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Les revenants du jihad: un casse-tête européen

juin 16, 2017

Image fournie par le média jihadiste al-Itisam Media le 29 juin 2014, censé montrer des membres du groupe Etat islamique dans un lieu non défini entre la province irakienne de Ninive en Irak et la ville syrienne de Al-Hasakah / © Al-Itisam Media/AFP/Archives / –

Ils sont des milliers, aguerris, endoctrinés, parfois traumatisés: les jihadistes européens partis combattre en Syrie et en Irak ont commencé à rentrer, et face à ces retours les pays de l’UE peinent à trouver une parade commune.

Les chiffres officiels, imprécis car certains combattants ont gagné les zones de jihad puis en sont revenus sans attirer l’attention, estiment à cinq à six mille (sur un total d’environ 27.000 combattants étrangers) le nombre de ressortissants ou de résidents de pays de l’UE à avoir pris le chemin de la Syrie ou de l’Irak, le plus souvent via la Turquie.

Selon le coordinateur de l’Union européenne contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, « entre 2.000 et 2.500 » Européens ou résidents de pays de l’UE encore sur place, sont susceptibles, alors que le groupe État islamique (EI) perd régulièrement du terrain dans les deux pays où il avait proclamé son « califat », de rentrer.

« Les chiffres les plus récents suggèrent que sur le total de combattants étrangers européens, 15 à 20% sont morts sur place, 30 à 35% sont déjà rentrés et environ 50% sont encore en Syrie et en Irak », écrivait-il dans un rapport récent.

Si le retour dans leurs pays d’origine de certains semble acquis, d’autres resteront « dans des poches de résistance dans des pays voisins ou voyageront vers d’autres zones de conflit », estime M. de Kerchove.

Intervenant en mars devant le groupe de réflexion londonien Chatham House, le commissaire européen chargé de la sécurité, Sir Julian King, estimait que « la menace va rester à un niveau élevé dans les mois et les années à venir (…) avec la probabilité que des combattants terroristes étrangers tentent de rentrer dans l’Union européenne, certains avec l’intention de planifier et d’exécuter de nouvelles attaques ».

– « Les plus malins » –

Selon un décompte des bureaux européens de l’AFP, à partir d’estimations officielles, environ 1.500 jihadistes sont déjà rentrés dans leurs pays d’origine ou de résidence, dans lesquels ils sont le plus souvent emprisonnés, toujours placés sous une surveillance plus ou moins étroite et parfois inclus dans des programmes de déradicalisation, dont personne à cette heure ne peut avoir la certitude qu’ils atteignent leur but.

Le premier écueil est de parvenir à évaluer la dangerosité de ceux que le journaliste français David Thomson a baptisé dans son livre-enquête « Les revenants », en commençant par déterminer ce qu’ils ont fait en terre de jihad.

« Le problème, c’est que quand ils rentrent et qu’ils sont interrogés, ils disent tous qu’ils étaient infirmiers », dit David Thomson à l’AFP. « La grande difficulté pour la justice, c’est d’avoir des éléments matériels pour prouver ce qu’a fait un individu sur le sol syrien. Les plus malins, souvent les plus dangereux, n’ont jamais posté quoi que ce soit de leurs activités sur les réseaux sociaux ».

« Donc en France, la règle est la prison, pour des peines de plus en plus longues: on décale le problème dans le temps, faute de savoir quoi faire pour l’instant », ajoute-t-il.

Dans les pays de l’UE, les « revenants » sont d’abord arrêtés, interrogés, soumis à enquête.

Tous les pays ont introduit dans leurs législations des chefs d’inculpation spécifiques: « appartenance à une organisation terroriste », « activité terroriste » ou « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

Selon le décompte de l’AFP, il y a actuellement en Allemagne environ 280 revenants (sur 820 départs), au Royaume-Uni environ 450 (sur 850 départs), en France environ 210 (sur un millier de départs), aux Pays-Bas 45 revenants (sur au moins 280 départ), en Belgique environ 120 (sur environ 280 départs), en Norvège une quarantaine (sur une centaine de départs), en Suède environ 150 revenants (sur environ 300 départs), en Finlande une vingtaine de retours (sur 80 départs) et au Danemark environ 70 revenants (sur au moins 145 départs).

– Politique de fermeté –

En Autriche, les autorités estiment que sur les 300 apprentis-jihadistes partis (au moins la moitié sont d’origine tchétchène), une quarantaine a été tuée et une cinquantaine arrêtée à leur retour.

« Il y a deux conséquences pour les combattants autrichiens rentrant de Syrie » a indiqué à l’AFP Karl-Heinz Grunboeck, porte-parole du ministère de l’Intérieur. « La première, c’est une inculpation pour appartenance à une organisation terroriste. Un éventuel passé criminel sera également examiné. Puis, ils seront soumis à une surveillance policière, pour évaluer les risques qu’ils pourraient représenter ».

Pour Phil Gurski, chercheur au Centre international pour le contre-terrorisme de La Haye, « en plus des risques d’implication des combattants étrangers dans des actions terroristes, les États ne savent pas vraiment quoi faire de ceux qui vont revenir ».

« Certains vont rentrer traumatisés, certains blessés, d’autres voudront renier l’EI et ses méthodes barbares mais certains pourraient avoir gardé la volonté de radicaliser leur entourage », ajoute-t-il.

Faute d’une politique ou d’une directive commune aux pays de l’UE, les gouvernements appliquent une politique de fermeté, avec emprisonnement dès que des charges suffisantes peuvent être étayées, comparution en justice et surveillance policière.

Quelques expériences tentent de jouer la carte du dialogue. Ainsi la ville danoise d’Aarhus a entamé dès 2007 un programme de réhabilitation, à base de mesures d’accompagnement, afin d’aider les jihadistes de retour ou ceux qui auraient eu la volonté de partir à trouver un emploi, une formation et un logement.

Romandie.com avec(©AFP / 16 juin 2017 14h13)                

Canada: perquisitions après l’interception de jeunes candidats au jihad

mai 26, 2015

Montréal – La police fédérale canadienne a procédé mardi à une série de perquisitions dans la région de Montréal en lien avec l’interpellation récente de dix jeunes soupçonnés d’avoir voulu rejoindre les rangs de groupes jihadistes.

Des perquisitions ont été réalisées dans le cadre de l’enquête menée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sur ces tentatives de départs, a indiqué un porte-parole, Erique Gasse. Ce dernier n’a pas précisé si la police avait procédé à des arrestations.

La police a emporté quelques cartons à l’issue de l’une des perquisitions en grande banlieue de la métropole québécoise, selon les images des télévisions au domicile de l’un des dix jeunes interpelés le week-end du 16 mai à l’aéroport de Montréal. Du matériel informatique a également été saisi.

Après avoir intercepté in extremis ces jeunes âgés de 15 à 18 ans à l’aéroport, la GRC avait indiqué qu’ils s’apprêtaient à aller rejoindre les rangs de groupes jihadistes en Syrie.

A l’issue de leur interrogatoire, les jeunes avaient tous été remis en liberté sans aucune inculpation. La police leur avait cependant retiré leur passeport.

Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a laissé entendre lundi que les jeunes auraient pu être détenus en vertu d’un nouveau projet de loi antiterroriste, actuellement à l’examen au Sénat canadien après son adoption par les députés.

Dans le cadre de l’enquête, les familles et les proches des jeunes avaient aussi été interrogés par la police. C’est l’alerte donnée par l’un des parents qui avait permis d’éviter au tout dernier moment le départ des adolescents.

Quatre d’entre eux étaient liés à six autres garçons et filles de la région de Montréal partis, selon leur famille, en Syrie en janvier pour rejoindre le groupe jihadiste Etat islamique.

Ces jeunes sont tous issus de la seconde génération de l’immigration et, pour certains, fréquentaient le même lycée de Montréal où chaque week-end des cours sur le Coran étaient dispensés dans des locaux loués par un responsable musulman controversé.

L’avocat d’un des jeunes privés de départ avait estimé que son client était la victime des recruteurs jihadistes promettant sur internet une vie meilleure à des adolescents en manque de repères.

