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A Kinshasa, on croque chenilles ou larves pour le plaisir et les protéines

juillet 20, 2014
A Kinshasa, on croque chenilles ou larves pour le plaisir et les protéines © AFP

A Kinshasa, on croque chenilles ou larves pour le plaisir et les protéines © AFP

Au marché Gambela de Kinshasa, on trouve des insectes pour tous les goûts: grosse larves de charançon blanches qui laisseront une impression d’onctuosité dans la bouche, chenilles légèrement croquantes ou termites cassant sous la dent.

Ces plaisirs sont à la portée de toutes les bourses et constituent une source de protéines à moindre coût, mais les véritables amateurs en défendent les vertus gastronomiques.

La fréquentation des étals des marchandes d’insectes prouve l’engouement des Kinois pour cette nourriture généralement bouillie ou frite.

« Les chenilles et même les autres insectes que nous mangeons sont très riches en protéines », soutient Maguy Manase, vendeuse.

Les chenilles sont vendues séchées, vivantes ou bouillies, dans des casseroles, des sacs ou dressées en pyramide sur les étals en bois vieilli ou à même le sol. Les termites, vivants, sont ramassés à la louche dans une casserole pour venir emplir le sac du client. En saison, on trouve aussi des sauterelles.

Les prix varient fortement d’une espèce à l’autre. Elise Yawakana s’est procurée six grosses larves bien grasses à 1. 000 francs congolais (environ 0,8 euro ou 1,1 dollar). Pour cette sexagénaire, « c’est un menu spécial », « un repas de luxe ». Plus commun, un gobelet de chenilles se vend à 1. 500 francs (1,2 euro ou 1,6 dollar).

Les chenilles sont « mieux que les vivres frais », lance Marie Nzumba, vendeuse de chenilles depuis 15 ans, pour écouler sa marchandise.

En République démocratique du Congo, près de 90% de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour selon l’ONU. Conscientes de l’intérêt nutritionnel des insectes, les autorités sanitaires organisent des séances de sensibilisation pour inciter les femmes à en inclure régulièrement dans l’alimentation de leurs enfants.

Au Centre de santé « Boyambi » tenu par l’Armée du salut, ces séances sont quotidiennes.

Emilie Kizayako Mpiedi, infirmière, appelle les mères à servir une bouillie à base de farine de chenilles comme supplément alimentaire au lait maternel pour leurs nourrissons de plus de 6 mois.

– Acides aminés –

Un tel traitement permet de soigner les enfants souffrant de malnutrition, explique le Dr Véronique Mbuzi, alors que selon le Programme alimentaire mondial, 52% des enfants de moins de cinq ans sont atteints de malnutrition chronique ou aiguë en RDC.

Les chenilles « sont à la portée de toutes les bourses », mais ce n’est pas pour autant « une nourriture de pauvres », insiste l’infirmière pour vanter la qualité nutritionnelle de ces ingrédients.

Notant qu’un habitant de la planète sur trois consomme déjà des insectes, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) préconise dans un rapport récent (http://www. fao. org/forestry/edibleinsects/fr/) le développement de l’entomophagie (consommation d’insectes) pour « répondre aux problèmes de la sécurité alimentaire humaine et animale ».

« Les insectes comestibles contiennent des protéines de haute qualité, des vitamines et des acides aminés pour les humains », indique ce document qui plaide pour un développement des fermes d’insectes.

Selon la FAO, l’entomophagie pourrait contribuer à nourrir les 9 milliards d’habitants que la planète devrait compter en 2030 en préservant mieux l’environnement que ne le fait l’élevage traditionnel.

Pour l’heure, à Kinshasa, la totalité des insectes consommés sont récoltés à l’état naturel, et la grande majorité provient de la forêt équatoriale qui couvre les provinces de Bandundu et de l’Equateur (Ouest de la RDC).

On mange aussi simplement les insectes parce que l’on aime ça, comme Bonaventure, qui en savoure un plat dans un boui-boui de Kinshasa. « C’est bon », dit ce chauffeur quinquagénaire en souriant, « c’est une nourriture que j’aime, je la préfère à la viande ». Chenilles à la « mwambe » (sauce d’arachides), aux légumes, en friture ou à la tomate: pour lui, chaque recette est un plaisir.

De nombreux restaurants de fortune en servent tous les jours en friture avec du piment pour accompagner le « fufu », pâte ferme à base de farine de maïs et de manioc.

C’est notamment une nourriture de fête. Dans ce cas précise Ginette Ngandu, tenancière, les clients commandent souvent « d’avance leurs plats de chenilles » pour être sûr qu’ils leur soient servis.

Jeuneafrique.com avec AFP

Conte : Le Grillon, la Luciole et l’Escargot

juin 30, 2011

Un Grillon des champs, aux antennes fines et sensibles, aux yeux luisants, à l’allure robuste, cultivait des épinards pour sa subsistance.

Travailleur diurne, assidu et résistant, il avait étalé de longs sillons de légumes que la nature arrosait par des petites pluies douces dans un relais permanent du soleil qui apportait la lumière et la chaleur pour leur bonne croissance.

Une fois les légumes à maturité, les trois sillons qu’il avait préparés donnèrent une bonne production. Il en récolta un pour sa ration personnelle. Il garda les deux autres pour la vente afin d’avoir un peu d’argent.

