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RDC: quand le pasteur François-David Ekofo sermonne le pouvoir

janvier 17, 2018

 

Lors de la cérémonie d’hommage à Laurent Désiré Kabila, le 16 janvier 2017. © DR / Présidence de la République RDC

Lors de la commémoration de la mort de Laurent-Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier 2001, le pasteur François-David Ekofo s’est livré à un discours très critique envers le gouvernement congolais, évoquant notamment la nécessité de « passer le relais ».

Après le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, qui dénonçait début janvier la « barbarie » de la répression de la marche du 31 décembre par les forces de sécurité, et appelait à ce que « les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo », c’est cette fois le pasteur François-David Ekofo qui, dans un langage sensiblement plus diplomatique, mais dans des allusions on ne peut plus claires, s’est directement adressé au pouvoir ce mardi 16 janvier. Le discours a d’ailleurs été largement relayé sur les réseaux sociaux.

[Laurent-Désiré Kabila] nous a légué cette parole : de ne jamais trahir le Congo

« Nous commémorons l’anniversaire de la mort de Mzee Kabila, et nous retenons ce que nous pensons qui sera le résumé de sa pensée, qui va traverser des générations et des générations de Congolais. Et il nous a légué cette parole : de ne jamais trahir le Congo », a lancé le religieux lors d’une cérémonie protestante organisée ce mardi dans le cadre de l’anniversaire de l’assassinat du « Mzee » – le vieux, en swahili – Laurent-Désiré Kabila à la cathédrale du Centenaire de l’Église du Christ au Congo (ECC), dans la commune de Lingwala, dans la banlieue de Kinshasa.

Discours offensif devant des cadres du régime

« J’aime bien l’athlétisme. Et j’aime spécialement […] la course de relais, ou une première personne transmet le bâton à une deuxième personne, à une troisième, à une quatrième. La première personne à courir, on doit toujours prendre quelqu’un qui est le meilleur. Parce que de ses efforts dépendront le reste à courir », a semblé digresser le pasteur François-David Ekofo.

Mais c’était pour mieux en venir au cœur d’un message délivré devant un parterre rassemblant plusieurs ministres et cadres politiques : parmi lesquels le Premier ministre, Bruno Tshibala, le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, le secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti présidentiel), Henri Mova Sakanyi, l’épouse de Joseph Kabila et plusieurs membres de la famille du président ou encore le président du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre, Joseph Olenghankoy.

« Dans l’histoire du pays, c’est pareil. Nous prenons un témoin que nous transmettons à la génération qui vient. D’où ma question. Quel pays allons-nous léguer à nos enfants, à nos petits-enfants ? »

J’ai l’impression que l’État n’existe pas vraiment

Évoquant dans la foulée « l’obligation historique » pour les Congolais à maintenir l’unité du pays et à « ne pas léguer à nos enfants un pays divisé », le pasteur a ensuite égrener la liste des maux dont il juge la RDC affligée.

Au premier rang desquels, la faiblesse de l’État. « Nous devons léguer à nos enfants un pays où l’État existe réellement. Je dis bien réellement. Parce que j’ai l’impression que l’État n’existe pas vraiment. »

Il a également vitupéré contre l’état des infrastructures routières, le trop faible niveau de sécurité alimentaire et l’incapacité du pays à faire profiter ses populations des richesses de son sous-sol.

« Nous avons du pétrole abondant […]. Nous avons le coltan, que tout le monde cherche dans le monde entier. Nous avons l’or, le diamant, etc. C’est un péché pour le Congo d’être encore pauvre. Nous devrions être parmi les riches nations du monde ! », a-t-il lancé.

Et de conclure : « Le Congo ne sera pas toujours faible comme il est maintenant. Il va se réveiller un jour. »

Le PPRD répond

Interpellé sur le sujet par des journalistes en marge de la marche que le PPRD organisait à l’issue de la célébration, Henri Mova Sakanyi, le secrétaire général du parti présidentiel, a préféré éluder la portée de la charge. « C’est complexe ! On ne peut pas se contenter de faire une affirmation comme ça », a-t-il lancé. Et s’il juge que le discours du pasteur prouve que « la conscience de servir le Congo est là », Henri Mova affirme également que « plein de gens nous empêchent de faire éclore toute la potentialité qu’il y a dans le Congo. »

L’interpellation du pasteur ne concerne pas que la classe dirigeante

« Que le pasteur nous interpelle, tant mieux. C’est un patriote. Que d’autres catégories sociales nous interpellent, tant mieux… Mais […] il n’y a pas d’un côté, [ceux] qui font le pays, et de l’autre [ceux] qui font des sermons », a encore ajouté le secrétaire général du PPRD. Pour lui, « l’interpellation du pasteur ne concerne pas que la classe dirigeante. Cela concerne tout le monde, y compris la convoitise extérieure ».

Évoquant ce qu’il décrit comme « la machination visant à empêcher le peuple congolais à s’exprimer pour la troisième fois aux élections », Henri Mova accuse même « d’autres » de vouloir « le bloquer en utilisant l’église ».

La prochaine échéance, dans le bras de fer qui semble s’instaurer de manière de plus en plus frontale entre le pouvoir et les différentes obédiences chrétiennes du pays, aura lieu ce dimanche 21 janvier : les organisateurs de la marche du 31 décembre ont annoncé leur intention de mobiliser tout le pays pour des « marches chrétiennes », afin de réclamer la « mise en œuvre intégrale » de l’accord de la Saint-Sylvestre.

Jeuneafrique.com

RDC: le jour où un simple « kadogo » a tué Laurent Désiré Kabila

janvier 16, 2018

 

Une statue du Mzee, Laurent-Désiré Kabila, à Kinshasa, en mai 2005. © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

Le 16 janvier 2001, un « kadogo » du nom de Rachidi, un simple soldat, se dirige vers Laurent-Désiré Kabila, dégaine et tire. Revivez la mort du « Mzee » dans un article de Francis Kpatindé, publié dans Jeune Afrique l’intelligent n° 2089, daté du 23 au 29 janvier 2001.

Mardi 16 janvier, aux environs de 13 heures. Laurent-Désiré Kabila travaille dans son bureau, au palais de Marbre, situé dans le quartier huppé de Binza, sur les hauteurs de Kinshasa. Dans la  matinée, le président congolais a accordé quelques audiences. « La routine », assure un collaborateur. Des hommes d’affaires, quelques politiciens. Rien de plus. À l’heure du déjeuner, il reçoit son conseiller économique, Mota, qui doit normalement l’accompagner le lendemain à Yaoundé, où le président prévoit de retrouver ses pairs africains et français pour le XXIe sommet Afrique-France.

Parvenu au pouvoir en mai 1997, après avoir délogé le maréchal Mobutu, Kabila a travaillé, dans un premier temps, au palais de la Nation, à proximité du fleuve qui sert de frontière naturelle entre l’ex-Zaïre et le Congo-Brazzaville. Puis, craignant de faire les frais d’un éventuel obus tiré à partir de l’autre rive, l’ancien maquisard a déménagé à la Cité de l’OUA. Mais, obligé de traverser tous les jours, lors de ses déplacements, une caserne (le camp Tshashi, naguère réputé pour avoir abrité la garde prétorienne de Mobutu), il choisira finalement de s’installer au palais de Marbre, l’ancienne résidence des hôtes de marque, où, pensait-il, sa sécurité serait mieux assurée.

