Avec Afrika 243 publiée 13 juillet 2020
Avec Afrika 243 publiée 13 juillet 2020
Des milliers de personnes se sont rassemblées lundi à Kinshasa pour une marche interdite par les autorités contre le choix d’un nouveau président de la Commission électorale, quatre jours après des affrontements qui ont fait cinq morts. Jean-Pierre Bemba, seul leader de la coalition Lamuka à s’être joint aux manifestants, s’est félicité de l’ampleur de la mobilisation.
Les manifestants ont envahi le boulevard Lumumba, en présence de l’ancien chef de guerre Jean-Pierre Bemba, un des leaders de l’opposition. La manifestation, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes, a été le théâtre de heurts, en début d’après-midi, au niveau de l’échangeur de Limete, où les forces de l’ordre avaient pris position pour bloquer la poursuite de la marche, tirant des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
« Bilan positif », pour Jean-Pierre Bemba
« De manière pacifique, nous disons non à la désignation frauduleuse, non consensuelle et non transparente des animateurs de la Commission électorale nationale indépendante », a déclaré Jean-Pierre Bemba, seul leader de la coalition Lamuka a s’être joint aux manifestants, lors d’un court point presse face à une poignée de journalistes. « Je pense que le bilan est positif. Je n’ai pas entendu parler des blessés, de morts ou de pillages. Je m’en réjouis, et je remercie la population », a-t-il ajouté.
« Un grand merci pour votre forte mobilisation. Unis et déterminés nous ferons basculer les décisions pernicieuses et arbitraires à l’encontre de la volonté du peuple », a par ailleurs écrit Jean-Pierre Bemba dans un tweet, adressant par ailleurs des remerciements à la police pour « avoir encadré les manifestants tout au long de la marche ».
Ailleurs dans le pays, des rassemblements ont été dispersés à Bukavu (est) et Kananga (centre) à coup de gaz lacrymogènes. Ces marches dénoncent le choix du nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), accusée par les opposants de fraudes électorales à chaque scrutin.
La marche de lundi était organisée par la principale coalition des partis d’opposition Lamuka. La manifestation a été « reportée » dans la deuxième ville Lubumbashi, ont indiqué les organisateurs, qui redoutent des incidents provoqués par des « infiltrés » pour mettre en cause un des leaders de Lamuka, Moïse Katumbi.
Des marches semblables avaient été organisées jeudi par le parti présidentiel Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Cinq manifestants avaient alors été tués (deux à Kinshasa et trois à Lumbumbashi), selon un bilan du ministre de l’Intérieur. De plus, 20 policiers ont été blessés à Kinshasa dont deux grièvement, selon ce même bilan qui par ailleurs ne confirme pas une rumeur assurant qu’un policier avait été lynché par la foule dans la capitale.
En conseil des ministres, le président Félix Tshisekedi a indiqué qu’il « peut comprendre » ces réactions face aux « irrégularités » dans le choix du nouveau président de la Commission électorale, mais qu’« il condamne » les violences.
C’est le président qui doit valider in fine le choix du nouveau président de la Commission électorale. Il a été entériné par l’Assemblée nationale, sur proposition de la société civile. Les autorités justifient l’interdiction des marches par l’état d’urgence sanitaire face à la pandémie de Covid-19. Une troisième marche est prévue dimanche à l’appel d’un collectif catholique et de mouvements citoyens.
Par Jeune Afrique avec AFP
La Cour pénale internationale (CPI) a décidé lundi de rejeter la demande de l’ancien vice-président congolais, acquitté en 2018 de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Son avocat avait annoncé en mars 2019 demander plus de 68 millions d’euros d’indemnisation et dommages et intérêts, arguant que les biens de Jean-Pierre Bemba, dont sept avions et trois villas au Portugal, avaient « tout simplement été laissés à pourrir » pendant qu’il était derrière les barreaux à La Haye, où siège la Cour. Jean-Pierre Bemba aura passé près d’une décennie en prison avant d’être acquitté.
Les juges ont « considéré que Jean-Pierre Bemba n’avait pas établi qu’il avait subi une erreur judiciaire grave et manifeste » et ont donc refusé de lui accorder un dédommagement, a annoncé la CPI dans un communiqué.
D’une peine de 18 ans de prison à l’acquittement
La demande de l’ancien vice-président comportait deux volets : une demande d’indemnisation, ainsi qu’une demande de dommages et intérêts, en lien avec des accusations de mauvaise gestion du Greffe de la CPI de ses avoirs gelés.
