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Congo: Pour le meilleur, osons changer de contexte constitutionnel

mars 6, 2015

 

le professeur Théophile Obenga.

Un débat d’idées, sain, courtois, fructueux, proscrit l’invective, le préjugé, l’a priori partisan, la platitude courtisane, la déformation volontaire de l’opinion d’autrui. Un débat constructif -qui n’est pas un monologue mais un dialogue par nature- reste intellectuel et met face-à-face argument contre argument, selon les convictions et les techniques de persuasion. C’est du débat contradictoire, aime-t-on dire, que jaillit la lumière.

Une autre précaution de méthode et d’éthique, dans le contexte purement congolais. Ces temps-ci, le Congo vit dans une forte subjectivité collective. Les rumeurs fusent de partout et se font folles. Les imaginations s’envolent dans toutes les directions. Les supputations prennent l’allure de vérités contrôlées. Dans un tel moment de forte subjectivité, ce qui divise peut prendre aisément le dessus, minimisant la belle devise nationale: Unité-Travail-Progrès.

Il est arrivé, en ces temps de forte subjectivité nationale, d’entendre les guides spirituels: évêques, pasteurs et prophètes. Les jeunes aussi ont parlé, clamant leur impatience, leur douleur, leur souffrance, surtout leur inquiétude pour le futur. Les forces vives organisées -syndicats, associations, divers groupes de la société civile- ont également exprimé leurs réflexions. Les intellectuels du pays, prompts à l’écriture, ont dit ce qu’ils avaient à dire, en toute liberté, en toute franchise, en toute honnêteté. Des vœux éclairés ont été formulés. Les partis politiques -une multitude- ont formulé et présenté des stratégies, aussi pertinentes les unes que les autres.

Le bouillonnement de cette forte subjectivité a gagné tout le pays, jusqu’aux diasporas congolaises, jusqu’aux confréries, jusqu’aux clubs sportifs, jusqu’aux marchés de nos villes et villages, jusqu’aux sages des traditions ancestrales. Il n’y a pas de doute que le président de la République, chef de l’Etat, garant de l’unité nationale, protecteur de la paix sociale, défenseur constitutionnel de la sécurité sur tout le territoire national; il n’y a pas de doute que le président de la République a entendu cette immense clameur de la subjectivité sociopolitique du moment. Calmement.

Tout cela se greffe sur l’histoire contemporaine du Congo. Histoire particulière, en effet, avec des subjectivités parfois bien endiguées, parfois incontrôlées: multipartisme, indépendance, parti unique, révolution, coups d’Etat mi- réussis, mi-avortés, conférences nationales (deux), multipartisme, élections démocratiques, plusieurs guerres civiles (au moins 109.000 Congolais morts au total), paix sociale retrouvée, reconstruction du pays, dynamisme sous régional, africain et international.

Le Congo, après mille houles politiques, est maintenant sur le chemin de l’harmonie, de la paix et de la sécurité, du développement soutenu, de la réalisation de grandes ambitions nationales. Le Congo est, désormais, inscrit, assurément, dans la longue durée du progrès jusqu’aux émergences prochaines et au-delà. Mais, quel est l’objet de la subjectivité socio-politique actuelle?

La Constitution et le jeu politique: a- la Constitution dépend du peuple souverain; b- le jeu politique des acteurs politiques du pays;

La Constitution fait aussi partie du jeu politique, et le jeu politique tient également de la Constitution. En régime démocratique et républicain, la Constitution sépare les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.

Pour le reste, les Constitutions démocratiques ne se ressemblent guère: la Constitution française prévoit le poste de premier ministre, chef du gouvernement et, en principe, pas de limitation de mandats présidentiels, alors que la Constitution fédérale des Etats-Unis n’institue pas le poste de premier ministre et limite le mandat présidentiel à deux termes.

Les Constitutions congolaises (près de vingt Constitutions et lois fondamentales déjà depuis l’Indépendance en 1960) suscitent périodiquement des querelles politiques, parce qu’elles sont très infirmes: – on copie sans discernement; – on privilégie des intérêts particuliers momentanés; – on exclut sans examen les opinions non désirées; – on fausse volontairement le jeu politique par des astuces juridiques égoïstes.