En avril, un garçon et une fille âgés de 18 ans avaient été accusés de vouloir commettre une infraction liée au terrorisme. Ils sont toujours incarcérés à Montréal.

Deux autres Montréalais de 22 et 26 ans, soupçonnés de menace à la sécurité nationale, ont également été arrêtés au début du printemps puis soumis à un strict contrôle judiciaire.

Romandie.com avec(©AFP / 26 mai 2015 19h31)

Plus de 50 personnes vivant en Suisse sont parties faire le jihad

octobre 15, 2014

Le nombre de jihadistes de Suisse explose: 55 départs ont été recensés jusqu’à aujourd’hui, contre une vingtaine en mai 2013. Trente et un voyageurs motivés par le jihad ont pris la direction de la Syrie et de l’Irak, indique mercredi à l’ats le Service de renseignement de la Confédération (SRC).

Les autres, soit 24 personnes, ont mis le cap sur l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen et la Somalie. « Certains de ces voyageurs sont encore sur place, six personnes sont décédées, certaines font des aller et retour dans ces régions et d’autres sont de retour en Suisse », souligne Isabelle Graber, porte-parole du SRC.

L’année 2014 est marquée par une nette augmentation du phénomène. Une quarantaine de cas avaient été évoqués lors du dernier bilan présenté en mai dernier. Un chiffre passé à environ 50 le mois passé.

Romandie.com

Militaire agressé à Paris: le suspect récemment converti à l’islam

mai 29, 2013

 

Le jeune homme, arrêté mercredi dans la banlieue parisienne a reconnu avoir agressé un militaire français. Il s’était converti récemment à l’islam et a sans doute agi au nom de son « idéologie religieuse », a indiqué un magistrat.

Alexandre, un Français qui aura 22 ans jeudi, a « reconnu les faits » lors de son interpellation chez une de ses amies, a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse, évoquant une « volonté de tuer assez évidente » du suspect.

L’agression du militaire était survenue samedi trois jours après le meurtre à Londres d’un soldat britannique par deux islamistes radicaux, sans qu’aucun lien n’ait été établi entre les deux attaques.

Elle avait suscité une forte émotion en France un peu plus d’un an après l’assassinat au nom du jihad de sept personnes, dont trois militaires, par Mohamed Merah, un jeune délinquant de la banlieue de Toulouse, au sud-ouest de la France.

« Plusieurs dizaines de Merah potentiels »

A ce propos, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a indiqué mercredi qu’il y avait, selon lui, « plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de Merah potentiels » en France. Il a également mis en garde contre le risque posé par « plusieurs centaines d’Européens » partis combattre en Syrie, « parfois » avec « des troupes clairement affiliées à Al-Qaïda ».

Selon le récit du procureur, Alexandre D. a d’abord acheté deux couteaux dans un hypermarché. Une heure plus tard il a été filmé en train de prier par des caméras de vidéosurveillance, et moins de dix minutes plus tard, il a planté un couteau dans le cou du militaire en patrouille dans un quartier d’affaires de la banlieue parisienne.

L’auteur n’a pas hésité « à porter plusieurs coups » avec une « détermination impressionnante », a insisté le procureur. Manuel Valls a évoqué « un acte sans doute préparé, qui fort heureusement ne s’est pas terminé tragiquement ».

Agression filmée

L’agression du militaire, qui était en patrouille dans le cadre d’un dispositif antiterroriste, avait été filmée par la vidéosurveillance et la police disposait d’images nettes. Le procureur de Paris a indiqué que l’auteur présumé de l’agression n’était pas connu des services de renseignement et que son identité avait simplement été contrôlée en 2009 à l’occasion d’une prière de rue.

Romandie.com

Enfants soldats: le Mali face à un phénomène inédit dans son histoire, selon l’Unicef

février 12, 2013
Enfants soldats: le Mali face à un phénomène inédit dans son histoire, selon l'Unicef Enfants soldats: le Mali face à un phénomène inédit dans son histoire, selon l’Unicef © AFP

Des centaines d’enfants ont été enrôlés par les groupes ayant occupé en 2012 le Nord malien, une première dans ce pays où une intervention militaire est en cours, a affirmé la représentante de l’Unicef au Mali, Françoise Ackermans, dans un entretien à l’AFP à Dakar.

