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RDC : retour sur la saga politico-judiciaire dans l’affaire Ne Muanda Nsemi

mai 11, 2019

Ne Muanda Nsemi (à gauche), aux côtés de Joseph Olenghankoy, président du CNSA, à Kinshasa le 6 mai 2019. © DR / Twitter Joseph Olenghankoy

 

Zacharie Badiengila, alias Ne Muanda Nsemi, a été remis en liberté provisoire dans la soirée de vendredi. Il avait été incarcéré quelques heures plus tôt à la prison centrale de Makala de laquelle il s’était évadé en 2017.

Aussitôt entré, aussitôt sorti. Zacharie Badiengila, alias Ne Muanda Nsemi, n’aura passé que quelques heures à la prison centrale de Makala, le temps d’obtenir une libération formelle. Le chef de la secte Bundu dia Kongo a formellement quitté la prison de Makala dans la soirée de vendredi. Il y avait été reconduit quelques heures plus tôt, après avoir passé près de deux ans de clandestinité. Ne Muanda Nsemi a été remis en liberté provisoire par le parquet général de la Cour de cassation.

Réapparu étonnement lors d’un point presse mardi 7 mai au siège du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre 2016 (CNSA), des voix avaient alors exigé sa ré-incarceration. Le gouvernement avait d’ailleurs ordonné son arrestation immédiate.

Zacharie Badiengila s’était évadé de la prison de Makala le 17 mai 2017. Selon le bilan officiel, avec lui, 4000 autres prisonniers s’étaient aussi échappé dans cette évasion organisée par ses partisans. Ne Muanda Nsemi avait été arrêté en mars 2017 ,notamment pour atteinte à la sûreté de l’État.

Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) a vivement réagi à sa remise en liberté vendredi soir. « Les racines du mal absolu du Congo qu’est l’impunité s’enfoncent un peu plus. Une ultime demande : assumez votre incapacité à tenir responsables les criminels, et arrêtez d’insulter la paix », dit le mouvement citoyen sur twitter.

Intervention de Félix Tshisekedi

Un responsable de la police expliquait à Jeune Afrique qu’ils avaient reçu l’ordre de tout faire en douceur, sans brutalité. « Pour répondre aux exigences de l’État de droit, il fallait que Ne Muanda Nsemi soit réincarcéré et respecte la procédure judiciaire », explique pour sa part le vice Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité Basile Olongo.

Vendredi dans la journée la présidente de l’Assemblée nationale Jeannine Mabunda qui a été reçue avec les autres membres du bureau de la chambre basse du Parlement par le président de la République, avait évoqué la question avec Félix Tshisekedi. Le président du CNSA Joseph Olenghankoy qui était à la manœuvre s’est félicité du dénouement du dossier comme les structures de la société civile, Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) et la Voix des sans voix (VSV).

« Je vous confirme que le leader de Bundu Dia Mayala, l’honorable Ne Muana Nsemi à quitté le lieu privatif de liberté au CPRK [Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, ndlr], il jouit d’une totale liberté de mouvement et de circulation. Remercions encore une fois le président de la république et les autorités du pays », a réagi Joseph Olenghankoy sur twitter.

Même si Zacharie Badiengila n’a encore rien dit de sa clandestinité, des sources au sein des renseignements militaires confiaient que ce dernier se trouvait entre la frontière de la RDC et l’Angola, précisément dans des zones non loin de FLEC, le Front de l’État du Cabinda, mais aussi à la frontière avec le Congo Brazzaville. Dans plusieurs vidéos tournées pendant sa clandestinité, Zacharie Badiengila avait appelé la population à la désobéissance civile face au régime de Joseph Kabila.

Jeuneafrique.com par Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshasa

RDC : la surprenante réapparition publique de Ne Muanda Nsemi, chef de la secte Bundu dia Kongo

mai 7, 2019

Ne Muana Nsemi (à gauche), aux côté de Joseph Olenghankoy, président du CNSA, à Kinshasa le 6 mai 2019. © DR / Twitter Joseph Olenghankoy

 

Zacharie Badiengila – alias Ne Mwanda Nsemi – a fait une surprenante apparition, lundi, lors d’une conférence de presse organisée par le CNSA. Après son évasion spectaculaire de la prison de Makala à Kinsahsa, il y a deux ans, le chef de la secte Bundu dia Kongo n’était pas réapparu. Le gouvernement a « instruit les forces de sécurité de procéder à son arrestation ».

