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Affaire Jean Bigirimana au Burundi : le corps d’un homme retrouvé près de Bugarama

août 8, 2016

Le journaliste burundais Jean Bigirimana venait de faire une formation au Rwanda quand il a subitement disparu, le 22 juillet, à Bugarama. © Iwacu

Un corps a été retrouvé dans une rivière près de Bugarama où Jean Bigirimana a été enlevé le 22 juillet dernier. Une découverte réalisée par une équipe de reporters d’Iwacu, journal pour lequel le journaliste travaillait.

La macabre découverte a eu lieu dimanche 7 août. Selon une enquête menée par le journal Iwacu pour lequel Jean Bigirimana travaillait, le corps d’un homme a été retrouvé dans la rivière Mubarazi, au fond d’une vallée située près de Bugarama, la ville où le journaliste a été enlevé dans un véhicule du Service national des renseignements, le 22 juillet, d’après des témoins.

« Le corps est retenu par des pierres tout près d’une chute appelée Bihongo. On ne peut l’apercevoir que du côté de Nyabisiga, en zone Bugarama », précise un l’article de Iwacu, qui retrace dans les moindres détails l’enquête des reporters du journal. Ceux-ci ont eu un weekend périlleux. Vendredi, ils rentrent bredouille après avoir passé une journée à Bugarama, escaladant colline après colline à la recherche de leur confrère disparu. Samedi, visiblement alertés par les investigations des journalistes, la police, le Service national des renseignements, et même la Commission nationale indépendante des droits de l’homme se joignent à eux. La journée s’achève sans aucun résultat.

« La vérité finira par être connue »

Dimanche, les journalistes décident finalement de revenir seuls sur les lieux. C’est là qu’ils réussissent à avoir des éléments qui pourraient aider à comprendre la disparition de Jean Bigirimana. Que vont faire les autorités de cette enquête ? « Rien », répond Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police. Pour lui, « Iwacu ne veut pas coopérer. Nous avons demandé aux journalistes de ne pas publier leurs résultats et de les donner à la police mais ils ne l’ont jamais fait. Leurs publications ne font qu’embrouiller le travail de notre enquêteur ».

Des propos qu’Antoine Kaburahe, directeur du groupe de presse Iwacu, qualifie de choquants. « Nous ne comprenons pas l’attitude de la police. Depuis deux semaines, elle ne fait rien mais n’arrête pas de fustiger les moindres initiatives du journal. C’est comme si nos investigations gênaient. De toute manière, la vérité finira par être connue ».

Jeunafrique.com par Armel Gilbert Bukeyeneza à Bujumbura

Burundi : qu’est devenu le journaliste Jean Bigirimana ?

juillet 27, 2016

Des militants de l’ONG Amnesty International réunis face à l’ambassade du Burundi à Bruxelles pour protester contre les atteintes à la liberté de la presse.

Des militants de l’ONG Amnesty International réunis face à l’ambassade du Burundi à Bruxelles pour protester contre les atteintes à la liberté de la presse. Crédits : REUTERS
Au 5e jour de la disparition inexpliquée du journaliste, Antoine Kaburahe, directeur du Groupe de Presse indépendant, Iwacu, lance un appel aux autorités.

Depuis vendredi après-midi, nous n’avons aucune trace de notre collègue Jean Bigirimana. Alors que durant le week-end les rumeurs les plus inquiétantes circulaient (enlèvement et assassinat, etc.), malgré notre inquiétude, Iwacu [groupe de presse burundais indépendant, partenaire du Monde Afrique] a opté pour le respect des procédures et s’est gardé de toute accusation ou commentaire négatifs envers les autorités.

Lire aussi : Antoine Kaburahe : « Iwacu, notre journal, est toujours là ! »

Ainsi, nous avons saisi officiellement le Conseil National de la Communication qui a également en charge la protection des journalistes.

Au cinquième jour de la disparition de notre confrère, nous lançons un appel pressant au gouvernement de tout faire pour que Jean Bigirimana recouvre sa liberté.

Bien entendu, nous ne sommes pas en train de dire que le journaliste ne doit pas faire face à la Justice. Jean est un citoyen burundais avant d’être journaliste. Mais nous demandons que l’arrestation respecte les règles du droit, qu’un mandat d’arrêt lui soit signifié et qu’il comparaisse.

Ce que nous demandons relève du droit, mais aussi de l’humanité. Jean Bigirimana n’est pas un criminel. Au chômage depuis quelques mois, cet ancien journaliste de la Radio Rema venait d’être recruté par Iwacu. Licencié en droit, garçon discret, travailleur, Jean est un père de famille.

Que ceux qui le détiennent, sûrement eux aussi époux et pères, pensent à ses deux petits garçons, Don Douglas (8 ans), John Kiny (3 ans) et sa jeune épouse, Godeberthe (28 ans).Cette famille vit dans l’angoisse depuis 5 jours.

Au nom de tout le Groupe de Presse Iwacu, au nom de sa famille, nous demandons que la vie de Jean Bigirimana soit préservée et qu’il puisse recouvrer sa liberté.

 

Lemonde.fr par Antoine Kaburahe