Elle n’a pas pas souhaité identifier les groupes armés utilisant ou ayant utilisé des mineurs dans leurs rangs.

Le Mali est plongé dans une crise politico-militaire provoquée en janvier 2012 par une offensive de la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), alors alliée aux groupes islamistes Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Q: Ces derniers temps, on a évoqué la présence d’enfants combattants dans les rangs des groupes armés au Mali. Qu’en est-il?

R: « C’est quelque chose qui a eu lieu dans d’autres pays mais qui n’a pas de précédent au Mali. Aujourd’hui, on a la certitude qu’il y a des centaines d’enfants qui sont enrôlés dans des groupes armés. (. . . ) Les petites filles – on n’en parle pas beaucoup, il y en a généralement très peu – vous pouvez imaginer à quoi elles servent: elles vont peut-être faire la cuisine, mais elles vont faire beaucoup d’autres choses. Peu importe le groupe, quand il y a des enfants, il faut leur venir en aide ».

Q: Comment?

R: « L’identification de ces enfants qui sont enrôlés, c’est très complexe. Une fois qu’ils sont identifiés, les faire sortir du groupe est aussi extrêmement difficile, parce que l’enfant apprend des choses qu’il ne devrait pas savoir: on va lui donner une arme, lui expliquer comment tuer (. . . ). Il faut le protéger immédiatement, retrouver sa famille, pour donner à cet enfant une possibilité de réinsérer un système normal. Il faut faire en sorte que ces enfants ne restent pas longtemps dans un groupe armé ».

Q: Il y a déjà eu des cas d’enfants retirés des groupes armés au Mali?

R: « Il n’y a (même) pas trois-quatre jours, un enfant, identifié, est sorti d’un groupe. Aujourd’hui, il est protégé, on a retrouvé sa famille mais il ne dort plus. C’est un enfant de 16 ans qui a abandonné l’école il y a quelques mois. Il a cherché un petit travail et, de fil en aiguille, s’est retrouvé enrôlé, dans une situation qu’il n’a pas voulue ».

Q: Combien d’enfants ont été « sortis » des groupes armés ?

R: « Aujourd’hui, c’est au compte-gouttes qu’ils sortent de ces groupes armés. Pour le moment, on parle de quelques enfants. Dans les régions de Mopti (centre) et Ségou (ouest), il y a des centres de transit qui sont en train de se mettre sur place, avec l’Etat, qui permettront de rassembler ces enfants une fois qu’ils auront été identifiés et de pouvoir leur offrir d’abord les premiers gestes de protection. On doit être prêt à prendre en charge beaucoup d’enfants. (. . . ) Au Mali, on doit se battre sur tout. Et aujourd’hui, on rajoute encore des problématiques (dans ce pays où) les structures en charge de la protection de l’enfant n’ont jamais eu, ou pu, bénéficier de beaucoup de financements avant la crise. (. . . ) La crise du Nord a un impact sur les enfants dans le Nord mais aussi dans le reste du pays, parce qu’aujourd’hui, la situation dans tout le Mali est une situation difficile pour les familles. (. . . ) On s’attend à avoir 650. 000 enfants qui souffrent de malnutrition dans tout le pays, dont 210. 000 de malnutrition aiguë sévère ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Mali : deux jeunes portant des ceintures d’explosifs arrêtés à Gao, retour au calme à Bamako

février 9, 2013

Des soldats maliens renforcent un chck-point à Gao le 8 février 2013. Des soldats maliens renforcent un chck-point à Gao le 8 février 2013. © AFP

Les soldats maliens renforçaient samedi la sécurité dans la région de Gao, dans le nord du Mali, après l’arrestation de deux jeunes portant des ceintures d’explosifs et au lendemain du premier attentat suicide recensé dans le pays.

Les soldats maliens renforçaient samedi la sécurité dans la région de Gao, dans le nord du Mali, après l’arrestation de deux jeunes portant des ceintures d’explosifs et au lendemain du premier attentat suicide recensé dans le pays.