Panique générale

Rien d’anormal donc, en ce mardi 16 janvier. Devant la porte du bureau présidentiel, quelques militaires devisent tranquillement avec un fonctionnaire du protocole. Peu avant 14 heures, un jeune soldat de la garde – selon nos informations, un caporal du nom de Rachidi – arrive et demande à aller « présenter ses civilités » au président. En d’autres termes, il veut aller saluer Kabila. Ailleurs, pareille chose est peut-être impensable. Ici, comme dans beaucoup d’autres pays africains, n’importe quel quidam peut pénétrer dans le bureau présidentiel, pour peu qu’il compte des amis ou des parents au sein de la garde ou du protocole. « C’était un vrai foutoir autour de Kabila, raconte ainsi Jean-Claude Vuemba, qui préside le Mouvement du peuple congolais, un parti d’opposition. On y entre et on en sort comme on veut. Les conseillers, les ministres, voire de simples plantons, entrent à leur guise, interrompent de manière tonitruante les audiences pour faire parapher des documents, pour annoncer un autre visiteur ou, simplement, pour saluer le maître des lieux. »

Selon une indiscrétion, ce jeune soldat semble avoir mal vécu l’exécution pour «  indiscipline », quelques jours plus tôt, d’un de ses meilleurs amis, kadogo comme lui

Les soldats de faction devant le bureau présidentiel laissent donc Rachidi, un kadogo, un simple soldat de base, pénétrer dans le saint des saints. Il se dirige calmement vers Kabila, en pleine conversation avec son conseiller, dégaine son arme et lui tire dessus. Le chef de l’État s’écroule, atteint au cou et au bas-ventre. Mota se met à hurler pour rameuter la garde. L’aide de camp (qui est, en même temps, le chef d’état-major particulier du président), le colonel Eddy Kapend, un « Katangais » formé en Angola, et quelques soldats font irruption dans le bureau. Ils découvrent le président allongé par terre, « en plein délire » et se vidant de son sang. À ses côtés, accroupi, le conseiller économique essaie de le soulager par un massage. Le caporal Rachidi tente de s’enfuir. Il est aussitôt abattu par la garde. Selon une indiscrétion, ce jeune soldat semble avoir mal vécu l’exécution pour «  indiscipline », quelques jours plus tôt, d’un de ses meilleurs amis, kadogo comme lui. « C’est un soldat originaire du Kivu [flanc oriental du pays occupé par les troupes rwandaises et ougandaises] qui a tiré sur le président », explique pour sa part au téléphone le ministre de la Communication, Dominique Sakombi, en affirmant tout ignorer de la personnalité et des motivations de l’auteur de l’attentat.

Les militaires bouclent aussitôt le périmètre autour du palais de Marbre. Dans une atmosphère de panique générale, ils font venir un hélicoptère de l’aéroport de Ndjili pour transporter le blessé à la clinique Ngaliema (ex-clinique Reine-Elisabeth), située dans le quartier résidentiel de la Combe, où les médecins lui prodiguent les premiers soins. Pendant ce temps, au palais, les politiques essaient de reprendre la situation en main. Arrivé au pouvoir par les armes, Laurent-Désiré Kabila avait été investi président en vertu d’un simple décret-loi pris pour les besoins de la cause et qui ne prévoyait pas – on comprendra aisément pourquoi – de vacance du pouvoir exécutif. En présence de ce vide juridique, Gaëtan Kakudji, le ministre d’État chargé des Affaires intérieures, prend les opérations en main. Dans l’ordre protocolaire, ce cousin et proche parmi les proches de Kabila est, en effet, le numéro deux du régime.

« Nous sommes en guerre »

Il organise donc, selon nos informations, une « réunion de crise» à laquelle prendront part le colonel Eddy Kapend, le ministre d’État Pierre Victor Mpoyo (l’homme de Luanda auprès de Kabila), l’ambassadeur angolais en République démocratique du Congo (ROC), ainsi que les chefs des détachements militaires angolais et zimbabwéens. « Le président est en train de mourir et nous sommes en guerre, explique d’emblée Kakudji à l’assemblée. Il sera difficile, dans ces conditions, à un civil de faire face à la situation et de maintenir la continuité de l’État. »

Le représentant de l’Angola suggère alors au colonel Eddy Kapend de « prendre ses responsabilités ». L’intéressé décline l’offre, craignant, semble-t-il, de passer aux yeux de l’opinion, dans la confusion ambiante, pour l’inspirateur du régicide. Tout au plus consent-il à aller, après la réunion, lancer un appel au calme à la télévision et à la radio. Il s’y rendra d’ailleurs, encadré par des soldats angolais, pour annoncer la fermeture des frontières terrestres et de l’aéroport de Kinshasa, l’instauration d’un couvre-feu et la mise en état d’alerte des forces armées.

Après la renonciation de Kakudji et le « niet » du colonel Kapend, un des participants à la réunion de crise évoque alors, comme possible « président intérimaire », le général Denis Kalume Numbi, ministre du Plan et de la Reconstruction nationale. Mais, après une longue discussion, Pierre Victor Mpoyo sortira de son chapeau le nom du général-major Joseph Kabila, resté, lui, aux côtés de son père à la clinique Ngaliema. Outre qu’il porte le même patronyme que ce dernier, il présente l’avantage d’être un militaire et d’incarner une certaine continuité.

Kabila fils n’est pas vraiment un officier, du moins au sens classique de la fonction. Par la volonté de son père, qui l’a récupéré peu avant le début de la marche triomphale sur Kinshasa de l’AFDL, en 1996, il a commencé sa carrière comme « commandant ». Envoyé par la suite en formation en Chine, il a été bombardé, à son retour, général, nommé chef d’état-major adjoint des Forces armées congolaises (FAC), puis, devant la multiplication des mouvements de rébellion armée, responsable des forces terrestres.

« Sa mort est sûre à 101 % »

En cet après-midi du 16 janvier, les nouvelles qui parviennent de la clinique Ngaliema sont contradictoires. Selon la rumeur, qui court les rues désertées de la capitale, le président serait mort, de même que son fils, le général-major Joseph Kabila, qui tentait de le protéger. De Tripoli, où il est en visite officielle, le ministre délégué à la Défense, Godfroid Tchamlesso, croit même savoir que Kabila serait mort « deux heures après avoir été blessé par l’un de ses gardes du corps ». Il ne fournit pas pour autant de détails sur les circonstances du drame. Pour sa part, le ministre de la Communication, Dominique Sakombi, indique qu’il a été blessé mais reste en vie. Son collègue, le ministre d’État Gaëtan Kakudji, y va de son couplet en affirmant, sans rire, sur les ondes que c’est Kabila lui-même qui, peu après l’agression, a décrété le couvre-feu et mis les troupes en état d’alerte.

La première indication sérieuse de la « mort » du Mzee (le « Vieux ») congolais viendra d’une capitale ennemie, plus précisément de Kampala.

Les services secrets de Museveni, l’ancien parrain de Kabila, annoncent aux agences de presse, dans l’après-midi même du mardi 16 janvier, sa mort « sûre à 101 % ». Les Ougandais prennent ainsi de vitesse le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, qui confirmera plus tard, dans la soirée, la disparition du président congolais. « Il est mort, abattu par l’un de ses gardes qui, semble-t-il, a tiré deux balles en présence de généraux que le président venait de limoger. » Bruxelles, on le sait, est généralement bien informé des affaires de son ancienne colonie, jadis considérée comme une propriété personnelle du roi des Belges. Le département d’État américain, ajoutant à la confusion, ne confirme pas le décès, du moins dans un premier temps, tout en le tenant « pour probable ».

Évacué vers un « pays voisin »

Kinshasa, de son côté, persiste et signe. Le président est blessé mais bel et bien vivant. Le lendemain du drame, Sakombi admettra néanmoins qu’il a été évacué, avec plusieurs membres de sa famille, dans la nuit du 16 au 17 janvier, vers «  un pays voisin », en fait le Zimbabwe, qui entretient un important corps expéditionnaire en RDC. Il annonce, dans la foulée, la réunion d’un Conseil « extraordinaire » des ministres à la Cité de l’OUA, pour confirmer dans ses nouvelles fonctions le général-major Joseph Kabila. Ce dernier devient le coordonnateur de l’action gouvernementale et le patron du haut commandement de l’armée, autrement dit le président par intérim. L’annonce de cet  ensemble de mesures contribue à accentuer le malaise.

