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En Tunisie, la convocation de deux journalistes inquiète et indigne

mai 23, 2023

Haythem el-Mekki et Elyes Gharbi, deux figures emblématiques de la radio indépendante Mosaïque FM, ont été convoqués par la police pour des propos sur les forces de l’ordre. Une nouvelle atteinte à la liberté d’expression qui inquiète.

Haythem el-Mekki (à g.) et Elyes Gharbi à leur sortie des locaux de la Brigade criminelle d’El-Gorjani, le 22 mai 2023. © FETHI BELAID/AFP

Ils ne s’attendaient pas à être convoqués pour être entendus par l’unité d’investigation de la brigade criminelle d’El-Gorjani (Tunis). Et certainement pas pour « atteinte aux agents des forces de l’ordre », comme le précise la plainte déposée le 16 mai par un sécuritaire au nom d’un syndicat des forces de l’ordre. Encore moins pour des propos tenus à l’antenne lors de l’émission de Midi Show du 15 mai, qui a essentiellement couvert l’attentat perpétré la veille contre la synagogue de la Ghriba, à Djerba. C’est pourtant la mésaventure qu’ont connue le journaliste Haythem el-Mekki et l’animateur Elyes Gharbi, deux pointures de l’audiovisuel tunisien qui se distinguent par leur pertinence, souvent perçue par l’exécutif comme de l’impertinence.

Certes, tous les deux se savaient dans le collimateur d’un pouvoir de plus en plus frileux à l’égard des médias. Depuis l’arrestation, le 13 février 2023, de Noureddine Boutar, patron de Radio Mosaïque FM, les deux compères de Midi Show, qui forment avec Zyed Krichen, également directeur du quotidien Le Maghreb, le trio phare de l’audimat tunisien, savaient être des cibles potentielles.

La question de la ligne éditoriale de la radio a d’ailleurs été, selon l’avocat du collectif de défense, Ayoub Ghedamsi, évoquée à plusieurs reprises lors de l’interrogatoire de Boutar. Au point que le juge d’instruction a placé ce dernier sous mandat de dépôt « pour avoir utilisé la ligne éditoriale de Mosaïque FM afin de porter atteinte au plus haut sommet du pouvoir et aux symboles de l’État, mais aussi pour envenimer la situation dans le pays ».

Coup de semonce

Un autre journaliste de la chaîne, Khalifa Guesmi, a aussi été poursuivi en vertu de la loi antiterroriste et du code pénal à la suite d’un article sur le démantèlement d’une cellule terroriste à Kairouan (Centre). Il lui a été reproché de ne pas dévoiler sa source alors que cette dernière s’était d’elle-même identifiée auprès des enquêteurs. Malgré toutes les preuves apportées, il a été condamné en appel, le 16 mai, à cinq ans de prison.

L’affaire Khalifa Guesmi a été un coup de semonce, un avertissement dont le message implicite invitait les médias à rentrer dans le rang. Mais c’était mal connaître Elyes Gharbi et Haythem el-Mekki, qui avaient tenu tête à Ben Ali et connu la répression policière sous l’ancien régime. De quoi forger un caractère et des convictions, en particulier l’attachement à une presse libre, dernier bastion face à un pouvoir qui entend contrôler les médias, même privés, et qui ne souffre aucune critique.

Au point d’avoir promulgué, en septembre 2022, le désormais fameux décret 54, qui, sous couvert de « lutte contre les infractions se rapportant aux systèmes d’information et de communication », punit d’emprisonnement assorti d’amende la publication et la diffusion de rumeurs ou fausses informations, sans toutefois les définir. Un texte ambigu et liberticide qui n’a pas empêché les journalistes de continuer à s’exprimer tout en sachant qu’ils couraient désormais des risques supplémentaires.

« Faire notre travail, accomplir notre mission », c’est ce à quoi s’engage régulièrement Elyes Gharbi à l’antenne. Une manière de sensibiliser le public au travail de journaliste, profession largement décriée depuis que les islamistes au pouvoir en 2012 avaient lancé une offensive contre ce qu’ils qualifiaient de « médias de la honte ». Un bras de fer qui avait tourné court face à la résistance d’une corporation qui, au lendemain de la révolution de 2011, pensait s’être définitivement affranchie d’un rapport ambigu avec les autorités. Dans cette relation tourmentée où le pouvoir préfère la répression à la régulation, les journalistes deviennent des dommages collatéraux.

Une plainte difficile à étayer

Entendus ce lundi, selon une avocate, pour « diffamation et propagation de rumeurs qui touchent la sécurité intérieure », Haythem el-Mekki et Elyes Gharbi ont été remis en liberté, mais l’affaire n’est pas close. Reste au magistrat instructeur à décider de les poursuivre ou de classer le dossier. Il lui sera néanmoins difficile de donner suite à cette plainte qui émane, comme c’est de plus en plus souvent le cas, d’un sécuritaire, d’autant que les propos de Haythem el-Mekki n’étaient ni diffamatoires ni insultants.

Il suggérait, lors de l’émission détaillant l’attentat de la Ghriba, de revoir les tests psycho-techniques lors du recrutement des jeunes sécuritaires pour identifier au mieux leurs motivations : se présentent-ils au concours pour défendre le pays et les citoyens, pour faire appliquer la loi, ou pour profiter de leur position pour commettre des abus ? Le journaliste avait contextualisé ses propos, soulignant que parfois, des bandits peuvent devenir policiers.

« Personnellement, je pense que cette affaire devrait être close parce que les déclarations de Haythem el-Mekki ne peuvent pas être considérées comme un dénigrement des forces de l’ordre », a déclaré l’avocat et président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Bassem Trifi, qui observe que la plainte, contrairement à ce qui a été dit, a été déposée à titre personnel et que « le plaignant ne représente pas le secrétariat général du syndicat des forces de sécurité intérieure ». De quoi s’interroger sur la tendance actuelle qui voit se multiplier les plaintes des sécuritaires, ou présumés tels, à l’encontre des médias et de la société civile.

