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Au Soudan, les putschistes arrêtent une militante féministe

février 3, 2022

ALERTE. Malgré l’arrestation de l’ingénieure et activiste Ameera Osman, les militants prodémocratie refusent d’obtempérer face à aux intimidations.

Ce n’est pas la première fois que ce salon bourgeois de l’est de Khartoum est pris d’assaut. En 2019 déjà, à quelques semaines de la chute du dictateur Omar el-Béchir, les forces de l’ordre avaient fait irruption dans cette vaste pièce abritant trois jeux de fauteuils et une table basse respectivement en velours framboise, en tissu or et café, et en bois et toile fleurie. À l’époque, ils recherchaient Amani Osman. L’avocate s’était d’abord échappée, avant d’être rattrapée puis enfermée durant trente-huit jours. Ce 22 février, sa sœur benjamine, Ameera Osman, qui vit, comme toute la famille, sous ce même toit, n’a pas eu cette chance. Il était 23 h 30 lorsqu’une trentaine d’hommes se sont introduits par la porte arrière de la demeure. Ameera Osman se déplace en outre avec difficulté depuis que sa colonne vertébrale a été touchée lors d’un éboulement de façade, il y a cinq ans.

Cette ingénieure en informatique de 40 ans est bien connue des services de renseignements soudanais (GIS). Sous l’ancien régime, elle avait été interpellée car elle portait un pantalon ou encore refusait de mettre le voile, alors obligatoire. Membre du Parti communiste, elle est par ailleurs active au sein du comité de résistance de son quartier et a pris la tête, en avril dernier, du mouvement Non à l’oppression des femmes. Cette nouvelle incarcération intervient dans un contexte de reprise en main du pouvoir par les militaires depuis le coup d’État du 25 octobre. Une situation encore aggravée par la restauration, fin décembre, des pleins pouvoirs du GIS.

Un lieu de détention inconnu 

Amani Osman a assisté, impuissante, à l’invasion de la horde d’hommes, au visage dissimulé par une écharpe. Certains étaient armés de kalachnikovs, de pistolets et de tuyaux de canalisation en guise de bâtons – dont un, oublié, se dresse au milieu des plantes vertes et services à café décoratifs du séjour familial. « Ils se sont présentés comme la brigade des stupéfiants. Ils ont dit qu’ils emmenaient Ameera pour l’interroger et qu’elle rentrerait après », rapporte sa sœur aînée, qui ne croit pas, un instant, à ces explications douteuses. Elle s’empresse d’alerter, sur les réseaux sociaux, ses compatriotes, engagés pour beaucoup dans une fervente lutte contre les putschistes.

Amani Osman, ses proches et ses collègues du barreau sont ensuite baladés entre plusieurs postes de police de la capitale. L’ingénieure semble finalement localisée à la prison pour femmes d’Omdourman, ville voisine de la capitale. Mais impossible, une fois sur place, de voir la détenue. « Les services de sécurité ont fini par nous assurer qu’elle n’était pas avec eux et qu’elle était peut-être retenue par les Forces de soutien rapide [puissante milice dirigée par le vice-président du Conseil souverain, NDLR] ou par les militaires. Ils ont toutefois refusé de signer un papier officiel pour l’attester, poursuit l’avocate. Les autorités veulent faire peur aux femmes et les décourager de protester contre ce régime. Leur message s’adresse à toutes les femmes car tout le monde connaît Ameera ! »

Une tentative vaine de museler les femmes 

« Elle était toujours en tête des cortèges, même avec ses béquilles », assure Ihsan Fagiri, l’ex-présidente de Non à l’oppression des femmes, également passée par la case prison sous el-Béchir. À travers l’arrestation de son amie, cette médecin dénonce « un nouveau type de violence qui vise à terroriser les femmes pour les empêcher de sortir et de faire entendre leur voix. » Pas question d’obtempérer pour autant. Ce 2 février, une bonne soixantaine de femmes de tout âge, accompagnées de quelques hommes, se sont en effet réunies devant les locaux du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pour réclamer la libération d’Ameera Osman et des dizaines d’autres détenus politiques.

