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Burkina Faso – Damiba : « Nous n’avons pas le luxe de perdre du temps en polémiques »

juillet 9, 2022

Le président de la transition a reçu Blaise Compaoré ce vendredi au palais de Kosyam. Et a répondu au tollé suscité par le retour au pays de l’ancien chef de l’État, condamné à la prison à vie dans le dossier Sankara.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba en compagnie de Blaise Compaoré, à Ouagadougou, vendredi 8 juillet. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

Huit ans après l’avoir quitté en catastrophe sous la pression de la rue, Blaise Compaoré a de nouveau foulé le tapis rouge du palais de Kosyam, ce vendredi 8 juillet. L’ancien président, démarche lente et amaigri dans son costume bleu nuit, avait été convié par le lieutenant-colonel Damiba – en compagnie des autres ex-chefs de l’État burkinabè – à participer à une rencontre de « haut niveau » pour promouvoir la réconciliation nationale.

Mais les choses ne se sont pas tout à fait passées comme prévu. Beaucoup de Burkinabè n’ont en effet pas digéré le retour en toute impunité de Compaoré, arrivé à Ouagadougou la veille après huit ans d’exil en Côte d’Ivoire, alors qu’il avait été condamné début avril à la prison à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de Thomas Sankara.

Kaboré se tient à distance

Depuis, la polémique n’a cessé d’enfler. Conviés à la rencontre, Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida, qui avaient dirigé la transition post-Compaoré en 2015, ont vite fait savoir qu’ils ne comptaient pas participer. Idem pour Roch Marc Christian Kaboré, qui est resté chez lui et n’a pas souhaité être associé à cette initiative. Dans la matinée, plusieurs dizaines de ses militants s’étaient mobilisés autour de son domicile, au quartier de la Patte d’Oie, pour protester contre une éventuelle participation à cette rencontre.

C’est donc sans eux que Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Ouédraogo ont été reçus par Paul-Henri Sandaogo Damiba à Kosyam, avec près de deux heures de retard sur le planning initial. À l’issue de l’entretien, les trois hommes se sont présentés devant la presse à l’entrée du palais présidentiel. Mais seul Damiba a parlé, Compaoré et Ouédraogo se contentant de lui serrer la main à la fin de sa courte allocution.

Selon le président de la transition, le « seul et unique objectif de cette rencontre avec les anciens chefs de l’État » est la « recherche de la cohésion sociale au regard de la situation difficile que traverse » le Burkina Faso. « En plus des efforts fournis par les forces engagées et l’ensemble des populations contre les terroristes, il nous est apparu opportun d’examiner avec nos prédécesseurs les conditions qui pourront forger une solide cohésion entre les Burkinabé », a démarré Damiba.

L’intérêt supérieur du Burkina Faso

Puis l’officier, accusé par ses adversaires de travailler au retour du régime Compaoré, a tenu à répondre aux critiques. « Beaucoup de communications partisanes ont voulu dénaturer le sens et la portée de cette initiative. L’urgence de la préservation de l’existence de notre patrie commande une synergie d’actions qui ne nous autorise pas à nous donner le luxe de perdre du temps en polémiques, a-t-il indiqué. Aux Burkinabè qui se sont exprimé en défaveur de notre démarche, nous leur disons que ce processus n’est pas fait pour consacrer l’impunité, mais pour contribuer à la recherche de solutions pour un Burkina Faso de paix et de cohésion. Nous les appelons à mettre l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute considération politique ou partisane. »

Rappelant qu’il les avait conviés, Damiba a également évoqué le cas des trois absents. Selon lui, Michel Kafando n’a pas pu se présenter « pour des raisons de santé », mais a envoyé un « message de soutien ». Zida, exilé au Canada depuis 2016, n’a quant lui « pas pu faire le déplacement pour des raisons administratives ».

Compaoré dans son village natal de Ziniaré

Quant à Kaboré, il a, d’après Damiba, été « physiquement empêché par un groupe d’individus » de participer à la rencontre. Une version officielle dont lui-même semble douter, puisqu’il a pris soin de « l’inviter à ne pas se mettre en marge de la démarche en cours ». Selon le président, des dispositions seront prises pour « poursuivre en bilatéral les concertations avec les anciens chefs d’État qui n’ont pas pu participer à la rencontre », mais aussi « limiter les résistances politiques et associatives ».

Après avoir passé une nuit dans la « villa Kadhafi » appartenant à l’État et située à proximité de Kosyam – elle est ainsi nommé car l’ancien dictateur libyen y avait logé lors d’un voyage à Ouagadougou à la fin des années 1990 –, Blaise Compaoré pourrait se rendre à Ziniaré, son village natal, où se situe la résidence familiale et où réside sa sœur, Antoinette. Selon l’un de ses proches, il regagnera ensuite Abidjan « dimanche au plus tard ».

