La question des migrations irrégulières sera abordée lors de la rencontre entre Justin Trudeau et Joe Biden.
Des discussions autour de la question des migrations irrégulières ont notamment eu lieu pendant la rencontre bilatérale entre le premier ministre Justin Trudeau et le président Joe Biden lors du Sommet des leaders nord-américains en janvier. Photo : Reuters/Kevin Lamarque
Radio-Canada a appris que le gouvernement Trudeau a trouvé un terrain d’entente avec le gouvernement américain à propos des migrations irrégulières.
Selon plusieurs sources de haut niveau, Ottawa serait ainsi en mesure d’annoncer la fermeture du chemin Roxham à la frontière canado-américaine. Le gouvernement canadien se serait mis d’accord avec les Américains pour accueillir un certain nombre de migrants par les canaux officiels.
Les détails précis de l’accord ne sont toujours pas connus, mais selon des informations publiées par le Los Angeles Times, qui ont été confirmées par une source gouvernementale à Radio-Canada, le Canada aurait accepté d’accueillir 15 000 migrants par les canaux officiels.
L’annonce de cette entente pourrait survenir aussi tôt que vendredi. Les autorités doivent fignoler les détails opérationnels autour de l’annonce de la fermeture, car cela pourrait entraîner un bond des arrivées de migrants irréguliers.
Une source proche du dossier a toutefois affirmé à Radio-Canada que l’entente devrait entrer en vigueur dans les prochains jours.
Selon les informations de Radio-Canada, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, ont travaillé fort en coulisses auprès de leurs homologues américains ces dernières semaines pour arriver à ce résultat.
Mercredi, le premier ministre Justin Trudeau avait envoyé le signal en ce sens. En mêlée de presse, il avait déclaré : Ça fait plusieurs mois qu’on travaille de près avec les Américains pour rétablir la situation au chemin Roxham et regarder l’Entente sur les tiers pays sûrs. On va continuer notre travail, puis on va peut-être avoir quelque chose à annoncer.
Une file de demandeurs d’asile venant d’Haïti attendent d’entrer au Canada depuis Champlain, État de New York, en août 2017. Photo: Reuters/Christine Muschi
La pression est forte sur le gouvernement Trudeau en provenance de Québec et des partis d’opposition à Ottawa. Hier, les chefs du NPD et du Bloc québécois ont réitéré au gouvernement leur demande de suspendre l’application de l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis.
Avant la période de questions à l’Assemblée nationale ce matin, le premier ministre du Québec, François Legault, a répété qu’il faut fermer le chemin Roxham. En mars, on est rendu à 58 % des arrivants par le chemin Roxham qui sont envoyés à l’extérieur du Québec, a-t-il indiqué lors d’un impromptu avec la presse parlementaire. C’est pas encore suffisant. Le Québec, a-t-il ajouté, a dépassé sa capacité d’accueil.
Près de 40 000 demandeurs d’asile ont traversé la frontière depuis le chemin Roxham en 2022. Ces migrants provenaient majoritairement d’Haïti, de la Turquie, de la Colombie, du Chili, du Pakistan et du Venezuela.
Des contrats consultés par Radio-Canada, qui offrent un récapitulatif des sommes versées par le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada entre 2021 et octobre 2022, montrent que plus du tiers des nouvelles dépenses fédérales, soit environ 61 millions, concerne la location de chambres d’hôtel et d’immeubles de bureaux.
Le gouvernement Trudeau prévoit une pleine capacité opérationnelle pour l’ensemble de la flotte d’ici 2034.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper s’était d’abord engagé en 2010 à acheter 65 F-35, sans appel d’offres, avant que les inquiétudes concernant le coût et les capacités du chasseur furtif ne l’obligent à revenir à la planche à dessin. Photo: CBC/Mike Hillman
C’est officiel : les CF-18 vieillissants des Forces armées canadiennes (FAC) seront remplacés par des F-35, et non par des Gripen.
La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a confirmé dans une conférence de presse virtuelle lundi matin la conclusion d’une entente avec le gouvernement américain ainsi qu’avec les fournisseurs Lockheed Martin et Pratt & Whitney.
En vertu de cet accord, les FAC mettront la main sur 88 avions de chasse. Le coût du projet, incluant l’équipement, la technologie et les installations connexes, est estimé à 19 milliards de dollars.
En faisant l’acquisition de cette flotte, nous améliorerons les capacités du Canada dans notre espace aérien, et nous permettrons une coordination plus étroite et plus fluide avec nos alliés, a fait valoir la ministre Anand, lundi.
« Cette nouvelle flotte de chasseurs assurera la capacité du Canada à remplir ses obligations militaires chez nous et lui permettra de respecter ses engagements dans le cadre du NORAD et de l’OTAN. »— Une citation de Anita Anand, ministre de la Défense nationale
Le gouvernement Trudeau prévoit une pleine capacité opérationnelle pour l’ensemble de la flotte entre 2032 et 2034. Les CF-18 actuels auront 50 ans en 2032.
Le communiqué de l’annonce indique qu’il s’agit du plus important investissement dans l’Aviation royale canadienne au cours des 30 dernières années.
Il précise en outre que l’acquisition des chasseurs sera effectuée de manière progressive.
Les quatre premiers avions devraient être prêts pour 2026. Ils pourraient toutefois n’atterrir en territoire canadien qu’en 2029, puisque les installations militaires de Bagotville, au Québec, et de Cold Lake, en Alberta, devront être adaptées en conséquence, ont expliqué vendredi de hauts fonctionnaires du gouvernement canadien.