Entre deux slogans, Malk Ihssan, une étudiante en faculté d’ingénierie, explique que ses « amis sont dans les prisons du général Burhane [principal auteur du coup d’État, NDLR], sans aucune raison ». Nous demandons leur libération car ce ne sont pas des criminels. Ils sont simplement descendus dans la rue pour réclamer la liberté et un gouvernement civil. » « Ainsi que la justice pour le Soudan, complète sa cadette, Minatallah Ihssan. Les militaires ne peuvent pas nous empêcher de continuer à manifester. »

Une militante historique 

À quelques mètres des deux jeunes femmes, Faisal Salih, l’ancien ministre de la Culture et de l’Information, devenu conseiller de l’ex-Premier ministre Abdallah Hamdok jusqu’au coup d’État, confirme : « Les militaires pensent que cela va nous décourager, mais nous n’arrêterons pas. » Lui-même détenu pendant un mois après le putsch, il s’est surtout déplacé pour soutenir son amie de longue date. « C’est une femme très forte et très engagée dans la défense des droits de l’homme. Nous avons travaillé ensemble pour de nombreux événements, des ateliers, des manifestations, énumère Faisal Salih. L’arrestation d’Ameera constitue une flagrante violation des droits de l’homme. Elle n’a fait qu’utiliser ses droits civiques et des moyens pacifiques pour réclamer la démocratie. Elle n’a jamais entretenu de lien avec une organisation violente et mérite, par conséquent, d’être traitée de manière équitable. » Or son état de santé, tout comme la réputation des services de sécurité, tristement célèbres pour perpétrer mauvais traitements, torture et viols, inquiète les proches d’Ameera Osman. 

De son côté, l’ONG britannique Redress appelle « les experts des Nations unies à intervenir de toute urgence en faveur d’une éminente militante soudanaise des droits des femmes ». En attendant, les petits-neveux et nièces de l’activiste restent traumatisés par le rapt nocturne qui a fait remonter les amers souvenirs hérités de la dictature. « Les enfants ont peur. Maintenant, nous fermons systématiquement la porte d’entrée et ils me supplient de ne plus sortir », raconte Amani Osman. En cet après-midi du 2 février, tous avaient malgré tout quitté leur coquet salon afin de réclamer justice pour cette icône de la lutte pour les droits des Soudanaises.

Avec Le Point par sa correspondante à Khartoum, Augustine Passilly

Soudan : journée sanglante à Khartoum, le chef de bureau d’Al-Jazeera arrêté

novembre 14, 2021
Des manifestants protestent contre le coup d’Etat militaire au Soudan, à Khartoum, le 13 novembre 2021. © AFP

Les forces de sécurité ont arrêté dimanche le chef de bureau de la chaîne qatarie à Khartoum, renforçant la pression sur les médias au lendemain de l’une des journées les plus sanglantes depuis le putsch.

Après la détention de centaines de militants, opposants et manifestants hostiles au coup d’État mené le 25 octobre par le général Abdel Fattah al-Burhane, les autorités « ont perquisitionné la maison du chef de bureau d’Al-Jazeera, Al-Moussalami al-Kabbachi », un Soudanais, et l’ont arrêté », selon la chaîne satellitaire.

Le Soudan est entré dans une période de turbulence le 25 octobre quand le général Burhane, le chef de l’armée auteur du coup d’État, a fait arrêter la plupart des civils avec lesquels il partageait le pouvoir, dissous les institutions du pays -y compris la plus importante – le Conseil de souveraineté – et décrété l’état d’urgence.

Depuis, Al-Jazeera a couvert les manifestations hostiles au putsch, notamment en les diffusant en direct. La chaîne a également interviewé il y a moins d’une semaine le général Burhane qui n’a accordé que deux entretiens depuis son coup de force.

Déploiement militaire et coupure d’internet

Avant l’arrestation de M. Kabbachi, dont les causes n’ont pas été précisées, de nombreux journalistes des médias d’État ont, dans le sillage du putsch, été remplacés et interdits de revenir à leur poste à l’agence officielle Suna et à la radio-télévision d’État.

DEPUIS LE 25 OCTOBRE, 21 MANIFESTANTS ONT ÉTÉ TUÉS ET DES CENTAINES BLESSÉS DANS LA RÉPRESSION

Samedi, les partisans d’un pouvoir civil sont parvenus à rassembler à travers le pays des dizaines de milliers de personnes contre le putsch, et ce malgré un déploiement militaire impressionnant et la coupure d’internet qui les obligent à s’organiser par SMS ou via des graffitis sur les murs.

