Le centre-droit a remporté les élections législatives de dimanche en Finlande, devançant de peu le parti nationaliste puis les sociaux-démocrates de Sanna Marin, qui perd ainsi son poste de Première ministre, selon une estimation de la radiotélévision Yle. Selon la projection de la chaîne publique, généralement proche du résultat final, le parti de la Coalition nationale de Petteri Orpo obtiendrait le plus grand nombre de sièges, avec 48 députés, devant le parti anti-immigration des Finlandais avec un nouveau record de 46 fauteuils et le SDP social-démocrate (43).
Le candidat du parti arrivé premier hérite traditionnellement du poste de Premier ministre en Finlande, à condition de pouvoir réunir une majorité au Parlement. Le chef du parti de centre-droit de la Coalition nationale Petteri Orpo a revendiqué la victoire. « C’est une grande victoire », a lancé l’ancien ministre de 53 ans sous les acclamations de ses partisans. « Nous allons commencer les négociations pour un gouvernement en Finlande », a dit celui qui a désormais la possibilité de nouer une alliance vers la gauche avec Sanna Marin ou avec le parti anti-immigration et eurosceptique des Finlandais de Riikka Purra.
Selon des résultats quasi-définitifs portant sur plus de 98 % des suffrages, le parti de la Coalition nationale arrive en tête avec 48 des 200 sièges du Parlement, devant le parti des Finlandais (46) et les sociaux-démocrates (43). Les écarts en voix sont tout aussi ténus : 20,8 % pour le centre-droit, 20,1 % pour l’extrême-droite, et 19,9 % pour le SDP de Mme Marin.
La Première ministre sortante a reconnu sa défaite. « Félicitations au vainqueur des élections, félicitations à la Coalition nationale, félicitations au parti des Finlandais, la démocratie a parlé », a dit la dirigeante de 37 ans
Les trois partis progressent en effet par rapport aux dernières élections de 2019, avec un record promis aux nationalistes du parti des Finlandais. Saluée aux cris de « Finlande ! Finlande ! », Riikka Purra s’est elle félicitée devant ses supporters du « meilleur résultat électoral » de l’histoire du parti nationaliste. La dirigeante nationaliste de 45 ans s’est même offert le luxe de rallier le plus grand nombre de voix sur son nom, avec environ 38 000 contre 35 000 pour la populaire Sanna Marin.
Les Angolais sont aux urnes mercredi pour des élections législatives qui décideront du prochain président, un scrutin annoncé comme le plus serré de l’histoire du pays, entre le parti au pouvoir depuis l’indépendance et une opposition qui promet d’enrayer pauvreté et corruption.
Ancien parti unique tout-puissant, à la tête du pays depuis 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) est en perte de vitesse mais reste favori pour ce scrutin, selon les pronostics. Le président sortant Joao Lourenço, 68 ans, brigue un second mandat.
Mais la domination du parti devrait être sérieusement entamée par une opposition revigorée ces dernières années par un leader, Adalberto Costa Junior, 60 ans. Surnommé « ACJ », il est à la tête de l’ancien mouvement nationaliste rebelle devenu parti, l’Unita.
Réputé bon orateur, il incarne pour certains cet espoir de « changement » réclamé par la rue, dans un pays riche en ressources naturelles mais plongé dans de grandes difficultés économiques. Inflation galopante, sécheresse sévère, chômage et vie chère nourrissent un ras-le-bol grandissant.
« Nous avons du pétrole, des diamants, mais les gens n’ont pas de travail », lance à l’AFP Manuel Antonio Teca, 27 ans, sans emploi. L’Angola est le 2e producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne.
Il faisait partie de la foule d’électeurs aux urnes tôt le matin, des files de femmes vêtus de tissus africains et d’hommes tenant religieusement un petit bulletin plié entre leurs mains. Mais le flot s’est tari dès le milieu de journée.
« C’est un jour historique », a déclaré l’opposant après avoir déposé son bulletin dans un quartier populaire de Luanda. L’outsider a mené sa campagne sur des promesses de réformes, de lutte contre la pauvreté et contre la corruption.
Charismatique, il séduit notamment une jeunesse urbaine moins attachée au MPLA et qui hérite d’un pays miné par des décennies de corruption sous la présidence de José Eduardo dos Santos (1979-2017). Les 10 à 24 ans représentent un tiers de la population, selon des données des Nations unies.
Mort le mois dernier en Espagne, l’ancien chef d’Etat est accusé d’avoir détourné des milliards au profit de sa famille et de ses proches. Il doit être enterré dimanche.
« Le résultat semble devoir être plus serré que jamais », prédit Justin Pearce, spécialiste de histoire angolaise à l’Université Stellenbosch en Afrique du Sud.
« Vraie démocratie »
Les 13.200 bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 18H00 (17H00 GMT) pour les 14,7 millions d’inscrits. Le candidat du parti vainqueur aux législatives sera investi chef d’Etat. Aucun incident n’a été signalé à ce stade.
Avec un parti au pouvoir qui a la main sur le processus électoral et les médias publics, l’opposition et une partie de l’opinion publique s’interrogent sur des possibilités de fraudes.
« Nous ne sommes pas un pays démocratique », regrette Alberto Bernardo Muxibo, qui se présente à l’AFP comme un militant. « Le gouvernement opprime le peuple ».