C’est une réapparition qui a surpris, voire choqué, nombre d’observateurs. Lundi, Zacharie Badiengila – alias Ne Muanda Nsemi – est apparu aux côtés de Joseph Olengankoy, le président du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre (CNSA), lors d’une conférence de presse. « Je tiens ici à présenter devant l’opinion nationale et internationale l’honorable Ne Mwanda Nsemi donné pour mort par plusieurs personnes », à déclaré le président du CNSA, ajoutant que « Ne Muanda Nsemi n’a pas été tué, ni par l’ancien régime, ni par le régime actuel ».

Costume bleu et cravate sombre, le chef du mouvement politique-religieux Bundu dia Kongo (BDK), plusieurs fois donné pour mort, a également pris la parole. « Je suis venu pour consolider la paix dans ce pays. Je suis venu pour travailler avec la gauche et la droite », a-t-il déclaré, assurant son intention de vouloir « rassembler ». Se présentant comme un « scientifique », il a affirmer vouloir « orienter les gens vers le développement ». « Nous sommes la locomotive de l’Afrique. Serons-nous capables de jouer notre rôle comme il se doit ? », s’est-il interrogé.

Évasion rocambolesque et cavale

Le 17 mai 2017, Ne Muanda Nsemi, s’est évadé de la prison de Makala, à Kinshasa dans des conditions rocambolesques. Ses partisans avaient lors lancé un assaut contre la prison centrale de la capitale congolaise, où il était détenu depuis le mois de mars de la même année. Rubans rouges sur la tête et autour des bras – le signe de ralliement des BDK -, un groupe d’hommes et de femmes, pour certains armés de kalachnikovs, avait fait irruption à la maison d’arrêt, parvenant à forcer les portes de la prison après avoir maîtrisé les gardiens. Une fois à l’intérieur, les assaillants ont tué deux geôliers, « à la machette » selon les autorités de l’époque, avant de libérer Ne Muanda Nsemi.

Le chef des Bundu dia Kongo était depuis activement recherché. Dans plusieurs vidéos postées sur les réseaux sociaux en juin 2017, ce député national honoraire appelait la population à la « désobéissance civile » face au régime de Joseph Kabila. Il accusait notamment l’ancien président congolais de faire obstacle à des enquêtes portant sur des massacres et tueries perpétrées dans le pays depuis plusieurs années.

Les services de police « instruits de procéder à son arrestation »

Fin 2018, Ne Muanda Nsemi avait plaidé auprès des autorités pour obtenir une amnistie. En septembre, il avait fait écrire une lettre par l’un des cadres de BDK au ministre de la Justice d’alors, Alexis Thambwe Mwamba, avant qu’un autre courrier ne soit adressé au président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku.

Si Joseph Olengankoy a assuré lundi que « quelques autorités étaient au courant de [la] réapparition [de Ne Muanda Nsemi] », le vice-Premier ministre intérimaire en charge de l’Intérieur et Sécurité, Basile Olongo, n’a pas confirmé, et a en revanche assuré à Jeune Afrique avoir « instruit les forces de sécurité de procéder à son arrestation ».

« Le président de la République est un légaliste. C’est un évadé, et la logique la plus simple veut que l’on remette Ne Mwanda Nsemi en prison. les services sont instruits en ce sens, et il revient au chef de l’État de voir s’il peut, ou pas, le gracier ou ordonner sa libération conditionnelle », détaille le ministre. Basile Olongo a également insisté sur le fait que les mesures de grâce et de libérations provisoires qui ont concerné plusieurs prisonniers politiques ces dernières semaines, « ont été appliquées à des personnes qui se trouvaient en détention, et n’étaient pas en fuite ». « Les faits reprochés à Ne Muanda Nsemi sont extrêmement grave. Il s’agit d’atteinte à la sûreté de l’État et de plusieurs autres griefs graves », a-t-il ajouté.

Jeuneafrique.com Stanis Bujakera Tshiamala – à Kinshsa

RDC: Olenghankoy refuse l’élection de Tsibala à la tête des frondeurs de l’UDPS

décembre 11, 2017
 

Bruno Tshibala et Joseph Olenghankoy, respectivement Premier ministre et président du CNSA en RDC. © Vincent Fournier/Gwenn Dubourthoumieu/Montage J.A.

