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RDC – Affaire « Congo Hold-up » : Joseph Kabila lance la contre-attaque

décembre 24, 2021
L’ancien président congolais Joseph Kabila, le 30 décembre 2018. © LUIS TATO/AFP

Les avocats de l’ancien président dénoncent une campagne « d’intoxication et de diabolisation » orchestrée par des médias internationaux, après la publication d’une vaste enquête sur des détournements de fonds durant ses années au pouvoir.

Il aura fallu attendre plus d’un mois après le début des révélations de « Congo Hold-up » pour que Joseph Kabila réponde aux accusations lancées contre lui. C’est par la voix d’un collectif d’avocats spécialement constitué qu’il a choisi de le faire.

Dans leur viseur, une enquête menée par dix-neuf médias internationaux basée sur la fuite de 3,5 millions de documents. Jour après jour, entre fin novembre et début décembre, ce consortium a affirmé dévoiler comment le régime de l’ancien président congolais avait détourné des sommes faramineuses au profit de certains de ses proches. Plus de 140 millions de dollars auraient ainsi échappé à l’État entre 2013 et 2018.

Complot

Des accusations que le collectif d’avocats de Joseph Kabila a niées en bloc. C’est « une enquête sans aucun fondement, calomnieuse et soutenue par aucune preuve fiable et crédible », ont-ils dénoncé. « Aucune transaction, aucun compte en banque à son nom n’a été présenté », soulignent-ils, en regrettant « un complot d’intoxication et de diabolisation » visant à « intensifier la crise politique » en RDC.

Contrairement à ce que certains prédisaient, aucune plainte n’a été déposée contre les auteurs de l’enquête, mais « nous nous en réservons le droit », explique le collectif d’avocats. En revanche, la guerre de communication est lancée. Face à une enquête révélant les dérives d’un régime, les avocats de Joseph Kabila encensent un président arrivé au sommet de l’État en 2001 dans des conditions « difficiles » et qui s’est « battu pour la pacification du pays ». Désormais retiré du pouvoir, l’homme a choisi de « vivre modestement parmi les siens » plutôt que dans de riches villas à l’étranger, ajoutent-ils.

Radicaliser les positions

C’est l’une des principales préoccupations des observateurs de la vie politique congolaise. Alors que les révélations de « Congo Hold-up » ont poussé les autorités à saisir le procureur général pour mener une enquête, certains craignent que cela radicalise les positions des deux camps.

Après avoir quitté la présidence début 2019, Joseph Kabila a vu sa majorité parlementaire renversée et son alliance avec Félix Tshisekedi voler en éclat. Désormais dans l’opposition, à la tête d’un mouvement politique affaibli, il se fait discret, alternant les séjours dans sa ferme de Lubumbashi, dans le sud-est du pays, ou dans celle de Kingakati, non loin de Kinshasa. Ce n’est que de nuit, à l’abri du tumulte et des regards, qu’il se déplace jusqu’à sa résidence de la Gombe, dans la capitale.

Si ses proches se sont dits outrés par les révélations de « Congo Hold-up », l’ancien président n’a rien laissé paraitre de ses émotions. Son entourage l’assure : il reste « serein ». Et mutique.

Avec Jeune Afrique par Anna Sylvestre-Treiner

Chine-Afrique : quand Tshisekedi s’attaque au contrat signé par Kabila

septembre 14, 2021

Kash

Le président congolais a exigé la réévaluation des projets liés au contrat signé en 2008 par l’administration de Joseph Kabila avec un consortium chinois. Les investissements promis en échange de titres miniers ne sont pas à la hauteur…

LA RDC manque d’infrastructures, et c’est « une entrave au développement ». Lors du conseil des ministres, ce vendredi 10 septembre, Félix Tshisekedi a tapé du poing sur la table. Dans son viseur, les trop faibles retombées du contrat « sino-congolais », signé en 2008 par son prédécesseur Joseph Kabila, qui devait se traduire par un échange de bons procédés : à un consortium chinois les minerais extraits du sol congolais – sous forme de titres miniers sur le cobalt et le cuivre – ; aux Congolais des infrastructures dans lesquelles Pékin promettait d’investir plusieurs milliards de dollars.

Si le contrat initial prévoyait 9 milliards de dollars d’investissements, il a été ensuite revu à la baisse – à 6 milliards –, sous la pression du FMI, qui s’inquiétait du niveau de surendettement du pays. Et 13 ans après, seuls 2,74 milliards de dollars ont effectivement été décaissés par les entreprises chinoises.

Kabila ciblé ?

Si des « raisons techniques liées notamment à l’insuffisance d’énergie électrique pour la production minière » sont avancées par les autorités congolaises, Félix Tshisekedi a réclamé au ministre des Infrastructures, Alexis Gizaro Muvuni, et à celle des Mines, Antoinette Nsamba Kalambayi, de lui dresser « l’état des lieux de l’exécution technique et financière des projets inscrits dans le contrat dit sino-congolais ».