La base militaire de Bagotville abrite l’une des deux unités d’avions de chasse au Canada. Photo: Radio-Canada/Vicky Boutin
L’entente annoncée lundi écarte pour de bon le constructeur aéronautique Saab, qui avait terminé deuxième dans le processus d’appel d’offres lancé par le gouvernement canadien, et vers qui Ottawa se réservait le droit de se tourner en cas d’échec des pourparlers avec les Américains.
Justin Trudeau, de son côté, s’était fait élire en 2015 en promettant de ne pas acheter ces avions, jugés trop chers à son goût. Sept ans plus tard, tout porte à croire qu’il a maintenant changé d’avis.
L’avion a mûri, a plaidé la ministre Anand, lundi. Et nous voyons maintenant que beaucoup de nos alliés, huit pays en particulier, utilisent le F-35.
Le Canada devrait payer environ 85 millions de dollars américains (114 M$ CA) par avion de chasse – ce qui, selon les responsables, est le même prix que les États-Unis.Début du widget . Passer le widget?
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L’accord présenté lundi par Mme Anand coïncide avec le sommet des Trois Amigos qui réunit cette semaine à Mexico le premier ministre Trudeau, le président américain Joe Biden et son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.
Par Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne
Le Canada est montré du doigt depuis des mois pour son refus massif d’étudiants francophones en provenance du continent africain.
Justin Trudeau en compagnie de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, à Djerba, en Tunisie. Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
Un délégué africain au Sommet de la Francophonie demande au Canada de s’ouvrir davantage à l’immigration en provenance de son continent. En Tunisie, cet enjeu délicat poursuit le gouvernement Trudeau alors qu’il tente de resserrer ses liens avec les pays d’Afrique.
Sur le site d’exposition nommé le Village de la Francophonie à Djerba, il y a toujours de l’activité devant les kiosques du Québec et du Canada. Beaucoup de gens s’informent des procédures d’immigration dans l’espoir d’obtenir leur laissez-passer vers le Canada.
J’ai un fils qui a eu son baccalauréat. Je voulais savoir s’il y a une possibilité pour qu’il puisse terminer ses études au Canada, explique une dame devant le comptoir. Je cherche comment faire et à qui m’adresser, ajoute-t-elle.
Toutefois, le processus n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Le Canada est sévèrement critiqué pour son refus massif de permis d’études pour les ressortissants africains. Immigration Canada leur reproche, la plupart du temps, d’avoir l’intention de rester au Canada à la fin de leur formation.
Le kiosque du Canada est très fréquenté au Sommet de la Francophonie, à Djerba, en Tunisie. Photo: Radio-Canada/Louis Blouin
Avant le Sommet de la Francophonie, cette affaire a même attiré l’attention de la presse internationale. Le journal Le Monde titrait le 8 novembre dernier : Le rêve canadien, un mirage pour beaucoup d’étudiants d’Afrique francophone.
Les procédures peuvent paraître assez difficiles, assez complexes, souligne Maguèye Toure, directeur de la Francophonie du ministère des Affaires étrangères du Sénégal, au micro de Radio-Canada.
Il demande aux pays riches comme le Canada d’assouplir les procédures d’entrée surtout pour les étudiants, les artistes et les entrepreneurs.
« Il faut que la circulation des gens puisse se faire dans tous les sens entre les pays du Nord et les pays du Sud, et vice-versa. C’est important qu’on réfléchisse. »— Une citation de Maguèye Toure, directeur de la Francophonie du ministère des Affaires étrangères du Sénégal
Le représentant sénégalais s’explique mal ces barrières pour entrer au Canada, dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre. Je sais que le Canada a un besoin parce qu’il y a des emplois qui doivent être pourvus, souligne-t-il.
Dans un monde en circulation, M. Toure souligne que les jeunes ont particulièrement besoin de contacts en personne, et pas seulement virtuels, pour mener à bien leurs divers projets.
Ottawa promet des améliorations
Appelée à réagir lors d’une mêlée de presse au Sommet de la Francophonie, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a préféré renvoyer la balle à la secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, aussi présente.
Dans une réponse vague, Marie-France Lalonde admet qu’il y a encore des défis. On travaille très, très fort pour améliorer les processus et les échanges entre ces demandeurs et nos agents, souligne-t-elle.
Interrogé à son tour, le premier ministre Justin Trudeau a dit être déçu des taux de refus des étudiants en provenance de l’Afrique et que la situation allait être corrigée.
« J’ai demandé directement au ministre [de l’Immigration Sean] Fraser de se pencher sur cet enjeu-là, on a besoin de plus en plus d’étudiants et d’immigrants francophones. »— Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada
Mélanie Joly au Sommet de la Francophonie, en Tunisie. Elle est accompagnée de la secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, Marie-France Lalonde. Photo: Radio-Canada/Louis Blouin
Récemment, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a promis de revoir le processus de sélection des étudiants étrangers pour que ces derniers soient évalués en fonction de critères davantage liés à leur potentiel et à leur valeur.
Une seule rencontre bilatérale avec un dirigeant africain
Pendant son passage de deux jours, Justin Trudeau n’avait aucune rencontre bilatérale officielle prévue dans son programme initial avec des dirigeants de pays africain, même s’ils sont nombreux au Sommet de la Francophonie.
Finalement, une rencontre s’est ajoutée à l’horaire dimanche avec le président du Niger.
Ce sont des retrouvailles entre le Niger et le Canada qui était l’un de nos plus grands partenaires de coopération dans les années 1970, a rappelé le président nigérien, Mohamed Bazoum. Il y a eu une petite distanciation, mais nous allons travailler pour faire en sorte que nos liens se resserrent.
Le premier ministre a aussi pris le temps de s’asseoir pour des tête-à-tête officiels avec les premiers ministres du Québec et de l’Arménie, et avec le président suisse.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’entretient avec le président suisse, Ignazio Cassis. Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
Interrogée à ce sujet, Mélanie Joly rejette l’idée que son gouvernement a accordé peu de temps aux pays africains. En dehors des réunions bilatérales officielles, la ministre assure qu’elle et le premier ministre ont eu de nombreuses conversations avec des pays comme le Bénin, le Gabon et le Sénégal, par exemple. Je fais mon travail, c’est-à-dire établir des liens avec ces pays, a-t-elle souligné.
Présentement, on sait que la Chine et la Russie essaient d’exercer leur influence ici. C’est important pour le Canada d’être présent en Tunisie et aussi à travers le continent africain, a-t-elle expliqué.
C’est en marge du Sommet de la Francophonie que Justin Trudeau et François Legault ont tenu leur première rencontre depuis la réélection du premier ministre québécois. Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
En Tunisie pour participer au 18e Sommet de la Francophonie, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et son homologue du Québec, François Legault, se sont entretenus en coulisse pendant une vingtaines de minutes, samedi.
C’est la première fois qu’ils se rencontrent depuis la réélection de M. Legault le 3 octobre dernier. Tout indique qu’ils ont abordé la protection de la langue française ainsi que l’épineuse question des transferts fédéraux en santé.
S’adressant brièvement aux médias avant de s’entretenir avec M. Legault, M. Trudeau a dit vouloir discuter avec son homologue de la meilleure façon de promouvoir le français dans le monde et de faire le point sur nos valeurs partagées.
Évidemment, on va aussi parler de la protection de la langue française, pas juste au Québec, au Canada, mais partout dans le monde.
C’est un beau moment pour se rassembler pour être alignés et travailler ensemble sur les enjeux qui nous tiennent à cœur, a ajouté M. Trudeau.
Le premier ministre du Québec a renchéri en disant qu’il y avait beaucoup de travail à faire pour protéger le français dans le monde et en sol canadien.
Il y a un déclin du français, entre autres à Montréal. On a des gestes à poser ensemble, pour arrêter […] le déclin du français […] pour qu’il y ait un plus grand pourcentage de Montréalais qui soient francophones, a-t-il dit.
S’il s’est fait évasif après la rencontre, François Legault a indiqué que le sujet des transferts en santé avait également fait partie des discussions entre les deux hommes.
Rencontre avec le président tunisien
Plus tôt, M. Legault avait participé à la cérémonie d’ouverture officielle du Sommet de la Francophonie, qui se déroule sous le thème de la connectivité et du numérique dans l’espace francophone.
Il doit également s’entretenir samedi avec le président de la Confédération suisse, Ignazio Cassis, ainsi qu’avec le président tunisien, Kaïs Saïed.
Ce dernier fait l’objet de critiques à l’échelle internationale depuis l’adoption d’une nouvelle loi fondamentale lui octroyant de vastes pouvoirs et rompant avec le système parlementaire en place depuis 2014.
Vendredi, M. Legault avait indiqué en mêlée de presse vouloir rappeler au controversé président l’importance des valeurs démocratiques. Il souhaite toutefois donner la chance au coureur à la veille d’élections législatives prévues à la mi-décembre.
« On fonde beaucoup d’espoir pour que les élections du 17 décembre se passent bien. »— Une citation de François Legault, premier ministre du Québec
La journée de François Legault se terminera par une mêlée de presse au Musée Lalla Hadria et par la visite du kiosque du Québec au Village de la Francophonie.
Dimanche, le premier ministre Legault devrait intervenir au Forum économique francophone
Justin Trudeau s’abstient
S’il prévoit aussi souligner l’importance de protéger la démocratie et les droits de la personne, Justin Trudeau n’a pour sa part pas prévu de tête-à-tête avec M. Saïed.
Selon une source près du gouvernement fédéral, le Canada est préoccupé par certains enjeux démocratiques en Tunisie et craint qu’une telle rencontre ne vienne légitimer l’approche du président à quelques semaines des élections législatives.
Radio-Canada avec les informations de Sébastien Bovet, Louis Blouin et La Presse canadienne.
Justin Trudeau a choisi de rester au pays pour superviser la réponse d’Ottawa aux ravages causés par l’ouragan Fiona.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, fait une pause alors qu’il signe un livre de condoléances pour l’ancien premier ministre japonais Shinzo Abe à l’ambassade du Japon, le 12 juillet, à Ottawa. Photo : La Presse Canadienne/Adrian Wyld
Si la nature ne s’était pas déchaînée dans l’est du Canada, Justin Trudeau aurait été le seul leader du G7 à assister aux funérailles nationales de l’ancien premier ministre japonais. Ce sera finalement son ministre François-Philippe Champagne qui fera le trajet de 10 000 kilomètres pour rendre hommage à un « ami » du Canada assassiné en juillet. Pourquoi le Canada veut-il absolument être représenté à Tokyo? Il faut considérer des objectifs stratégiques plus larges en Asie-Pacifique.
En octobre 2015, le premier ministre japonais a été le premier leader étranger à appeler Justin Trudeau pour le féliciter de sa victoire électorale. Dans les années qui ont suivi, les deux hommes se sont rencontrés ou ont discuté au téléphone une vingtaine de fois. Au fil du temps, ils ont entretenu une grande amitié, souligne l’ambassadeur du Japon au Canada, Kanji Yamanouchi.
Le Canada décrit Shinzo Abe comme un fidèle ami et allié de notre pays.
Comment expliquer une telle proximité entre deux leaders si différents du point de vue idéologique, entre Justin Trudeau le progressiste et Shinzo Abe le conservateur nationaliste? Les approches de leurs gouvernements sur l’immigration, par exemple, étaient très différentes.
Entre Justin Trudeau et Shinzo Abe, des priorités communes, commerciales et géopolitiques, l’ont emporté sur leurs différences.
Shinzo Abe et Justin Trudeau lors d’une réunion bilatérale sur la colline du Parlement à Ottawa, en avril 2019. Photo : La Presse Canadienne/Patrick Doyle
Des alliés commerciaux
Les intérêts commerciaux expliquent en partie la relation stable et positive entre le Canada et le Japon autant sous Stephen Harper que sous Justin Trudeau. Le Japon est le quatrième partenaire du Canada au chapitre du commerce bilatéral de marchandises.
Voici deux pays, entourés de géants, qui dépendent beaucoup du commerce extérieur, du libre-échange et d’un ordre international fondé sur des règles.
Justin Trudeau et Shinzo Abe lors d’une conférence de presse conjointe au Kantei à Tokyo, en mai 2016. Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
Dans une Asie de plus en plus dominée par une Chine quand même très puissante qui voulait instaurer ses propres règles, le Japon se faisait un défenseur de ces règles universelles pour faire contrepoids, explique Éric Boulanger, chargé de cours au Département de science politique de l’UQAM.
Justin Trudeau, lui, bousculé sur le front commercial par l’administration Trump lors de la renégociation de l’ALENA, avait tout intérêt à se rapprocher de Shinzo Abe, un leader aux objectifs semblables, c’est-à-dire rester concurrentiel et compétitif dans un système où les règles sont bien connues, justes et équitables, explique Éric Boulanger.
La conclusion de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste a constitué un moment important dans la relation entre Trudeau et Abe.
Quand le président Trump a retiré les États-Unis de l’entente, le Japon a pris la relève et a trouvé avec le Canada un allié très fort pour relancer les négociations avec les autres pays membres et reformuler le nouvel accord qui est en vigueur aujourd’hui, explique le professeur Boulanger.
Les ministres du Commerce de l’Australie, de Brunei, du Canada, du Chili, du Japon, de la Malaisie, du Mexique, de la Nouvelle-Zélande, du Pérou, de Singapour et du Vietnam à la signature du traité à Santiago, le 8 mars dernier. Photo: AP/Esteban Felix
Aujourd’hui, Tokyo demeure très intéressé par les ressources alimentaires et naturelles du Canada, comme le blé, le porc ou les minéraux critiques, et par ses nouvelles technologies.
La relation Canada-Japon est sur le point d’entrer dans un nouveau chapitre. Le gouvernement du Canada espère dévoiler d’ici Noël sa nouvelle stratégie indo-pacifique visant à resserrer ses liens avec les pays de la région.
Selon nos informations, le Japon occupera une place importante dans cette feuille de route en matière d’économie, d’environnement et de sécurité. On doit s’assumer comme pays de la région Pacifique, indique une source gouvernementale.
Le Canada cherche à varier ses partenaires économiques en Asie-Pacifique dans le contexte de tensions grandissantes entre Pékin et Ottawa. En mai, le gouvernement canadien a banni le géant chinois des télécommunications Huawei de son réseau 5G en raison de craintes quant à la sécurité nationale.
Vendredi, en compagnie du président de la Corée du Sud Yoon Suk-yeol, à Ottawa, Justin Trudeau a abordé la nouvelle stratégie indo-pacifique du Canada. Il a souligné que de plus en plus, les pays totalitaires ne sont pas des fournisseurs de services qui satisfont les attentes de nos citoyens sur le plan de la protection de l’environnement, des normes du travail et du respect des droits de la personne.
« Nous pouvons être des partenaires économiques extraordinaires sans être dépendants des autocraties ou d’États totalitaires comme la Chine ou d’autres. »— Une citation de Justin Trudeau, premier ministre du Canada.
Jeudi dernier, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a d’ailleurs annoncé que le Canada allait se joindre au groupe Partenaires du Pacifique bleu,créé par les Américains, dans le but de renforcer les liens économiques avec les îles du Pacifique. C’est une autre incarnation de la rivalité entre les États-Unis et la Chine pour l’influence dans la région.
Géopolitique et sécurité
Si Shinzo Abe avait soigneusement entretenu ses liens avec les leaders américains et canadiens, c’était aussi pour se prémunir contre l’expansionnisme chinois.
Abe essayait d’avoir des alliés où il pouvait en trouver. Les États-Unis, évidemment, étaient les plus importants pour lui, mais le Canada aussi. On est les voisins des États-Unis. On est alliés des États-Unis. On est quand même un pays ami avec le Japon depuis longtemps, souligne Bernard Bernier, professeur au Département d’anthropologie et au Centre d’études asiatiques de l’Université de Montréal.
Xi Jinping est souvent qualifié de plus puissant dirigeant chinois depuis le fondateur du régime, Mao Zedong. Photo : Getty Images/Noel Celis/Pool
Le désir du gouvernement canadien d’être vu et entendu dans la région n’est pas anodin à ce moment-ci, selon le professeur. C’est vraiment pour contrer les velléités de la Chine, pas seulement face à Taiwan, mais aussi par rapport au Japon. La Chine est quand même assez agressive face au Japon, explique Bernard Bernier.
Ottawa ne peut pas ignorer les tensions qui existent dans la région. Le Canada dépend beaucoup, par exemple, des biens qui circulent dans le détroit de Taïwan et doit rester vigilant.
Mentionnons que le gouvernement Trudeau a bonifié sa présence militaire en Indo-Pacifique dans le cadre de l’opération NEON, pour faire respecter les sanctions des Nations unies envers la Corée du Nord.
Avec les montagnes de l’État de Washington en toile de fond, un hélicoptère Sea King survole le navire HMCS Vancouver à Esquimalt, en Colombie-Britannique. Photo: La Presse Canadienne/Chad Hipolito
Depuis 2018, le Canada déploie périodiquement des navires et des aéronefs pour prévenir des manœuvres de contournement des sanctions visant la Corée du Nord, comme le transfert de carburant ou d’autres marchandises entre navires.
Les Forces armées canadiennes ont déployé le NCSM Vancouver dans le cadre de cette opération. Cet automne, un aéronef de patrouille maritime sera déployé à partir de la base aérienne Kaneda, au Japon.
En Asie-Pacifique, où s’affrontent les grandes forces géopolitiques du monde, le Canada veut être présent à la table. Ottawa choisit de miser sur la mémoire et la continuité.
Radio-Canada avec Louis Blouin avec la collaboration de Marie Chabot-Johnson.
Justin Trudeau a vivement dénoncé le récent discours du président russe Vladimir Poutine. Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
Le premier ministre Justin Trudeau a condamné au nom du Canada l’escalade de la violence du président russe Vladimir Poutine dans son opération d’invasion de l’Ukraine, y compris son appel à la mobilisation partielle et ses menaces de recours à l’arme nucléaire.
M. Trudeau se trouvait à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies, où l’agression de la Russie contre l’Ukraine qui dure depuis sept mois est un sujet de discussion omniprésent.
En conférence de presse, le premier ministre canadien a qualifié les actes du président russe d’irresponsables et a déclaré que Poutine a perdu le contrôle de la situation.
Je pense que c’est très clair, que ce soit au niveau de la conscription partielle qu’il est en train d’amener en Russie ou quand il ne veut pas admettre qu’il a déclenché une guerre contre l’Ukraine, a fait valoir M. Trudeau avant d’enchaîner en parlant des référendums farfelus dans les territoires occupés et des menaces carrément irresponsables de recours éventuel à l’arme nucléaire.
Plus tôt en journée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est adressé aux leaders mondiaux par visioconférence. Il a martelé que son pays allait sortir vainqueur en repoussant les agressions russes et en forçant l’armée de Poutine à battre en retraite.
Ce discours a été prononcé quelques heures après celui de Vladimir Poutine, qui a annoncé une mobilisation partielle des réservistes dans le plus grand conflit européen depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Pour le président Zelensky, cette décision militaire démontre que Poutine n’est pas sérieux lorsqu’il prétend vouloir négocier une fin au conflit.
À Ottawa, la vice-première ministre Chrystia Freeland a déclaré que l’invasion russe pourrait avoir atteint un moment critique et qu’il est temps de redoubler d’efforts pour soutenir l’Ukraine.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a affirmé que le Canada voulait s’assurer que le front commun mondial contre Moscou demeurait intact.
Évidemment, ce que l’Ukraine attend du Canada, c’est toujours plus de soutien sur le plan financier et plus d’artillerie lourde, a-t-elle souligné. Nous en avons déjà fait beaucoup. Mais nous devons en faire plus. Et nous en ferons plus.
1,2 milliard de dollars contre les maladies
Au cours de la journée, M. Trudeau a déclaré que le Canada s’est engagé à verser 1,21 milliard afin de soutenir l’effort international destiné à stopper la propagation de maladies infectieuses.
M. Trudeau a fait cette annonce à New York lors d’une conférence d’annonces de contributions pour le projet, connu sous le nom de Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.
Le Canada, un des fondateurs du Fonds mondial, a déjà promis quatre milliards depuis la création de ce fonds, en 2002, par l’ancien dirigeant bancaire Peter Sands.
L’annonce comprend 100 millions supplémentaires pour le dispositif de riposte à la COVID-19 du Fonds mondial, qui vise à aider les pays en développement à atténuer l’impact de la pandémie.
Le gouvernement canadien affirme que cette nouvelle somme représente une augmentation de 30 % par rapport à la dernière contribution du Canada et qu’il s’agit du plus gros investissement multilatéral dans le domaine de la santé du pays.
Le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, a déclaré que ce fonds a sauvé 50 millions de vies au cours des 20 dernières années.
Nous nous sommes engagés à faire en sorte que personne ne soit laissé pour compte, a déclaré M. Sajjan par voie de communiqué.
Il s’agit d’un combat mondial et ce n’est qu’ensemble que nous pourrons maximiser l’efficacité de nos investissements collectifs.
Crise à Haïti
M. Trudeau devait également participer à une réunion avec des partenaires des Caraïbes pour discuter de la crise en Haïti, où des vagues incessantes de violence de gangs criminels ont persisté tout l’été, faisant des centaines de morts.
Bob Rae, l’ambassadeur du Canada à l’ONU, a affirmé qu’il s’était récemment rendu dans ce pays pour constater le chaos par lui-même. Les organisations criminelles ont même pris le contrôle du palais de justice de la capitale, Port-au-Prince, a-t-il relaté. Nous n’allons pas déclarer que nous avons une solution magique. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne, a expliqué M. Rae.
Nous devons apprendre de certaines des erreurs du passé, où des interventions n’ont pas eu le plein soutien du peuple haïtien. Et nous devons nous assurer que nous travaillons avec le peuple haïtien. Toutefois, c’est plus facile à dire qu’à faire dans un pays dirigé par un gouvernement provisoire, a-t-il ajouté. Nous allons essayer de jouer un rôle aussi constructif que possible. Nous savons tous qu’il en faudra davantage.
Justin Trudeau quitte le 10 Downing Street, à Londres. Photo : La Presse Canadienne/Nathan Denette
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau profite de son séjour à Londres pour rencontrer plusieurs dirigeants, dont son homologue ukrainien, Denys Chmyhal, dimanche soir.
