Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un accompagné de sa fille, s’éloigne d’un missile balistique intercontinental (ICBM) sur cette photo non datée publiée le 19 novembre 2022 par l’agence de presse centrale coréenne (KCNA). Photo : via Reuters/KCNA
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a supervisé le lancement de son dernier missile balistique intercontinental accompagné de sa fille qu’il a dévoilée au monde pour la première fois, dans un message publié samedi par l’agence d’État KCNA.
Dans un contexte de tensions croissantes dans la péninsule coréenne, Kim a aussi réaffirmé qu’il recourrait à la bombe atomique en cas d’attaque nucléaire contre son pays, après le lancement du Hwasong-17 avec succès
, selon KCNA.
Ce tir d’essai a clairement prouvé la fiabilité du nouveau système d’armement stratégique majeur
, a commenté le média d’État.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a indiqué samedi qu’il allait se réunir lundi pour discuter de la situation.
Appelant l’organe de l’ONU à répondre de manière appropriée
, l’Union européenne a condamné une action dangereuse, illégale et irresponsable
.
Le régime évoque pour la première fois la famille du dirigeant
Fait extrêmement rare, KCNA, unique source d’information venant de Pyongyang, a fait mention de la famille de Kim Jong-un, soulignant que le dirigeant s’était rendu au lancement accompagné de sa femme et [de sa] fille bien-aimées
.
Kim est apparu aux côtés d’une jeune fille dont l’âge et le nom ne sont pas précisés, vêtue d’une doudoune blanche et de chaussures rouges. Il s’agit de la première confirmation officielle de l’existence de sa fille, selon les experts.
Le régime nord-coréen n’avait jamais confirmé jusque-là que le dirigeant avait une famille.
Les services de renseignements sud-coréens assurent quant à eux que Kim a épousé Ri Sol Ju en 2009, qui a donné naissance à trois enfants entre 2010 et 2017, sans en préciser le sexe.
Kim Jong-un avec sa femme Ri Sol Ju et leur fille le jour du lancement d’un missile balistique intercontinental (ICBM) sur cette photo non datée publiée le 19 novembre 2022 par l’Agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA). Photo: Reuters/KCNA
Pour Cheong Seong-chang, spécialiste de la Corée du Nord à l’institut sud-coréen Sejong, il pourrait s’agir du probable deuxième enfant de Kim, Ju Ae.
En 2013, l’ancienne vedette de la NBA, la ligue américaine de basket-ball, Dennis Rodman, avait donné un rare témoignage de l’existence de cette enfant, qu’il avait rencontrée lors d’une visite à Pyongyang.
Son apparition relance les spéculations sur une future transmission du pouvoir dynastique en Corée du Nord, où Kim Jong-un a succédé à son père Kim Jong-Il et son grand-père Kim Il-Sung.
Selon Soo Kim, ancienne analyste de l’agence américaine de renseignement CIA, le lancement de vendredi témoigne de la permanence du programme d’armement du régime des Kim, car il fait partie intégrante de sa propre survie et de la continuité du règne de sa famille
.
Cela répond même en partie à des questions entourant la succession
, a ajouté à l’AFP cette analyste, aujourd’hui à la RAND Corporation.
Nous avons vu de nos propres yeux la quatrième génération des Kim. Et sa fille – ainsi que d’autres éventuels frères et sœurs – sera certainement préparée par son père
, a-t-elle relevé.
Pour KCNA, le dernier lancement de missile vendredi confirme qu’une fois de plus, les forces nucléaires de la RPDC [sigle du nom officiel de la Corée du Nord NDLR] ont atteint une nouvelle capacité maximale fiable pour contenir toute menace nucléaire
.
Washington et Séoul intensifient les manœuvres militaires
Les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont intensifié ces derniers mois leurs manœuvres militaires conjointes depuis que Kim Jong-un a déclaré en septembre que le statut d’État nucléaire de la Corée du Nord était irréversible
.
Séoul et Washington ont notamment mené fin octobre et début novembre les plus grands exercices aériens communs de leur histoire.
Samedi, l’armée sud-coréenne a annoncé qu’un bombardier américain B-1B avait été redéployé dans la péninsule coréenne, dans le cadre de nouveaux exercices entre les deux alliés.
Mais la Corée du Nord voit dans ces démonstrations de force des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à une tentative de renversement du régime.
Kim plus que jamais menaçant
Kim les a même qualifiés d’exercices de guerre d’agression hystérique
et a promis de réagir résolument aux armes nucléaires par des armes nucléaires et à un affrontement total par un affrontement sans merci
, cité par la KCNA.
L’agence nationale nord-coréenne a indiqué que le missile avait atteint une altitude maximale de 6 040,9 km et a parcouru une distance de 999,2 km
avant d’atterrir avec précision sur la zone prédéfinie
dans la mer de l’Est, ou mer du Japon.
La distance et l’altitude correspondent aux estimations données par Séoul et par Tokyo vendredi, et ne sont que légèrement inférieures à celles de l’ICBM tiré par Pyongyang le 24 mars, qui semble être son test le plus puissant jamais réalisé.
La Corée du Nord avait déjà affirmé avoir testé le 24 mars un Hwasong-17 – qui compte parmi les armes les plus puissantes de Pyongyang et qui a été surnommé le missile monstre
par des analystes militaires –, mais Séoul avait ensuite mis en doute cette affirmation.
Cette fois, les analystes ont déclaré que l’essai semblait réussi.
Ce lancement est significatif, car il s’agit [probablement] du premier essai réussi
de ce missile, a souligné auprès de l’AFP Joseph Dempsey, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques (IISS).
Pyongyang a procédé début novembre à une rafale sans précédent de tirs de missiles, dont l’un est tombé près des eaux territoriales de la Corée du Sud.
La seule journée du 2 novembre a vu 23 tirs de missiles nord-coréens, soit plus que pendant toute l’année 2017, quand le dirigeant Kim Jong-un et le président américain de l’époque Donald Trump se menaçaient réciproquement d’apocalypse nucléaire.
En septembre et en octobre, Pyongyang avait déjà tiré une copieuse salve de projectiles, dont l’un avait survolé le Japon pour la première fois depuis cinq ans.
Par Radio-Canada avec Agence France-Presse