Dans la matinée, M. Lourenço a déposé son bulletin dans une université de Luanda. Habituellement discret et peu à l’aise sur les estrades, l’ancien général a sobrement promis « la victoire ».
En 2017, sous l’étiquette de dauphin de dos Santos, il l’avait emporté après une confortable victoire du MPLA à 61 % des voix. Pur produit du parti nourri au marxisme-léninisme, il s’est affranchi du système en lançant, à la surprise générale, une vaste campagne anti-corruption, écartant des postes clefs les proches de son ancien mentor.
Il a mené des réformes ambitieuses, saluées à l’étranger, pour sortir de la dépendance au pétrole et privatiser les entreprises publiques. Et sa gestion de la dette du pays « a été remarquable », juge Marisa Lourenco, analyste indépendante basée à Johannesburg.
Mais pour une grande partie des 33 millions d’Angolais, rien n’a vraiment changé. « Vingt ans que le pays est en paix et nous sommes toujours pauvres », lâche Lindo, un électricien de 27 ans qui habite Luanda.
Malgré dix ans de croissance après la fin de la guerre civile en 2002, l’Angola reste un des pays les plus pauvres du continent.
Si nombre d’analystes ont pointé le revers inédit subi par la majorité présidentielle, peu ont constaté l’échec de la tactique du camp du chef de l’État, basée presque exclusivement sur un éventuel boycott du scrutin par l’opposition.
On le sait désormais, les résultats définitifs des élections législatives du 31 juillet au Sénégal, publiés ce 11 août par le Conseil constitutionnel, permettent à la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar d’obtenir 82 députés sur les 165 qui composent l’Assemblée nationale – auxquels s’est rallié l’ancien maire de Dakar Pape Diop. Un ralliement qui porte le nombre des parlementaires du camp présidentiel à 83, contre 80 pour l’inter-coalition Yewwi Askan Wi (YAW) – Wallu Senegal, ce qui est synonyme de la majorité absolue.
Inutile de rappeler que les observateurs de la vie politique sénégalaise ont été unanimes pour dire que c’est une situation inédite, que la mouvance présidentielle a accusé un net recul et que le scrutin marquera, quoi qu’il arrive, l’histoire politique du pays.
En analysant ces résultats, un leader politique sénégalais a déclaré que « les populations ont privilégié la sanction contre le régime actuel en participant à un référendum de fait sur la question du troisième mandat ». Bien entendu, ses propos ont été balayés d’un revers de la main par les membres de la mouvance présidentielle, qui estiment être restés « la plus grande coalition du pays », même si leur camp a perdu au passage une cinquantaine de députés. Autant dire que ces législatives n’ont pas encore livré tous leurs secrets. D’autant que chaque camp crie à la victoire et se tresse des lauriers.
Un stratagème simpliste
En revanche, ce que l’on n’a pas du tout ou très peu entendu dans les analyses, c’est l’échec de la stratégie du camp présidentiel, basée presque exclusivement sur un éventuel boycott du scrutin par l’opposition. Car tout semble démontrer que le pari du chef de l’État Macky Sall était simple, sinon simpliste : pousser l’opposition dans ses derniers retranchements et la contraindre à renoncer de prendre part à ces législatives. Autrement dit, en misant sur les réactions parfois épidermiques de certains leaders de l’opposition, le pouvoir savait que l’invalidation des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par Ousmane Sonko constituerait un casus belli, en tout cas le piège qui devrait faire trébucher ses adversaires. De fait, la précampagne a été marquée par de violentes manifestations qui ont fait au moins trois morts, justement à cause du refus de l’opposition d’accepter la décision du Conseil constitutionnel.
Si la coalition de l’opposition avait maintenu son intention de boycotter ces élections législatives afin de dénoncer la décision du Conseil constitutionnel comme cela a été envisagé un temps, elle aurait pris le risque de laisser le champ libre aux seuls candidats de la majorité présidentielle de rafler tous les sièges ou presque de députés. Heureusement, ses leaders ont fini par comprendre (aiguillonnés par les chefs de confréries ?) que dans certaines circonstances, la politique de la chaise vide est loin d’être la moins mauvaise.
Le flou du troisième mandat
C’est dire qu’en décidant de participer au scrutin avec la liste nationale des candidats suppléants – ceux que les mauvaises langues ont parfois présentés comme des seconds couteaux –, l’opposition a non seulement confirmé la dynamique impulsée par les élections locales de janvier, mais elle a aussi déjoué les plans du pouvoir. Plutôt que d’être monocolore, ce qui aurait été un recul démocratique majeur, la présente législature sénégalaise annonce des joutes politiques truculentes.
Cela dit, sans reprendre à notre compte les accusations de fraudes et de bourrage d’urnes utilisées par l’opposition, on peut supposer que si les titulaires de la liste nationale des adversaires de Macky Sall n’avaient pas été invalidés, la majorité parlementaire aurait sûrement basculé en faveur de l’opposition, dont les leaders pariaient sur une possible cohabitation. Dans une telle hypothèse, l’actuel président sénégalais, élu en 2012 pour un mandat de sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, aurait été amené à dissiper plus tôt que prévu le flou qu’il maintient sur ses véritables intentions et aurait renoncé à la tentation du troisième mandat
Avec Jeune Afrique
Par Adrien Poussou
Ancien ministre centrafricain de la Communication.