Une situation singulière qui alerte un peu plus les défenseurs de la liberté d’expression. Le mouvement de soutien a été considérable sur les réseaux sociaux, mais hier matin, devant l’ancienne caserne ottomane d’El-Gorjani, seuls quelques irréductibles étaient venus apporter leur soutien aux deux journalistes vedette de Mosaïque FM. « Toujours les mêmes : des représentants de la société civile attachés aux droits de l’homme dont la plupart étaient déjà des opposants à Ben Ali », remarque en substance un chef d’entreprise.

« Ça n’est pas gagné »

Aux côtés du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), étaient présents Reporters sans frontières (RSF) et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). « Il est plus utile de se mobiliser ensuite en cas de problème plutôt que de s’user à attendre des heures l’issue d’un interrogatoire », estime avec pragmatisme un journaliste qui assure que « la liberté d’expression est prise en otage » et que toute la bataille consiste à la libérer durablement, mais selon lui, « ça n’est pas gagné ».

Avec Jeune Afrique par Frida Dahmani – à Tunis

Pas de visas pour les journalistes russes accompagnant Lavrov à l’ONU: Moscou « ne pardonnera pas »

avril 23, 2023
Pas de visas pour les journalistes russes accompagnant Lavrov a l'ONU: Moscou "ne pardonnera pas"
Refus de visas aux journalistes russes accompagnant Lavrov à l’ONU© AFP/Archives/YURI CORTEZ

Moscou « ne pardonnera pas » aux Etats-Unis leur refus de délivrer des visas aux journalistes russes accompagnant le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lundi et mardi à l’ONU, a affirmé dimanche le ministre avant son départ pour New York.

« Nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas », a mis en garde M. Lavrov face à la presse, dénonçant une décision « lâche » de Washington.

La Russie occupe ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, en pleine offensive militaire en Ukraine pour laquelle elle a été mise au ban des nations mondiales.

« Un pays qui se dit le plus intelligent, le plus fort, le plus libre, le plus juste +s’est dégonflé+ et a même fait quelque chose de stupide », a déploré M. Lavrov, ironisant sur le fait que les Etats-Unis, en refusant de donner des visas aux journalistes russes, avaient montré selon lui « ce que valent (leurs) déclarations sur la liberté d’expression ».

Son vice-ministre Sergueï Riabkov avait plus tôt indiqué dimanche que malgré « les contacts à plusieurs reprises ces derniers jours » à l’initiative de Moscou, Washington « n’a pas délivré de visas » aux « journalistes censés accompagner M. Lavrov dans son déplacement » aux Etats-Unis.

M. Riabkov a fustigé « une méthode scandaleuse et absolument inacceptable » de la part des Américains, dénonçant « une moquerie » des Etats-Unis qui, selon lui, « ont fait semblant de travailler » pour « trouver une solution ».

« Nous trouverons des formes de réponse à cela, pour que les Américains se souviennent longtemps que cela ne se fait pas. Et ils s’en souviendront », a-t-il encore mis en garde.

Une source diplomatique, citée par l’agence de presse russe Ria Novosti, a ainsi affirmé qu’en représailles, « il ne fait aucun doute que les journalistes américains (en Russie) connaîtront tout +l’inconfort et les inconvénients+, et une attitude similaire » de la part des autorités russes.

Restrictions

Sollicité par l’AFP, le département d’Etat américain a affirmé qu’il délivrait couramment des visas aux délégués russes pour les événements à l’ONU mais a pointé du doigt les restrictions mises sur le personnel de l’ambassade des Etats-Unis à Moscou, réduit à peau de chagrin depuis le début de l’offensive militaire en Ukraine, pour expliquer les délais de traitement.

« Nous traitons des centaines de visas chaque année concernant les délégués de Russie pour les événements de l’ONU. Pour s’assurer d’un traitement dans les délais, nous rappelons régulièrement à la mission russe à l’ONU –comme nous le faisons auprès de toutes les autres missions à l’ONU– que les Etats-Unis ont besoin de (recevoir les) demandes aussi tôt que possible », a déclaré un porte-parole du département d’Etat dans un communiqué.

« C’est particulièrement important en raison des actions injustifiées de la Russie envers notre ambassade en Russie », a-t-il ajouté.

Le porte-parole a également indiqué ne pas pouvoir évoquer plus en détail la question des « demandes de visa individuelles » en raison des lois américaines sur la confidentialité des données.

Depuis le début de l’intervention russe en Ukraine, les conditions de délivrance des accréditations auprès du ministère russe des Affaires étrangères à Moscou, dont dépendent les visas, ont déjà été fortement durcies.

Ce nouvel épisode de tensions entre Moscou et Washington intervient trois semaines après l’arrestation d’un journaliste américain en Russie, Evan Gershkovich, soupçonné d' »espionnage » par les autorités russes, ce que les Etats-Unis et l’intéressé réfutent catégoriquement.

Interrogé par ailleurs sur une éventuelle rencontre en début de semaine entre Sergueï Lavrov et son homologue américain, Antony Blinken, M. Riabkov a déclaré que « cela ne fait pas partie des plans » à ce stade.

La dernière visite de M. Lavrov aux Nations unies à New York remonte à septembre dernier, lors de l’Assemblée générale. Lundi, il doit échanger avec le chef de l’ONU, Antonio Guterres, avant de présider le lendemain une session de débats sur le Moyen-Orient.

