http://platform.twitter.com/widgets/hub.1326407570.htmlUne immense déception s’est abattue dimanche soir sur la Côte d’Ivoire après la défaite des Eléphants aux tirs au but face à la Zambie en finale de la Coupe d’Afrique des Nations de football, vécue comme un rendez-vous manqué dans un pays qui sort d’une très grave crise politique.
« On est maudits, on est maudits! »: une jeune fille s’effondre en larmes et est aussitôt consolée par ses amis, venus comme un millier d’autres Abidjanais regarder le match sur des écrans géants à l' »allocodrome », un lieu en plein air du quartier huppé de Cocody (nord).
« Drogba, foutaises! », peste un autre, la main sur la tête en signe de deuil. Comme beaucoup, il en veut au capitaine Didier Drogba pour son penalty raté à la 70e minute. Il enlève son maillot et le déchire devant tout le monde, alors que les gens se dispersent.
Et cette défaite aux tirs au but (8-7, 0-0 après prolongation) à Libreville a une résonance bien au-delà du sport.
Le pays a été déchiré par une crise politico-militaire (décembre 2010-avril 2011) qui a fait quelque 3. 000 morts, épilogue d’une décennie de tourmente, et le régime du président Alassane Ouattara comptait sur une victoire pour cimenter la nation. « Cette défaite va porter un coup à la réconciliation, elle va empirer la situation », affirme à l’AFP Blaise Kouadio, un coiffeur.
Comme pour illustrer ses propos, une bagarre éclate après que des supporters ont clamé que « Ouattara a porté la poisse » à l’équipe. « On avait besoin de cette joie après dix ans de crise », soupire Fulbert Yao, restaurateur, pour qui « la Coupe allait réaliser 50% du travail de réconciliation ».
La géante place Ficgayo, dans l’immense quartier populaire de Yopougon (ouest), s’est vidée en une dizaine de minutes des milliers de spectateurs aux couleurs nationales orange-blanc-vert qui s’étaient réunis en quête d’un sacre des Ivoiriens, 20 ans après leur victoire à la CAN.
A Bouaké, ville du centre et fief de l’ex-rébellion ivoirienne, il y a aussi des larmes et l’amertume est considérable, comme la colère: « ils nous ont trahis, ils nous ont trahis, moi je ne vais plus supporter les Eléphants! », enrage un supporter. « Je suis découragé mais je crois encore à cette équipe », lâche quand même Adama Dosso. Pour lui, malgré l’échec des footballeurs, « la réconciliation est toujours possible ».
Duékoué (ouest) fut l’épicentre des pires tueries durant la dernière crise.
Après le match, « Duékoué ressemble à un cimetière », ose François Guéï, un sans-emploi. « Il y avait des télés même dans les camps de déplacés, on s’apprêtait à fêter mais cette défaite est venue encore meurtrir nos coeurs », affirme-t-il. Le réseau social Facebook était inondé par la tristesse et la colère ivoiriennes: « Pfffffff, quelle honte! », s’énervait une internaute.
Les autorités ont annoncé dimanche soir que le lundi serait « férié et chômé » pour permettre à la population de réserver « un accueil triomphal » aux Eléphants, attendus à 14H00 (locales et GMT) à l’aéroport d’Abidjan, après leur « participation héroïque » à la CAN.
Jeuneafrique.com avec AFP