48,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Après une présidentielle sans grand suspense, les législatives ont gagné en intérêt au fur et à mesure que l’hypothèse de la majorité absolue d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale s’effritait. Le premier tour avait montré une poussée de l’alliance de gauche (la Nupes) au coude-à-coude avec Ensemble, l’alliance pour la majorité présidentielle. Le Rassemblement national avait également enregistré un score historique. Les Français ont livré leur verdict : le président de la République n’obtient pas la majorité absolue. L’alliance de gauche, le Rassemblement national et les Républicains sont les grands gagnants de ce second tour.
Voilà pour les résultats nationaux. Dans le détail, nous avons sélectionné des points chauds dans les 572 circonscriptions encore en jeu.
Élisabeth Borne s’en sort (de justesse)
Selon les premières les estimations, Élisabeth Borne est élue dans la 6e circonscription du Calvados. Elle l’emporterait avec 52 ou 53 % face au représentant de la Nupes, Noé Gauchard.
Plusieurs ministres au tapis
La ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a été battue par le RN tout comme Amélie de Monchallin, ministre la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Ils devront démissionner. Olivier Véran, Gérald Darmain et Damien Abad sont élus et devraient conserver leur poste.
L’ancienne candidate à la présidentielle qui devait passer par un second tour à Hénin-Beaumont a été largement réélue avec plus de 60 % face à Marine Tondelier (Nupes).
Christophe Castaner et Richard Ferrand battus
Il s’agit de deux poids lourds historiques du macronisme : Christophe Castaner et Richard Ferrand, président du groupe LREM et président de l’Assemblée dans la précédente législature, ont été battus par deux candidats de la Nupes : l’ancien ministre de l’Intérieur s’incline face à Léo Walter, dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence ; Richard Ferrand est battu par Mélanie Thomin dans la sixième circonscription du Finistère.
Si Élisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont aisément qualifiés dimanche pour le second tour, d’autres ministres seront en ballottage défavorable le 19 juin.
Dimanche 12 juin, quinze membres du gouvernement étaient candidats aux élections législatives. Leurs résultats ont été d’autant plus scrutés qu’en cas de défaite, ils devront quitter leur poste.
Si certains sont parvenus à se hisser sans difficulté au second tour, d’autres membres de l’équipe gouvernementale sont en ballottage défavorable pour le second tour, dimanche 19 juin. Revue d’effectif, avec les résultats partiels et définitifs.
Les ministres largement qualifiés au premier tour
Élisabeth Borne (Première ministre)
Candidate dans la 6e circonscription du Calvados, Élisabeth Borne est arrivée en tête du premier tour avec 34 % des voix. C’est la première fois que l’ancienne ministre de l’Écologie se présente au suffrage universel direct. Parachutée dans le Calvados, où elle a des attaches familiales, elle sera opposée le 19 juin à Noé Gauchard (Nupes). Dimanche soir, la Première ministre a appelé les « forces républicaines à se rassembler » autour du projet et des candidats de la majorité.
Gérald Darmanin (Intérieur)
Dans la 10e circonscription du Nord, Gérald Darmanin a récolté 39 % des suffrages, se plaçant devant Mélanie D’Hont (RN), à 23 %, et Leslie Mortreux (17 %). Les électeurs n’ont visiblement pas tenu rigueur au ministre de l’Intérieur du fiasco de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, émaillé de violences, ou des accusations de viol contre lui, qui se sont soldées par un non-lieu. « Merci très sincèrement aux habitants de Tourcoing, Linselles, Neuville-en-Ferrain, Roncq, Bousbecque et Halluin de nous avoir placés très largement en tête de ce premier tour, avec près de 40 % des voix ! À dimanche prochain ! » a-t-il tweeté dans la soirée.
Gabriel Attal (Comptes publics)
Près de 50 %, c’est le total de voix réunies par Gabriel Attal, désormais en poste à Bercy (Comptes publics). L’ancien porte-parole du gouvernement devra tout de même passer par le second tour, face à Cécile Soublet côté Nupes.
Damien Abad, visé par des accusations de viol, arrive en tête du premier tour dans la 5e circonscription de l’Ain. Le ministre des Solidarités sera opposé le 19 juin à la candidate Nupes Florence Pisani. À l’issue du premier tour, l’ancien chef des députés Les Républicains a obtenu 33,38 % des voix, contre 23,54 % à l’économiste de LFI, et se trouve en bonne position pour conserver sa place au sein du gouvernement en obtenant un troisième mandat dans le Haut-Bugey.
Ça passe sans grandes difficultés pour le ministre de l’Agriculture. Candidat dans la première circonscription du Loir-et-Cher, Marc Fesneau a réuni près de 32 % des voix au premier tour des législatives, contre 34 % en 2017. Prochaine étape : le second tour le 19 juin, contre Reda Belkadi (Nupes).
Olivier Véran (Relations avec le Parlement)
Ex-ministre de la Santé, Olivier Véran parvient à se hisser au second tour des législatives. L’actuel ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement a recueilli 40 % des voix dans la 1re circonscription de l’Isère. Le médecin de profession affrontera dimanche Salomé Robin (Nupes).