Par Le Point avec Moscou (AFP) 

Le Burkina Faso expulse des journalistes du « Monde » et de « Libération »

avril 2, 2023

Cinq jours après avoir suspendu France 24, le gouvernement du capitaine Traoré a expulsé samedi soir les correspondantes de deux grands quotidiens français, « Le Monde » et « Libération », nouveau signe de la dégradation de la liberté de la presse et des relations avec la France.

Le capitaine Ibrahim Traoré assiste à la cérémonie du 35e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 15 octobre 2022. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Le Monde et Libération ont annoncé dimanche matin l’expulsion de leurs journalistes par le Burkina Faso en dénonçant une mesure « inacceptable » et « arbitraire ». Sophie Douce du Monde et Agnès Faivre de Libération sont arrivées dimanche matin à Paris. Leur expulsion a eu lieu cinq jours après la suspension de la chaîne de télévision France 24 et quatre mois après celle de Radio France internationale (RFI). Seuls des médias français ont pour l’instant été ainsi sanctionnés par les autorités burkinabè.

Selon Libération, « Agnès Faivre et Sophie Douce sont des journalistes d’une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabè ». « Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées et l’interdiction faite à nos journalistes de travailler en toute indépendance« , ajoute le journal, pour qui ces expulsions confirment « que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée ».

Le Monde, pour sa part, « condamne avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire », en soulignant que « Sophie Douce, comme sa consœur, exerce pour Le Monde Afrique un journalisme indépendant, à l’écart de toute pression ». Le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, « demande aux autorités locales de revenir au plus vite sur ces décisions et de rétablir sans délai les conditions d’une information indépendante dans le pays ».

24 heures pour partir

Les deux journalistes avaient été convoquées vendredi à Ouagadougou à la sûreté nationale et ont ensuite reçu l’ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures. Avant son départ, Agnès Faivre avait déclaré que cet ordre lui avait été notifié « oralement ». « J’ai également été convoquée hier [vendredi] à la direction de la sûreté de l’État. Puis un officier est venu ce matin [samedi] à mon domicile me notifier verbalement que j’ai 24 heures pour quitter le territoire. Aucune notification écrite, ni motif. J’ai du mal à comprendre et à réaliser », avait pour sa part dit Sophie Douce.

Les autorités burkinabè n’avaient, dimanche matin, fait aucune déclaration sur le sujet. Ces expulsions surviennent quelques jours après la publication par Libération, le 27 mars, d’une enquête sur « une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat » dans le nord du Burkina. Cette enquête « avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso », souligne le quotidien.

« Le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du pays », avait écrit le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo, après la publication de cette enquête, assurant que l’armée agit « dans le strict respect du droit international humanitaire ».

France 24, RFI…

Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, les relations avec Paris se sont dégradées, Ouagadougou ayant réclamé et obtenu le départ de l’ambassadeur de France et des 400 soldats français des forces spéciales basés dans le pays. Début mars, le Burkina a en outre dénoncé un accord d’assistance militaire signé en 1961 avec la France.

Le lundi 27 mars, le gouvernement de transition a coupé la diffusion de France 24 sur son territoire à la suite du décryptage d’un entretien du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), quatre mois après avoir également suspendu la diffusion de RFI. Jean-Emmanuel Ouedraogo avait indiqué que ces deux médias étaient accusés d’avoir « ouvert leurs antennes à des leaders terroristes pour qu’ils propagent l’idéologie du terrorisme, de la violence, de la division ».

Le secrétaire général de Reporters sans frontière (RSF), Christophe Deloire, a dénoncé cette double expulsion « arbitraire, scandaleuse, indigne, qui n’est même pas notifiée par écrit publiquement ». « Après le renvoi d’ambassadeur, on est dans une logique du renvoi de journalistes comme s’ils étaient une variable d’ajustement des tensions diplomatiques : c’est absurde », a-t-il ajouté, affirmant que « le régime veut camoufler ses exactions ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Musk rétablit les comptes Twitter suspendus de certains journalistes

décembre 17, 2022
Musk retablit les comptes Twitter suspendus de certains journalistes
Musk rétablit les comptes Twitter suspendus de certains journalistes© AFP/Archives/JIM WATSON

Les comptes Twitter de plusieurs journalistes, suspendus après avoir été accusés par Elon Musk de mettre sa famille en danger, ont été rétablis samedi, mais certains ont indiqué avoir été sommés d’effacer des publications liées à la position géographique du multimilliardaire s’ils voulaient pleinement utiliser la plateforme.

Elon Musk s’était attiré les foudres de l’Union européenne et de l’ONU en suspendant les comptes de journalistes de CNN, du New York Times et du Washington Post notamment, la vice-présidente de la Commission européenne le menaçant même de sanctions.

Il a ensuite lancé un sondage sur Twitter pour demander s’il devait restaurer les comptes suspendus dans l’immédiat ou dans une semaine. Près de 59 % des 3,69 millions d’internautes ayant pris part au sondage ont répondu qu’il devait les rétablir immédiatement.

« Le peuple a parlé. Les comptes qui avaient publié ma localisation vont voir leur suspension levée », a tweeté tard vendredi l’homme d’affaires.

Samedi, les comptes du journaliste indépendant Aaron Rupar, du reporter de Mashable Matt Binder et du journaliste pigiste Tony Webster avaient été réactivés.

D’autres restaient suspendus comme ceux de Linette Lopez (Business Insider) et de l’ancien présentateur de MSNBC, devenu éditorialiste, Keith Olbermann.

Donie O’Sullivan, journaliste de CNN, qui travaille beaucoup sur Elon Musk, a indiqué que bien que son compte soit de nouveau visible samedi, Twitter lui avait imposé une condition afin qu’il puisse de nouveau tweeter: qu’il retire une publication dont le réseau estime qu’elle viole son règlement sur la vie privée.

