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Des centaines de migrants maliens et ivoiriens rapatriés de Tunisie

mars 5, 2023

Près de 300 ressortissants de Côte d’Ivoire et du Mali ont rejoint samedi leurs pays pour fuir des agressions et des manifestations d’hostilité après le discours du président Kaïs Saïed contre les immigrés subsahariens en situation irrégulière.

Le premier ministre ivoirien, Patrick Achi, accueille les ressortissants ivoiriens rapatriés de Tunisie à leur arrivée à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à Abidjan, le 4 mars 2023. © Sia Kambou / AFP

Ce samedi 4 mars, en fin de journée, 135 ressortissants maliens sont arrivés à Bamako, rapatriés par avion de Tunisie. Ils ont été accueillis par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Sadio Camara, et le ministre des Maliens établis à l’étranger, Alhamdou Ag Ilyene, qui a expliqué que le gouvernement malien avait affrété l’avion. Selon le ministre, 97 hommes, 25 femmes et 13 enfants étaient à bord de l’appareil.

À Abidjan, un vol de 145 passagers a également atterri en fin de journée. Ils ont été accueillis par le Premier ministre, Patrick Achi, et plusieurs ministres, puis ont été conduits dans un centre d’accueil où ils passeront trois jours pour une prise en charge médicale et psychologique, avant de retrouver leurs familles.

Le 21 février, le président Kaïs Saïed avait affirmé que la présence en Tunisie de « hordes » d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays. Ce discours, condamné par des ONG comme « raciste et haineux », a provoqué un tollé en Tunisie, où les personnes d’Afrique subsaharienne font état depuis d’une recrudescence des agressions les visant et se sont précipitées par dizaines à leurs ambassades pour être rapatriées.

« Les Tunisiens ne nous aiment pas »

Devant l’ambassade du Mali, surchargés de valises et de ballots, tous ont dit fuir un climat lourd de menaces. « Les Tunisiens ne nous aiment pas, donc on est obligé de partir mais les Tunisiens qui sont chez nous doivent partir aussi », disait Bagresou Sego, samedi, avant de grimper dans un bus affrété par l’ambassade pour l’aéroport.

Arrivé il y a 4 ans, Abdrahmen Dombia a interrompu ses études de master en pleine année universitaire : « La situation est critique ici, je rentre parce que je ne suis pas en sécurité. » Baril, un « migrant légal », s’est dit inquiet pour ceux qui restent : « On demande au président Kaïs Saïed avec beaucoup de respect de penser à nos frères et de bien les traiter. »

Selon le gouvernement ivoirien, 1 300 ressortissants ont été recensés en Tunisie pour un retour volontaire. Un chiffre significatif pour cette communauté qui, avec environ 7 000 personnes, est la plus importante d’Afrique subsaharienne en Tunisie, à la faveur d’une exemption de visa à l’arrivée.

Issus souvent de familles aisées, des dizaines d’étudiants d’Afrique subsaharienne étaient inscrits dans des universités ou centres de formation en Tunisie. Apeurés, beaucoup sont déjà repartis par leurs propres moyens, selon leurs représentants. L’Association des étudiants étrangers Aesat a documenté l’agression, le 26 février, de « quatre étudiantes ivoiriennes à la sortie de leur foyer universitaire » et d’«une étudiante gabonaise devant son domicile ». Dès le lendemain du discours de Kaïs Saïed, l’Aesat avait donné comme consigne aux étudiants subsahariens « de rester chez eux » et de ne plus « aller en cours ». Une directive prolongée au moins jusqu’au 6 mars.

Exonération des pénalités

Des Guinéens rentrés par le tout premier vol de rapatriement mercredi ont témoigné d’un « déferlement de haine » après le discours du président tunisien. Bon nombre des 21 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail et leur logement. Des dizaines ont été arrêtés lors de contrôles policiers, certains sont encore en détention. D’autres ont témoigné auprès d’ONG de l’existence de « milices » qui les pourchassent et les détroussent.

Cette situation a provoqué l’afflux de centaines de personnes à leurs ambassades pour être rapatriés. D’autres, encore plus vulnérables car issues de pays sans ambassade à Tunis, ont rejoint un campement improvisé devant le siège de l’Office international des migrations (OIM), où elles dorment dans des conditions insalubres.

La Tunisie a décidé samedi d’exonérer les ressortissants d’Afrique subsaharienne qui veulent retourner volontairement dans leur pays des pénalités imposées aux personnes en situation irrégulière (80 dinars, soit 25 euros par mois de séjour irrégulier) qui, pour certains, dépassaient les 1 000 euros.

Par Jeune Afrique avec AFP

Près de 300 Ivoiriens et Maliens seront rapatriés de Tunisie ce samedi

mars 3, 2023

Les rapatriements de migrants subsahariens se multiplient en Tunisie après que le récent discours du président Kaïs Saïed a déclenché une vague de xénophobie dans le pays.

Des migrants ivoiriens se pressent devant leur ambassade de Tunis en vue de leur prochain rapatriement. © Yassine Mahjoub / NurPhoto / NurPhoto via AFP

« Un départ sur Air Côte d’Ivoire est prévu samedi à 7h du matin (6h GMT) avec 145 passagers à bord », a déclaré l’ambassadeur ivoirien à Tunis, Ibrahim Sy Savané, interrogé depuis Abidjan. « Le nombre de candidats au retour atteint 1 100 à ce jour », a-t-il poursuivi.