Brigitte Bourguignon (Santé)
Créditée de 32 % des suffrages, Brigitte Bourguignon parvient à se qualifier dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais. La candidate Ensemble de la majorité présidentielle avait déjà remporté le scrutin lors des élections législatives de 2012 et 2017. Nouvelle ministre de la Santé, elle affrontera la RN Christine Engrand au second tour.
Olivier Dussopt arrive en tête dans la circonscription de l’Ardèche, avec 30,04 % des voix. Le ministre du Travail fera face à Christophe Goulouzelle (Nupes), arrivé en deuxième place avec 23,58 % des voix.
Franck Riester (Commerce extérieur)
Dimanche, Franck Riester est parvenu à se qualifier pour le second tour des législatives, avec 29,2 % des suffrages. Député sortant, le ministre délégué au Commerce extérieur perd des points par rapport à son précédent score de 2017 (39 %). L’ancien ministre de la Culture sera opposé à François Lenormand (RN).
Justine Bénin (secrétaire d’État chargée de la Mer)
Issue du MoDem, la députée sortante Justine Bénin se qualifie pour le second tour en Guadeloupe. Fraîchement nommée au gouvernement, la secrétaire d’État à la Mer a réuni 31,31 % des suffrages, ce qui la place en tête des votes dans sa circonscription, devant le DVG Christian Baptiste (26 %), son adversaire au second tour.
Olivia Grégoire (porte-parole)
Nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire se qualifie avec une nette avance, à près de 40 % des suffrages exprimés au premier tour. Candidate dans la 12e circonscription de Paris, elle affrontera la communiste Céline Malaisé (Nupes), le 19 juin prochain.
Yaël Braun-Pivet (Outre-Mer)
Élue en 2017, Yaël Braun-Pivet s’est représentée dans sa 5e circonscription des Yvelines. La ministre des Outre-Mer prend la tête des candidats au premier tour, avec 32,6 % de suffrages. Au second tour, elle sera face à la candidate de la Nupes Sophie Thévenet, qui a enregistré 29 % des voix.
Les ministres en ballottage défavorable
Amélie de Montchalin (Planification écologique et Territoires)
Amélie de Montchalin parvient à se hisser au second tour malgré un net recul sur son adversaire de la Nupes. La ministre de la Transition écologique a rassemblé 30,4 % des voix, loin derrière Jérôme Guedj (40,4 %), dans la 6e circonscription de l’Essonne.
Clément Beaune (Europe)
C’est un ballottage défavorable qui attend Clément Beaune à Paris. Si le ministre de l’Europe a bien passé la première marche, il n’a réuni que 34,7 % des suffrages, en deuxième position derrière l’avocate Caroline Mecary (Nupes) et ses 39,5 %. Dans cette circonscription, Emmanuel Macron était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, mais à seulement cinq points devant Jean-Luc Mélenchon.
Stanislas Guerini (Transformation et de la Fonction publiques)
Dans la 3e circonscription de Paris, Stanislas Guérini est candidat à sa réélection. Le désormais ministre en charge de la Fonction publique atteint la deuxième place, avec 32,78 % des suffrages, derrière Léa Balage El Mariky de la Nupes (37,80 %), selon des résultats provisoires.
Après avoir vu sa liste invalidée, la coalition menée par Ousmane Sonko organisait ce 8 juin un grand rassemblement à Dakar. Pour critiquer la décision des sages et mobiliser ses partisans contre Macky Sall.
Touchés mais pas coulés. Qu’ils appartiennent à Yewwi Askan Wi, la coalition menée par Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Barthélémy Dias, ou à Wallu Sénégal, celle d’Abdoulaye Wade, leaders et militants de l’opposition étaient tous réunis ce mercredi 8 juin sur la place de l’Obélisque de Dakar. Avec un mot d’ordre : rappeler qu’ils allaient tout de même participer, « par force », aux élections législatives et qu’ils ne comptaient pas laisser Macky Sall l’emporter le 31 juillet.
Les responsables politiques se sont succédés au micro pendant plus de deux heures, lors d’un rassemblement autorisé in extremis par le préfet de Dakar et auquel ont assisté plusieurs milliers de personnes. Tous ont exhorté leurs partisans à soutenir leur alliance dans les urnes pour imposer une cohabitation au chef de l’État. Et ce malgré le couperet tombé le 3 juin dernier.
Casquette vissée sur la tête, tee-shirt aux couleurs de sa coalition, le président du Pastef s’est adressé en dernier à une foule chauffée à blanc. En dépit de l’invalidation de sa candidature, l’opposant a voulu se montrer combattif : « L’enjeu, c’est le contrôle de l’Assemblée nationale, a-t-il lancé. Si nous gagnons ce combat, nous pourrons former un gouvernement à nous, et commencer à réformer le pays avant même 2024. »
QUOIQU’IL ARRIVE, OUSMANE SONKO DEVRA RENDRE SON FAUTEUIL DE PARLEMENTAIRE À L’ISSUE DU SCRUTIN LÉGISLATIF
Le maire de Ziguinchor a demandé à ses partisans une « mobilisation permanente » pour contrer Macky Sall, l’objectif étant, à terme, de le vaincre lors de la présidentielle de 2024. Soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat, le chef de l’État a été la cible d’attaques récurrentes, mais le ministère de l’Intérieur et les sages du Conseil Constitutionnel en ont aussi pris pour leur grade. Tout comme Idrissa Seck, qui a rallié la majorité en novembre 2020, qualifié ce mercredi de « zombie politique », ou le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, accusé de « sucer les richesses du Sénégal ».
