Posts Tagged ‘Janine Mabunda’

RDC-Kinshasa/Pétitions contre Mabunda : accrochages autour du Palais du peuple

décembre 7, 2020

Beaucoup de Kinois étaient quelque peu perplexes après le message du chef de l’Etat de dimanche 6 décembre. L’annonce de la nomination d’un informateur chargé d’identifier une nouvelle majorité avec, en sus, la fin de la coalition FCC-Cach, aura jeté un coup de froid dans le dos de certains kinois qui s’interrogeaient déjà sur les lendemains.

Indirectement, Félix Tshisekedi venait là d‘engager une épreuve de force avec ses anciens partenaires du Front commun pour le Congo qui, visiblement, ont du mal à digérer ses décisions d’après consultations des forces vives de la nation. Déjà, le dimanche soir, les rues étaient quasi désertes dans certains coins du Kinshasa pendant que, dans d’autres, la liesse populaire était au rendez-vous.   

Le deuxième acte de ce nouveau feuilleton s’est joué, le 7 décembre, au Palais du peuple où des députés nationaux étaient attendus pour une plénière convoquée la veille par le bureau de la chambre basse que dirige la très controversée Jeanine Mabunda. Cette plénière, à en croire le communiqué la convoquant, devrait examiner et adopter le rapport de la Commission suivi et évaluation de l’Assemblée nationale sur les auditions des directeurs généraux de la Société nationale d’électricité (Snél) et la Régie de distribution d’Eau (Régideso). Auditionnés au mois de juin dernier par la Commission suivi et évaluation sur les pénuries d’eau et d’électricité en RDC, particulièrement à Kinshasa, les deux mandataires étaient attendus à l’hémicycle pour apporter des éléments de réponses supplémentaires en rapport avec les préoccupations soulevées par les élus du peuple.

Cependant, cette plénière a donné lieu à une rixe entre les militants du PPRD, parti phare du FCC, et ceux de l’UDPS, parti présidentiel. Ces derniers composés en grande partie des motocyclistes pro Fatshi, les fameux « Wewa », ont pris d’assaut le site du Palais du peuple en barricadant presque toutes les entrées. Pour ces manifestants, aucune activité parlementaire ne devrait se tenir à l’hémicycle étant entendu que la coalition FCC-Cach a cessé d’exister. Bien plus, ont-ils allégué, le fait pour l’actuel bureau de l’Assemblée nationale d’être sous le coup des pétitions initiées par plus de deux cents députés le met en porte-à-faux vis-à-vis de ses prérogatives.

Ces inconditionnels de Félix Tshisekedi entendaient ainsi tourner la page de l’actuel bureau de l’Assemblée nationale qui, d’après eux, n’avait pas qualité de statuer sur lesdites motions les concernant. Ils se sont butés aux militants du PPRD qui, eux aussi, avaient des arguments pour soutenir le bureau dirigé par une des leurs, Jeanine Mabunda. Pour eux, la présidente de l’Assemblée est habilitée à convoquer et à présider les plénières au regard des textes sus évoqués et de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle, faisant fi des fameuses pétitions non conformes à la procédure.   

Les deux camps se lançaient des invectives, prêts à en découdre, n’eût été le déploiement des policiers qui les ont vite dispersés à coups de gaz lacrymogène. Une forte présence policière était observée au croisement de l’avenue des Huileries et le boulevard Triomphal et même aux abords du site. Les militants de deux camps ont ainsi été repoussés à des distances réglementaires, tenus en respect par les forces de l’ordre. Autant dire que les prochains jours s’annoncent houleux et riches en rebondissements.    

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

RDC/Assemblée nationale : Jeanine Mabunda conserve son marteau

novembre 23, 2020

Le Conseil d’État, statuant dans l’affaire opposant le bureau de l’Assemblée nationale au député national Albert Fabrice Puela, vient de déclarer irrecevable la requête de cet élu.

La présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda

Le député national Albert Fabrice Puela vient d’être débouté par le Conseil d’Etat, au cours de son audience du 23 novembre. Sa requête sollicitant la démission du bureau de l’Assemblée nationale a été déclarée irrecevable par cette juridiction. À l’en croire, il n’y a pas une décision administrative à attaquer en justice. Le Conseil d’État a, par ailleurs, indiqué que la lettre du 10 juillet 2020 émise par le bureau de la chambre basse du Parlement n’était qu’une opinion.

Il est, en effet, rappelé que le député Albert Fabrice Puela a introduit une requête au Conseil d’Etat par laquelle il voulait obtenir la démission du bureau de l’Assemblée nationale que dirige Jeanine Mabunda dont il a reproché de n’avoir pas présenté son rapport de gestion à la plénière pendant la session de mars. Pour lui, cela viole l’article 139 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

Il est relevé que, déjà, des observateurs avaient estimé la démarche du député Fabrice Puela « téméraire et vexatoire ». Avant même que le Conseil d’Etat ne se prononce, le Pr Auguste Mampuya avait noté qu’aucune juridiction, y compris le Conseil d’État, n’était compétente pour connaître les violations du règlement intérieur de la chambre basse du Parlement. Pour lui, ce sont des actes d’Assemblée nationale qui établissent la barrière entre les pouvoirs judiciaire et législatif. « Seule la plénière est compétente pour juger de la violation du règlement intérieur par le bureau de l’Assemblée nationale », avait-il souligné.

Dans les réactions d’après cette sentence, un autre juriste, Me Papy Niango, pense que son collègue Albert Fabrice Puela  « a imprimé une très mauvaise image » de cette chambre du Parlement congolais.  Il n’a jamais compris, a-t-il dit, qu’un contentieux entre un député et ses collègues exerçant des fonctions au bureau se règle au Palais du peuple. Pour ce député membre du Front commun pour le Congo (FCC), Albert Fabrice Puela « a traîné l’Assemblée nationale et son bureau dans un procès sans tête ni queue sachant qu’il n’avait pas en main une décision du bureau qui lui causait grief ». De l’avis de ceux qui partagent cette opinion, l’acte d’Albert Fabrice Puela avait tendance à inféoder le pouvoir législatif au pouvoir judiciaire. Heureusement, a souligné un autre membre du FCC, que le Conseil d’Etat  a  évité de tomber dans ce piège, en déclarant tout simplement irrecevable cette requête. Cette audience qui n’a duré que quelques minutes a donc redonné l’espoir au bureau Mabunda.

Il est, en effet, noté que cette situation créée par la requête du député Puela avait préoccupé le bureau de la chambre basse du Parlement dont l’administration avait déjà été paralysée par la crainte de recevoir un courrier venant du Conseil d’État. On indique que le service courrier du bureau Mabunda ne fonctionnait plus depuis quelques jours sur instructions de la présidente de l’Assemblée nationale. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, le député Puela dit prendre acte de la décision rendue par le juge du Conseil d’Etat. Il rappelle, néanmoins, que le bureau Mabunda reste réputé démissionnaire. « Je suis serein, je prends acte de la décision de la justice. Mais je reste convaincu que le bureau Mabunda est toujours réputé démissionnaire. Ce qui est vrai, nous allons continuer avec notre démarche », a-t-il promis. Il dit également espérer que le bureau de l’Assemblée nationale ne va plus se permettre n’importe quoi et va demeurer dans le respect du règlement intérieur. Avec cette décision du Conseil d’Etat, pense-t-on, le ouf de soulagement va pouvoir se faire entendre même en dehors de l’enclos du Palais du peuple.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza