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Burundi : le pouvoir organise une contre-manifestation « pour la paix »

février 28, 2015

Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza.
Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza. © AFP

Une foule immense a participé samedi à Bujumbura à une manifestation « pour la paix » organisée par le pouvoir, qui en a profité pour accuser l’opposition, ainsi qu’une partie de la société civile et des médias, de ramener le pays sur le chemin de la guerre.

Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale burundaise, a constaté l’AFP. Mais le pouvoir a aussi mobilisé dans d’autres communes du pays.

Ces rassemblements sont un nouveau témoignage des tensions grandissantes au Burundi à l’approche d’une présidentielle-clé prévue en juin.
Ils font écho à la manifestation monstre qui a accueilli mi-février la sortie de prison du directeur de la très populaire radio RPA, Bob Rugurika, réputée proche de l’opposition et qui était elle-même un message clair au président Pierre Nkurunziza pour qu’il ne se représente pas.

« Nous sommes ici pour dénoncer tous ceux qui veulent nous ramener dans la guerre, tous ceux qui veulent organiser des soulèvements populaires », a lancé le maire de Bujumbura, Saïdi Juma, à la foule, dénonçant « certaines radios qui ont appelé les Burundais au soulèvement ».

Les tensions croissantes au Burundi, petit pays d’Afrique des Grands Lacs à l’histoire post-coloniale marquée par des massacres interethniques et une longue guerre civile, se cristallisent de plus en plus autour d’une éventuelle nouvelle candidature du président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005.

L’opposition et la société civile, pour qui la Constitution interdit au président de briguer un troisième mandat, sont décidées à lui faire barrage. Le camp du chef de l’Etat, qui réfute l’argument constitutionnel, semble vouloir tout mettre en oeuvre pour sa réélection.

Deux camps déterminés

Samedi, la déclaration du maire de Bujumbura – un texte préparé par le gouvernement et envoyé à toutes les communes mobilisées – faisait clairement allusion aux principales radios privées du pays, à l’opposition radicale et à la société civile indépendante, bêtes noires du pouvoir.

« Nous demandons désormais aux forces de l’ordre et à l’administration de faire respecter la loi en empêchant l’organisation de toute manifestation non autorisée par l’administration », a exhorté M. Juma.

Officiellement, la manifestation de samedi devait rallier dans un premier temps le rond-point des Nations Unies à la place de l’Indépendance, sur un parcours long de trois kilomètres, mais ce parcours a été modifié à la dernière minute pour faire passer les manifestants devant la RPA.

La police du Burundi n’a pas fait de décompte, mais les manifestants ont défilé pendant une vingtaine de minutes en rangs serrés à travers les rues de la capitale, a constaté un journaliste de l’AFP.

« Nous n’avons rien à envier à ceux qui se sont soulevés dernièrement pour déstabiliser la paix et la démocratie dans ce pays. Nous sommes plus nombreux qu’eux et (…) nous allons les chasser des rues s’ils y reviennent », a menacé Hamza Venant Burikukize, secrétaire général d’une plate-forme d’ONG proches du pouvoir.

Selon des sources à la mairie de Bujumbura, les autorités « ont mis tout le paquet pour mobiliser les habitants ».

Des dizaines de bus en provenance de la périphérie de Bujumbura sont arrivés bondés samedi à l’aube. Les élèves de nombreuses écoles secondaires ont reçu l’ordre de participer à la manifestation et des taxis-motos et taxis-vélos disent avoir été payés pour y prendre part.

Le long du cortège, de nombreux militants du parti au pouvoir (Cndd-FDD) se sont dit prêts à en découdre si d’autres manifestations étaient organisées contre un troisième mandat du président.

« Nous sommes déterminés à défendre la démocratie, nous irons dans la rue pour en chasser tous ces gens qui refusent une compétition démocratique », assure Abraham, un jeune militant du parti. « Nous allons les combattre de toutes nos forces, et nous vaincrons ».

La société civile et l’opposition burundaise ont dénoncé, dans les manifestations de samedi, « une manipulation orchestrée par le parti au pouvoir ». Mais « ces gens ne nous font pas peur, cette tentative de démonstration de force ne va pas nous empêcher de descendre dans la rue pour contraindre Nkurunziza à renoncer à son projet s’il essaie de briguer un nouveau mandat », a déclaré à l’AFP Léonce Ngendakumana, président de l’ADC-Ikibiri, l’une des deux principales coalitions d’opposition.