« Pour le moment, soit j’accepte de supprimer ce tweet à la demande du milliardaire, soit je ne serai pas autorisé à tweeter sur la plateforme », a-t-il dit à CNN.

Tweets et sécurité

Cette dernière polémique impliquant Elon Musk avait débuté mercredi lorsque le patron de Tesla et SpaceX avait annoncé suspendre @elonjet, un compte qui rapportait automatiquement les trajets de son jet privé. Certains comptes avaient ensuite tweeté à propos de cette décision.

Elon Musk avait justifié la suspension des comptes en avançant qu’ils mettaient en danger sa sécurité ainsi que celle de sa famille.

Il avait affirmé mercredi dans un tweet qu’un véhicule avec un de ses enfants à bord avait été suivi à Los Angeles par « un harceleur fou », semblant créer un lien de causalité avec le positionnement en temps réel de son jet.

« Ils ont posté ma position géographique exacte en temps réel, c’est-à-dire littéralement les coordonnées permettant un assassinat, en violation directe (et évidente) des conditions d’utilisation de Twitter », avait-il également assuré.

Twitter n’a pas précisé pourquoi ces comptes avaient été suspendus. Le propriétaire du réseau social, source de nombreuses controverses depuis qu’il l’a racheté en octobre, a toutefois donné quelques indications.

« Tout le monde sera traité de la même façon », avait-il affirmé dans une conversation audio organisée en direct vendredi sur Twitter, indiquant qu’il n’y aurait pas de passe-droit pour les journalistes. Relancé sur le sujet, M. Musk avait quitté la discussion puis désactivé le service de conversation audio Twitter Spaces, arguant d’un « problème technique ».

Dans un tweet publié dans la nuit de jeudi à vendredi, M. Musk avait annoncé une suspension temporaire de 7 jours pour « les comptes impliqués dans du doxxing ».

Le terme « doxxing » signifie divulguer publiquement sur internet des informations personnelles relatives à un individu, sans son accord.

« Sérieuses préoccupations »

La réactivation des comptes a été saluée par le haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, Volker Türk, qui l’a qualifiée de « bonne nouvelle ».

« Mais de sérieuses préoccupations demeurent », a-t-il toutefois expliqué sur le réseau social, soulignant que « Twitter a une responsabilité en matière de respect des droits humains ».

Le journaliste Aaron Rupar a estimé sur MSNBC que les suspensions, même temporaires, auraient un impact « effrayant » sur la manière dont Elon Musk serait couvert par les médias.

Depuis son rachat de la plateforme pour 44 milliards de dollars, le milliardaire a envoyé des messages contradictoires sur ce qui y est autorisé ou non.

Fervent défenseur d’une grande liberté d’expression – tant que les propos respectent la loi – il a rétabli des comptes auparavant bannis par le réseau social, dont celui de Donald Trump.

Mais il a aussi suspendu celui de Kanye West après la publication de plusieurs messages jugés antisémites et refusé le retour sur la plateforme du complotiste d’extrême-droite, Alex Jones.

Par Le Point avec AFP

France : Isabelle Ferreira qui allait révéler aux journalistes des informations sur le Couple Présidentiel Brigitte et Emmanuel Macron, a été retrouvée noyée…

mars 26, 2022

Avec Planetes360.fr

Mali : les journalistes sous pression

mars 22, 2022
La presse malienne se déchire pour savoir s’il faut ou non traiter de certains sujets sécuritaires (photo d’illustration) A man buys a newspaper whose headlines announce a major drawdown of France’s military presence in the Sahel, where forces have been battling jihadist insurgents for nearly a decade, in Bamako on June 11, 2021. – French President announced on June 10, 2021 that the existing Barkhane operation would end, with France’s presence becoming part of the so-called Takuba international task force in which « hundreds » of French soldiers would form the « backbone » © ANNIE RISEMBERG/AFP

Suspensions de médias étrangers, attaques contre la presse malienne, défense d’un journalisme « patriotique » soutenant les autorités… À Bamako, la liberté d’informer est de plus en plus menacée.

Jeudi 17 mars, les autorités maliennes ont suspendu la diffusion de RFI et de France 24 pour des reportages mettant en cause l’armée dans des exactions visant des civils. Un mois plus tôt, l’envoyé spécial de Jeune Afrique était expulsé du pays, faute de détenir une accréditation dont le gouvernement a gelé le processus d’obtention. Depuis plusieurs mois, la pression s’est accrue sur les médias travaillant au Mali. Les correspondants de France 24 et de RFI, notamment, sont dans le viseur d’organisations réputées proches de la junte au pouvoir, comme le Collectif pour la défense des militaires (CDM), qui ont publié plusieurs communiqués appelant à renvoyer ces journalistes étrangers, qualifiés de « propagandistes » au service de l’État français.

Entre communiqués incendiaires, déversements de haine sur les réseaux sociaux, convocations au ministère de la Communication ou encore appels à faire du « journalisme optimiste » œuvrant à la « reconstruction du Mali », le travail des journalistes étrangers a largement été commenté. Celui des médias maliens, beaucoup moins.

Rédactions « à couteaux tirés »

Pourtant, dans ce climat d’intimidation, la presse locale fait face à un rétrécissement de sa liberté d’informer, menacée par des pressions qui poussent à l’auto-censure. « Au sein de la rédaction, les journalistes sont devenus beaucoup plus prudents dès qu’il s’agit de traiter un sujet portant sur la sécurité. Tout ce qui concerne l’armée malienne, qui est actuellement la question la plus délicate, suscite désormais le débat », explique un journaliste malien sous couvert d’anonymat.