« Mon message est constant pour l’Ukraine : nous serons là. Le Canada est ferme dans son soutien à l’Ukraine », a déclaré Justin Trudeau en point de presse dimanche matin. Cela implique d’envoyer davantage d’aide financière, humanitaire et militaire et de continuer ses sanctions contre la Russie, a-t-il ajouté.
Justin Trudeau a aussi affirmé que le Canada continuera d’aider les alliés proches, « comme le Royaume-Uni », pour s’assurer que les pays démocratiques restent fermes dans leur soutien pour l’Ukraine.
« Nous faisons tous face à des défis importants comme la hausse des prix des aliments et du gaz, mais nous devons comprendre que nous défendons nos démocraties », a-t-il dit.
Mais dimanche, les nombreux dirigeants présents à Londres en profitent pour se rencontrer. Justin Trudeau a affirmé qu’ils se réunissaient à l’occasion d’un moment de « réflexion et de condoléances », mais qu’ils avaient aussi des questions importantes à discuter. Il a d’abord rencontré la nouvelle première ministre du Royaume-Uni, Liz Truss, avant de s’entretenir avec le premier ministre australien, Anthony Albanese.
Puis dimanche soir, il se joindra au président des États-Unis, Joe Biden, et à d’autres dirigeants lors d’une réception organisée par le roi Charles III au palais de Buckingham.
C’est à la suite de cette réception qu’il pourra s’entretenir avec Denys Chmyhal, son homologue ukrainien.
Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et son épouse, Sophie Grégoire, au moment de leur départ du Canada vers Londres, où ils assisteront aux funérailles de la reine Élisabeth II, lundi. Photo : La Presse Canadienne/Adrian Wyld
Justin Trudeau et son épouse Sophie Grégoire sont arrivés à Londres, vendredi, en prévision des funérailles de la reine Élisabeth II. Le premier ministre du Canada doit également avoir une audience avec le roi Charles III samedi après-midi, au palais de Buckingham.
Ils sont à la tête d’une délégation composée d’une quinzaine de personnes. Parmi elles, il y a la gouverneure générale Mary Simon et son époux, ses prédécesseurs Michaëlle Jean et David Johnston, qui ont représenté la reine au Canada, et les ex-premiers ministres Kim Campbell, Stephen Harper, Paul Martin et Jean Chrétien.
Les dirigeants des trois grandes organisations autochtones nationales seront aussi présents à l’abbaye de Westminster, lundi, pour les funérailles de la reine. Il s’agit de la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, du président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, et de la présidente du Ralliement national des Métis, Cassidy Caron.
Enfin, la greffière du Conseil privé, Janice Charette, et le haut-commissaire du Canada au Royaume-Uni, Ralph Goodale, compléteront la délégation canadienne aux funérailles d’État.
Par ailleurs, quatre autres Canadiens prendront part à un défilé de récipiendaires de distinctions honorifiques nationales, dans le cadre du service funèbre à Londres : le musicien Gregory Charles, le médaillé olympique Mark Tewksbury et l’actrice Sandra Oh, tous les trois membres de l’Ordre du Canada, ainsi que le garde-côte Leslie Arthur Palmer, décoré de la Croix de la vaillance.
Des membres de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de plusieurs régiments des Forces armées canadiennes se joindront au personnel en uniforme d’autres pays du Commonwealth à l’occasion des funérailles à Londres, qui débuteront à 11 h (heure locale), à l’abbaye de Westminster.
De nombreuses personnes patientent devant le pont de la Tour (Tower Bridge) à Londres pour rendre un dernier hommage à la reine Élisabeth II. Photo: AP/ Markus Schreiber
Cérémonie dans la capitale canadienne
Toujours le 19 septembre prochain, une cérémonie nationale de commémoration se tiendra à Ottawa à la cathédrale anglicane Christ Church, à 13 h (HAE).
L’éloge funèbre de la reine Élisabeth II sera prononcé par l’ancien premier ministre Brian Mulroney et par l’ancienne gouverneure générale Adrienne Clarkson. L’ancien premier ministre Joe Clark sera également présent et tous les parlementaires y ont été conviés. Cette cérémonie sera télévisée et diffusée en direct.
Les artistes québécois Ginette Reno et Rufus Wainwright interpréteront des chansons en hommage à la souveraine. L’hymne national sera entonné par la chanteuse Kim Richardson.
Donald Booth, secrétaire canadien du roi, et le brigadier général Guy Bélisle, aumônier général des Forces armées canadiennes, prononceront des prières.
Au programme de ce service religieux figure aussi un hommage d’Albert Dumont, poète officiel anglophone d’Ottawa et conseiller spirituel algonquin.
Défilé et coups de canon
Tout juste avant la cérémonie, des membres des Forces armées canadiennes et de la GRC participeront à un défilé, qui se rendra du manège militaire de la place Cartier à la cathédrale Christ Church. Une salve d’honneur d’un coup de canon par année de vie de la souveraine sera tirée durant ce défilé.
À l’issue du service religieux, des CF-18 de l’Aviation royale canadienne survoleront la colline du Parlement puis la cathédrale.
Le premier ministre Trudeau a décrété que lundi sera un jour férié au sein de la fonction publique fédérale. Avec le décès d’Élisabeth II, le 8 septembre dernier, la famille royale a entamé une période de deuil qui se terminera environ une semaine après ses funérailles.
Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne et CBC par Madeleine Blais-Morin
Ce ne sera pas le cas au Québec, rétorque le premier ministre sortant François Legault.
Une telle mesure pourrait coûter entre 2 et 4 milliards $ au PIB du Canada (archives). Photo : Getty Images/AFP/Christopher Furlong
Alors que la date des funérailles de la reine Élisabeth approche, le premier ministre Justin Trudeau a confirmé, mardi matin, que ce jour sera férié pour les employés fédéraux.