L’ambassade du Mali à Tunis a quant à elle indiqué qu’un avion pouvant transporter 150 personnes avait été affrété sur ordre du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta. L’avion quittera Tunis à 8h samedi (7h GMT).

« Prison à ciel ouvert »

Il s’agit des premiers vols de rapatriement en Côte d’Ivoire et au Mali depuis le discours le 21 février du président tunisien Kais Saïed, qui avait annoncé des « mesures urgentes » contre l’immigration clandestine en provenance d’Afrique subsaharienne. Dans ce discours qualifié de « raciste » par des ONG, il avait affirmé que leur présence en Tunisie était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».

Selon Ange Séri Soka, responsable d’une association de ressortissants ivoiriens en Tunisie, rentré à Abidjan cette semaine, « la Tunisie est devenue une prison à ciel ouvert aujourd’hui », pour les migrants d’Afrique subsaharienne.

Abus de pouvoir et agressions physiques

« La question de la carte de séjour bloque tout », a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse à Abidjan, affirmant qu’il était quasiment impossible pour les travailleurs migrants d’obtenir ce sésame en Tunisie. « Sans carte de séjour, vous ne pouvez pas aller au poste de police si vous êtes agressé, vous travaillez au noir » et « cela encourage les abus de pouvoir », a-t-il dit.

Un grand nombre des 21 000 migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail (généralement informel) et leur logement. D’autres ont été arrêtés pour des contrôles policiers et certains ont témoigné d’agressions physiques.

Par Jeune Afrique avec AFP

Mali : Bamako gracie les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet

janvier 7, 2023

Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a gracié vendredi les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet et condamnés par la justice malienne, après des mois de tensions entre Bamako et Abidjan.

Des soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de mercenaires, puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et écroués. Trois d’entre eux, des femmes, avaient été libérées à la mi-septembre.

Le 30 décembre, la justice malienne avait condamné ces femmes à la peine de mort par contumace, et les 46 soldats toujours détenus à vingt ans de réclusion criminelle.

« Le colonel Assimi Goïta, président de la transition, chef de l’Etat, a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 Ivoiriens condamnés par la justice malienne », selon un communiqué diffusé vendredi soir par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

Le texte précise que ces soldats avaient été condamnés pour « crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d’avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n’aient été informées. Depuis juillet, la Côte d’Ivoire exigeait la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu’ils aient été des « mercenaires », affirmant qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma.

La junte malienne a érigé cette affaire en manifestation de la souveraineté dont elle dit avoir fait un principe cardinal vis-à-vis de la France, poussée vers la sortie, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et même de la mission de stabilisation de l’ONU (Minusma).

La grâce a été accordée une semaine après une visite à Bamako d’une délégation officielle ivoirienne, qui a rencontré les autorités maliennes dans une ambiance « fraternelle ». Le ministre ivoirien de la Défense avait alors assuré que l’affaire était « en voie de résolution ».

La grâce vient « conforter la dynamique créée » par l’accord signé ce jour-là par les deux pays pour promouvoir « la paix » et le « renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage » entre eux, souligne le communiqué malien.

Début décembre, les dirigeants des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient fixé un ultimatum à la junte malienne, exigeant qu’elle libère avant le 1er janvier les 46 soldats ivoiriens toujours détenus, sous peine de sanctions.

La junte malienne a laissé passer ce délai. Dans son discours de fin d’année, le chef de la junte malienne n’avait pas mentionné les soldats ivoiriens. Au même moment, le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait lui promis à ses concitoyens que les soldats incarcérés regagneraient « bientôt le sol ivoirien ».

Mercredi, le président en exercice de la Cédéao s’était montré conciliant, assurant qu’il n’y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l’immédiat malgré l’expiration de l’ultimatum, pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens.

Le président togolais, Faure Gnassingbé, était pendant ce temps en visite à Bamako, où « il a plaidé la grâce présidentielle », avait indiqué à l’AFP un responsable de la présidence malienne.

Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».

La présidence ivoirienne avait elle aussi reconnu en septembre « des manquements et des incompréhensions« , propos volontiers considérés du côté malien comme les excuses qu’il réclamait.

Mais les rapports s’étaient à nouveau tendus une semaine plus tard quand la junte avait ouvertement lié la libération des 46 soldats restants à l’extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d’Ivoire.

Adiac-Congo par Julia Ndeko avec AFP

Mali : libération de trois des 49 militaires ivoiriens arrêtés

septembre 4, 2022

Le président de la transition, Assimi Goïta, a accepté de libérer trois soldats féminins du groupe des 49 militaires ivoiriens accusés de mercenariat. Des médiations et discussions sont en cours pour la remise en liberté prochaine des autres détenus.

Robert Dussey et Assimi Goïta, à Bamako, le 6 septembre 2021. © Twitter Robert Dussey

« Je voudrais vous annoncer que le président de la transition […] du Mali, Assimi Goïta, a accepté […] de procéder à la libération de certains prisonniers », a déclaré samedi 3 septembre, lors d’une conférence de presse à Lomé, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey. Le président togolais, Faure Gnassingbé, « se réjouit que le président Assimi Goïta ait accepté de libérer, en guise de geste humanitaire, trois prisonniers sur les 49 », a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agissait de « soldats féminins ».

