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Sommet de Kigali : une occasion historique d’en finir avec les maladies négligées 

juin 22, 2022

Organisé ce 23 juin dans la capitale rwandaise en marge du sommet du Commonwealth, le forum sur le paludisme et les maladies tropicales négligées doit être l’occasion de rappeler aux décideurs politiques l’importance de l’innovation médicale et des partenariats, pilotés et soutenus par les Africains, dans la lutte contre ce fléau.

Le ministère de la Santé de l’État de Lagos et ses partenaires organisent une marche de sensibilisation pour la journée mondiale de lutte contre le paludisme à Alausa, Ikeja, au Nigeria, le 26 avril 2022. © ADEKUNLE AJAYI/NurPhoto via AFP

Il y a trente ans, l’un de mes patients, un jeune garçon atteint de leishmaniose viscérale, est mort dans mes bras. La leishmaniose viscérale, aussi appelée fièvre noire, est une maladie parasitaire négligée, endémique en Afrique de l’Est, qui touche principalement les enfants de moins de 15 ans. Ce jeune patient était originaire de Baringo, une région du Kenya affectée par la maladie et située à 250 km de Nairobi. À l’époque, le traitement qui aurait pu le sauver était très difficile d’accès dans son village.

Plus de 1,7 milliard de personnes menacées

C’est cette tragédie qui m’a amenée, alors jeune médecin, à consacrer ma vie à la découverte et au développement de meilleurs médicaments contre les maladies tropicales négligées (MTN). La leishmaniose viscérale n’est qu’une de ces nombreuses maladies infectieuses qui, chaque année, tuent, handicapent et défigurent des millions de personnes. Elles affectent aussi les moyens de subsistance des familles et l’éducation des enfants, et constituent ainsi un frein au développement socio-économique des pays concernés en maintenant les communautés atteintes dans un cycle d’extrême pauvreté.

Même si 1,7 milliard de personnes dans le monde sont menacées par les maladies négligées, les seuls traitements disponibles sont trop souvent toxiques, longs, peu efficaces, ou impossibles à administrer dans les zones reculées – quand ils existent. C’est pourquoi tous les regards de la communauté des chercheurs et des militants des MTN sont tournés vers le Rwanda, où se tient le 23 juin le Sommet de Kigali sur le paludisme et les MTN en marge de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth.

À Kigali, décideurs politiques, institutions de recherche médicale africaines et internationales, société civile et industrie pharmaceutique discuteront d’actions concrètes pour lutter contre les maladies négligées – notamment en soutenant l’innovation. Des efforts qui s’alignent sur les objectifs de la feuille de route MTN de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui vise à éliminer 20 maladies en tant que problèmes de santé publique d’ici à 2030.

Ces objectifs ne pourront être atteints sans des efforts de recherche, menée notamment sous l’impulsion des nations et des scientifiques africains. Nous avons démontré que c’était possible. En RDC par exemple, des chercheurs d’instituts de recherche nationaux, travaillant étroitement avec le ministère de la Santé, et des partenaires internationaux ont réussi à mettre au point des médicaments révolutionnaires contre la maladie du sommeil, l’une des pathologies les plus négligées au monde.

Nous pouvons reproduire ce succès dans d’autres cas. Les trois décennies que j’ai passées sur le terrain avec mes collègues chercheurs et avec les communautés atteintes par la leishmaniose viscérale m’ont convaincue que l’innovation médicale et les partenariats, pilotés et soutenus par un leadership africain déterminé, sont essentiels pour lutter efficacement contre les MTN.

Ce modèle a déjà amené des résultats spectaculaires. Jusqu’à récemment, les personnes atteintes de leishmaniose viscérale devaient passer de longs mois à l’hôpital pour y recevoir de douloureuses injections quotidiennes. Mais, grâce à de nouveaux traitements, la durée d’hospitalisation a été divisée par deux, et nous développons le tout premier traitement entièrement par voie orale de la maladie.

Début juin, l’OMS a aussi recommandé un traitement plus court, plus efficace et plus facile à administrer pour les personnes co-infectées par la leishmaniose viscérale et le VIH. Un traitement élaboré grâce à des études cliniques menées en Éthiopie et en Inde par mon ONG, l’organisation de recherche à but non lucratif Initiative médicaments contre les maladies négligées (DNDi) et ses partenaires éthiopiens, indiens et internationaux. Des dizaines de milliers de patients vont bénéficier de cette innovation.

La science, ça marche !