Un responsable gouvernemental, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, avait expliqué à CBC News que la décision de rendre le 19 septembre férié pour les entreprises sous réglementation fédérale était à l’étude, entre autres options, et qu’une décision serait bientôt rendue publique.
Mardi matin, en marge d’une conférence de presse, le premier ministre Justin Trudeau a confirmé que lundi prochain, jour des funérailles de la reine Élisabeth II, sera un jour férié exceptionnel pour les employés fédéraux.
Le bureau du premier ministre a toutefois tenu à préciser que ce ne sont que les employés du gouvernement fédéral qui sont concernés, et non tous ceux relavant de la compétence fédérale.Début du widget . Passer le widget?
Nouveau@JustinTrudeau annonce que lundi prochain, jour des funérailles de la Reine Elizabeth II, sera un jour férié (congé) pour les employés fédéraux
Toutefois, 85 à 90 % des travailleurs canadiens ne seront pas concernés par une telle décision, à moins que les provinces ne décident d’emboîter le pas au gouvernement fédéral. Selon M. Trudeau, des discussions sont en cours pour que les provinces le fassent.
Nous espérons que les gouvernements [provinciaux] ne suivront pas cette voie, car les coûts seraient énormes, a toutefois jugé Dan Kelly, président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, en entrevue avec CBC News.
Les entreprises ont déjà du mal à payer leurs employés et à trouver suffisamment de monde pour fonctionner. Pour celles qui peuvent fermer, cela signifierait la perte d’une journée de productivité.
Dan Kelly, président et chef de la direction de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (archives) Photo : La Presse Canadienne/Chris Young
Pour ceux qui doivent rester ouverts, comme un restaurant, un cinéma ou une entreprise de ce genre, cela signifierait que les employés recevraient un salaire supplémentaire pour travailler, un salaire que les employeurs auraient du mal à trouver, poursuit-il.
M. Kelly estime que, même si un jour férié coûtait des milliards de dollars à l’économie, les petites et moyennes entreprises échapperaient à cet impact si les provinces décidaient de laisser le gouvernement fédéral agir seul, car la plupart des entreprises sous réglementation fédérale sont de grandes entreprises.
L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, évalue que le coût d’un jour férié supplémentaire pour l’économie canadienne est de 0,1 à 0,2 % du PIB annuel, soit de 2 à 4 milliards de dollars. Il précise que ce chiffre n’est qu’une estimation.
Tenir compte du coût
M. Porter estime que, bien que le coût puisse sembler élevé, cela ne doit pas être un facteur important dans la décision du gouvernement. Un avis que partage la Ligue monarchiste du Canada.
Nous aimerions évidemment que le gouvernement annonce une fête nationale le 19 [septembre], a déclaré le porte-parole de la ligue, Robert Finch, à CBC News, avant que la décision ne soit confirmée par M. Trudeau.
Je pense que ce serait un énorme signe de respect. Je pense que cela donnerait aux gens l’occasion de regarder les funérailles et d’y réfléchir à leur manière et d’avoir un jour de congé pour le faire.
Bien qu’il dise comprendre les arguments de M. Kelly, M. Finch souligne lui aussi que le coût ne doit pas être le facteur principal.
Je pense que ce sont des préoccupations très concrètes, absolument. Il faut en tenir compte. Mais j’aime aussi penser que ce n’est pas un événement annuel, c’est un événement ponctuel, rappelle-t-il.
Une occasion pédagogique
La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont également déclaré qu’elles instaureront un jour férié exceptionnel pour marquer l’occasion.
La Nouvelle-Zélande organisera sa fête du jour du Souvenir de la reine Élisabeth II le 26 septembre. L’Australie tiendra cette fête nationale unique le 22 septembre.
Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a indiqué que son gouvernement a contacté les gouvernements régionaux et qu’ils approuvent tous cette idée.
Le gouvernement fédéral a déjà annoncé que le Parlement reviendra pour une journée de séance le 15 septembre afin de commémorer la reine Élisabeth II, puis qu’il siégera de nouveau à plein temps le 20 septembre au lieu du 19 septembre, comme prévu.
Au Royaume-Uni, un jour férié a été annoncé pour la date des funérailles, qui verra la fermeture des services gouvernementaux et des écoles. Les entreprises ne seront toutefois pas tenues de fermer ou d’indemniser leurs employés.
Pas de jour férié au Québec ni en Ontario
M. Kelly indique ne pas avoir reçu de signaux fermes qu’un des gouvernements provinciaux envisageait de faire des funérailles de la reine un jour férié.
Le premier ministre du Québec, François Legault, a d’ores et déjà annoncé que cette journée ne sera pas fériée au Québec. Il s’agira d’une simple journée de commémoration, a-t-il dit.
De son côté, le bureau du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, indique que le 19 septembre sera plutôt une journée de deuil provincial. La population de l’Ontario pourra observer une minute de silence à 13 h ce jour-là.
Maintenir le 19 septembre comme un jour travaillé, selon M. Finch, pourrait aussi être une bonne nouvelle pour les monarchistes.
Le revers de la médaille, c’est que si ce n’est pas un jour férié, et si les élèves sont à l’école, cela offre une occasion d’en apprendre davantage sur le sujet, ce qui ne serait pas nécessairement le cas si c’est un jour férié, a-t-il déclaré.
Radio-Canada avec les informations de Peter Zimonjic, de CBCNews, de Rémi Authier et de Sébastien Bovet
L’adhésion éventuelle de la Suède et de la Finlande ainsi que l’avenir de l’opération militaire en Ukraine divisent les pays membres de l’OTAN.