A Bamako, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a vivement condamné vendredi soir les « tirs fratricides » entre soldats maliens, survenus au camp des Bérets rouges, qui ont tué deux civils, lançant un nouvel appel à « l’union sacrée indispensable », en pleine reconquête du nord du Mali contre les groupes islamistes armés. Ces derniers, qui ont refusé le choc frontal avec les soldats français et maliens, semblent avoir opté pour un recours aux attentats suicides et à la pose de mines sur les routes.

Deux jeunes portant des ceintures bourrées d’explosifs ont ainsi été arrêtés samedi matin à 20 kilomètres au nord de Gao, au lendemain du premier attentat suicide au Mali, survenu dans cette même ville située à 1.200 km au nord-est de Bamako et récemment reprise aux groupes islamistes armés. « Nous avons arrêté tôt aujourd’hui deux jeunes, un Arabe et un Touareg. Ils avaient une ceinture d’explosifs et ils étaient sur le dos de deux ânes », a déclaré à l’AFP Oumar Maïga, le fils du chef du village local.

Les deux jeunes ont été arrêtés sur la route menant à Bourem et à Kidal, à 20 km de l’entrée nord de Gao, où un homme s’est fait exploser vendredi dans un attentat suicide visant des militaires maliens, blessant légèrement l’un d’entre eux. L’attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions.

Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé « une nouvelle zone de conflit », promettant d’attaquer des convois, de poser des mines et « d’organiser des kamikazes ». Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens aux islamistes. Mais depuis vendredi, la ville semble en état de siège: aussitôt après l’attentat suicide, soldats et gendarmes maliens se sont affairés à renforcer les postes aux entrées de la ville, a constaté un journaliste de l’AFP.

Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, mitrailleuses lourdes en batterie, renforcement des patrouilles des soldats nigériens: les mesures traduisent l’inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques. « Dès qu’on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c’est dangereux », a confié a l’AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à la cause des islamistes.

Divisions au sein de l’armée

Des mines ont été découvertes sur les routes alentours: quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.

Dans la capitale malienne, le calme était revenu samedi après les affrontements survenus la veille dans l’attaque par des militaires du camp d’une ancienne unité d’élite de l’armée malienne, les Bérets rouges.

Au moins deux personnes, des adolescents, ont été tués et treize blessées, selon un bilan du gouvernement, dans cette attaque qui a suscité la colère du chef d’état malien. « Je vous demande d’arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l’armée malienne qui doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à hauteur de mission », a déclaré vendredi soir Dioncounda Traoré, lors d’une allocution empreinte de gravité à la télévision publique ORTM.

Le président malien a précisé que le Premier Ministre Diango Cissoko recevrait lundi les représentants des Bérets rouges « pour trouver une solution définitive à cette crise ». Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l’armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à Bamako et d’être réaffectés dans d’autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord.

Les Bérets rouges sont les membres du Régiment des commandos parachutistes, un corps d’élite de l’armée malienne jusqu’au coup d’Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité.

Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d’un autre corps d’armée, les Bérets verts. L’attaque a coïncidé avec l’arrivée à Bamako d’un premier contingent de 70 militaires européens, chargés de former l’armée malienne, qui est « en état de délabrement avancé », selon le général français François Lecointre, qui dirige la mission de l’Union européenne.

Jeuneafrique.com avec AFP

Mali : le Mujao revendique des explosions de mines meurtrières

février 7, 2013

Le Mujao est l'un des groupes islamistes armés qui ont longtemps contrôlé le Nord du Mali. Le Mujao est l’un des groupes islamistes armés qui ont longtemps contrôlé le Nord du Mali. © Issouf Sanogo/AFP

Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a revendiqué, jeudi 7 février, deux récentes explosions de mines qui ont frappé des véhicules de soldats maliens, faisant six morts.

« Nous avons réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et à organiser des kamikazes ». Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes islamistes armés qui ont contrôlé le Nord du Mali, pendant plus de neuf mois, a revendiqué, jeudi 7 février, deux récentes explosions de mines qui ont frappé des véhicules de soldats maliens et fait six morts.