Selon un dernier bilan du syndicat de médecins prodémocratie, six manifestants ont été tués lors de ces protestations à Khartoum, dont un adolescent de 15 ans. Depuis le 25 octobre, 21 manifestants ont été tués et des centaines blessés dans la répression, d’après cette source.

Nouvelle manifestation mercredi

La police a nié avoir ouvert le feu sur les manifestants et fait état de « 39 blessés graves » dans ses rangs. L’ambassade des États-Unis a condamné un usage « excessif de la force », après que l’ONU et des ambassadeurs occidentaux ont appelé les forces de sécurité à éviter une effusion de sang dans un pays où plus de 250 manifestants ont été tués lors de la révolte populaire qui poussa l’armée à écarter en avril 2019 le dictateur Omar el-Béchir.

Mais la répression sanglante n’entame pas la détermination du front anti-putsch. Les Forces de la liberté et du changement (FLC), bloc civil né de la révolte anti-Béchir, a appelé à une nouvelle démonstration de force dans la rue mercredi. « Notre route vers un État civil et démocratique ne s’arrête pas là », a affirmé dans un communiqué le bloc, dont plusieurs dirigeants ont été arrêtés depuis le coup d’Etat. L’un des leaders des FLC, Hamza Baloul, ministre de l’Information arrêté le 25 octobre puis relâché, a manifesté samedi. « Pas de négociation avec les putschistes, c’est le peuple qui décide », a-t-il lancé au milieu des manifestants, selon une vidéo mise en ligne par son bureau. À l’étranger, des Soudanais ont également manifesté contre le coup d’État dans des capitales européennes.

Formation « imminente » d’un gouvernement

Faisant fi des condamnations internationales, le général Burhane, qui dirigeait le Conseil de souveraineté, a décidé d’entériner le nouvel état de fait créé par le putsch. Il s’est renommé à la tête du Conseil formé désormais de militaires et de civils apolitiques en remplacement de ceux qu’il avait déposés ou arrêtés.

Le général Burhane et son second, le général Mohammed Hamdane Daglo, chef des RSF accusé d’exactions, ont promis « des élections libres et transparentes » à l’été 2023. « Maintenant que le coup d’État a eu lieu, les militaires veulent consolider leur mainmise sur le pouvoir », décrypte Jonas Horner, chercheur à l’International Crisis Group.

L’armée n’a libéré que quatre ministres arrêtés lors du putsch, et le Premier ministre renversé, Abdallah Hamdok, demeure en résidence surveillée. Et face aux appels à un retour au gouvernement civil, le général Burhane promet depuis plusieurs jours la formation « imminente » d’un gouvernement, qui se fait toujours attendre.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Soudan: 4 morts au premier jour de «désobéissance civile»

juin 9, 2019

 

Quatre personnes ont été tuées ce dimanche au premier jour d’un mouvement national de «désobéissance civile» lancé par les meneurs de la contestation au Soudan contre les généraux au pouvoir, ont annoncé des médecins proches des manifestants.

Deux des quatre personnes décédées ont été tuées par balles à Khartoum et la ville voisine d’Omdourman, tandis que les deux autres ont été «battues et poignardées» et sont mortes dans un hôpital d’Omdourman, a indiqué ce comité de médecins dans des communiqués distincts. Ces personnes ont été victimes «du Conseil militaire de transition» et de ses «milices», a accusé la même source.

Le bilan total des victimes depuis le déclenchement d’une violente répression le 3 juin -marquée par la dispersion ce jour-là du sit-in de Khartoum- est de 118 morts, a ajouté ce comité de médecins.

Par Le Figaro.fr avec AFP

Soudan: une dizaine de manifestants blessés par balles à Khartoum

mai 13, 2019

 

Une dizaine de manifestants soudanais ont été blessés lundi soir par des tirs à balles réelles près du sit-in organisé depuis début avril par l’opposition dans le centre de Khartoum, a-t-on appris de sources médicales. Un soldat aurait également été tué.

Ces incidents surviennent alors que le Conseil militaire de transition (CMT), qui assure l’intérim du pouvoir au Soudan depuis la chute du président Omar el Béchir, est parvenu à un accord avec l’opposition sur de nouvelles structures de transition.

