Posts Tagged ‘Joueurs africains’

Football : gros chèques, salaires en hausse… le point sur les transferts des principaux joueurs africains

septembre 11, 2022

Le mercato estival s’est révélé particulièrement animé pour plusieurs joueurs africains. Avec la Ligue des champions et la Coupe du monde qui s’annoncent, leur valeur pourrait encore évoluer.

Sadio Mane, Pierre-Emerick Aubameyang et Achraf Hakimi, respectivement jouers du Bayern Munich, de Clesea et du Paris Saint-Germain. © MONTAGE JA : Marco Canoniero/Shutterstock/SIPA ; David Ramos/GettyImages via AFP ; Alfonso Jimenez/Shutterstock/SIPA

On s’attendait à un été européen particulièrement chaud. Il le fut, et pas seulement d’un point de vue climatique. En cette année de Coupe du monde qui se déroulera du 20 novembre au 18 décembre au Qatar, et pour laquelle cinq sélections africaines (Maroc, Tunisie, Sénégal, Ghana, Cameroun) sont qualifiées, plusieurs joueurs en ont profité pour changer d’air. Les montants des transferts se sont révélés élevés, les niveaux de rémunération aussi. Même un joueur comme l’Égyptien Mohamed Salah (30 ans), qui ne participera pas à la Coupe du Monde, a vu son sort s’améliorer à Liverpool.

Le capitaine des Pharaons est en effet aujourd’hui le footballeur le mieux payé de l’histoire des Reds, au sein desquels il est devenu un élément essentiel. Buteur et passeur multirécidiviste ces dernières années, l’Égyptien gagnait jusqu’alors 1 million d’euros par mois. En fin de contrat le 30 juin 2023 et en position de force pour négocier une prolongation, l’ancien joueur de l’AS Rome a touché le jackpot, puisqu’il empochera désormais 1,6 million d’euros mensuels, sans compter les primes. Désormais lié à Liverpool jusqu’au 30 juin 2025, sa valeur marchande est aujourd’hui estimée à 90 millions d’euros. Son ancien coéquipier en Angleterre, le Sénégalais Sadio Mané, 30 ans également, a quant à lui décidé de quitter les bords de la Mersey pour le Bayern Munich, le meilleur club allemand.

Salaire en or pour Salah et Mané

Dans l’opération, Liverpool a récupéré un chèque de 32 millions d’euros, correspondant à l’indemnité de transfert d’un joueur acheté 36 millions d’euros en 2016 à Southampton. Mais c’est incontestablement le champion d’Afrique en titre qui a réalisé la meilleure opération. À Liverpool, le Casamançais ne gagnait « que » 6,1 millions d’euros par an, un montant auquel venaient s’ajouter des primes juteuses.

À Munich, où il passera les trois prochaines années de sa vie, il émargera à 20 millions d’euros brut annuels, soit 1,15 million d’euros versé à la fin de chaque mois sur son compte en banque. Son compatriote et coéquipier au sein des Lions de la Teranga, Kalidou Koulibaly (31 ans), a lui aussi vu ses gains bondir, à la faveur de son transfert de Naples (Italie) à Chelsea (Angleterre) pour 38 millions d’euros, une somme substantielle pour un défenseur ayant dépassé les 30 ans. « S’ils font une bonne Coupe du monde, Mané et Koulibaly, qui viennent de changer de club, ne pourront pas demander une augmentation avec le Bayern et Chelsea. Mais ils pourraient s’en servir pour négocier de meilleurs contrats avec leurs sponsors », explique Vincent Chaudel, président de l’Observatoire du Sport Business.

À Naples, Koulibaly touchait 6 millions d’euros par saison. Aurelio de Laurentiis, son président, avait même envisagé, avant l’offensive des Anglais, de lui offrir à partir de la saison 2022-2023 le plus gros salaire du club. À Londres, ses émoluments ont fait un bond de 4 millions d’euros par an. Dans le vestiaire londonien, Koulibaly a retrouvé l’attaquant gabonais Pierre-Emerick Aubameyang (33 ans), acheté par Chelsea 14 millions d’euros au FC Barcelone.