Cette première étape marque-t-elle un pas supplémentaire vers une renégociation plus globale, déjà promise par le chef de l’État congolais ? La « réévaluation » de ce contrat qui avait, à l’époque de sa signature, été qualifié de « léonin » par l’opposition, pourrait également donner lieu à de nouvelles révélations, notamment concernant des avantages octroyés à certains hauts responsables de l’ancienne administration… Voire à Joseph Kabila lui-même.

Par  Kash

Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.

[Chronique] Joseph Kabila privé de sa Garde républicaine : un ex-roi nu ?

février 24, 2021
Damien Glez

Est-ce l’ultime passe d’armes entre l’ancien président et son successeur ? Alors que la Garde républicaine qui assurait la sécurité de Joseph Kabila est remplacée par des policiers, certains dénoncent une désacralisation de l’ex-chef de l’État.

Machiavel machiavelisé ? Au jeu du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », le clan du président Félix Tshisekedi excelle et assène des coups symboliques à l’ancien régime. Beaucoup d’observateurs riaient pourtant sous cape quand le Medvedev congolais décida de s’émanciper de son Poutine local. À l’issue de la dernière présidentielle, le chef de l’État élu apparaissait comme le bénéficiaire d’une alternance en trompe-l’œil, tout comme le candidat de l’ancien régime, Emmanuel Ramazani Shadary, ressemblait, a posteriori, à un dauphin en carton-pâte.

Dans l’ombre, aux manettes d’une majorité censément solide, confortablement installé dans son fauteuil de sénateur à vie, l’impénétrable Joseph Kabila attendait que le pouvoir lui revienne comme un boomerang.

Cheval de Troie

Mû par un regain d’orgueil, l’élu déploya patiemment sa stratégie : un cheval de Troie dans le cheval de Troie d’une majorité kabiliste qu’on croyait verrouillée. Deux ans après son accession à la magistrature suprême, au tournant de l’année 2020 et au début de 2021, « Fatshi » a fissuré patiemment le clan de son allié de circonstance.

Après avoir obtenu le départ de la présidente de l’Assemblée nationale, une majorité d’« Union sacrée de la nation » de 391 députés et le changement de Premier ministre, il restait à Tshisekedi quelques mesures symboliques à prendre, qui frisent l’humiliation de son prédécesseur…

CELUI QUI RÉGNA SUR LA RDC PENDANT DIX-HUIT ANS SERA DÉSORMAIS GARDÉ PAR 75 « SIMPLES » POLICIERS…

Quelques jours auparavant, plusieurs centaines de Gardes républicains qui protégeaient Joseph Kabila et l’ensemble des lieux où évoluait sa famille proche ont été rapatriés dans leur unité d’origine.

Il y a deux semaines déjà, à Kinshasa, étaient enlevés les barrières, voitures blindées et chars qui empêchaient l’accès au monument érigé en hommage à Laurent-Désiré Kabila et à la rue kinoise où se situe la résidence du « président honoraire » et « sénateur à vie » Joseph Kabila. Celui qui régna sur la RDC pendant dix-huit ans sera désormais gardé par 75 « simples » policiers…

Kabila désacralisé

Bien entendu, les tshisekedistes ont beau jeu de rappeler que la loi affecte la Garde républicaine à la seule protection du chef de l’État en exercice. Il n’empêche. La figure de Kabila est d’autant plus désacralisée que des badauds curieux peuvent désormais faire des selfies à proximité de sa porte d’entrée. Ce week-end, à Lubumbashi, le départ des Gardes républicains affectés aux propriétés de l’ancien président a même suscité des rumeurs…

À MALIN, MALIN ET DEMI ?

Reste à savoir si la guéguerre entre le fils d’Étienne et celui de Laurent-Désiré sera une partie de billard français à trois bandes. À malin, malin et demi ? Toujours jeune pour un dirigeant politique, Joseph Kabila sortira-t-il un ultime tour de sa besace politicienne ? Il aurait quitté sa ferme de Lubumbashi pour chercher l’inspiration en Zambie puis aux Émirats arabes unis. Objectif 2023 ?

Avec Jeune Afrique par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

RDC – Annie Chebeya : « Le vrai responsable de la mort de mon mari, c’est Joseph Kabila »

février 10, 2021
Enterrement de Floribert Chebeya, activiste des droits de l’homme, chef du groupe « La Voix des sans Voix », au Stade Kintambo.

Annie Chebeya, la veuve de l’activiste Floribert Chebeya assassiné avec son chauffeur Fidèle Bazana en juin 2010, accuse l’ancien président Joseph Kabila d’être derrière le meurtre de son mari et réclame justice.

