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Olivier Dubois, otage au Sahel depuis 2021, a été libéré

mars 20, 2023

Après 711 jours de captivité, le journaliste indépendant a été libéré. Il avait été enlevé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), au Mali.

Olivier Dubois a l'aeroport de Niamey le 20 mars 2023.
Olivier Dubois à l’aéroport de Niamey le 20 mars 2023.© Stanislas Poyet

Le journaliste français Olivier Dubois a été libéré. Il est arrivé libre lundi à l’aéroport de Niamey, près de deux ans après avoir été enlevé par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) au Mali, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.

À sa descente de l’avion, Olivier Dubois est apparu souriant et visiblement ému, vêtu d’une chemise blanche ouverte et d’un pantalon beige.

Olivier #Dubois libéré après près de 2 ans (711 jours) de captivité. Immense émotion a l’aéroport de Niamey pic.twitter.com/vOwYD5Z8ps— Stanislas Poyet (@stanislas_poyet) March 20, 2023

La libération lundi du journaliste français Olivier Dubois est un « immense soulagement » après 711 jours passés au Mali en captivité, « la plus longue pour un journaliste français retenu en otage depuis la guerre au Liban », s’est félicité Reporters sans frontières.

« Nous avions eu des nouvelles rassurantes à plusieurs reprises ces derniers mois, et encore très récemment : il semblait en bonne forme, mais la durée de sa captivité nous inquiétait », a commenté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, interrogé par l’Agence France-Presse.

Par Le Point avec AFP

France 24 se sépare d’une journaliste arabophone accusée d’antisémitisme

mars 15, 2023
France 24 se separe d'une journaliste arabophone accusee d'antisemitisme
France 24 se sépare d’une journaliste arabophone accusée d’antisémitisme© AFP/Archives/KENZO TRIBOUILLARD

Après deux jours de polémique, la chaîne info France 24 s’est séparée mercredi d’une journaliste arabophone travaillant pour elle au Liban et accusée d’avoir publié par le passé des messages antisémites sur les réseaux sociaux.

Dans un communiqué, la chaîne a assuré vouloir déposer plainte contre cette journaliste, Joëlle Maroun, qui n’est pas une de ses salariés mais est employée par une société de production externe.

Trois autres journalistes arabophones mis en cause pour des messages hostiles à Israël ont pour leur part écopé d’un « rappel à l’ordre », selon ce communiqué d’abord diffusé en interne puis mis en ligne sur le site de la chaîne. Celle-ci dépend de France Médias Monde, structure publique chargée de l’audiovisuel extérieur de la France.

Ces décisions ont été prises à l’issue d’une enquête interne sur le cas de ces quatre journalistes arabophones, Joëlle Maroun, Laila Odeh (correspondante à Jérusalem), Dina Abi Saab (correspondante à Genève) et Sharif Bibi.

France 24 avait annoncé dimanche leur suspension « par mesure conservatoire » en attendant les résultats de cet audit.

Ces quatre journalistes avaient auparavant fait l’objet de mises en cause par l’ONG américaine CAMERA, reprises par le Centre Simon Wiesenthal, pour d’anciennes publications sur les réseaux sociaux.

Selon CAMERA, qui reproduisait des captures d’écran, Joëlle Maroun proclamait dans d’anciens messages: « C’est à chaque Palestinien de tuer un juif, et l’affaire est close » ou encore « Levez-vous, monsieur Hitler, levez-vous, il y a des personnes qui doivent être brûlées ».

D’autres messages exhumés par l’ONG et signés par les trois autres journalistes prenaient parti contre Israël dans le conflit israélo-palestinien.

« Messages intolérables »

« À la suite de l’audit qui a permis d’authentifier les publications, France 24 a signifié à la société de production qui emploie Joëlle Maroun au Liban que la chaîne met fin à toute collaboration avec cette journaliste », a-t-elle indiqué.

En cause: des « messages intolérables postés sur ses comptes personnels, aux antipodes des valeurs défendues par les antennes de la chaîne internationale et pénalement répréhensibles », selon France 24, qui a des antennes en français, en anglais, en arabe et en espagnol.

Elle assure qu’elle « déposera également plainte » contre la journaliste, « pour le préjudice porté à sa réputation et au professionnalisme de la rédaction ».

Concernant les trois journalistes visés par un « rappel à l’ordre », « certains de leurs messages postés sur les réseaux sociaux apparaissent comme des prises de position incompatibles avec le devoir d’impartialité figurant dans la charte de déontologie du groupe et notamment dans les principes encadrant les comptes personnels », selon la chaîne.

« L’usage personnel des réseaux sociaux doit respecter rigoureusement ce cadre déontologique et il est attendu de ces journalistes qu’ils y adhèrent clairement. Leurs collaborations avec France 24 pourront se poursuivre dans ce cadre », a-t-elle ajouté.

Enfin, « un travail commun sera entrepris par la direction et les sociétés de journalistes » de France Médias Monde, « pour approfondir les principes de la charte qui encadrent l’usage des comptes personnels des collaborateurs sur les réseaux sociaux ».

Avec Le Point par AFP

De quoi l’assassinat de Martinez Zogo est-il le nom ?

février 26, 2023

L’onde de choc provoquée par l’assassinat du journaliste n’en finit pas de se propager à Yaoundé. Une affaire qui pourrait menacer la cohésion de la nation camerounaise.

Lors d’une cérémonie en l’honneur du journaliste Martinez Zogo, dans le quartier Elig Essono, à Yaoundé, le 23 janvier 2023. © DANIEL BELOUMOU OLOMO/AFP

La cause est entendue : la liquidation crapuleuse de Martinez Zogo, journaliste en croisade contre la pandémie de corruption au sommet du pouvoir camerounais, s’inscrit dans le cadre de la « guerre des clans » entre prétendants à la succession du président Paul Biya. D’une certaine façon, les responsabilités seraient donc déjà établies. Resterait à trouver les coupables.

Cela tombe bien : un peuple d’ordinaire sevré de « justice » réclame, bave aux lèvres, des têtes: #JusticeForZogo. Un pouvoir d’ordinaire épris d’injustice brûle d’impatience de les offrir. L’enquête, plus administrative que judiciaire, autorise toutes les transgressions et manipulations, certes, mais si c’est pour aboutir à la mise à mort sociale du fameux Jean-Pierre Amougou Belinga, homme de paille honni des masses, alors l’opération sera in fine un succès politique : demande populaire de « justice » satisfaite ; médias internationaux, dont l’attention incommode fortement un régime allergique à la lumière, rassurés ; once de légitimité retrouvée auprès d’un peuple désorienté. Mais qui peut croire cette affaire si simple ?

« Choc » et «colère »

Les médias locaux ont fait état du « choc » et de la « colère » ressentis par les Camerounais devant la découverte de la dépouille de Martinez Zogo. Mais le sentiment qui domine dans les esprits est la peur. Ce n’est pas tant la mort d’un homme, dont les Camerounais sont malheureusement coutumiers, qui a heurté les consciences, mais les circonstances dans lesquelles celle-ci a été provoquée. Jambe brisée. Doigts coupés. Rectum défoncé, et autres abominations. La sœur aînée de la victime s’est émue de l’inhumanité de cet acte : « Même à ton pire ennemi, tu ne peux faire ça… »

Si l’on s’en tient aux premiers éléments de l’enquête distillés par des fuites savamment orchestrées, le journaliste aurait été assassiné par des professionnels. C’est donc en toute conscience qu’ils ont décidé de torturer leur victime, de la mutiler, mais surtout de laisser sa dépouille en « libre accès ». Elle devait être découverte, le victime, identifiée. Comme si l’acte en lui-même, pour atroce qu’il soit, était incomplet aux yeux des commanditaires en l’absence de publicité. Comme si celle-ci, par l’effet de sidération qu’elle produirait sur les esprits, donnerait son plein sens à ce crime.

D’une certaine façon, Martinez Zogo ne serait pas vraiment mort sans le spectacle macabre de son exécution. Les assassins du journaliste et, derrière eux, les donneurs d’ordre, avaient pour objectif de provoquer la terreur. Martinez Zogo a été victime d’un acte terroriste.

Loin d’être une exception, la déshumanisation à laquelle faisait allusion la sœur aînée de Martinez Zogo tend à devenir la norme. Et une nécessité. Certaines réactions de journalistes ont pu surprendre, tant ces derniers semblaient découvrir, à la faveur de ce crime abominable, la nature de l’État camerounais.

Un État engagé depuis sept ans, dans les régions anglophones, dans une guerre contre-insurrectionnelle, avec son cortège d’atrocités, d’abominations et de crimes contre des civils – certes commis des deux côtés. Ces villages incendiés, ces exécutions sommaires, ces actes de torture, ces abus quotidiens ont bien suscité quelques remous au sein du corps social. Mais rien de nature à ébranler les ardeurs du régime.

Légendaire fatalisme

Dans le sillage de l’élection présidentielle de 2018, nous avons assisté au pilonnage en règle d’un parti coupable de faire de la politique : leaders séquestrés et embastillés sans autre forme de procès ; militants et sympathisants, dont de nombreux jeunes, pourchassés, persécutés, et parfois poussés à l’exil. Des actes terrifiants que le corps social camerounais a, une nouvelle fois, absorbé dans son légendaire fatalisme. Et la vie a repris son cours inexorable. Mais à quel prix ?

Chaque silence légitime la transgression suivante – et la montée en gamme dans la violence qui l’accompagne. Chaque lâcheté ouvre la voie à la prochaine escalade, dans un engrenage qui n’épargnera personne. La mort de Martinez Zogo, après d’innombrables autres évènements, pose la question de la responsabilité collective du peuple dans le chaos qui vient. Elle nous tend un miroir qui nous montre nos compromissions, nos égoïsmes, notre déshonneur. Coupables ? Non. Responsables ? Assurément.

Avec Jeune Afrique

Yann Gwet

Par Yann Gwet

Analyste politique.

Expulsé de Turquie, un reporter du Point raconte

février 10, 2023

Guillaume Perrier a été arrêté par la police turque à l’aéroport d’Istanbul et empêché de se rendre dans les zones touchées par le séisme. Il témoigne.

Le nouvel aeroport d'Istanbul, inaugure en 2018 par le president Recep Tayyip Erdogan. Le reporter du Point Guillaume Perrier y a ete arrete et expulse alors qu'il tentait de se rendre dans les regions touchees par les seismes dans le sud du pays.
Le nouvel aéroport d’Istanbul, inauguré en 2018 par le président Recep Tayyip Erdogan. Le reporter du Point Guillaume Perrier y a été arrêté et expulsé alors qu’il tentait de se rendre dans les régions touchées par les séismes dans le sud du pays.

