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Gabon – Casimir Oyé Mba: « Le temps qui passe joue en faveur d’Ali Bongo »

octobre 24, 2017

 

Casimir Oyé Mba, dans les locaux de la rédaction de Jeune Afrique, le 5 octobre. © Vincent Fournier/JA

Pas un instant il n’a regretté son choix. Le vice-président de l’Union nationale explique que c’est le pragmatisme qui l’a fait se rallier à Jean Ping. Et qui, aujourd’hui encore, le pousse à prôner le dialogue avec un président dont il conteste la légitimité.

Ce sont deux désistements qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre mais qui l’ont profondément marqué. En août 2009, le jour précédant l’élection à la magistrature suprême, Casimir Oyé Mba se retire de la course. Sept ans plus tard, à la veille d’un autre scrutin présidentiel, il nous dira avoir subi des pressions et s’excusera d’avoir à ce point déçu les Gabonais, jurant qu’on ne l’y reprendrait plus.

En août 2016, pourtant, l’histoire se répète : l’ancien ministre et Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, devenu vice-président de l’Union nationale (UN), renonce à se présenter et appelle à voter pour Jean Ping – avec les résultats que l’on sait.

Depuis, les mois ont passé, mais Oyé Mba assure ne rien regretter. Il se dit même fier d’avoir contribué au fait que, pour la première fois de son histoire, l’opposition gabonaise ait réussi à s’unir derrière un seul et même candidat. Il explique « ne plus courir derrière tel ou tel poste », mais se dit incapable de rester en retrait : « On ne peut pas avoir exercé les mêmes responsabilités que moi et, un jour, tout arrêter pour se calfeutrer chez soi. »

De passage à Paris, il s’étonne de cette image parfois hautaine qui lui colle à la peau, à lui qui a gravi un à un les barreaux de l’échelle sociale. Mais il revendique le qualificatif d’« incurable optimiste » que JA lui avait un jour accolé : « Si vous pensez que tout est perdu d’avance, vous n’avez rien à faire en politique. » Surtout, à 75 ans, loin de la radicalité qu’affichent certains dans les couloirs du pouvoir comme de l’opposition, il milite pour le dialogue. « Je suis un Bantou. Chez moi, quand on a un problème, on palabre. »

Jeune Afrique : En août 2016, alors que vous étiez candidat à la présidentielle, vous vous êtes désisté en faveur de Jean Ping. Fut-ce une décision difficile ?

Casimir Oyé Mba : Bien sûr. J’étais le candidat de mon parti, l’UN. J’avais été investi de manière éclatante à l’issue de la primaire et j’étais déterminé à aller jusqu’au bout. Mais le plus important était d’obtenir l’alternance politique et de faire en sorte qu’Ali Bongo Ondimba ne soit plus le président du Gabon. Si Guy Nzouba-Ndama, Léon Ngoulakia et moi-même ne nous étions pas désistés, si nous avions été plusieurs face à Ali, nous l’aurions indirectement favorisé.

Avez-vous des regrets ?

Non. Ce fut un choix de raison. J’ai agi dans l’intérêt de mon pays.

Avez-vous subi des pressions ?

Cela n’a pas été nécessaire. Et puis, sans vouloir faire preuve de forfanterie, qui peut faire pression sur moi au Gabon, à l’âge que j’ai et avec l’expérience qui est la mienne ?

Pas même Zacharie Myboto, le président de votre parti ?

Non, nous avons parlé et nous étions d’accord. Zacharie Myboto est un ami. Nous avons coutume d’échanger nos points de vue. Je n’appelle pas cela des pressions. J’ajoute qu’il n’y avait nul besoin de me convaincre puisque j’étais déjà convaincu : nous voulions l’alternance, il fallait faire un sacrifice.

Le problème, c’est qu’une majorité de Gabonais a voté pour Jean Ping. C’est lui qui a gagné l’élection

Plus d’une année s’est écoulée. Vous ne reconnaissez toujours pas Ali Bongo Ondimba en tant que président ?

Le problème n’est pas que je le reconnaisse ou non – lui-même d’ailleurs n’en a cure. Le problème, c’est qu’une majorité de Gabonais a voté pour Jean Ping. C’est lui qui a gagné l’élection. La commission électorale, le ministère de l’Intérieur et la Cour constitutionnelle se sont livrés à de grossiers tripatouillages pour proclamer la victoire du président sortant, et il y a une divergence flagrante entre ce que les Gabonais ont voté et le résultat qui a été annoncé.


Casimir Oyé Mba, en meeting avec Jean Ping (à dr.), à Libreville, le 26 août 2016. © Baudouin MOUANDA pour JA

 

Peut-on négocier avec un président dont on conteste la légitimité ?

Je suis pragmatique. Si j’ai un problème avec quelqu’un, je dois parler avec lui. Et si c’est avec le diable que j’ai un problème, il faut que je parle avec le diable.

Vous n’êtes donc pas de ceux qui pensent que le dialogue proposé par le chef de l’État est une manœuvre destinée à asseoir sa légitimité ?

Il y a une différence entre aller à la pêche aux individus, leur proposer d’entrer au gouvernement et dialoguer véritablement. J’ai pour ma part participé au dialogue proposé par Jean Ping. Cela a été un succès, bien qu’il nous faille encore inscrire nos bonnes idées dans la réalité politique, juridique et administrative de notre pays.

Mais il est dommage que chacun ait discuté dans son coin. Des choses intéressantes ont été formulées des deux côtés – même s’il y a des gens dans l’opposition qui n’aiment pas que je le dise. Ali Bongo Ondimba a usurpé le pouvoir, mais c’est lui qui dispose de la légalité.

