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Canada-Québec: Il serait « suicidaire » d’accueillir plus de 50 000 immigrants par an, selon Legault

septembre 28, 2022

Le chef de la CAQ a toutefois jugé que le ministre sortant de l’Immigration, Jean Boulet, ne pourrait réintégrer son poste après avoir tenu des propos controversés sur les nouveaux arrivants.

François Legault livrant un discours.

François Legault a pris la parole mercredi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Photo : Radio-Canada/Mathieu Potvin

Afin de contrer la tendance du déclin du français dans la province, François Legault estime qu’il faut s’en tenir au seuil d’immigration proposé par son parti, à savoir 50 000 immigrants par an dès 2023. Il serait « un peu suicidaire » d’accepter davantage de nouveaux arrivants, selon le chef caquiste.

Le premier ministre sortant, sous qui le Québec a accueilli plus d’immigrants que jamais, a déclaré mercredi matin devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) que son parti serait plus exigeant en matière de connaissance du français chez les immigrants. On va essayer d’envoyer un plus grand pourcentage [d’immigrants] dans les régions francophones, a-t-il assuré.

« Mais tant qu’on n’aura pas stoppé le déclin du français, je pense que pour la nation québécoise qui veut protéger la langue, ce serait un peu suicidaire d’aller augmenter [le seuil]. »— Une citation de  François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Questionné en mêlée de presse, le chef caquiste ne s’est pas rétracté, estimant que les Québécois attendent du gouvernement des gestes concrets pour arrêter la tendance du déclin de la langue.

Au terme de sa discussion avec M. Legault, le président de la CCMM, Michel Leblanc, s’est dit en désaccord avec la position du premier ministre sortant. Dans notre esprit, ce n’est pas du tout suicidaire, a-t-il déclaré aux journalistes.

Boulet disqualifié pour le poste de ministre de l’Immigration

À cette déclaration du chef caquiste s’ajoute celle controversée de son ministre sortant de l’Immigration et du Travail, Jean Boulet, qui a refait surface après avoir été prononcée la semaine dernière lors d’un débat entre les candidats de la circonscription de Trois-Rivières.

M. Boulet y a déclaré que 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.

Mercredi, le candidat caquiste dans Trois-Rivières s’est dit désolé d’avoir mal exprimé [sa] pensée, jugeant que sa déclaration aurait dû être comprise en deux temps. D’une part, 80 % des immigrants s’en vont à Montréal. D’autre part, [il y en a qui ne] travaillent pas, [ne] parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise.

François Legault a pour sa part « regretté » les propos « inacceptables » de M. Boulet, assurant qu’ils ne reflétaient pas le fond de sa pensée.

Le député sortant peut toutefois faire une croix sur le ministère de l’Immigration. En entrevue à Midi info, François Legault a estimé qu’il s’agissait d’une question de perception, d’image, de confianceMalheureusement, je ne pense pas qu’il peut aspirer à retrouver son poste après cette déclaration, a-t-il expliqué.

Des propos irresponsables condamnés par les chefs

Le suicide, c’est se donner la mort. François Legault croit qu’accueillir plus d’immigrants, c’est la mort de la nation québécoise, a réagi le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, dont le parti propose d’augmenter les seuils de 60 000 à 80 000 personnes par an.

Si la CAQ souhaitait vraiment encourager la francisation au Québec, a-t-il plaidé, elle aurait ajouté des sommes à cet égard dans son cadre financier. Les propos tenus par son chef sont « blessants, grossiers et irresponsables ».

Même son de cloche du côté du Parti québécois, où le chef Paul St-Pierre Plamondon a dit qu’il était de plus en plus difficile de croire que les déclarations de la CAQ soient chaque fois […] des accidents.

Les caquistes cherchent, selon lui, à « mettre sous le tapis » le fait qu’accueillir 50 000 immigrants par année était propice au déclin du français. C’est une façon d’essayer de faire oublier la pauvreté de leur programme, la pauvreté de leur bilan et ce qu’ils ont à proposer en matière de langue française. Je trouve ça très irresponsable, a-t-il lancé.