Il est 18 h 45, mercredi, lorsque j’atterris à l’aéroport d’Istanbul. Je sors en vitesse de l’avion pour attraper un vol intérieur et rejoindre, dans la soirée, la ville de Kayseri, puis, de là, les zones touchées par les terribles tremblements de terre. Comme toute la Turquie, je suis un peu sous le choc. J’espère être rapidement sur le terrain. Je suis en contact depuis deux jours avec des amis et des connaissances dans les différentes régions touchées, à Marash, à Adiyaman, à Diyarbakir, à Gaziantep… Certains ont passé deux nuits dehors avec leurs familles, terrorisés et transis ; d’autres organisent des convois de vivres et de couvertures pour les villages les plus isolés… Je pars les retrouver, passer du temps avec eux. Je sais que ce sera un reportage difficile, mais je suis impatient d’y être, pour faire mon métier. Lorsque j’arrive au guichet de contrôle des passeports, je suis déjà projeté sur la longue route qui m’attend.

Face à l’ampleur du désastre, devant les destructions énormes provoquées par les deux méga séismes qui ont secoué la Turquie et le nord de la Syrie, lundi, je n’ai pas hésité longtemps à partir. Dès les premières heures, il est clair que le bilan humain dépassera celui du séisme d’Izmit en 1999, qui fit, officiellement, 17 000 morts, près d’Istanbul. Ma place était sur ce terrain meurtri, dans ces régions et ces villes que je connais bien et dans lesquelles j’ai effectué d’innombrables reportages ces dernières années. Je voulais raconter le déploiement des opérations de secours, la solidarité internationale qui se met en place, la détresse des populations, l’incertitude que cela allait faire planer sur les élections, prévues dans 3 mois… Raconter aussi à quel point les tremblements de terre et leur mémoire sont inscrits dans l’histoire et la géographie des lieux. Être là, aux côtés de la Turquie et des Turcs, dans cette terrible épreuve.

De la bouche des survivants, j’ai souvent entendu les récits des catastrophes d’Erzincan, rasée en 1939 par une secousse de 7,9 sur l’échelle de Richter, de Lice en 1975, de Samsun ou Kütahya. Tous ceux qui ont vécu une secousse, même brève, connaissent cette sensation qui s’imprime dans un coin du cerveau et ne le quitte plus jamais. J’en ai moi aussi ressenti quelques-unes. À Istanbul, où j’ai habité pendant dix ans, le risque sismique fait partie du quotidien de chacun, c’est une réalité qui a traversé les siècles. Sainte-Sophie, détruite à plusieurs reprises, reconstruite et renforcée par des piliers antisismiques qui lui donnent cette allure caractéristique, est là pour en témoigner.

Les mystères des tremblements de terre

Le plus effrayant lorsque la terre commence à trembler, c’est qu’on ne sait pas quelle sera la durée et l’intensité de la secousse. Il faut attendre que cela se termine. Elle est, le plus souvent très brève, quelques secondes, parfois dix ou vingt. Lundi, cela a duré plus d’une minute.

Au 4e étage de l’immeuble où je vivais à l’époque, sur la rive européenne du Bosphore, les murs se mettaient parfois à danser et, d’un bond, je plongeais sous une grosse table en bois pour me protéger. À chaque fois, heureusement, il s’agissait de petites secousses, 4 ou 5 sur l’échelle de Richter, qui ne provoquaient pas trop de dégâts. Je voyais aussi les petits sacs que les Turcs rangeaient souvent dans un coin de leur appartement, derrière une porte. Des sacs de survie avec un peu d’eau, un paquet de biscuits, un sifflet, une couverture. Je connaissais les gestes, ceux qu’on apprend aux enfants dans les écoles, comment se recroqueviller en position fœtale, en protégeant ses organes vitaux.

En 2011, un séisme de 7 fit près d’un millier de morts dans la région de Van, tout à l’est du pays. J’étais parti immédiatement sur les lieux. Les conditions de reportage étaient difficiles : un froid glacial, peu de nourriture et d’eau, des opérations de secours compliquées, des répliques violentes qui faisaient trembler la terre toutes les dix minutes et fragilisaient un peu plus les bâtiments qui n’étaient pas tombés. Je me souviens qu’un hôtel de Van, où s’étaient installés des sauveteurs japonais et près duquel je dormais, s’était ainsi écroulé un matin faisant de nombreuses victimes. J’avais retenu cette leçon, il faut toujours dormir dans une voiture. De ce reportage, une sensation m’avait marquée. Celle de ce silence, lourd et épais, dans la nuit noire, l’oreille tendue de tous les sauveteurs, des proches de disparus, pour essayer d’entendre, dans les tas de gravats, la sonnerie d’un téléphone, une voix, une respiration. Cette gravité qui unit tout le monde, dans le but de sauver qui peut l’être.

Le huis clos de l’aéroport

Je tends mon passeport au policier, échange avec lui quelques formalités cordiales, lui présente mes condoléances pour les victimes. Il me répond d’un sourire et d’un clignement des yeux, je regarde la petite caméra qui m’enregistre. Il s’apprête à tamponner mon document, lorsqu’un dernier coup d’œil sur son écran d’ordinateur l’interrompt dans son geste. Il me demande de me mettre sur le côté et envoie mon passeport au guichet du chef. Dix longues minutes plus tard, mon passeport revient avec un autre fonctionnaire et l’on m’annonce que je fais l’objet d’une « interdiction de territoire ». Je suis escorté jusqu’à un autre guichet, à l’autre bout du gigantesque terminal de l’aéroport. Je comprends que mon voyage va prendre un itinéraire qui n’était pas celui que j’avais envisagé. Mon vol vers Kayseri va bientôt décoller, mon reportage va tourner court. Je me préparais aux paysages enneigés, aux villes détruites, aux étendues sinistrées. Je ne vais pas sortir du huis clos de l’aéroport.