Il s’exprimait au côté de son homologue malien, Abdoulaye Diop, et du ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne, Fidèle Sarassoro. Les femmes libérées étaient également présentes, en uniforme.

Abandon des charges

Ces trois libérations avaient été annoncées un peu plus tôt dans la journée par un diplomate malien sous couvert de l’anonymat. Le procureur malien, Samba Sissoko, a précisé dans un communiqué que le magistrat en charge de l’affaire avait approuvé la libération des trois soldates et l’abandon des charges contre elles. « Les discussions sont en cours pour que, très rapidement, les autres soldats en détention puissent retrouver leur liberté totale », a poursuivi Robert Dussey.

Les 49 soldats avaient été inculpés mi-août par la justice malienne, notamment pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État », et formellement écroués. Plusieurs médiations, dont celle du président togolais et de leaders religieux maliens, sont en cours pour obtenir leur libération.

Le 10 juillet, 49 soldats ivoiriens en tenue militaire, mais non armés, avaient débarqué à Bamako d’un avion de la compagnie nationale Air Côte d’Ivoire, un autre appareil transportant leurs armes. Ils avaient été aussitôt interpellés et interrogés sur les raisons de leur présence au Mali, n’ayant « ni ordre de mission, ni autorisation » pour y être, selon les autorités maliennes.

Dès le lendemain, ils avaient été accusés d’être des « mercenaires » venus au Mali avec le « dessein funeste » de « briser la dynamique de la refondation et de la sécurisation du Mali, ainsi que du retour à l’ordre constitutionnel ». Mais Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.

« Aplanir les divergences existantes »

Lors de la conférence de presse du 3 septembre, le ministre directeur de cabinet à la présidence ivoirienne Fidèle Sarassoro est revenu sur ces interpellations. « La République de la Côte d’Ivoire déplore que des manquements et des incompréhensions aient été à l’origine de cet événement fortement regrettable », a-t-il souligné.

« La République de la Côte d’Ivoire, soucieuse de maintenir des relations de bon voisinage avec le Mali, s’engage à respecter les procédures des Nations unies ainsi que les nouvelles règles et dispositions maliennes édictées, relatives au déploiement des forces militaires au Mali », a-t-il ajouté.

LA CÔTE D’IVOIRE S’ENGAGE À POURSUIVRE LES ÉCHANGES SUR TOUS LES SUJETS D’INTÉRÊT COMMUN

Enfin, « afin d’aplanir les divergences existantes et de contribuer ainsi à la préservation de la paix et de la stabilité dans la sous-région, la République de Côte d’Ivoire s’engage à poursuivre, de manière transparente et constructive avec le Mali, les échanges et les discussions sur tous les sujets d’intérêt commun », selon lui.

Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».

« La Minusma note que les éléments ivoiriens ont été déployés à Sénou (Bamako) pour assurer la sécurité à la base des NSE allemands dans cette même localité, au lieu de Tombouctou (nord), où est basé le contingent ivoirien de la Minusma », est-il notamment expliqué.

Jusqu’à la libération des femmes soldates, cette affaire illustrait les tensions entre le Mali et la Côte d’Ivoire, accusée par Bamako d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens auteurs de deux coups d’État depuis 2020, sanctions finalement levées début juillet.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Ghana: paranoïa parmi les Ivoiriens réfugiés dans des camps

octobre 12, 2011

« Il y a des infiltrés partout! », s’écrie Charly: la paranoïa règne chez les Ivoiriens réfugiés dans des camps au Ghana, qui se recrutent essentiellement parmi les partisans du président déchu Laurent Gbagbo.

Gardé par une dizaine de policiers ghanéens, le camp d’Ampain est à une centaine de km de la frontière. Des tentes frappées du sigle du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) y sont dressées sur 10 hectares de terrain entourés de broussailles.

Avec quelque 8. 000 pensionnaires, il est le plus important des cinq sites abritant, selon le HCR, près de 20. 000 Ivoiriens accueillis au Ghana après la sanglante crise post-électorale qui a déchiré la Côte d’Ivoire jusqu’en avril-mai.

« Ici les réfugiés sont très méfiants et en ont gros sur le coeur », explique à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un responsable du HCR sur place. Est suspecte toute personne perçue comme proche du régime du nouveau président Alassane Ouattara, tombeur de Laurent Gbagbo. « Il suffit d’être un nouvel arrivant, tu es indexé comme un pro-Ouattara venu espionner », raconte-t-il.

« L’atmosphère est toujours tendue. Cela peut avoir des conséquences dramatiques quand tu n’es pas reconnu comme faisant partie du groupe », ajoute un autre responsable HCR. Militant pro-Gbagbo pur et dur à Abidjan et l’un des représentants des réfugiés, Charly acquiesce.

En septembre, deux personnes ont été tuées dans le camp de transit d’Elubo, à la frontière. Elles étaient soupçonnées d’être des « espions » pro-Ouattara. Des rumeurs d’attaque des Forces républicaines (FRCI), la nouvelle armée ivoirienne, entretiennent aussi la psychose. La simple vue de soldats passant la frontière – après avoir laissé leurs armes – pour quelques emplettes en terre ghanéenne alimente les craintes les plus folles.