Quand arriva le jour le plus favorable pour réaliser son profit monétaire, il se rendit aux champs avec sa corbeille d’osier. Il marchait fièrement en chantant pour exprimer sa joie :  « crin, crin, crin ». Cette cueillette devrait lui procurer un bonheur complémentaire.

Jetant au loin son regard sur l’étendue en série de ses sillons; le doute des images gagnait le reflet de la perception. Vint soudain la surprise la plus étonnante, il ne retrouva pas la totalité des épinards car mangés, par segments, lui laissant de simples tiges debout sur les deux sillons comme de vieux soldats effeuillés, sans galons sur les épaulettes.

Il pleura toute la journée devant ses sillons dévastés; la fonte de ses larmes avaient mouillé tous ses habits. Il avait perdu tout espoir. Il maudit celui qui lui avait causé un tel préjudice.

A la tombée de la nuit, il chercha à rentrer chez-lui. A mi-chemin, il fit égarer au point de ne plus reconnaître l’emplacement de son domicile. Il se mit encore à chanter et à pleurer. Soudain, une belle petite Luciole, aux yeux noirs vint lui tourner trois fois émettant sa lumière verte sous ses ailes et lui montra la direction de sa maison sous le bois sacré.

La Luciole lui posa la question :
– Pourquoi, pleures-tu cher Grillon à cette heure-ci ?
– Je pleure parce qu’une partie de mes épinards a été mangée
– Ah, bon ! Ne connais- tu pas l’auteur de ce mauvais acte ?
– Point du tout.

La Luciole l’accompagna chez-lui. Il ne cessait en cours de route de lui expliquer avoir été victime dans son champ d’épinards d’une razzia de sa production vivrière. Après une brève escale dans sa maison, elle lui demanda d’aller lui montrer, en pleine nuit, ses sillons endommagés.

La Luciole le devança pour illuminer le chemin avec ses phares arrière que suivait gentiment le Grillon.

– Tu vois mes sillons qui ont été pris d’assaut maladroitement?
– Bien sûr !

La Luciole dit au Grillon :  « Je vais monter la sentinelle ici ». Il le remercia pour cette bonne proposition consistant à retrouver la piste du voleur. Il ajouta, en outre : « Comme tu as laissé une moitié d’épinards, je suis sûr que le malfaiteur reviendra sur le lieu de sa consommation ».

Le Grillon courut en dansant, sautant, vola et rentra dans sa maison aux multiples galeries.

Pendant ce temps, la Luciole était aux aguets, perchée sur la branche de l’arbuste en bordures des sillons. Elle vit, en pleine nuit, un Escargot marron, à la coquille rondelette, aux nombreux enfants, qui envahissait la portion congrue d’épinards. La Luciole décolla, sillonna les épinards, torcha l’Escargot de sa lumière de laser. Effrayé et ébloui, il se cacha avec tous ses enfants sous les feuilles vertes des épinards. Trop tard, la Luciole les avait déjà vus. Il partit rendre compte chez le Grillon. Celui-ci ne croyait pas un seul instant que l’Escargot pouvait lui causer un quelconque préjudice d’une si haute méchanceté. Je ne m’en reviens pas, dit-il : à peine trois mois, nous étions ensemble au mariage du Crapaud, à l’île Tsoukoula, et que nous étions assis sur la même table.

Eh, ben ! C’est bien ton ami que j’ai vu et surpris entrain de manger tes épinards.

La Luciole promit au Grillon une solution rapide et efficace. EIle repartit aux champs, pondit ses œufs sous les pieds des épinards. A leur éclosion ceux-ci devinrent des larves protectrices des légumes.

Voulant récidiver son acte dévastateur, l’Escargot repartit la nuit, comme à son habitude, pour racler le reste des épinards. Malheureusement, au même moment les larves de la Luciole qui patrouillaient entre les sillons, attrapèrent l’Escargot et toute sa famille; les mangèrent copieusement comme un régal de bon goût. L’information arriva dans les oreilles de la Luciole que le sort de l’Escargot était réglé. Elle partit chez le Grillon pour lui apporter la nouvelle. Celui-ci n’en croyait pas de ses yeux et demanda d’y faire un tour pour vivre la réalité de la mort de l’Escargot et de sa famille. Il l’embrassa, le félicita et lui offrit une coupe de vin pour célébrer ce grand événement de la victoire sur le malfaiteur et sa cohorte.

Après la dégustation du fruit de leur solution, ils se rendirent au champ et le Grillon trouva parsemé, par endroits, de nombreux cadavres d’Escargots, au contenu vide de leur coquille, car ils étaient dévorés par des larves de Luciole. Il était finalement convaincu de ce qui était arrivé. Il a cru au bon service reçu de la part de la Luciole, faisant de lui son meilleur ami pendant la saison de son existence.

La Luciole réitéra sa disponibilité auprès du Grillon, en lui disant : «  A chaque fois que tu seras dans le besoin, tu pourras compter sur moi ». Le souci du Grillon fut soulagé et réglé pour ses épinards. Je ne savais pas que tes larves avaient la particularité de manger des Escargots ce que toi-même ne sait pas faire.

Chacun de nous dans la nature a son rôle et la nature s’est réglée les choses devant le désespoir d’une situation alarmante.

© Bernard NKOUNKOU