« Nous appelons les citoyens à ne pas se déplacer sur les routes nationales parce qu’il y a danger de champs de mines », a souligné dans un communiqué adressé à l’AFP le porte-parole du mouvement,  Abu Walid Sahraoui, tout en « exhortant au jihad (guerre sainte) contre les régimes infidèles, pour établir la charia (loi islamique) et libérer les musulmans ».

La route Douentza-Gao minée

Mercredi, « un véhicule de l’armée malienne a sauté sur une mine posée par les criminels islamistes entre Douentza et Gao. Il y a eu quatre morts », a déclaré un officier de la gendarmerie de Douentza, à 800 km au nord-est de Bamako, ce qu’a confirmé une source militaire française. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà été tués dans une explosion similaire, sur la même route.

Le trajet entre Douentza et Gao (environ 400 km) est particulièrement dangereux en raison des mines qui y ont été dissimulées.

Douentza avait été reprise le 21 janvier par les soldats français et maliens et Gao, la plus grande ville du Nord du Mali, le 26 janvier, aux groupes islamistes armés qui l’ont occupée pendant des mois, multipliant les exactions.

Jeuneafrique.com avec AFP

Mali: les islamistes ont quitté les grandes villes pour mieux rebondir

janvier 15, 2013
Mali: les islamistes ont quitté les grandes villes pour mieux rebondir Mali: les islamistes ont quitté les grandes villes pour mieux rebondir © AFP

Les islamistes armés du nord du Mali ont été surpris par l’intervention française et ont décidé d’évacuer les grandes villes qu’ils occupaient depuis neuf mois, ce qui, estiment des experts, s’apparente plus à un « repli stratégique » qu’à une débandade.

Les raids de l’aviation française ont permis de stopper l’avancée sur Bamako des islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et d’autres groupes alliés qui ont ensuite évacué les grandes villes du Nord, notamment Gao et Tombouctou.

Ces villes, ainsi que Kidal, étaient jusqu’alors des bastions d’Aqmi, d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), où ils y imposaient avec une extrême rigueur la charia (loi islamique): lapidations, amputations, coups de fouet en public, destruction de mausolées musulmans vénérés par les population locales.

En même temps qu’ils abandonnaient leurs bastions, les islamistes prenaient lundi une petite localité dans l’ouest du Mali, Diabali, après de violents combats avec l’armée malienne. Des bombardements menés dans la nuit par l’armée française les ont obligés à fuir Diabali.

Mais ce qui pourrait apparaître comme une débandade de ces groupes n’est « évidemment » qu’un « repli stratégique » de leur part, estime Jean-Charles Brisard, expert en affaires de terrorisme. Ils profitent selon lui de « l’immensité du désert » du nord du Mali qu’ils connaissent parfaitement.

« Selon ce que l’on sait, ils se sont repliés dans les régions montagneuses autour de Kidal. Il va falloir rapidement aller sur le terrain pour les déloger », ajoute-t-il.

« Guerre de longue haleine »

Dans la perspective du déploiement prochain au Mali d’une force ouest-africaine, « ils se dispersent pour rendre l’offensive africaine beaucoup plus difficile sur le terrain. Ils se disséminent pour nous entraîner dans une logique de guérilla. Ils peuvent prolonger le conflit indéfiniment », affirme M. Brisard.

Pour empêcher un repli des islamistes armés sur leur territoire, l’Algérie a fermé ses frontières avec le Mali et la Mauritanie a renforcé ses patrouilles dans les zones frontalières. Mais il reste difficile de contrôler les milliers de kilomètres de frontières du Mali et les islamistes peuvent pour l’instant encore se contenter d’évoluer par petits groupes très mobiles dans l’immensité du nord malien, un territoire quasi désertique plus grand que la France.

« Les jihadistes comptent sur une guerre de longue haleine. Ils sont à l’aise dans cette situation: le grand désert, les reliefs difficiles, une situation sécuritaire précaire », analyse Alaya Allani, universitaire tunisien, spécialiste des mouvements islamistes.