Un conseil souverain, dont la composition et la durée de mandat doivent être définis mardi, remplacera l’actuel CMT. «Nous avons discuté de la structure de l’autorité de transition et nous sommes tombés totalement d’accord. Nous avons aussi un accord sur le système de gouvernance durant la période de transition», a annoncé le général Chams El Din Kabbachi, porte-parole du CMT.

Un porte-parole de la «Déclaration des forces de la liberté et du changement», alliance d’organisations d’opposition et de la société civile, a confirmé cet accord.

Après plusieurs mois de manifestations de rue, l’armée a évincé le 11 avril le président Omar el Béchir qui était à la tête du pays depuis 1989. Les protestataires poursuivent leur mouvement afin de maintenir la pression sur les militaires.

A Khartoum lundi soir, des forces paramilitaires patrouillaient dans les rues, utilisant gaz lacrymogène et tirs à balles réelles pour disperser des groupes de manifestants bloquant les rues de la capitale soudanaise.

Les manifestants accusent des agents contre-révolutionnaires d’accroître les tensions afin de faire échouer un accord politique.

Omar el Béchir a été inculpé avec d’autres pour incitation au meurtre de manifestants, ont annoncé les services judiciaires lundi. L’ex-président n’a pas fait de commentaires publics depuis son arrestation.

Par Le Figaro.fr avec Reteurs

Soudan du Sud: signature d’un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir

juillet 25, 2018

Khartoum – Le gouvernement et les rebelles du Soudan du Sud ont signé mercredi à Khartoum un accord « préliminaire » sur le partage du pouvoir qui, selon le ministre soudanais des Affaires étrangères, permettra le retour du dirigeant rebelle Riek Machar au poste de premier vice-président.

Le Soudan du Sud s’est enfoncé dans une guerre civile fin 2013 quand Salva Kiir a accusé son vice-président Riek Machar de fomenter un coup d’État. Le conflit dans ce pays, indépendant du Soudan depuis 2011, a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

MM. Kiir et Machar sont déjà convenus d’instaurer un cessez-le-feu permanent et de retirer leurs troupes des zones urbaines. Ils avaient également convenu le 7 juillet d’un partage du pouvoir mais la signature avait été reportée en raison de divergences.

« Le document sur le partage du pouvoir a été signé et porte sur toutes les questions relatives à la période de transition », a indiqué le chef de la diplomatie soudanaise Al-Dirdiry Ahmed, en annonçant cet accord.

« Salva Kiir restera le président du Soudan du Sud et Riek Machar sera le premier vice-président », a-t-il déclaré lors de la cérémonie de signature dans la capitale du Soudan, où se déroule depuis juin une nouvelle série de pourparlers de paix.

« Il y aura quatre autres vice-présidents répartis parmi les autres groupes politiques », a-t-il ajouté.

Une question encore à régler est le partage du pouvoir au niveau des régions et des départements. « Les négociations sur cette question vont se poursuivre jusqu’à la conclusion d’un accord », a-t-il assuré.

Il a ajouté que certains, au sein de l’opposition, avaient refusé de signer le document mercredi, tout en faisant état de discussions avec ces groupes.

Selon ce texte, le gouvernement de transition sera composé de 35 ministres –20 du groupe de Salva Kiir et neuf de celui de Riek Machar, le reste représentant les autres groupes.

Le Parlement comptera 550 députés, dont 332 du groupe de Salva Kiir et 128 de celui de Riek Machar.

Le ministre soudanais des Affaires étrangères a également annoncé qu’une commission indépendante se chargerait de décider du nombre de provinces du Soudan du Sud.

Après ce document préliminaire, l’accord définitif doit être signé le 5 août, a-t-il affirmé.

Un accord similaire avait été signé en 2015 mais avait été violé après une bataille meurtrière à l’issue de laquelle Riek Machar était parti en exil.

L’ONU a imposé le 13 juillet un embargo sur les armes au Soudan du Sud, alors que les tractations diplomatiques n’avaient pas, en près de cinq ans de conflit, réussi à mettre un terme à la guerre civile.

Romandie.com avec(©AFP / 25 juillet 2018 17h08)                                                                                                                                                                       

Le gouvernement sud-soudanais cherche à écarter Machar des négociations

juin 22, 2018

L’opposant sud-soudanais Riek Machar à Addis Abeba le 21 juin 2018 / © AFP / YONAS TADESSE

Les pourparlers de paix sud-soudanais ont pris vendredi une mauvaise tournure, le président Salva Kiir s’efforçant de marginaliser le chef rebelle Riek Machar, même s’il a dû se résoudre à une nouvelle rencontre avec lui lundi à Khartoum.