Apprenant la nouvelle, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, quitte précipitamment le sommet Afrique-France de Yaoundé et rentre au pays

L’ambassadeur de RDC à Harare, Kikaya Bin Karubi, interviendra à la télévision pour « confirmer » que Kabila était effectivement soigné à la base aérienne de Manyame, située près de l’aéroport de Harare, où il était arrivé à bord de l’avion présidentiel congolais avec une partie de sa famille : « Il se trouve dans un état critique, mais n’est pas encore décédé. » Apprenant la nouvelle, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, quitte précipitamment le sommet Afrique-France de Yaoundé et rentre au pays. Pendant ce temps, les Kinois semblent avoir définitivement refermé la parenthèse Kabila Ier, qu’ils surnomment déjà, dans les quartiers, le « mort-vivant» ou « le président-fantôme ».

À Yaoundé, surprise ! Dans la matinée du jeudi 18 janvier, et sans attendre le feu vert de Kinshasa, le président togolais Gnassingbé Eyadéma demande une minute de silence à la mémoire de son « frère et ami Kabila ». Comme un seul bloc, toutes les délégations se lèvent, y compris celle de la RDC. La confirmation officielle, tant attendue, interviendra quelques heures plus tard par la voix de l’inénarrable Sakombi, ex-chantre du mobutisme rallié à Kabila : « Le Congo est en deuil, dira-t-il d’une voix solennelle, et le Gouvernement de salut public a la profonde douleur et le douloureux devoir d’annoncer la mort du président Laurent-Désiré Kabila, ce jeudi 18 janvier à 10 heures. » Il annonce trente jours de deuil national.

Des funérailles grandioses devaient se tenir à Kinshasa, ce 23 janvier. Les Congolais ont perdu Kabila Ier. Tout indique qu’ils ne sont pas pour autant sortis de l’ornière …

Jeuneafrique.com par Francis Kpatindé

RDC : la révolution de l’AFDL a-t-elle fini par dévorer ses propres enfants ?

mai 22, 2017

Des Congolais posent devant le buste de Laurent-Désiré Kabila, le 17 mai 2005, à Kinshasa. © Schalk Van Zuydam/AP/SIPA

Vingt ans après la chute de Mobutu, peu de compagnons de lutte de Laurent-Désiré Kabila, alors chef de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), se retrouvent encore aux affaires. Que sont-ils devenus ?

Certains se sont installés à l’étranger, d’autres ont basculé dans l’opposition et les moins chanceux ont été soit assassinés soit emprisonnés. Seuls quelques-uns d’entre eux exercent encore aujourd’hui des responsabilités au sommet de l’État. Visiblement, les tombeurs de Mobutu, le 17 mai 1997, ont connu des trajectoires bien différentes. « La Révolution, comme Saturne, dévore ses enfants », écrivait le dramaturge allemand Georg Büchner.

 

Où sont passés les cofondateurs de l’AFDL ?

En novembre 2000, Laurent-Désiré Kabila, le chef rebelle devenu président de la République, fait exécuter l’un de ses principaux compagnons de lutte armée, Anselme Masasu. Deux mois plus tard, le 16 janvier 2001, il est à son tour assassiné par l’un de ses propres gardes du corps. André Kisase Ngandu, lui, est tué dans des circonstances non élucidées au début de la rébellion. Ainsi disparaissent trois des quatre cofondateurs de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) !

Seul Deogratias Bugera est encore en vie. À l’arrivée à Kinshasa, en 1997, cet architecte tutsi formé en Afrique du Sud ne se voit pas nommé ministre. Il garde néanmoins son poste de secrétaire général de l’AFDL jusqu’à la rupture en 1998 avec son camarade Laurent-Désiré Kabila. Après un bref passage au sein de la nouvelle rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu par les ex-alliés rwandais et ougandais, Bugera retourne en Afrique du Sud et décide de se retirer de la vie politique active. « Il ne s’était pas retrouvé au poste qu’il espérait dans le nouveau groupe rebelle », confie un ancien chef rebelle.

Quid de Bizima Karaha et de Joseph Kabila ?

Même itinéraire ou presque pour Bizima Karaha. Cet autre Tutsi, ancien étudiant en médecine en Afrique du Sud, rejoint l’AFDL à Goma et parvient toutefois à s’imposer comme l’une de ses figures emblématiques. « De tous ceux qui ont rejoint la rébellion plus tard, il était le seul à avoir été recommandé par des alliés rwandais », commente un de ses anciens camarades.

Très vite, Bizama Karaha devient « Monsieur diplomatie » de l’AFDL, puis ministre des Affaires étrangères après la chute de Mobutu. Après s’être retourné contre Kabila lors de la nouvelle rébellion du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), il vit aujourd’hui en Afrique du Sud et se concentre sur ses affaires. Il détient notamment un important cheptel dans l’est du pays. Et des rumeurs insistantes à Kinshasa l’étiquettent comme l’un des « conseilleurs occultes » de l’actuel chef de l’État congolais. « Que nenni ! » jure l’entourage de Joseph Kabila – qui a lui aussi participé à la guerre de l’AFDL aux côtés de son père Laurent-Désiré Kabila.

Joseph Kabila, président de la RDC, devant le portrait de son père, le 23 mars 2006 à Kinshasa. © Vincent Fournier/JA

Collaborateurs de Kabila père à Kabila fils

Trop peu de premiers collaborateurs de Kabila père peuvent se prévaloir aujourd’hui d’avoir trouvé grâce aux yeux de Kabila fils. À l’instar du général François Olenga, chef de la maison militaire du président de la République. Ancien exilé en Allemagne, il rejoint l’AFDL à ses débuts. « En fait, il avait déjà quelques combattants dans l’est du pays qui ont fait jonction avec ceux de Kabila », précise Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères. Lui-même cadre de la première heure du mouvement armé.

She Okitundu, alors qu’il se trouve en exil à Genève, est approché par le réseau du commandant Kisasu Ngandu qui « cherche alors une structure politique pour son mouvement », membre de l’AFDL. À l’époque, le message de la rébellion a du mal à passer auprès des Congolais de la diaspora. La nouvelle recrue s’emploie alors à « convaincre » ses compatriotes du bien-fondé de la lutte armée en cours. Il anime plusieurs conférences dans ce sens et se déplace de temps à temps sur le terrain pour rencontrer les dirigeants de l’AFDL. Ces derniers lui confieront alors la charge d’initier une procédure judiciaire pour obtenir la saisie des « biens mal acquis » de Mobutu en Suisse.

Dans l’appareil sécuritaire du pays, Joseph Kabila fait également confiance au général Charles Bisengimana, passé à l’École de formation d’officiers (EFO) du Katanga et ex-élément de la Garde civile de Mobutu. L’officier tutsi a ensuite rallié l’AFDL qui fit de lui le chef de la police à Goma. Aujourd’hui, il est patron de la police de l’ensemble du pays.

Les recasés du régime

Sans être au cœur du pouvoir comme Olenga, She ou Barnabé Kikaya Bin Karubi (aujourd’hui conseiller diplomatique du chef de l’État), d’autres premiers collaborateurs du Mzee issus de la diaspora ont été aussi recasés ici et là. Abdoulaye Yerodia Ndombasi, 84 ans, ami personnel de Kabila père, siège au Sénat, Mawapanga Mwana Nanga, premier ministre des Finances de l’après Mobutu, a été nommé ambassadeur au Zimbabwe, Andre Kapanga, ancien représentant de la RDC aux Nations unies, est directeur général de Tenke Fungurume Mining, le complexe de cuivre et de cobalt le plus moderne du pays, Mutomb Tshibal, ancien combattant de l’AFDL, est ambassadeur de la RDC à Cuba… La liste n’est pas exhaustive.