Je suis toujours avec Jean Ping, même si nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d’onde

Êtes-vous contesté dans votre propre camp lorsque vous prônez le dialogue ?

Il y a des faucons des deux côtés.

Diriez-vous que votre relation avec Jean Ping s’en trouve affaiblie ?

Je suis toujours avec Jean Ping, même si nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d’onde. Nous nous voyons toutes les semaines. Je lui reconnais la clarté et la constance de sa position : il demande que l’on rétablisse la vérité des urnes, et la seule chose dont il accepterait de discuter serait les conditions dans lesquelles Ali Bongo Ondimba quitterait le pouvoir. Il est disposé à lui accorder toutes les garanties qu’il voudra ainsi que la liberté d’aller et venir au Gabon.

Personnellement, j’aimerais bien que les choses se passent ainsi, mais cela fait presque un an et demi qu’il est au Palais et je ne décèle aucun signe qui me laisse penser qu’il envisagerait de céder. Le temps qui passe joue en sa faveur, pas en la nôtre.

L’opposition doit-elle aller aux législatives ?

Oui, et de manière unie : c’est une question de bon sens. Aucun de nos partis pris individuellement n’a les moyens du PDG [le Parti démocratique gabonais, au pouvoir] ou l’implantation suffisante pour être présent partout sur le territoire. L’UN a beau être l’une des principales formations d’opposition au Gabon, elle ne peut pas aligner 120 candidats à la députation.

Nos systèmes politiques – au Gabon en particulier – ne sont pas conçus pour faire émerger des alternatives

Serez-vous candidat ?

Je n’ai pas encore pris ma décision, mais j’ai déjà été élu à quatre reprises dans ma cir­conscription. Le moment est peut-être venu d’impulser un renouvellement des cadres politiques dans notre pays. Il serait bien qu’au sein de l’UN des gens plus jeunes que moi se mettent sur les rangs pour tenter d’enlever un siège de député ici ou là.

Ce que vous dites ne vaut-il pas aussi pour le PDG ?

Injecter du sang neuf, c’est toujours souhaitable.

On ne voit pourtant pas poindre la relève…

Il y a des hommes et des femmes tout à fait capables, dans les rangs de l’opposition comme dans les allées du pouvoir. Mais nos systèmes politiques – en Afrique en général et au Gabon en particulier – ne sont pas conçus pour faire émerger des alternatives. Aujourd’hui, un membre du PDG a presque intérêt à ne pas se faire remarquer. Les gens qui manifestent des capacités, on leur coupe la tête.

Ces derniers mois n’ont-ils pas usé l’UN ?

L’UN doit effectuer un travail d’explication et de réimplantation, c’est sûr. Tous les partis gabonais ont été créés par et autour d’un individu. Pas le nôtre. En 2010, nous avons été quatre ou cinq à discuter et à décider de créer ensemble un mouvement new look. L’UN n’a jamais porté la marque d’une seule personne. Cela a fait sa force et peut-être aussi sa faiblesse.

Malgré tout, la disparition de Mba Obame en 2015 n’a-t‑elle pas laissé un grand vide ?

Il a été l’un des fondateurs du parti. Il était devenu une sorte d’icône, c’est incontestable. À cet égard, cela a été une grande perte pour l’UN. Mais il ne faut pas baisser les bras. Nous devons consolider cette maison que nous avons commencé à bâtir avec lui.

Les problèmes du Gabon ne se régleront pas en catimini

Est-il vrai qu’Ali Bongo Ondimba vous a plusieurs fois proposé de vous asseoir autour d’une table et de discuter ?

Ce sont des on-dit. Les problèmes du Gabon ne se régleront pas en catimini. Imaginons que demain je devienne ministre. Cela ne changerait rien. J’ajoute que j’ai déjà passé dix-neuf ans au gouvernement… Je ne suis plus à la recherche d’un maroquin ministériel.

Le bruit court aussi que l’on vous a proposé la vice-présidence…

Je l’ai entendu dire, mais ce n’est pas vrai. Ce sont des rumeurs, des kongossa.

Avez-vous récemment rencontré le chef de l’État ?

Non, mais s’il souhaite me voir, je le rencontrerai.

Le PDG, ce parti auquel vous avez longtemps appartenu, s’apprête à fêter ses cinquante ans. Il n’a pas brillé lors de la dernière présidentielle… Doit-il se réformer ou disparaître ?

Le PDG exerce le pouvoir sans discontinuer depuis sa création, en 1968. Cinquante ans, c’est long. Cela use et sclérose. Donc oui, le moment est venu pour les membres du PDG de se poser des questions sur l’avenir de leur parti.

Casimir Oyé Mba à la rédaction de Jeune Afrique, le 5 octobre 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique/REA

Comprenez-vous que, pour beaucoup de Gabonais, la politique se résume à une querelle d’ego ?

Oui, et nous avons, nous les acteurs politiques de ce pays, une vraie responsabilité. Les gens ne se reconnaissent pas en nous. Beaucoup donnent le sentiment qu’une fois au pouvoir ils ne se préoccupent plus que de leurs affaires et de celles de leur famille.

On dit parfois que le problème d’un pays comme le Gabon, c’est le culte de l’argent facile…

Je dirais même que l’argent a pourri mon pays. Ce que les Occidentaux ont appelé « choc pétrolier », au début des années 1970, a été pour nous un afflux brutal d’argent. Nous n’y étions pas préparés. À partir de là, beaucoup de gens ont pensé que gagner de l’argent était chose facile, et cela a laissé des traces. Mais il faut que la gouvernance change, que les Gabonais apprennent à gérer et à compter. Qu’ils comprennent qu’un sou est un sou, et ce jusque dans la gestion de l’État.