Le principal dilemme auquel font face les dirigeants de l’OTAN : est-il suffisant d’aider l’Ukraine à ne pas perdre la guerre ou faut-il avoir un plan pour aider les Ukrainiens à la gagner? Photo : La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick
La force de l’OTAN repose surtout sur son unité et sur sa puissance de dissuasion. L’une et l’autre sont mises à rude épreuve, quatre mois après le début de la guerre en Ukraine.
À l’ouverture du sommet de Madrid, les pays membres ne sont pas à l’unisson sur plusieurs questions fondamentales. Leur principal dilemme : est-il suffisant d’aider l’Ukraine à ne pas perdre la guerre ou faut-il avoir un plan pour aider les Ukrainiens à la gagner?
Au sein de l’OTAN, les différends existent et leurs conséquences sont réelles, estime Frédéric Mérand, professeur de science politique à l’Université de Montréal.
« Le danger, c’est que les nuances de position entre les pays soient exploitées par Moscou et finissent par devenir un facteur de paralysie pour l’OTAN. »— Une citation de Frédéric Mérand, professeur à l’Université de Montréal
Parmi les décisions qui doivent être prises au sommet :
Quel genre d’armement supplémentaire sera acheminé au front?
Combien de troupes voudra-t-on envoyer dans les pays baltes, à la frontière de l’Ukraine, comme force de dissuasion contre la Russie?
Comment persuader la Turquie de ne pas bloquer l’adhésion de deux nouveaux membres, la Suède et la Finlande, à l’OTAN?
Comment préparer la reconstruction de l’Ukraine?
Il est vital que l’OTAN dégage un consensus sur ces enjeux, selon Stéfanie von Hlatky, professeure d’études politiques à l’Université Queen’s.
« Montrer que l’OTAN est unie envoie un message politique et diplomatique beaucoup plus convaincant envers la Russie, au-delà des capacités militaires de ses 30 États membres. »— Une citation de Stéfanie von Hlatky, professeure à l’Université Queen’s
L’avenir de l’opération
Certains dirigeants, comme le président français Emmanuel Macron, croient qu’il faut laisser une porte de sortie à Vladimir Poutine afin qu’il ne perde pas la face. Cette option signifierait probablement une entente avec l’Ukraine pour céder une partie de son territoire dans l’est du pays.
Une idée à laquelle le président ukrainien Volodymyr Zelensky oppose une fin de non-recevoir, avec l’appui du Canada et des États-Unis.
Pour le Canada, une victoire de l’Ukraine se concrétisera par un retrait total des forces russes du territoire ukrainien, affirme le professeur Frédéric Mérand. Alors que pour la France, l’Italie et l’Allemagne, l’Ukraine devra probablement accepter d’avoir perdu une partie de sa souveraineté pour, un jour, signer un traité avec la Russie.
La position commune qui se dégagera sur cet enjeu dictera en partie les prochaines étapes de l’OTAN dans son soutien à l’Ukraine.
Plus de troupes dans les pays baltes?
Le Canada pourrait être appelé à augmenter sa présence militaire ou ses missions de formation en Lettonie. L’OTAN souhaite augmenter sa présence militaire dans les pays baltes pour consolider sa position défensive et avoir un effet dissuasif sur la Russie.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, fait pression pour que les pays membres s’engagent à hausser leur contribution en Lettonie, en Lituanie et en Estonie. Et il annonce qu’il veut tripler la taille de sa force d’intervention rapide, pour atteindre 300 000 soldats.
C’est sûr que le Canada pourrait toujours en faire plus, estime Stéfanie von Hlatky. Surtout que les dépenses militaires du pays n’ont toujours pas atteint la cible de 2 % de son PIB, contrairement à d’autres alliés comme l’Allemagne. Ça met plus de pression sur le Canada, croit Mme von Hlatky.
L’adhésion de la Suède et de la Finlande
Justin Trudeau apporte déjà son soutien sans équivoque à l’adhésion de la Suède et de la Finlande, un sujet chaud qui sera discuté au sommet de Madrid.
Si la Suède et la Finlande étaient acceptées au sein de l’OTAN, l’Alliance atlantique étendrait son influence jusqu’aux frontières de la Russie.
Ce serait un signe d’échec pour Vladimir Poutine, selon le professeur Frédéric Mérand. Avant la guerre en Ukraine, la Russie luttait contre l’influence accrue de l’OTAN dans la région. Maintenant, l’OTAN pourrait être à la porte de la Russie, dit M. Mérand.
Mais ce n’est pas chose faite. L’OTAN doit accepter les nouveaux membres à l’unanimité. Or, la Turquie s’oppose à l’adhésion de la Suède et de la Finlande, notamment parce qu’elle les accuse (surtout la Suède) de ne pas adopter la ligne dure envers des éléments extrémistes kurdes considérés comme terroristes.
L’objection de la Turquie est surtout un prétexte, croit cependant Stéfanie von Hlatky, dans le but de soutirer des concessions sur d’autres enjeux, notamment l’achat d’avions de chasse américains.
La Turquie est toujours un fauteur de troubles au sein de l’Alliance, explique Frédéric Mérand, surtout parce qu’elle entretient des liens étroits avec la Russie, entre autres pour l’achat d’énergie et d’armement.
Pour Stéfanie von Hlatky, l’adhésion des deux pays est une question de temps. La Suède et la Finlande ont décidé de présenter leur demande ensemble. Le message que ça envoie, c’est que ce ne sera pas une sans l’autre. Ça met un peu plus de pression sur l’OTAN.
De plus, pour la première fois, les premiers ministres du Japon, de l’Australie et de la Corée du Sud ont été invités à l’OTAN. Devant l’agressivité de la Russie et, aussi, la montée en force de la Chine, l’Alliance atlantique se cherche de nouveaux alliés.