Jeuneafrique.com avec AFP

Burundi : la société civile demande au président de renoncer à un troisième mandat

février 11, 2015

Le président burundais Pierre Nkurunziza (au premier plan), le 4 novembre 2014 en Afrique du Sud.
Le président burundais Pierre Nkurunziza (au premier plan), le 4 novembre 2014 en Afrique du Sud. © AFP/Jennifer Bruce

Un collectif regroupant 304 associations de la société civile demande au président du Burundi, Pierre Nkurunziza, d’annoncer officiellement qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle prévue en juin 2015.

Le collectif « Campagne citoyenne Halte au 3e mandat », lancé il y a deux semaines, souhaite ainsi « prévenir de nouvelles violences » dans le pays.

Une lettre sans réponse

Une lettre avait déjà été adressée au président burundais le 4 février lui demandant de « s’abstenir de briguer un troisième mandat ».  Faute de réponse, les associations de la société civile ont choisi de sortir sur la place publique mercredi 11 février. « Nous disons (à Pierre Nkurinziza) qu’il n’est pas encore trop tard pour (…) qu’il sorte de son silence », insiste l’un des responsables du collectif, Vital Nshimirimana. Selon le collectif, c’est la seule façon d’éviter  « une violence » qui sera en revanche « évidente s’il se représente ».

L’exemple du président de la RD Congo, Joseph Kabila

Le collectif invite Pierre Nkurunziza à se servir de l’exemple de son homologue congolais, Joseph Kabila. « Nous l’appelons publiquement à prendre exemple sur le président de la RDC et à annoncer à son tour qu’il renonce à briguer un troisième mandat », dit Vital Nshimirimana.

Devant la protestation populaire, les sénateurs congolais ont supprimé l’incise contenue dans le texte initial d’un projet de loi qui liait l’organisation des élections législatives et présidentielle en 2016 au recensement général de la population, et permettaitin fine au président de briguer un nouveau mandat

Jeuneafrique.com avec AFP

Burundi : climat sécuritaire tendu à six mois de la présidentielle

janvier 6, 2015

Des sympathisants du CNDD-FDD, le 24 avril 2010 à Bujumbura.
Des sympathisants du CNDD-FDD, le 24 avril 2010 à Bujumbura. © AFP

Alors que les zones d’ombre persistent autour de la récente attaque de Cibitoke, qui a fait plus de 100 morts parmi des rebelles non identifiés dans le nord-ouest du Burundi, trois militants du parti au pouvoir ont été assassinés à l’Est. Les autorités soupçonnent des membres d’opposition…

À six mois de la présidentielle prévue le 26 juin au Burundi, le climat sécuritaire se dégrade dans le pays. Les cinq jours d’affrontements de Cibitoke, dans le nord-ouest du pays, n’ont pas aidé à calmer les esprits. Au contraire. Opposition et pouvoir se regardent désormais en chiens de faïence, se soupçonnant mutuellement de préparer des coups bas.

Pacifique Nininahazwe, l’un des principaux leaders de la société civile, a tiré lundi la sonnette d’alarme sur Facebook, dénonçant « des arrestations de responsables locaux de l’opposition, des fouilles chez des leaders de l’opposition à Bujumbura, des publications de la présidence de la République comportant des insinuations malveillantes sur certains leaders de la société civile ».

Trois militants du CNDD-FDD tués

En outre, le meurtre de trois militants du parti au pouvoir est venu exacerber les tensions. « C’est un crime très grave (…) à caractère politique à l’approche des échéances électorales majeures prévues à la mi-2015 », tance déjà Onésime Nduwiwana, porte-parole du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD, parti au pouvoir).

L’attaque est survenue dans la nuit de dimanche à lundi dans un bar de Gisuru, commune de la province de Ruyigi située à quelque 250 km à l’est de la capitale Bujumbura. Selon un responsable local, cinq personnes en tenue militaire et armés de fusils (…) ont ciblé trois militants du parti Cndd-FDD.

« Elles ont ligoté leurs victimes et les ont couchées par terre avant de les tuer à l’arme automatique puis ont brûlé un peu plus loin une maison [de leur] parti qui sert de lieu de rencontre et de réunion », a-t-il poursuivi, interrogé par l’AFP.

« Nous pensons que ceux qui ont commis ce crime lâche appartiennent à la frange extrémiste de l’opposition burundaise, et dont l’objectif est de saboter les élections de 2015 », a de son côté accusé le porte-parole du Cndd-FDD, refusant de donner des noms.

Pas sûr que ces propos rassurent dans les rangs des opposants au pouvoir de Pierre Nkurunziza. « Qui dans l’opposition peut affirmer aujourd’hui, avec certitude, qu’il ne se trouve pas dans le collimateur du régime en place ? » s’interroge un membre de la société civile burundaise.