Le dossier Chebeya pourrait-il être réouvert ? Pour la première fois, deux policiers affirment avoir participé à l’exécution du président de l’ONG La voix des sans-voix et de son chauffeur, Fidèle Bazana, le 1er juin 2010. Plus de dix ans après les faits, ils ont décidé de donner leur version et contacté plusieurs médias.

Hergile Ilunga et Alain Longwa disent avoir fait partie de la cellule mise sur pied par de hauts gradés de la police congolaise pour tuer Floribert Chebeya. À les en croire, l’ordre est venu de John Numbi lui-même, qui était à l’époque l’inspecteur général de la police. Ilunga et Longwa disent avoir ensuite été exfiltrés de Kinshasa et réaffectés dans le Katanga, où ils sont demeurés sous surveillance avant de parvenir à prendre la fuite.

Ces nouveaux éléments vont-ils permettre de rouvrir l’enquête ? Les deux policiers se disent aujourd’hui prêts à témoigner si leur sécurité est assurée. Pour Annie Chebeya, le veuve de l’activiste qui espère la vérité sera enfin faite sur les circonstances du décès de son mari et de Fidèle Bazana, cela constitue indéniablement une source d’espoir.

Jeune Afrique : Que vous inspirent ces nouveaux témoignages ?

Annie Chebeya : Je ressens de la tristesse, mais aussi de la joie parce que je prie depuis longtemps pour que la vérité éclate. Ces témoignages sont-ils authentiques ? J’ai tendance à penser que oui, parce que jusqu’à présent, personne n’avait livré autant de détails sur ce qui s’est passé ce jour-là.

Presque onze années se sont écoulées depuis la mort de votre mari et de son chauffeur. Pourquoi, selon vous, Hergile Ilunga et Alain Longwa ont-ils décidé de rompre le silence ?

Parce que le sang de Floribert continue à réclamer justice. Deux jours avant sa mort, le dimanche 30 mai, il m’avait dit : ‘Annie, si on me tue pour le pays, mon sang va continuer à crier, et que ça ne sera pas comme Mzee Kabila, qui a été assassiné mais dont le sang ne crie pas vengeance’.

CE QUE VEUT MA FAMILLE, C’EST QUE CES GENS SOIENT SANCTIONNÉS. »

Que faisiez-vous le jour de l’assassinat de votre mari ?

J’étais avec lui. Il m’avait dit qu’il comptait se rendre dans les locaux de l’inspection générale de la police. Je lui ai souhaité une bonne discussion [avec John Numbi, avec lequel il avait rendez-vous] et c’est tout. Je suis sortie et, quand je suis rentrée à la maison, il n’était pas là. Je l’ai appelé, mais cela sonnait dans le vide et je ne parvenais pas non plus à joindre Fidèle, son chauffeur. Par la suite, j’ai reçu des SMS peu clairs. C’est à ce moment-là que j’ai prévenu mon grand frère ainsi que les collègues de Floribert. Le jour suivant, je me suis rendue à l’inspection générale de la police. J’ai rencontré François Ngoy Mulongoy, l’inspecteur adjoint de la police nationale [accusé d’avoir effacé les enregistrements vidéo qui prouvaient que Chebeya était bien dans les locaux de la police le jour dit, il a été acquitté en première instance], ainsi que d’autres personnes, et tous m’ont dit qu’ils ne savaient rien.

Avez-vous été surprise que Hergile Ilunga et Alain Longwa désignent John Numbi ?

Le vrai responsable selon moi, c’est l’ancien président Joseph Kabila. Floribert était une menace pour lui parce qu’il dénonçait ce qu’il faisait avec John Numbi. Floribert était en contact avec Aimée Kabila [qui se présentait comme une fille de Laurent-Désiré Kabila]. Il savait des choses. Et puis le fait que tous ces gens ont été maintenus en poste, c’était une manière de les récompenser. Ce que veut ma famille, c’est que ces gens soient sanctionnés.

CE N’ÉTAIT PAS UN PROCÈS, MAIS UNE MASCARADE DONT MES ENFANTS ET MOI NE TENONS AUCUN COMPTE. »

Un premier procès avait eu lieu dès 2011. Justice n’avait pas été faite, selon vous ?

Ce n’était pas un procès, mais une mascarade dont mes enfants et moi ne tenons aucun compte. Nous attendons maintenant que le vrai procès commence et qu’il soit exemplaire.

Christian Ngoy Kenga Kenga, un officier de police condamné lors du procès mais en fuite depuis neuf ans, a été arrêté en septembre dernier ; John Numbi a été démis de ses fonctions… Qu’attendez-vous d’autre ?

Nous attendons que John Numbi soit arrêté et jugé. Nous demandons également au président Tshisekedi de retirer à cet homme qui a du sang sur les mains tous les honneurs qu’il a reçus quand Joseph Kabila était au pouvoir. John Numbi doit savoir que le sang de Floribert le poursuivra jusqu’à sa mort.