Parmi les griefs des manifestants et des leaders politiques réunis place de l’Obélisque, la cherté de la vie, le chômage et le manque de perspectives, tout autant que les atteintes aux libertés politiques. Pour les membres de l’opposition, pas de doute possible : l’invalidation de la liste nationale découle de la volonté de Macky Sall de mettre ses ennemis hors d’état de nuire. « On l’a vu faire avec Karim Wade, avec Khalifa Sall. On l’a vu essayer de le faire avec Ousmane Sonko en mars 2021 », a poursuivi l’intéressé, en référence à l’affaire, toujours en cours devant la justice, dans laquelle une femme l’accuse de l’avoir violée.
Rassemblement pacifique
« Nous sommes tous logés à la même enseigne », déclarait pourtant dans la matinée le porte-parole de la coalition présidentielle, Pape Mahawa Diouf, dont la liste nationale – de suppléants – a également été invalidée. « Quand le Conseil constitutionnel leur a permis de modifier leur liste à Dakar car elle ne respectait pas la parité, ils ont applaudi des deux mains ! Et à présent que les sages statuent en leur défaveur, leur discours change ! C’est inacceptable et irrespectueux de s’attaquer à une telle institution quand ça les arrange », ajoutait-il.
Ousmane Sonko avait menacé de mobiliser « 200 000 personnes » pour aller déloger Macky Sall de son palais, mais le rassemblement du 8 juin s’est globalement déroulé dans le calme. Une équipe de journalistes de la chaîne TFM a été bousculée par les manifestants – la télévision appartient au groupe GFM de Youssou Ndour, un proche du président. « Ne vous trompez pas de combat, a déclaré Déthié Fall, le mandataire de YAW, depuis son estrade sous les huées de la foule qu’il avait du mal à faire taire. Notre combat est contre Macky Sall. »
Une vidéo publiée sur Twitter, relayée par « Centre Presse Aveyron », montre un candidat aux législatives sniffant de la poudre blanche en boîte de nuit.
À quelques jours du premier tour des élections législatives, ces images risquent de porter préjudice au candidat. Le dimanche 5 juin, le candidat de Reconquête ! dans les Alpes-Maritimes, Damien Rieu, a partagé une vidéo sur Twitter dans laquelle on aperçoit un jeune homme sniffer de la poudre blanche en soirée, comme l’expliquent nos confrères de Centre Presse Aveyron. Au-dessus de cette même vidéo, visionnée plusieurs centaines de milliers de fois, le militant demande s’il s’agit bien de Léon Thébault, candidat Nupes dans la 1re circonscription de l’Aveyron.
« Oui, je suis au courant de la publication de cette vidéo et, depuis, je subis une vague de harcèlement, de menaces », explique le candidat de 21 ans, interrogé par le quotidien régional. « Cette vidéo est ancienne. Elle date de quand j’étais en classe de première. Nous étions en soirée avec des amis, et il ne s’agissait pas de drogue mais d’un Doliprane écrasé, réduit en poudre. C’est le genre de choses stupides que l’on peut faire lorsqu’on est adolescent et en soirée », justifie-t-il.
S’il reconnaît être le garçon dans la vidéo, il déplore toutefois les méthodes de Damien Rieu, fort de ses 125 000 abonnés, et menace de porter plainte. « Avec la publication de cette vidéo, on voit de quoi est capable l’extrême droite pour salir les autres candidats. […] En tout cas, cela ne remet pas en cause mon engagement. Je vais poursuivre ma campagne. Surtout, je vais consulter les instances de mon parti au niveau national et local, et je me réserve le droit de porter plainte pour diffamation. »
Pendant deux ans, elle a été le porte-voix de la grève contre le groupe hôtelier Accor. Les 12 et 19 juin, cette Franco-Ivoirienne à la détermination sans faille représentera le parti de Jean-Luc Mélenchon lors des législatives françaises.
Rachel Kéké est une femme occupée. À quarante-huit ans, l’infatigable Franco-Ivoirienne cumule les casquettes. En plus de son emploi de femme de chambre et des obligations parentales qu’impose l’éducation de cinq enfants, cette habitante de Chevilly-Larue, en région parisienne, s’est lancée ce jeudi 19 mai dans la course aux législatives des 12 et 19 juin. « Je suis une guerrière. Des batailles, j’en ai déjà menées. Je suis prête pour celle-là », garantit-elle au téléphone, sur le seuil du collège de sa benjamine, où elle a rendez-vous.
Investie par La France insoumise (LFI), la formation de Jean-Luc Mélenchon, pour représenter la NUPES, la coalition de gauche, dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, cette représentante de la société civile n’est pas une inconnue. Entre 2019 et 2021, elle fût la voix et le visage des femmes de chambres de l’hôtel Ibis Batignolles, sis dans le 17e arrondissement de Paris. Des employées en sous-traitance devenues célèbres en France pour avoir mené la grève la plus longue de l’histoire de l’hôtellerie.
