciale de cette instance judiciaire, selon un décompte de l’AFP auprès des formations politiques. Parmi les députés de l’opposition dont la victoire a finalement été confirmée par la Cour : Raphael Kibuka, Daniel Mbayo du MLC, Chérubin Okende, Daniel Safu et Mutombo Kasongo Germain  de l’AMK, Jean Claude Kibala (MS) ou encore Amato Bayubasire (UNC).

Au total les juges se sont prononcés sur 178 dossiers de contestation des résultats des législatives nationales du 30 décembre rendus par la Commission électorale et leur validation par la Cour constitutionnelle. La liste définitive des députés nationaux devait être connue jeudi, selon le greffe de cette instance judiciaire congolaise.

Parmi les parlementaires de Lamuka, au moins quatre députés proches de l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, ont été réhabilités par ces arrêts. Le Mouvement de libération du Congo (MLC) de l’ancien vice-président Jean-Pierre Bemba a reconnu que trois de ses élus invalidés avaient été réhabilités, dans un communiqué.

« J’ai un sentiment de satisfaction, teinté de regret étant données les péripéties qu’a connue ma validation définitive, alors que j’ai obtenu plus de 26 000 voix. L’invalidation de mes camarades de l’opposition pour des raisons inavouées me laissent aussi un goût amer » a réagit Raphael Kibuka, contacté par Jeune Afrique. « Les autorités politiques et judiciaires doivent désormais tout mettre en œuvre pour que nous ayons une justice véritable, gage de tout développement. L’appareil judiciaire devra écarter les brebis galeuses », a-t-il ajouté.

Au moins deux députés du parti de l’ancien président Joseph Kabila, le parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) précédemment validés, ont été écartés par ces décisions définitives de la Cour constitutionnelle.

Le FCC toujours majoritaire

La Cour constitutionnelle avait invalidé le 11 juin l’élection de 23 députés d’opposition, dans la plupart des cas au bénéfice de la majorité parlementaire de l’ancien président Joseph Kabila. Plusieurs ministres et gouverneurs de provinces ont vu leurs mandats validés, alors que la Commission électorale ne les avait pas proclamés élus. Le président Félix Tshisekedi avait lui-même estimé que certains arrêt de la Cour étaient « scandaleux ». L’ex-candidat Martin Fayulu avait participé dimanche à une manifestation interdite, en partie contre ces décisions.

Les décisions de la Cour constitutionnelle en RDC ne donnent normalement pas lieu à des recours. En dépit de ces annulations d’invalidations, le Front commun pour le Congo (FCC), coalition des partisans de l’ex-président Kabila, dispose de la majorité absolue à l’Assemblée nationale.

RDC/Goma: ils ont carrément demandé l’invalidation de Félix Tshisekedi par la Cour constitutionnelle

juin 16, 2019

 

Publiée le 16 juin 2019 par Congo Live TV

Présidentielle au Brésil: le parti de Lula défiant malgré son inéligibilité

septembre 1, 2018

Des soutiens de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva manifestent à Curitiba (sud), le 31 août 2018 / © AFP / Heuler Andrey

Grand favori des sondages pour la présidentielle d’octobre au Brésil, Lula, incarcéré depuis avril pour corruption, a été déclaré inéligible dans la nuit de vendredi à samedi mais son parti veut lutter « par tous les moyens » pour qu’il se présente et continue à le considérer comme son candidat.

À l’issue d’un jugement fleuve dont la lecture s’est prolongée tard dans la nuit, le Tribunal Supérieur Électoral (TSE) a invalidé la candidature de Luiz Inacio Lula da Silva, par six voix contre une.

L’ex-président (2003-2010), âgé de 72 ans, ne pourra pas briguer un troisième mandat, mais le Parti des Travailleurs (PT) a promis de « déposer tous les recours possibles ».

« Nous allons le défendre dans les rues, avec le peuple, parce qu’il est le candidat de l’espérance », a affirmé le parti fondé par Lula dans un communiqué.

La décision du TSE a également interdit le PT de présenter Lula comme candidat dans les spots campagne télévisée qui a commencé à être diffusés samedi, mais l’icône de la gauche était pourtant la figure centrale de la vidéo du parti.