Selon lui, « ils feront un repli tactique pour reprendre leur souffle, mais ni l’armée malienne ni les Français ne peuvent les anéantir ».

« L’occupation des grandes villes (du nord du Mali) par les islamistes est terminée. mais à court terme » seulement, estime pour sa part l’expert malien Moussa Tounkara. « Il faut s’attendre à des attentats pour marquer les esprits », dit-il. Des responsables islamistes ont d’ores et déjà menacé de frapper la France « au coeur ».

Outre la crainte d’attentats, l’inquiétude est également à son paroxysme concernant le sort des sept otages français enlevés au Sahel et détenus par les groupes islamistes. L’ex-otage Pierre Camatte, détenu fin 2009 pendant trois mois au Mali par Aqmi, a estimé que le danger est « à son point le plus élevé » pour eux, tout en jugeant « nécessaire » l’intervention française.

Une inquiétude d’autant plus grande, selon M. Camatte, que parmi les islamistes, « il y en a aujourd’hui qui sont vraiment fanatisés et se considèrent carrément investis d’une mission divine pour combattre le mécréant, en particulier le Français ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Mali : les islamistes attaquent la ville de Diabali, dans le centre du pays

janvier 14, 2013
Capture d'écran montrant des combattants d'Aqmi dans le Nord du Mali. Capture d’écran montrant des combattants d’Aqmi dans le Nord du Mali. © AFP

Des combattants jihadistes menés par Abou Zeid, l’un des chefs d’Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi), ont attaqué lundi 14 janvier la ville de Diabali, à environ 400 km au nord de Bamako. De son côté, un responsable du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a annoncé que les islamistes radicaux allaient « frapper le coeur de la France ».

Ciblés par l’aviation française depuis trois jours, les islamistes radicaux qui occupent le Nord-Mali semblent décidés à se battre. Lundi, des jihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont mené l’assaut contre la ville de Diabali, dans le centre de Mali, dans une zone sous contrôle des autorités maliennes.

« Les islamistes ont attaqué aujourd’hui (lundi) la localité de Diabali. Ils sont venus de la frontière mauritanienne, où ils avaient été bombardés par l’armée française », a déclaré une source de sécurité malienne. Selon cette source, l’armée malienne a envoyé d’urgence un hélicoptère sur place.

« Abou Zeid, l’un des chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dirige lui-même les opérations. Ils ont quitté la frontière mauritanienne, pour éviter les raids des avions français », a précisé une source sécuritaire régionale, qui confirme l’attaque contre Diabali.

Menaces contre la France

La France, se proclamant en guerre contre le terrorisme au Mali, a bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays. L’armée française a bombardé pour la première fois dimanche leurs positions dans le nord, à Gao et Kidal, au coeur des territoires jihadistes. Des positions islamistes à Nampala, à une cinquantaine de kilomètres de Diabali, et un camp d’entraînement jihadiste à Léré, près de la Mauritanie, ont notamment été visés dimanche par des frappes aériennes françaises.

Lundi, un responsable du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a par ailleurs annoncé que les islamistes allaient « frapper le coeur de la France ». Selon un responsable local, plus de 60 islamistes ont été tués dimanche dans la seule ville de Gao au cours de bombardements français. « La France a attaqué l’islam (…) Au nom d’Allah, nous allons frapper le coeur de la France », a déclaré Abou Dardar, l’un des leaders du Mujao. Interrogé sur l’endroit où ce « coeur » de la France serait frappé, ce dernier a affirmé : « Partout. À Bamako, en Afrique et en Europe ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Les préparatifs pour une intervention armée dans le nord du Mali s’accélèrent

novembre 8, 2012
Les préparatifs pour une intervention armée dans le nord du Mali s'accélèrent Les préparatifs pour une intervention armée dans le nord du Mali s’accélèrent © AFP

Les préparatifs en vue d’une intervention militaire dans le nord du Mali s’accélèrent, les chefs d’Etat ouest-africains devant se réunir dimanche à Abuja pour en approuver les modalités, qui seront transmises la semaine prochaine à l’ONU pour un feu vert définitif.