Comptez-vous entrer en contact avec Hergile Ilunga et Alain Longwa ?

Jamais je ne les rencontrerai, ma famille non plus. Qu’ils répondent plutôt aux questions de la justice. Nous, nous vivons toujours dans la douleur. Nous continuons à pleurer nos morts. Nous n’avons pas fait notre deuil.

Avec Jeune Afrique par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa

RDC/Déchéance de Mabunda : le FCC peine à cacher son mal

décembre 12, 2020

La tête du coordonnateur Néhémie Mwilanya réclamée.

Joseph Kabila, l’autorité morale du FCC/DR

Beaucoup de sociétaires du Front commun pour le Congo (FCC), la déchéance de Jeanine Mabunda du perchoir de l’Assemblée nationale ainsi que d’autres déboires que connaît cette plate-forme politique sont imputables à son coordonnateur Néhémie Mwilanya.

L’ancien directeur de cabinet de l’ex-président de la République, Joseph Kabila, est accusé d’avoir manqué des stratégies pour empêcher la déchéance de la présidente de l’Assemblée nationale alors que la majorité parlementaire serait tenue par ce regroupement politique. Ce qui conduit certains membres de cette plate-forme politique à réclamer sa tête, en recommandant sa démission de la coordination de la plate-forme politique alignée derrière Joseph Kabila. « C’est inconcevable que nous ayons une majorité parlementaire tant vantée et que tous nos membres au bureau soient débarqués. En tant que député national et coordonnateur de notre plateforme politique, le FCC, le camarade Néhémie Mwilanya devra tirer toutes les conséquences de cette déconfiture. Et la moindre des choses pour lui à faire, c’est de démissionner », a lâché un haut cadre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie.

Parmi les griefs portés à charge à l’ex-directeur de cabinet de Joseph Kabila, l’autorité morale du FCC, il y a l’ambition d’être dans ce fauteuil du président de l’Assemblée nationale. Pour ses accusateurs, en d’autres termes Néhémie Mwilanya combattrait Jeanine Mabunda en sourdine. Réagissant à ces accusations, un autre sociétaire de ce regroupement politique mais proche du coordonnateur mis en cause, qui a daigné, sous l’anonymat, se livrer à  cet exercice dangereux avec la presse, justifie la situation générale que traverse le FCC par un défaut de mise à disposition des moyens conséquents. « Comment voulez-vous qu’il entreprenne des actions de grande envergure alors que le FCC n’a pas mis à sa disposition des moyens financiers et logistiques conséquents pour pallier toute éventualité ? » s’est-il demandé. Si, a-t-il poursuivi, Mme Mabunda avait été, comme on l’accuse, asociale vis-à-vis des députés qui lui reprochent d’avoir malmené financièrement les députés, même de sa famille politique, où est la responsabilité de Néhémie Mwilanya là-dedans ?

Mais ce cadre du FCC reconnaît également que le casting, mieux le choix de l’autorité morale de leur plate-forme politique sur le candidat président de l’Assemblée nationale a été une imposition et une surprise pour la majorité des sociétaires qu’ils l’auraient accepté malgré eux. « Ce fut le cas aussi à la présidentielle de décembre 2018 avec le choix d’Emmanuel Ramazani Shadary », a-t-il fait savoir.

Si ce proche de Néhémie Mwilanya estime que le FCC n’a pas encore tout perdu mais, en exhortant au règne de la démocratie au sein de la plateforme politique, cet optimisme est partagé par certains autres hauts cadres du regroupement. C’est le cas de Barnabé Kikaya Bin Karubi, qui dit accepté avec sportivité cette défaite à l’Assemblée nationale. « Nous acceptons notre défaite. Et on réfléchit sur les moyens de rebondir », a-t-il dit à 7/7.cd. Ce qui est arrivé, a-t-il fait savoir, est un fait de la vie. Pour Barnabé Kikaya Bin Karubi et d’autres sociétaires de ce regroupement populaire ainsi que des analystes, le FCC doit considérablement apprendre de ses erreurs.

Ainsi sonnent les glas

En attendant que le FCC cherche à se réveiller de ces coups reçus ces derniers temps dont les nominations des juges à la Cour constitutionnelle ainsi que dans l’armée, les consultations initiées par Félix Tshisekedi dont les conclusions ont conduit à la « fin » de la coalition de gouvernance du pays avec le Cap pour le changement ainsi que la dégringolade de Jeanine Mabunda et des autres membres du bureau de l’Assemblée nationale, l’opinion note que d’autres surprises sont à venir. En plus du basculement de la majorité à la chambre basse du Parlement et la constitution de l’Union sacrée pour la nation, qui lamine le FCC, des sources pointent également le Sénat comme la prochaine étape visée par l’équipe de Félix-Antoine Tshisekedi pour creuser davantage le fossé entre ces deux coalisés d’hier et donner ainsi l’avantage au camp Tshisekedi, qui tend à être le seul maître à bord.

Avec Adiac-Congo par Lucien Dianzenza

[Tribune] RDC : le pari de Félix Tshisekedi

décembre 10, 2020
Le Palais du peuple, où siège le Parlement, à Kinshasa, en décembre 2012.

Félix Tshisekedi a pris un risque calculé avant de s’engager dans un bras de fer ouvert avec son prédécesseur, Joseph Kabila. Une stratégie inspirée de la « tactique bayésienne » qui consiste à soupeser les risques et les gains potentiels de chacun des scénarios.

En RDC, l’annonce de la fin de la coalition qui unissait Cap pour le changement (Cach) et le Front commun pour le Congo (FCC) est venue rebattre les cartes du jeu politique, alimentant les tensions qui se sont exprimées de manière spectaculaire jusque dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. L’incertitude qui prévaut ces jours-ci à Kinshasa est donc réelle. Pour autant, Félix Tshisekedi a pris un risque calculé avant de s’engager dans un bras de fer ouvert avec son prédécesseur, Joseph Kabila. Une stratégie qui n’est pas sans rappeler la « tactique bayésienne » si familière aux mathématiciens… et aux politologues avertis.

Codifiée au 18e siècle par le mathématicien anglais Thomas Bayes, la « tactique bayésienne » est utilisée en politique pour décrire une situation dans laquelle un acteur, qui dispose d’informations incomplètes, ou ne sait pas ce que son adversaire s’apprête à faire, a recours la probabilité pour déceler ses manigances. C’est peu ou prou ce qu’ont fait les États-Unis lors de la crise nucléaire qui les opposait à la Corée du Nord dans les années 1990.

Mais revenons au Congo : Félix Tshisekedi a choisi de divorcer et de tourner le dos au FCC de Joseph Kabila, espérant créer une « union sacrée » autour de lui (autrement dit, une nouvelle majorité), et un « informateur » doit l’aider dans cette tâche. Le FCC, lui, a pris acte de la rupture et puisque c’est lui qui, pour l’instant en tout cas, détient la majorité au Parlement, il s’est dit prêt pour une cohabitation.

La partie est loin d’être gagnée

Mais les inconnues sont nombreuses : on ne sait pas combien de députés étiquetés FCC pourraient lâcher Kabila pour rejoindre Tshisekedi. On ne sait pas non plus quel sera le degré de résistance qu’opposera le camp de l’ancien président.

Dans la « tactique bayésienne », l’absence de certitude sur les stratégies de son adversaire impose à l’acteur politique de faire appel à la « nature » et à avoir recours à la probabilité : qu’arriverait-il si la « nature » mettait Tshisekedi face à un FCC « combatif », dont les députés – loyaux – refuseraient de passer à l’ennemi ? Et dans le cas inverse, que se passerait-il si la « nature » offrait à Tshisekedi un FCC « capitulard », dont les membres seraient finalement libres de rejoindre « l’union sacrée » ?

LE FCC NE SE LAISSERA PAS ÉCARTER SANS COMBATTRE

Le second scénario serait évidemment favorable au chef de l’État, et d’ailleurs le pari n’est pas complètement fou puisque certains cadres du FCC, qui avaient pris part aux consultations menées par Tshisekedi ces dernières semaines, ont déjà dit vouloir adhérer à son projet. Mais la partie est loin d’être gagnée. En attestent le fait que le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, a refusé de démissionner en dépit du fait que le chef de l’État lui en a fait la demande, et les récents affrontements entre députés pro-Tshisekedi et pro-Kabila au palais du peuple.

Autrement dit, le FCC ne se laissera pas écarter sans combattre. Mais le chef de l’État s’y attendait puisque dans l’allocution qu’il a prononcée, le 6 décembre, il a menacé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer de nouvelles élections législatives s’il n’obtenait pas une nouvelle majorité. Cette éventualité pose bien sûr question : si élections anticipées il devait y avoir, qui les organiserait ? La même commission électorale qu’en 2018, qui fût à l’époque accusée d’avoir permis des fraudes ? La réponse est oui.

À Kinshasa, un coup de théâtre n’est jamais à exclure

Et là encore, les probabilités pourraient jouer en faveur du chef de l’État. Car même en cas de dissolution de l’Assemblée, il est peu probable que le FCC fasse un aussi bon score qu’en décembre 2018 (il avait à l’époque obtenu plus des deux tiers des députés) tant les dissensions en son sein sont nombreuses.

Pour l’instant donc, et parce qu’il a soupesé les risques et les gains potentiels de chacun des scénarios, comme cela se fait lorsque l’on a recours à la « tactique bayésienne », Félix Tshisekedi semble donc avoir la main. Mais saura-t-il pousser son avantage et marquer un point décisif ? À Kinshasa, un coup de théâtre n’est jamais à exclure.