Avant le début du programme, un texte sur écran bleu indiquait que « la volonté du peuple avait souffert un rude coup avec l’invalidation de la candidature de Lula » en dépit d’une recommandation de l’ONU préconisant qu’il pouvait se présenter le temps que tous les recours soient épuisés.

De nombreuses images montraient l’ex-président, mais aussi son colistier, Fernando Haddad, pressenti pour le remplacer en tête du ticket.

Ancien maire de Sao Paulo, Haddad, 55 ans, dit « jurer loyauté » à son mentor, en ajoutant « nous sommes avec Lula jusqu’au bout ».

Un soutien du candidat d’extrême droite à la présidentielle brésilienne, Jair Bolsonaro, interpelle les supporteurs de l’ancien président Lula le 31 août 2018 à Curitiba (sud) / © AFP / Heuler Andrey

– « Boulet » –

Le TSE a donné au PT dix jours pour choisir un successeur à son leader historique.

Hasard du calendrier ou non, M. Haddad a fait campagne samedi dans l’Etat pauvre de Pernambouc (nord-est), plus particulièrement dans la petite ville de Caetés, terre natale de Lula.

« Notre cause est bien plus importante que nos difficultés. J’arrive sur les terres de Lula, plus disposé que jamais à serrer les rangs derrière notre président », a-t-il publié en fin de matinée sur Twitter.

Lundi, ce fils de commerçants libanais sera à Curitiba (sud), pour rendre visite à son mentor dans la prison où il purge une peine de 12 ans et un mois de réclusion.

« Le PT doit redéfinir sa stratégie et rien ne sera décidé avant la rencontre d’Haddad et d’autres membres du parti avec Lula lundi », a affirmé l’éditorialiste Tereza Cruvinel dans l’édition de samedi du Jornal do Brasil.

D’après le dernier sondage de l’institut Datafolha, Lula caracole en tête, avec 39%, 20 points de plus que le deuxième, le député d’extrême droite Jair Bolsonaro. Mais M. Haddad, peu connu du grand public, peine à dépasser les 4%.

Le Tribunal Supérieur Électoral (TSE) a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva inéligible le 31 août 2018 / © AFP / Rodrigo Fonseca, Fernando Robles

« Le PT a beau pleurnicher, la décision du TSE est un soulagement pour le parti dans sa tentative de rendre viable la candidature d’Haddad », a affirmé samedi Igor Gielow, dans son éditorial sur le site du quotidien Folha de S. Paulo. Pour lui, le PT traînait la candidature de Lula « comme un boulet ».

– « Le match commence » –

« Le match commence maintenant. Le PT ne peut plus reporter cette décision douloureuse d’admettre que Lula n’est plus candidat », a expliqué à l’AFP Eduardo Grin, analyste politique de la Fondation Getulio Vargas, qui ajoute néanmoins que « l’ombre de Lula va continuer à planer sur les élections ».

Les autres candidats, eux, se félicitent d’y voir enfin plus clair et tentent de s’engouffrer dans la brèche.

« La décision (de déclarer Lula inéligible) rendra la campagne plus claire pour les électeurs, évitant le traumatisme d’un remplacement à la veille de l’élection », a affirmé sur Twitter le candidat de centre-gauche Ciro Gomes.

Pour la candidate écologiste Marina Silva, « à partir de cette décision du TSE, le processus électoral pourra suivre son cours dans la légalité ».

L’invalidation de la candidature de Lula a également suscité des réactions internationales, notamment de la part de ses alliés traditionnels, comme le président bolivien Evo Morales.

« Nous rejetons cette décision parce qu’elle porte atteinte à la démocratie et à la volonté du peuple brésilien », a-t-il publié sur Twitter.

Romandie.com avec(©AFP / (01 septembre 2018 19h45)

RDC: Réaction de Jean-Pierre Bemba suite à l’invalidation de sa candidature par la CENI

août 26, 2018

 

Pour Alpha Condé, l’invalidation de la présidentielle au Kenya « honore l’Afrique »

septembre 4, 2017

Alpha Condé, à Conakry lors d’un entretien à JA en octobre 2016. © Vincent Fournier/JA

Le président guinéen et président en exercice de l’Union africaine a salué la décision de la Cour suprême du Kenya d’invalider les élections présidentielles du 8 août dernier. Alpha Condé applaudit « un comportement qui honore l’Afrique et prouve que désormais la démocratie s’installe sur le continent ».