Il est, donc, temps de changer la Constitution actuelle en changeant, par là même, notre réflexion commune à propos de l’élaboration et la confection d’une Constitution. La Constitution n’est pas prioritairement une affaire de juristes, si compétents soient-ils. Les juristes sont des artisans, sinon des artistes: ils savent mettre en forme, de façon concise, parfois ambiguë. Ils savent écrire un texte de droit, ce qu’est bien la Constitution. Cependant, pour le fond, la Constitution est une affaire éminemment politique. Je propose, en ce moment de grande subjectivité collective, ce qui suit: – que la sagesse renforce le patriotisme congolais; – que le pilier des institutions républicaines, le président de la République, soit plus que jamais le centre de la confiance de tout le peuple dont il incarne la souveraineté, pour éviter les divisions meurtrières, les dissensions sanglantes, les déchirures irréparables; – que le président de la République, garant de l’autorité de l’Etat et de l’unité nationale, toute subjectivité nationale entendue et enregistrée, procède à un référendum consultatif en vue du changement de la Constitution actuelle; – qu’un Comité, large et varié, soit créé pour la réflexion et l’élaboration du contenu d’une nouvelle Constitution; – qu’un groupe de juristes constitutionnalistes soit institué pour la mise en forme et la rédaction de la nouvelle Constitution; – que la nouvelle Constitution soit adoptée par le peuple souverain par référendum universel; – que la nouvelle Constitution rentre en application.

 

Lasemaineafricaine.net par Théophile OBENGA

 

CAN 2015 : Les trois miracles du Congo de Claude Leroy

janvier 25, 2015

Prince Alban Oniangué fête son but face au Gabon.
Prince Alban Oniangué fête son but face au Gabon. © Photo Sipa/AP

Vainqueur du Gabon lors de la deuxième journée du groupe A mercredi 21 janvier (1-0), le Congo n’est plus qu’à un match des quarts de finale. Pour cela, il devra battre le Burkina Faso ce dimanche (19h). Mais pour en arriver là, l’équipe de Claude Leroy, qui a obtenu sa première victoire dans la compétition depuis l’édition 1974, a connu plusieurs « miracles ».

Les Diables rouges, qui ont remporté leur premier succès en Coupe d’Afrique des nations depuis 1974 face au Gabon mercredi (1-0), n’ont besoin que d’un match nul face au Burkina Faso dimanche 25 janvier (19h) lors de la dernière journée de groupe pour atteindre les quarts de finale. Mais pour en arriver là, le Congo, classé 30e nation africaine au début des éliminatoires, a dû affronter un vrai parcours du combattant en franchissant deux tours éliminatoires (réservés aux nations africaines les moins bien classées), puis la phase de groupe qualificative pour la CAN 2015.  Plusieurs fois, les hommes de Brazzaville ont frôlé l’élimination, mais le miracle s’est finalement produit. Récit en trois actes.

Congo-Namibie : 3-0, (1er juin 2014)

Les Diables rouges débutent leur campagne de qualification pour la CAN 2015 lors du 2e tour préliminaire face à la Namibie, modeste 38e nation africaine. Le match aller a lieu à Windhoek, et les hommes de Claude Le Roy se font surprendre dans les dernières minutes de la rencontre sur un but de l’attaquant namibien Bester à la 88e minute dans l’anonymat du stade Sam Nujoma. Mais au match retour, dans leur enceinte de Pointe-Noire, les Congolais se réveillent et dominent largement la Namibie sur le score de 3-0. C’est Ganvoula qui ramène les deux équipes à égalité en toute fin de première mi-temps. Puis Doré et Douniama libèrent le public congolais en seconde période. La CAN 2015 est encore un rêve très lointain, mais les hommes de Claude Le Roy ont franchi la première étape.

Le Rwanda vainqueur, mais le Congo qualifié sur tapis vert

La digestion du deuxième obstacle sur la route des Diables Rouges se révélera beaucoup plus ardu. Pourtant, tout commence bien lors du troisième tour préliminaire de qualification qui oppose les hommes de Claude Leroy au Rwanda. Le Congo l’emporte deux buts à zéro sur son terrain au match aller, et se déplace à Kigali avec une marge confortable. Mais le match retour vire au cauchemar: les Congolais s’inclinent à leur tour par deux buts à zéro et le Rwanda l’emporte lors de la séance de tirs au but qui départage les deux équipes. L’histoire aurait pu s’arrêter là pour les Diables rouges, mais le destin leur promet un autre tournant. Lors du match aller, la sélection du Rwanda a aligné Dady Birori, un joueur avec une fausse identité. La Fédératio congolaise porte plainte et obtient gain de cause, le Rwanda est éliminé sur tapis vert.