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Jeuneafrique.com par Trésor Kibangula

Abbé Malumalu : « En tant que citoyen, je souhaite que la Constitution de la RDC soit respectée »

décembre 17, 2014

Le prêtre est à la tête de la Ceni depuis juin 2013.
Le prêtre est à la tête de la Ceni depuis juin 2013. © Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.

Faut-il organiser les scrutins locaux avant la présidentielle et les législatives de 2016 en RDC ? Non, selon l’opposition, qui redoute un report de ces échéances nationales. Oui, dit le président de la Ceni, l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu.

Apollinaire Malumalu Muholongu, 53 ans, est un prêtre catholique du diocèse de Beni-Butembo, dans le Nord-Kivu, sa province natale. De retour à Butembo en 1997 après avoir obtenu un doctorat en sciences politiques à Grenoble (où il fut curé de 1993 à 1996) et un DEA à Lyon, c’est en 2003 que l’abbé fait son entrée dans la vie politique congolaise. Il est alors nommé expert au service d’études stratégiques attaché au cabinet du chef de l’État et désigné membre de la Commission électorale indépendante (CEI), qu’il présidera jusqu’en 2011.

Depuis son retour, en juin 2013, à la tête de l’institution (rebaptisée Commission électorale nationale indépendante, Ceni), il s’attelle à organiser les élections urbaines, municipales et locales de façon qu’elles se tiennent dès 2015. Une démarche très critiquée par certains partis d’opposition, qui craignent un report de la présidentielle prévue en 2016.

Jeune Afrique : La Conférence épiscopale nationale du Congo s’était prononcée contre la désignation d’un membre du clergé catholique à la tête de la Ceni. N’avez-vous pas violé sa « consigne » ?

Apollinaire Malumalu : Je n’ai jamais été candidat à ce poste. Je suis revenu à la Ceni parce que j’ai été choisi par les confessions religieuses, l’une des composantes de la société civile chargées de désigner l’un de ses membres. Les huit confessions devaient élire la personnalité la plus compétente pour les représenter, sur des critères bien définis. J’ai obtenu 7 voix sur 8, le suffrage de l’Église catholique étant le seul à ne pas se porter sur moi. Cela dit, je reste prêtre diocésain. Il appartenait à l’évêque [du Nord-Kivu] de décider si je pouvais être membre de la Ceni ou pas. Après s’être concerté avec ses pairs, il a accepté.

Pour stabiliser le pays, nous estimons que la tenue d’élections locales est une urgence.

Et que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être proche du président Kabila et de vouloir faciliter sa réélection ?

Il faut éviter de vouloir trop personnaliser les choses. Je n’ai jamais travaillé avec Joseph Kabila dans un cadre qui ne soit pas institutionnel ! En outre, les décisions de la Ceni sont prises de manière collégiale avec les autres membres du bureau, qui sont issus de la majorité, mais aussi de l’opposition parlementaire. Alors de quoi parle-t-on ?

La plateforme Sauvons la RDC estime que le cycle engagé en novembre 2011 avec la présidentielle et les législatives devait se poursuivre avec les sénatoriales et l’élection des gouverneurs. Pourquoi avoir décidé de faire passer avant les élections urbaines, municipales et locales ?

La loi électorale, telle qu’elle a été modifiée pour les scrutins de 2011, porte sur toutes les élections, et c’est pure cécité que de penser que les locales n’étaient pas prévues. Nous sommes dans un État fortement décentralisé. Pourtant, de nombreux conseils municipaux n’ont jamais été élus et l’on continue à nommer l’exécutif de ces collectivités [en avril 2012, le gouvernement a créé des centaines de nouvelles entités : au moins 3 villes et 10 communes dans chacune des 10 provinces du pays, hors Kinshasa].

On ne peut pas faire comme si de rien n’était ! Le passage de 21 à 88 villes et de 97 communes urbaines et non urbaines à 601 constitue un énorme bouleversement sur le plan local. Dans ces conditions, pour stabiliser le pays, nous estimons que la tenue d’élections locales est une urgence.

Ne risquent-elles pas de retarder l’organisation de la présidentielle ?

Pour le moment non. En revanche, pour les élections des députés nationaux, le législateur a introduit dans la loi organique une disposition selon laquelle le recensement administratif doit être fait préalablement à la tenue du scrutin. Très tôt, sans ambages et en toute transparence, la Ceni a attiré l’attention des responsables politiques sur ce problème. Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savent pas.

Il leur appartient de revenir, ou pas, en arrière. C’est-à-dire de revenir à la délimitation des circonscriptions électorales en fonction du nombre d’électeurs, telle qu’elle existait auparavant, et non en fonction du nouveau rescensement. Si l’on n’accepte pas de la déconnecter des législatives, la présidentielle risque d’être rattrapée à son tour par ce problème.