Mais pour trop d’autres maladies, nous manquons toujours de traitements adéquats. La cécité des rivières, par exemple. Cette maladie dite filarienne est causée par des vers parasitaires qui migrent vers la peau, les yeux et d’autres organes, provoquant des démangeaisons, des affections cutanées qui défigurent et, finalement, la cécité. Environ 240 millions de personnes sont menacées par cette maladie, dont un grand nombre se trouvent d’ailleurs près de Kigali où se déroulera le sommet, et dans la RDC voisine.

Le traitement actuel de la cécité des rivières consiste en des administrations massives et régulières d’ivermectine à toutes les personnes vivant dans les zones endémiques. Ce médicament tue les vers juvéniles, mais pas les vers adultes, qui restent dans l’organisme, obligeant à répéter ces campagnes d’administration massive pendant de nombreuses années. Nous avons donc besoin d’un médicament sûr, efficace, abordable, et capable de tuer tous les vers, juvéniles comme adultes. Nous y travaillons : en coopération avec les autorités de santé de la RDC et du Ghana, ainsi qu’avec deux entreprises pharmaceutiques, nous avons déjà identifié deux molécules prometteuses et espérons apporter ces nouveaux traitements aux patients dans les prochaines années. Mais pour de nombreuses autres maladies négligées, les besoins restent immenses.

Le Sommet de Kigali offre une occasion historique de soutenir l’innovation médicale. Décideurs politiques, donateurs et industriels doivent s’engager publiquement à investir dans la recherche pour trouver de meilleurs médicaments et outils de diagnostic. Alors que, à travers le continent, les communautés sont confrontées à une aggravation du risque posé par des maladies dont la propagation est amplifiée par le réchauffement climatique – c’est le cas de la leishmaniose –, les gouvernements africains ne peuvent pas se permettre d’être attentistes.

L’élimination des MTN constitue d’abord l’un des moyens les plus efficaces de développer leurs économies ; mais, avant tout, je suis intimement convaincue, en tant que médecin, que des centaines de millions de personnes sur le continent méritent de vivre sans la menace des MTN sur leur bien-être, leur famille et leurs moyens de subsistance. Et que les enfants de Baringo et d’ailleurs ont le droit à une vie saine et heureuse, avec l’assurance d’avoir près d’eux, quand la maladie frappe, des médicaments sûrs, efficaces, et simples d’utilisation, pour les soigner et les guérir.

Monique Wasunna

Avec Jeune Afrique par Monique Wasunna

Médecin et chercheuse en maladies infectieuses basée à Nairobi (Kenya). Elle dirige le bureau Afrique de l’initiative Médicaments contre les maladies négligées (DNDi).

Annulation du vol britannique de migrants vers le Rwanda : Londres et Kigali inflexibles

juin 15, 2022

Avec son projet controversé d’envoyer au Rwanda des demandeurs d’asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni, Londres prétend freiner les traversées illégales de la Manche. Mais le premier vol n’a pas décollé.

Le Boeing 767 qui était censé emmener des migrants expulsés du Royaume-Uni vers le Rwanda, à la base militaire d’Amesbury, le 14 juin 2022. © AFP

C’est un revers majeur pour le pacte migratoire qui unit Londres à Kigali. Après l’annulation, en raison de recours judiciaires, du premier vol censé expulser mardi 14 juin des migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda, le gouvernement rwandais a affirmé mercredi qu’il n’était « pas découragé » et qu’il restait « engagé » dans ce partenariat.

« Le Rwanda reste pleinement engagé à œuvrer pour que ce partenariat fonctionne, a déclaré la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo. La situation actuelle, dans laquelle des personnes effectuent des voyages dangereux, ne peut plus durer car elle cause des souffrances indicibles à tant de personnes. Le Rwanda se tient prêt à accueillir les migrants lorsqu’ils arriveront et à leur offrir sécurité et opportunités dans notre pays. »

Politique « immorale »

Ce premier vol, qui devait décoller du Royaume-Uni à destination du Rwanda mardi soir, a été annulé à la suite d’une décision de dernière minute de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

Avec son projet d’envoyer des demandeurs d’asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni à plus de 6 000 km de Londres, le gouvernement entend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d’augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l’immigration depuis le Brexit.

Cette politique a été qualifiée d’« immorale » par les responsables de l’église anglicane et a suscité de fortes critiques de l’agence des Nations unies pour les réfugiés jusqu’au prince Charles, qui juge le projet « consternant », selon le Times.

« On ne nous découragera pas »

Face à ce revers cinglant, le gouvernement britannique s’est montré inflexible, envisageant même, selon le quotidien conservateur The Telegraph, de reconsidérer son adhésion à la Convention européenne des droits de l’homme. « On ne nous découragera pas de faire ce qu’il faut et de mettre en œuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays », a déclaré la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, ajoutant que l’équipe juridique du gouvernement « examine chaque décision prise sur ce vol ». « La préparation du prochain vol commence maintenant », a-t-elle ajouté.

En vertu de son accord avec Kigali, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de quelque 140 millions d’euros. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a déclaré qu’elle ne pouvait pas chiffrer le coût du vol charter – estimé à plus de 288 000 euros – mais a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un « bon rapport qualité-prix » pour réduire le coût à long terme de la migration irrégulière.

Par Jeune Afrique avec AFP

Pour les demandeurs d’asile au Royaume-Uni, l’escale à Kigali

avril 23, 2022

Moyennant 145 millions d’euros, le Rwanda s’est engagé à accueillir sur son territoire les migrants refusés par le pays de Boris Johnson.

© GLEZ

La mesure ressemble à une règle du jeu de Monopoly, où l’obtention de certains scores aux dés peut vous propulser vers des cases bien plus éloignées que ne le suggère le nombre de points obtenus. Pour avoir tenté une traversée de la Manche d’une quarantaine de kilomètres, des demandeurs d’asile partis de France pourraient se retrouver à 6 592 kilomètres de la destination souhaitée. C’est en effet au Rwanda que le gouvernement britannique pourrait expédier certains demandeurs d’asile. Kigali deviendrait alors une sorte de zone de transit.

La mesure peut paraître surréaliste. Mais depuis 2019, en accord avec l’Union européenne et l’ONU, le Rwanda accueille déjà près de 1 000 demandeurs d’asile qui, eux, n’ont pas réussi à quitter le continent africain. Bloqués en Libye, ceux-ci sont « téléportés » au camp de transit de Gashora où ils sont notamment pris en charge par l’agence des Nations unies pour les réfugiés, dans l’attente du traitement de leurs demandes d’émigration en Europe.

PAUL KAGAME MÉNAGE LA CHÈVRE DE LA FRANCOPHONIE ET LE CHOU DU COMMONWEALTH

Soucieux de ménager la chèvre de la Francophonie et le chou du Commonwealth, Paul Kagame entend décliner le principe, cette fois, avec le Royaume-Uni « brexité ». Si certains observateurs pensent irréalisable le transfert massif de demandeurs d’asile vers le Rwanda – le Premier ministre britannique évoque des « dizaines de milliers de personnes » concernées pour près de 145 millions d’euros – le pari est peut-être d’abord dissuasif, certains obstacles juridiques étant, de toute façon, susceptibles de gripper le projet.

Cimetière aquatique

Bluff ou pas, les intervenants du secteur des réfugiés expriment des inquiétudes quant à la situation des droits de l’homme au Rwanda. Boris Johnson rétorque que seuls les hommes célibataires seraient concernés par le voyage vers Kigali et que cette expédition vaudrait de toute manière bien mieux que la traite des êtres humains perpétrée par « d’ignobles passeurs » qui transforment la mer en un « cimetière aquatique ».

De son côté, le Rwanda affirme que les demandeurs d’asile auraient droit à un logement décent, « à une protection totale en vertu de la législation rwandaise, à l’égalité d’accès à l’emploi, à l’inscription aux services de santé et aux services sociaux » et même à une procédure d’asile alternative. En 2022, 28 526 personnes ont traversé la Manche à bord de petits bateaux.

Moyennant 145 millions d’euros, le Rwanda s’est engagé à accueillir sur son territoire les migrants refusés par le pays de Boris Johnson.

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Gastronomie: le chef congolais Dieuveil Malonga, explorateur culinaire de l’Afrique

janvier 4, 2022

Dieuveil Malonga aime les grands-mères. La sienne, qui au Congo lui a transmis la passion de la cuisine, et celles qu’il a rencontrées à travers tout le continent, pour apprendre d’elles les secrets de la gastronomie africaine.

Le jeune chef congolais, passé par l’Allemagne et la France, puise dans leurs savoirs traditionnels pour créer sa cuisine afro-fusion, remarquée ses dernières années.      

« Je voyage dans différents pays, j’apprends des grands-mères et ensuite je prends ces vieilles recettes et je les amène dans mon laboratoire ici et j’essaie, avec mes chefs, d’y amener une touche de modernité« , explique-t-il dans son restaurant de Kigali, au Rwanda.