Dans ce hall que je traverse dans la foulée du policier qui tient mon passeport, je croise un groupe de 16 pompiers français qui vient d’arriver, sans doute par le même vol que moi. Au guichet où l’on me mène, il y a des Canadiens, des Américains, des Algériens… Un groupe d’une trentaine de sauveteurs Taïwanais, tout de rouge vêtus, qui arrive en file indienne, d’un pas militaire… Les secouristes débarquent par milliers, de toute la planète. Une policière à peine trentenaire tamponne leurs passeports à la chaîne. « Combien de personnes ? Combien de chiens ? » demande-t-elle ? J’ai aussi été rejoint par une jeune femme, de nationalité bosnienne. Elle porte un niqab écru, d’où n’émergent que deux yeux bleu clair et quelques centimètres carrés de peau blanche. Elle ne comprend pas le turc, je fais la traduction.

La jeune fonctionnaire de police a l’air surprise lorsque je lui explique que je suis journaliste et que je suis venu couvrir les événements, comme des dizaines de confrères et de consœurs. Son écran lui indique que je suis interdit de territoire, suite à une décision administrative qui date de novembre 2022. Personne n’en sait plus et il n’y a aucun moyen d’obtenir plus de précisions. Rapidement elle m’explique que je serai expulsé vers Paris par le premier vol, celui de 7 heures le lendemain matin. Je passerai donc la nuit en rétention à l’aéroport. Comme la jeune Bosnienne qui, à côté de moi, se met à fondre en larmes, derrière son niqab.

En Turquie, les restrictions de la liberté de la presse

Cette péripétie n’est pas une grande surprise. Je m’étais préparé à un tel scénario. Ces dernières années, de nombreux confrères étrangers se sont vus interdire l’entrée en Turquie sous divers prétextes, rarement très clairs. D’autres ont été expulsés. Certains d’entre eux étaient des correspondants de longue date, des reporters chevronnés. Et je ne parle même pas de tous les journalistes turcs qui subissent depuis des années les nombreuses restrictions à la liberté de la presse, largement documentées, sous le régime de Recep Tayyip Erdogan. Je ne connais pas la raison de la décision qui me concerne. Un tweet ? Un article ? Une interview ? Certaines de mes enquêtes récentes ont sans doute fait tiquer quelques lecteurs attentifs à Ankara. Mais malgré tout les signaux contraires, je voulais croire que l’on me permettrait de continuer à faire mon métier de journaliste dans ce pays, la Turquie, dans lequel j’ai tant d’attaches. Cela fait près de 20 ans que j’y travaille, j’y ai vécu dix ans et j’y ai réalisé des centaines de reportages, d’articles nourris par une bonne connaissance du pays et des gens qui le peuplent. Je n’y ai jamais ressenti aucune forme d’hostilité, bien au contraire. Et même là, à l’aéroport d’Istanbul, ce n’est pas du tout le cas.

Je suis conduit jusqu’aux locaux de la police de l’immigration (göç idaresi), toujours dans la zone internationale de l’aéroport. Là encore, les fonctionnaires de police sont aimables et semblent aussi désolés que moi. Nous parlons des dernières nouvelles. Tout le monde est abasourdi par la catastrophe qui vient de se produire en Anatolie. Chacun y connaît quelqu’un qui est touché. Mes bagages sont rapidement inspectés, on me confisque mes stylos, ma ceinture, ainsi qu’une plaquette de paracétamol. Et on me conduit dans une sorte de cellule améliorée, avec une pièce de vie commune et quelques chambres spartiates autour, équipées de fauteuils dont la couleur et l’odeur témoignent un certain vécu. Les pièces sont éclairées par des néons blafards que l’on a interdiction d’éteindre et surveillées 24 heures/24 par des caméras. On me dépose un plateau-repas avec un peu de riz et des haricots, quelques cuillérées de soupe de lentilles froide. La porte est fermée à clé. Il n’y a pas de fenêtre. On peut appeler un gardien grâce à un combiné accroché au mur. Dans la pièce de vie commune, arrivent d’autres voyageurs naufragés : un groupe d’Algériens, dont les documents de voyage étaient suspects, des sans-papiers somaliens, un touriste italien, dont la carte d’identité était abîmée. Je discute avec deux Iraniens, qui ont visiblement une certaine habitude de la procédure d’expulsion. L’un d’eux, qui baragouine quelques mots de français depuis un séjour dans la prison de Saint-Omer, m’explique être un passeur de migrants. Il connaît bien la région de Calais. Je sers de traducteur entre les policiers qui ne parlent pas anglais et les nouveaux arrivants qui ne parlent souvent pas un mot de turc.

Les heures passent dans cette zone de rétention aéroportuaire. J’ai pu garder mon téléphone, ce qui me permet de tenir quelques personnes informées de ma situation. Et de suivre via Twitter, les dernières nouvelles du terrain. Le bilan des séismes s’alourdit d’heure en heure. 2 000, 3 000 morts… Quand on sait l’utiliser et suivre les bonnes sources, le réseau social fait remonter des informations utiles depuis les lieux sinistrés. Il permet aussi parfois de localiser des victimes, de coordonner des opérations… Mais tard dans la soirée, le réseau ralentit, des coupures sont signalées, des voix s’élèvent contre ce qui est perçu comme une nouvelle censure de l’information par le pouvoir. Dans ces premières heures, les autorités se voient reprocher par l’opposition turque et par beaucoup de « Depremzedeler » – les survivants des séismes- d’être plus préoccupées par la gestion de leur image à trois mois des élections, que par le drame qui frappe l’Anatolie.