Selon le reporter, les conférences de rédactions se déroulent désormais « à couteaux tirés » pour savoir s’il faut ou non traiter de certains sujets sécuritaires. Derniers exemples en date ? Une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux montrant des corps calcinés dans le centre du pays et pour lesquels certaines sources locales mettent en cause la responsabilité des Forces armées maliennes (Fama). « Ces dernières semaines, il y a aussi eu l’assassinat de citoyens mauritaniens, le rapport de Human Rights Watch accusant l’armée d’exactions… Les débats ont été nourris au sein de la rédaction », explique le journaliste.

SI ON N’ENCENSE PAS L’ACTION DE L’ARMÉE MALIENNE OU DE LA TRANSITION, C’EST FORCÉMENT QU’ON EST CONTRE EUX

Dans de nombreuses rédactions maliennes, le fossé s’est élargi : d’un côté, ceux qui défendent le devoir du journalisme d’informer sans parti pris et refusent de passer sous silence certains événements. De l’autre, ceux qui souhaitent encourager « la montée en puissance » de l’armée prônée par les autorités et craignent que certaines informations mettant en cause les Fama ne démoralisent les troupes dans leur lutte contre le terrorisme.

« Journalisme patriotique »

« On nous dit aujourd’hui qu’il faut prendre partie, il n’y a plus de neutralité. Certains ont le sentiment que se joue une guerre de l’information et que les journalistes maliens doivent choisir leur camp. Si on n’encense pas l’action de l’armée malienne ou de la transition, c’est forcément qu’on est contre eux », constate notre source.

Une position manichéenne et contraire à la neutralité nécessaire au métier de journaliste, qui est notamment défendue par les organisations faîtières représentant les médias dans le pays. Ainsi, la Maison de la presse, dans un communiqué publié en janvier 2022, invitait à « plus de responsabilité, de professionnalisme et surtout de patriotisme dans le traitement de l’information ». Deux mois plus tard, suite à la suspension de RFI et de France 24, l’organisation a appelé à « œuvrer à soutenir les forces armées et de sécurité dans le noble combat contre le terrorisme » quand l’Union des journalistes du Mali dénonçait « sans réserve l’acharnement des médias étrangers contre notre armée nationale dans ce contexte très difficile pour notre pays ».

IL NE FAUDRA PAS ÊTRE SURPRIS DE VOIR DES DESCENTES POLICIÈRES DANS LES RÉDACTIONS ET DES FERMETURES DE JOURNAUX MALIENS

Si elles visent plutôt les médias étrangers, ces déclarations n’en sont pas moins une menace « à peine voilée » à destination de la presse malienne, estime un autre journaliste bamakois, qui, signe des temps, a lui aussi souhaité rester anonyme. « Ce qui se passe aujourd’hui avec RFIFrance 24 ou Jeune Afrique, ce n’est qu’une étape. La suivante visera les journalistes maliens », estime ce reporter qui, après dix ans de carrière, s’inquiète de l’avenir de la presse dans son pays.

« Demain, il ne faudra pas être surpris de voir des descentes policières dans les rédactions et des fermetures de journaux maliens. Il y a de quoi être pessimiste quant à l’avenir du journalisme critique dans notre pays, même s’il est objectif », anticipe-t-il.

Campagnes de haine sur les réseaux

S’il n’a pas reçu de menaces ou d’intimidations directes des autorités, ce journaliste observe les campagnes haineuses dont les journalistes maliens « à contre-courant de la tendance actuelle » font l’objet. Il pointe notamment les « vidéo-mans », des internautes anonymes qui créent et diffusent des montages vidéos, souvent diffamatoires et aux relents complotistes, ciblant la presse, l’armée française ou encore la Cedeao. « Ces vidéo-mans, que l’on soupçonne de travailler pour certaines personnalités au sommet de l’État, s’attaquent particulièrement aux journalistes qui critiquent le gouvernement. Ils mènent des campagnes dans lesquelles on est qualifiés d’apatrides, de vendus, de Maliens qui n’aiment pas leur pays », explique notre interlocuteur.

Ces intimidations ont également un effet sur les sources des journalistes qui, par crainte de représailles, sont de plus en plus nombreuses à ne plus vouloir décrocher leur téléphone. « Certains ont peur d’être enfermés pour une opinion dissidente, d’autre craignent de faire l’objet d’une cabale dans l’opinion publique », analyse notre journaliste.

Un amoncellement d’obstacles qui rendent le travail au quotidien « très difficile », nous dit-il. D’autant que s’y ajoute une pression financière déjà forte. « L’aide publique à la presse n’est plus disponible depuis près de trois ans, confie un homme de médias. Et aujourd’hui, on observe des coupes importantes dans les abonnements de certaines administrations publiques, ce qui représente une perte de revenus importante et augmente la pression sur la ligne éditoriale de certains journaux. »

Avec Jeune Afrique

Deux journalistes des Philippines et de Russie remportent le prix Nobel de la paix

octobre 8, 2021

OSLO — Le prix Nobel de la paix 2021 a été octroyé vendredi aux journalistes Maria Ressa, des Philippines, et Dimitri Muratov, de Russie.

© Fournis par La Presse Canadienne

Les deux lauréats ont été récompensés pour leur combat en faveur de la liberté d’expression dans des États autoritaires où la presse est constamment attaquée et où des journalistes ont été assassinés.

C’est la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen, qui a dévoilé l’identité des gagnants.

«Le journalisme libre, indépendant et appuyé sur des faits sert de rempart contre l’abus de pouvoir, le mensonge et la guerre de propagande», a déclaré Mme Reiss-Andersen au moment de l’annonce.

«Sans liberté d’expression et sans liberté de la presse, il serait difficile de réussir à promouvoir la fraternité entre les nations, le désarmement et une meilleure harmonie mondiale», a-t-elle ajouté.

Selon les informations transmises par le comité Nobel, Maria Ressa a cofondé le média Rappler, en 2012. Ce site d’information en ligne se consacre particulièrement à la couverture de la campagne antidrogue controversée et meurtrière déployée par le régime du président philippin Rodrigo Duterte.