De ses périples dans trente-huit pays d’Afrique, le chef âgé de 30 ans ramène des techniques, comme le boucanage ou la fermentation, mais aussi des épices et condiments. Petits piments de Côte d’Ivoire, noix de pèbè du Cameroun et autres chenilles mbinzo du Congo occupent un mur entier de son restaurant. 

Si l’afro-fusion existe depuis très longtemps, le calme et discret Malonga reconnaît avoir contribué – aux côtés d’autres chefs comme le Sénégalais Pierre Thiam – à mettre l’Afrique sur la carte des foodies du monde entier. 

« Il se passe quelque chose maintenant en Afrique, et les gens s’intéressent à mieux connaître la cuisine africaine », assure celui qui a cofondé la plateforme « Chefs in Africa« , regrettant que cette gastronomie soit souvent réduite au riz, mafé, (poulet) yassa.

« Il y a une immense diversité. Prenons l’exemple du Nigeria (…) en une journée vous pouvez manger plus de vingt » types de plats. 

Une enface heureuse près de Brazzaville

Dieuveil Malonga est né près de Brazzaville où, malgré le décès de ses parents, il vit « une enfance très heureuse au sein d’une communauté très solidaire »

A 13 ans, il est accueilli en Allemagne dans la famille d’un pasteur et intègre une école renommée de cuisine, à Münster. 

Diplômé et remarqué lors de concours, il travaille dans plusieurs restaurants allemands, dont le triple étoilé au guide Michelin Aqua de Wolfsburg, puis en France, à l’hôtel Intercontinental de Marseille. Mais quelque chose manque, alors Malonga part voyager deux ans en Afrique. « La clé de ce qui m’arrive aujourd’hui », explique-t-il.

Tombé amoureux du Rwanda, il y ouvre en 2020 Meza Malonga. La « table de Malonga », en kiswahili, attire une clientèle de locaux aisés, expatriés et touristes.

Passionné de produits, le chef aime à déambuler dans les allées de la ferme de Nyamata, à une heure de Kigali, où il s’approvisionne en herbes aromatiques et fleurs comestibles. Une « chance« , qu’il n’aurait pas en Europe, admet-il. 

D’ici 2023, Dieuveil Malonga veut aller « plus haut, créer quelque chose de grand » en ouvrant dans la région très rurale de Musanze (nord), aux pieds des volcans des Virunga et de leurs célèbres gorilles, un nouveau restaurant. 

Plus haut de gamme, plus cher, le deuxième Meza Malonga se voudra à la fois  » expérieunence » et un « village d’innovation culinaire », où l’essentiel des aliments sera produit sur place, mais aussi un centre de formation.    

A Kigali, Malonga travaille avec dix jeunes cuisiniers, essentiellement rwandais mais aussi burundais, ougandais, tanzaniens qui, tout en préparant la salle ou en dressant méticuleusement les assiettes, louent sa capacité à se mettre en retrait et « autoriser à créer« .

A Musanze, le chef-apprenti souhaite en former beaucoup plus, recrutés à travers le continent, pour continuer la transmission. 

D’après AFP

Covid-19 : la capitale rwandaise Kigali se reconfine

juillet 15, 2021

A partir de samedi, les transports publics seront arrêtés, les bureaux des entreprises et des administrations fermés ainsi que les écoles.

Le Rwanda a annoncé le reconfinement de la capitale Kigali, ainsi que de huit autres districts dans le pays, à partir de samedi et jusqu’au 26 juillet, pour endiguer l’explosion de cas de Covid-19 enregistrée ces dernières semaines.about:

« Les citoyens sont invités à réduire considérablement les interactions sociales et à limiter les déplacements aux seuls services essentiels », a annoncé le gouvernement rwandais dans un communiqué diffusé mercredi soir 14 juillet. « Les mouvements et visites hors du domicile sont interdits, sauf pour les services essentiels comme la santé, l’achat de nourriture, les banques », détaille le texte.

Les transports publics de personnes sont également arrêtés, les bureaux des entreprises et administrations fermés, les écoles fermées, les activités sportives et récréatives en plein air interdites et le nombre de personnes assistant aux enterrements plafonné à quinze.

Les arrivées et départs à l’aéroport de Kigali sont toutefois maintenus, ainsi que les activités touristiques, dans le respect des protocoles sanitaires en vigueur. Le couvre-feu décrété de 18 heures à 4 heures (de 16 heures à 2 heures GMT) reste en vigueur dans l’ensemble du pays, où les commerces doivent fermer à 17 heures.