Aubameyang, fin négociateur

Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’ex-capitaine des Panthères du Gabon – il a mis un terme à sa carrière internationale en mai dernier – a su faire fructifier son patrimoine. Fin janvier, il avait quitté Arsenal, un autre club de Londres, pour s’engager au FC Barcelone. Arsenal lui versait un salaire mensuel de 1,7 million d’euros. Pour l’encourager à faire ses valises, les dirigeants anglais lui avaient signé un chèque 8,4 millions d’euros, correspondant à ses salaires jusqu’à la fin de la saison 2021-2022.

Aubameyang, qui était sous contrat jusqu’au 30 juin 2023, aurait dû toucher 20,4 millions d’euros lors de sa dernière saison chez les Gunners, une somme économisée par ses ex-employeurs. À Barcelone, où il a globalement donné satisfaction sportivement, son salaire était de 400 000 euros par mois (du 1er février au 30 juin), mais devait passer à 1,5 million d’euros à partir du 1er juillet, selon la presse catalane. Il semblerait qu’il touchera cette somme à Chelsea.

Mahrez, Ziyech, Hakimi, des contrats en béton

Enfin, parmi les footballeurs africains les plus à l’aise financièrement, on retrouve l’Algérien Ryad Mahrez (31 ans), dont la valeur marchande est estimée à 35 millions d’euros, et qui perçoit à Manchester City (Angleterre), un confortable salaire annuel de 7,2 millions d’euros hors primes.

C’est un peu plus que l’attaquant marocain Hakim Ziyech (29 ans), dont la rémunération est de 6,1 millions d’euros par an à Chelsea. Celui qui devrait retrouver la sélection marocaine lors de la Coupe du monde, après une fâcherie avec Vahid Halilhodžić, l’ex-sélectionneur des Lions de l’Atlas remplacé par Walid Regragui, ne veut pas baisser son salaire, alors que le Milan AC, Tottenham et l’Ajax Amsterdam, son club formateur, aimeraient le recruter (sa valeur est estimée à 28 millions d’euros). Lyon garde également un œil sur le Marocain, en vue du mercato hivernal.

Son compatriote Achraf Hakimi (23 ans) est quant à lui assuré de rester au Paris Saint-Germain cette saison. On le comprend : avec un salaire mensuel de 865 000 euros, assorti de quelques bonus, le défenseur, acheté 60 millions d’euros (+ 11 millions de bonus) en juillet 2021 est un des joueurs les mieux rémunérés par le PSG.

« Si un joueur fait une belle Coupe du monde, en plus de briller en Ligue des champions et dans son championnat, et que la fin de son contrat approche, il pourra être en position de force pour négocier une prolongation, avec une augmentation de salaire importante. Et les clubs, pour repousser la concurrence, réagissent en général très vite pour garder leur joueur », conclut Vincent Chaudel. L’excellente santé financière des clubs où évoluent ces joueurs peut leur permettre de faire quelques folies…

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Football : le président du club de Naples « ne veut plus de joueurs africains »

août 5, 2022

Aurelio De Laurentiis a annoncé qu’il n’engagera plus de joueurs africains, sauf s’ils acceptent de renoncer à participer à la Coupe d’Afrique des nations. Une déclaration polémique qui relance un vieux débat.

Aurelio De Laurentiis, le président du club de Naples, le 25 mai 2022. © Vincenzo Izzo/SIPA

« Ce qu’a dit le président de Naples, je suis prêt à parier que d’autres le pensent, mais n’osent pas l’affirmer ouvertement », suppose un agent de joueur de football sous le couvert de l’anonymat. Il réagit aux propos polémiques qu’a tenus Aurelio De Laurentiis, président depuis 2004 de Naples – l’un des meilleurs clubs italiens – dans une interview au site économique Wall Street Italia.

« Ne me parlez plus des Africains. Je leur veux du bien, mais je ne les ai jamais à disposition. Je n’en prendrai plus tant que la CAN [Coupe d’Afrique des nations] sera organisée au milieu de la saison, sauf s’ils signent un papier disant qu’ils renoncent à y participer. Sinon, on se retrouve comme des idiots à les payer pour qu’ils aillent jouer ailleurs », a pesté Laurentiis.