Pendant cette longue attente, je repense aussi à cette menace sismique qui plane depuis des décennies sur Istanbul. La faille nord-anatolienne qui traverse le nord de la Turquie et passe à quelques kilomètres d’ici et menace de provoquer un tremblement de terre majeur, de la même ampleur que ceux de lundi. Mais Istanbul compte 17 millions d’habitants et l’on sait que plus de la moitié des constructions y est construite hors des règles légales et des normes antisismiques. Une telle catastrophe y serait encore plus destructrice. Est-ce que cet aéroport gigantesque dans lequel je passe la nuit, le plus grand du monde, construit à Istanbul ces dernières années et dont le chantier continue au moins jusqu’en 2027, résisterait à ce « big one » ? Les géants du secteur de la construction, cinq entreprises proches du pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, qui ont obtenu ce marché public et beaucoup d’autres à travers tout le pays, dans quelle mesure ont-ils tenu compte du risque sismique ?

L’heure de rejoindre Paris

Il est bientôt trois heures, la pièce s’est vidée, les passeurs iraniens ont été reconduits vers Téhéran. Rattrapé par la fatigue, je m’assoupis un peu sur mon fauteuil orange, malgré la lumière et cette caméra, au-dessus de ma tête. Mais à 4 h 15, des bruits des perceuses et de marteaux me tirent brusquement de ce demi-sommeil. En Turquie, on n’arrête jamais de construire, même la nuit. Les Algériens sont toujours là, mais moins bavards qu’à leur arrivée. Un Tchétchène nerveux fait des allers-retours aux toilettes pour fumer des cigarettes. Peu après six heures, un gardien vient me chercher. Il est l’heure de partir. Mon passeport et la notification de la décision de m’expulser sont glissés dans une enveloppe et confiés à une jeune femme qui m’accompagne jusqu’à l’avion. Je retraverse dans sa foulée l’immense terminal aéroportuaire quasiment désert.

À 7 heures, je suis à la porte du vol Air France qui me ramène à Paris. C’est le même équipage que la veille. Comme dans toute procédure d’expulsion, mon passeport est remis au commandant de bord et ne me sera rendu qu’à l’arrivée par la police française. Je vais dormir pendant tout le trajet, le cœur serré de ne pas pouvoir aller raconter le sort de ces dizaines de milliers de Turcs frappés par le séisme. Je quitte finalement la Turquie, ce pays que j’aime tant et qui est aussi un peu le mien, avec une interdiction de territoire temporaire. Temporaire. Je ne veux retenir que ce mot.

Avec Le Point par Guillaume Perrier

Qui en voulait au journaliste Martinez Zogo ?

janvier 23, 2023

Au Cameroun, le directeur de la radio Amplitude FM était porté disparu depuis plusieurs jours. Son corps a été retrouvé le 22 janvier au matin. Une enquête a été ouverte et plusieurs associations de journalistes dénoncent un « assassinat ».

Martinez Zongo était l’animateur vedette d’une émission quotidienne, Embouteillage, sur la radio camerounaise Amplitude FM. © DR.

Il était porté disparu depuis le 17 janvier. Le corps sans vie de Martinez Zogo, 51 ans, directeur général de la radio privée Amplitude FM, a été découvert le 22 janvier au matin, aux environs de la localité Soa, à la périphérie nord de Yaoundé. L’information a été confirmée par le porte-parole du gouvernement, René-Emmanuel Sadi, qui indique dans un communiqué daté du même jour que la dépouille a été retrouvée dans un « état de décomposition avancée ».

« Sévices corporels »

Charly Tchouemou, rédacteur en chef d’Amplitude FM, a assuré avoir reconnu la victime. Les autorités précisent quant à elles que l’épouse de Martinez Zogo a formellement reconnu ses effets personnels et que le journaliste « a subi d’importants sévices corporels ». Son corps a été transporté dans la journée à l’hôpital central de Yaoundé pour y être autopsié et, ce dimanche, une foule nombreuse s’était réunie devant l’établissement, ainsi que de nombreux éléments des forces de l’ordre. Le gouvernement a fait savoir qu’une enquête avait été ouverte pour retrouver « les auteurs de ce crime odieux, inqualifiable et inadmissible ».

L’opposition et des organisations de défense de la presse dénoncent un « assassinat ». Disparu dans des circonstances troubles, Zogo était l’animateur vedette d’une émission quotidienne, Embouteillage, diffusée du lundi au vendredi et très écoutée dans la capitale camerounaise. Une enquête avait été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de sa disparition, selon une source policière.

« Assassinat odieux »

À l’antenne, ce journaliste engagé abordait régulièrement des affaires de corruption, n’hésitant pas à mettre en cause nommément des personnalités importantes. Il avait notamment été détenu préventivement deux mois en 2020 dans une affaire où il était accusé de diffamation. Le Comité de protection des journalistes (CPJ) avait alors réclamé sa libération et exhorté le gouvernement à dépénaliser cette infraction.

Le Syndicat national des journalistes du Cameroun a exprimé dans un communiqué sa « consternation », dénonçant un « assassinat odieux » et appelant les travailleurs des médias à se vêtir de noir le 25 janvier pour marquer leur deuil. L’International Press Institute, organisation de défense de la liberté de la presse basée à Vienne, a exhorté les autorités camerounaises à « enquêter rapidement sur le meurtre horrible du journaliste Martinez Zogo et veiller à ce que les coupables soient traduits en justice ».

L’opposition politique s’est également indignée, à l’image du député de l’opposition du Social Democratic Front (SDF), Jean-Michel Nintcheu, qui a dénoncé dans un communiqué un « crime » qui « ne saurait rester impuni ».

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) affirmait vendredi que Zogo avait été « enlevé » le 17 janvier aux alentours de 20 h devant un commissariat de la périphérie de Yaoundé. Il a bien été vu pour la dernière fois devant un poste de gendarmerie, avait confirmé une source policière, qui ajoutait ne « pas disposer d’indices pour affirmer qu’il s’agit d’un enlèvement ».

CHACUN DE NOUS PEUT SE RETROUVER DANS CETTE SITUATION POUR QUELQUE CHOSE QU’IL AURAIT PEUT-ÊTRE DIT

« Il y a de nombreuses zones d’ombres concernant les circonstances de son enlèvement brutal. Les autorités doivent lancer une enquête rigoureuse, approfondie et indépendante pour établir toute la chaîne de responsabilité et les circonstances qui ont conduit à ce triste événement », a déclaré Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne pour RSF.

Dimanche, plusieurs chaînes de télévision camerounaises ont dédié leurs programmes à cet événement. Interrogée sur la chaîne Info TV, la romancière Calixthe Beyala s’est dite « abattue, attristée. Je savais qu’il était mort dès qu’on a annoncé qu’il était enlevé. On peut se poser la question : à qui le tour ? Chacun de nous peut se retrouver dans cette situation pour quelque chose qu’il aurait peut-être dit ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Sénégal : un journaliste arrêté pour une information contraire « à la sécurité nationale »

novembre 7, 2022

Directeur du site d’information Dakar Matin, Pape Alé Niang a été placé en garde à vue dimanche pour avoir divulgué une « information de nature à nuire » à la sécurité. Par ailleurs, une vidéaste de Buur News a été brutalisée par les forces de l’ordre, selon la Coordination des associations de presse.

Le journaliste Pape Alé Niang a été placé en garde à vue ce dimanche 6 novembre. © DR

Pape Alé Niang, qui dirige le site d’information Dakar Matin, est connu au Sénégal pour ses chroniques régulières sur l’actualité. Il a été arrêté puis placé en garde à vue ce dimanche 6 novembre à 14 heures (locales et GMT) au commissariat central de Dakar pour trois « infractions », a déclaré son avocat, Ciré Clédor Ly.

UNE MONTAGNE D’HÉRÉSIES, DES INTIMIDATIONS ET UNE TENTATIVE DE MUSELER LA PRESSE

La police lui reproche d’« avoir porté à la connaissance du public une information dont la divulgation est de nature à nuire à la défense nationale et des actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles ». La troisième infraction est relative à « une violation du secret professionnel », selon Me Ly, qui a dénoncé « une montagne d’hérésies, des intimidations et une tentative de museler la presse ».

En lien avec les accusations visant Ousmane Sonko ?

La Coordination des associations de presse (CAP), qui regroupe des organisations de la presse locale, a affirmé dans un communiqué qu’elle allait « apporter toute l’assistance requise » au journaliste. L’arrestation de Pape Alé Niang avait été annoncée par des médias locaux et la CAP avant d’être confirmée par une source policière.

Selon la presse locale, l’arrestation survient après des publications du journaliste ces derniers jours sur les accusations de viols visant le principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko.

Ousmane Sonko, 48 ans, candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, a été inculpé pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021, après avoir été visé par la plainte d’Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser pour, selon lui, soigner un mal de dos. Il a été auditionné le jeudi 3 novembre pour la première fois dans cette affaire par un juge d’instruction à Dakar.

« Violence policière »

Par ailleurs, une vidéaste du site d’information Buur News, Fatou Dione, a été victime de « violence policière » samedi, lors d’une manifestation interdite à Dakar, a dénoncé la CAP dans un communiqué. La journaliste s’est « évanouie au moment où les forces de l’ordre sont venues l’évacuer avec une brutalité inouïe », a ajouté la CAP.

Une vingtaine de personnes arrêtées samedi après-midi, lors de cette manifestation interdite par le préfet de Dakar, étaient toujours en détention dimanche, selon la presse. La manifestation, à l’initiative d’un collectif formé notamment d’activistes, visait à réclamer la libération de « détenus politiques », des personnes en prison depuis plusieurs semaines et présentées dans la presse comme proches de l’opposition.

Par Jeune Afrique ( avec AFP)

Décès de Renaud de Rochebrune : de la guerre d’Algérie au cinéma africain, vies et passions d’un journaliste

septembre 24, 2022

Notre collaborateur Renaud de Rochebrune, dont les lecteurs de Jeune Afrique et de La Revue connaissent bien la signature, est brutalement décédé le 22 septembre à l’âge de 75 ans. Depuis les années 1970 et en parallèle de ses carrières d’auteur et d’éditeur, il n’avait jamais cessé de collaborer avec les publications du groupe.

Renaud de Rochebrune, auteur, éditeur, journaliste, critique de cinéma et ami de toujours de Béchir Ben Yahmed, le fondateur de Jeune Afrique, était né en 1947 © DR

« Et vous Renaud, qu’en pensez-vous ? » C’était une sorte de rituel, à Jeune Afrique comme à La Revue. Lorsqu’un grand sujet était débattu en conférence de rédaction, quand les avis s’opposaient, que les interprétations divergeaient, Béchir Ben Yahmed (décédé en 2021) aimait, souvent, se tourner vers Renaud de Rochebrune. Entré à Jeune Afrique dans les années 1970 après avoir commencé sa carrière au quotidien Le Monde, Renaud avait d’abord dirigé Economia, l’un des titres du groupe, avant d’occuper de multiples fonctions à JA, puis à La Revue. Silhouette longiligne enveloppée d’une veste délavée de couleur moutarde, l’intéressé se lançait, de sa voix éraillée à nulle autre pareille.