Plusieurs chercheurs et enseignants de l’université de Lubumbashi avaient également rejoint l’AFDL lorsque la capitale économique est tombée sous le contrôle des rebelles. Issus de cette vague aussi quelques-uns sont encore aux affaires : Henri Mova Sakanyi, ministre des Transports dans le premier gouvernement de Kabila père, aujourd’hui secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti de Kabila fils), après avoir été ambassadeur en Belgique, Séraphin Ngwej, ambassadeur itinérant du chef de l’État depuis plus de 10 ans.

Passés de l’autre côté

Certains ex-cadres de l’AFDL éprouvent aujourd’hui du « mal à s’identifier au régime en place à Kinshasa ». C’est le cas de Moïse Nyarugabo. Lui qui a tout quitté à Lubumbashi, dans le sud du pays, pour rejoindre la rébellion dès octobre 1996. Il n’avait que 30 ans et travaillait au sein de l’ONG humanitaire Word Vision International. « Lorsque la guerre éclate dans l’Est, j’étais contrait d’aller me réfugier en Zambie parce qu’une chasse aux Banyamulenge (des Tutsis congolais) était ouverte dans le Katanga », explique-t-il. De la Zambie, l’avocat gagne les villes orientales de la RDC et va à la rencontre des dirigeants rebelles. Et ne tarde pas à taper dans l’œil de Laurent-Désiré Kabila. « Il m’a proposé de travailler avec lui », dit celui qui est devenu alors le « secrétaire particulier » et « dircab » du Mzee.

Nos alliés commençaient à se comporter comme en pays conquis. »

La confiance entre les deux hommes se rompt en 1998 lorsque Kabila père décide de renvoyer les troupes rwandaises chez eux. « Nos alliés commençaient à se comporter comme en pays conquis. En fait, entre nous et le Rwanda à l’époque, il n’y avait pas une identité d’intérêts mais une conjonction d’intérêts : Kigali voulait éradiquer la menace des FDLR [rebelles rwandais présents en RDC, NDRL], nous voulions faire tomber une dictature », tient à rappeler She Okitundu.

Toujours est-il que cette rupture emporte quelques anciens compagnons de lutte qui s’engagent dans une nouvelle rébellion. Nyarugabo en fait partie. Il ne reviendra au pays qu’à la faveur d’un accord de paix signé à Sun City entre 2002 et 2003. Il est aujourd’hui sénateur, élu de Kinshasa. Son ex-camarade rebelle Azarias Ruberwa, ancien vice-président de la République pendant la transition (2003-2006), s’est assagi et se rapproche du régime de Kabila fils. Il a été confirmé récemment ministre d’État au sein du gouvernement de Bruno Tshibala.

Mwenze Kongolo, premier Garde des Sceaux de l’ère Kabila père, comme tant d’autres premiers collaborateurs du Mzee, campe encore dans l’opposition depuis la mort de son mentor. Un assassinat mis sur le dos du colonel Eddy Kapend, ancien aide du camp de Laurent-Désiré Kabila. Cet ex-officier de l’armée zaïroise, commandant du bureau 2 à Lubumbashi en charge de renseignement militaire, avait rallié l’AFDL dans le Kivu alors qu’il s’y trouvait pour une mission de repérage. Une fois à Kinshasa, début 1998, il est successivement nommé aide du camp à la présidence et chef d’état-major particulier du chef de l’État. Aujourd’hui condamné à la peine capitale, il croupit dans la prison de Makala et n’a jamais cessé de crier son innocence.

Jeuneafrique.com par

RDC: Le jour où un simple « kadogo » a tué Laurent-Désiré Kabila

janvier 16, 2017

Le 16 janvier 2001, le « Mzee » Laurent-Désiré Kabila est abattu par un simple soldat. © AFP

C’était il y a 16 ans ans. Un « kadogo » du nom de Rachidi, un simple soldat, se dirige vers Laurent-Désiré Kabila, dégaine et tire. Revivez la mort du « Mzee » dans un article de Francis Kpatindé, publié dans Jeune Afrique l’intelligent n° 2089, du 23 au 29 janvier 2001.

Mardi 16 janvier, aux environs de 13 heures. Laurent-Désiré Kabila travaille dans son bureau, au palais de Marbre, situé dans le quartier huppé de Binza, sur les hauteurs de Kinshasa. Dans la  matinée, le président congolais a accordé quelques audiences. « La routine », assure un collaborateur. Des hommes d’affaires, quelques politiciens. Rien de plus. À l’heure du déjeuner, il reçoit son conseiller économique, Mota, qui doit normalement l’accompagner le lendemain à Yaoundé, où le président prévoit de retrouver ses pairs africains et français pour le XXIe sommet Afrique-France.

Parvenu au pouvoir en mai 1997, après avoir délogé le maréchal Mobutu, Kabila a travaillé, dans un premier temps, au palais de la Nation, à proximité du fleuve qui sert de frontière naturelle entre l’ex-Zaïre et le Congo-Brazzaville. Puis, craignant de faire les frais d’un éventuel obus tiré à partir de l’autre rive, l’ancien maquisard a déménagé à la Cité de l’OUA. Mais, obligé de traverser tous les jours, lors de ses déplacements, une caserne (le camp Tshashi, naguère réputé pour avoir abrité la garde prétorienne de Mobutu), il choisira finalement de s’installer au palais de Marbre, l’ancienne résidence des hôtes de marque, où, pensait-il, sa sécurité serait mieux assurée.

Panique générale

Rien d’anormal donc, en ce mardi 16 janvier. Devant la porte du bureau présidentiel, quelques militaires devisent tranquillement avec un fonctionnaire du protocole. Peu avant 14 heures, un jeune soldat de la garde – selon nos informations, un caporal du nom de Rachidi – arrive et demande à aller « présenter ses civilités » au président. En d’autres termes, il veut aller saluer Kabila. Ailleurs, pareille chose est peut-être impensable. Ici, comme dans beaucoup d’autres pays africains, n’importe quel quidam peut pénétrer dans le bureau présidentiel, pour peu qu’il compte des amis ou des parents au sein de la garde ou du protocole. « C’était un vrai foutoir autour de Kabila, raconte ainsi Jean-Claude Vuemba, qui préside le Mouvement du peuple congolais, un parti d’opposition. On y entre et on en sort comme on veut. Les conseillers, les ministres, voire de simples plantons, entrent à leur guise, interrompent de manière tonitruante les audiences pour faire parapher des documents, pour annoncer un autre visiteur ou, simplement, pour saluer le maître des lieux. »

Les soldats de faction devant le bureau présidentiel laissent donc Rachidi, un kadogo, un simple soldat de base, pénétrer dans le saint des saints. Il se dirige calmement vers Kabila, en pleine conversation avec son conseiller, dégaine son arme et lui tire dessus. Le chef de l’État s’écroule, atteint au cou et au bas-ventre. Mota se met à hurler pour rameuter la garde. L’aide de camp (qui est, en même temps, le chef d’état-major particulier du président), le colonel Eddy Kapend, un « Katangais » formé en Angola, et quelques soldats font irruption dans le bureau. Ils découvrent le président allongé par terre, « en plein délire » et se vidant de son sang. À ses côtés, accroupi, le conseiller économique essaie de le soulager par un massage. Le caporal Rachidi tente de s’enfuir. Il est aussitôt abattu par la garde. Selon une indiscrétion, ce jeune soldat semble avoir mal vécu l’exécution pour «  indiscipline », quelques jours plus tôt, d’un de ses meilleurs amis, kadogo comme lui. « C’est un soldat originaire du Kivu [flanc oriental du pays occupé par les troupes rwandaises et ougandaises] qui a tiré sur le président », explique pour sa part au téléphone le ministre de la Communication, Dominique Sakombi, en affirmant tout ignorer de la personnalité et des motivations de l’auteur de l’attentat.