Sélection nationale

Lors de la dernière CAN, organisée au Cameroun en janvier et février, Naples avait dû se passer du Sénégalais Kalidou Koulibaly et du Camerounais Frank Zambo-Anguissa. Récemment transféré à Chelsea (Angleterre), Koulibaly a répondu à distance à son ancien employeur.

« Personne ne m’a jamais demandé de renoncer à la CAN. Et personne ne peut m’interdire de jouer pour ma sélection nationale. Défendre les couleurs de son équipe nationale est la chose la plus importante qui soit. Les gens doivent faire preuve d’un peu plus de respect », a prévenu le capitaine des Lions de la Teranga.

Problème météorologique

La sortie médiatique de l’homme d’affaires italien intervient quelques semaines après que la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé le report de la CAN. Prévue pour juin et juillet 2023 en Côte d’Ivoire, elle a été décalée à janvier et février 2024 afin que la météo soit plus clémente.

En 2017 pourtant, la CAF avait décidée que sa compétition phare aurait lieu en juin et juillet pour s’aligner sur les autres confédérations et éviter les conflits avec les clubs européens, dont certains supportaient de moins en moins de voir leurs internationaux africains s’absenter plusieurs semaines en pleine saison.

Mais, hormis en 2019 quand la CAN s’est disputée en Égypte en juin et juillet, le retour à l’ancienne règle semble acté, au moins temporairement. « Tant que la CAN aura lieu dans des pays où il est difficile de jouer en juin et juillet, elle sera organisée en janvier et février, et cela fera débat, comme c’est le cas depuis des années. Il n’y a réellement que dans les pays d’Afrique du Nord ou en Afrique du Sud qu’on peut joueur en juin et juillet. Je pense que la CAF, la Fifa et les clubs doivent discuter de ce problème de calendrier », souligne le gardien international camerounais Carlos Kameni.

Pressions des clubs

L’ancien joueur de l’Espanyol Barcelone et de Malaga ne se dit pas choqué par les propos d’Aurelio De Laurentiis. « On peut le comprendre : il n’est jamais facile pour un club de voir plusieurs de ses joueurs partir en pleine saison disputer une compétition avec leur sélection nationale. Laurentiis sait parfaitement qu’en recrutant des joueurs africains, ceux-ci peuvent être sélectionnés pour disputer une CAN. Il ne fait pas preuve de mauvaise foi, il donne juste son avis, et il n’est pas le seul à penser ainsi », poursuit Kameni.

À l’approche de chaque phase finale de la CAN, il n’est pas rare que des clubs fassent plus ou moins pression sur des joueurs pour tenter de les dissuader de participer au tournoi. Souvent sans succès. « Après la CAN 2008, je devais signer à Tottenham (Angleterre), et on m’a demandé si je comptais disputer la CAN 2010 en Angola. J’ai répondu par l’affirmative, et je n’ai jamais rejoint Tottenham », précise Kameni.

Une CAN tous les quatre ans ?

Le Français Patrice Neveu, sélectionneur du Gabon, dont la quasi-totalité des internationaux évoluent en Europe, s’avoue surpris par les déclarations du dirigeant napolitain, « tout simplement parce que ce problème n’est pas nouveau ». « Il faut, dit-il, parvenir à trouver une harmonisation des calendriers internationaux. On peut entendre les [arguments des] clubs européens, il faut aussi que ces derniers tiennent compte des réalités africaines, notamment celle des saisons qui peuvent, dans certaines parties du continent, rendre la pratique du football compliquée à certaines périodes de l’année. »

Le technicien craint que ce sempiternel débat ne finisse par « inciter la CAF à faire jouer la CAN tous les quatre ans » comme le souhaite la Fifa, une hypothèse majoritairement rejetée par les acteurs du football africain et les supporters, très attachés au format actuel.

« L’idéal serait de continuer à disputer la CAN tous les deux ans, car le football africain en a besoin pour sa visibilité internationale, et le plus souvent possible en juin et juillet », espère Saïd Ali Athouman, le président de la fédération comorienne.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault