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Ukraine: Kharkiv et Marioupol sous les bombes, combats à Kherson

mars 2, 2022
Des pompiers éteignent les restes d'un incendie dans un grand bâtiment presque entièrement démoli.

Les tirs russes ont détruit des infrastructures sur le campus de l’Université nationale de Kharkiv le 2 mars 2022. Photo : Reuters/Oleksandr Laphyn

La Russie poursuit son offensive contre plusieurs grandes villes d’Ukraine mercredi, dont Kharkiv, où une université et un hôpital ont notamment été visés, faisant des victimes parmi les civils.

Au septième jour de l’invasion lancée par Vladimir Poutine, une nouvelle salve de bombes s’est abattue mercredi matin sur Kharkiv, deuxième ville du pays, visant les sièges régionaux des forces de sécurité et de police, de même que l’université de cette métropole située à 50 km de la frontière russe.

Selon une estimation des services d’urgence, ces attaques ont fait au moins quatre morts et neuf blessés. Les secours précisent aussi avoir déployé 21 véhicules et 90 personnes pour éteindre des incendies en cours et prendre en charge les victimes.

« Il ne reste plus de zone à Kharkiv où un obus d’artillerie n’a pas encore frappé. »— Une citation de  Anton Guerachtchenko, conseiller du ministre de l’Intérieur ukrainien

Quelques heures plus tôt, le gouverneur de la région, Oleg Synegubov, avait estimé que les derniers tirs de missiles et barrages d’artillerie avaient tué au moins 21 personnes en plus d’en blesser 112 autres.

Des troupes aéroportées russes sont aussi débarquées à Kharkiv, a annoncé à l’aube l’armée ukrainienne, sans donner une idée de leur nombre.

Ces troupes ont attaqué un hôpital local, peut-on lire dans une publication de l’État-major ukrainien parue tôt mercredi matin sur Telegram. Un combat est en cours entre les envahisseurs et les Ukrainiens.

Des athlètes canadiens qui tiennent des drapeaux du Canada.

Au 7e jour de l’invasion de l’Ukraine, la ville de Kharkiv dans l’est a été sévèrement touchée par des bombardements. Les détails avec Marie-Eve Bégin.

Kharkiv, ville de 1,4 million d’habitants, avait déjà été bombardée au cours des derniers jours, faisant plusieurs dizaines de victimes parmi les civils.

Le dernier décompte provisoire des Nations unies affirme qu’au moins 136 civils ont été tués et que 400 autres ont été blessés depuis le début de l’assaut russe, jeudi dernier. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a toutefois averti que le bilan réel risque d’être nettement plus élevé.

Les autorités ukrainiennes, elles, rapportent plus de 350 morts parmi les civils, dont 14 enfants.

La Russie, pour sa part, communique très peu sur son offensive, et encore moins sur ses pertes sur le terrain. Affirmant avoir capturé des dizaines de soldats russes, le ministère de la Défense ukrainien a invité mercredi leurs mères à venir les chercher sur son territoire, à Kiev, plus précisément.

Des armes interdites et dévastatrices?

Des organisations comme Amnistie internationale et Human Rights Watch dénoncent depuis quelques jours l’emploi par l’armée russe de bombes à sous-munitions –interdites par la convention d’Oslo depuis 2010– dans les zones civiles, et évoquent des crimes de guerre, photos et vidéos à l’appui. L’usage d’armes thermobariques, extrêmement dévastatrices et très peu précises, a également été évoqué, mais n’a pas été confirmé de façon indépendante.

Calme relatif à Kiev

Dans la capitale, où les habitants qui n’ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut, un calme relatif règne mercredi, après des frappes la veille sur la tour de télévision, qui ont fait cinq morts.

Des photos de la société américaine d’imagerie satellitaire Maxar diffusées dans la nuit de lundi à mardi montraient un long convoi russe, composé de chars et de blindés, mais aussi de camions citernes, à environ 25 kilomètres au nord de Kiev.

Un responsable du Pentagone a cependant indiqué que la progression de ce convoi d’une soixantaine de kilomètres semblait au point mort, évoquant de possibles problèmes d’approvisionnement en nourriture et en carburant.

Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs indiqué dans la nuit redouter une offensive à Kiev depuis le Bélarus, au nord, pays limitrophe de l’Ukraine qui sert d’arrière-base pour les troupes de Vladimir Poutine.

Le maire de Kiev, l’ex-boxeur Vitaly Klitschko, a fait état de combats dans la banlieue de la ville et a appelé tous les résidents de Kiev à faire preuve de résilience.

« Kiev tient et va tenir. »— Une citation de  Vitaly Klitschko, maire de KievUne femme marche avec des sacs près d'un char militaire qui semble brûlé.

Une femme marche près d’un char militaire, à Boutcha, en banlieue nord-ouest de Kiev. Photo : Reuters/Serhii Nuzhnenko

Le contrôle de Kherson revendiqué

Le ministère de la Défense russe a affirmé mercredi matin s’être emparé de la ville portuaire de Kherson, située au sud du pays, près de la péninsule de Crimée, après des combats de rue acharnés ces dernières heures.

Quelques minutes plus tôt, le maire ukrainien de la ville, Igor Kolykhaïev, avait toutefois indiqué que la localité était toujours sous contrôle ukrainien, même si les Russes étaient au port et à la gare.

Nous sommes encore l’Ukraine. Nous résistons toujours, a-t-il indiqué sur son compte Facebook, s’engageant du même coup à trouver des solutions pour rassembler les morts, pour rétablir l’électricité, le gaz, l’eau et le chauffage dans les endroits où cela a été coupé.

La ville et sa périphérie, situées au niveau de l’embouchure du fleuve Dniepr et de la mer Noire, ont subi ces dernières heures d’intenses bombardements.

La ville n’est pas tombée, nous continuons le combat, a pour sa part assuré Oleksi Arestovich, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, à la mi-journée mercredi.

Marioupol, autre ville stratégique et portuaire du sud, était elle aussi toujours la cible mercredi de bombardements incessants. Nous nous battons, nous n’abandonnerons pas la défense de notre patrie, a déclaré le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, en direct à la télévision ukrainienne.

La veille, plus d’une centaine de personnes ont été blessées dans des tirs de l’armée russe, selon M. Boïtchenko.Un homme blessé sur une civière entouré de secouristes.

Des ambulanciers paramédicaux prennent en charge un homme blessé par un bombardement dans un quartier résidentiel de Marioupol, dans le sud-est du pays, où un hôpital de maternité a été converti pour soigner les blessés. Photo: AP/Evgeniy Maloletka

Le contrôle de Marioupol pourrait permettre aux troupes russes de rejoindre celles des séparatistes de la région du Donbass, créant ainsi un pont de la Crimée annexée jusqu’à la frontière russe. Ce gain stratégique permettrait aussi à Vladimir Poutine de bloquer l’accès à la mer d’Azov à l’Ukraine.

Selon Moscou, cette jonction entre les deux groupes serait déjà faite depuis mardi, mais cette information n’a pas été confirmée par les autorités ukrainiennes.

Le port de Berdiansk, lui, est officiellement aux mains de l’armée russe.

Radio-Canada avec les informations de Reuters, Agence France-Presse et Associated Press