Que pensez-vous du débat sur une éventuelle révision de la Constitution ?

Concernant les articles verrouillés de la Constitution, personne n’a pris l’initiative de leur révision. Tout le reste n’est que spéculation.

C’est un débat légitime, mais il ne doit pas se transformer en procès d’intention. Il faut arrêter d’agiter la population, d’écrire des livres sur le sujet… En tant que citoyen, je souhaite que la Constitution soit respectée et je note que pour l’instant, concernant les articles verrouillés [portant notamment sur la limitation du nombre de mandats présidentiels], personne n’a pris l’initiative de leur révision. Tout le reste n’est que spéculation.

Treize… à la Ceni comme à la cène

Depuis la loi du 27 avril 2013, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) compte 13 membres : 6 désignés par la majorité (dont 2 femmes), 4 par l’opposition (dont 1 femme) et 3 par la société civile. Parmi ces derniers, l’un doit être élu par les associations d’éducation civique et électorale, un autre par les associations de défense des droits de la femme, le dernier par les 8 confessions religieuses du pays.

Le bureau de la Ceni, élu le 7 juin 2013, est composé quant à lui de 6 membres. Présidé par l’abbé Malumalu (société civile), il compte 3 représentants de la majorité – André Pungwe, du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Onésime Kukatula, du Parti lumumbiste unifié (Palu), et Chantal Ngoyi, du Mouvement social pour le renouveau (MSR) – et 2 de l’opposition : Jean-Pierre Kalamba, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), et Micheline Biye Bongenge, du Mouvement de libération du Congo (MLC).

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Jeuneafrique.com Propos recueillis par Trésor Kibangula

 

Burkina : le doute s’installe autour des intentions de l’armée

novembre 9, 2014

Le lieutenant-colonel Isaac Zida (d), le 8 novembre 2014 à Ouagadougou.
Le lieutenant-colonel Isaac Zida (d), le 8 novembre 2014 à Ouagadougou. © AFP

Au pouvoir depuis la chute de Blaise Compaoré, le lieutenant-colonel Zida et les militaires se sont clairement engagés à rendre le pouvoir aux civils. Face à eux, leaders politiques et représentants de la société civile commencent pourtant à douter de leurs intentions. Explications.

À quoi jouent les militaires ? Depuis quelques jours, de nombreux opposants et membres de la société civile se posent la question sans avoir la réponse. Parmi eux, certains ne cachent plus leurs préoccupations sur la suite de la transition, soupçonnant le lieutenant-colonel Zida et ses hommes de manœuvrer pour garder la main sur le pouvoir.

Le 5 novembre, sous l’égide d’une médiation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’armée, les leaders de l’opposition, les représentants de la société civile, et les chefs religieux et traditionnels s’étaient engagés à instaurer une période de transition d’un an, dirigée par une personnalité civile consensuelle, et devant mener à l’organisation d’élections présidentielle et législatives d’ici novembre 2015. Le message adressé à la communauté internationale et aux Burkinabè était donc clair : le lieutenant-colonel Zida et les militaires transmettront les rênes du pays aux civils.

Le lendemain, une petite phrase lâchée par le nouvel homme fort du Faso en conférence de presse distillait une première once de doute chez les observateurs. « Le délai de 15 jours fixé par l’Union africaine (pour rendre le pouvoir aux civils, NDLR) n’est pas un problème : ce qui importe, c’est la stabilité du Burkina », avait-il lâché, ajoutant qu’il n’était pas « inquiet » face à la perspective d’éventuelles sanctions internationales.

Postes clés

C’est ensuite les propositions des militaires pour l’organisation de la transition qui ont surpris. Jeudi et vendredi, une commission civile (composée de deux membres de l’opposition politique, de deux représentants de la société civile, et de deux chefs religieux et traditionnels), chargée de rédiger un projet de « charte de transition », a reçu leurs suggestions. Dans ce document, dont Jeune Afrique a obtenu une copie, les militaires maintiennent l’idée d’un président civil de transition mais réclament des postes clés. Ils souhaitent notamment instaurer un « Conseil national de transition » à compétences législatives présidé par un militaire et revendiquent un tiers des portefeuilles du futur gouvernement de transition.

Samedi, les responsables de l’opposition et de la société civile, ainsi que des chefs religieux et traditionnels, se sont retrouvés en conférence plénière dans un bâtiment administratif de Ouagadougou pour approuver leur ébauche de « charte de la transition ». Des représentants de l’armée étaient attendus pour participer aux débats mais ne se sont pas manifestés. Il a fallu qu’une délégation civile se rende auprès du lieutenant-colonel Zida à la mi-journée pour qu’il envoie des émissaires.