Des hôpitaux submergés

Le Rwanda avait dans un premier temps réussi à contenir la pandémie, imposant dès mars 2020 un des premiers confinements stricts sur le continent africain, ainsi que des campagnes poussées de détection et de traçage de cas contact. Kigali avait déjà été replacée en confinement total en janvier pour une durée de deux semaines.

Ces dernières semaines, le Rwanda a été confronté à un net rebond de la pandémie, avec environ 800 nouveaux cas par jour submergeant les hôpitaux, qui se sont retrouvés en pénurie de lits. Le pays de 13 millions d’habitants a enregistré un total de près de 51 000 cas de Covid-19, dont 607 mortels.

Comme dans de nombreux pays d’Afrique, la campagne de vaccination a été lente en raison d’un approvisionnement insuffisant et des réticences de la population. Les autorités avaient prévu de vacciner 30 % de la population cette année et 60 % d’ici la fin 2022. Au 14 juillet, seules 401 160 personnes ont été vaccinées, soit un peu plus de 3 % de la population.

Avec Le Monde avec AFP

Rwanda : un ex-chef de milice condamné à la perpétuité pour son rôle dans le génocide

avril 21, 2017

Audition d’un ancien chef hutu à la CPI à La Haye en 2011 © JERRY LAMPEN/AP/SIPA

Bernard Munyagishari, un ancien chef de milice dans la province de Gisenyi, dans le nord-ouest du Rwanda, a été condamné ce jeudi à la prison à vie par un tribunal de Kigali pour son implication dans le génocide des Tutsis en 1994.

La Haute Cour à Kigali a déclaré coupable ce jeudi 20 avril Bernard Munyagishari de crimes de génocide et de meurtres constitutifs de crimes contre l’humanité. Il a en revanche été acquitté du crime de viol.

Né en 1959, l’homme « a été condamné à la prison à perpétuité […] ; il a 30 jours pour faire appel », a déclaré à l’AFP le porte-parole des Cours et tribunaux du Rwanda, Emmanuel Itamwa, après le verdict.

Bernard Munyagishari était en 1994 président pour la préfecture de Gisenyi des tristement célèbres extrémistes hutu Interahamwe, l’aile de la jeunesse du parti présidentiel de l’époque (MRND) et fers de lance du génocide.

Commune rouge

Il était poursuivi pour des faits qui se sont déroulés en 1994 en différents endroits de la préfecture de Gisenyi, notamment au cimetière connu sous le nom de Commune rouge, où les Tutsis étaient jetés dans des fosses communes pendant le génocide, qui a fait environ 800 000 morts entre avril et juillet 1994 selon l’ONU.

La Cour a suivi le procureur, qui avait requis la peine maximale le 21 février alors que la défense avait plaidé l’acquittement.

L’ex-chef de milice est le deuxième accusé du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) transféré au Rwanda après le pasteur pentecôtiste Jean Uwinkindi. Celui-ci a fait appel, après avoir été condamné lui aussi à la perpétuité en première instance.

Jeuneafrique.com avec AFP

Climat: accord à Kigali sur l’élimination des HFC, d’importants gaz à effet de serre

octobre 15, 2016

Kigali – La communauté internationale a adopté samedi à Kigali un calendrier en vue de l’élimination progressive des hydrofluorocarbures (HFC), gaz extrêmement nocifs pour le climat utilisés dans les réfrigérateurs et climatiseurs, les pays riches étant appelés à agir les premiers.

L’année passée à Paris (lors de la COP21), nous avions promis de protéger le monde des pires effets du changement climatique. Aujourd’hui, nous honorons cette promesse, a réagi le directeur du Programme des Nations unies pour l’environnement, Erik Solheim dans un communiqué.

Juridiquement contraignant, l’accord de Kigali est une avancée majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique et permet de donner un signal positif à quelques semaines de la prochaine grande conférence annuelle sur le climat (COP22), à Marrakech (Maroc).

Obtenu à l’issue d’une nuit entière de discussion, cet accord sous la forme d’un amendement au Protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone, a été largement salué, bien que certains regrettent que des pays comme l’Inde ont décidé d’entamer la transition plus tard que la plupart des autres nations.

Ce n’est peut-être pas entièrement ce que nous souhaitions, mais cela reste un bon accord, a déclaré le représentant des Iles Marshall, Mattlan Zackhras.

L’élimination des HFC, présents dans certains aérosols ou pour la fabrication de mousses isolantes, est de fait une question épineuse pour l’Inde, et il aura fallu plusieurs réunions bilatérales vendredi, notamment avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry, pour débloquer les négociations.

La diplomatie n’est pas une chose facile, mais nous pouvons travailler ensemble pour laisser à nos enfants une planète plus sûre, plus prospère et plus libre que celle dont nous avons hérité, a déclaré le président américain Barack Obama, dont le climat est un des chevaux de bataille, dans un communiqué.

Il a également salué l’entrée en vigueur du Pacte de Paris début novembre alors que la ministre française de l’Environnement et présidente de la COP21, Ségolène Royal, a, elle, salué un accord historique.

– Premier test sérieux –

Le calendrier adopté samedi prévoit qu’un premier groupe de pays, ceux dits développés, réduise sa consommation de HFC de 10% d’ici à 2019 par rapport aux niveaux de 2011-2013, ce chiffre devant passer à 85% d’ici à 2036.

Un deuxième groupe de pays en voie de développement, dont la Chine, plus grand producteur mondial de HFC, et les pays africains, s’est engagé à entamer la transition en 2024. Une réduction de 10% par rapport aux niveaux de 2020-2022 devra être atteinte pour 2029, cette réduction devant atteindre 80% d’ici à 2045.

Un troisième groupe de pays également en voie de développement incluant l’Inde, le Pakistan, l’Iran, l’Irak et les pays du Golfe s’est, quant à lui, engagé à commencer le gel en 2028, une diminution de 10% par rapport à la période 2024-2026 devant être atteinte pour 2032, puis de 85% pour 2047.

C’est une honte que l’Inde et une poignée de pays aient choisi un programme plus lent, a dénoncé l’ONG Christian Aid, assurant toutefois que la communauté internationale a dans l’ensemble passé le premier test sérieux de politique climatique depuis la COP21.

Avec le pacte de Paris, la communauté internationale s’est engagée à agir pour contenir la hausse de la température dans le monde bien en deçà de 2°C par rapport au niveau préindustriel et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C.

Or l’élimination des HFC pourrait réduire de 0,5°C le réchauffement mondial d’ici à 2100, selon une étude publiée en 2015 par l’Institute for Governance and Sustainable Development (IGSD), un groupe de réflexion. A l’horizon 2030, elle permettrait d’éviter jusqu’à 1,7 gigatonne d’équivalent CO2 par an, soit les émissions annuelles du Japon.

– Alternatives –

Les HFC sont de redoutables gaz à effet de serre, proportionnellement bien pires que le dioxyde de carbone, et leurs émissions augmentent à un rythme de 10-15% par an. Ils sont utilisés depuis les années 1990 en remplacement des CFC (chlorofluorocarbures), principaux responsables de la destruction de la couche d’ozone.

Mais s’ils sont bons pour l’ozone, ils se sont révélés désastreux pour le climat.

Les participants ont par ailleurs confirmé leur engagement à financer la transition. Une aide de 80 millions de dollars (71,5 millions d’euros) a été promise le mois dernier mais le total nécessaire est estimé à plusieurs milliards de dollars à l’échelle mondiale. De nouvelles discussions sont prévues fin 2017.

Romandie.com avec(©AFP / 15 octobre 2016 14h32)

Rwanda : le centre culturel franco-rwandais de Kigali démoli à la pelleteuse

juillet 4, 2014

La destruction du Centre Culturel Franco-Rwanda au 2 juillet,2014. © Cyril NDEGEYA pour J.A.

La destruction du Centre Culturel Franco-Rwanda au 2 juillet,2014. © Cyril NDEGEYA pour J.A.

Après des années de tractations infructueuses sur l’avenir du centre culturel franco-rwandais de Kigali, le Rwanda a mis en oeuvre une décision radicale : détruire l’ensemble des bâtiments à la pelleteuse et récupérer le terrain.

Un vaste tas de gravats derrière des palissades de tôles. Depuis le passage des pelleteuses, c’est tout ce qu’il reste de l’ancien centre culturel franco-rwandais, qui fut, durant des décennies, un haut lieu culturel en plein centre de Kigali. Le dernier bâtiment de cet ensemble, la grande salle de concert, a été démolie mercredi, rayant de la carte toute une page de l’histoire de la coopération franco-rwandaise.

Cette opération spectaculaire est évidemment hautement symbolique, à l’heure où les relations entre les deux pays sont au plus bas. Mais cela fait en réalité plusieurs années que ce scénario se dessine.

En 2008, la ville de Kigali a en effet adopté un plan directeur qui détermine la hauteur à laquelle doivent se conformer les bâtiments de chaque quartier. Et le vénérable centre culturel d’un étage ne correspondait pas aux nouveaux critères. Laurent Contini, le premier ambassadeur nommé après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda, en 2009 (qui entretenait alors de bons rapports avec le gouvernement de Kigali) échafaude un projet de partenariat public-privé pour construire un nouvel immeuble.