Deux ans de bataille
« La sous-traitance est trop souvent utilisée pour priver les travailleurs de leurs droits. Nos conditions de travail étaient tellement pénibles que ça nous a poussé à nous syndiquer et à faire grève », se rappelle l’ex-porte-parole des grévistes. La lutte durera vingt-deux mois, un record. « Les syndicats nous avaient prévenues : un groupe comme Accor ne plie pas facilement. On s’attendait à devoir se battre quelques semaines ou quelques mois », s’amuse-t-elle.
Il faudra finalement près de deux ans, donc, avant d’obtenir gain de cause. Et qu’importe la fatigue, le mépris, les intimidations et les insultes, à l’époque, Rachel Kéké n’entend rien céder. « J’ai tout vu dans cette lutte. On nous a infantilisées, humiliées, insultées. Souvent, on a douté, mais on n’a jamais baissé les bras. » Il faut dire que pour elle, l’abandon n’est pas une option. « Je tiens ça de ma mère », assure-t-elle, évoquant le souvenir de celle qui, pour nourrir ses sept enfants, était vendeuse de vêtements sur le marché d’Adjamé, à Abobo.
C’est dans cette commune du nord d’Abidjan que Rachel Kéké grandit, puis met au monde son fils aîné, avant de rejoindre Paris à l’âge de 26 ans. Du métissage de son quartier d’origine, où cohabitaient « Ivoiriens, Maliens, Sénégalais, Guinéens, Catholiques et Musulmans », elle dit retenir la chaleur et la tolérance. La pugnacité aussi, « obligatoire » pour une famille modeste.
La voix des invisibles
Cet héritage, la candidate LFI souhaite le mettre au service des « essentiels ». Ces femmes et ces hommes « invisibles » qui ont « tenu la France » à bout de bras quand tout le pays se confinait face à l’épidémie de coronavirus. Si elle décroche un siège à l’Assemblée nationale, Rachel Kéké entend être la voix des « femmes de ménages, des éboueurs, des aides à domicile, des profs mal payés, des agents de sécurité… ». « Les hommes et les femmes politiques ne savent pas comment nous vivons. Si nous ne sommes pas à l’Assemblée nationale pour plaider notre propre cause, qui le fera ? », demande celle qui trépigne d’obtenir « une rencontre avec le ministre du Travail ».
« Ce qui domine dans certains quartiers, au-delà de la “désespérance”, c’est un problème de confiance. Les gens ont le sentiment d’être systématiquement trahis par ceux qu’ils élisent », renchérit Hadi Issahnane, élu LFI à la mairie de Chevilly-Larue et membre de l’équipe de campagne de Rachel Kéké. La meilleure manière pour rétablir la confiance est de mettre aux responsabilités des gens pour qui la politique n’est pas un plan de carrière. Rachel incarne cela. Ce sont les luttes qui se sont imposées à elle qui l’ont menée là où elle est. »
Mépris de classe
Si elle reconnaît volontiers que l’idée de faire de la politique lui a d’abord semblé « bizarre », Rachel Kéké l’assure : le challenge « ne [lui] fait pas peur ». Mastodontes de l’hôtellerie, députés, journalistes parfois « méprisants »… Personne n’a réussi à l’intimider. « Elle s’adresse à un PDG de multinationale comme elle s’adresserait à un passant », résume Hadi Issahnane. « [C’est une très bonne chose] si elle fait vibrer les colonnes du Palais Bourbon », abondait Alexis Corbière, début mai, sur un plateau de La Chaîne parlementaire (LCP). La journaliste qui faisait face à ce dirigeant de LFI lui avait alors demandé si Rachel Kéké avait « été formée », au cas où elle entrerait à l’Assemblée.
« C’est méprisant, mais c’est elle qui se ridiculise. On veut me former pour que j’apprenne le prix du kilo de riz ? » ironise l’intéressée. « Il y a eu et il y aura toujours quelques réflexes de classe, des gens qui diront : “Elle est femme de chambre, sait-elle ce qu’est un projet de loi ?” déplore Issahnane Hadi. Mais Rachel parle du concret : la paye, l’école, la souffrance des gens d’en bas. Elle est capable d’aller chercher les classes populaires, les abstentionnistes et tous ceux qui ne se sentent pas représentés. »
« Fière d’être ivoirienne »
Son franc-parler, Rachel Kéké dit, là encore, le puiser dans ses racines ivoiriennes. « Ma famille est de l’ethnie bété. Chez nous, quand c’est bleu, c’est bleu, quand c’est rouge, c’est rouge. Pas d’hypocrisie : on dit les choses comme on les pense et on ne tourne pas autour du pot », revendique-t-elle. « J’ai beaucoup d’admiration pour les femmes comme l’ancienne première dame Simone Gbagbo [épouse du président Laurent Gbagbo, d’origine bété], elle n’a pas peur, elle assume », énumère-t-elle.
Tirée de ses origines ou de ses luttes de militante et de cheffe de famille monoparentale, sa détermination lui vaut aujourd’hui d’être appelée à la rescousse par de nombreux mouvements sociaux, de Marseille à Rotterdam en passant par Genève ou la Belgique. Mais avec l’exposition politique viendront quelques coups, prédit-elle. « Je m’attends à être attaquée, mais j’ai l’habitude. Quand on est noire et femme de chambre, on sait se défendre seule », se targue-t-elle, évoquant les injures racistes de certains clients de l’hôtel, face auxquelles ses responsables « n’ont jamais rien fait ».