La journaliste et Rappler ont également documenté «comment les réseaux sociaux sont utilisés pour répandre de fausses informations, harceler des opposants du régime et manipuler l’opinion publique».

Réagissant à cet honneur, Mme Ressa a déclaré à la télévision norvégienne que «le gouvernement ne sera évidemment pas content».

«Je suis un peu surprise. C’est très émotif, a-t-elle dit. Mais je suis heureuse pour mon équipe et je souhaite remercier le comité Nobel pour avoir reconnu ce que nous vivons.»

La journaliste primée a été reconnue coupable l’an dernier de diffamation et condamnée à la prison, une décision qui a été perçue comme une atteinte importante à la liberté de presse mondiale. Elle est la première femme à gagner un prix Nobel cette année.

En Russie, Dimitri Muratov est l’un des fondateurs du journal indépendant Novaya Gazeta, créé en 1993.

«Novaya Gazeta est le journal le plus indépendant en Russie aujourd’hui, avec une position fondamentalement critique envers le pouvoir», a décrit le comité Nobel.

«Le journalisme appuyé sur des faits et l’intégrité professionnelle du journal en a fait une importante source d’information sur divers aspects de la société russe sous le coup de la censure et rarement mentionnés dans les autres médias», a souligné le comité.

M. Muratov a dit qu’il profitera de son prix pour aider les journalistes indépendants ciblés par les autorités, y compris ceux qui sont qualifiés «d’agents étrangers» — une désignation qui s’accompagne de connotations péjoratives et qui implique une surveillance gouvernementale accrue.

«Nous allons en profiter pour renforcer le journalisme russe qui affronte la répression, a-t-il déclaré sur une application de messagerie russe. Nous essaierons d’aider les gens qui ont été désignés comme étant des agents, qui ont été persécutés et qui ont été chassés du pays.»

Selon le Comité pour la protection des journalistes, 17 employés de médias ont été tués aux Philippines depuis dix ans et 23 en Russie.

L’ancien leader soviétique Mikhail Gorbachev avait utilisé une partie des fonds associés à son Nobel de la paix en 1990 pour aider le média qui deviendrait plus tard Novaya Gazeta à se procurer de l’équipement et des ordinateurs.

Le comité Nobel a souligné que, depuis la fondation du quotidien, six de ses journalistes ont été tués, dont Anna Politkovskaïa qui couvrait le sanglant conflit en Tchétchénie.

Le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a offert ses félicitations à M. Muratov qu’il décrit comme une personne «talentueuse et brave».

«Il a constamment travaillé en respectant ses idéaux. Il est talentueux et brave. Il s’agit d’une grande marque d’appréciation et nous voulons le féliciter», a dit Dmitry Peskov lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.

Certains se demandent toutefois si les lauréats de cette année respectent la volonté d’Alfred Nobel, le fondateur des prestigieux prix, qui souhaitait saluer ceux qui travaillent pour prévenir la guerre.

Le directeur du Stockholm International Peace Research Institute, Dan Smith, compte parmi ceux qui estiment que l’octroi du prix aux deux journalistes est mérité.

«La liberté d’expression fait partie de la démocratie, et on sait que les systèmes démocratiques sont plus stables, moins susceptibles d’entrer en guerre les uns avec les autres, moins susceptibles d’être plongés dans une guerre civile, a-t-il expliqué à l’Associated Press. Je crois que la chose importante au sujet d’un média qui est véritablement libre est non seulement qu’il agit indépendamment, mais qu’il respecte la vérité. Et je pense que c’est une composante importante non seulement de la démocratie, mais aussi d’oeuvrer en faveur de la paix.»

Mme Reiss-Andersen a souligné que ce n’est pas la première fois que le Nobel de la paix est remis à des journalistes. Le reporter italien Ernesto Teodoro avait été honoré en 1907 et le journaliste allemand Carl von Ossietzky en 1935, ce dernier pour avoir révélé que l’Allemagne avait entrepris de se réarmer en dépit de l’accord de paix signé après la Première Guerre mondiale.

Mme Ressa a notamment dénoncé le rôle joué par des géants technologiques comme Facebook dans la manipulation du débat public et leur incapacité à faire taire le discours haineux.

S’exprimant sur le site de Rappler après l’annonce du prix, Mme Ressa a dénoncé «le virus de mensonges qui a été introduit par le biais des algorithmes des plateformes de réseaux sociaux».

Le groupe Reporters sans frontières a salué la décision du comité Nobel, témoignant de sa «joie et de l’urgence».

«La joie, parce que c’est un honneur extraordinaire pour le journalisme, un honneur pour tous les journalistes qui prennent des risques à travers le monde pour défendre le droit à l’information», a dit le patron du groupe, Christophe Deloire.

RSF a collaboré avec Mme Ressa et M. Muratov pour défendre le journalisme dans leurs pays et il est régulièrement attaqué par des gouvernements autoritaires.

«Mais aussi de l’urgence, parce que la prochaine décennie sera cruciale pour le journalisme. Le journalisme est en danger, le journalisme est affaibli, le journalisme est menacé, a dit M. Deloire. Les démocraties sont affaiblies par la désinformation, par les rumeurs, par le discours haineux. Le prix est un appel puissant à défendre le journalisme partout.»

Le prestigieux prix est symbolisé par une médaille d’or et s’accompagne d’une bourse de 10 millions de couronnes suédoises (1,43 million $ CAN).