Bourreau du champion d’Afrique

Au début de la phase de groupe qualificative pour la CAN 2015, la dernière marche pour participer au tournoi majeur du football africain, personne ne donne la moindre chance au Congo de se qualifier. Les Diables rouges sont placés dans la poule du Nigéria, vainqueur de CAN 2013, et de l’Afrique du Sud, un autre pays phare sur le continent. Pourtant, contre toute attente, les joueurs de Claude Leroy terminent en tête de leur poule, notamment en battant le Nigéria et l’Afrique du Sud sur leur pelouse de Pointe-Noire. C’est la renaissance pour le « Congo Brazzaville », qui n’avait plus participé à une CAN depuis l’an 2000.

Jeuneafrique.com par Camille Belsoeur

CAN 2015 : le Nigeria se relance contre un Congo maudit

novembre 16, 2014
 

Au terme d’un scénario incroyable, le Congo s’est incliné 2-0 face au Nigeria samedi à domicile lors de la 5e journée des éliminatoires de la CAN 2015. Le deuxième but des champions d’Afrique élimine pratiquement les Diables Rouges qui n’avaient pourtant besoin que d’un point pour se qualifier.

A n’en plus douter, c’est une malédiction. Absent des phases finales de la CAN depuis 2000 (soit 14 ans), le Congo va sans doute devoir patienter deux années supplémentaires. « On va essayer de faire taire ce démon qui veut que le Congo s’essouffle au 5e match. C’est vraiment un rêve pour moi de qualifier l’équipe pour cette CAN« , confiait pourtant un Claude Le Roy plein d’espoir la veille de la rencontre.

Le sélectionneur congolais faisait référence aux éliminatoires de la Coupe du monde 2014 où le Congo, idéalement placé, s’était effondré lors des deux dernières journées. Malheureusement, l’histoire est en train de se répéter. Placé dans des conditions idéales par la victoire de l’Afrique du Sud contre le Soudan (2-1), le Congo n’avait besoin que d’un point samedi à Pointe Noire face au Nigeria pour se qualifier.

Une histoire de penalties

Mais les Diables Rouges ont cédé face à la pression, s’inclinant face aux champions d’Afrique (0-2). Le revenant Ike Uche a puni les locaux sur un penalty provoqué par un tacle du gardien Chancel Massa sur Emmanuel Emnike (59e). Une poignée de minutes plus tard, Thievy Bifouma, sur un penalty consécutif à une main d’Oboabona, a eu l’occasion de ramener le billet pour la CAN au Congo mais le héros du match aller a vu sa frappe détournée par Vincent Enyeama (65e). Ce raté additionné aux deux occasions manquées par Fodé Doré avant la pause peut laisser beaucoup de regrets aux hommes de Claude Le Roy, même si Ahmed Musa aurait aussi pu tuer le match en contre après le penalty raté.

Mais alors qu’une défaite 1-0 n’était pas rédhibitoire pour la qualification (puisqu’elle maintenait les Diagles Rouges devant le champion d’Afrique au nombre de buts marqués à l’extérieur dans les confrontations directes), la malédiction qui poursuit le Congo a encore frappé dans les dernières minutes de la rencontre. Tout part d’un coup-franc congolais qui n’est pas loin de faire mouche, mais une fois encore impérial, Enyeama sort un arrêt d’exception. Sur le contre, Aaron Samuel, entré en jeu, crucifie les Congolais en inscrivant le but du 2-0 (91e).

Fin de match gâchée

Écœurés par ce scénario, une partie des supporters locaux a alors lancé des projectiles sur le terrain, entraînant une fin de match en eau de boudin. Déjà dans le viseur de la CAF pour des débordements lors des matches précédant, le Congo pourrait être sanctionné.

Mais l’essentiel est ailleurs : avec cette défaite 2-0, les hommes de Claude Le Roy sont dépassés par le Nigeria (à la différence de buts lors des confrontations directes). Ils n’ont plus leur destin en mains et doivent espérer un miracle pour se qualifier. Mercredi, au Soudan, ils devront faire mieux que le Nigeria qui affrontera simultanément l’Afrique du Sud (peu importe la différence de buts, seul le nombre de points comptera), en espérant que les Super Eagles ne gagnent pas…

Afrik.sport.com

Cemac : le « club des six » en état stationnaire .

juillet 8, 2014
Terminal pétrolier de Total à Djeno, près de Pointe-Noire, au Congo. © Antonin Bourgeaud pour J.A

Terminal pétrolier de Total à Djeno, près de Pointe-Noire, au Congo. © Antonin Bourgeaud pour J.A

A priori, le club des six pays membres de la Cemac a tout pour réussir : une monnaie unique, une union douanière, des règles de convergence budgétaire… Et pourtant, ses échanges commerciaux restent faiblards.