Ceux-ci sont finalement passés en coup de vent dans l’après-midi. Menés par le colonel Auguste Barry, le bras droit de Zida, ils sont restés une demi-heure avant de remonter dans leurs 4×4. « Nous n’avons pas pu prendre part au travaux pour des questions de contingences opérationnelles, a déclaré le colonel Barry à sa sortie de la salle. Nous sommes seulement venus les encourager.  »

« L’armée ne respecte pas ses engagements »

Dans les couloirs du bâtiment administratif de Ouagadougou où se tenait la réunion, certains ne cachaient pas leurs doutes. « Ils nous disent qu’ils vont venir, mais ne se déplacent pas. On est obligés d’aller les chercher. L’armée ne respecte pas ses engagements, et ça, c’est inquiétant », témoigne Safiatou Lopez Zongo, une des figures de la société civile. Même son de cloche du coté des responsables politiques. « Il est hors de question que cette transition soit autre chose qu’une transition civile, s’irrite un cadre de l’opposition. Il faut que l’armée dise clairement ce qu’elle veut. Nous en tirerons ensuite les conséquences. »

Selon un participant, une réunion de validation définitive de la « charte de la transition » regroupant civils et militaires devrait avoir lieu « lundi après-midi, ou au plus tard mardi matin ». Ce document devrait ensuite être présenté aux médiateurs de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations unies en milieu de semaine prochaine.
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Jeuneafrique.com par Benjamin Roger, envoyé spécial à Ouagadougou

Burkina : l’opposition conteste la transition « confisquée par l’armée »

novembre 2, 2014

Zéphirin Diabré, chef de file de l'opposition.
Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition. © AFP

L’opposition et la société civile du Burkina Faso ont appelé la population à une démonstration de force dimanche. Objectif : contester le nouvel homme fort de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida, adoubé par l’armée.

L’opposition et la société civile burkinabè tentent de reprendre la main, après la chute de Blaise Compaoré. Ils ont ainsi refusé catégoriquement une « confiscation » du pouvoir par l’armée et ont appelé à un nouveau rassemblement dimanche sur la place de la Nation dans la capitale Ouagadougou.

« La victoire issue de l’insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l’armée », ont écrit les partis de l’opposition et les associations de la société civile dans un communiqué commun. Elles ont souligné dans ce document « le caractère démocratique et civil que doit avoir cette transition ».

Vingt-quatre heures après la chute et la fuite du président Blaise Compaoré, les hauts gradés de l’armée avaient mis fin à leurs dissensions en désignant samedi « à l’unanimité » le lieutenant-colonel Zida, 49 ans, numéro deux de la garde présidentielle, comme chef d’un régime de transition, aux dépens de son rival, le chef d’état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré, qui briguait le poste. Ils avaient affirmé que cette transition se ferait de manière démocratique, en concertation avec l’opposition et avec la société civile, tout en restant flous sur les modalités pratiques.

L’Union africaine a exhorté dans la soirée « les acteurs politiques et la société civile du Burkina Faso à travailler ensemble (…) pour convenir d’une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d’élections libres ». Outre ceux de l’UA, des représentants de l’ONU et de la Cédéao, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, continuaient de mener à Ouagadougou une mission de bons offices.

Quant à Blaise Compaoré, après deux jours d’un soulèvement populaire qui a fait une trentaine de morts et une centaine de blessés, selon l’opposition, il s’est réfugié avec sa famille et ses proches à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.

« Ceux qui ne veulent pas un militaire au pouvoir, ils veulent mettre qui ? »

En dépit du climat politique toujours tendu, le calme était revenu samedi dans les grandes villes du Burkina Faso, théâtres de débordements et pillages les jours précédents. À l’appel du Balai citoyen, une organisation de jeunesse en pointe dans la mobilisation, des groupes de jeunes ont nettoyé les rues de Ouagadougou, jonchées de débris, carcasses et pneus brûlés.

Le nouveau pouvoir militaire a décidé la réouverture des frontières aériennes – fermées depuis la veille – et un allègement du couvre-feu, qui reste en vigueur de 22h00 (contre 19h00 auparavant) à 06h00. Les frontières terrestres restaient officiellement fermées. Cependant à « Ouaga », le grand marché et les banques sont restés fermés.