Craint-elle les xénophobes et ceux qui agitent à tout-va la question identitaire et la peur du « grand remplacement » ? « C’est derrière nous », veut croire l’aspirante députée. « Éric Zemmour a fait son cinéma sur l’immigration, il a eu 7 % à la présidentielle. Le Pen père n’a jamais réussi à être élu et pour l’instant, sa fille non plus. Aujourd’hui il faut que la France se réconcilie pour vivre ensemble », dit-elle. Pour cela, elle entend faire entrer « un peu plus de diversité à l’Assemblée nationale et y apporter les luttes menées jusqu’ici à la porte de l’hôtel Ibis », sans rien renier de son identité. « Je suis fière d’être ivoirienne et je suis fière d’être noire. Je suis fière d’être française aussi. Et c’est ici que je vais me battre jusqu’à ma mort. »
À défaut de se mobiliser massivement, les Centrafricains ont pu voter dimanche dans le calme et la sécurité pour le second tour des législatives. Les résultats seront connus d’ici le 22 mars.
Si l’issue du scrutin n’a pas encore été dévoilée, une chose est sûre : le taux de participation ne sera pas très élevé. « Il n’y a pas une grande affluence », observait à la fermeture des bureaux de vote Ali Ousman, responsable du réseau Arc-en-ciel, qui regroupe les observateurs du scrutin de 15 organisations de la société civile. « Chez nous, les législatives ne suscitent pas un grand enthousiasme, c’est la présidentielle qui compte », ajoutait-il.
Après avoir glissé son bulletin dans l’urne au lycée Barthélemy Boganda de Bangui, Godefroy Mokoamanede, directeur d’un bureau d’études, s’était désolé de la faible affluence : « quand les gens votent une première fois, ils ne voient plus l’utilité de voter une seconde fois ». « Je dois faire mon travail de citoyen, malgré l’insécurité. Il ne faut pas que le pays recule », avait embrayé Michel, un cultivateur.
Faible enjeu politique
La peur de violences a-t-elle tenu les électeurs éloignés des urnes ? Le 27 décembre, les scrutins avaient été considérablement perturbés par l’offensive annoncée sur Bangui de la CPC, coalition des plus importants groupes armés qui occupaient depuis plusieurs années plus des deux tiers du territoire. Réunis au sein de la Coalition des patriotes pour la Centrafrique, ils avaient juré d’empêcher la réélection du président Faustin-Archange Touadéra. Ce dernier a toutefois été réélu, mais avec 53,1% des voix de moins d’un tiers des 1,2 millions d’inscrits. La légalité de la présidentielle comme la légitimité de la réélection du chef de l’État sont depuis fortement contestées par l’opposition.
GLOBALEMENT ÇA S’EST BIEN PASSÉ, IL N’Y A PAS EU D’INCIDENT MAJEUR »
L’enjeu de ces législatives est faible, tant il fait peu de doute que le parti au pouvoir conservera sa majorité à l’Assemblée nationale. Mais dimanche, le pays tout entier avait les yeux rivés sur d’éventuelles violences dans les campagnes, où les rebelles se sont repliés et menacent toujours, jurant de renverser Faustin-Archange Touadéra.
140 sièges à pourvoir
« Globalement ça s’est bien passé, il n’y a pas eu d’incident majeur », a assuré à l’AFP dimanche soir le lieutenant-colonel Abdoul Aziz Fall, porte-parole des Casques bleus de l’ONU déployés depuis 2014 en Centrafrique. « Tous les centres où il n’y avait pas pu avoir de premier tour ont pu voter aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Le scrutin perturbé fin décembre a paradoxalement permis au pouvoir de se renforcer, en reprenant militairement du terrain depuis. Mais les rebelles ont été repoussés uniquement grâce à l’engagement dans les combats de centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais, envoyés par Moscou et Kigali à la rescousse de Faustin-Archange Touadéra et d’une armée centrafricaine peu formée et mal équipée. On ignore combien de temps ils resteront dans le pays.
Cent-quarante sièges sont à pourvoir mais, au premier tour, 22 députés ont été élus et seulement 49 circonscriptions sont en ballottage pour le second tour. Les résultats devraient être connus d’ici le 22 mars. Dans les 69 autres circonscriptions, le premier tour réorganisé dimanche sera suivi d’un second à une date qui n’a pas encore été faite.
Pour la première fois en dix ans, les trois plus grands partis de Côte d’Ivoire participent à un même scrutin. Les élections législatives de ce samedi s’annoncent donc très indécises.
Près de 7,5 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, ce samedi, quatre mois après une élection présidentielle marquée par des violences. Les législatives permettront-elles de tourner la page de cette séquence chahutée ? Une chose est sûre : c’est la première fois depuis la fin de l’année 2010 que les trois principales formations politiques du pays acceptent de jouer le jeu des urnes. Les législatives pourraient donc réserver quelques surprises.
• Le poids des nouvelles alliances
Elle paraît bien loin la présidentielle d’octobre et la course en solitaire du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Fini la politique de la chaise vide pour l’opposition et l’absence des pro-Gbagbo, qui reviennent dans le bain électoral après plus d’une décennie de boycott.