Les militaires bouclent aussitôt le périmètre autour du palais de Marbre. Dans une atmosphère de panique générale, ils font venir un hélicoptère de l’aéroport de Ndjili pour transporter le blessé à la clinique Ngaliema (ex-clinique Reine-Elisabeth), située dans le quartier résidentiel de la Combe, où les médecins lui prodiguent les premiers soins. Pendant ce temps, au palais, les politiques essaient de reprendre la situation en main. Arrivé au pouvoir par les armes, Laurent-Désiré Kabila avait été investi président en vertu d’un simple décret-loi pris pour les besoins de la cause et qui ne prévoyait pas – on comprendra aisément pourquoi – de vacance du pouvoir exécutif. En présence de ce vide juridique, Gaëtan Kakudji, le ministre d’État chargé des Affaires intérieures, prend les opérations en main. Dans l’ordre protocolaire, ce cousin et proche parmi les proches de Kabila est, en effet, le numéro deux du régime.

« Nous sommes en guerre »

Il organise donc, selon nos informations, une « réunion de crise» à laquelle prendront part le colonel Eddy Kapend, le ministre d’État Pierre Victor Mpoyo (l’homme de Luanda auprès de Kabila), l’ambassadeur angolais en République démocratique du Congo (ROC), ainsi que les chefs des détachements militaires angolais et zimbabwéens. « Le président est en train de mourir et nous sommes en guerre, explique d’emblée Kakudji à l’assemblée. Il sera difficile, dans ces conditions, à un civil de faire face à la situation et de maintenir la continuité de l’État. »

Le représentant de l’Angola suggère alors au colonel Eddy Kapend de « prendre ses responsabilités ». L’intéressé décline l’offre, craignant, semble-t-il, de passer aux yeux de l’opinion, dans la confusion ambiante, pour l’inspirateur du régicide. Tout au plus consent-il à aller, après la réunion, lancer un appel au calme à la télévision et à la radio. Il s’y rendra d’ailleurs, encadré par des soldats angolais, pour annoncer la fermeture des frontières terrestres et de l’aéroport de Kinshasa, l’instauration d’un couvre-feu et la mise en état d’alerte des forces armées.

Après la renonciation de Kakudji et le « niet » du colonel Kapend, un des participants à la réunion de crise évoque alors, comme possible « président intérimaire », le général Denis Kalume Numbi, ministre du Plan et de la Reconstruction nationale. Mais, après une longue discussion, Pierre Victor Mpoyo sortira de son chapeau le nom du général-major Joseph Kabila, resté, lui, aux côtés de son père à la clinique Ngaliema. Outre qu’il porte le même patronyme que ce dernier, il présente l’avantage d’être un militaire et d’incarner une certaine continuité.

Kabila fils n’est pas vraiment un officier, du moins au sens classique de la fonction. Par la volonté de son père, qui l’a récupéré peu avant le début de la marche triomphale sur Kinshasa de l’AFDL, en 1996, il a commencé sa carrière comme « commandant ». Envoyé par la suite en formation en Chine, il a été bombardé, à son retour, général, nommé chef d’état-major adjoint des Forces armées congolaises (FAC), puis, devant la multiplication des mouvements de rébellion armée, responsable des forces terrestres. Petit détail qui a son importance, il ne parle ni le lingala, la langue la plus utilisée à Kinshasa, ni vraiment bien le français, et s’exprime de préférence en anglais, en kinyarwanda et en kiswahili. « Si l’on tient compte de nos traditions matrilinéaires, il est tutsi », relève un ancien mobutiste.

« Sa mort est sûre à 101 % »

En cet après-midi du 16 janvier, les nouvelles qui parviennent de la clinique Ngaliema sont contradictoires. Selon la rumeur, qui court les rues désertées de la capitale, le président serait mort, de même que son fils, le général-major Joseph Kabila, qui tentait de le protéger. De Tripoli, où il est en visite officielle, le ministre délégué à la Défense, Godfroid Tchamlesso, croit même savoir que Kabila serait mort « deux heures après avoir été blessé par l’un de ses gardes du corps ». Il ne fournit pas pour autant de détails sur les circonstances du drame. Pour sa part, le ministre de la Communication, Dominique Sakombi, indique qu’il a été blessé mais reste en vie. Son collègue, le ministre d’État Gaëtan Kakudji, y va de son couplet en affirmant, sans rire, sur les ondes que c’est Kabila lui-même qui, peu après l’agression, a décrété le couvre-feu et mis les troupes en état d’alerte.

La première indication sérieuse de la « mort » du Mzee (le « Vieux ») congolais viendra d’une capitale ennemie, plus précisément de Kampala.

Les services secrets de Museveni, l’ancien parrain de Kabila, annoncent aux agences de presse, dans l’après-midi même du mardi 16 janvier, sa mort « sûre à 101 % ». Les Ougandais prennent ainsi de vitesse le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, qui confirmera plus tard, dans la soirée, la disparition du président congolais. « Il est mort, abattu par l’un de ses gardes qui, semble-t-il, a tiré deux balles en présence de généraux que le président venait de limoger. » Bruxelles, on le sait, est généralement bien informé des affaires de son ancienne colonie, jadis considérée comme une propriété personnelle du roi des Belges. Le département d’État américain, ajoutant à la confusion, ne confirme pas le décès, du moins dans un premier temps, tout en le tenant « pour probable ».

Évacué vers un « pays voisin »

Kinshasa, de son côté, persiste et signe. Le président est blessé mais bel et bien vivant. Le lendemain du drame, Sakombi admettra néanmoins qu’il a été évacué, avec plusieurs membres de sa famille, dans la nuit du 16 au 17 janvier, vers «  un pays voisin », en fait le Zimbabwe, qui entretient un important corps expéditionnaire en RDC. Il annonce, dans la foulée, la réunion d’un Conseil « extraordinaire » des ministres à la Cité de l’OUA, pour confirmer dans ses nouvelles fonctions le général-major Joseph Kabila. Ce dernier devient le coordonnateur de l’action gouvernementale et le patron du haut commandement de l’armée, autrement dit le président par intérim. L’annonce de cet  ensemble de mesures contribue à accentuer le malaise.

L’ambassadeur de RDC à Harare, Kikaya Bin Karubi, interviendra à la télévision pour « confirmer » que Kabila était effectivement soigné à la base aérienne de Manyame, située près de l’aéroport de Harare, où il était arrivé à bord de l’avion présidentiel congolais avec une partie de sa famille : « Il se trouve dans un état critique, mais n’est pas encore décédé. » Apprenant la nouvelle, le président zimbabwéen, Robert Mugabe, quitte précipitamment le sommet Afrique-France de Yaoundé et rentre au pays. Pendant ce temps, les Kinois semblent avoir définitivement refermé la parenthèse Kabila Ier, qu’ils surnomment déjà, dans les quartiers, le « mort-vivant» ou « le président-fantôme ».