L’ancien chef de guerre a été acquitté par la Cour à la surprise générale en juin 2018 des accusations de meurtres, viols et pillages commis en Centrafrique par sa milice entre octobre 2002 et mars 2003, pour lesquelles il avait été condamné en première instance à 18 ans de prison.
Il a toutefois été condamné pour subornation de témoins dans le cadre de son procès, ce qui lui a valu d’être exclu de la course à la présidence en République démocratique du Congo en décembre 2018.
Par Jeune Afrique avec AFP
La Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé la peine à un an de prison et à 300 000 euros d’amendes à laquelle Jean-Pierre Bemba avait été condamné en mars 2017 dans l’affaire de subornation de témoins.
Dans son arrêt, rendu ce mercredi 27 novembre, la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a rejeté la demande de fixation d’une nouvelle peine pour Jean-Pierre Bemba et ses co-accusés dans l’affaire de subornation de témoins. La peine à un an de prison et à 300 000 euros d’amende à laquelle Jean-Pierre Bemba avait été condamné dans ce dossier, en mars 2017, avait été confirmée en appel en mars 2018.
« Faux témoignages »
Les peines prononcées à l’encontre des avocats de Bemba, Aimé Kilolo Musamba et Jean-Jacques Mangenda Kabongo, d’un député de son parti, le Mouvement de Libération du Congo (MLC), Fidèle Babala Wandu, et d’un témoin de la défense, Narcisse Arido, ont également été confirmées par cet arrêt.
Les cinq hommes avaient été déclarés coupables « d’atteintes à l’administration de la justice pour avoir intentionnellement suborné des témoins et sollicité la présentation de faux témoignages par des témoins de la défense dans le cadre de l’autre affaire visant Jean‑Pierre Bemba devant la CPI ».
Jean-Pierre Bemba, qui a passé dix années en détention, a d’ores et déjà purgé cette peine d’un an de prison.
Le fondateur du MLC avait été condamné par la CPI à 18 ans de prison après avoir été reconnu coupable, en mars 2016, des charges de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité », pour les crimes commis en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003 par les hommes de son parti. Des charges pour lesquelles il a été acquitté, le 8 juin 2018, sur décision de la chambre d’appel de la CPI.
L’ancien vice-président de la RDC, qui a recouvré la liberté à la suite de son acquittement, était cependant toujours sous le coup de poursuites dans le cadre de cette affaire de subornation de témoins. De retour dans son pays avant la présidentielle de décembre dernier, il s’était rangé derrière la candidature de Martin Fayulu, et a rejoint la coalition de l’opposition Lamuka, aux côtés de Fayulu, mais aussi de Moïse Katumbi.
Félix Tshisekedi est populaire en RDC et la cote d’opinion de Joseph Kabila, si elle est relativement basse, remonte. Mais l’alliance formée par leurs coalitions politiques respectives est rejetée par plus de la moitié des Congolais. Ce sont les conclusions de deux enquêtes d’opinion réalisées aux mois de mars et mai.
C’est un résultat qui peut sembler paradoxal. Si 67% des Congolais interrogés ont une « très bonne » opinion de la gouvernance de Félix Tshisekedi depuis son investiture, en janvier dernier, plus de la moitié désapprouve l’alliance que forme sa coalition politique avec celle de son prédécesseur, Joseph Kabila.
Ce ne sont pas un, mais deux sondages qu’ont publié ce mercredi le Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New York et le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci). Ils ont été réalisés par téléphone entre le 27 mars et le 6 avril pour le premier (sur un échantillon de 1 212 personnes) et du 4 au 9 mai pour le second (sur un échantillon de 1 294 personnes).
Les deux instituts ont également interrogé les personnes sondées sur les élections organisées le 30 décembre 2018. Là encore, le résultat peut sembler paradoxal. Une majorité de répondants (56%) affirme ne pas faire confiance à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), alors que, dans le même temps, 62% des personnes interrogées se disent « satisfaits de la façon dont la démocratie fonctionne dans le pays ».