Je regrette que l’on ait mis dans la tête des Gabonais que leur pays était gorgé de ressources naturelles.

Le Gabon connaît aujourd’hui des difficultés économiques. Que pensez-vous du plan de relance du gouvernement ?

Je regrette que l’on ait mis dans la tête des Gabonais que leur pays était gorgé de ressources naturelles. Tant mieux si nous avons du pétrole, du manganèse et du bois. Mais il faut dès maintenant commencer à nous diversifier parce que cela prendra du temps, et le gouvernement n’a pas suffisamment pris la mesure de ce qui était en jeu.

Et le plan du FMI ?

Le FMI ne vient pas si vous ne l’appelez pas. Il ne vient pas si vous êtes en bonne santé. Il vient parce que le pays va mal et que ses affaires ont été mal gérées.

La chute des cours du pétrole n’explique-t‑elle pas les difficultés du Gabon ?

La chute des cours a frappé tous les pays producteurs. Même l’Arabie saoudite, qui n’est pourtant pas dans la même situation que nous… Nos gouvernants auraient dû anticiper. C’est une faute de ne pas l’avoir fait.

D’une manière générale, les pays de la zone Cemac sont à la peine. Cela vous inquiète-t‑il ?

Bien sûr. Quand il n’y a plus de foin dans l’étable, les chevaux se battent. Il faut qu’il y en ait pour que les pays de la sous-région se remettent économiquement. Et qu’il y en ait avant que le malaise ne trouve à s’exprimer sur le champ politique.

Je suis convaincu de la nécessité de bâtir, en Afrique centrale, un vrai espace économique commun

Le Gabon peut-il s’en sortir seul ?

Le problème que vous posez est celui de la construction de la Cemac. Je suis convaincu de la nécessité de bâtir, en Afrique centrale, un vrai espace économique commun. Il faut plus d’intégration. Toutefois, pour s’en sortir, un pays doit d’abord se retrouver seul avec lui-même et comprendre qu’il ne sortira pas de l’impasse sans fournir de gros efforts.

Les Gabonais ne manifestent-ils pas une certaine méfiance à l’égard des pays de la zone ?

C’est vrai. Il n’y a qu’à voir les réticences à mettre en œuvre la libre circulation décrétée par la conférence des chefs d’État de la Cemac il y a déjà plusieurs années. Mais il y a une raison quasi historique à cela : le Gabon est un pays de sous-population. Nous avons vécu l’AEF [l’Afrique-Équatoriale française] et nous n’y étions pas les mieux lotis. Cela a laissé des traces. Il faut expliquer aux Gabonais qu’il y a des choses que l’on ne pourra pas entreprendre seuls chez nous. On leur a présenté le pays comme étant un gâteau. Ils ont peur d’en avoir moins s’ils doivent partager. Ce qu’il faut leur expliquer, c’est qu’ils pourront en fabriquer un plus gros s’ils sont plus nombreux.

Jeuneafrique.com par

Gabon: les autorités interdisent Jean Ping et plusieurs autres

septembre 4, 2017
L’opposant Jean Ping lors d’une conférence de presse à Bruxelles en avril 2009. © Thierry Charlier/AP/SIPA

Cette interdiction de sortie du territoire, annoncée dimanche soir, qui vise Jean Ping et d’autres leaders de l’opposition gabonaise, fait suite à ce que les autorités qualifient d’appels au « trouble à l’ordre public ».

« Cette mesure est consécutive aux propos séditieux de Jean Ping tenus le 18 août 2017 quand il appelait au trouble à l’ordre public, à la rébellion et à l’insurrection », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Jean-Eric Nziengui Mangala.

Jean Ping avait exhorté le 18 août les Gabonais à « se lever comme un seul homme pour marquer solennellement (son) arrivée au pouvoir ». Une allocution en référence à l’élection présidentielle controversée de 2016, lors de laquelle il avait été défait par le président sortant Ali Bongo Ondimba. Une victoire que l’opposant n’a jamais reconnu.

« Une mesure provisoire »

Il s’agit d’une « mesure administrative provisoire » concernant « les responsables des partis politiques et personnalités au sein de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) autour de Jean Ping », a expliqué dimanche le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Parmi les autres personnalités visées, on retrouve l’ancien Premier ministre Casimir Oye Mba, un allié de Jean Ping. « Je devais voyager pour la France vendredi soir, a-t-il confié. À l’aéroport, la police me dit que je ne peux pas partir et qu’elle ne fait qu’appliquer les ordres. » D’après lui, c’est la troisième fois qu’une telle mesure lui est appliquée.

« Un rassemblement national » prévu lundi

La mesure des autorités gabonaises s’ajoute à celle du 27 août, lorsque le professeur Albert Ondo Ossa, ancien candidat à la présidentielle de 2009, avait lui aussi été interdit de prendre son vol pour le Cameroun.

« De manière arbitraire et illégale, ce pouvoir a désormais entrepris de séquestrer les opposants à l’intérieur du territoire », a réagi Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, porte-parole de Jean Ping, contacté par l’AFP. La CNR de Jean Ping a annoncé la tenue lundi d’un « rassemblement national » dans un collège de la capitale, Libreville.

Jeuneafrique.com avec AFP

Violences post-électorales au Gabon en 2016: enquête en France sur d’éventuels crimes contre l’humanité

juillet 1, 2017

Des partisans du leader de l’opposition gabonaise Jean Ping, habillés en blanc et la paume de la main peinte en blanc en signe de paix, manifestent à Libreville le 10 septembre 2016 / © AFP/Archives / FLORIAN PLAUCHEUR

Une juge d’instruction française a décidé d’enquêter sur d’éventuels crimes contre l’humanité perpétrés lors des violences post-électorales au Gabon en 2016 après la victoire d’Ali Bongo à la présidentielle, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.