Quatre jours après la décision rendue par les sept juges de la Cour suprême du Kenya, le président en exercice de l’Union africaine a salué ce lundi une décision « qui honore l’Afrique ». Le président guinéen ajoute, au nom de l’Union africaine, qu’il « apprécie l’esprit de maturité et de responsabilité de tous les acteurs du processus qui ont préféré les voies légales à la violence ».

« L’Afrique sera ce que nous voudrions qu’elle soit et la preuve est aujourd’hui faite que les Africains peuvent se comprendre pour préserver l’essentiel : la paix et la quiétude des citoyens », ajoute Alpha Condé. Le chef de l’Union africaine dit également son « intérêt particulier pour le déroulement de la situation au Kenya » et « appelle à nouveau le peuple kényan et les acteurs politiques, à la retenue et au sens de la responsabilité » dans l’organisation du scrutin à venir.

Kenyatta « déclaré président de manière invalide »

Dans sa décision du 1er septembre – qui a surpris la majeure partie des observateurs -, la Cour suprême a invalidé la réélection de Uhuru Kenyatta face à Raila Odinga, à l’issue du scrutin du 8 août. Uhuru Kenyatta avait été déclaré vainqueur avec 54,27% des voix, selon un décompte que les partisans de Raila Odinga avaient dénoncé devant la Cour suprême.

Uhuru Kenyatta « n’a pas été élu et déclaré président de manière valide », a déclaré le juge président de la Cour suprême, David Maraga, réclamant de ce fait l’organisation de nouvelles élections dans un délai de 60 jours. Le jugement complet de la Cour doit être publié d’ici au 22 septembre.

Uhuru Kenyatta, s’il a affirmé se conformer à la décision de la plus haute instance judiciaire du pays, a vivement critiqué les sept juges de la Cour suprême. Raila Odinga a, de son côté, réclamé le départ des dirigeants de la Commission électorale indépendante (IEBC). « Ceux qui ont planifié le vol de notre victoire doivent s’en aller », a-t-il exigé.

Jeuneafrique.com

Kenya: les analystes saluent une décision historique

septembre 1, 2017

Des soutiens du candidat de l’opposition, Raila Odinga, se réjouissent de l’annulation del’élection présidentielle par la Cour Suprême, à Nairobi le 1er septembre 2017 / © AFP / TONY KARUMBA

La décision de la Cour suprême du Kenya d’annuler l’élection présidentielle du 8 août a été saluée pour son « courage » et le précédent qu’elle établit pour l’Afrique, mais sa portée, estiment les analystes, dépendra beaucoup de l’attitude des dirigeants kényans et de la crédibilité du nouveau scrutin.

– Une décision « historique » –

La proclamation de la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta par la Commission électorale (IEBC) a été déclarée « invalide et nulle » vendredi par la Cour suprême, qui a évoqué des « irrégularités » dans la transmission des résultats après avoir été saisie par le candidat d’opposition Raila Odinga.

« C’est une décision historique, une première en Afrique », continent traversé de crises électorales plus ou moins violentes, estime Murithi Mutiga, du centre d’analyse International Crisis Group, rappelant que M. Odinga avait été débouté par cette même Cour suprême – alors composée d’autres juges – en 2013.

« Cela veut dire que le Kenya, une des sociétés les plus ouvertes d’Afrique, gagne en maturité démocratique. Cela veut aussi dire que, désormais, l’opposition peut se tourner vers la justice et partir du principe qu’elle sera équitable », ajoute-t-il.

Pour Nic Cheeseman, professeur de politique africaine à l’université de Birmingham, beaucoup d’observateurs s’attendaient à une décision « conservatrice » basée sur la décision de 2013, alors vilipendée pour son recours à une jurisprudence discutable et ses nombreuses arguties procédurales.

Pour Amnesty International, cette décision prise dans un pays où les accusations de fraudes électorales accompagnent chaque scrutin « démontre l’indépendance du système judiciaire kényan et montre l’exemple au reste du monde ».