Lorsque BBY lui donnait la parole, il le faisait avec malice, presque avec amusement, tant tous les deux se connaissaient par cœur. Car Renaud, tous ceux qui l’ont côtoyé le savent, avait un avis sur (presque) tout. Et savait présenter et défendre cet avis avec talent, éloquence et, souvent, avec un peu d’entêtement. Qu’il s’agisse de parler de cinéma, du durcissement du régime chinois, des fluctuations du cours du pétrole, du bilan des socialistes au pouvoir en France, de littérature ou de la guerre d’Algérie, sa grande passion et la grande affaire de sa vie, Renaud avait toujours quelque chose à dire, et cela pouvait durer un certain temps. Et provoquer de virulents débats, dont BBY se régalait.

Éditeur, auteur, journaliste

Économiste de formation – il avait étudié à HEC, comme le fondateur de Jeune Afrique, ce qui contribuait à renforcer le lien particulier qui les unissait –, Renaud a eu mille vies. Journaliste bien sûr, mais aussi éditeur – chez Denoël, principalement –, auteur, historien, critique de cinéma… Cycliste, également, car le vélo était une passion qu’il a assouvie jusqu’au bout. Il racontait volontiers ses ascensions du célèbre Mont Ventoux, dans le sud de la France, et restait capable, à 70 ans passés, de s’embarquer pour l’Afrique du Sud avec un ami afin de participer à une course amateur organisée au Cap.

IL ÉTAIT TRÈS ÉRUDIT, TRÈS HISTORIEN, IL CONNAISSAIT DES MILLIARDS DE CHOSES

Auteur et éditeur, il avait collaboré à plusieurs biographies de personnages historiques tels que Mao ou Messali Hadj, et avait connu un certain succès au début des années 1990 avec son livre Les patrons sous l’occupation, coécrit avec son ami Jean-Claude Hazera.

Plus récemment, il avait publié avec Benjamin Stora une monumentale Guerre d’Algérie vue par les Algériens, dont les deux tomes sont parus en 2016 et en 2019. « Nous nous sommes rencontrés dans les années 1990, il était venu m’interviewer sur la guerre civile qui déchirait l’Algérie à ce moment-là et nous sommes très vite devenus amis. Il est venu me voir au Maroc et c’est là, je m’en souviens très bien, qu’il m’a proposé cette idée : écrire une histoire de la guerre d’Algérie, mais vue par les Algériens. J’ai dit oui, mais je ne pensais pas que cela nous prendrait vingt ans et que ce serait un travail aussi énorme », témoigne l’historien.

« Il travaillait tout le temps »

Les deux amis ne se sont plus quittés – Renaud était fidèle – et ont multiplié les travaux en commun, partant ensemble à Ramallah interviewer les dirigeants palestiniens, écrivant à quatre mains des articles sur le cinéma, l’une de leurs autres passions communes. « Il était très érudit, très historien, il connaissait des milliards de choses, se souvient encore Benjamin Stora. Il était toujours débordé, il travaillait tout le temps, jour et nuit. Renaud et moi, ce sont vraiment vingt ans de compagnonnage intellectuel. »

À 75 ANS, RENAUD RESTAIT SUR TOUS LES FRONTS

Avec Jeune Afrique aussi le compagnonnage fut long – près de cinquante ans – et fécond. Tour à tour journaliste, rédacteur en chef, conseiller, membre du comité éditorial, Renaud a été de toutes les aventures, suivant Béchir Ben Yahmed à La Revue tout en continuant de livrer des articles à JA.

« Nous nous étions rencontrés au milieu des années 1970, puis nous nous sommes retrouvés à La Revue, confirme son ami l’économiste et éditeur Marc Guillaume. Nous étions encore ensemble il y a une quinzaine de jours, je suis allé voir sa maison dans la Creuse, il est venu dans la mienne dans l’Aveyron. Nous avons parlé de vélo, nous voulions faire des ascensions ensemble, je l’avais associé à la revue d’écologie que je m’apprête à lancer, on avait mille projets… Je suis effondré. »

À 75 ans – qu’il a fêtés le 22 mars – Renaud restait sur tous les fronts. Son dernier article, nous l’avons publié mercredi dernier, il portait sur Ordalies, le tribunal de l’invisible, film subtil d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav sur les pratiques magiques au Congo. Son prochain texte aurait dû traiter du film The Woman King, sur les Amazones du Bénin. Lors de ses conversations sur le sujet avec le responsable des pages culture, il avait confié ne pas aimer le film, trop hollywoodien pour ses goûts d’esthète, mais il voulait tout de même en montrer les aspects les plus positifs. Déjà, il se préparait à aller voir Black Panther II, sans grand enthousiasme mais avec un sens consommé du devoir.

Indomptable

Plus à l’aise avec les films d’art et d’essai qu’avec les blockbusters grand public, il fuyait les mondanités du monde du cinéma, mais adorait tout de même suivre les grands raouts de la profession comme le Fespaco, à Ouagadougou, le Festival d’El Gouna en Égypte ou le festival de Cannes dans le sud de la France, qu’il ne manquait jamais. Il était d’ailleurs devenu l’un des meilleurs spécialistes du cinéma africain, dont il avait interviewé la plupart des grands réalisateurs.