Les différents acteurs d’une guerre civile déclenchée en décembre 2013, deux ans après l’indépendance du pays, et qui a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire catastrophique, continuent à souffler le chaud et le froid.

Mercredi soir, la rencontre à Addis Abeba entre Salva Kiir et Riek Machar avait laissé percer l’espoir qu’une solution négociée soit bientôt trouvée. Il s’agissait de la première entrevue en deux ans entre deux personnalités dont la rivalité est à l’origine de la guerre.

Les bureaux du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui préside l’Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), l’organisation régionale qui œuvre depuis de longs mois à réactiver le processus de paix, avaient publié des photos des trois hommes se donnant l’accolade.

Et jeudi, un sommet avait réuni à Addis Abeba plusieurs chefs d’État des pays membres de l’Igad, le Soudanais Omar el-Béchir, le Kényan Uhuru Kenyatta, le Somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, mais pas l’Ougandais Yoweri Museveni, un acteur-clé, pour accentuer encore la pression.

Vendredi, le gouvernement sud-soudanais a douché l’enthousiasme des plus optimistes en affirmant que Riek Machar, chef du SPLM-IO (Mouvement populaire de libération du Soudan – Opposition), n’avait pas sa place dans le gouvernement d’union nationale.

Le président sud-soudanais Salva Kiir (c) arrive au sommet de l’Igad le 21 juin 2018 aux côtés du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (d) et du président kenyan Uhuru Kenyatta (g) / © AFP / YONAS TADESSE

« Nous en avons assez de Riek Machar, des dommages que Riek Machar a causés aux Sud-Soudanais », a déclaré en conférence de presse à Addis Abeba le ministre de l’Information Michael Makuei, un des durs du régime.

Il a appelé M. Machar, s’il veut être président un jour, « à attendre les élections », montrant, par cette prise de position, à quel point les inimitiés sont solidement enracinées, en dépit des sourires de façade.

La guerre avait éclaté en décembre 2013 à Juba, lorsque M. Kiir, un Dinka, avait accusé M. Machar, son ancien vice-président, de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Avant cette semaine, les deux hommes ne s’étaient plus parlés en face-à-face depuis juillet 2016, quand avaient éclaté dans la capitale Juba d’intenses combats entre leurs troupes.

– Rencontre lundi à Khartoum –

Des Sud-Soudanaises font la queue pour des vivres dans un centre de protection des civils à Bentiu, au Soudan du Sud, le 13 février 2018 / © AFP / Stefanie GLINSKI

Ces affrontements avaient forcé M. Machar à fuir en Afrique du Sud, et signifié l’échec d’un accord de paix conclu en août 2015 ayant permis au chef rebelle d’être réinstallé au poste de vice-président.

Malgré sa rhétorique anti-Machar, le gouvernement a cependant cédé à la requête des chefs d’État de l’Igad d’organiser une nouvelle rencontre entre MM. Machar et Kiir lundi à Khartoum, au Soudan.

« C’est une décision des chefs d’État et nous la respecterons », a assuré M. Makuei. Les deux camps négocient depuis des mois sous l’égide de l’Igad, mais cette nouvelle réunion doit permettre doit permettre d’accélérer le processus.

Elle est une des principales décisions adoptées cette semaine. Elle sera suivie d’une autre rencontre à Nairobi et l’accord final devrait être signé à Addis Abeba dans un délai de deux semaines, d’après le gouvernement sud-soudanais.

Dans cet intervalle, M. Machar sera autorisé à rester dans une de ces villes, mais le gouvernement sud-soudanais a affirmé avoir obtenu de l’Igad qu’il ne puisse ensuite demeurer « dans la région ou quelque part près du Soudan du Sud ».

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011 / © AFP / Sophie RAMIS

Parmi les différends à régler figure le poste de vice-président, occupé actuellement par Taban Deng, un ancien allié de M. Machar qui avait fait défection en juillet 2016 avec une partie du SPLM-IO, selon un document transmis à la presse par le gouvernement.

Ce texte indique notamment qu' »aucun compromis sur le partage du pouvoir » au sein du gouvernement n’a été trouvé et qu’un désaccord persiste sur « le calendrier pour l’unification des forces armées ».