L’idée est simple : le centre culturel occupera une partie du nouvel ensemble, le reste revenant au promoteur privé retenu. Cet arrangement devait permettre à la France de conserver la propriété de ce terrain idéalement situé au cœur de la capitale rwandaise. Restait à trouver ce partenaire privé… Le maire de Kigali, Fidèle Ndayisaba, se disait alors « très satisfait » du projet mais prévenait: s’il ne voit pas le jour, le terrain sera confisqué…

C’est alors qu’Alain Juppé, qui entretient des relations exécrables avec Kigali, est nommé ministre des Affaires étrangères par Nicolas Sarkozy. En novembre 2011, Juppé rappelle Contini à Paris. Et Kigali refuse d’agréer sa remplaçante : l’actuelle conseillère Afrique de l’Élysée, Hélène Le Gal.

Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de François Hollande, et la nomination de Michel Flesch, l’actuel ambassadeur, pour que cette situation singulière prenne fin. Mais entre-temps, les Rwandais se sont impatientés…

L’appel d’offre pour trouver ce partenaire privé est finalement lancé mais il est infructueux. « C’est l’échec de cet appel d’offre qui a causé la situation actuelle et rien d’autre, affirme Maurice Brouard, le directeur de l’Institut Français au Rwanda. Il se trouve que cela a coïncidé avec la crise diplomatique. Mais ce sont deux sujets distincts. »

Selon une source rwandaise proche du dossier, Paris n’a toutefois pas faits assez d’efforts. « Leur appel d’offre proposait un bail de 20 ans seulement au promoteur. C’était beaucoup trop peu pour intéresser un éventuel partenaire », affirme-t-elle.

« Nous avons laissé assez de temps à l’ambassade de France pour réaliser son projet, affirme pour sa part le maire de Kigali. Elle n’a pas respecté les délais auxquels elle s’était elle-même engagée. Le gouvernement rwandais a confisqué le terrain en respectant les procédures, comme dans n’importe quel cas de ce genre. Nous leur avons laissé un mois pour quitter les lieux. Aujourd’hui, le terrain appartient au gouvernement rwandais ».

« Nous n’avons abandonné aucune de nos activités culturelles, tient toutefois Maurice Brouard. L’école française continue de fonctionner sans problème. Nous avons même trouvé de nouveaux studios pour les artistes que nous hébergions au centre ». À quel endroit ? « Au Goethe Institute »… allemand. Tout un symbole.
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Jeuneafrique.com par Pierre Boisselet, envoyé spécial à Kigali

Rwanda – France : ça se réchauffe entre Kigali et Paris

février 25, 2014

Le président rwandais Paul Kagamé. Le président rwandais Paul Kagamé. © AFP Le président rwandais Paul Kagamé. © AFP [/caption

Invité par le président Paul Kagamé à assister, le 7 avril, à la commémoration du vingtième anniversaire du génocide de 1994, François Hollande a dépêché à Kigali, mi-février, deux émissaires de haut niveau.

À la suite de l’invitation de Paul Kagamé pour assister le 7 avril à la commémoration du 20e anniversaire du génocide de 1994, le président français a dépêché à Kigali, les 16 et 17 février, Thomas Mélonio, conseiller Afrique adjoint à l’Élysée, et Jean-Christophe Belliard, directeur Afrique au ministère des Affaires étrangères. Après une visite au mémorial du génocide de Gisozi, les deux hommes ont été reçus par Louise Mushikiwabo, la ministre des Affaires étrangères.

Au menu des discussions : l’activisme de la justice française symbolisé par l’ouverture du procès de Pascal Simbikangwa, premier génocidaire présumé qu’elle accepte de juger, mais aussi la coopération entre les deux pays dans les crises africaines – le Rwanda est actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Paris est notamment très satisfait de l’action du bataillon rwandais en Centrafrique (« il est bien équipé et ses troupes sont parmi les plus efficaces »). L’envoi éventuel à Bangui de renforts venus de Kigali serait donc vu d’un très bon oeil. Quant au dossier de la RDC, il n’a même pas été évoqué, la France considérant que les accusations de soutien aux groupes rebelles de l’Est portées contre le Rwanda ne sont plus d’actualité. Quant à l’invitation aux cérémonies du 7 avril, elle sera honorée par « un membre du gouvernement ». Sans plus de précision, pour l’instant.