À Yaoundé, surprise ! Dans la matinée du jeudi 18 janvier, et sans attendre le feu vert de Kinshasa, le président togolais Gnassingbé Eyadéma demande une minute de silence à la mémoire de son « frère et ami Kabila ». Comme un seul bloc, toutes les délégations se lèvent, y compris celle de la RDC. La confirmation officielle, tant attendue, interviendra quelques heures plus tard par la voix de l’inénarrable Sakombi, ex-chantre du mobutisme rallié à Kabila : « Le Congo est en deuil, dira-t-il d’une voix solennelle, et le Gouvernement de salut public a la profonde douleur et le douloureux devoir d’annoncer la mort du président Laurent-Désiré Kabila, ce jeudi 18 janvier à 10 heures. » Il annonce trente jours de deuil national.

Des funérailles grandioses devaient se tenir à Kinshasa, ce 23 janvier. Les Congolais ont perdu Kabila Ier. Tout indique qu’ils ne sont pas pour autant sortis de l’ornière …

Jeuneafrique.com écrit par Francis Kpatindé

RDC : la justice française se penche sur les mystères du meurtre d’opposants de Kabila en 2000

février 24, 2015

Une salle de cour d'assises.
Une salle de cour d’assises. © AFP

Le procès de trois hommes accusés de complicité dans l’assassinat, il y a 14 ans en France, de deux opposants congolais suspectés d’avoir voulu intenter un putsch contre Laurent-Désiré Kabila s’est ouvert lundi après-midi près de Lyon.

Trafic d’uranium, putsch contre Kabila ou barbouzerie… voire les trois en même temps ? La cour d’assises de l’Isère va examiner cette semaine la sordide affaire du meurtre de Philémon Naluhwindja, fils d’un chef Maï Maï, et d’Aimé-Noël Atembina, capitaine de la garde présidentielle de Mobutu. Tués de deux balles dans la tête et le cou, ils avaient été découverts à l’intérieur d’une voiture incendiée dans un village situé à une trentaine de kilomètres de Lyon, le 29 décembre 2000. Leurs corps étaient carbonisés, comme si l’on avait voulu effacer tous les indices laissés par les assassins.

Selon l’instruction, les deux opposants cherchaient des financements pour monter un coup d’État contre Laurent-Désiré Kabila, président de la RDC, qui sera finalement assassiné 18 jours plus tard. Philémon Naluhwindja, qui dirigeait la société minière du Congo, aurait aussi cherché à vendre des barres d’uranium pour financer l’achat de munitions.

Le mystère Benoît Chatel

Un des avocats de la défense, actuellement hospitalisé, avait demandait le renvoi du procès mais celui-ci a bien été maintenu. La cour a décidé de disjoindre le cas de son client et de juger les deux autres accusés. Dont un par défaut puisqu’il est porté disparu. Un mystère de plus dans un dossier qui a fait couler beaucoup d’encre. À l’ouverture du procès, lundi, le président de la cour d’assises a ainsi indiqué n’avoir “aucun renseignement” sur ce que devenait Benoît Chatel, âgé de 51 ans aujourd’hui.

Benoît Chatel a passé une grande partie de sa jeunesse dans l’ancien Zaïre, où il a établi plusieurs sociétés dans l’extraction des diamants, les télécommunications ou le PMU.

“Le dernier renseignement utile sur Benoît Chatel date d’avril 2012 en République démocratique du Congo », a t-il ajouté en diffusant à l’audience une photo de l’intéressé prise à cette date en RDC avec des hommes d’affaires et un ancien ministre congolais. Né en Belgique, Benoît Chatel a passé une grande partie de sa jeunesse dans l’ancien Zaïre, où il a établi plusieurs sociétés dans l’extraction des diamants, les télécommunications ou le PMU.

Familier des principaux dirigeants de la nouvelle RDC, Benoît Chatel a revendiqué par le passé devant les enquêteurs aussi un statut d’informateur auprès des services secrets congolais et français. Déjà condamné à de nombreuses reprises pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance par les justices française et belge, Benoît Chatel ne sera cette fois pas là pour répondre aux accusations dont il fait l’objet, car « il est sans doute mort », selon son avocat, qui dit être sans nouvelle de lui depuis trois ans.

Une affirmation catégoriquement rejetée par la défense du second accusé, l’architecte d’intérieur monégasque Alain Deverini, avec qui Benoît Chatel aurait selon l’accusation fomenté l’assassinat des deux opposants à Kabila, afin de protéger leurs intérêts en RDC. Pour l’avocat de Deverini, Benoît Chatel « a manifestement bénéficié d’un certain nombre de concours en tant qu’honorable correspondant de la DGSE » (direction générale de la sécurité extérieure).

L’ancien numéro deux de la DGSE entendu mercredi

Gérard Martinez, ancien numéro deux de la DGSE, doit d’ailleurs être entendu à la barre mercredi. Selon les avocats de la défense, l’enquête n’a pas suffisamment creusé les autres pistes envisagées un temps, comme une implication des services secrets, les conséquences d’un trafic d’uranium, voire même un très hypothétioque rôle d’Al-Qaïda…

Un « manipulateur » et un « joueur » à la « pensée égocentrique »

Lundi, l’audience s’est concentrée sur les personnalités des principaux accusés. Benoît Chatel a été décrit par un expert comme un homme « manipulateur » au « fonctionnement de type pervers » qui suscite la « fascination ».

Alain Deverini a lui été qualifié de « joueur » à la « pensée égocentrique ». « Je suis non coupable », a lancé ce dernier à l’audience.

L’homme de main sera jugé plus tard

Le troisième accusé, Domenico Cocco, 62 ans, un Italien impliqué dans des affaires de proxénétisme, était lui aussi présent à l’ouverture du procès, mais sans son avocat qui est hospitalisé pour une durée indéterminée.

Homme de main du duo Chatel-Deverini, c’est lui qui se serait chargé de recruter deux tueurs lyonnais pour effectuer la basse besogne, moyennant la somme de 200 000 francs (30.500 euros).

D’après le scénario retenu par l’instruction, Chatel aurait donné rendez-vous aux deux victimes à la gare de Lyon en leur promettant une importante somme d’argent pour financer leur coup d’État. Mais c’est Domenico Cocco et deux « maghrébins » qui se seraient rendus sur place pour les abattre. Les deux tueurs n’ont jamais été retrouvés.

Le cas de Domenico Cocco sera examiné “au cours d’une autre session », a décidé le président de la cour d’assises.

Pour Benoît Chatel et Alain Deverini, le verdict est attendu vendredi.

Jeuneafrique.com avec AFP

RDC : la justice sud-africaine relaxe Étienne Kabila

février 19, 2015

Étienne Kabila devant la cour de Pretoria, le 27 février 2013.

Étienne Kabila devant la cour de Pretoria, le 27 février 2013. © AFP

Arrêté depuis février 2013 pour une supposée tentative de renversement du pouvoir en place à Kinshasa, Étienne Kabila, qui se présente comme le fils aîné de l’ancien président Laurent-Désiré Kabila, a été acquitté mercredi par la Haute Cour de justice de Pretoria.

Accusé il y a exactement deux ans d’être l’instigateur d’une attaque terroriste visant à renverser le régime congolais, Étienne Kabila a été acquitté le 18 février par la justice sud-africaine. Le groupe des présumés complices, composé de 19 personnes, a lui aussi été entièrement blanchi.

Pendant les deux années de procédure, les accusés n’ont eu de cesse de clamer leur innocence en expliquant avoir été arrêtés au cours de ce qu’ils croyaient être une formation de gardiens de parcs. Un « entraînement militaire » qui se révèlera pendant le procès avoir été un piège tendu par la police sud-africaine. Et l’accusation n’a jamais pu apporter de solides preuves relatives à l’existence d’un projet de renversement de Joseph Kabila.

Conflit familial

Étienne Kabila clame son appartenance à la famille de l’ancien président congolais Laurent-Désiré Kabila dont il serait le fils aîné. Cette version a toujours été démentie par les proches de Joseph Kabila pour lesquels l’opposant ne serait rien d’autre qu’un « imposteur ».