Avec Kiko Rosario, Frank Jordans et Vanessa Gera, The Associated Press

Un logiciel israélien utilisé pour espionner journalistes et militants dans le monde (médias)

juillet 18, 2021
Un logiciel israelien utilise pour espionner journalistes et militants dans le monde (medias)
Un logiciel israélien utilisé pour espionner journalistes et militants dans le monde (médias)© AFP/JACK GUEZ

Des militants des droits humains, des journalistes et des opposants du monde entier ont été espionnés grâce à un logiciel mis au point par une société israélienne, selon une enquête publiée dimanche dans plusieurs médias.

Le logiciel espion Pegasus de la société NSO Group, s’il est introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, les photos, les contacts, et même d’écouter les appels de son propriétaire.

L’entreprise, fondée en 2011 et qui a régulièrement été accusée de faire le jeu de régimes autoritaires, a toujours assuré que son logiciel servait uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.

Mais les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à une liste, établie en 2016, de 50.000 numéros de téléphone que les clients de NSO avaient sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle. Elle inclut les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains, ou encore 65 chefs d’entreprise… selon une analyse menée par 17 rédactions.

Sur cette liste, figure notamment le numéro d’un journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto, abattu quelques semaines après son apparition sur ce document. Des correspondants étrangers de plusieurs grands médias, dont le Wall Street JournalCNNFrance 24Mediapart, El País, ou l’AFP en font aussi partie.

D’autres noms de personnalités figurant sur la liste seront divulgués dans les prochains jours par le consortium de médias qui ont mené l’enquête, dont font notamment partie Le Monde, The Guardian, et The Washington Post.

Leurs journalistes ont rencontré une partie des personnes visées et ont récupéré 67 téléphones, qui ont fait l’objet d’une expertise technique dans un laboratoire d’Amnesty International.

Elle a confirmé une infection ou une tentative d’infection par le logiciel espion de NSO Group pour 37 appareils, selon les compte-rendus publiés dimanche.

Deux des téléphones appartiennent à des femmes proches du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné en 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul par un commando d’agents venus d’Arabie saoudite.

Pour les 30 autres, les résultats ne sont pas probants, souvent car les propriétaires des numéros ont changé de téléphone.

« Il y a une forte corrélation temporelle entre le moment où les numéros sont apparus sur la liste et leur mise sous surveillance », précise le Washington Post.

Cette analyse, qui met à mal la communication de la société, s’ajoute à une étude, menée en 2020, par le Citizen Lab de l’Université de Toronto, qui avait confirmé la présence du logiciel Pegasus dans les téléphones de dizaines d’employés de la chaîne Al-Jazeera du Qatar.

Par Le Point avec AFP

France-Maintien de l’ordre: sévère désaveu du Conseil d’Etat à Darmanin

juin 11, 2021

Le Conseil d’Etat a infligé jeudi un sévère désaveu à Gérald Darmanin en annulant plusieurs dispositions phares du schéma du maintien de l’ordre, dont la technique de la « nasse » et l’obligation faite aux journalistes de quitter les manifestations.

« C’est formidable pour la liberté d’information », a réagi auprès de l’AFP Dominique Pradalié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ). « Une fois de plus, le gouvernement se fait épingler pour non-respect des droits fondamentaux », se sont réjouis la CGT et le SNJ-CGT.

Tous se sont félicités que le Conseil d’Etat ait rappelé l’importance de la liberté d’informer.

Le ministère de l’Intérieur a promis en début de soirée que des « modifications seraient apportées » à son schéma du maintien de l’ordre pour « atteindre les objectifs du texte, tout en respectant les orientations de la décision du Conseil d’Etat ».

La plus haute juridiction de l’autorité administrative avait été saisie par des associations et des syndicats, notamment de journalistes, vent debout contre ce texte publié le 16 septembre et porté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Dans un communiqué accompagnant sa décision, le Conseil d’Etat a rappelé que la technique de la « nasse » était prévue « pour contrôler, interpeller ou prévenir la poursuite de troubles à l’ordre public ».

« Si cette technique peut s’avérer nécessaire dans certaines circonstances précises, elle est susceptible d’affecter significativement la liberté de manifester et de porter atteinte à la liberté d’aller et venir », ajoutent les juges, en soulignant que le texte « ne précisait toutefois pas les cas où il serait recommandé de l’utiliser ». D’où sa décision de l’annuler.

C’est « une immense avancée pour tous les manifestants », a commenté auprès de l’AFP, Me Patrice Spinosi, avocat du SNJ et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH).

Second revers

S’agissant de la presse, le Conseil a considéré que les journalistes « n’ont pas à quitter les lieux lorsqu’un attroupement est dispersé » et qu’ils n’ont pas non plus « l’obligation d’obéir aux ordres de dispersion » des forces de l’ordre.

« Les journalistes doivent pouvoir continuer d’exercer librement leur mission d’information, même lors de la dispersion d’un attroupement », a ajouté le Conseil. « Ils ne peuvent donc être tenus de quitter les lieux, dès lors qu’ils se placent de telle sorte qu’ils ne puissent être confondus avec les manifestants ou faire obstacle à l’action des forces de l’ordre ».

Les Sages ont estimé en outre que le « ministre de l’Intérieur ne peut pas imposer des conditions au port de protections par les journalistes ».

Dans une circulaire sur le maintien de l’ordre, ont-ils ajouté, le ministre ne peut « pas édicter ce type de règles à l’attention des journalistes comme de toute personne participant ou assistant à une manifestation ».

Le Conseil d’Etat a également rejeté l’accréditation des journalistes, qu’ils possèdent ou non une carte de presse, pour avoir accès au canal d’informations en temps réel mis en place lors de manifestations.

Cette décision constitue, en moins d’un mois, un second revers pour Gérald Darmanin après la censure, le 20 mai, par le Conseil constitutionnel de l’ex-article 24 de la loi sur la Sécurité globale.

Devenu l’article 52 de cette loi, cette disposition prévoyait de punir « la provocation à l’identification des forces de l’ordre », une nouvelle incrimination qui avait suscité une levée de boucliers des défenseurs des libertés publiques.