Pour évaluer les performances de la Cemac, mieux vaut lire entre les lignes des rapports publiés par les grandes organisations financières. Le Fonds monétaire international (FMI), notamment, n’en finit pas de vanter les vertus d’une monnaie unique, le franc CFA, qui a permis à l’inflation de rester faible dans les six pays de la Cemac, au coeur d’un continent pourtant peu réputé pour la modération de ses prix. Une réussite à mettre à l’actif de la Communauté, au même titre que son architecture institutionnelle, calquée sur celle de l’Union européenne.

« Si les six pays de la Communauté étaient parfaitement intégrés, ils gagneraient en moyenne deux points de croissance par an », estime un expert.

Pilliers

Les piliers d’une intégration économique sont là : avec son tarif extérieur commun, ses règles de supervision bancaire et de convergence budgétaire, la Cemac est plus intégrée que les marchés communs d’Afrique australe et orientale.

Pourtant, avec une croissance dépassant rarement les 5 %, elle est économiquement inerte, en dépit de ses richesses en hydrocarbures, qui devraient stimuler ses taux.

Les points de convergence sont rares, et, au mieux, inaboutis. C’est le cas pour les infrastructures. Censées faciliter la circulation des marchandises d’un pays membre à l’autre, les routes et voies ferrées sont de piètre qualité, voire inexistantes.

Les interconnexions des réseaux d’électricité relèvent le plus souvent de la chimère. Ainsi, le Tchad est classé bon dernier des pays de la zone franc pour sa couverture électrique. Pis, on voit fleurir, le long du littoral, des projets de ports en eau profonde qui semblent n’avoir d’autre but que de se concurrencer.

Horizon

Enfin, la libre circulation des personnes reste un vain mot. La Guinée équatoriale et le Gabon refusent d’en entendre parler, par peur de voir affluer les chômeurs de leurs voisins moins bien lotis. L’horizon d’un passeport communautaire semble toujours aussi lointain.

L’index de la Fondation Mo Ibrahim, ainsi que le classement « Doing Business » de la Banque mondiale montrent également le très grand retard de la Cemac par rapport aux autres communautés économiques africaines en matière de lutte contre la corruption et de réglementation des affaires.

De son côté, la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi) a publié, en 2013, un rapport, destiné aux chefs d’État de la zone franc, insistant sur la faiblesse de l’intégration financière. Selon cette étude, « le taux de bancarisation est bas, les frais financiers sont élevés, le financement du secteur privé à moyen et à long termes demeure limité, et les marchés financiers restent peu actifs.

Surprise

Pourquoi il faut intégrer les marchés financiers en Afrique centrale

L’intégration commerciale est, elle aussi, médiocre, note le même rapport, selon lequel les échanges entre membres de la Cemac ne dépassent pas 3 % de leur commerce total, alors que cette proportion s’élève à 10 % ou 12 % en Afrique de l’Ouest.

« Si les six pays de la Communauté étaient parfaitement intégrés, ils gagneraient en moyenne deux points de croissance par an », précise Patrick Guillaumont, président de la fondation Ferdi. Une progression considérable, sachant que le taux annuel moyen par tête s’est élevé à 1,7 % entre 1996 et 2006. Autant dire que la plupart des objectifs du millénaire, édictés par la fondation, ne seront pas atteints en 2014, à l’exception de ceux qui concernent la mortalité maternelle et infantile.

Pourquoi la Cemac, qui dispose d’une langue commune (le français) et d’une monnaie commune (le franc CFA), ne créerait-elle pas un fonds communautaire de stabilisation du pétrole, comme le lui suggère le FMI ? Ce fonds pourrait stocker entre 4 et 11 milliards de dollars (entre 3 et 8 milliards d’euros), amortir les variations excessives des cours des hydrocarbures et éviter aux populations de s’appauvrir en cas de crise. Le Tchad et le Congo parient sur la confirmation de la découverte de champs pétroliers dans leurs sous-sols respectifs.

De son côté, le Gabon espère de bonnes surprises dans ses eaux profondes. Mais, en attendant cette manne hypothétique, la baisse de la production pétrolière régionale dépasse les 3 % par an, et ce recul risque de poser des problèmes budgétaires à l’ensemble de la Communauté.

À fond dans les fonds souverains

Comme l’Algérie, le Botswana, l’Angola ou le Nigeria, les États d’Afrique centrale cèdent, ces dernières années, à la mode des fonds souverains. La Guinée équatoriale a été le premier pays de la zone à se positionner sur ce créneau, en créant, en 2002, son Fonds pour les générations futures, actuellement doté de 80 millions de dollars (59 millions d’euros), soit une goutte de pétrole pour un pays qui produit plus de 100 millions de barils par an.