Sa formation, qui fait de la défense du français son cheval de bataille, entend pour sa part abaisser les seuils d’immigration à 35 000 par année.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a pour sa part rappelé que M. Legault n’en était pas à son premier faux pas en la matière : au cours de la campagne, il avait dû s’excuser pour des propos qui établissaient un lien entre l’immigration et la violence.

Sous son gouvernement, le Québec a accueilli 70 000 immigrants en un an, a-t-il poursuivi. Était-ce un suicide pour la CAQ? Je ne pense pas. J’ignorais qu’il jugerait son propre mandat si sévèrement, a déclaré M. Duhaime, qui s’oppose à une augmentation des seuils.

Se disant « en désaccord profond » avec la vision caquiste, la cheffe du Parti libéral du Québec Dominique Anglade, qui plaide pour une augmentation des seuils à 70 000 personnes par an, a jugé que François Legault avait fait preuve d’un « manque flagrant d’empathie ».

Alors que l’histoire tragique de la jeune Amélie Champagne, qui s’est enlevé la vie après avoir été hospitalisée, a défrayé les manchettes cette semaine, le mot est « particulièrement mal choisi », a-t-elle accusé.

Radio-Canada par Valérie Boisclair avec la collaboration de Jérôme Labbé

Canada-Rejet des étudiants francophones : le ministre du Travail du Québec interpellé

mars 31, 2022

Le ministre québécois du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet. Photo : Radio-Canada/Sylvain Roy Roussel

Le Parti québécois et des acteurs de la société civile pressent le gouvernement Legault de rapatrier le plus rapidement possible l’ensemble des pouvoirs en immigration, au risque de contribuer davantage au déclin de la langue française en Amérique.

Dans une lettre adressée au ministre du Travail, Jean Boulet, ils dénoncent la discrimination dont sont victimes les étudiants étrangers qui veulent fréquenter un établissement francophone au Canada.

Cette initiative donne notamment suite aux révélations de Radio-Canada selon lesquelles les taux de rejet des candidatures étudiantes francophones ont grimpé en 2020 à plus de 80 % dans certains pays, comme le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Bénin, l’Algérie, la République démocratique du Congo et le Togo. Immigration Canada s’est même dit conscient d’un risque de discrimination lié à l’utilisation d’un système d’intelligence artificielle visant à faciliter le processus de sélection.

Immigration Canada utilise un système informatique jugé opaque pour analyser des demandes de permis d’études. Or, celles-ci sont majoritairement refusées lorsqu’elles proviennent d’étudiants francophones africains. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Institutions francophones désavantagées

Dans la lettre, dont Radio-Canada a obtenu copie, le député Pascal Bérubé, le sociologue Guy Rocher et sept autres signataires s’inquiètent de l’incidence de la politique fédérale sur les établissements d’enseignement québécois.

La vitalité de nos réseaux universitaire et collégial, dans toutes les régions du Québec, repose en partie sur l’apport d’étudiants étrangers – on compte sur eux pour maintenir certains programmes et bénéficier d’un financement adéquat, notamment, écrivent-ils.

Ils dénoncent aussi l’hypocrisie d’Ottawa dans ce dossier en invoquant la possibilité que ces étudiants demeurent au Québec après leurs formations comme motif de refus. Qu’y a-t-il de mal à ce que de jeunes diplômés francophones, établis depuis trois, quatre ans et bien intégrés dans une localité, essaient d’y rester? Le Québec et ses régions ont besoin d’eux!

Parallèlement, les auteurs de la lettre soulignent l’avantage indu accordé aux institutions anglophones. Le taux de refus des candidatures étrangères atteindrait 50 % à l’Université Laval, contre 8 % à McGill, contribuant ainsi à l’anglicisation de la métropole.

Une immigration prioritaire

Alors que le vieillissement de la population et l’exode rural frappent plusieurs régions du Québec, les signataires estiment qu’Ottawa prive des collectivités d’une main-d’œuvre qualifiée.

Ils notent que ces immigrants sont appelés à une intégration plus rapide et grandement facilitée puisqu’ils maîtrisent déjà le français.