Avec Jeune Afrique par  Roger-Claude Liwanga

Chercheur à l’université Harvard, professeur de droit et de négociations internationales à l’université Emory

RDC/Enjeux de l’heure : Joseph Kabila empêché de se rendre à Lubumbashi

décembre 5, 2020

Attendu le samedi 5 décembre à Lubumbashi où les cadres et militants du Front commun pour le Congo (FCC) entendaient lui réserver un accueil chaleureux, le sénateur Joseph Kabila Kabange n’a hélas pu effectuer le déplacement de la capitale cuprifère.

Life after power: Joseph Kabila, the gentleman farmer

Joseph Kabila Kabange

D’après des sources concordantes, l’interdiction de voyager lui aurait été signifiée, tôt le matin, à partir de son domicile à Kinshasa. Ceux de ses fidèles lieutenants qui étaient censés l’accompagner ont dû rebrousser chemin à l’instar de Kikaya Bin Karubi. L’instruction était ferme. « Aucune raison n’a été avancée quant à ce refus. On nous a dit si vous voulez, appelez le chef de l’État », a révélé l’ancien ambassadeur de la RDC en Grande Bretagne et cadre du FCC. Les démarches administratives amorcées que lui et les autres membres de la délégation ont effectué au niveau des services aéroportuaires s’étaient révélées vaines. Une fin de non recevoir leur a été réservée.

Le jet venu embarquer l’ex-président Joseph Kabila est rentré, sans son principal passager, après avoir subi une fouille systématique. Entre-temps, les spéculations vont bon train pour expliquer cette situation malencontreuse. Alors que des proches de l’ex-président dénoncent déjà une restriction de liberté de circuler – pourtant garantie par la Constitution -, imposée à leur mentor sur toute l’étendue du territoire nationale, certaines indiscrétions allèguent, sans trop de conviction, qu’il y a eu des fortes appréhensions quant à une conspiration éventuelle contre Félix-Antoine Tshisekedi à partir de Lubumbashi. Des milieux proches de la Présidence, on ne s’en cachait pas. Personne ne souhaitait, en effet, que Joseph Kabila se trouve à Lubumbashi, qui est son bastion naturel, après le discours du chef de l’Etat qui devrait faire des fortes annonces le week-end.

A contrario, d’autres sources allèguent que Félix Tshisekedi et son prédécesseur auraient convenu sur le report de ce voyage eu égard à la situation sociopolitique que traverse actuellement le pays. « Je crois que c’est une bonne chose qu’il ne soit pas parti aujourd’hui. Selon mes sources d’informations, c’est pour une raison noble », explique François Nzekuye, député PPRD. Et d’ajouter : « Il doit avoir un entretien important pour décrisper la situation. Le président honoraire va partir à Lubumbashi une autre fois. Les obligations d’Etat sont plus importantes que les voyages privés ».   Une façon de dire que le voyage raté de l’ex-président  Joseph Kabila dans le chef-lieu du Haut-Katanga ne peut donner lieu à aucune spéculation étant entendu que des contacts ont été rétablis entre le FCC et Cach au plus haut niveau, à en croire des sources généralement bien informées.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

RDC – Donatien N’shole (Cenco) : « L’alternance de 2018 ne donne pas les résultats escomptés »

novembre 14, 2020
L'abbé Donatien N'shole, secrétaire général de la Cenco, en janvier 2019 à Kinshasa.

La Conférence épiscopale nationale du Congo tente de jouer les médiateurs entre Tshisekedi et Kabila. Son secrétaire général, l’abbé Donatien N’shole, insiste : les consultations en cours doivent permettre de « changer les choses » en profondeur.

Lundi 9 novembre, au Palais de la Nation. Face à une forêt de micros, entouré des évêques congolais, le cardinal Fridolin Ambongo se fait solennel. Si la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a accepté de participer aux discussions que Félix Tshisekedi a lancées pour tenter de constituer cette « union sacrée » qu’il appelle de ses voeux, c’est parce que « le peuple attend beaucoup de ces consultations ».

« La situation actuelle a démontré ses limites. Le peuple n’est plus au coeur des soucis de ceux qui nous gouvernent. Il faut que quelque chose change », martèle l’archevêque de Kinshasa.

Quelques jours plus tard, une délégation de la Cenco, conduite par son président, Mgr Marcel Utembi, l’archevêque de Kisangani, a rencontré Joseph Kabila, qui a demandé aux cadres du Front commun pour le Congo (FCC) de ne pas participer de manière individuelle aux consultations. Objectif de cette rencontre :  « Lui donner des conseils, en ce moment, et aussi l’écouter afin de continuer à réfléchir », a déclaré à l’issue de l’entretien l’abbé Donatien N’shole, secrétaire général de la Cenco.

La Cenco a également rencontré Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle qui a refusé de participer aux consultations, ainsi que le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, membre du FCC de Kabila.

L’abbé Donatien N’shole, qui a reçu Jeune Afrique au au siège de la Cenco, à Kinshasa, insiste sur le fait que la démarche des évêques congolais n’entre pas en concurrence avec les consultations menées par le chef de l’État, mais vise à favoriser l’émergence d’une « solution politique appropriée ». Et pour Donatien N’shole, l’une des principales urgences est de procéder à des réformes électorales consensuelles car « la mauvaise gestion des élections de 2018 est la principale raison de la crise actuelle ».

Jeune Afrique : En quelques jours, les évêques ont rencontré le président Félix Tshisekedi, son prédécesseur Joseph Kabila, l’opposant Martin Fayulu et le Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Quel a été le message porté ?

Donatien N’shole : La crise est profonde et les évêques ont voulu dire leur regret face au fait que, malgré leurs multiples interpellations sur les querelles intestines qui déchirent la coalition FCC-Cach [Cap pour le changement], la situation ne fait qu’empirer.

Les Congolais souffrent énormément et il n’y a pas d’avancées sur les réformes attendues. Nous sommes arrivés à la conclusion que, dans la dynamique actuelle, on ne peut pas espérer reconstruire le pays. Il faut donc une solution politique appropriée.À LIRE RDC – Matthieu Kalele : « Nous avons assisté à une régression sociale qui est allée en s’amplifiant »

Que préconisez-vous ?

Nous n’avons pas de recettes politiques à donner.

Votre initiative ne risque-t-elle pas de perturber les consultations lancées par Félix Tshisekedi ?

Pas du tout. Nous ne faisons qu’apporter notre contribution, pour impliquer les acteurs politiques et faire comprendre à tous qu’il faut mener des réformes consensuelles, en particulier en ce qui concerne les élections.

Il faut le dire avec insistance : la mauvaise gestion des élections de 2018 est la principale raison de la crise actuelle. Il faudra donc se préparer pour organiser des scrutins [en 2023] qui nous feront sortir de la crise et donneront des institutions fortes et légitimes.

La dissolution de la coalition au pouvoir vous semble-t-elle inévitable ?

Il faut une nouvelle dynamique politique. La dynamique actuelle, malheureusement, ne peut pas nous offrir de bonnes choses.

À la fin des consultations de Félix Tshisekedi, quelle option vous semble-t-elle préférable ?

Encore une fois, il ne revient pas aux évêques de dicter au président sa conduite. Mais il lui revient de prendre ses responsabilités, tout en privilégiant l’intérêt supérieur de la nation, le respect de la Constitution et l’intégrité du pays.

Comment espérer une solution consensuelle alors que certains des principaux acteurs politiques, dont les alliés de Joseph Kabila ou l’opposant Martin Fayulu, s’opposent à la démarche du président Tshisekedi ?

C’est bien pour cela que nous nous impliquons ! Tout le monde doit comprendre que la raison première de cette crise que nous traversons réside dans la mauvaise gestion des élections passées. La meilleure solution est donc de préparer, dès à présent, de bonnes élections pour 2023. Il faut atteindre le consensus sur ce point.

Pour cela, il n’est pas utile d’organiser un grand dialogue comme celui qui a débouché sur l’accord de la Saint-Sylvestre en 2016. On a surtout besoin que les principaux acteurs politiques se concentrent sur l’essentiel. Il faut plutôt imaginer un mécanisme dans lequel les grandes forces politiques peuvent se retrouver et mettre en place des réformes qui vont protéger les intérêts des uns et des autres et, surtout, répondre aux besoins de la population.

Martin Fayulu, pour avoir échangé avec lui, n’est pas fermé à l’idée échanger avec le président Tshisekedi. Mais c’est le cadre de ces consultations qui lui pose problème.À LIRE Tensions entre Tshisekedi et Kabila en RDC : l’armée appelle à ne pas « opposer les militaires les uns aux autres »

Craignez-vous que la situation actuelle débouche sur une période d’instabilité politique ?

Nous ne le souhaitons évidemment pas, mais c’est possible, si les acteurs politiques ne se montrent pas responsables. Mais l’alternance de 2018 ne donne pas les résultats escomptés. Les éléments positifs qui ont été salués au début [du mandat de Félix Tshisekedi] ne font plus espérer. Il faut changer des choses.

Avec Jeune Afrique par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa

RDC: le FCC de Joseph Kabila ne ferme pas la porte au dialogue, mais fixe des limites

novembre 9, 2020
La coalition de l’ex-président Joseph Kabila, vient de se réunir à Kinshasa. Et alors que le président actuel Félix Tshisekedi mène depuis le début de la semaine dernière des consultations en vue de tenter de trouver une nouvelle majorité, le FCC se dit disposé à poursuivre le dialogue et l’accord de partage du pouvoir, mais uniquement à certaines conditions.