Le schéma national du maintien de l’ordre et la loi sécurité globale ont mobilisé l’automne dernier de nombreux détracteurs.

Début mai, une commission, présidée par l’ancien président de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme Jean-Marie Delarue et chargée d’apaiser les tensions entre médias et police, avait remis au Premier ministre Jean Castex son rapport assorti de 32 recommandations.

Parmi celles-ci figuraient l’annulation des accréditations aux journalistes pour couvrir une manifestation et celle de l’obligation qui leur était faite de dispersion en fin de manifestation.

Par Le Point avec AFP

Algérie : des opposants arrêtés à la veille des législatives

juin 11, 2021

Deux journalistes et un opposant politique ont été gardés à vue dans un centre de la sécurité intérieur. D’autres arrestations sont notamment signalées.

Karim Tabbou est un visage tres populaire de la contestation antiregime, Hirak, declenchee en fevrier 2019. Il a ete arrete avec trois autres voix critiques, la veille des legislatives.
Karim Tabbou est un visage très populaire de la contestation antirégime, Hirak, déclenchée en février 2019. Il a été arrêté avec trois autres voix critiques, la veille des législatives. © RYAD KRAMDI / AFP

Jeudi en fin de journée, plusieurs arrestations ont ciblé journalistes et activistes à Alger et dans d’autres villes à deux jours de la tenue des législatives anticipées du samedi 12 juin.

Selon Radio M, « le journaliste et directeur des deux médias Radio M et Maghreb émergent, Ihsane El Kadi a été interpellé par des services de sécurité à sa sortie de son bureau à Alger centre ce jeudi 10 juin 2021 en fin d’après-midi ».

Ihsane El Kadi avait été placé sous contrôle judiciaire le 18 mai à la suite d’une plainte déposée par le ministère de la Communication pour « atteinte à la sécurité et l’intégrité de l’unité nationale », et « publications qui nuisent à l’intérêt national ».

Khaled Drareni interpellé

Le ministère de la Communication reproche au journaliste la publication d’un article, le 23 mars, où le patron de médias plaidait contre la « diabolisation » du mouvement Rachad, organisation d’opposants en exil formée notamment d’anciens cadres du Front islamique du salut (FIS), dissous en 1992, et classée « terroriste » par les autorités.

L’autre journaliste interpellé hier en fin de journée à Alger est Khaled Drareni, fondateur du site d’information Casbah Tribune, et correspondant en Algérie pour TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF). Interpellé à plusieurs reprises en 2019 et en 2020 lors des manifestations du hirak, il est finalement placé sous mandat de dépôt le 29 mars 2020 et condamné, le 15 septembre, à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national ».

Drareni a été libéré de prison le 19 février 2021 – avec une trentaine de détenus – dans le cadre d’une grâce présidentielle.

La troisième personnalité interpellée hier est Karim Tabbou, dirigeant de l’Union démocratique et sociale (UDS, parti non agréé). Tabbou a été condamné d’abord pour « atteinte au moral de l’armée » puis pour « incitation à la violence » et a passé plusieurs mois en prison avant sa libération le 2 juillet 2020.

Il a été placé en garde à vue, avant d’être libéré et mis sous contrôle judiciaire, fin avril dernier, à la suite d’une plainte du président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH, officiel), avec lequel il a eu une altercation durant l’enterrement du fondateur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, Ali Yahia Abdennour.

Ihsane El Kadi, Khaled Drareni et Karim Tabbou auraient été, selon des avocats et leurs proches, interrogés et gardés à vue dans un des centres de la sécurité intérieure sur les hauteurs d’Alger. Ils ont pu contacter par téléphone leurs proches tard dans la nuit pour les informer de leur lieu de détention.

222 arrestations

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), d’autres activistes ont été interpellés jeudi ailleurs qu’à Alger, alors que le jour même, le procureur du tribunal d’Alger a annoncé l’arrestation de dix personnes qui seraient membres d’une « cellule qui incitait aux rassemblements et à l’atteinte à la sécurité nationale ». Douze autres personnes sont en fuite, dont une partie à l’étranger, selon le procureur, qui a mentionné la France et les États-Unis.

Au moins 222 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD, alors que les manifestations hebdomadaires sont interdites depuis fin mai.

Ces arrestations interviennent au moment où les autorités ont procédé, ce jeudi, à une modification du Code pénal, en créant une « liste nationale des personnes et des entités terroristes », selon le communiqué du conseil des ministres et en élargissant la définition de l’acte terroriste ou le sabotage à « tout acte visant la sûreté de l’État, l’unité nationale et la stabilité et le fonctionnement normal des institutions par toute action ayant pour objet ».

Terrorisme : élargissement de la définition

La nouvelle définition englobe aussi toute action visant à « œuvrer ou inciter, par quelque moyen que ce soit, à accéder au pouvoir ou à changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels », ou « porter atteinte à l’intégrité du territoire national ou d’inciter à le faire, par quelque moyen que ce soit ».

Les mouvements Rachad et le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) ont été classés par les autorités, le 18 mai, comme « organisations terroristes ». Ces deux mouvements ont été souvent accusés par les autorités de pousser à la violence, profitant des marches du hirak. Les deux mouvements réfutent ces accusations.

Par ailleurs, des collectifs, des associations, des partis et des personnalités ont publié une déclaration rejetant les législatives : « L’Algérie est enfermée dans une politique d’état d’urgence non déclarée : fermeture de toutes les places publiques, empêchement des manifestations et de toute expression pacifique appelant à un changement démocratique. Tandis que des salles et des canaux médiatiques sont ouverts pour promouvoir l’échéance du 12 juin. »

Par Le Point avec Adlène Meddi