Le jugement « renforce la constitution » progressiste adoptée en 2010, mais « va aussi soulever de nombreuses questions au sujet des observateurs électoraux étrangers, qui avaient massivement salué la bonne tenue du jour du scrutin », relève par ailleurs un diplomate africain, sous couvert de l’anonymat.

– Plongeon dans l’inconnu –

Quelles sont exactement les « irrégularités et illégalités » évoquées par la Cour suprême? Etaient-elles délibérées? Relèvent-elles de problèmes structurels au sein de l’IEBC? La Cour suprême ne s’est pour l’heure pas prononcée sur le sujet: elle n’a rendu vendredi qu’un très bref résumé de sa décision.

Le jugement complet, dont on ne sait même pas s’il abordera toutes ces questions, doit être publié d’ici 21 jours. « Les juges viennent de rendre une des décisions les plus importantes de l’histoire du Kenya, mais nous devrons attendre 21 jours pour connaître ses motivations », note M. Cheeseman.

Et le Kenya, face à une décision inédite, va dès lors avancer à l’aveugle au moins pendant cette période, regrettent les analystes, car les précisions de la Cour suprême influenceront inévitablement la préparation du scrutin ainsi que l’identité de ceux qui s’en chargeront.

« Une des raisons pour lesquelles l’élection du 8 août n’a pas été bien menée est que l’IEBC a eu peu de temps pour l’organiser », soutient M. Cheeseman, rappelant que les nouveaux commissaires de l’IEBC avaient été nommés sept mois avant le scrutin à la suite de manifestations de l’opposition. « Et maintenant, il y aura encore moins de temps ».

Quant au diplomate africain, il s’attend à ce que les candidats malheureux aux autres élections organisées le 8 août – gouverneurs, députés, sénateurs, etc – se tournent désormais en masse vers la justice, espérant eux aussi obtenir gain de cause.

– Ne pas tout gâcher –

« Beaucoup de gens vont être nerveux. Le Kenya sort d’une élection difficile et controversée, et cette décision plonge le pays dans une nouvelle campagne électorale qui va commencer presque immédiatement », souligne M. Cheeseman. « Mais le résultat de la prochaine élection pourrait également être controversé, et l’élection pourrait être aussi tendue que celle que nous venons de voir ».

A cet égard, « la réaction des leaders politiques sera cruciale dans les deux mois à venir », estime Murithi Mutiga. « Ils doivent montrer de la maturité, et s’assurer qu’ils ne gâchent pas ce que j’estime être une étape extrêmement importante pour la démocratie au Kenya ».

M. Muthiga soutient toutefois qu' »il va être difficile de montrer de la retenue dans cet environnement extrêmement polarisé », les profondes fractures ethniques, économiques et politiques traversant le Kenya ayant une nouvelle fois été exacerbées avant, pendant et après l’exercice démocratique.

L’ONG Amnesty International a elle appelé la police à la « retenue » face aux célébrations et protestations à la suite du jugement. Les forces de l’ordre avaient été critiquées pour la répression des manifestations ayant suivi la proclamation de la victoire de M. Kenyatta, faisant au moins 21 morts.

Romandie.com avec(©AFP / 01 septembre 2017 18h03)                

Kenya: une foule d’opposants en liesse célèbre « le visage de la justice »

septembre 1, 2017

Des sympathisants de Raila Odinga célèbrent la décision de la Cour Suprême d’annuler l’élection du 8 août à Nairobi au Kenya , le 1er septembre 2017 / © AFP / YASUYOSHI CHIBA

« Baba! Baba!: des Kényans scandent le surnom du chef de l’opposition kényane Raila Odinga, tout en dansant et brandissant des affiches électorales avec l’une des photos de leur candidat, quelques moments après la décision de la Cour Suprême d’annuler la présidentielle du 8 août.

Debout à l’arrière d’une moto, un homme portant un costume de gorille, mobilise la foule en klaxonnant dans le bidonville de Kibera à Nairobi, l’un des bastions de l’opposition acquise à Odinga.

Dansant et chantant, une nuée de sympathisants d’Odinga converge vers ce centre névralgique de l’opposition, où des violences meurtrières avaient éclaté après l’annonce de la victoire du président sortant Uhuru Kenyatta à l’élection du 8 août, que l’opposition estimait entachée de multiples irrégularités.