Le Premier ministre congolais Bruno Tshibala a été plébiscité dimanche président de l’aile de l’UDPS qui s’est rapprochée du pouvoir de Joseph Kabila. Une désignation que ne cautionne pas Joseph Olenghankoy, président du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre.

« C’est un dédoublement [de l’UDPS] ! » Joint au téléphone par Jeune Afrique, Joseph Olenghankoy, président du Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), refuse de considérer Bruno Tshibala comme le nouveau chef de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dont le « Líder Máximo » est décédé en février à Bruxelles. Dimanche 10 décembre, pourtant, à l’issue du congrès organisé par les frondeurs de ce principal parti de l’opposition congolaise, l’actuel Premier ministre a été « élu par acclamation » président de la formation politique. Lui qui est considéré comme « auto-exclu » du parti pour s’être opposé début mars au tandem Félix Tshisekedi – Pierre Numbi porté à la tête du Rassemblement de l’opposition congolaise.

On ne se déclare pas leader d’un parti par des cris, il faut un acte juridique

« Il faudrait normalement qu’un congrès rassemblant l’UDPS dans son ensemble soit organisé pour que la mémoire de ce grand homme que fut Étienne Tshisekedi ne soit pas offensée », préconise Joseph Olenghankoy qui – en « [sa] qualité de président du CNSA » s’empresse-t-il de souligner -, ne reconnaît aujourd’hui « pas d’autre chef à la tête de l’UDPS qu’Étienne Tshisekedi ».

« Sur le plan administratif, on ne se déclare pas leader d’un parti par des cris, il faut un acte juridique. Tant que je n’ai pas vu de document dans ce sens sur mon bureau, je ne peux pas considérer M. Tshibala comme le nouveau président de l’UDPS », explique-t-il.

Qui soutient Bruno Tshibala ?

Une prise de position qui confirme les rapports désormais tendus entre les deux alliés d’hier. Au mois de mars, Bruno Tshibala et Joseph Olenghankoy avaient en effet mené ensemble la fronde contre la restructuration du Rassemblement après la mort d’Étienne Tshisekedi.

Le premier a été fait chef du gouvernement le mois suivant et le second est devenu président du CNSA. Des nominations considérées par les évêques catholiques, médiateurs des pourparlers, comme une « entorse » au compromis politique conclu fin décembre 2016 entre le régime de Joseph Kabila et l’opposition.

Bruno Tshibala bénéficie également du soutien des organes de l’UDPS

Malgré les réserves de Joseph Olenghankoy, le camp de Bruno Tshibala ne compte pas faire machine arrière. « Le congrès que nous avons organisé était une assise de refondation du parti », argumente Patrick Mutombo, fils et conseiller politique du Premier ministre qui dénonce par ailleurs la politique consistant à « mettre de côté » certains cadres de l’UDPS déclarés « auto-exclus » de la formation politique.

À en croire celui qui est également conseiller technique spécial chargé de mission à la primature, « la plupart de représentants de l’UDPS à l’extérieur du pays » mais aussi « 95 % des fédéraux venus de l’intérieur de la RDC » ont participé au congrès pour marquer leur adhésion à la démarche.

« Bruno Tshibala bénéficie également du soutien des organes de l’UDPS, comité de discipline, les exécutifs compris, et a été désigné président parce qu’il a rempli les critères définis par les congressistes : avoir au moins 15 ans d’ancienneté au parti, détenir au minimum un diplôme de graduat (bac + 3), avoir une moralité irréprochable, être fédérateur », poursuit Patrick Mutombo.

Et d’ajouter : « Il [Bruno Tshibala] s’est dit prêt, à l’instar de Nelson Mandela, de marcher à pied ou à vélo pour aller à la rencontre de tous les enfants de l’UDPS. »

Non à l’explosion de l’UDPS

Dans les conditions actuelles, la tâche de Tshibala s’annonce difficile. D’autant que le statut du nouveau leader du parti qu’il s’est octroyé hérisse même certains de ses potentiels alliés.

« Nous le soutenons comme Premier ministre, mais nous ne le suivons pas dans une dynamique de l’explosion du parti », fait savoir à Jeune Afrique Corneille Mulumba, porte-parole des Pionniers de l’UDPS, structure qui rassemble « les personnes qui ont milité au sein de l’UDPS avant sa reconnaissance officielle en avril 1990 ».