Plusieurs habitantse sont dit déterminés à ne pas laisser le pouvoir aux militaires. « Nous sommes totalement contre la prise de pouvoir par les militaires », a déclaré Salif Ouedraogo, un agent d’assurances de 38 ans. « Nous réclamons un civil à la tête de l’Etat et nous allons nous regrouper place de la Révolution pour dire non au pouvoir militaire, même s’il faut que le peuple saigne davantage ».

Gildas Zongo, un étudiant de 25 ans, s’interrogeait pourtant, soulignant l’absence d’alternative politique crédible, après le long règne de Blaise Compaoré qui a étouffé l’opposition: « Ceux qui ne veulent pas un militaire au pouvoir, ils veulent mettre qui ? »

Jeuneafrique.com avec AFP

 

Burkina Faso: l’Union africaine appelle à une transition civile et consensuelle

novembre 1, 2014

Addis Abeba – L’Union africaine (UA) a appelé samedi à une transition civile et consensuelle au Burkina Faso, après la chute du président Blaise Compaoré.

La présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, appelle les acteurs politiques et la société civile du Burkina Faso à travailler ensemble dans un esprit de consensus et de responsabilité pour convenir d’une transition civile et inclusive devant déboucher sur la tenue, aussi rapidement que possible, d’élections libres, régulières et transparentes, indique l’UA dans un communiqué.

Mme Dlamini-Zuma demande aussi aux responsables des Forces armées et de sécurité de s’abstenir de tous actes ou propos qui pourraient compliquer davantage la situation au Burkina Faso et affecter négativement la sécurité et la stabilité régionales et la jeunesse (…) à rester calme et à soutenir un règlement pacifique de la crise.

Une transition civile et consensuelle répondrait non seulement aux aspirations légitimes du peuple du Burkina Faso au changement et à l’approfondissement de la démocratie, mais faciliterait également la mobilisation de l’appui international nécessaire pour permettre une sortie de crise réussie, dit encore l’organisation, qui tiendra un conseil de paix et de sécurité lundi pour examiner la situation dans le pays.

Après le départ vendredi de Blaise Compaoré, chassé par des manifestations et des émeutes populaires massives après 27 ans de pouvoir, l’armée a désigné samedi le lieutenant-colonel Isaac Zida comme chef du régime de transition.

Les partis de l’opposition et les organisations de la société civile burkinabè ont cependant exigé une transition démocratique et civile, refusant la confiscation du pouvoir par l’armée.

Romandie.com avec(©AFP / 01 novembre 2014 18h41)

Congo: La société civile remet son projet de Constitution aux partis politiques

juillet 6, 2014
 Le président de la Cellule, El Hadj Djibril Abdoulaye Bopaka.


Le président de la Cellule, El Hadj Djibril Abdoulaye Bopaka.

CONGO BRAZZAVILLE, (CONGOSITE) – La société civile congolaise, à travers la «Cellule de réflexion sur la Constitution du 20 janvier 2002», procède à la remise du projet de la nouvelle Constitution qu’elle a élaboré aux partis politiques les plus représentatifs au parlement. Le Parti congolais du travail (PCT) a été le premier récipiendaire de ce projet de texte fondamental. C’est son secrétaire général, Pierre Ngolo, qui l’a réceptionné, le 3 juillet 2014 à Brazzaville, des mains du président de la Cellule, El Hadj Djibril Abdoulaye Bopaka.

La Cellule de réflexion sur la Constitution du 20 janvier 2002, qui regroupe les membres des différents partis et associations politiques, des confessions religieuses, des associations apolitiques, etc., veut faire comprendre aux partis politiques l’intérêt de changer la Constitution du 20 janvier 2002. Mise en place le 20 octobre 2013, cette Cellule jouit d’une autonomie de pensée et d’action et est composée d’une coordination de cinq membres et de trois commissions spécialisées de dix membres chacune.

Selon la Cellule, la Constitution du 20 janvier 2002 consacre une trop longue durée du mandat du Président de la République pour justifier l’exécution d’un programme jusqu’à son terme. Elle consacre également l’indulgence à l’égard de certains membres du gouvernement indifférents, aux moyens d’information et contrôle parlementaire de l’action gouvernementale. De même, cette Constitution a érigé une barrière ou garde-fou infranchissable à travers les articles 1 à 42, 57 et 185. La raison est simple : cette constitution a été élaborée après une période caractérisée par l’intolérance et la violence politiques sous toutes ses formes. Certes, elle a le mérite d’avoir permis au peuple congolais de capitaliser les références cardinales d’une nouvelle culture politique, mais elle ne consacre point, à travers la décentralisation, une autonomie fonctionnelle avec les collectivités locales ; elle dispose d’un faible pouvoir coercitif qui ne permet aux gouvernants à s’accommoder aux dispositions constitutionnelles relevant du droit.