Vendredi, dans ce même bidonville de misère criante, des sympathisants d’Odinga brandissent des branches d’arbres et célèbrent la décision de la Cour Suprême, saisie par Odinga, et qui a ordonné en raisons d’irrégularités une nouvelle élection présidentielle dans un délai de 60 jours.

Mais dans ce paysage de pauvreté, l’homme du moment n’est pas tant Odinga que David Maraga, un homme qui affiche souvent une expression amusée, et qui est le juge président de la Cour Suprême kényane.

– ‘Le visage de la justice

« C’est un héros africain »!, lance Joseph Omullo, un jeune diplômé de 25 ans au chômage, écrasé par la foule et qui hurle pour se faire entendre. « Le chef de la justice est exemplaire! Tous ce que nous voulons c’est que le justice soit rendue ».

A proximité, une femme âgée esquisse des mouvements de danse, tout en tenant sur sa tête un journal vieux de cinq jours, avec une photo de Maraga en Une. « C’est la première fois que nous voyons le visage de la justice au Kenya » », crie un Kényan.

Esther Osimbo, âgée de 33 ans, mariée à un pêcheur, se fraye un chemin tant bien que mal vers le coeur de la foule : « C’est historique. Maraga est un grand, grand homme », dit-elle, notant avec une pointe de regret qu’il soit déjà marié.

C’est la première fois en Afrique que la Cour Suprême annule le résultat d’une élection présidentielle, selon l’opposition kényane. La décision, aussi dramatique qu’inattendue, a été rendue à la majorité, deux juges sur un total de sept – dont un absent pour cause de maladie – ayant exprimé des opinions différentes.

Au Kenya, cette décision a surpris de nombreuses personnes estimant que la justice est inféodée à la présidence.

« Dans le monde entier, tous les yeux étaient tournés vers cette Cour Suprême et le juge a pris la bonne décision », déclare Frederick Oyieng, un gardien de nuit âgé de 36 ans.

« C’était une surprise (…) il était temps que la justice soit rendue », lance Donna Abongo, âgée de 39 ans. « Félicitations aux juges! ».

Des scènes semblables étaient visibles dans d’autres quartiers à Nairobi tout comme à Kisumu, l’autre grand bastion de l’opposition dans l’ouest du pays, au bord du lac Victorioa, où des Kényans arpentaient les rues en brandissant des branches et en criant « Uhuru doit partir ».

« Ils ont volé les élections depuis si longtemps », déclare Lynette Akello, une vendeuse de poissons faisant allusion au fait qu’Odinga se soit déclaré convaincu que la victoire à la présidentielle lui a été volée par trois fois. « C’est la justice pour Baba! ».

Romandie.com avec(©AFP / 01 septembre 2017 16h41)

Coup de tonnerre au Kenya avec l’annulation de la présidentielle

septembre 1, 2017

Les juges de la Cour suprême du Kenya ordonnent la tenue d’un nouveau scrutin présidentiel, le 1er septembre 201 à Nairobi / © AFP / SIMON MAINA

La Cour suprême kényane a pris vendredi une décision à la portée historique en invalidant pour « irrégularités » le résultat de l’élection présidentielle du 8 août, qui avait donné le sortant Uhuru Kenyatta vainqueur, et en ordonnant qu’un nouveau scrutin soit organisé dans les deux mois.

« A la question de savoir si les illégalités et irrégularités ont affecté l’intégrité de l’élection, la Cour est d’avis que c’est le cas », a déclaré le président de la Cour, David Maraga.

L’élection présidentielle « n’a pas été conduite en accord avec la Constitution » et le résultat est donc « invalide et nul », a-t-il ajouté, en ordonnant à la Commission électorale (IEBC) d’organiser un nouveau scrutin dans un délai de 60 jours, conformément à la Constitution.

C’est la première fois en Afrique qu’un tribunal suprême annule le résultat d’une élection présidentielle, selon l’opposition kényane. La décision, aussi dramatique qu’inattendue, a été rendue à la majorité, deux juges sur un total de sept – dont un absent pour cause de maladie – ayant exprimé des opinions dissidentes.