Si, dans le camp d’Ampain, les Ivoiriens ont peur, c’est aussi que certains d’entre eux ont été impliqués dans les violences post-électorales.

« Certaines personnes sont ici pour avoir commis de mauvaises choses au pays », explique Marcel, un enseignant. « Ici on dit: +chacun a son délit+ ». Dans les allées, il n’est pas rare de reconnaître des « jeunes patriotes » pro-Gbagbo ou des membres de la naguère redoutable Fesci, syndicat étudiant aux airs de milice. Il y a encore quelques mois, ils faisaient la loi dans certains quartiers d’Abidjan, spécialement dans leur bastion de Yopougon.

Des jeunes gens au visage fermé regardent le visiteur d’un air inquisiteur. La presse, internationale qui plus est, n’est pas la bienvenue. Ces jeunes côtoient dans le camp policiers, militaires, médecins ou encore magistrats, dans des conditions précaires. On s’entasse à cinq sous une tente, l’air est saturé d’humidité et de moustiques.

« La journée est ennuyante et sans distraction », résume un réfugié.

On passe le temps en reconstituant la vie au pays. Sur un marché de fortune, on vend de l’attiéké (semoule de manioc) avec du poisson braisé. Les femmes se retrouvent dans un salon de coiffure improvisé. Non loin, c’est la sortie des classes pour les enfants.

Six mois après la fin de la crise, le nouveau pouvoir à Abidjan veut hâter le retour de ces Ivoiriens. Il a signé la semaine dernière avec le Ghana et le HCR un accord de rapatriement, lors de la visite de M. Ouattara à Accra.

Fonctionnaire se disant proche de l’ex-Première dame Simone Gbagbo, Jean-Paul, vêtu d’un T-shirt aux couleurs ivoiriennes orange-blanc-vert, est prêt à sauter le pas. « J’ai la nostalgie de mon pays », confie-t-il, souhaitant « aller occuper le terrain politique ».

Ancien de la Fesci au visage mangé par une épaisse barbe, Maxime rejette « toute option de retourner ».

Au pays « les FRCI sont partout », « à la recherche des pro-Gbagbo », croit-il savoir: « dans un tel climat, on ne peut pas rentrer pour se faire prendre comme des agoutis », ces rongeurs très appréciés dans les ragoûts ivoiriens.

Jeuneafrique.com avec AFP

Alassane Ouattara demande à Accra d’arrêter des Ivoiriens réfugiés au Ghana

octobre 7, 2011

ACCRA – Le président ivoirien Alassane Ouattara a demandé jeudi à Accra d`arrêter des Ivoiriens réfugiés au Ghana, terre d`exil de
nombreux proches du chef d`Etat déchu Laurent Gbagbo, dont certains coulent des jours paisibles malgré des mandats lancés par Abidjan.

Arrivé dans la capitale ghanéenne dans la matinée, M. Ouattara s`est entretenu avec son homologue John Atta Mills et a rencontré la communauté ivoirienne du Ghana avant de repartir en début de soirée, ont constaté des journalistes de l`AFP.

Selon une déclaration conjointe des deux présidents, M. Ouattara « a demandé au Ghana d`envisager la mise en oeuvre du mandat (prévoyant) le gel des comptes et l`application des mandats d`arrêt émis contre des personnes présumées coupables d`actes criminels commis durant la crise poste-électorale ivoirienne ».

Le Ghana a accepté d`étudier cette requête, ajoute le texte, et une réunion entre responsables de la sécurité des deux pays devrait bientôt se tenir à Abidjan.

Il s`agissait du premier voyage officiel de M. Ouattara chez son voisin de l`est, près de six mois après la fin de la crise née du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, qui a fait quelque 3.000 morts selon l`ONU.

Des milliers d`Ivoiriens se sont réfugiés au Ghana, parmi lesquels de nombreux partisans du président déchu Laurent Gbagbo.

Un accord tripartite prévoyant le rapatriement des exilés a été signé jeudi par le Ghana, la Côte d`Ivoire et le Haut commissariat de l`ONU pour les réfugiés, lors d`une cérémonie en présence de MM. Atta Mills et Ouattara.

S`adressant à quelque 1.500 compatriotes rassemblés dans un centre de conférence d`Accra, Alassane Ouattara a lancé un appel pour qu`ils « rentrent au pays » désormais « en paix ».

« Venez apporter votre contribution au développement de notre pays car c`est ce développement qui va accélérer la réconciliation et le pardon (…) N`ayez pas peur (…) la Côte d`Ivoire est maintenant un Etat de droit », a-t-il lancé.

« Ceux qui ont commis des crimes de quelque nature que ce soit, la justice ne sera pas abusive », a-t-il assuré.

Une délégation de personnalités pro-Gbagbo réfugiées au Ghana devait participer à la rencontre, mais elle est repartie peu après son arrivée au centre de conférence, semble-t-il après avoir constaté qu`elle n`aurait pas d`entretien particulier avec le président, contrairement à ce qu`elle prévoyait.

Alors que des dizaines de figures du régime déchu, dont Laurent Gbagbo lui-même, sont détenues en Côte d`Ivoire, des cadres politiques et d`anciens militaires de son bord se sont installés à Accra.

Une « Coordination du Front populaire ivoirien (FPI, parti de M. Gbagbo) en exil » a ainsi été montée, sous la direction d`Assoa Adou, un ancien ministre.

Le porte-parole de l`ex-chef d`Etat, Justin Koné Katinan, qui fut son ministre du Budget en pleine crise, signe ses communiqués virulents depuis la capitale ghanéenne.

Dans la matinée, M. Katinan avait estimé auprès de l`AFP que la rencontre avec M. Ouattara serait « une occasion pour exposer nos souffrances et ce que nous attendons des nouvelles autorités ivoiriennes ».

L`activisme à ciel ouvert du camp Gbagbo à Accra agace le nouveau régime ivoirien, avaient indiqué des sources concordantes avant la visite.

« Ce qui irrite le pouvoir, c`est surtout le fait que des pro-Gbagbo se baladent à Accra alors que des mandats d`arrêt ont été émis par la justice ivoirienne à l`encontre de certains d`entre eux », avait expliqué à l`AFP une source diplomatique occidentale.

« Ouattara vient mettre la pression sur Atta-Mills », avait-elle estimé avant la visite.

A Abidjan, on en veut particulièrement au toujours influent Jerry Rawlings, ex-président ghanéen et proche de Laurent Gbagbo, soupçonné de jouer un jeu ambigu depuis la crise et de protéger les pro-Gbagbo.

AFP

Rumeurs de destabilisation/Hamed Bakayoko aux Ivoiriens du Ghana: « Arrêtez de rêver à des coup d’État »

septembre 26, 2011

« Aucune magie ne peut faire revenir Gbagbo au pouvoir »
« Le Ghana nous a rassurés » « Ce que Gbagbo m`a dit le 11 avril »
«J`invite tout le monde à arrêter de rever à des coups d`Etats. Car cela ne marchera pas. La communauté internationale ne l`acceptera pas, car le monde a changé aujourd`hui.

La situation en Libye a démontré qu`aucun dirigeant ne peut gouverner contre son peuple. Le Ghana nous a rassurés que rien ne sera entrepris à partir de son territoire pour déranger la quiétude des Ivoiriens ». Ces propos ont été tenus le samedi 24 septembre 2011 au Moven Pick Hotel d`Accra par le ministre d`Etat, ministre de l`Intérieur. Au deuxième jour de sa visite de travail de 48 heures, Hamed Bakayoko a rencontré les Ivoiriens vivant au Ghana, dont de nombreux membres de la galaxie patriotique et des personnes qui y ont trouvé refuge, au plus fort de la crise post-électorale en Côte d`Ivoire. « En tant que fils et filles de la Côte d`Ivoire, nous devons nous parler.
Nous ne sommes pas des ennemis. La Côte d`Ivoire bouge et chacun y a sa place.

Le président Ouattara travaille pour tout le monde et rien ne saurait
aujourd`hui », a dit Hamed Bakayoko aux membres des quatre associations d`Ivoiriens venues échanger avec lui. A ceux qui continuent de croire à un retour de Laurent Gbagbo au pouvoir, il a demandé de cesser de rêver. « Aucune magie ne fera revenir Gbagbo au pouvoir », a-t-il déclaré. Le ministre, qui avait à ses côtés l`ambassadeur Bernard Ehui, était face au Comité national des réfugiés ivoiriens pour la réconciliation et le retour en Côte d`Ivoire d`Evariste Yaké, le Mouvement des femmes unies pour la réconciliation et le vivre ensemble en Côte d`Ivoire de N`Guessan Ruffine Joëlle, la Communauté des Ivoiriens vivant au Ghana de Brou Ahoua et le RHDP Ghana de Koffi Koua Ignace. Parlant au nom de toutes ces associations, Yaké Evariste de la galaxie patriotique a indiqué que le nombre
des candidats au retour est très élevé, mais que ce nombre a chuté depuis que le FPI et L`UDCY ont décidé de sortir de la CEI. L`ancien chargé d`étude au cabinet de l`ex- président ivoirien Laurent Gbagbo a fait savoir que les réfugiés qui craignent pour leur sécurité préfèrent pour l`instant se confier au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). C`est pourquoi il a souhaité
que les autorités ivoiriennes donnent des garanties sécuritaires pour leur retour.

Notamment une sécurité rapprochée pour des leaders qui souhaitent rentrer, la cessation des poursuites judiciaires et une allocation financière pour leur réinsertion. Dans sa réponse, Hamed Bakayoko a invité ses compatriotes à s`inscrire dans la dynamique d`un retour volontaire, dans un bel esprit et surtout sans condition préalable. « Ouattara n`a pas pris le pouvoir pour se venger », les-a-t-il rassurés.

La preuve, selon lui, c`est que le chef de l`Etat a tout fait pour épargner la vie de son prédécesseur. La-dessus, Hamed Bakayoko a fait des confidences sur ce que Laurent Gbagbo lui aurait confié le 11 avril, après son arrestation.

Le leader des Refondateurs s`est dit surpris d`être en vie, convaincu que des soldats extrémistes de son camp n`auraient pas fait de cadeau à Ouattara et ses collaborateurs s`ils avaient pu les prendre. « Ceux qui ont besoin de temps peuvent prendre leur temps pour revenir, mais je vous conseille de rentrer le plus tôt. L`Etat accompagnera tous ceux qui rentreront au pays », a-t-il promis. Sur un ton plus ferme, il a fait savoir que tous les intransigeants perdront leur temps. Relativement aux poursuites judiciaires, il a déclaré que la Justice fera son travail. Il a annoncé une visite du président Ouattara au Ghana le 6 octobre prochain. Notons qu`à la veille, le vendredi 23 septembre 2011, le ministre d`Etat, ministre de l`Intérieur a
été reçu par l`Amiral Smith, ministre ghanéen de la Défense, à son cabinet.

Au sortir de leur rencontre, l`Amiral Smith a confié que les autorités ghanéennes se tenaient aux côtés des nouvelles autorités ivoiriennes pour une meilleure coopération au niveau de la sécurité et des renseignements.

L’Inter par H. Oulaï

Présidentielles 2010/Pour son alliance à Gbagbo: Adama Dahico demande pardon aux Ivoiriens

août 9, 2011

L’humoriste Adama Dahico, candidat aux élections présidentielles s’est mis à genoux vendredi à Grand-Lahou, pour demander pardon pour les propos vexants et blessants qu’il a tenus lors de la campagne du deuxième tour.

Pour rappel, le comédien, arrivé 11ème sur les 14 candidats, a appelé au deuxième tour ses électeurs à voter pour le candidat Laurent Gbagbo. Toute chose qui n’a pas été du goût de beaucoup de militants Rhdp qui boudent désormais ses spectacles. Après la chute de son mentor, le comédien autrefois adulé par le public, fait désormais des spectacles dans des salles vides.

Prenant la situation au sérieux, Dahico a décidé de demander pardon aux Ivoiriens pour ses propos et le choix qui l’a mis en mauvaise posture. ‘’Pendant les élections, j’ai tenu des propos qui n’étaient pas bons. Des propos qui vous ont choqués et donc je me mets à genoux et je vous demande pardon’’, a soutenu Dahico.

L’humoriste-chanteur a présenté en exclusivité son dernier single dans lequel il demande pardon aux Ivoiriens et les invite à la réconciliation.

L’Expression par Sam-Wakouboué

Interview / Fadal Dey, artiste-chanteur : « De nombreux Ivoiriens emprisonnés à Bamako

juin 20, 2011

Revenu de Bamako où il a trouvé refuge depuis les violences postélectorales, l’artiste Fadal Dey dépeint la situation de vie des Ivoiriens réfugiés dans le pays de ATT et interpelle les autorités. Il passe en revue certains sujets de l’actualité ivoirienne et prend position.

Aujourd’hui, l’on voit Fadal Dey le crâne rasé, une coiffe inhabituelle chez l’artiste. Mais, culturellement en Afrique pour rendre hommage aux morts, l’on se l’impose. Est-ce un deuil que vous portez ?

Je pense que tous les Ivoiriens sont en deuil. Tout Ivoirien, même s’il n’a pas perdu un parent, doit se considérer en deuil. J’ai décidé de couper mes dreads (Ndlr ; longues tresses) pour respecter la mémoire de tous ceux qui sont tombés. Que ce soit du camp LMP ou celui du RHDP, chaque Ivoirien est un parent à moi.

Une caravane musicale sur la réconciliation nationale dont la date n’est pas encore fixée aura bientôt lieu. Mais déjà le mardi 21 juin, vous serez du concert de la paix donné par l’artiste Tiken Jah au Complexe d’Abobo. Il n’y a pas que ces actions pour réconcilier les Ivoiriens, comment comptez-vous, vous impliquer dans ce processus de réconciliation?

Dénommé concert Peace and love, le concert d’Abobo est d’abord à but humanitaire où des dons seront faits aux parents des victimes. C’est dans cette logique que j’ai donné mon accord de participation. La caravane à venir est un événement à saluer. Nous artistes, nos chansons vont au-delà des discours politiciens. C’est bien que cette caravane soit initiée par l’Etat de Côte d’Ivoire mais je souhaite qu’elle ne soit confiée à aucun artiste. Il y a de grandes structures de communication en Côte d’Ivoire que l’Etat de Côte d’Ivoire doit approcher pour mettre en avant les objectifs et buts à atteindre. Pas question de le confier à tel ou tel autre artiste. Concernant mon implication dans le processus de réconciliation, j’ai envie d’introduire un dossier auprès du Premier ministre – que bientôt je verrai – pour amener les Ivoiriens à se pardonner, à s’aimer davantage, à aller les uns vers les autres.

Cela à travers une caravane que j’appellerai ‘’Reconstruisons le pays’’ du titre de ma chanson. La reconstruction doit d’abord être morale.

C’est depuis Bamako que vous suiviez la fin du film de la crise postélectorale qui a été pour vous source d’inspiration. Car, lors d’une de vos séances de répétition (Ndlr, le 14 juin) à Marcory, dans un nouveau chant que vous avez composé, vous empruntez à Laurent Gbagbo la phrase ‘’Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer’’ ; mais en même temps, vous rendez responsable Yao Paul N’dré de la violence meurtrière. Quelle lecture en faites-vous?

