DAKAR – Le plus haut responsable de la police du Sénégal et ex-chef de la lutte anti-drogue du pays a été relevé de ses fonctions jeudi pour lui permettre de se présenter devant la justice après des accusations de trafic présumé de stupéfiants, a annoncé le gouvernement sénégalais.
Il a été décidé de relever de ses fonctions le directeur général de la police, le commissaire Abdoulaye Niang, pour lui permettre de disposer de tous ses moyens pour se défendre devant la justice, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly, également ministre chargé de la Bonne gouvernance
Aucune faute n’a été relevée contre le commissaire Niang mais il aurait été inconvenant qu’un gradé de ce niveau puisse être convoqué par les policiers dans le cadre de l’enquête ouverte par le procureur de la République sur un présumé trafic de drogue dans lequel le commissaire Niang a été cité, a dit M. Coulibaly.
Le commissaire Niang, qui a dirigé pendant de nombreuses années l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis), une unité de la police chargée de lutter contre le trafic de drogues, a été remplacé par Mme Anna Sémou Diouf, précédemment coordinatrice du Comité interministériel de lutte contre la drogue.
Cette mesure a été prise à l’issue du conseil des ministres jeudi et après la remise au président sénégalais Macky Sall d’un rapport administratif sur cette affaire qui fait grand bruit au Sénégal.
La presse sénégalaise a publié ces derniers jours des informations attribuées au successeur du commissaire Niang à la tête de l’Ocrtis, le commissaire Cheikh Sadibou Keïta, accusant son prédécesseur d’être mêlé à une affaire de revente de drogues saisies par la police en complicité avec des trafiquants nigérians.
L’enquête administrative avait pour but de déterminer si les allégations contre le commissaire Niang sont fondées, et il est apparu que le commissaire Keïta a porté des allégations mensongères contre le commissaire Niang, a indiqué M. Coulibaly.
Le commissaire Keïta, lui, n’occupe plus de responsabilité dans la police depuis son départ de l’Ocrtis il y a quelques semaines.
Il fera l’objet de mesures conservatoires et de sanctions. Des mesures disciplinaires vont être prises contre toutes les personnes impliquées (dans les accusations contre le commissaire Niang). L’enquête du procureur va continuer, a poursuivi le porte-parole du gouvernement.
Cette affaire a été révélée par le journal privé Le Quotidien, qui a reçu ces derniers jours des appels téléphoniques d’insultes et de menaces de mort. Le groupe de presse possédant ce titre, Avenir Communication, a porté plainte contre X.
Le Sénégal fait généralement figure de modèle en Afrique de l’Ouest, une région de plus en plus utilisée par les narcotrafiquants comme zone de transit dans le trafic de drogues d’Amérique latine vers l’Europe, en s’appuyant sur la faiblesse de certains de ses Etats et du contrôle à leurs frontières.
Selon l’Office des Nations unies contre le trafic de drogue et la criminalité (ONUDC), entre 2005 et 2007, plus de 20 saisies majeures de drogues ont été réalisées en série dans toute l’Afrique de l’Ouest, totalisant des milliers de kilos de cocaïne, avec plus de 11 tonnes pour la seule année 2007.
Ces prises ont eu lieu pour la plupart en mer, pour certaines dans des avions privés ou des caches à terre, avec l’appui déterminant de marines nationales européennes. Toutefois, les grosses saisies y sont devenues rares après 2007, affirme l’ONUDC dans son dernier rapport mondial sur les drogues, publié en février.
Romandie.com avec (©AFP / 25 juillet 2013 21h25)