Pillages, manifestations sévèrement réprimées, interpellations par centaines: le Gabon avait été pendant plusieurs jours le théâtre de violences après l’annonce le 31 août 2016 de la victoire du chef de l’Etat sortant Ali Bongo Ondimba, toujours contestée par l’opposant Jean Ping.

En septembre 2016, une plainte avait été déposée en France pour « arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative d’assassinat et crime contre l’humanité ».

Le plaignant, un Franco-Gabonais d’une trentaine d’années qui souhaite garder l’anonymat, avait été arrêté la nuit du 31 août au 1er septembre au quartier général de Jean Ping. Il avait décrit une nuit d' »horreur et de carnage » au cours de laquelle des dizaines de personnes ont été blessées ou tuées par des hommes cagoulés dans l’attaque « méthodique » du QG.

Le dépôt de cette plainte avec constitution de partie civile avait automatiquement conduit à l’ouverture, le 20 avril 2017, par le parquet de Paris d’une enquête confiée à une juge d’instruction.

Le ministère public avait retenu les qualificatifs d’arrestation et détention arbitraire, de torture et actes de barbarie, de tentative d’assassinat, mais pas celui de crime contre l’humanité.

Le 26 juin, la juge d’instruction a retenu ce dernier chef: « Aucune investigation n’a été réalisée, il ne peut être d’emblée considéré que les faits qualifiés de crime contre l’humanité n’ont pas été commis », estime-t-elle.

« C’est la première instruction ouverte en France pour crime contre l’humanité qui vise Ali Bongo et ses sbires », a relevé l’avocat du plaignant, Me William Bourdon, mettant en avant le caractère « généralisé, systématique, organisé du massacre ».

L’ouverture de cette enquête intervient alors qu’une mission de la Cour pénale internationale (CPI) a procédé la semaine dernière à Libreville à l’examen préliminaire des plaintes déposées par le gouvernement, le camp de Jean Ping, et 15 ONG. Les conclusions de cette mission vont être transmises au parquet de la CPI qui décidera ou non de l’ouverture d’une enquête pour « crime contre l’humanité » ou « crime de guerre ».

Une seconde plainte, déposée par un ressortissant franco-gabonais arrêté à Libreville le 28 août 2016 et libéré après deux mois de détention, a donné lieu à l’ouverture en France d’une autre information judiciaire.

Romandie.com avec(©AFP / 01 juillet 2017 13h20)                

Gabon : pour Jean Ping, « dialoguer avec Ali Bongo, c’est non ! »

juin 3, 2017

Jean Ping à Paris en février 2016. © Vincent Fournier/J.A.

Alors que deux de ses soutiens ont récemment appelé à un dialogue avec Ali Bongo Ondimba, Jean Ping a pris la parole vendredi et refusé fermement cette idée. « Je refuse de dialoguer avec ce monstre », a lancé l’ancien président de la Commission de l’Union africaine.

On attendait un recadrage des troupes. C’est bien à cet exercice que Jean Ping s’est livré vendredi 2 juin, lors d’une allocution à son domicile. Celui qui se dit toujours le «président élu » du Gabon a écarté toute possibilité de dialogue avec Ali Bongo Ondimba, son rival, comme l’avaient pourtant suggéré deux de ses soutiens, Guy Nzouba Ndama et Casimir Oyé Mba.

«Je refuse de dialoguer avec ce monstre. Je ne veux pas trahir le mandat que le peuple gabonais m’a librement confié », a lancé l’ancien président de la Commission de l’Union africaine. «À ceux qui, hier encore membres de l’opposition, ont décidé de prendre part à cette kermesse [le dialogue politique national, NDLR] pour des calculs égoïstes, comme à ceux de nos amis et partenaires qui, de bonne foi, nous proposent d’accepter de dialoguer avec Ali Bongo, […] je le redis ici : c’est non ! C’est niet ! »

«C’est aujourd’hui une vérité que le prétendu dialogue d’Angondjè est également un échec. La preuve, rien ne change, on prend les mêmes et on recommence comme auparavant », a ajouté Jean Ping, estimant que le Gabon était «confronté à la pire tragédie de son histoire ». «Si Monsieur Ali Bongo avait accepté le résultat sorti des urnes le 27 août 2016, nous n’en serions pas là. C’est le fond du problème », a-t-il encore poursuivi.

« Je reste ouvert à une médiation internationale »

Et Jean Ping de suggérer une solution de sortie de crise : «Je reste ouvert à une médiation internationale, visant à rétablir la vérité des urnes […] et je lance un appel solennel à la communauté internationale pour une médiation. […] Je dis bien une médiation et non un dialogue avec Ali Bongo en vue de rétablir la vérité des urnes et d’assurer les conditions pacifiques d’une passation de pouvoir ».

En présence d’Alexandre Barro Chambrier, Didjob Divungi et Jean-François Ntoutoume Emane, Jean Ping a donc persisté dans la stratégie mise en place depuis septembre 2016. Il espère notamment pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale, et notamment du nouveau président français Emmanuel Macron.

 

Jeuneafrique.com par

Gabon : Alain Djally, l’assistant de Jean Ping, placé sous mandat de dépôt

avril 19, 2017

Jean Ping (Gabon), ancien ministre du président Omar Bongo, ancien secrétaire général de l’Union Africaine, candidat à l’élection présidentielle gabonaise de 2016 et adversaire d’Ali Bongo, candidat à sa propre succession. À Paris le 17 février 2016. © Vincent Fournier/JA

L’assistant de l’opposant gabonais Jean Ping, qui conteste toujours la réélection d’Ali Bongo Ondimba à la présidentielle, a été placé mardi en détention préventive, cinq jours après son arrestation par les renseignements gabonais.