Renaud de Rochebrune, c’était un de ces personnages n’entrant dans aucune case dont Béchir Ben Yahmed aimait à s’entourer. C’était aussi, à sa façon, un indomptable : dépourvu de tout goût pour la consommation, se contentant d’une vie intellectuelle intense, il menait sa barque en toute liberté. Sans Dieu ni maître. Salut, Renaud. Et merci.

Toute l’équipe de Jeune Afrique s’associe à la douleur de tes proches et de ta compagne, Françoise.

Avec Jeune Afrique par Nicolas Michel et Olivier Marbot

Une journaliste star de CNN refuse de porter le voile pour interroger le président iranien, l’interview annulée

septembre 23, 2022

Le conseiller du président iranien a expliqué que dans ces conditions, l’entretien prévu à New York en marge de l’assemblée de l’ONU n’aurait pas lieu.

La journaliste vedette de CNN Christiane Amanpour a affirmé ce jeudi 22 septembre avoir refusé de porter un voile pour une interview la veille à New York du président iranien Ebrahim Raïssi, ce qui a provoqué selon elle l’annulation du face-à-face en plein mouvement de protestations dans le pays.

Selon les tweets de la cheffe de l’antenne internationale de CNN, un conseiller du président iranien est venu la voir «40 minutes après l’heure à laquelle l’interview aurait dû débuter», pour lui dire qu’Ebrahim Raïssi «suggérait» qu’elle porte un voile, «parce que ce sont les mois sacrés de Mouharram et Safar».

Le président iranien accuse l’Occident d’avoir «deux poids deux mesures» sur les droits des femmes

«J’ai poliment refusé. Nous sommes à New York, où il n’existe aucune loi ou tradition concernant le port du foulard. J’ai fait remarquer qu’aucun président iranien précédent ne l’avait exigé lorsque je l’avais interviewé en dehors de l’Iran», a expliqué la journaliste née en Grande-Bretagne d’un père iranien. D’après cette figure internationale de CNN, le conseiller lui a expliqué que dans ces conditions l’entretien, qui devait se dérouler en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, n’aurait pas lieu.

«Alors nous avons laissé tomber. L’interview n’a pas eu lieu. Alors que les manifestations se poursuivent en Iran et que des personnes sont tuées, cela aurait été important de parler avec le président Raïssi», a conclu Christiane Amanpour, qui a posté une photo d’elle en face d’un fauteuil vide.

Des manifestations, au cours desquelles au moins 17 personnes sont mortes selon le bilan d’un média d’État, ont éclaté en Iran depuis que les autorités ont annoncé le 16 septembre le décès de Mahsa Amini, 22 ans. Elle avait été arrêtée pour «port de vêtements inappropriés» par la police des mœurs, chargée de faire respecter le code vestimentaire strict dans la République islamique.

Par Le Figaro avec AFP

Congo-Disparition : le journaliste Pascal Azad Doko inhumé à Kintélé

août 26, 2022

Evoluant à l’hebdomadaire catholique « La Semaine Africaine » depuis les années 90, Pascal Azad Doko, décédé le 9 août à Brazzaville a été inhumé aujourd’hui à Kintélé.

Le ministre Thierry Moungalla s’inclinant devant la mémoire du disparu

« Il avait un grand respect pour ses lecteurs », a déclaré le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Thierry Moungalla, rendant un dernier hommage à l’illustre disparu, devant un parterre de journalistes venus s’incliner devant la mémoire de leur collègue.

Pascal Azad Doko a commencé sa carrière professionnelle au journal « Le sport » avant de rejoindre « La Semaine Africaine » où il évoluait dans la rubrique politique. « Il a aidé le journal ‘’La Semaine Africaine’’ à s’ouvrir, à équilibrer ses analyses, le faisant entrer dans les milieux politiques : majorité, centre, opposition », a fait savoir l’ancien directeur de publication de « La Semaine Africaine », Joachim Mbanza.

Né le 3 janvier 1951 à Saint Benoît actuellement Boundji, dans le département de la Cuvette, Pascal Azad Doko était l’un des journalistes de sa génération encore actifs. Son dernier reportage remonte au lundi 8 août 2022 lors de la conférence de presse du président de l’Alliance pour la République et la démocratie, Mathias Dzon. Il laisse derrière lui une veuve et cinq enfants.

Avec Adiac-Congo par Rominique Makaya

Congo/Brazzaville-Insécurité: braquage spectaculaire chez le célèbre journaliste congolais Joseph Bitala-Bitemo

août 19, 2022

Joseph Bitala-Bitemo, journaliste et écrivain congolais, a été surpris dans son domicile par des malfrats armés dans la nuit de mardi à mercredi à Brazzaville. Après avoir tenu en respect tout le monde, ils sont repartis avec un important butin, a-t-on appris auprès d’une source proche de la victime.

Tandis que certains neutralisaient tout le monde, les autres se chargeaient de passer la maison au peigne fin et la vider de son précieux contenu.

Au bout de l’opération qui a duré plusieurs minutes, les malfrats vont emporter une importante somme d’argent, un million de FCFA.

Mais en attendant que les résultats de l’enquête permettent de faire la lumière sur ce braquage, tout porte à croire que les malfrats n’ont pas choisi leur cible fortuitement.

Sorti sain et sauf de ce braquage, Joseph Bitala-Bitemo est hanté depuis par la peur et l’angoisse.

Annoncée à grands renforts médiatiques, l’opération « Uppercut » visant à sécuriser la ville de Brazzaville de toutes incivilités et actes de banditisme, n’aurait pas eu un réel impact, aux dires des populations qui continuent de subir les assauts des bandits et autres malfrats.

Par Jack de MAÏSSA avec Les Echos du Congo-Brazza