Nommé début octobre conseiller technique en charge des stratégies politiques et prospectives à la primature, Corneille Mulumba qui dit n’avoir « toujours pas de bureau », plaide en faveur de la « constitution d’un grand ensemble politique ».

L’idée serait de considérer l’UDPS-aile Tshibala comme un courant politique au même titre que les autres groupes au sein de l’UDPS dans la perspective de mettre en place un regroupement politique en vue des élections à venir.

Bruno Tshibala a entamé une spirale qui ressemble à la diagonale du fou

« Bruno Tshibala a choisi Joseph Kabila comme son nouveau patron. Il doit s’assumer », tranche Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS. « Il ne peut pas remercier Étienne Tshisekedi de cette manière, ce n’est pas correct », renchérit-il.

« Bruno Tshibala a entamé une spirale qui ressemble à la diagonale du fou [sur un échiquier] », complète Raph Kabengele. Depuis Londres où il séjourne, ce conseiller politique et diplomatique de Félix Tshisekedi estime que « Bruno Tshibala s’accroche à l’étiquette UDPS pour justifier sa présence au gouvernement », l’accord de la Saint-Sylvestre ayant attribué le poste de Premier ministre au Rassemblement de l’opposition. « Mais ce phénomène Tshibala va se dégonfler de lui-même », promet-il.

En attendant, l’UDPS annonce la tenue de son congrès au mois de janvier 2018. Un comité préparatoire a été mis en place et présenté le jeudi 7 décembre à Limete, fief du parti.

Prochaine étape : désignation de Tshisekedi fils comme le chef de la formation politique ? « Pour l’instant, Félix n’est candidat à rien », répond Raph Kabengele. Même si l’éventualité de la succession du père par le fils parait aujourd’hui comme la plus plausible.

Jeuneafrique.com par

Élections en RDC: l’exécutif promet un financement « interne »

avril 12, 2017

Kinshasa – Le nouveau Premier ministre de la République démocratique du Congo Bruno Tshibala a déclaré mardi soir à l’AFP qu’il comptait financer le scrutin devant désigner le successeur du président Joseph Kabila avec des ressources « internes », dont il n’a pas précisé l’origine.

« Nous allons mettre tout en oeuvre pour mobiliser les ressources financières internes en vue de financer les élections », a déclaré à Kinshasa M. Tshibala, ajoutant cependant qu’il ne voyait « pas d’inconvénients à ce qu’il y ait un appoint qui viendrait des (…) partenaires » étrangers dans le financement des élections, considérées comme « la priorité des priorités » de son gouvernement.

Mais pour le principal allié de M. Tshibala, Joseph Olenghankoy, chef de la dissidence du Rassemblement – la coalition créée par l’opposant historique Étienne Tshisekedi, décédé en février – « la priorité », avant les élections, « est de répondre aux besoins (du) peuple notamment dans le social, dans la sécurité ».

M. Olenghankoy a tenu ces propos en référence à la crise économique que traverse le pays, après avoir rencontré M. Tshibala dans le cadre de consultations précédant la formation du gouvernement.

Le mandat de M. Kabila, au pouvoir depuis 2001 et à qui la Constitution interdit de se représenter, a expiré le 20 décembre 2016, mais faute de la tenue de l’élection devant désigner son successeur, le chef de l’État se maintient au pouvoir.

La raison officielle avancée pour le report de la présidentielle et des législatives devant avoir lieu en même temps, a été un manque de moyens de l’État congolais pour les financer.

Depuis le début de l’année 2016, la situation des finances publiques du pays n’a cessé de se détériorer avec la baisse des prix des matières premières sur les marchés mondiaux alors que le cuivre et le cobalt extraits en RDC représentent 80% des recettes d’exportation du pays.

Ingérence étrangère’ exclue –

Dans ce contexte particulièrement difficile, M. Tshibala n’a pas précisé par quels moyens il comptait améliorer la marge de manoeuvre budgétaire de l’État.

Dans un discours devant le Parlement, M. Kabila a assuré le 5 avril que « les élections (auraient) bel et bien lieu », sans dire à quelle échéance, et en excluant d’avance toute « ingérence étrangère » dans le pilotage et le déroulement du processus électoral.

M. Tshibala a été nommé Premier ministre vendredi, quelques jours après avoir été exclu du Rassemblement.

M. Kabila soutient que sa nomination est conforme à l’accord conclu le 31 décembre 2016 par la majorité et l’opposition, sous l’égide de l’Église catholique, afin de sortir le pays de la crise liée à son maintien au pouvoir.

Ce compromis politique (que le président n’a pas signé) prévoit le maintien de M. Kabila à la tête du pays jusqu’à l’entrée en fonction d’un successeur élu lors d’une présidentielle devant avoir lieu fin 2017, qui apparaît aujourd’hui hypothétique. En contrepartie, le poste de Premier ministre d’un nouveau gouvernement élargi doit revenir au Rassemblement. Pour le parti de Tshisekedi, le choix de M. Tshibala est une violation de l’accord et une « prime à la trahison ».

État continent au coeur de l’Afrique dévasté par deux guerres entre 1996 et 2003, la RDC n’a connu aucune transition démocratique du pouvoir depuis son indépendance de la Belgique en 1960.

Romandie. com avec(©AFP / 12 avril 2017 18h06)

 

RD Congo : que vaut (vraiment) la fronde en cours au sein du Rassemblement ?

mars 4, 2017

Des partisans du « patriarche » rassemblés aux abords du siège de l’UDPS,le 2 février à Kinshasa. © Junior Kannah/AFP

Au lendemain de la mise en place d’un double exécutif à la tête du Rassemblement, certains de ses membres haussent le ton. Rangés derrière l’ex-ministre Joseph Olenghankoy, ils ont décidé vendredi de faire bande à part. Au risque de fragiliser la première plateforme de l’opposition congolaise ?

« Tous les gros poissons sont restés dans le navire Rassemblement », assure un très proche d’Étienne Tshisekedi, ex-chef incontesté de la plateforme, décédé début février à Bruxelles. Depuis sa mort, des tractations s’étaient engagées pour trouver son remplaçant à la présidence du conseil des sages qui exercerait également les fonctions de président du Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre.

Tous les principaux regroupements politiques composant le Rassemblement ont jeté leur dévolu sur Félix Tshisekedi, fils de l’opposant historique disparu, et Pierre Lumbi, cadre du « G7 », ce groupe de sept frondeurs de la Majorité présidentielle (MP) qui s’étaient opposés au maintien du président Joseph Kabila au pouvoir à la fin de son second mandat, avant de rejoindre l’opposition.

Modérateur de la Dynamique de l’opposition, Martin Fayulu, candidat malheureux au poste de président du conseil des sages du Rassemblement, a laissé planer le doute sur son alignement toute la soirée de jeudi.

Finalement, l’élu de Kinshasa a « [pris] acte de la restructuration des organes du Rassemblement et de la désignation de leurs animateurs ». Idem pour les autres grandes figures de ce regroupement dont les députés Claudel Lubaya, Jean-Claude Vuemba et Fabrice Puela.

Une « petite fronde »

Mais du côté de l’opposant Joseph Olenghankoy qui se rêvait aussi en successeur putatif d’Étienne Tshisekedi, la pilule a du mal à passer. L’ancien ministre des Transports et leader des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (Fonus) est désormais à la tête d’une fronde. Il est soutenu notamment par Freddy Matungulu, ex-ministre des Finances et retraité du Fonds monétaire international (FMI), Roger Lumbala, ex-allié de la rébellion du M23 et bénéficiaire des mesures de décrispation politique, le député Gilbert Kiakwana et Bruno Tshibala, cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Ce dernier s’éloigne ainsi de la position de son parti et s’expose à des sanctions disciplinaires.

Après Étienne Tshisekedi, la plateforme tient bon, confie une source diplomatique africaine à Kinshasa

« Au final, c’est une toute petite fronde. Ceux qui s’écartent de la ligne décidée par le Rassemblement n’ont pas une réelle assise nationale. Après Étienne Tshisekedi, la plateforme tient bon », confie une source diplomatique africaine à Kinshasa qui suit de près les pourparlers en cours.

Sans trop tarder, la nouvelle configuration de la direction du Rassemblement a été envoyée vendredi aux évêques, médiateurs des négociations. Ces derniers ont remis à Félix Tshisekedi et à Pierre Lumbi la lettre d’Étienne Tshisekedi à Joseph Kabila. Une reconnaissance on ne peut plus explicite de la nouvelle direction du Rassemblement.

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