« Alain Djally a été placé sous mandat de dépôt par le premier juge d’instruction et incarcéré à la prison de Libreville sous des inculpations de détention et usage de son ancienne carte militaire et détention illégale d’arme », a déclaré Me Jean-Rémy Bantsantsa, avocat de MM. Djally et Ping. « Ce (mardi) matin, il a été présenté au procureur qui a renvoyé le dossier chez la juge d’instruction et une audience de fond devrait avoir lieu la semaine prochaine », a précisé l’avocat.

Jeudi 13 avril, M. Djally, ancien militaire présenté comme « l’aide de camp » de Jean Ping, avait été arrêté vers son domicile par les services de la Direction générale des recherches (DGR) qui l’avaient placé en garde à vue. Une arme avait été retrouvée chez lui lors d’une fouille, mais selon Me Bantsantsa, « il s’agit d’une balle chargée à blanc qui sert à l’autodéfense et ne suscite pas de permis de port d’arme (…). La juge semble surtout avoir retenu comme chef d’accusation le fait que M. Djally a gardé sa carte de militaire », alors qu’il n’est plus en fonction.

« C’est M. Ping qu’ils cherchent à atteindre »

« J’ai compris que, dans cette affaire, tout a été fait pour l’envoyer en prison. On a bien compris que c’est M. Ping qu’ils cherchent à atteindre », a poursuivi Me Bantsantsa. Jean Ping, qui dénonce des fraudes pendant la présidentielle du 27 août 2016 et se proclame toujours président élu, a organisé un rassemblement samedi à Libreville, le premier depuis plusieurs mois dans la capitale gabonaise, alors que le Gabon est toujours en proie à des tensions politiques, économiques et sociales, sept mois après la réélection contestée d’Ali Bongo Ondimba.

Début avril à Paris, lors d’une conférence organisée par la campagne internationale « Tournons la page » pour la démocratie en Afrique, des membres de la diaspora gabonaise, dont un ancien détenu, avaient dénoncé les conditions d’incarcération dans la prison de Libreville. Le cyberactiviste Landry Amiang y est toujours détenu depuis son retour des États-unis mi-août, tout comme l’ancien député Bertrand Zibi Abeghe, arrêté le 31 août pour « trouble à l’ordre public » et « détention d’arme à feu ».

Jeuneafrique.com

Gabon : premier rassemblement de Jean Ping depuis plusieurs mois

avril 16, 2017

Jean Ping lors du meeting de clôture de l’opposition. © AFP

Le rival du président gabonais Ali Bongo Ondimba, Jean Ping, qui se proclame toujours « président élu » a tenu un premier rassemblement d’ampleur depuis décembre ce samedi à Libreville, alors que le pouvoir organise un « dialogue politique » pour apaiser les tensions post-électorales.

« Il est vrai qu’Ali (Bongo) s’accroche à son coup d’Etat militaro-électoral. Ca ne marchera plus », a déclaré Jean Ping devant quelques milliers de partisans qui scandaient « Ping président » et portaient son effigie sur les affiches et les vêtements.

« Jusqu’à la présidence »

« Jean Ping est là pour (…) aller jusqu’à la présidence de la République », a ajouté l’ancien président de la Commission de L’Union africaine (UA), qui était accompagné de plusieurs de ses soutiens, comme l’ancien Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane.

Jean Ping a évoqué ses récents voyages à l’étranger et dans les provinces du Gabon. Il a observé une minute de silence pour les victimes des violences post-électorales qui avaient fait plusieurs morts.

Pilier du régime du défunt Omar Bongo Ondimba, père de l’actuel chef de l’Etat, Jean Ping a été crédité par la Cour constitutionnelle de 47,24% des voix, contre 50,66% pour Ali Bongo après les élections du 27 août 2016.

Ses partisans dénoncent la partialité de la Cour et avancent notamment le rapport de la mission électorale d’observation de l’Union européenne qui parle d’ »anomalies » mettant en cause le « résultat final de l’élection ».

Le pouvoir d’Ali Bongo organise jusqu’au 10 mai un « dialogue politique inclusif et sans tabou » pour tenter de calmer les tensions post-électorales et ouvrir le débat sur des réformes constitutionnelles.

Plusieurs anciens membres de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), la formation de l’opposition qui s’était rassemblée derrière Jean Ping pour les élections, participent à ce dialogue.

Jeuneafrique.com avec AFP

Gabon : duel à distance entre Jean Ping et Ali Bongo Ondimba

avril 3, 2017

Jean Ping et Ali Bongo Ondimba étaient les deux candidats favoris de la présidentielle de 2016. © Vincent Fournier/JA

Je dialogue… moi non plus. À la veille des assises censées dénouer la crise postélectorale, qui ont commencé mardi 28 mars, les chances étaient minces de voir ABO et Jean Ping s’asseoir autour d’une même table.

Il avait promis de ne rien lâcher. Candidat malheureux à l’élection présidentielle du 27 août 2016, Jean Ping mène depuis sept mois une guerre des nerfs contre Ali Bongo Ondimba (ABO), dont il conteste la réélection.

Le processus électoral joue les prolongations et la prochaine échéance était prévue le 28 mars, date de l’ouverture du dialogue politique organisé par le pouvoir. Selon le comité ad hoc chargé d’organiser ce forum censé réunir l’ensemble des forces politiques du pays, l’objectif est d’apaiser les tensions sociopolitiques, de renforcer l’État de droit, de relancer le développement économique et d’enraciner une gouvernance saine et efficace. Mais l’opposant ne veut pas en entendre parler. Gratifié du titre de « président élu » par ses partisans, il a organisé son propre dialogue en décembre et les a appelés à boycotter les assises décidées par son rival.