Situation paradoxale s’il en est une, selon les auteurs, compte tenu des politiques migratoires du Canada, dont les cibles d’immigration sont en hausse. Ils rappellent donc au premier ministre François Legault sa promesse électorale de rapatrier les pouvoirs en immigration et demandent de toute urgence une négociation avec le Canada sur les pouvoirs en immigration.

Une correction nécessaire, selon le gouvernement

Québec ne sera pas difficile à convaincre. Le ministre Jean Boulet reconnaît l’importance des étudiants étrangers pour la vitalité sociale et économique de la province.

Il qualifie aussi d’inacceptable le taux de refus excessivement élevé de demandes de permis d’études d’étudiants provenant de pays francophones. L’importance de ces bassins d’étudiants francophones est essentielle pour le Québec, particulièrement pour nos régions, dans une perspective de régionalisation de l’immigration, dit-il.

Le ministre ajoute que ces étudiants francophones sont les meilleurs candidats à l’immigration permanente au Québec : Ils parlent français, sont diplômés au Québec et sont nos futurs travailleurs. Cet enjeu doit être réglé rapidement.

Il affirme avoir demandé des éclaircissements à Ottawa pour que cesse cette iniquité.

Avec Radio-Canada par Alex Boissonneault

Canada-Québec/Réfugiés ukrainiens : le Service d’accueil des nouveaux arrivants se mobilise

mars 5, 2022

Nadia serrait contre elle sa petite-fille, au poste de frontière avec la Pologne. Photo : Radio-Canada/Frédéric Tremblay

Québec annonce un investissement de 5,7 millions de dollars pour mieux répondre au besoin de familles immigrantes. On veut leur offrir un meilleur accès à tous les services.

Une annonce qui tombe à point alors que la province pourrait accueillir sous peu de nombreux Ukrainiens.

Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet veut que son gouvernement prenne le relais du gouvernement fédéral dans le processus d’immigration. De l’Ukraine au Québec, c’est Ottawa qui prend en charge les visas, l’ambassade, le transport. Mais quand elles arrivent au Québec, c’est là qu’on prend en charge, dit-il.

Les organismes communautaires, les coopératives de services, les villes et MRC, tout le monde sera mis à contribution afin d’offrir un maximum de services aux migrants ukrainiens qui réussiront à fuir la guerre.

« On va évaluer leur besoin pour obtenir permis de conduire, des cours de français, inscrire leur enfant à l’école. On va s’assurer de les faire bénéficier du service québécois d’assurance maladie; des services de garderie et autres. »— Une citation de  Jean Boulet, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale

Selon le ministre, 42 500 personnes d’origine ukrainienne résident actuellement au Québec. Un programme spécial sera mis en place afin que les membres de leur famille puissent venir les rejoindre. Il explique que leur situation exceptionnelle fera en sorte que leur dossier sera traité en priorité.

Une situation exceptionnelle déjà vécue à Trois-Rivières

À Trois-Rivières, le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) est déjà mobilisé. En 2016, l’équipe a facilité l’arrivée d’une vingtaine de familles en Mauricie comme l’expliquait le directeur général Ivan Suaza : C’était une des premières villes, Trois-Rivières, qui était prête à recevoir les Syriens dans le temps. Alors, ce n’est pas une situation que nous ne connaissons pas. On connaît déjà la situation d’urgence.

« On a une bonne équipe de bénévoles, d’intervenants. J’ai déjà commencé à chercher des gens qui parlent russe un peu partout pour se préparer. »— Une citation de  Ivan Suaza, directeur général du SANA

Même si le temps presse, Ivan Suaza rappelle qu’il faut bien faire les choses : Il faut préparer les gens. Votre famille va aller à tel endroit, tout le monde va y aller. C’est dur quand on sépare les familles.

Tout comme le gouvernement fédéral, celui de Québec n’a pas l’intention d’imposer de limite. Le ministre Boulet n’anticipe pas une arrivée massive : On anticipe qu’on sera capable de respecter notre capacité d’accueil, d’intégration et de francisation. Si ça va au-delà de cette capacité-là, on aura à évaluer si on ajoute des ressources et des budgets additionnels.

Avec Radio-Canada par Jonathan Roberge