Jeuneafrique.com

RDC: silence assourdissant de Kigali depuis la débâcle du M23

novembre 9, 2013

Le Rwanda, sous pression internationale pour lâcher le M23, est muré dans un silence assourdissant depuis la défaite du mouvement rebelle face aux troupes de la République démocratique du Congo (RDC) appuyées par l’ONU.

Les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), qui ont annoncé mardi renoncer aux armes après leur déroute, se sont réfugiés en masse en Ouganda – un pays également accusé de les soutenir – en attendant la signature, lundi, d’un accord de paix avec Kinshasa.

Une centaine de rebelles blessés ont aussi franchi la frontière rwandaise – la seule information lâchée depuis mardi par Kigali.

Sollicité plusieurs fois par l’AFP, le Rwanda, qui a toujours nié soutenir les rebelles congolais, n’a jamais donné suite.

Tout au plus la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo s’inquiétait-elle lundi soir sur une radio locale, alors que le M23 était « chassé du territoire » de la RDC, d’une progression vers les frontières de son pays des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda).

Parmi ces rebelles hutu rwandais figurent des auteurs du génocide rwandais contre les Tutsi en 1994, qui sévissent depuis dans l’est congolais et continuent, selon Kigali, de menacer son régime.

Le silence du Rwanda est d’autant plus remarqué qu’il tranche avec les menaces de riposte que proférait Kigali il y a quelques semaines contre l’armée de RDC quand des obus tombaient sur son territoire, à la frontière de la région congolaise du Nord-Kivu où s’affrontaient le M23 et les forces de Kinshasa.

Kigali est intervenu à plusieurs reprises, parfois déguisé en rébellion locale, dans l’ex-Zaïre, invoquant un droit de poursuite des rebelles des FDLR, notamment au cours des deux guerres régionales sur le sol congolais (1996-1997 et 1998-2003).

Dès la deuxième guerre du Congo, ses incursions au Nord-Kivu, riche province minière de l’est de la RDC qui attise les convoitises, lui valent des critiques.

Dissensions internes

Mais c’est surtout l’émergence de la rébellion la plus récente, le M23, qui déclenche les foudres d’alliés de poids comme les Etats-Unis.

Les rebelles du M23, qui combattaient l’armée congolaise depuis avril 2012, sont essentiellement des Tutsi congolais issus d’une précédente rébellion, déjà liée au Rwanda, et qui avaient été intégrés aux forces de RDC après un accord de paix en 2009.

Plusieurs de ses membres, dont son chef militaire Sultani Makenga, font l’objet de sanctions onusiennes et américaines pour des atrocités perpétrées au Nord-Kivu (meurtres, viols, recrutement d’enfants. . . ).

Pour protester contre le soutien rwandais aux rebelles, les Etats-Unis ont d’abord suspendu 200. 000 dollars d’aide militaire à ce petit pays de la région des Grands Lacs, puis pris de nouvelles sanctions début octobre, le privant au moins partiellement d’aide militaire pour 2014.

Londres, traditionnel allié, Stockholm, La Haye et Berlin ont également partiellement gelé leur aide, pour les mêmes raisons.

« Le Rwanda a poussé le bouchon un peu loin dans son pari sur le M23 », estime l’analyste indépendant belge Kris Berwouts.

Du coup, « les partenaires traditionnels du Rwanda sont allés bien au-delà des pires craintes » de Kigali, longtemps protégé par la culpabilité de l’Occident honteux de sa passivité lors du génocide, a ajouté M. Berwouts.

Selon les analystes, la débâcle du M23, en partie due à une intervention inhabituellement musclée de la brigade de l’ONU chargée de rétablir la paix dans la région, s’expliquerait aussi par d’intenses pressions du Conseil de sécurité et des Etats-Unis pour que Kigali ne réagisse pas lors de l’offensive.

« Kagame n’avait pas le choix » et ne pouvait pas intervenir, relevait un spécialiste de la région avant même l’annonce du dépôt des armes par le M23.

La discrétion du Rwanda, disent les analystes, s’explique aussi par des dissensions internes au sein du régime. A Kigali, une partie des hauts responsables resterait favorable à une présence et une influence au Nord-Kivu pour, au-delà des intérêts miniers, continuer d’y traquer les FDLR. Pour d’autres, le jeu n’en vaudrait plus forcément la chandelle.

Reste à savoir quelle sera l’attitude de la brigade de l’ONU vis-à-vis des FDLR et des nombreuses autres milices qui terrorisent les populations du Nord-Kivu depuis 20 ans.

Jeuneafrique.com avec AFP