Refugié depuis plusieurs années en Afrique du Sud, Étienne Kabila n’a jamais cessé de critiquer le pouvoir de Kinshasa responsable selon lui de l’assassinat en 2008 de sa sœur Aimée Kabila. Cette dernière, également non-reconnue par les autorités de Kinshasa, avait été abattue par des hommes armés dont l’un portait un uniforme de la Garde présidentielle, selon l’ONG la Voix des sans voix (VSV) de Floribert Chebeya.

La justice sud-africaine donnera dans quelques jours des détails sur l’affaire et sur les conditions de l’acquittement d’Étienne Kabila.

Jeuneafrique.com par Edmond d’Almeida

RDC: Joseph Kabila, président secret et mal aimé à Kinshasa

janvier 22, 2015

RDC: Joseph Kabila, président secret et mal aimé à Kinshasa
RDC: Joseph Kabila, président secret et mal aimé à Kinshasa © AFP

Kinshasa qui ne l’a jamais aimé s’est embrasée cette semaine à l’idée de le voir s’accrocher à son poste, mais Joseph Kabila, chef d’État secret au pouvoir depuis 14 ans, ne donne aucun signe de vouloir prendre sa retraite politique.

Fils de Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle ayant fait tomber le dictateur Mobutu Sese Seko, Joseph Kabila a hérité du pouvoir par succession monarchique après l’assassinat de son père en janvier 2001.

« Avec sa voix timide et sa jeunesse (il n’avait alors que 29 ans), il donnait l’impression, au début d’être un personnage falot », écrit l’historien belge David Van Reybrouck dans un récent ouvrage de référence sur le Congo.

M. Kabila hérite d’un pays exsangue, déchiré par une guerre terrible entamée en 1998 et qui ne prendra fin qu’en 2003, et le pouvoir central ne contrôle alors guère qu’une partie de l’ouest et du sud de la République démocratique du Congo.

Le jeune chef de l’État parle alors l’anglais et le swahili (langue de l’est africain), s’exprime difficilement en français, la langue officielle du pays, et ne maîtrise pas du tout le lingala, la langue parlée à Kinshasa.

Cette lacune linguistique, sa naissance dans l’est de la RDC puis son enfance en Tanzanie le font percevoir par les habitants de la capitale congolaise comme « un homme de l’est », un « étranger ».

Peu à peu cependant, son habileté politique surprend les diplomates étrangers qui le considéraient comme un pantin aux mains de la vieille garde de son père, dont il s’affranchit progressivement.

Après une transition politique post-conflit difficile où il doit cohabiter avec quatre vice-présidents, il est conforté à la présidence par les urnes en 2006 à l’issue des premières élections libres du pays depuis son indépendance de la Belgique en 1960.

L’état de grâce ne durera pas longtemps et en 2011, à l’issue d’élections marquées par des irrégularités massives, M. Kabila remporte un deuxième mandat, avec une majorité relative.

Sa victoire, non reconnue par la majeure partie de l’opposition, plonge le Congo dans une crise politique dont le pays n’est pas encore sorti.

– Enfant du maquis –

M. Kabila fait face aujourd’hui à la plus forte contestation de son autorité dans la capitale congolaise depuis trois ans. En cause : un projet de loi de révision électorale susceptible de retarder la présidentielle censée avoir lieu en 2016 et de permettre ainsi au « Raïs » – comme l’appellent ses partisans – de se maintenir pour un temps indéterminé au pouvoir, alors que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.

Discret, voire « taiseux », selon l’expression d’un ministre, M. Kabila, aujourd’hui âgé de 43 ans, reste très secret, même pour ses proches.

Alors que l’opposition lui demande de déclarer ouvertement qu’il ne sera pas candidat en 2016, M. Kabila entretient l’ambiguïté sur son avenir politique, disant de manière sibylline sa « confiance dans la maturité du peuple congolais » pour juger de son bilan le moment venu.

En dépit de progrès incontestables ces dernières années, le pays reste l’un des moins développés et des plus corrompus au monde.

La grande pauvreté y est la règle pour la quasi-totalité de ses quelque 76 millions d’habitants, tandis qu’une caste de nantis, hommes d’affaires étrangers, hommes politiques proches ou non du pouvoir se partagent les fruits des immenses richesses naturelles (mines, bois, eau) dont regorge le Congo.

Né dans le maquis de Laurent-Désiré Kabila au Sud-Kivu, dans l’est du pays, le jeune Joseph connaît l’exil à 5 ans.

Il passe presque toute sa jeunesse en Tanzanie avant de rejoindre son père en septembre 1996 lorsqu’éclate la première guerre du Congo.

Adjoint, dans la rébellion, de James Kabarebe, l’actuel ministre de la Défense du Rwanda, qui sera chef de l’armée congolaise après avoir participé à l’accession au pouvoir de « Mzee » (le surnom de son père) en 1997, Joseph Kabila est propulsé général-major.

Il part en Chine pour une formation militaire mais rentre précipitamment au début de la deuxième guerre du Congo en 1998.

Petit et avec un léger embonpoint, la fine moustache toujours impeccable, M. Kabila apparaît peu à l’aise dans les cérémonies officielles et semble n’être jamais aussi heureux que lorsqu’il conduit des tracteurs ou engins de chantiers à l’occasion d’inaugurations.

Peu porté sur la littérature, selon un diplomate qui l’a rencontré à plusieurs reprises, il passe pour être plutôt amateur de jeux vidéo, de voitures et des travaux fermiers.

Marié à une femme de l’est du pays, Olive Lembe Kabila, le président congolais est père de deux enfants : une adolescente et un jeune garçon.

Jeuneafrique.com

RDC – Généalogie : dans la famille Kabila, je demande… les enfants du Mzee

août 1, 2014
Laurent-Désiré Kabila et les femmes avec 27 enfants, un sujet complexe, selon Kennes. © J.A.

Laurent-Désiré Kabila, 10 femmes avec 27 enfants, un sujet complexe, selon Kennes. © J.A.

Plus d’une décennie après la mort de Laurent-Désiré Kabila, les personnes se réclamant de sa filiation continuent de se déchirer. Entre Étienne, qui se dit « fils aîné » du Mzee, et Joseph, au pouvoir à Kinshasa, le courant ne passe pas vraiment. Qui est qui ? Tentative de reconstruction de l’arbre généalogique.

« Ce n’est un secret pour personne. De son vivant, Laurent-Désiré Kabila a connu plusieurs femmes avec lesquelles il a eu plusieurs enfants », lâche un employé de la Maison civile, en charge des biens privés du chef de l’État congolais, Joseph Kabila. « Il importe cependant de faire la différence entre les vrais enfants de Kabila et les opportunistes », nuance-t-il aussitôt. Comment démêler le vrai du faux ? C’est là toute la question.

Même Erik Kennes, auteur de l’Essai biographique sur Laurent Désiré Kabila (éd. Harmattan, 2003), un ouvrage controversé de 450 pages, est resté trop souvent dans les approximations après plusieurs mois de recherche. Car les relations entre Kabila père et les femmes, c’est un « chapitre très complexe », avoue le chercheur belge. D’autant que le Mzee (le vieux, en swahili), alors maquisard, avait « l’habitude de séduire les épouses de ses officiers et combattants à son gré. De nombreux petits Kabila [circulaient] au maquis (…) », raconte-t-il, s’appuyant sur « l’avis commun » de ceux qui ont connu l’homme.

Étienne ou Joseph, qui est le « fils aîné » ?

