La conclusion du premier caucus des primaires ? On n’y voit toujours pas plus clair ! Ni les démocrates ni les républicains n’ont désigné de vrai favori, malgré un taux de participation record, et les candidats anti-système ont enregistré de très bons scores. Côté démocrate, Hillary Clinton revendique une courte victoire sur Bernie Sanders, le sénateur du Vermont. A tel point qu’il a fallu parfois les départager à pile ou face. Côté républicain, Ted Cruz s’est imposé avec près de 28 % des voix, suivi de Donald Trump à 24,3 %. Mais la grande surprise, c’est le très bon score de Marco Rubio Floride, le jeune sénateur de Floride, qui a recueilli près de 23 % des suffrages, alors qu’il était à 15 % dans les sondages. Ce qui fait du coup trois candidats dans un mouchoir de poche.
Comme souvent dans l’Iowa, c’est moins le résultat qui compte que la perception que le reste de l’Amérique a du premier test des élections. Et pour Hillary Clinton qui longtemps a dominé la course et était considérée comme la favorite, c’est un sérieux camouflet, quelle que soit l’issue du scrutin. Cela rappelle un douloureux souvenir. En 2008, elle était arrivée en troisième position, derrière Barack Obama et John Edwards, le premier signe que sa candidature avait du plomb dans l’aile. Quant à Barack Obama, sa victoire l’a propulsé dans les sondages nationaux et a donné un énorme élan à sa campagne. Pour Hillary Clinton, c’est d’autant plus embêtant que Bernie Sanders est donné comme vainqueur du prochain scrutin dans le New Hampshire. Pour le sénateur du Vermont, en revanche, qui se présente comme très à gauche et continue à susciter une énorme mobilisation parmi les jeunes notamment, le fait d’être « quasi à égalité » avec Hillary Clinton lui donne une crédibilité nationale et devrait doper sa campagne.
Merci, les évangéliques !
Chez les républicains, Ted Cruz, le sénateur de l’Iowa, doit une fière chandelle aux évangéliques, qui représentent une grosse part de l’électorat. Longtemps en tête des sondages, il était talonné par Donald Trump depuis le mois dernier. Mais, au final, c’est sa campagne qui a fait la différence. Il a mis le paquet sur une grosse organisation de terrain avec des milliers de bénévoles et a arpenté l’État, visitant les 99 comtés. Donald Trump, en revanche, a mené une campagne iconoclaste reposant davantage sur les grands meetings et les réseaux sociaux que sur l’organisation de terrain. Même s’il arrive en deuxième position, ce n’est pas vraiment une défaite pour le magnat new-yorkais, car il savait depuis le début qu’il serait dur de séduire les électeurs religieux.
Les bons scores de Cruz et de Trump, qui se présentent tous deux comme des outsiders rebelles, confirment l’humeur frondeuse de l’électeur républicain. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’establishment du parti, qui les déteste aussi bien l’un que l’autre et redoute de plus en plus l’idée que l’un des deux ne rafle l’investiture. Mais il peut se consoler par la bonne performance de Marco Rubio qui montre qu’une partie des électeurs souhaite un candidat moins extrémiste. Le sénateur de Floride était d’ailleurs radieux hier lors de son discours de remerciement. Dans les jours qui viennent, la pression sur les autres candidats de l’establishment – Jeb Bush qui a fait moins de 3 %, John Kasich, le gouverneur de l’Ohio, et Chris Christie, celui du New Jersey – va s’intensifier. Il est urgent en effet qu’ils se retirent de la course pour que le parti se coalise derrière Marco Rubio et mobilise tous ses efforts de façon à stopper Trump.
Une chose est sûre, la bataille des primaires est partie pour durer.
Lepoint.fr par la correspondante à Washington, Hélène Vissière