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Tunisie: des centaines d’opposants pressent le président de « libérer les détenus »

mars 5, 2023
Tunisie: des centaines d'opposants pressent le president de "liberer les detenus"
Tunisie: des centaines d’opposants pressent le président de « libérer les détenus »© AFP/FETHI BELAID

« Liberté pour les détenus ». Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche au centre de Tunis pour réclamer la remise en liberté de plus de 20 opposants au président Kais Saied, arrêtés ces dernières semaines dans un coup de filet inédit.

« A bas le coup d’Etat. Liberté, liberté pour les détenus », scandaient les sympathisants du Front de salut national (FSN), la principale coalition d’opposition.

Bravant une interdiction de manifester et des injonctions de la police, ils ont franchi des barrières de sécurité après une bousculade, pour se diriger vers l’avenue Habib Bourguiba, l’artère centrale de Tunis.

Au plus fort de la manifestation, ils étaient plus d’un millier, selon des journalistes de l’AFP.

Cette protestation était organisée au lendemain d’une marche — autorisée — de la grande centrale syndicale UGTT qui a mobilisé plus de 3.000 personnes pour protester contre l’arrestation d’un de ses membres.

Le chef de l’UGTT Noureddine Taboubi a rejeté aussi les arrestations d’opposants et appelé le président Saied au « dialogue » et à des « changements démocratiques et pacifiques ».

« Les arrestations font partie d’une politique arbitraire. Nous défendons une cause nationale et nous ne nous arrêterons pas tant que la démocratie et les institutions ne seront pas rétablis », a dénoncé devant la foule dimanche Ahmed Nejib Chebbi, 78 ans, président du FSN.

Beaucoup de manifestants brandissaient le drapeau tunisien et des photos des détenus dont le propre frère de M. Chebbi, Issam, chef du Parti républicain (Al Joumhouri).

Président « putschiste »

Le FSN dont le dirigeant connu Jawhar Ben Mbarek, 55 ans, figure parmi les opposants arrêtés aux côtés de la jeune activiste Chaima Issa, avait appelé à « une manifestation massive ».

Le père de M. Ben Mbarek, Ezzedine Hazgui, un ancien prisonnier de la dictature de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), a dénoncé auprès de l’AFP un « président (qui) a placé toutes les institutions entre ses mains et divisé le peuple ».

« La police protège un président illégitime et putschiste qui a détruit l’Etat et nous empêche d’exercer notre droit de manifester », a-t-il dit.

La coalition du FSN inclut le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, qui a dominé pendant 10 ans le Parlement dissous par le président Saied, dont plusieurs dirigeants ont été arrêtés.

Début février, les autorités ont lancé un coup de filet contre des personnalités dont plusieurs ex-ministres, des hommes d’affaires connus comme Kamel Eltaïef, et le directeur de Radio Mosaïque, la plus écoutée de Tunisie, Noureddine Boutar. Le président les a qualifiés de « terroristes », les accusant de « complot contre la sécurité de l’Etat ».

Cette vague d’arrestations, sans précédent depuis le coup de force du président Saied qui s’est octroyé tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, a été décrite par Amnesty International comme une « chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques ».

Depuis l’été 2021, les ONG et les principaux partis d’opposition dénoncent une « dérive autoritaire » en Tunisie, faisant vaciller la jeune démocratie issue de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

Avec Le Point par AFP

Des milliers de manifestants à Tunis contre le président Saied et la crise économique

octobre 15, 2022
Des milliers de manifestants a Tunis contre le president Saied et la crise economique
Des milliers de manifestants à Tunis contre le président Saied et la crise économique© AFP/FETHI BELAID

Des milliers de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis pour dénoncer les politiques du président Kais Saeid qu’ils accusent d’être responsable de la grave crise économique dans le pays, marquée par des pénuries récurrentes de denrées de base et une forte inflation.

Menés par le Front de salut national, une coalition de partis d’opposition dont fait partie la formation d’inspiration islamiste Ennahdha, les manifestants ont traversé les rues principales de la capitale tunisienne, appelant au départ du président.

« Va-t-en, va-t-en », « Révolte contre Kais le dictateur », « le peuple veut limoger le président », ont scandé les protestataires.

La Tunisie, étranglée par une dette supérieure à 100 % de son PIB et incapable d’emprunter sur les marchés internationaux, est en négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt d’environ deux milliards de dollars.

Cette crise financière s’est traduite ces derniers mois par des pénuries récurrentes de produits de base (farine, sucre, café..) dans un contexte d’inflation galopante (près de 9 % en août sur un an).

Les difficultés de la Tunisie, en dégringolade économique depuis 10 ans, ont été amplifiées par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine qui renchérit les importations de céréales et hydrocarbures dont elle est très dépendante.

Le pays est également englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Saied qui s’est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.

« Cette manifestation reflète la colère face la situation en Tunisie sous Kais Saied et appelle à son départ », a dit à l’AFP l’ancien Premier ministre Ali Laarayedh, vice-président d’Ennahdha.

« Si le pouvoir politique actuel persiste, il n’y a pas d’avenir pour la Tunisie. La pauvreté, le chômage et le désespoir sont en hausse », a-t-il ajouté.

Parallèlement, une autre manifestation contre la dégradation des conditions de vie a également eu lieu samedi à Tunis, organisée par le Parti destourien libre (PDL), une formation d’opposition anti-islamiste.