Dès l’annonce de la décision, les cris de joie des partisans de l’opposition ont retenti aux alentours de la Cour suprême, dans le centre de la capitale Nairobi, où un important dispositif policier avait été déployé, ainsi qu’à Mathare, l’un des bidonvilles de Nairobi, acquis à l’opposition.

La coalition d’opposition Nasa a immédiatement salué une « décision historique ». Le candidat de l’opposition à la présidentielle Raila Odinga a aussitôt mis la pression sur la Commission électorale en affirmant n’avoir « aucune confiance » dans sa capacité à conduire une nouvelle élection.

Le président de la Cour suprême a directement mis en cause l’IEBC, en affirmant qu’elle avait « échoué, négligé ou refusé » de conduire les élections en accord avec la Constitution, évoquant des irrégularités dans la transmission des résultats.

– Crédibilité de la Cour –

M. Kenyatta, 55 ans, élu pour la première fois en 2013, avait été proclamé vainqueur par l’IEBC le 11 août, avec 54,27% des voix contre 44,74% à l’opposant historique M. Odinga, 72 ans, déjà battu en 1997, 2007 et 2013.

Dès le lendemain du scrutin, l’opposition avait dénoncé des fraudes et s’était résolue le 18 août à saisir la Cour suprême. Celle-ci jouait là une partie de sa crédibilité.

En 2013, déjà saisie par M. Odinga, elle avait été critiquée pour la manière dont elle l’avait débouté, en usant d’une jurisprudence discutable et en multipliant les arguties procédurales.

Ce précédent avait incité M. Odinga à rejeter l’idée d’un recours en justice dans un premier temps. Avant que les pressions de certains poids lourds de sa coalition et de la communauté internationale le poussent à s’y ranger.

L’annonce de la victoire de M. Kenyatta s’était accompagnée de manifestations et d’émeutes violemment réprimées par la police, dans lesquelles au moins 21 personnes, dont un bébé et une fillette de neuf ans, avaient été tuées.

Mais dans un pays toujours traumatisé par le souvenir des violences post-électorales de 2007-2008 (plus de 1.100 morts), ces incidents étaient restés circonscrits aux bastions de l’opposition, dans les bidonvilles de Nairobi et dans l’Ouest.

– Des ‘erreurs délibérées’ –

Devant la Cour suprême, les avocats de l’opposition avaient argué que le scrutin présidentiel avait été « si mal conduit et entaché de tellement d’irrégularités qu’il importe peu de savoir qui a gagné ou qui a été déclaré vainqueur ».

Ils avaient estimé que le processus de compilation et de vérification des résultats avait été marqué par des erreurs et incohérences « délibérées et calculées », destinées à gonfler le nombre de voix de M. Kenyatta et diminuer celui de M. Odinga.

Ils avaient notamment reproché à l’IEBC d’avoir trop tardé à publier de nombreux procès-verbaux de bureaux de vote et circonscriptions, les seuls à faire légalement foi. Ce laps de temps avait pu, selon eux, permettre leur falsification.

L’opposition avait obtenu d’accéder à certains documents originaux de l’IEBC, dont les procès-verbaux, ses serveurs informatiques et les données GPS des kits de reconnaissance biométrique des électeurs.

Cela avait permis à ses avocats de pointer du doigt des procès-verbaux non signés ou d’autres ne présentant pas les signes d’authentification prévus par l’IEBC, autant d’irrégularités portant selon eux sur plus de 5 millions de votes.

L’IEBC avait reconnu avoir décelé quelques « erreurs humaines commises par inadvertance ». Mais elle avait assuré les avoir corrigées et les considérait comme trop marginales pour avoir influé sur le résultat global. Elle avait appelé la Cour à ne pas remettre en cause la souveraineté du peuple.

Les avocats de M. Kenyatta avaient eux estimé que le large écart de voix entre le président et son rival (plus de 1,4 million de voix), et les gains significatifs obtenus par le parti au pouvoir Jubilee lors des élections des gouverneurs, sénateurs et députés, le même jour, ne laissaient planer aucun doute sur sa victoire.

Romandie.com avec(©AFP / 01 septembre 2017 13h44)