C’est au regard de ce constat que la société civile a décidé d’apporter sa contribution au débat politique. «La Cellule de réflexion a travaillé pendant huit mois. Il est normal qu’elle vienne rencontrer le PCT, qui est le parti majoritaire au parlement, pour lui remettre le projet de Constitution qu’elle a rédigé. L’avantage de cette Cellule est qu’elle a travaillé avec le concours de tous les citoyens congolais. Dans cette Cellule vous trouvez des magistrats, des enseignants, des journalistes, des historiens, des économistes, des médecins, des avocats, des juristes, des opérateurs économiques, des chefs des confessions religieuses, etc. C’est donc des gens du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. C’est cela qui fait la fierté de la société civile congolaise», a déclaré El Hadj Djibril Abdoulaye Bopaka.

Il a ajouté : «Le même travail que nous venons de faire avec le PCT, nous le ferrons avec les autres partis, notamment ceux de l’opposition comme l’UPADS, les partis du Centre, etc. Nous, société civile, n’avons pas de siège au parlement. C’est par le biais des partis politiques que nous pouvons faire passer notre point de vue. Car, ce sont les partis politiques qui débattent, au niveau du parlement, de la question du changement ou non de la Constitution. Nous avons conclu pour le changement de la Constitution parce que le pays doit maintenant entrer dans une autre phase, qui est différente à celle que nous avons connue hier. Douze après, nous avons pensé qu’avec l’évolution de notre pays, il était nécessaire d’apporter des changements constructifs de la démocratie congolaise».

L’ossature du projet de la Constitution rédigé par la Cellule comprend un préambule et 26 titres, disséqués en 227 articles pour 44 pages. Hadj Djibril Abdoulaye Bopaka n’a pas voulu dévoiler le contenu du projet de la Constitution. L’on se rappellera seulement que lors de la cérémonie de clôture des travaux, le 8 mai dernier, la Cellule avait formulé plusieurs recommandations, parmi lesquelles celles portant : sur le changement de la Constitution du 20 janvier 2002 ; sur le choix du régime ; sur la durée du mandat présidentiel ; sur le nombre des mandats du député ; sur le nombre de mandats du sénateur ; sur l’âge limite minima-maxima du candidat au poste du Président de la République ; sur la consécration du pouvoir des notables et des chefs coutumiers ; sur la consécration de l’élection des maires à tous les niveaux ; sur les peuples autochtones ; et sur la décentralisation.

Congo-site.com par Gaspard Lenckonov

Centrafrique: la nouvelle présidente prépare son gouvernement dans l’urgence

janvier 24, 2014

La présidente centrafricaine s’emploie vendredi, au premier jour de son entrée en fonction, à former son équipe gouvernementale dont la mission sera de désamorcer dans l’urgence la haine qui ronge le pays après des mois de violences entre chrétiens et musulmans.

Après sa prestation de serment devant les magistrats de la Cour constitutionnelle jeudi, Catherine Samba Panza s’installe dès ce vendredi au palais présidentiel pour travailler.

Une brève cérémonie de passation des pouvoirs devait s’y tenir avec le président du Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire), Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui a assuré l’intérim de l’exécutif depuis la démission, le 10 janvier et sous la pression internationale, de Michel Djotodia, a-t-on indiqué de source officielle.

La nouvelle présidente devait ensuite avoir une série d’entretiens « avec les différentes couches de la société », selon la même source, avant de nommer rapidement son Premier ministre et un gouvernement qu’elle dit vouloir « resserré » et composé de « technocrates ».

Elle va ainsi recevoir notamment « les corps constitués », des représentants des partis politiques, de la société civile, du mouvement associatif, etc. . .

Selon des sources politiques et diplomatique, la présidente devrait ensuite annoncer le nom de son Premier ministre, d’ici la fin de la semaine, puis dans la foulée la composition d’un gouvernement qui devra être prêt immédiatement à relever le défi de restaurer la paix après des mois de haines intercommunautaires.

« Aux combattants des ex-Séléka partisans musulmans de M. Djotodia) et aux anti-balaka (milices chrétiennes), je leur demande avec insistance d’observer un comportement patriotique en déposant les armes », a demandé une nouvelle fois Mme Samba Panza lors de sa prestation de serment.

Règlements de compte

M. Djotodia, qui avait renversé le régime de François Bozizé en mars 2013 à la tête de sa coalition rebelle Séléka, a été contraint à la démission pour son incapacité à arrêter les tueries entre chrétiens et musulmans.