Les participants à cette manifestation ont brandi des paniers vides en référence à la forte baisse du pouvoir d’achat. Souad, une retraitée, accuse le président Saied de « n’avoir rien fait ». Selon elle, la situation n’a fait qu’empirer » depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

Environ 1.500 personnes ont pris part à la manifestation organisée par le Front de salut national, alors que celle menée par le PDL a rassemblé près de 1.000, a indiqué à l’AFP le ministère de l’Intérieur.

Par Le Point avec AFP

Après le coup de force du président, la Tunisie dans l’attente d’un gouvernement

juillet 28, 2021
Apres le coup de force du president, la Tunisie dans l'attente d'un gouvernement
Après le coup de force du président, la Tunisie dans l’attente d’un gouvernement© AFP/FETHI BELAID

Trois jours après le coup de force du président tunisien Kais Saied, qui s’est octroyé le pouvoir exécutif et a suspendu le Parlement pour 30 jours, les appels se multiplient en faveur d’une feuille de route et pour la mise en place d’un nouveau gouvernement.

Le président a argué des « périls imminents » auxquels était confrontée la Tunisie, plongée depuis des mois dans une profonde crise politique, pour justifier sa prise de pouvoir dimanche.

Il a limogé le Premier ministre Hichem Mechichi, très critiqué pour sa gestion de l’épidémie de Covid-19 qui a laissé la Tunisie à court d’oxygène et débordée par un pic d’hospitalisations, indiquant qu’il exercerait le pouvoir exécutif avec « l’aide d’un gouvernement » dont il devait nommer le chef.

D’influentes ONG tunisiennes ont mis en garde contre tout prolongement « illégitime » de la suspension du Parlement tandis que Paris a appelé mercredi à la « nomination rapide » d’un Premier ministre.

« Le président Saied est devant un grand défi: montrer aux Tunisiens et au monde qu’il a pris les bonnes décisions », souligne le politologue Slaheddine Jourchi.

M. Saied a présidé mercredi une réunion des cadres de l’armée et de la police, sans qu’aucune décision ne soit annoncée.

Calendrier détaillé

Depuis dimanche, le président tunisien a démis de leurs fonctions une série de conseillers gouvernementaux et chargés de missions auprès du Premier ministre, puis écarté le procureur général de la justice militaire ainsi que les ministres de la Défense et de la Justice après s’être attribué le pouvoir judiciaire dans le cadre des mesures exceptionnelles.

S’il a été salué par de nombreux Tunisiens exaspérés par les luttes de pouvoir au Parlement en pleine crise sociale et sanitaire, ce coup de force suscite également de l’inquiétude en Tunisie comme à l’étranger.

Plusieurs organisations de la société civile, influentes dans le seul pays à poursuivre sa démocratisation après la vague de soulèvement des Printemps arabes en 2011, ont plaidé en faveur d’une feuille de route avec un calendrier détaillé.

Elles ont mis en garde dans un texte commun contre tout prolongement « illégitime » de la suspension du Parlement, soulignant la nécessité de respecter le délai de 30 jours mentionné dans l’article 80 de la Constitution sur lequel s’est appuyé Kais Saied.

A Paris, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a souligné lors d’un entretien téléphonique avec son homologue Othman Jarandi « l’importance de la nomination rapide d’un Premier ministre et de la formation d’un gouvernement qui soit à même de répondre aux attentes des Tunisiens ».

La décision dimanche de suspendre le Parlement et de démettre le Premier ministre faisait suite à des manifestations ayant éclaté le jour même à travers la Tunisie contre le gouvernement, principalement contre sa gestion de la crise sanitaire après une nouvelle flambée des cas.

Les milliers de protestataires réclamaient notamment « la dissolution du Parlement ».

Le principal parti au Parlement, Ennahdha, formation d’inspiration islamiste, a dénoncé les mesures prises par le président tunisien comme un « coup d’Etat » et appelé M. Saied à revenir sur ses décisions.

Enquête

M. Saied avait notamment indiqué qu’il présiderait les services du procureur général « pour qu’ils agissent dans le cadre de la loi et qu’ils ne se taisent pas face à des crimes commis contre la Tunisie et dont les dossiers disparaissent ».

Mercredi, le parquet a annoncé avoir ouvert le 14 juillet une enquête contre Ennahdha, son allié Qalb Tounes et la formation Aïch Tounsi, pour une affaire de financement étranger de leur campagne électorale en 2019.

Dix ans après la chute de Zine el Abidine ben Ali, les problème du chômage, profondément enraciné, et de la dégradation des infrastructures publiques et du pouvoir d’achat, à l’origine du soulèvement contre son régime autoritaire, n’ont jamais été résolus. Et la Tunisie fait face à un mur de dettes.

En outre, depuis les élections d’octobre 2019 ayant débouché sur un Parlement très fragmenté, le pays a connu trois chefs de gouvernements et vu s’accentuer les luttes de pouvoir en pleine crise sociale et sanitaire.

Ennahdha s’est dit prêt « à la tenue d’élections législatives et présidentielle anticipées simultanées » pour « éviter que tout retard ne serve de prétexte au maintien d’un régime autocratique ».

Mais avant de telles élections, il faudrait selon un dirigeant d’Ennahdha interrogé par l’AFP, Noureddine B’hiri, « que le Parlement reprenne ses activités et que soit mis fin à son contrôle militaire ».

Par Le Point avec AFP