Le SPLM-IO a condamné les « propos irresponsables » de M. Makuei, estimant qu’ils étaient destinés à « faire dérailler le processus de paix ». La rébellion avait dès jeudi fait part de ses propres réticences, qualifiant d' »irréaliste » la manière dont sont menés les actuels efforts de paix.

Ce conflit a depuis le début été marqué par des revirements en tout genre, comme en témoigne le dernier cessez-le-feu en date, scellé le 24 décembre à Addis Abeba sous l’égide de l’Igad, et violé dès son entrée en vigueur.

Et malgré la pression internationale, rien ne dit que M. Kiir soit disposé à faire des concessions, ses forces semblant en passe de prendre le dessus militairement face à une rébellion de plus en plus éclatée.

Romandie.com avec(©AFP / 22 juin 2018 14h26)

Des étudiants étrangers à Khartoum en route pour la Syrie

juin 28, 2015

Khartoum – Douze étudiants, dont des Britanniques et des Canadiens, sont soupçonnés d’avoir quitté Khartoum pour la Turquie afin de rejoindre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a indiqué à l’AFP dimanche leur université.

Nous confirmons d’après plusieurs sources que douze étudiants en médecine sont partis en Turquie vendredi, a précisé le doyen de l’université Ahmed Babikir.

Sur ces douze étudiants, tous d’origine soudanaise, sept sont Britanniques, deux sont Canadiens, un est Américain et deux sont Soudanais, a indiqué le doyen, sans mentionner leur nom. Parmi eux se trouvent trois femmes, a-t-il ajouté.

Selon le doyen, les autorités de l’aéroport de Khartoum ont confirmé que les étudiants s’étaient envolés vendredi pour la Turquie. Leurs familles ont déclaré ne pas avoir eu de nouvelles de leurs enfants depuis, et que leurs passeports avaient disparu.

Vu qu’ils n’ont pas prévenu leur famille de leur départ, il est probable qu’ils tentent d’aller en Syrie pour rejoindre l’EI, a estimé M. Babikir.

Tous étaient en dernière année de médecine, a précisé une source de l’université sous le couvert de l’anonymat, ajoutant qu’ils avaient été recrutés pour l’EI par des individus se trouvant dans l’enceinte de l’université.

Beaucoup d’étudiants de cette université sont des étrangers d’origine soudanaise.

L’ambassade britannique à Khartoum a confirmé le départ de sept ressortissants britanniques du Soudan vers la Turquie. Nous travaillons main dans la main avec les autorités turques afin d’établir où ils se trouvent, a indiqué le chargé de communication de la mission, Ishtiaq Ghafoor, sans plus de détails.

Les ambassades canadienne et américaine n’étaient pas en mesure de commenter ces informations dans l’immédiat.

En mars, neuf étudiants britanniques d’origine soudanaise inscrits dans la même université avaient rejoint la Turquie puis la Syrie.

Leurs parents avaient vainement tenté de les retrouver en se rendant à la frontière entre la Turquie et la Syrie.

Romandie.com avec(©AFP / 28 juin 2015 16h26)

Soudan: une femme risque le fouet pour avoir ôté son voile

septembre 8, 2013

KHARTOUM – Une Soudanaise, arrêtée pour ne pas avoir caché ses cheveux, a dit être prête à risquer la flagellation pour défendre son droit à ne pas porter de voile alors que son procès doit reprendre le 19 septembre.

Amira, les cheveux bruns aux reflets dorés finement nattés

Amira, les cheveux bruns aux reflets dorés finement nattés

Ils veulent que nous devenions comme les femmes des talibans, dénonce Amira Osmane Hamed dans des déclarations à l’AFP.

D’après la loi soudanaise, ses cheveux –et ceux de toutes les femmes– doivent être dissimulés sous un hijab.

Amira, 35 ans, refuse d’en porter et risque le fouet si elle est reconnue coupable lors de son procès, qui se tient en vertu de l’article 152 du code pénal soudanais qui prohibe toute tenue indécente, une formulation vague qui, selon des militants, laisse les femmes à la merci du harcèlement policier.

Cette loi a fait passer les femmes soudanaises de victimes à criminelles, dit la jeune femme, divorcée, qui dirige sa propre entreprise.