Ce que je dis, je l’assume. Laurent Gbagbo l’a dit clairement : «Quand on t’envoie, il faut savoir t’envoyer». Laurent Gbagbo peut aujourd’hui se prévaloir de cette phrase pour s’innocenter dans beaucoup d’actes qu’il a posés. Yao Paul N’dré en sa qualité de magistrat et qui avait le dernier mot, devait savoir s’envoyer. C’est ce qui me fait mal ! Je pardonne certes, mais j’en veux à Yao N’dré. Car j’estime que le bordel dans lequel la Côte d’Ivoire a été plongé, lui est imputable à 80%. S’il avait dit le droit, nous n’en serions pas là. Cette chanson, je l’ai écrite afin qu’elle reste dans l’histoire. Pour que d’ici trente à quarante ans, les institutions de la République servent véritablement la République, de sorte qu’on puisse dire non au culte de la personnalité.

De cette lecture du droit par Yao Paul N’dré, il y a une nécessité pour chacun de faire son mea-culpa. Mea-culpa qui est le titre de votre dernier album – censuré sous le régime de Laurent Gbagbo – croyez-vous qu’il n’y a que LMP qui doit aujourd’hui faire son mea-culpa ?

J’estime que tout Ivoirien, y compris l’ancien régime, doit pouvoir faire son mea-culpa. Car tout le monde est fautif dans cette histoire. Chacun doit faire son mea-culpa et j’estime que Yao N’dré et l’ancien pouvoir n’ont pas encore fait les leurs. Il faut que l’ancien régime ait le courage de demander pardon. C’est dans cet esprit que je salue le Général Mangou dont le premier discours devant le Président Alassane Ouattara a été : «Nos premiers mots sont des mots de pardon». Je pense que le Général Mangou est un grand homme car tout le monde ne peut reconnaître ainsi ses erreurs. C’est un monsieur qui mérite d’être salué. Il n’est certes pas blanc comme neige, mais j’ai aimé cet acte posé par lui.

Comment décrivez-vous la situation de la communauté d’Ivoiriens réfugiés à Bamako, parmi laquelle les artistes faisaient bonne figure ?

Certains s’y sont retrouvés pour le business, d’autres parce qu’ils avaient des problèmes au pays. Chacun cherchait à survivre selon ses moyens. Par exemple, Marie Louise Asseu y a organisé un spectacle qu’elle a dénommé Soirée retro où un DJ venait jouer des anciens tubes. C’était salutaire ! Les artistes ne manquant pas d’idées, chacun créait pour vivre.

Zongo et Tao y ont entamé des tournées. Me concernant, j’ai donné deux concerts. Entre nous, il n’y avait ni animosité, ni esprit LMP-RHDP. Là-bas, j’ai compris que chacun avait l’amour du pays bien qu’il ait son bord politique.

Ceci est la face A – le côté positif des choses, mais il n’y avait pas que la joie dans les rues de Bamako !

Etant donné que nous n’avions pas d’activités, économiquement la vie était dure, surtout pour les nombreux Ivoiriens anonymes. Je voudrais profiter de vos colonnes pour attirer l’attention des autorités ivoiriennes. A Bamako, nombreux sont les Ivoiriens qui sont victimes de rafles de police. Dans les commissariats, à partir de 22 heures, c’est bourré d’Ivoiriens.

J’en ai fait sortir beaucoup. En plus d’avoir la carte nationale d’identité ivoirienne, on leur demande la carte consulaire. Dans le cas contraire, ils sont embarqués s’ils ne paient pas 5000 Fcfa. Pourtant, le consulat ne travaille pas. Je ne sais pas s’il est maintenant fonctionnel ! On parle de CEDEAO. Mais il faut que les autorités ivoiriennes attirent l’attention des autorités maliennes sur ce fait. C’est ce côté qui est dommageable aux Ivoiriens.

Personnellement, je n’ai rencontré aucun problème.

Pendant la crise postélectorale vous vous refusiez toutes critiques et analyses sur le sujet, pourquoi cette attitude pour un artiste qui fait du ‘’peace and love’’ son cheval de bataille ?

On a longtemps travaillé pour ne pas que, ce que nous avons vécu arrive. Dommage que cela soit arrivé et tous, nous étions en insécurité. J’étais en insécurité puisque je faisais l’objet de recherche. Je me suis mis à l’abri et j’ai décidé de me taire pour préserver des vies et Dieu merci j’y suis arrivé. Aujourd’hui, nous revenons pour continuer le combat de réconciliation et rappeler que nous avions prévenu, mais personne n’a prêté l’oreille. Nous avons œuvré pour la cohésion nationale à travers nos chansons.

‘’Reconstruisons le pays’’ est tiré de l’album Mea-culpa sorti en 2010. Nombreux sont les Ivoiriens qui croient aujourd’hui que le chant a été composé dans l’esprit de la réconciliation.

La censure de l’album n’a pu permettre une véritable exploration de l’œuvre ?

L’album est sorti depuis février 2010, mais censuré sous l’ancien pouvoir comme tu l’as dit. Pour beaucoup, c’est une nouvelle chanson. Avec le changement, la télé diffuse et c’est comme si elle avait été composée hier. Elle plaît aux Ivoiriens, je dis merci à Dieu !