Les choses se compliquent encore lorsque le père disparaît brusquement, assassiné le 16 janvier 2001 dans son bureau présidentiel, au palais de Marbre, à Kinshasa. Sans avoir eu le temps de lever le voile sur sa nombreuse progéniture. Lorsqu’un de ses fils, Joseph, alors chef d’état-major des forces terrestres de l’armée congolaise, lui succède au pouvoir, des voix s’élèvent pour remettre en cause sa filiation avec le défunt président.

Au cœur de manœuvres, un homme. Son nom : Étienne Kabila Taratitu (en tout cas, c’est ainsi qu’il se fait appeler), aujourd’hui poursuivi en Afrique du Sud notamment pour tentative de coup d’État contre le président de la RDC. Il se revendique « fils aîné » de Laurent-Désiré Kabila. Une position qui reviendrait à l’actuel président, selon la version officielle. Mais pour Étienne, celui qui est a pris la tête de la RDC n’est pas un « fils biologique » de Kabila, mais son « enfant adoptif ». Une thèse soutenue par son jeune « demi-frère » Emmanuel qui, comme lui, s’est exilé en Afrique du Sud.

« Bande d’imposteurs » ?

Très actif sur les réseaux sociaux, Emmanuel, 28 ans, tente de prouver, à sa manière, qu’il est bien le fils de Laurent-Désiré Kabila. Sur son mur Facebook défilent des photos prises avec le cercle le plus rapproché du pouvoir congolais. Ici, on aperçoit le jeune homme escorté par la Garde républicaine, brigade qui assure notamment la sécurité du président Joseph Kabila. Plus loin, on le voit poser avec l’ambassadeur Théodore Mugalu, chef de la Maison civile du chef de l’État congolais.

Il n’hésite pas également à produire les copies de son passeport diplomatique qui attestent qu’il a résidé, un moment, au… palais de Marbre. « Avant d’être brouillé avec Joseph », précise-t-il à Jeune Afrique. « Nous voulions seulement savoir toute la vérité sur l’assassinat de notre père, mais aussi avoir notre part de l’héritage », confie-t-il.

Passeport d'un fils Kabila

Passeport d’un fils Kabila

Mais pour Kinshasa, Étienne et Emmanuel font partie d’une « bande d’imposteurs ». « Ce sont des gens qui cherchent à s’enrichir sur le nom de Kabila. Ils ne sont pas reconnus par un seul membre de famille, frère ou sœur, de Laurent-Désiré Kabila », soutient Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.
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Jeuneafrique.com par Trésor Kibangula

RDC: le choix de Kabila, entre rester ou partir en 2016

mars 29, 2014
RDC: le choix de Kabila, entre rester ou partir en 2016 © AFP

RDC: le choix de Kabila, entre rester ou partir en 2016 © AFP

Joseph Kabila sera-t-il le premier président de la République démocratique du Congo à couler une retraite paisible ou va-t-il chercher à s’accrocher au pouvoir à tout prix ? La question se pose avec une acuité nouvelle à Kinshasa après les récentes déclarations de son camp.

La Majorité présidentielle (MP) a annoncé le 21 mars qu’elle envisageait « sérieusement » de modifier la Constitution par voie référendaire afin de changer le mode de scrutin des élections provinciales censées avoir lieu en 2015.

Cette coalition autour du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) a aussi lié la tenue de la prochaine présidentielle à l’organisation d’un recensement administratif, ce que l’opposition dénonce comme une opération destinée uniquement à retarder l’échéance électorale.

La MP assure néanmoins qu’il ne sera « jamais question pour [M. Kabila] et sa famille politique de comploter contre la République ou la Constitution ».

M. Kabila, âg& de 42 ans et déjà 13 ans de pouvoir, doit quitter son poste en décembre 2016: La Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.

A l’heure où d’autres présidents africains y réfléchissent (Blaise Compaoré au Burkina Faso) ou s’y essayent (Pierre Nkurunziza au Burundi), M. Kabila, comme son voisin de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, est fortement soupçonné de vouloir modifier la Constitution pour rester en place.

Survenant après plusieurs déclarations équivoques de proches du chef de l’Etat, les annonces de la MP sont loin d’avoir levé les doutes de l’opposition, d’autant que certains, au sein de la majorité, font du zèle, tel ce haut cadre du PPRD, qui a lancé une initiative populaire de révision de la Constitution pour permettre à M. Kabila de « continuer son oeuvre » après 2016.

L’intéressé se tait, et ce silence alimente toutes les théories

« Mais il n’y a rien de concret sous ces spéculations », car M. Kabila « ne s’est pas encore décidé » écrit Kris Berwouts, spécialiste de l’Afrique centrale, sur le site internet African Arguments.

– Entrer dans l’Histoire ?-

On est dans le domaine de l' »hypothèse », reconnaît Sami Badibanga, chef du groupe parlementaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), première formation de l’opposition.

Néanmoins, reproche-t-il, « au lieu [. . . ] de s’assurer une sortie honorable, le pouvoir en place fait de la résistance et voudrait expérimenter des formules périlleuses ».

Ex-meilleur allié de M. Kabila, Vital Kamerhe, président du troisième parti de l’opposition, l’Union pour la Nation congolaise (UNC), a dénoncé une volonté de « coup d’Etat constitutionnel ».

MM. Badibanga et Kamerhe redoutent que le projet de révision de la Constitution annoncé pour changer le mode de scrutin des provinciales ne soit qu’un prétexte pour toucher plus largement à la loi fondamentale, et faire sauter les verrous qui empêchent M. Kabila de briguer un nouveau mandat.

Il serait alors question de transformer le quinquennat présidentiel en septennat, ou de changer le mode de désignation du président, pour qu’il soit élu par les députés et non plus au suffrage universel direct.

M. Kabila a succédé à son père Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001, le jour où ce rebelle devenu président par la force des armes était assassiné.

Il a remporté en 2006 les premières élections démocratiques organisées dans le pays, mais sa victoire de 2011, facilitée par une révision de la Constitution ayant ramené la présidentielle à un tour de scrutin, a été entachée de fraudes massives, dénoncées par l’opposition et la communauté internationale.

Depuis l’indépendance du pays en 1960, aucun des trois chefs de l’Etat ayant précédé M. Kabila n’a quitté le pouvoir à l’occasion d’un passage de flambeau démocratique. Le premier, Joseph Kasa-Vubu a été déposé en 1965 par le dictateur-maréchal Mobutu Sese Seko, lui-même chassé du pouvoir 32 ans plus tard par Kabila père.

« Qu’il quitte le pouvoir de façon digne, et Kabila entrera dans l’Histoire », estime M. Kamerhe

Jeuneafrique.com

RDC : à Makala, les oubliés de la grâce de Kabila

novembre 1, 2013

Une quarantaine de condamnés de la prison centrale de Makala, à Kinshasa, ne sont pas concernés par la mesure de grâce prise par Joseph Kabila. Ils sont suspectés de complicité dans l’assassinat de l’ancien président, Laurent-Désiré Kabila.

Ce sont les laissés-pour-compte de la grâce présidentielle signée le 23 octobre au matin par Joseph Kabila. Incarcérés depuis plus de douze ans à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, pour leur participation présumée (et, de l’avis général, non prouvée) à l’assassinat de l’ancien président Laurent-Désiré Kabila, une quarantaine de condamnés (dont douze à la peine capitale) ont vu s’évanouir leur rêve de libération. La plupart d’entre eux, parmi lesquels une femme, Nelly Tyite, l’ancienne secrétaire particulière de Kabila père, sont malades. « Et tous sont effondrés », confie à J.A. le fils de Nono Lutula, ex-conseiller spécial à la sécurité et figure de proue, aux côtés du général Yav Nawej et du colonel Eddy Kapend, des « damnés de Makala ». Reste un ultime espoir : que leurs noms soient inclus dans la liste complémentaire de détenus concernés par la loi d’amnistie qui doit être discutée au Parlement

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