Elle dit avoir été arrêtée le 27 août dernier. Elle se trouvait dans un bâtiment officiel près de Khartoum quand un policier lui a demandé de façon agressive de recouvrir ses cheveux. Tu n’es pas Soudanaise. Quelle est ta religion? ajoute-t-il.

Je suis Soudanaise. Je suis musulmane, et je ne couvrirai pas mes cheveux, a répondu Amira, les cheveux bruns aux reflets dorés finement nattés, avec quelques boucles dans le dos.

Emmenée au commissariat, elle a été détenue quelques heures, inculpée puis relâchée contre une caution.

Le porte-parole de la police n’était pas joignable dimanche.

Rania, un pseudonyme, a elle aussi passé quelques heures en détention pour ne pas avoir porté de voile, et une autre fois pour avoir porté un pantalon.

Tu es une salope. Tu veux coucher avec des hommes, c’est pour ça que tu t’habilles comme ça, lui ont lancé les policiers.

Pourquoi les femmes qui vivent ici ne peuvent pas s’habiller comme elles veulent ? demande Rania, qui précise quand même que la loi n’est pas la même pour tout le monde. Comme Amira, elle dénonce des règles à géométrie variable, les femmes les plus riches ne se faisant pas arrêter lorsqu’elles sont têtes nues dans les restaurants chics.

Lors de la première convocation d’Amira Hamed au tribunal le 1er septembre, une centaine de femmes sont venues la soutenir. La plupart étaient venues tête nue, comme Amira, qui n’a jamais, jamais porté le hijab.

Son affaire, qui a attiré l’attention de militants des droits de l’Homme, est la dernière d’une série de cas qui ont mis en lumière les lois mises en place depuis le coup d’Etat d’Omar el-Béchir en 1989.

En 2009, le cas de la journaliste soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein, incarcérée pour avoir porté un pantalon jugé indécent, avait attiré l’attention du monde entier sur la condition des femmes au Soudan.

Elle avait été libérée après que l’Union des journalistes soudanais avait payé son amende, mais dix des femmes arrêtées en même temps qu’elle avaient été convoquées ensuite par la police et fouettées dix fois chacune.

Mme Hamed espère que les lois vont changer. Entre-temps elle se dit prête à toute condamnation lors de son procès — y compris la flagellation.

Je prends ce risque pour dire ce qui se passe dans notre pays et j’espère que ce sera la dernière fois qu’une femme soudanaise est arrêtée en vertu de cette loi.

Romandie.com avec (©AFP / 08 septembre 2013 16h35)

ALERTE – Le Soudan annule les accords avec le Sud sur le pétrole et la sécurité

juin 9, 2013

KHARTOUM – Le Soudan a annoncé dimanche l’annulation des neuf accords sur la sécurité et la coopération économique signés en mars avec le Soudan du Sud, mettant fin à un bref intermède d’apaisement après des affrontements à la frontière.

Nous allons annuler l’ensemble des neuf accords, pas seulement celui sur le pétrole, a déclaré le ministre soudanais de l’Information, Ahmed Bilal Osmane, lors d’une conférence de presse après la décision de Khartoum de bloquer les exportations de pétrole sud-soudanais.

Romandie.com avec (©AFP / 09 juin 2013 15h37)

Soudan: 38 morts dans un accident de la route

juin 4, 2013

KHARTOUM – Trente-huit personnes sont mortes mardi dans une collision entre un bus et un camion, a indiqué la police, en mettant en cause la vitesse.

L’accident s’est produit dans l’Etat du Nil Blanc, à El-Gouteina, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Khartoum, a précisé la police dans un communiqué, en faisant également état de blessés.

Le bus se rendait d’Omdurman, ville jumelle de Khartoum, à El-Obeid, la capitale de l’Etat du Kordofan-Nord, quand il est entré en collision avec un camion circulant en sens inverse, selon la même source.

L’accident s’est produit en raison de la grande vitesse à laquelle roulaient les deux véhicules, a affirmé le général Abdurahman Hassan Abdurahman.

Les accidents de la route meurtriers sont relativement fréquents au Soudan et impliquent souvent des bus.

En décembre, 33 personnes avaient été tuées et 24 blessées quand deux bus étaient entrés en collision au sud-est de Khartoum.

Romandie.com avec (©AFP / 04 juin 2013 20h30)