Vous avez été victime récemment d’un accident de circulation sur l’axe Ouangolo-Bamako. Vous vous en êtes sorti indemne mais votre véhicule était irrécupérable. Dans quelles circonstances s’est produit l’accident ?

Un ami qui est à Ouangolo y a organisé un tournoi de football à l’honneur du Président de la République et le parrain était le petit du Président, que tous appellent Photocopie. Cet ami est allé me chercher à Bamako. A treize kilomètres de Ouangolo, un autre véhicule est venu me percuter par derrière et mon véhicule a freiné sa course contre un arbre. Je crois que c’est un élément de Fofié qui était à bord d’un pickup. Ma voiture est irrécupérable. Je profite pour dire à Fofié et au Premier ministre de se pencher sur mon cas. Je n’ai plus de voiture.

Des Ivoiriens ont souhaité la guerre, la Côte d’Ivoire a fait sa guerre et elle tourne cette page triste faite de nombreux morts. Que retenir de cette longue crise?

Il faut retenir que la paix est un trésor, de l’or. Comme le premier Président de la République, je dirai que la paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement. Aujourd’hui, chacun a compris qu’il faut mettre fin au terme d’Ivoirien du nord, de l’ouest, du sud. Les frontières ont été érigées avant que nous ne naissions. Il existe une seule et même Côte d’Ivoire. Aucun politicien ne doit venir avec un concept pour diviser les Ivoiriens. Nous devons les freiner en brandissant un carton rouge. Il faut changer de fusil d’épaule.

L’Intelligent d’Abidjan Koné Saydoo

Face aux fausses prophéties: Les évangéliques demandent pardon aux Ivoiriens

juin 14, 2011

• Le CECI veut s`impliquer dans la réconciliation nationale

Au moment où la Côte d`Ivoire amorce le virage de la réconciliation nationale, l`apôtre Janvier Kouko Bouabré, président national du bureau exécutif du Conseil évangélique de Côte d`Ivoire (CECI), veut prendre date avec l`histoire.

Lundi 13 juin dernier, au cours d`une conférence de presse au siège de ladite fédération à la Riviéra, l`homme de Dieu qui vient d`arriver d`un voyage des USA a reconnu la part de responsabilité des chrétiens évangéliques dans la crise ivoirienne en s`accommodant aux fausses prophéties sans aucun fondement biblique, avant de demander pardon à la nation. « Si les chrétiens avaient dit la vérité quand il fallait le dire, là où il fallait le dire, à qui il fallait le dire, on n`en serait pas là aujourd`hui.

Il y a trois forces politiques en Côte d`Ivoire, lorsque deux se mettent ensemble, automatiquement la troisième est mise en minorité. On n`a pas besoin de prophétie pour ça« , a culpabilisé le président du Conseil évangélique de Côte d`Ivoire, l`apôtre Janvier Bouabré, ajoutant que l`Église a failli. Et cela, à tous les niveaux : les bergers, les pasteurs, les prêtres… « Nous sommes coupables des meurtres, des tueries et autres exactions. Humblement devant Dieu, je me mets à genoux au nom de tout le corps du Christ pour demander pardon aux Ivoiriens. On a trahi pour satisfaire des besoins personnels ; n`eut été la main de Dieu, la Côte d`Ivoire aurait basculé dans le chaos« , a-t-il regretté.

Poursuivant, le président Bouabré a demandé à tous les chrétiens évangéliques de Côte d`Ivoire de se mettre à la disposition des nouvelles autorités ivoiriennes qui, de son aveu, sont le choix de Dieu. Cette conviction, il dit la tirer des Écritures à travers Romains 13, versets 1-2. « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car, il n`y a point d`autorité qui ne vienne de Dieu. Et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C`est pourquoi, celui qui s`oppose à l`autorité résiste à l`ordre que Dieu a établi et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes« , a-t-il rappelé.

Pour rester dans cette dynamique, le conférencier a soutenu que sa fédération envisage de rencontrer le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara, dans les prochains jours pour lui porter un message fort. Mais dans l`immédiat, l`église évangélique veut jouer pleinement son rôle dans le processus de réconciliation nationale.

Étant entendu que dans II Corinthiens 5, versets 18-19, selon l`apôtre Janvier Bouabré, la Bible indique clairement que les chrétiens ont reçu le ministère de la réconciliation. « C`est nous qui prêchons dans les mosquées, les temples, les églises…« , s`est-il convaincu. Mais pour écrire les nouvelles pages de la Côte d`Ivoire réconciliée avec les évangéliques ivoiriens, l`homme de Dieu plaide pour une église désormais débarrassée de toute souillure, de toute cupidité, de toute pratique occulte pour aller à une église de sainteté et de sanctification. « Que les autorités nous aident à mettre de l`ordre dans les églises.

Désormais, n`importe qui ne pourra parler en notre nom dans les médias. Il faut que les églises soient réglementées et que les brebis galeuses soient extirpées de nos rangs« , a-t-il dit. A noter que le Conseil évangélique de Côte d`Ivoire revendique plus de 4.000 églises en Côte d`Ivoire et est représenté en France, en Suisse, aux USA, en Afrique du Sud, en Italie, au Togo, au Burkina Faso etc.

L’Inter G. DE GNAMIEN