Tenez bon ! Nous pouvons encore le chasser

Ne laissant aucun répit à ABO, Ping est récemment repassé à l’offensive : il s’est rendu à Paris mi-mars, multipliant les rendez-vous avec ses soutiens français avant de se rendre à Bruxelles, où il compte des amis au sein des institutions européennes. « Tenez bon ! Nous pouvons encore le chasser », clame-t-il à ses partisans tentés de prendre part aux législatives prévues en juillet.

Dans cette guerre de tranchées, une éphémère paix des braves avait été conclue. En janvier, des contacts informels entre les belligérants ont fait naître l’espoir d’un apaisement. Jean Ping a alors laissé des modérés de son entourage discuter avec le régime. « Nous avons même évoqué la possibilité d’un rendez-vous », confie l’un des négociateurs.

Et puis patatras ! Le 2 février, le Parlement européen fait tout capoter en adoptant une résolution au vitriol s’appuyant sur le rapport de la mission d’observation électorale mandatée par Bruxelles au Gabon : selon les députés européens, le processus électoral a manqué de « transparence », au point de produire des résultats « extrêmement douteux ».

Enfonçant le clou, le Parlement demande au Conseil européen, instance ministérielle habilitée à prendre des décisions contraignantes, de se saisir du dossier pour faire jouer les dispositions de l’accord de Cotonou. Dans ce cas de figure, celui-ci prévoit l’ouverture de consultations avec le pays mis en cause et, le cas échéant, le recours à des sanctions ciblées contre certaines personnalités au pouvoir. Revigoré par ce soutien venu de Bruxelles, Jean Ping enjoint dès lors à ses émissaires de rompre tout contact avec leurs interlocuteurs.

Départs de feu

Les hostilités reprennent de plus belle, sur fond de front social en ébullition. Connectée à l’agenda politique, la puissante Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) hausse le ton. Déjà en grève générale illimitée, les enseignants refusent de reprendre les cours tandis que les élèves investissent la rue. À bout de patience, le gouvernement tape donc du poing sur la table : le 17 mars, le ministre de l’Intérieur interdit le syndicat pour faits de « troubles manifestes à l’ordre public, entrave à la liberté du travail, violence et voies de fait ».

Sur le plan international, le pouvoir s’emploie également à éteindre les départs de feu. Ancien ministre des Affaires étrangères et ex-président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping a activé ses réseaux pour tenter d’isoler son adversaire. À Paris, le plaidoyer de l’opposant à d’abord reçu un écho favorable.

Le 1er septembre 2016, après une nuit de violences consécutive à la proclamation des résultats, l’ambassadeur français auprès des Nations unies, François Delattre, demande l’inscription de la crise postélectorale gabonaise à l’ordre du jour du Conseil de sécurité – dans la rubrique « divers » – afin que l’examen de la question soit sanctionné par un communiqué de son président.

Même si elle n’a pas la même force qu’une résolution, cette procédure couramment utilisée peut se révéler désastreuse, en matière d’image, pour le pays concerné car elle est susceptible d’entraîner une saisine du Comité des droits de l’homme. Toutefois, l’initiative n’aboutit pas, en raison du veto de la Chine et de la Russie.

Durant la même période, une autre bataille diplomatique se joue au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), en prélude au sommet de Madagascar. Initialement, une résolution sur les troubles postélectoraux, portée par la France et le Canada, était inscrite à l’ordre du jour. Mais les diplomates gabonais parviennent à déconstruire le projet point par point.

Jean Ping a gagné l’élection mais il y a un seul président au Palais, et c’est Ali Bongo

À la veille du sommet, Paris revient à de meilleurs sentiments. « Le Gabon a un président et le seul souhait que nous pouvons émettre, c’est qu’il y ait un dialogue, une réconciliation », déclare le Premier ministre Manuel Valls en novembre. Ping accuse le coup mais ne baisse pas les bras.

Le 18 décembre, il convoque son propre « dialogue », où il n’est question que du départ d’ABO. Mais les décisions qui en sortent n’auront aucun impact. « Comment pouvons-nous faire en sorte que nos propositions s’accordent avec la réalité juridique, constitutionnelle et politique du pays ? s’interroge Casimir Oyé Mba, ex-candidat à la présidentielle avant son ralliement à Ping. Jean Ping a gagné l’élection mais il y a un seul président au Palais, et c’est Ali Bongo. »

Dans les rangs du pouvoir, on a la dent dure contre le Parlement européen. « La résolution du 2 février 2017 a torpillé les efforts de réconciliation entrepris, regrette un ministre. Elle a redonné espoir aux “faucons” de l’entourage de Ping, comme Zacharie Myboto et Guy Nzouba-Ndama, qui l’incitent à camper sur une ligne intransigeante. »

On est loin du scénario des accords de Paris, signés en septembre 1994 : tout en jouant à la perfection le rôle de l’opposant radical, chauffant à blanc ses partisans afin d’être en position de force face à Omar Bongo Ondimba, le père Paul Mba Abessole avait laissé ses lieutenants négocier. « Peut-être René Ndémezo Obiang joue-t-il ce rôle de négociateur pour le compte de Ping ? » susurre un habitué des joutes politiciennes gabonaises.

 Beaucoup se comportent comme s’il ne s’agissait que d’un partage de postes

Hier directeur de campagne de Jean Ping, ce politicien rusé est aujourd’hui le premier vice-président du bureau du comité ad hoc chargé du dialogue. Officiellement, il a lâché son champion. Mais en coulisses tout semble possible…

Participer ou non aux assises ? La question menace de faire imploser l’opposition. Contre l’avis de leur chef de file, plusieurs personnalités de la coalition formée autour de Ping sont aujourd’hui prêtes à discuter avec le pouvoir. Patron de l’une des trois tendances de l’Union du peuple gabonais (UPG), David Mbadinga n’est pas insensible à la perspective de refondre le code électoral. L’ancien président de l’Assemblée nationale et patron du Congrès pour la démocratie et la justice (CDJ), Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé, pourrait bien en être, lui aussi. Quant à la société civile, elle a en partie sauté le pas.

Reste qu’au bout du compte le pouvoir fait un pari risqué. Discuter d’apaisement en l’absence de Ping peut en effet sembler une vaine démarche. En outre, la très active société civile a dû attendre son tour pour se faire entendre : « Beaucoup se comportent comme s’il ne s’agissait que d’un partage de postes. Moi, je n’y vais pas pour cela », s’indigne Dieudonné Minlama Mintogo, candidat indépendant à la présidentielle, qui était plutôt partisan d’une commission vérité et réconciliation susceptible d’aboutir à l’indemnisation des victimes des violences postélectorales. Il n’était pas trop tard, ce 28 mars, pour tenter de recoller les morceaux de ce pays fracturé.


LE RETOUR DES GRANDES PALABRES

Réunie autour de Jean Ping, une partie de l’opposition ne veut pas y aller. Ali Bongo Ondimba lui-même s’y rend à reculons. Cohérent avec sa volonté de rompre avec les petits arrangements qui ont perverti la longue présidence de son père, compromettant par ricochet le développement du pays, il ne voulait plus entendre parler de ces palabres politiques.

Au cours de son précédent septennat, il avait tenté de réactiver une instance en sommeil : le Conseil national de la démocratie, un organe consultatif ayant notamment un rôle de médiateur dans les conflits opposant des acteurs politiques. Mais la seule évocation de ce « machin » suscite les sarcasmes.

Reste donc le bon vieux dialogue, comme sous « Omar ». Convoqué le 28 mars, il doit se tenir en plusieurs phases et permettre aux participants de tout mettre sur la table. Réuni du 15 au 25 février, un comité ad hoc présidé par le Premier ministre, Emmanuel Issoze-Ngondet, en a fixé les thèmes et les objectifs, avec la participation d’une partie de l’opposition.

Les Gabonais pourront notamment discuter de la durée des mandats – ceux du président, des députés, des sénateurs, des élus locaux et des membres de la Cour constitutionnelle. Ce sera également l’occasion de réviser le code électoral, de redécouper les circonscriptions, de redéfinir le rôle et les missions des instances chargées de l’organisation des élections (ministère de l’Intérieur, commission électorale et Cour constitutionnelle). Les résolutions qui en sortiront pourraient changer profondément le cadre institutionnel et constitutionnel du pays.

Jeuneafrique.com par

Bongo lance son « dialogue politique » sans Ping dans un Gabon sous tension

mars 26, 2017

Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba à Libreville le 5 février 2017 / © AFP/Archives / GABRIEL BOUYS

En proie à des tensions politiques, économiques et sociales, le Gabon lance mardi son « dialogue politique » voulu par le président Ali Bongo Ondimba depuis sa réélection contestée il y a six mois, mais boycotté par son rival Jean Ping.

Alors que Libreville cherche de nouveaux investisseurs, notamment en Chine et en France, pour relancer et diversifier son économie, les partenaires du pays suivent de près ce rendez-vous. En tête desquels la France, ex-puissance coloniale, qui avait accueilli très fraîchement la réélection de M. Bongo, mise en cause par les observateurs électoraux de l’Union européenne (UE).

Le président Bongo Ondimba avait annoncé ce « dialogue politique inclusif et sans tabou » immédiatement après la validation de sa réélection le 24 septembre par la Cour constitutionnelle. La première annonce de sa victoire avait suscité des violences rares dans ce pays pétrolier d’1,8 million d’habitants relativement prospère, dirigé par la famille Bongo depuis 50 ans.

Vendredi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault « a exprimé l?espoir » que ce dialogue « débouche sur des réformes structurelles », après avoir reçu à Paris le Premier ministre gabonais Emmanuel Issoze Ngondet, première réception officielle d’un haut responsable gabonais depuis la présidentielle.

– 1.200 organisations –

« La préparation des prochaines élections législatives est une opportunité pour que les différentes sensibilités politiques prennent des engagements en faveur de la démocratie et l?État de droit au Gabon. Une facilitation internationale pourrait utilement être mobilisée », a ajouté le quai d’Orsay.

Le Premier ministre gabonais Emmanuel Issoze Ngondet, le 29 septembre 2016 à Libreville / © AFP/Archives / STEVE JORDAN

A Paris, M. Issoze Ngondet a aussi cherché de nouveaux investisseurs auprès du patronat français (Medef), qui s’est inquiété des retards de paiement touchant les entreprises françaises au Gabon, victime de la chute des cours du brut (40% de son PIB avant la crise en 2014).

Le « dialogue politique inclusif et sans tabou » est boycotté par la Coalition pour la nouvelle République (CNR) de Jean Ping, qui se proclame toujours président élu et qui se trouvait également à Paris la semaine dernière.

M. Ping, crédité par la Cour constitutionnelle de 47,24% des voix contre 50,66% pour M. Bongo, cite le rapport de la mission électorale de l’UE qui parle d' »anomalies » mettant en cause le « résultat final de l?élection ».

« Que tel ou tel ne participe pas, peu importe, cela ne gêne pas », a assuré le Premier ministre gabonais jeudi sur la chaîne France 24, se félicitant de la participation « massive » de la société civile (pas moins de 1.200 « organisations » officiellement enregistrées) et d’une cinquantaine de partis politiques.

Ce dialogue est un « impératif » pour « sortir de la situation tendue qui a prévalu au lendemain de la présidentielle », a ajouté M. Issoze Ngondet dans un entretien au quotidien Le Monde.

Le principal opposant au président Bongo, Jean Ping (G) de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) à Libreville le 27 janvier 2017 / © AFP/Archives / STEVE JORDAN

– Un air de « déjà-vu » –

Le dialogue doit commencer par une phase « citoyenne » avec les acteurs de la société civile, alors que le gouvernement vient d’interdire les activités d’une fédération de sept syndicats d’enseignants en grève depuis plusieurs mois.

Les discussions politiques devraient ensuite porter sur plusieurs possibles réformes constitutionnelles: limitation du nombre de mandats présidentiels de sept ans, élection présidentielle à deux tours et non plus un seul, rétablissement d’un poste de vice-président…

Devrait être aussi abordé le rôle de la commission électorale et de la Cour constitutionnelle, deux institutions particulièrement décriées par l’opposition lors de la présidentielle.

Ce dialogue devrait être le préalable à des élections législatives, déjà reportées au plus au tard à fin juillet 2017. Cependant ces élections pourraient de nouveau être ajournées en cas d’adoption de réformes constitutionnelles, indique-t-on de source proche de la présidence.

Ce forum a un air de « déjà vu » pour les vétérans et les poids lourds de la classe politique gabonaise. Après sa réélection contestée lors de la première présidentielle pluraliste du pays, en 1993, Omar Bongo, père de l’actuel président, avait organisé un dialogue similaire, tenu alors à Paris.

Après des mois de tractations et de discussions de couloirs, il avait abouti à conforter le pouvoir du chef de l’État.

Romandie.com avec(©AFP / 26 mars 2017 16h07)

Gabon : le dialogue national débutera dans une semaine, sans Jean Ping

mars 1, 2017

Jean Ping à Paris en février 2016. © Vincent Fournier/J.A.

Le calendrier politique s’est accéléré mardi au Gabon, avec la fin des préparatifs du dialogue national voulu par le président Ali Bongo Ondimba après sa réélection contestée en 2016. Un événement auquel n’a pas souhaité participer le parti de son rival Jean Ping.

« Un dialogue inclusif et sans tabou. » Six mois après les violences qui ont suivi le scrutin présidentiel du 27 août, la majorité et une partie de l’opposition viennent de boucler les travaux d’un comité préparatoire « paritaire » préalable à l’organisation du dialogue national voulu par l’exécutif gabonais.

« La prochaine phase sera le lancement officiel du dialogue par le chef de l’État. Je peux dire que cela ne saurait tarder, c’est-à-dire dans une semaine tout au plus », a déclaré à l’AFP le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, venu conclure les travaux.

Un absent notable

« Je ne pense pas qu’il manque une partie de l’opposition. Nous avons consulté près de 54 ou 56 partis, c’est-à-dire l’ensemble des partis de la majorité et de l’opposition », a-t-il ajouté. Reste un absent notable : la Coalition pour la nouvelle République (CNR) de Jean Ping, qui n’a pas participé « ni de près ni de loin » à ces travaux préparatoires, comme l’indique son porte-parole Jean Gaspard Ntountoume.

Crédité officiellement de 47,24% des voix contre 50,66% pour Ali Bongo, Jean Ping a toujours refusé l’offre de dialogue politique de son rival, dont il ne reconnaît pas la victoire, se proclamant le « président élu ».

Des élections à deux tours ?

Ce dialogue devra porter sur la réforme des institutions, les futures élections, la modernisation de la vie politique, la cohésion sociale et la paix. « Il se tiendra à Libreville et durera 21 jours qui pourront être prolongés », a indiqué le rapporteur, qui a évoqué la présence de médiateurs gabonais ou étrangers.

« On va parler du mandat du président de la République, parce que nous souhaiterions la limitation du mandat. Nous souhaiterions des élections à deux tours », a déclaré à l’AFP l’un des représentants de l’opposition prête au dialogue, Pierre Claver Maganga Moussavou.

Jeuneafrique.com avec AFP

Gabon : le rêve d’investiture de Jean Ping

janvier 20, 2017

  

© KAM / J.A.

Les Gambiens ont assisté jeudi 19 janvier à un événement insolite, la cérémonie d’investiture de leur président hors du pays. Un scénario qui doit laisser songeur Jean Ping…

Adama Barrow, le vainqueur de l’élection présidentielle a en effet prêté serment à l’ambassade de la Gambie à Dakar, au Sénégal, après l’expiration du mandat du chef de l’État sortant Yahya Jammeh qui refuse de céder le pouvoir.

Ce scénario fait sans doute rêver Jean Ping, le candidat malheureux à l’élection présidentielle gabonaise d’août 2016 qui espère toujours prêter serment comme il l’a annoncé lors d’un meeting en décembre dernier. Jean Ping affirme toujours avoir gagné l’élection présidentielle et être le président légitime du Gabon en s’appuyant notamment sur un rapport de l’Union européenne démontrant que les résultats du scrutin étaient entachés d’irrégularités.

Il recherche toujours très activement des soutiens à l’intérieur et à l’extérieur de son pays. Néanmoins, contrairement à Adama Barrow, Jean Ping n’a pas été reconnu vainqueur de l’élection par la commission électorale de son pays, ce qui complique quelque peu sa volonté de se faire reconnaître comme seul président légitime du Gabon.

Jeuneafrique.com par KAM