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Jacques Delors veut que l’on puisse sortir un pays de la zone euro

octobre 18, 2011

PARIS (Reuters) – Jacques Delors, le père de l’euro, propose une réforme des traités européens pour permettre à certains pays d’en sortir, ce qui est actuellement impossible.

Dans une interview publiée mardi par Le Monde, l’ancien président de la Commission européenne estime que l’euro est « au bord du gouffre » en raison du caractère tardif de la réaction des dirigeants européens, mais aussi du vice de construction du système de gestion de la monnaie unique.

« En 1997, après avoir quitté la Commission, j’avais proposé (…) de créer à côté du pôle monétaire (la Banque centrale indépendante et un pacte de stabilité), un pôle économique avec un pacte de coordination des politiques économiques », souligne-t-il.

« Si un tel équilibre avait été réalisé, le Conseil de l’euro se serait interrogé en temps utile sur la situation de la Grèce, sur la dette privée qui augmentait de façon inquiétante en Espagne, en Irlande et en Italie. Il aurait pu réagir », a-t-il ajouté.

C’est pourquoi Jacques Delors se félicite de l’intention de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel de modifier les traités européens pour créer un véritable gouvernement économique de la zone euro, mais y ajoute une disposition non prévue.

« Dans ce nouveau traité, on devrait prévoir la possibilité de sortir un pays de la zone euro avec une majorité surqualifiée de 75% », dit-il. « Avoir une monnaie commune implique en effet des devoirs plus exigeants. »

Il estime toutefois qu’il sera très difficile à la Grèce de redresser sa situation: étant confronté à une grave récession, le pays n’est pas en mesure de résorber son déficit et l’on assiste selon lui au retour des anciennes pratiques du Fonds monétaire international: « Apprendre aux pays en difficulté à mourir guéri. »

Jacques Delors juge en outre que la recapitalisation des banques prônée par le tandem franco-allemand est un « coup de poker » dont il souhaite qu’il réussisse.

Reuters par Yves Clarisse

Delors : «L’euro est au bord du gouffre»

août 19, 2011

Le père de l’Europe moderne, Jacques Delors, regrette que la chancelière allemande «n’ait fait aucune concession sur le fond» lors de sa rencontre, mardi, avec Nicolas Sarkozy. Comme le financier américain George Soros, il appelle à la création d’euro-obligations.

Un des père de la monnaie unique, Jacques Delors, ainsi qu’un des plus mythiques financiers de Wall Street, George Soros, font le même constat. «L’euro comme l’Europe est au bord du gouffre», s’inquiète le premier. «L’Europe est en danger», prévient le second. Les deux hommes proposent la même solution: mutualiser partiellement les dettes européennes en créant des obligations européennes (euro-obligations) afin de renforcer la zone euro et déjouer les attaques des marchés.

«Pour ne pas tomber, le choix me paraît simple: soit les Etats membres acceptent la coopération économique renforcée, que j’ai toujours réclamée, soit ils transfèrent des pouvoirs supplémentaires à l’Union. La seconde option étant refusée par une majorité des Vingt-sept, reste la première», avance Jacques Delors dans un entretien accordé aux quotidiens suisse Le Temps et belge Le Soir. Il regrette ainsi que les dirigeants français et allemand n’aient apporté, mardi à l’Élysée, que «des réponses floues et insuffisantes aux questions posées par la crise» et que Angela Merkel «n’ait fait aucune concession sur le fond».

Les banques «trop fragiles»

George Soros, pour sa part, préfère voir le verre à moitié plein: «Nicolas Sarkozy a eu raison de dire que les euro-obligations doivent être envisagées à la fin du processus» de construction de la zone euro, explique-t-il dans une interview au Monde. Mais il s’inquiète de l’état du système bancaire européen. «Les établissements sont trop fragiles», estime-t-il, ils sont «sous capitalisés et détiennent beaucoup de dettes européennes» qui ne sont plus sans risques.

Pour ne rien arranger, les marchés peuvent gagner face à la zone euro, selon Soros car cette dernière n’est pas dotée «d’autorité budgétaire et fiscale». A long terme, il faut la mise en place d’euro-obligations. Pour Jacques Delors, il faut en effet mutualiser «partiellement les dettes des Etats jusqu’à hauteur de 60% de leur produit intérieur brut, le seuil conforme au Traité de Maastricht». Pour George Soros, c’est une solution «à long terme». En attendant, dit-il, il faut que la Banque centrale européenne puisse financer la dette des États de la zone euro. Pour l’instant, elle n’a le droit que de racheter des obligations souveraines aux investisseurs qui veulent s’en débarrasser, pas directement aux États.

Sortir de la zone euro

Le financier va même plus loin, estimant que la Grèce et le Portugal pourraient sortir de l’euro de façon organisée, sans faire couler la monnaie unique. Il appelle également à augmenter les aides sociales dans les pays, comme l’Espagne, où le chômage atteint les 20% de la population active. Pour cela, «il faut établir des règles qui autorisent les pays dont le chômage est élevé à rester déficitaire», défend-t-il, tout en regrettant que l’Allemagne s’oppose à ce type de solution. Berlin ne veut qu’une chose : que ses partenaires européens réduisent leur déficit. À tout prix.

Delors et Soros dénoncent d’une même voix cette position intransigeante. «Il nous faut impérativement, pour éviter le gouffre, garder une vision géopolitique à l’horizon 2050, proposer un projet mobilisateur», défend Jacques Delors. Car, «si l’euro s’effondrait, continue George Soros, cela se traduirait par une crise bancaire hors de contrôle. Le monde plongerait alors dans une profonde récession.»

Lefigaro.fr par Guillaume Guichard