Avec Jeune Afrique par Benjamin Roger

Burkina : Kosyam et Naaba-Koom II aux mains de l’armée, Diendéré réfugié « dans un endroit sûr »

septembre 30, 2015

Des soldats burkinabè autour de la caserne du RSP. © AFP

Des soldats burkinabè autour de la caserne du RSP. © AFP

L’armée burkinabè a repris mardi dans la soirée le palais présidentiel de Kosyam et le camp Naaba-Koom II, dans lequel étaient retranchés des anciens putschistes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Le général Gilbert Diendéré se serait quant à lui réfugié à l’ambassade du Vatican.

Le Burkina Faso vient-il de tourner la page du coup d’État débuté le 16 septembre ? Mettant fin au blocage suscité par le refus de certains anciens putschistes d’être désarmés, l’armée a repris dans la soirée de mardi 29 à mercredi 30 septembre, le palais présidentiel de Kosyam et le camp dit Naaba-Koom II où étaient retranchés les derniers éléments hostiles de l’ancien Régiment de sécurité présidentiel (RSP), dissous vendredi 25 septembre.

Promettant un bilan « ultérieurement », le gouvernement a en effet assuré dans la soirée de mardi que « les places ou camps occupés par l’ex-RSP, [avaient] été libérés par nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité ». « Le gouvernement de la transition félicite le peuple burkinabè pour sa mobilisation sans faille depuis le début de cette crise et les forces de défense et de sécurité pour leur professionnalisme et leur comportement républicain », a-t-il ajouté.

« Le gouvernement de la transition (…) lance un appel au renforcement de la réconciliation et de l’unité nationale et exhorte tout un chacun à œuvrer dans ce sens », a encore déclaré le gouvernement, dans un communiqué.

« Il doit y avoir beaucoup de morts »

L’armée avait lancé l’assaut en fin d’après-midi mardi sur la caserne Naaba-Koom II, où environ 300 soldats de l’ex-RSP étaient encore présents. Après l’avoir encerclée avec des blindés et des pick-up et demandé aux habitants du secteur de rester cloîtrés chez eux, elle avait tiré à quatre reprises avec des armes lourdes et des tirs nourris avaient suivi. Ceux-ci n’ont cependant pas duré.

« La situation est calme. Un assaut a été donné. Il n’y a pas eu d’affrontement. Ils (l’ex-RSP) ont quitté la caserne », a en effet déclaré peu après le chef d’état-major des armées, le général Pingrenoma Zagré. Le général Diendéré avait appelé dans le même temps sur une radio burkinabè ses hommes à « déposer les armes pour éviter un bain de sang ».

L’ex-chef putschiste avait ensuite déclaré s’être réfugié « dans un endroit sûr » et redouter qu’il y ait eu de nombreux morts lors de l’assaut. « Ils ont sorti l’artillerie (…) Ils ont tiré sur le camp. Malheureusement il y avait des familles, la clinique (dans le camp). Il doit y avoir beaucoup de morts et de blessés », avait-il lancé tard dans la soirée de mardi.

Gilbert Diendéré réfugié à l’ambassade du Vatican ?

Gilbert Diendéré, qui n’était semble-t-il pas présent au camp Nabaa-Koom II lors de l’assaut de l’armée, se serait réfugié à l’ambassade du Vatican, chez le nonce apostolique, selon les médias burkinabè. Celui-ci avait pourtant assuré auparavant qu’il se mettrait « à la disposition de la justice de (son) pays ». Peu avant l’assaut, il avait refusé sa réaffectation, qui lui avait été notifiée par l’état-major général des armées, au sein de l’armée de terre.

Un peu plus tôt dans la journée de mardi, le régime de transition avait en revanche procédé à l’arrestation, « en lien avec le putsch », de Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré qui souhaitait se présenter à l’élection présidentielle du 11 octobre. Il fait partie, avec Gilbert Diendéré et son épouse Fatou Diallo Diendéré, des 14 personnes dont les avoirs ont été gelés samedi 26 septembre par la justice, qui a aussi bloqué ceux de quatre partis, dont le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP).

Signe d’un retour à la normale, l’Union africaine a également levé la suspension du Burkina Faso de l’organisation panafricaine. Elle a dans le même temps annulé la mise en œuvre des sanctions contre les instigateurs du coup d’État, tout en prévenant qu’elles pouvaient « être réactivées à tout moment ».

Jeuneafrique.com