Félix Tshisekedi à 67% d’opinions favorables
« La plupart des répondants soutiennent les premiers pas de Félix Tshisekedi » note l’enquête d’opinion intitulée « Les 100 premiers jours de Tshisékedi au Pouvoir, une élection ambiguë ». « 67% ont une opinion favorable des performances de Félix Tshisekedi en tant que président de la République », notent les enquêteurs, qui soulignent par ailleurs que, « pour la première fois depuis plusieurs années, la majorité des répondants sont optimistes quant à la direction que prend le pays : 51% en mars et 61% en mai 2019, contre 19% dans un sondage de février 2018 et 27% en novembre 2017 ». Vital Kamerhe est, pour sa part, crédité de 62 % d’opinions favorables.
L’ancien président Joseph Kabila est pour sa part crédité d’une cote de popularité en relative hausse depuis qu’il a quitté le pouvoir. « Bien que Kabila soit considéré plus favorablement qu’avant les élections de décembre 2018, où seulement 22% des répondants avaient une bonne opinion de lui, en mars 2019, il demeure toujours impopulaire, avec seulement 33% de personnes de bonne opinion », notent le rapport.
Surtout, une large majorité des personnes interrogées désapprouve l’alliance actuelle entre la coalition de Félix Tshisekedi (Cap pour le Changement) et celle de Joseph Kabila (Front Commun pour le Congo). Et cette désapprobation est croissante : 53% en mars, pour 58% en mai. En cause, selon le rapport, « la perception négative du FCC ».
Dans l’opposition, c’est Moïse Katumbi qui remporte la palme des bonnes opinions, avec 70% des personnes sondées qui ont une « bonne opinion » de l’ancien gouverneur du Katanga.
Vient ensuite Martin Fayulu, qui continue de se présenter comme « président élu », qui affiche 65% d’opinions favorables. Surtout, « les élections ont propulsé Martin Fayulu à la tête du palmarès des politiques pouvant diriger l’opposition », estiment les sondeurs.
En mai 2019, à la question « Quelle personnalité devrait diriger l’opposition », 48% ont répondu Martin Fayulu, soit une progression de 10% par rapport à l’enquête menée en mars. C’est plus du double des résultats obtenus sur la même question par Jean-Pierre Bemba (16%) et Moïse Katumbi (23%). « Si l’alliance entre ces trois leaders se défaisait, il sera intéressant de voir l’évolution de leur popularité », notent les auteurs du rapport.
Steve Kivuata, un des porte-parole de la coalition Lamuka – qui a soutenu la candidature de Martin Fayulu – pose cependant la crédibilité de ces sondages. « La popularité de Martin Fayulu reste intacte », affirme-t-il, tout en martelant son rejet, par principe, de le voir devenir chef de l’opposition. « Il est président de la République élu, il ne peut pas diriger l’opposition », martèle simplement Steve Kivuata.
Publiée par Stanis Tshiamala Bujakera
Kinshasa – Le processus électoral en République démocratique du Congo aborde sa dernière ligne droite avec la publication mercredi de la liste définitive des candidats qui doit officialiser l’exclusion de deux poids lourds de l’opposition, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba.
Deux autres opposants, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe, et le « dauphin » du président Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary, sont les principales figures de la liste d’une vingtaine de noms que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) doit publier dans la journée, à 94 jours du scrutin.
Cette liste ouvre la voie à la campagne électorale (à partir du 22 novembre) puis aux élections présidentielle, législatives et provinciales prévues le 23 décembre pour désigner le successeur du président Kabila, qui ne pouvait pas constitutionnellement se représenter.
Enjeu: une première transition pacifique dans le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne, où les défis politiques et logistiques pour des élections « crédibles, transparentes, apaisées » sont encore immenses.
Le calendrier électoral se déroule toujours au jour près, malgré les tensions suscitées par la mise à l’écart de MM. Katumbi et Bemba.
Allié du président Kabila passé à l’opposition fin 2015 et qui vit en exil à l’étranger depuis 2016, M. Katumbi affirme avoir été empêché de rentrer en RDC où il est poursuivi par la justice début août quand il s’est présenté au poste-frontière avec la Zambie.
Ex-chef rebelle et vice-président, la candidature de M. Bemba a été invalidée en raison de sa condamnation pour subornation de témoins par la Cour pénale internationale (CPI) qui l’avait acquitté de sa peine pour crimes de guerre et contre l’humanité.
« Kabila a eu peur de moi », a lancé M. Bemba.
Privée de deux de ses leaders, l’opposition cherche un candidat commun pour défier le « dauphin » du président Kabila, mais n’exclue pas le boycott des élections sur fond du refus de « machines à voter » controversées.
