L’ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier est mort samedi matin à Port-au-Prince d’une crise cardiaque, a annoncé à l’AFP la ministre de la Santé Florence Guillaume Duperval. Il a été à la tête d’Haïti de 1971 à 1986, année où il a été renversé par une révolte populaire.
Fils du dictateur François Duvalier, Jean-Claude Duvalier a succédé à son père en 1971. Surnommé Bébé Doc, Jean-Claude Duvalier a dirigé Haïti durant plus de 15 ans, jusqu’en 1986, quand il a été chassé du pouvoir à la suite d’une révolte populaire. Évacué du pays par l’US Air Force, il avait trouvé refuge en France.
« Bébé Doc » était revenu à la surprise générale en Haïti en 2011 après avoir passé 25 ans en exil en France. Il était poursuivi depuis par la justice de son pays pour des crimes perpétrés pendant son règne.
Sûr de son action du temps où il dirigeait le pays le plus pauvre des Amériques, M. Duvalier avait dit « avoir fait le maximum pour assurer une vie décente » à ses compatriotes du moment où, à 19 ans, il avait hérité du pouvoir de son père, jusqu’à son départ provoqué par une révolte populaire en 1986.
Cette année-là, les autorités haïtiennes avaient demandé à la Suisse de bloquer les avoirs de Jean-Claude Duvalier, de l’argent public soupçonné d’avoir été détourné. Depuis, les fonds sont restés gelés en permanence, soit dans le cadre de l’entraide internationale en matière pénale, soit sur décision du Conseil fédéral.
De retour en Haïti en janvier 2011, où il avait été arrêté, l’ancien président avait justifié la fin de son exil en affirmant vouloir « aider » son pays à la suite du tremblement de terre qui avait dévasté Haïti un an plus tôt.
En janvier 2012, un juge d’instruction avait d’abord ordonné que Bébé Doc soit jugé devant un tribunal correctionnel pour détournement de fonds. Le magistrat n’avait cependant pas retenu les plaintes portées contre lui pour crimes contre l’humanité, estimant que les faits reprochés à Jean-Claude Duvalier étaient prescrits. Cette décision avait provoqué l’indignation des victimes du régime Duvalier et des mouvements de défense des droits de la personne, qui avaient porté la décision en Cour d’appel.
Il y a un an, le Tribunal administratif fédéral confirmait le blocage et la confiscation de ces avoirs, l’origine de la fortune de Jean-Claude Duvalier et de son entourage ne faisant guère de doute. Fin 2010, les biens de M. Duvalier gelés en Suisse se montaient encore à plus de 5 millions de francs.
En février 2014, la cour d’appel de Port-au-Prince avait jugé que l’ancien président pourrait être jugé pour crimes contre l’humanité, dans le cadre des poursuites engagées contre lui par des victimes de sa dictature. Jean-Claude Duvalier était accusé par de nombreuses personnes d’avoir ordonné des arrestations arbitraires et d’avoir fait torturer et assassiner des opposants politiques sous son régime, tenu d’une main de fer par sa police, les « tontons macoutes ».
Par ailleurs, les fonds que l’on présume avoir été détournés par Jean-Claude Duvalier sous le couvert d’œuvres sociales sont estimés à environ 120 millions de dollars.
Radio-canada.ca avec AFP