
Pour créer un allumage par fusion nucléaire, l’énergie laser est convertie en rayons X à l’intérieur d’un hohlraum, qui comprime ensuite une capsule de combustible jusqu’à ce qu’elle implose, créant ainsi un plasma à haute température et à haute pression. Photo: LLNL
Des chercheurs américains du Laboratoire national Lawrence Livermore (LLNL) en Californie sont pour la première fois parvenus à produire un gain net d’énergie grâce à la fusion nucléaire de deux isotopes d’hydrogène pour former de l’hélium, produisant au passage une immense quantité d’énergie.
La secrétaire américaine de l’Énergie, Jennifer Granholm, l’a annoncé mardi en compagnie des scientifiques du LLNL. Elle a qualifié la réalisation d’historique
, qui rapproche le monde de la possibilité de créer une énergie de fusion abondante sans carbone
.
Il a fallu des générations de personnes pour atteindre cet objectif. C’est une étape scientifique importante et c’est aussi une merveille d’ingénierie
, a ajouté l’ingénieure Arati Prabhakar, directrice du Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison-Blanche.
Les scientifiques tentent depuis plus de 50 ans de créer de l’énergie grâce à la fusion nucléaire, dans le but d’en faire une source d’énergie plus propre.
Elle pourrait un jour permettre à l’humanité de rompre sa dépendance aux énergies fossiles, responsables du réchauffement climatique. Autre avantage : elle ne crée pas de déchets radioactifs, contrairement à la fission nucléaire.

Un hohlraum est un dispositif de laboratoire destiné à produire un rayonnement qui absorbe parfaitement toute l’énergie électromagnétique qu’il reçoit. Celui-ci abrite le type de cible cryogénique utilisé pour réaliser la percée du 5 décembre 2022. Photo : LLNL
La fusion est différente de la fission, technique utilisée dans les centrales nucléaires actuellement qui consiste à casser les liaisons de noyaux atomiques lourds pour en récupérer l’énergie.
Le gain d’énergie net a longtemps été un objectif insaisissable, car la fusion se produit à des températures et des pressions si élevées qu’elle est incroyablement difficile à contrôler.
Cette réaction nucléaire est celle qui alimente les étoiles, dont notre Soleil. Grâce aux conditions de chaleur et de pression extrêmes qui y règnent, les atomes d’hydrogène fusionnent pour former de l’hélium, produisant au passage une immense quantité d’énergie.
Sur Terre, ce processus peut être obtenu à l’aide de lasers ultrapuissants.
Au LLNL, pas moins de 192 lasers sont pointés vers une cible aussi petite qu’un dé à coudre, où sont placés les atomes légers d’hydrogène à fusionner.
Les scientifiques ont ainsi produit environ 2,5 mégajoules d’énergie, soit une augmentation d’environ 20 % par rapport aux 2,1 mégajoules utilisés par les lasers.
La production d’énergie pour alimenter les maisons et les entreprises à partir de la fusion nucléaire n’est pas pour demain, mais les chercheurs soulignent qu’il s’agit néanmoins d’une étape importante d’un processus qui devrait se développer dans les prochaines décennies.
Par Radio-Canada avec les informations de Associated Press et Agence France-Presse