Vendredi matin, dans le quartier du PK-12, à la sortie nord de la capitale, ces appels à l’apaisement n’ont pas été entendus par les pillards, qui comme les jours précédents, continuaient de s’en prendre aux biens des civils musulmans, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Un cadavre gisait dans une brouette. Selon des témoins, il s’agissait d’un « règlement de comptes » entre pillards. De jeunes hommes emportaient tôles, charpentes de maisons désertées par des familles musulmanes qui ont fui les violences.

Les soldats français de l »opération Sangaris étaient déployés dans le quartier pour empêcher que les pillages ne dégénèrent en tueries.

Des miliciens anti-balaka étaient également visibles. A quelques centaines de mètres de là, la vie paraissait normale.

Ces violences au quotidien soulignent que rien n’est réglé en Centrafrique pour l’instant, même si l’élection de Mme Samba Panza a été favorablement accueillie par la population et la communauté internationale, qui a lui a promis son soutien financier.

La Banque mondiale a ainsi annoncé jeudi une aide d’urgence de 100 millions de dollars. L’Union européenne va envoyer une force d’environ 500 hommes à Bangui pour soutenir les 1. 600 soldats français de Sangaris et les quelques 5. 000 hommes de la force africaine (Misca) déjà sur le terrain.

En province, la « majorité » du territoire reste sous la coupe implacable de chefs de guerre, ont rappelé mercredi l’archevêque et l’imam de Bangui, Dieudonné Nzapalainga et Oumar Kobine Layama, qui depuis des mois appellent en vain leurs concitoyens à la paix.

Ces mois de violences ont provoqué un désastre humanitaire en Centrafrique, déjà l’un des pays les plus pauvres du continent, en dépit de son potentiel agricole et minier.

La crise affecte directement la moitié des quelque 4,6 millions de Centrafricains, avec des centaines de milliers de déplacés des violences, dont 400. 000 dans la seule capitale.

Jeuneafrique.com avec AFP

Burundi: le gouvernement demande la fermeture du bureau de l’ONU

novembre 8, 2013

Une délégation de l’Onu est venue discuter à Bujumbura de la fermeture du Bureau des Nations unies au Burundi (Bnub) demandée par le gouvernement, mais que l’opposition trouve mal venue à l’approche d’importantes élections, a appris l’AFP de sources concordantes vendredi.

« Le gouvernement du Burundi dit que le Bnub a terminé sa mission puisque la paix est revenue dans ce pays, il a donc demandé que l’Onu mette fin au mandat du Bnub », a déclaré à la presse le chef de la délégation onusienne, Sam Ibok, directeur du département des affaires politiques pour l’Afrique.

« Nous sommes donc ici comme des envoyés spéciaux du Conseil de sécurité pour rencontrer le gouvernement, l’opposition, la société civile, les écouter après quoi nous allons retourner à New York pour présenter notre rapport sur la meilleure façon de répondre à cette demande », a-t-il poursuivi.

L’ONU avait déployé une mission de paix au Burundi après la signature des accords d’Arusha en 2000 qui avaient ouvert la voie à la fin d’une longue guerre civile au Burundi. La mission a plusieurs fois changé de nom et de structure, pour devenir le Bnub après les dernières élections générales de 2010.

La mission d’évaluation a depuis lundi rencontré le Premier vice-président Bernard Busokoza, des membres du gouvernement, l’opposition, la société civile et les responsables des médias, selon une source onusienne à Bujumbura. Elle doit encore rencontrer le président burundais, Pierre Nkurunziza.

« C’est très surprenant. Presque tous ces interlocuteurs, même du gouvernement, estiment que l’heure du retrait n’a pas encore sonné pour le Bnub, au regard du rôle que ce bureau joue aujourd’hui et des échéances électorales qui approchent », a précisé cette source sous couvert d’anonymat.

Le Burundi a failli basculer une nouvelle fois dans la violence après les élections de 2010, boycottées par les principaux partis d’opposition.

Le climat politique s’est ensuite amélioré, mais la paix au Burundi est toujours jugée « fragile » par l’ONU, dont des représentants expriment, sous couvert d’anonymat, le souhait d’accompagner le pays jusqu’aux prochaines élections, en 2015.

« Le Bnub est aujourd’hui indispensable si on veut créer les conditions d’élections justes et équitables en 2015 », a déclaré à l’AFP Léonce Ngendakumana, président de la coalition d’opposition ADC-Ikibiri. Pour lui, ceux qui demandent sa fermeture « veulent tricher encore une fois aux élections, veulent encore ramener ce pays dans la tourmente ».

Le Conseil de sécurité doit annoncer sa décision sur le sort du Bnub avant le 15 février 2014, fin de l’actuel mandat du Bureau.

Jeuneafrique.com avec AFP