Le Gabon, qui a lancé son Fonds souverain de la République gabonaise (FSRG) en 2012, s’est montré plus généreux. Estimé à 400 millions de dollars (295 millions d’euros), le FSRG est alimenté, entre autres, par un prélèvement de 10 % sur les recettes pétrolières, prévu dans la loi de finances, et s’inscrit dans la volonté de l’exécutif gabonais d’être plus actif dans la gestion des ressources du pays.

Les autres membres de la Cemac gardent, pour l’instant, l’arme financière au pied. Le Tchad n’a toujours pas respecté sa promesse, pourtant donnée à la Banque mondiale au lendemain des premières découvertes pétrolières, de mettre en place un tel instrument, pendant que le Congo continue d’y penser. Une loi a bien été adoptée en février, à Brazzaville, portant création du fonds congolais d’investissement, mais aucun montant ne lui a pour l’instant été alloué, et ses règles de financement n’ont pas été clairement définies.

Une tendance s’affirme néanmoins à l’échelle nationale. Reste que, pour un éventuel fonds Cemac, « il y a un pas qu’aucun État n’est encore prêt à franchir », assure un expert financier de la zone.

Jeuneafrique.com par Alain Faujas et Nicolas Teisserenc

Congo/expulsions: Kinshasa et Brazzaville vont enquêter sur les violences présumées

juin 3, 2014

KINSHASA – La République démocratique du Congo (RDC) et le Congo vont enquêter sur les violations des droits de l’Homme présumées commises lors de l’expulsion de ressortissants de la RDC vivant au Congo, ont décidé mardi de hauts responsables des deux pays réunis à Kinshasa.

Les parties ont convenu de mettre sur pied une équipe mixte (…) en vue d’examiner au cas par cas toutes les allégations en rapport avec les violences des droits humanitaires survenues au cours des expulsions, et d’envisager, le cas échéant, la réparation des préjudices avérés, indique un communiqué commun.

Les délégations des deux Congo, en travaux depuis lundi après-midi, étaient conduites par le ministre de l’Intérieur de leur pays: pour l’ex-Zaïre, Richard Muyej, et pour le Congo, Raymond Mboulou.

La RDC et le Congo ont convenu de la nécessité de mettre en œuvre une gestion concertée des flux migratoires et ont recommandé la systématisation de l’information préalable des représentations diplomatiques et consulaires et de l’État d’origine en cas de refoulement massif.

Ils ont également décidé d’instaurer de nouvelles règles pour régir la circulation des citoyens d’un pays à l’autre, ainsi que leur établissement dans l’un ou l’autre État. Ces règles, encore non clairement définies, devront remplacer de précédents accords jugés caduques.

Nous venons de signer une nouvelle convention. (…) Les gens qui vivent dans les espaces frontaliers auront plus de facilité que les autres. (…) Nous nous sommes engagés d’accélérer le processus pour que cette convention puisse être votée par les deux parlements, a expliqué à la presse M. Muyej.

Cette nouvelle convention arrive après que Kinshasa et Brazzaville se soient récemment mutuellement accusés d’avoir durci les conditions d’entrée des ressortissants de leur voisin traversant le fleuve Congo, frontière naturelle entre les deux villes.

Le 4 avril, le Congo a lancé une opération d’assainissement visant à traquer les clandestins et les criminels étrangers. L’opération a rapidement tourné à une vaste opération d’expulsion des Zaïrois, en règle ou non, et environ 130.000 ressortissants de RDC sont rentrés.

Selon Brazzaville, près de 2.000 personnes ont été réellement expulsées et les autres sont parties de façon volontaire. Kinshasa et des ONG ont affirmé que de nombreuses Congolais sont rentrés craignant d’être l’objet de violences.

Fin mai, deux hauts responsables de l’ONU, dont le chef de la Mission de l’ONU en RDC, Martin Kobler, avaient exigé que le Congo cesse immédiatement les expulsions de ressortissants de la RDC et enquête sur les allégations d’exactions.

Brazzaville, qui a reconnu des dérapages et radié 17 policiers, avait jugé grossières ces déclarations.

Depuis plusieurs jours, le flux des retours a nettement baissé, passant, selon Kinshasa, de plusieurs milliers par jour à plusieurs centaines.

Brazzaville estime qu’environ 400.000 ressortissants de la RDC vivent encore au Congo, où la plupart exercent des métiers peu qualifiés.

Romandie.com avec(©AFP / 03 juin 2014 23h37)