Parallèlement à ces préparatifs, la médiation burkinabé dans la crise malienne, mandatée par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), poursuit ses discussions avec Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) un des trois groupes armés islamistes qui occupent le nord du Mali depuis sept mois.

La Cédéao a annoncé qu’un sommet des chefs d’Etat de ses quinze pays membres se tiendrait dimanche à Abuja, précédé vendredi d’une réunion de ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense.

Le sommet doit adopter un plan d’intervention militaire au Mali avec une force composée de 3. 000 à 4. 000 soldats, essentiellement ouest-africains.

Ce plan précise la composition de la force, soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux, le niveau de participation des pays de la Cédéao, le financement et les moyens militaires dont elle devra disposer.

Une fois adopté, il sera transmis « avant le 15 novembre » au Conseil de sécurité de l’ONU, selon un communiqué de la Cédéao. Le 12 octobre, le Conseil avait donné à la Cédéao 45 jours pour préciser ses plans de reconquête du nord du Mali.

Quand il aura en pris connaissance, le Conseil de sécurité devra, s’il l’accepte, voter une résolution donnant son accord définitif au déploiement de la force, dont le financement pourrait être arrêté lors d’une conférence des donateurs proposée par la Cédéao.

Trois groupes islamistes armés occupent totalement le nord du Mali depuis fin juin: Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Ils y imposent la charia (loi islamique) avec rigueur: lapidations de couples non mariés, amputations de présumés voleurs, coups de fouets au buveurs d’alcool et aux fumeurs. Ils y commettent aussi de nombreuses exactions.

500. 000 personnes en situation « tragique »

Cette occupation, combinée aux pénuries alimentaires et à l’effondrement des structures de l’Etat dans cette région, a placé dans une situation « tragique » quelque 500. 000 personnes, a estimé Peter Maurer, président du Comité international de la Croix Rouge.

A Ouagadougou, le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao, a obtenu d’Ansar Dine qu’il se distance de ses alliés d’Aqmi et du Mujao, puisqu’il a publié une déclaration rejetant « le terrorisme » et se disant prêt au « dialogue » avec Bamako.

Les discussions entre la médiation burkinabé et des représentants d’Ansar Dine, entamées il y a près d’une semaine, se sont poursuivies jeudi avec un nouvel interlocuteur du groupe armé, Hamada Ag Bibi, arrivé à Ouagadougou en provenance d’Alger où il a eu des entretiens avec les autorités algériennes.

L’Algérie, puissance militaire régionale incontournable, privilégie également le dialogue pour tenter de résoudre la crise malienne, sans exclure la force contre les « groupes terroristes » et contre ceux qui prônent la partition du Mali.

En visite à Alger, l’envoyé spécial de l’ONU au Sahel, Romano Prodi, a déclaré qu’une intervention militaire n’interviendrait qu’en « dernier ressort ».

Le dialogue avec Ansar Dine, composée essentiellement de Touareg, ainsi qu’avec la rébellion laïque touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui revendique l’autodétermination pour le nord du Mali, n’exclut pas l’usage de la force armée.

Cette « double approche » devait être évoquée à Ouagadougou par Blaise Compaoré qui a rencontré le général guinéen Sékouba Konaté, chargé par l’Union africaine de préparer une intervention militaire au Mali.

Les groupes islamistes reçoivent pendant ce temps des renforts venus de l’étranger, dont l’Europe.

Un jihadiste « franco-africain » et deux complices « arabes » récemment arrêtés dans le centre du Mali et qui souhaitaient rejoindre le Nord, ont été transférés à Bamako, a appris l’AFP jeudi de source proche de l’enquête.

A Paris, une enquête a été ouverte mercredi après l’arrestation dans le centre du Mali d’un Français. Il n’est cependant pas encore formellement établi qu’il s’agit du « franco-africain » évoqué au Mali.

En revanche, le seul Noir d’Afrique subsaharienne qui dirigeait une katiba (brigade combattante) d’un groupe islamiste armé dans le nord du Mali, a fait défection et est rentré dans son pays d’origine, le Niger.

Jeuneafrique.com avec AFP