Jean-Pierre Bemba a résumé la situation en affirmant que « si l’opposition s’unit derrière un candidat, alors oui, je pourrai faire abstraction de ma personne. Je soutiendrai quelqu’un et je le ferai gagner ».
Un boycott des élections « ne serait pas ma décision personnelle, mais celle de l’opposition. Nous n’en sommes pas là », a ajouté le chef du Mouvement de Libération du Congo (MLC), l’un des principaux partis d’opposition.
– « Des actes qui rassurent » –
L’opposition en dira plus sur sa stratégie d’ici une réunion publique qu’elle annonce pour le 29 septembre à Kinshasa, après de récents conciliabules à Bruxelles, et une rencontre à Johannesburg avec le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC.
Ce rassemblement sera un test sur le climat politique en RDC où la plupart des manifestations sont interdites sous prétexte que la campagne n’a pas encore commencé.
Les élections ont déjà été reportées deux fois, fin 2016 et fin 2017.
« Après avoir été roulé en décembre 2016 et 2017, le peuple craint de revivre les mêmes travers et les mêmes mésaventures qui éloignent l’alternance au sommet de l’État », écrivait mercredi le quotidien Le Potentiel, à l’unisson de ceux qui craignent un nouveau report.
« Chaque jour qui passe, la commission électorale pose des actes qui rassurent sur la tenue effective des scrutins tant attendus par l’ensemble du peuple congolais », a assuré au contraire mardi la Céni en annonçant l’arrivée d' »un premier lot de 17.944 isoloirs » et « la fin de la production en Corée du Sud des 105.257 machines à voter ».
Acheminées vers la RDC via Matadi ou Dar es Salaam, les machines « seront déployées sans attendre la configuration définitive des bulletins de vote », selon la Céni.
Pour cette tâche titanesque, la commission électorale refuse toute aide extérieure, même celle de la Mission des Nations unies (Monusco) présente depuis 20 ans en RDC, au nom de la souveraineté nationale.
L’opposition et la société civile demandent l’abandon de ces machines qu’elles surnomment « machines à tricher, à voler ou à frauder ».
Des experts britanniques ont énuméré « quinze risques à atténuer » dans son utilisation.
L’opposition critique également les millions d’électeurs sans empreintes digitales sur le fichiers électoral qui comprend 40 millions de noms et qui a déjà été nettoyé de ses doublons.
A l’instar de l’ANC mardi, les « partenaires » de la RDC redoutent « le chaos, l’instabilité et la violence » en cas d’échec du processus électoral dans cet immense pays au coeur du continent.
Romandie.com avec(©AFP / 19 septembre 2018 10h41)
La Haye – La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé lundi la peine infligée en première instance à l’ex-chef de guerre congolais Jean-Pierre Bemba pour subornation de témoins dans le cadre de son procès principal pour crimes de guerre.
« La Chambre condamne Jean-Pierre Bemba à une peine de douze mois d’emprisonnement. Après déduction du temps qu’il a déjà passé en détention, la Chambre considère que la peine d’emprisonnement a été purgée« , a déclaré le juge Bertram Schmitt, qui a réimposé une amende de 300.000 euros.
Bemba avait été acquitté à la surprise générale en appel en juin devant la CPI de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mais les ennuis judiciaires ont continué d’entraver ses projets politiques.
Dans son procès général, l’ancien riche homme d’affaires de 55 ans avait été condamné à 18 ans de prison en juin 2016 pour la vague de meurtres et de viols commis par sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003.
Dans une affaire inédite pour la juridiction, M. Bemba a été condamné par la CPI en 2017 à un an de prison et 300.000 euros d’amende pour subornation de témoins dans le cadre de son procès.
M. Bemba avait été reconnu coupable d’avoir corrompu 14 témoins, présenté de fausses preuves et sollicité la déclaration de faux témoignages.
En liberté provisoire après avoir passé plus d’une décennie au centre de détention de la CPI à La Haye, l’ancien vice-président congolais traîne avec lui cette condamnation connexe qui lui a valu d’être définitivement exclu par la Cour constitutionnelle de son pays de la présidentielle du 23 décembre en RDC.
Romandie.com avec(©AFP / 17 septembre 2018 14h35)
Sans Moïse Katumbi et sans Jean-Pierre Bemba, la présidentielle de décembre 2018 risque de glisser dans l’impasse et la bêtise de la CENI.