Le président congolais Félix Tshisékédi et son prédécesseur Joseph Kabila lors de la cérémonie d'investiture du nouveau chef de l'État à Kinshasa, le 24 janvier 2019.

© REUTERS/ Olivia Acland Le président congolais Félix Tshisékédi et son prédécesseur Joseph Kabila lors de la cérémonie d’investiture du nouveau chef de l’État à Kinshasa, le 24 janvier 2019.Tout d’abord, la famille politique de Joseph Kabila rejette en bloc les allégations lui faisant porter la responsabilité « d’un blocage supposé du pays ». Et par la voix du coordonnateur de la plateforme, Néhémie Mwilanya, les lieutenants de l’ancien chef d’État ont tenu à préciser que « Le FCC, qui est en coalition avec le Cach, famille politique du chef de l’État, porte à la connaissance de l’opinion publique, que ce dernier n’a pas formellement fait part à son partenaire de ses intentions, ni sur l’initiative des consultations en cours, encore moins sur le sort réservé à l’accord de coalition. »

Et la position face aux consultations est sans équivoque : « Le FCC reste ouvert au dialogue avec le chef de l’État, mais plutôt dans le cadre des structures et mécanismes prévus par l’accord de coalition. »

Les pro-Kabila disent refuser le débauchage de leurs membres : « Le FCC ne peut cautionner aucune démarche tendant à la recomposition de la majorité parlementaire, en pleine législature, sur fond de la corruption des élus d’un partenaire… »

Quant à la menace répétée par l’entourage présidentiel d’une dissolution de l’Assemblée nationale, le FCC a rappelé au président que cette mesure ne peut être le fruit de sa seule initiative, en l’absence d’une crise persistante entre le gouvernement et l’Assemblée nationale. L’alternative à cette démarche, selon le FCC, est d’organiser des élections générales anticipées à tous les niveaux, y compris la présidentielle.

Par RFI avec son correspondant à Kinshasa Pascal Mulegwa

Réforme judiciaire en RDC : Félix Tshisekedi met en garde le camp de Joseph Kabila

juin 30, 2020

Le président congolais Félix Tshisekedi.

Le président congolais Félix Tshisekedi. © DR / Présidence RDC

 

En pleine crise politique autour de la réforme judiciaire proposée par ses alliés du FCC, le président Félix Tshisekedi a critiqué lundi soir l’initiative de ses partenaires de la coalition.

Félix Tshisekedi a profité de son allocution télévisée, à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, pour durcir le ton alors que la coalition au pouvoir se trouve une nouvelle fois confrontée à d’importantes tensions. Le président congolais ne s’était pas exprimé depuis le début de la polémique sur la réforme de la justice initiée par ses alliés du Front Commun pour le Congo, dirigé par son prédécesseur Joseph Kabila.

Félix Tshisekedi a déclaré qu’« aucune majorité politique ou parlementaire, d’où qu’elle vienne, ne peut outrepasser les principes fondateurs de la République » et qu’il n’accepterait « sous aucun prétexte » la réforme du statut des magistrats. Selon lui, des réformes dans ce secteur « viendraient porter atteinte à des principes fondamentaux régissant la justice ».

Déposées début juin par les députés Aubin Minaku et Garry Sakata, les trois lois figurant dans ce projet de réforme, qui tend à renforcer les attributions du ministre de la Justice, ont déjà été validées par la commission politique de l’Assemblée, où le FCC est majoritaire. L’actuel ministre de la Justice, Célestin Tunda Ya Kasende, est un cadre du FCC.

« République des juges »

« La Justice recouvre peu à peu son indépendance. Les avancées enregistrées l’ont été au prix de sacrifices extrêmes. Elles ne peuvent être annihilées par des manœuvres d’arrière-garde qui s’observent chez certains de vouloir légiférer pour déposséder le Conseil Supérieur de la Magistrature du pouvoir judiciaire qu’il détient pourtant par la Constitution », a averti le président congolais.

« J’ai entendu certains parler avec ironie ou crainte de la République des juges. La réalité est plutôt que le pouvoir judiciaire demeure confronté à de nombreux défis en termes de ressources, de capacités et d’indépendance », a-t-il ajouté, en référence aux propos tenus par la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda dans Jeune Afrique.

Depuis l’annonce de ce projet de réforme, la société civile, l’opposition et l’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, ont dénoncé un danger pour « l’indépendance de la magistrature ». La Conférence épiscopale et l’ambassade des États-Unis se sont également inquiétées des conséquences de ce projet.

La tension est montée d’un cran le 27 juin avec la brève interpellation du ministre de la Justice. Cette arrestation serait liée à un accrochage la veille en Conseil des ministres avec le chef de l’État, qui lui a reproché d’avoir transmis à l’Assemblée les avis du gouvernement sur les trois propositions de loi, sans consulter personne.

Par Jeune Afrique avec AFP