A moins de cent jours de l’élection présidentielle, le candidat de La France insoumise a opposé une fin de non-recevoir à une participation à la Primaire populaire, lundi sur France Inter.
Une primaire à gauche, c’est toujours non pour Jean-Luc Mélenchon. A moins de cent jours de l’élection présidentielle, le candidat de la France insoumise a une nouvelle fois rejeté, lundi 3 janvier sur France Inter, l’appel lancé par Anne Hidalgo et Christiane Taubira à participer à un scrutin pour éviter les multiples postulants à gauche.
« Je suis un peu fatigué de voir comment toute une certaine gauche passe son temps à gémir et à pleurnicher sur le thème “S’il n’y a pas d’union, eh bien, il n’y a pas de victoire possible”, a-t-il asséné. Moi je dis : mobilisez-vous ! Agissez ! » Alors que la candidate socialiste et Christiane Taubira notamment appellent les candidats de gauche à participer à la Primaire populaire, initiative citoyenne rassemblant plus de 300 000 personnes, M. Mélenchon a une nouvelle fois exprimé son refus.
« Je n’irai pas à cette primaire. Ce n’est pas sérieux. Je suis moi aussi un électeur de gauche depuis que je peux voter. En 1981, François Mitterrand a gagné alors qu’il y avait un candidat communiste [Georges Marchais] contre lui, alors qu’on était dans l’union de la gauche contre lui. »
Candidat pour la troisième fois à une élection présidentielle, après 2012 et 2017, le député La France insoumise estime que ce « qui nous manque, ce n’est pas l’union, c’est la mobilisation ». « Si la masse des Français se mobilise sur des idées, tout sera emporté et c’est le mécanisme sur lequel je compte », a-t-il précisé.
Scrutin entre le 27 et le 30 janvier
Alors que les candidats ont jusqu’au 15 janvier pour annoncer leur participation à cette Primaire populaire, Anne Hidalgo, Christiane Taubira ou l’eurodéputé Pierre Larrouturou pourraient participer à ce scrutin organisé entre le 27 et le 30 janvier. Mais pour Jean-Luc Mélenchon, les propositions entre les candidats à gauche sont trop différentes pour permettre une candidature unique.Lire aussi Article réservé à nos abonnésEntre Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, des gauches irréconciliables au plan international
« Pour faire l’union, il faudrait se taire sur toute une série de sujets sur lesquels nous ne sommes pas d’accord », a-t-il fait savoir, avant de revenir sur sa différence avec Anne Hidalgo, sur l’âge de départ à la retraite. « Je milite pour la retraite à 60 ans avec 40 annuités. Les socialistes ont porté la retraite à 43 annuités et M. Sarkozy l’a mis à 62 ans. Et Mme Hidalgo a dit qu’elle voulait le sanctuariser à 62 ans. Qu’est-ce que je vais dire alors ? On ne va pas parler de retraite pour ne fâcher personne ? », a-t-il questionné sur France Inter.
« Je suis prêt à discuter de tout ce qu’on veut, mais ce ne serait pas sérieux de dire : “Ecoutez, on recommence tout à zéro”, a-t-il poursuivi. A moins de cent jours de l’élection, on voit sur quoi on peut s’entendre, sur quoi on ne s’entendra pas, et puis on votera. Ce n’est pas sérieux. »
« Convergences »
A rebours de la position de Jean-Luc Mélenchon, Mme Taubira estimait, elle, dans une tribune au Monde publiée le 29 décembre, que les « convergences » idéologiques à gauche « sont suffisantes pour nous permettre de gouverner ensemble cinq ans ».
Selon l’ancienne ministre de la justice, qui a donné rendez-vous à la mi-janvier pour clarifier sa position, les forces de gauche, aujourd’hui fragmentées entre plusieurs candidatures, sont « liées par un destin collectif qui transcende les péripéties personnelles ». Pour elle, « les convergences ne manquent pas », « même avec des nuances », notamment sur « le choc climatique », les « services publics » ou encore « l’école », a-t-elle jugé, « malgré une propension avérée à inventer entre nous des querelles insurmontables ».
Pour autant, Mme Taubira ne nie pas « les divergences » idéologiques qui existent sur certains sujets à gauche, dont le « rapport à l’Union européenne » et « le débat sur les sources d’énergie » qui « ne peut être évacué ». Mais « de ces désaccords, combien sont insurmontables ? », s’est-elle interrogée, concluant de nouveau qu’une primaire est nécessaire « pour trancher sur ces grands enjeux ».
Rejet de Jadot et Roussel
Mais outre M. Mélenchon, le candidat écologiste, Yannick Jadot, et le communiste, Fabien Roussel, rejettent également une participation à une primaire à gauche. Ce dernier a aussi estimé, lundi matin sur Europe 1 que les divergences étaient trop grandes à gauche pour espérer une candidature unique.
« La gauche qui a été au gouvernement et a fait le choix de signer les traités européens et ultralibéraux a renié ses engagements en direction du peuple et du monde du travail », a-t-il regretté. Le député du Nord s’en est notamment pris à Mme Taubira, dont il n’est pas convaincu « qu’elle puisse incarner une candidature unique à gauche ». « Je trouve ça un peu léger de venir aujourd’hui dans la campagne sans avoir d’éléments programmatiques à proposer, a-t-il regretté. C’est quand même une élection sérieuse. Pour ma part nous nous y préparons depuis plus d’un an. »
Avec Le Monde