José Filomeno dos Santos, fils de l’ancien président angolais José Eduardo dos Santos, a été condamné vendredi 14 août à cinq ans de prison pour «fraude» dans le cadre de ses activités à la tête d’un fonds souverain angolais entre 2013 et 2018, a-t-on appris de source judiciaire. «Pour le chef de fraude et celui de trafic d’influence, le prévenu est condamné à une peine cumulée de cinq ans de prison», a annoncé le juge Joao da Cruz Pitra, de la Cour suprême de Luanda.
En juin, le parquet avait requis sept ans de prison contre lui et un autre accusé, et dix ans pour les deux autres coprévenus, dont l’ex-patron de la Banque centrale Valter Filipe da Silva. Les trois complices présumés de José Filomeno dos Santos, 42 ans, ont été condamnés à des peines de quatre à six ans de prison.
Ils étaient accusés d’avoir transféré illégalement 500 millions de dollars de la Banque centrale vers le compte londonien d’une agence du Crédit suisse, dans le cadre d’une fraude qui leur aurait permis, selon le parquet général, de détourner jusqu’à 1,5 milliard de dollars. Les quatre hommes, qui ont toujours clamé leur innocence, ont en revanche été acquittés du chef de blanchiment d’argent.
Un «nettoyage»
Depuis le départ en 2017 de José Eduardo dos Santos, après 38 ans au pouvoir, son successeur Joao Lourenço a limogé, au nom de la lutte contre la corruption, tous les proches que l’ancien président avait placés à la tête des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays. Les symboles de ce «nettoyage» sot José Filomeno dos Santos et sa demi-sœur Isabel, qui a été évincée en novembre 2017 du poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol.
Présentée comme la femme la plus riche d’Afrique, elle est soupçonnée par la justice et les autorités angolaises d’importants détournements de fonds publics, récemment évalués à 5 milliards de dollars. Ses comptes bancaires ont été gelés en Angola et au Portugal.
Jugé depuis lundi par un tribunal de Luanda pour détournement de fonds publics et blanchiment, le fils de l’ancien président angolais José Eduardo dos Santos a dénoncé un règlement de comptes politique.
« Si je n’étais pas le fils de l’ancien président de la République, je ne serais pas ici pour être jugé par vous« , a lancé Jose Filomeno dos Santos au juge Joao Da Cruz Pitra, qui préside les débats du Tribunal suprême.
La justice leur reproche d’avoir transféré illégalement 500 millions de dollars de la Banque centrale angolaise (BNA) vers un compte Credit Suisse à Londres, dans le cadre d’une fraude qui leur aurait permis, selon le parquet, de détourner jusqu’à 1,5 milliard de dollars.
Mercredi, Jose Filomeno dos Santos a répété que ce virement entrait dans le cadre d’un projet parfaitement légal qui devait permettre à l’Angola de bénéficier de 35 milliards de dollars de financements.
« Les 500 millions devaient être gérés selon un contrat signé entre la BNA (Banque centrale angolaise) et un consortium, qui n’a pas été exécuté parce qu’il a été annulé par le nouvel exécutif », s’est-il défendu.
« Je n’ai jamais été le partenaire ou le représentant d’une entreprise à qui la BNA a versé cet argent », a insisté le prévenu.
« Je n’ai fait que transmettre une lettre de projet à l’ancien président, qui m’a autorisé à assister à des réunions en tant que président du fonds souverain ».
Jusqu’à douze ans de prison
Jose Filomeno dos Santos est le premier membre de la famille de l’ex-président poursuivi devant la justice. Surnommé « Zenu », il avait été incarcéré en septembre 2018, puis remis en liberté sous contrôle judiciaire en mars.
Il risque de deux à douze ans de prison. Son père José Eduardo dos Santos a pris sa retraite en 2018 après 38 ans d’un règne sans partage, pendant lequel il a mis l’économie angolaise en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.
Son successeur Joao Lourenço, ancien cacique du régime, a limogé les soutiens de l’ancien chef de l’État de la tête des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays, au nom de la lutte contre la corruption.
Ancien patron du Fonds souverain angolais, José Filomeno dos Santos avait été inculpé en mars mais laissé jusque-là sous contrôle judiciaire.
L’ex-président angolais José Eduardo dos Santos passe le relais à son successeur, Joao Lourenço, lors du congrès extraordinaire du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA, au pouvoir), le 8 septembre 2018 à Luanda. Crédits : AMPE ROGERIO / AFP
La justice angolaise a placé en détention, lundi 24 septembre, l’un des fils de l’ancien président José Eduardo dos Santos, dans le cadre d’une vaste affaire de détournement de fonds. C’est une nouvelle étape du grand nettoyage engagé contre l’ancien régime par le nouveau chef de l’Etat, Joao Lourenço.
Inculpé en mars mais jusque-là laissé sous contrôle judiciaire, José Filomeno dos Santos, ancien patron du Fonds souverain angolais, est le premier membre de la famille de l’ancien dirigeant du pays incarcéré.
« En raison de la complexité et de la gravité des faits et afin de garantir l’efficacité de l’enquête […], le ministère public a décidé d’appliquer aux accusés une mesure de détention préventive », a annoncé le procureur général, Alvaro Da Silva Joao. « Les éléments de preuve rassemblés dans le dossier constituent des preuves suffisantes que les accusés se sont engagés dans des activités de corruption. »
L’homme d’affaire angolo-suisse Jean-Claude Bastos de Morais, un proche du fils Dos Santos qui a géré une partie du fonds souverain, a lui aussi été placé en détention provisoire.
Transfert suspect de 500 millions de dollars
Surnommé Zenu, José Filomeno dos Santos est poursuivi pour « fraude, détournement de fonds, trafic d’influence, blanchiment d’argent et association criminelle » avec d’autres personnalités, dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale (BNA) Valter Filipe da Silva.
Selon le ministère angolais des finances, le fils de l’ex-président est soupçonné d’avoir mis au point, alors qu’il dirigeait le fonds souverain, une gigantesque fraude qui aurait pu lui permettre de détourner, avec ses complices, jusqu’à 1,5 milliard de dollars. Cette escroquerie avait été maquillée en un plan qui devait permettre à l’Angola de bénéficier de 35 milliards de dollars de financements, avec une fausse garantie de la banque Credit suisse. Elle avait été découverte à la faveur d’un transfert suspect de 500 millions de dollars vers le compte londonien du Crédit suisse, bloqué par les autorités britanniques.
Le ministère public suisse a de son côté annoncé en mai avoir ouvert une enquête pour « blanchiment d’argent » dans cette affaire et mené plusieurs perquisitions.
José Filomeno dos Santos avait été nommé en 2013 par son père à la tête d’un fonds souverain créé un an plus tôt et doté d’un capital de 5 milliards de dollars, puisés dans les revenus pétroliers du pays. Il a été limogé en janvier 2018 par le nouveau président angolais, Joao Lourenço.
« Ceux qui se sont enrichis illicitement »
José Eduardo dos Santos a quitté la tête du pays en septembre 2017, après trente-huit ans d’un règne sans partage pendant lequel il a mis l’économie en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.
Au nom de la lutte contre la corruption, Joao Lourenço a depuis un an limogé de nombreux barons du régime de son prédécesseur, fonctionnaires, patrons d’entreprises publiques ou hauts responsables de l’armée et de la police. Il a ainsi écarté sa fille, Isabel dos Santos – considérée comme la femme la plus riche d’Afrique –, de la présidence de la compagnie pétrolière publique Sonangol. Ce grand ménage a suscité de vives tensions entre les partisans de l’ancien et du nouveau chef de l’Etat.
Joao Lourenço a pris au début du mois à José Eduardo dos Santos les rênes du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). A cette occasion, il a confirmé, devant son prédécesseur, sa volonté de purger le pays de « la corruption, le népotisme, la flatterie et l’impunité qui [y] ont régné ces dernières années et [ont] fait tant de mal à [son] économie ». Il a ensuite fustigé, sans les nommer, « ceux qui se sont enrichis facilement, illicitement et donc de façon injustifiable aux dépens […] de tous les Angolais ».
L’incarcération de José Filomeno dos Santos a été saluée par le principal parti d’opposition. « Le président tient ses promesses », s’est félicité auprès de l’AFP Alcides Sakala, député et porte-parole de l’Unita. « L’Angola doit devenir un pays normal […] un Etat de droit et démocratique. »
« Nous respectons la séparation des pouvoirs », a de son côté réagi Joao Pinto, député du MPLA (au pouvoir). « Si des fautes ont été commises, il appartient aux tribunaux de les juger et, le cas échéant, de les réprimer. »
João Lourenço a congédié mercredi le fils de l’ex-président dos Santos de la direction du fonds souverain. Celui-ci a notamment été mis en cause dans les Paradise Papers.
Selon l’agence de presse angolaise, le président João Lourenço a limogé le mercredi 10 janvier le fils d’Eduardo dos Santos, José Filomeno dos Santos, surnommé Zénu, de la présidence du « Fundo Soberano de Angola », le fonds souverain angolais. Il a également renouvelé son conseil d’administration, en nommant à sa tête un ancien ministre des Finances, Carlos Alberto Lopes. Ce départ fait suite à l’ouverture d’une enquête sur sa gestion de l’institution, après que le fils dos Santos ait été mis en cause dans les Paradise Papers.
Au 30 septembre 2017, le Fundo Soberano de Angola gérait 5 milliards de dollars d’actifs, dont 48 % étaient dédiés à l’Afrique subsaharienne, d’après les résultats financiers publiés fin décembre 2017.
Le « liquidateur implacable »
Depuis qu’il a remplacé Eduardo dos Santos à la tête du pays en septembre 2017, Lourenço a congédié un certain nombre de proches de son prédécesseur, au premier rang duquel ses enfants, gagnant au passage le surnom de « liquidateur implacable ».
Il a ainsi démis de ses fonctions Isabel dos Santos à la tête de la Sonangold, et arrêté le contrat entre la télévision d’État et deux autres enfants dos Santos. Lourenço a également remplacé le gouverneur de la banque centrale et le directeur de la compagnie diamantaire nationale Endiama.
D’après un communiqué de la présidence angolaise, João Lourenço a tenu une première conférence de presse, lundi 8 janvier à l’occasion de ses 100 premiers jours au pouvoir. Il a ainsi rappelé sa détermination à lutter contre la corruption, annonçant notamment la mise en place d’appel d’offres ouverts et concurrentiels pour les projets de construction financés par l’État angolais.