Nouvelle force en présence, nouvelles alliances : le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo dans la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) ont trouvé un accord sur 80 % de candidatures communes. Ils aligneront des candidats communs dans les circonscriptions à listes et se sont entendus pour des désistements dans celles où le scrutin était uninominal, à l’exception d’une dizaine de localités, dont Gagnoa, fief de Laurent Gbagbo.
CES LÉGISLATIVES FONT FIGURE DE TEST POUR L’ANCIEN DÉTENU DE LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE
Uni pour dénoncer la candidature à un troisième mandat d’Alassane Ouattara, le tandem composé du PDCI et du FPI de Pascal Affi N’Guessan a volé en éclats. Ce dernier s’est allié avec d’autres formations politiques : l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), d’Albert Toikeusse Mabri, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), de Charles Blé Goudé, le mouvement Agir, de Martial Ahipeaud. Ces alliances représentent au total une centaine de candidats, dont une soixantaine avec l’étiquette du FPI « légal ».
SUR LA BASE DES LISTES ÉLECTORALES, L’OPPOSITION EST DÉJÀ PERDANTE
« L’opposition joue gros dans cette élection, observe Arsène Brice Bado, du Cerpa. Elle joue sa crédibilité après avoir appelé ses électeurs à se démobiliser lors de la présidentielle. » Les adversaires du chef de l’État doivent compenser avec un problème mathématique majeur : « Le RHDP a beaucoup mobilisé pour l’élection du 31 octobre 2020 et il a réussi à faire enregistrer un grand nombre de personnes sur les listes électorales, poursuit Arsène Brice Bado. Ce n’est pas le cas de l’opposition. Sur la base de ces listes électorales, elle est déjà perdante. »
LE RHDP DOIT DÉMONTRER QU’IL PEUT CONVAINCRE AU-DELÀ DE SON ÉLECTORAT TRADITIONNEL DU NORD
Pour Sylvain N’Guessan, le RHDP est « le parti qui a le plus à perdre » dans cette élection. « Le véritable enjeu est là : le RHDP doit démontrer qu’il peut convaincre au-delà de son électorat traditionnel du nord de la Côte d’Ivoire et rassembler dans les zones acquises à l’opposition : dans le Centre, l’Ouest, l’Est et le Sud. » « Le RDHP doit absolument gagner la majorité. Après être d’une certaine manière passé en force lors de l’élection présidentielle, il doit renforcer sa légitimité », abonde Eugène Brice Bado.
• Les personnalités alignées
Tous les ministres ou presque sont candidats chez eux : Ally Coulibaly, chargé des Affaires étrangères, se présente à Dabakala ; Sidi Tiémoko Touré, porte-parole du gouvernement, à Béoumi ; Kandia Camara, ministre de l’Éducation nationale, à Abobo ; Siandou Fofana, au Tourisme et aux Loisirs, à Port-Bouët ; Laurent Tchagba, de l’Hydraulique, et Danho Paulin, des Sports, à Attécoubé… Ils sont une trentaine au total à briguer un mandat de député.
« Être élu ne sera pas une condition exclusive, mais ce sera évidemment un critère important quand il faudra procéder à des arbitrages [au moment de former le prochain gouvernement] », confiait récemment un proche du président à Jeune Afrique. Grand absent : le Premier ministre Hamed Bakayoko, en France pour des raisons de santé. Il brigue un troisième mandat à Séguéla, dans le nord-est du pays. Adama Bictogo, proche de Ouattara, est quant à lui candidat à Agboville.
À Abidjan, les résultats de certaines circonscriptions seront scrutés de près. À Yopougon, qui fournit six députés à l’Assemblée, l’enjeu est important pour les pro-Gbagbo et EDS qui, alliés au PDCI, rêvent de reprendre la circonscription au RHDP. « Yopougon, c’est pour nous ! » a lancé Michel Gbagbo lors du meeting d’ouverture de la campagne. La liste est conduite par le président d’EDS, Georges Armand Ouégnin. Face à eux, Gilbert Koné Kafana, du RHDP, député depuis dix ans et maire de la commune.
Au Plateau, le quartier des affaires d’Abidjan, c’est un duel aux allures de revanche entre le PDCI et le RHDP qui se prépare après des municipales houleuses, sur fond d’accusation mutuelle de fraudes. Le député sortant Jacques Ehouo, pour le PDCI, affrontera Ouattara Dramane, du RHDP, et plusieurs indépendants.
À Gagnoa sous-préfecture, fief de Laurent Gbagbo, Maurice Kakou Guikahué, le numéro deux du PDCI, sera candidat à sa réélection face à Marie-Odette Lorougnon, ancienne députée et vice-présidente du FPI, figure des « Gbagbo ou rien » (GOR). Les deux camps, alliés ailleurs, sont concurrents dans cette circonscription très symbolique.
Ce qui devait être un enjeu majeur de ces législatives n’est est finalement plus un, avant même la tenue du scrutin. Une loi adoptée en 2019 impose aux formations politiques de présenter 30 % de femmes. Faute d’être coercitif, le texte ne sera dans les faits appliqué par aucun des partis en lice. Seule certitude : l’hémicycle ivoirien demeurera très majoritairement masculin. Aujourd’hui, seulement 11 % de femmes y siègent. Un pourcentage qui ne devrait guère évoluer.
Avec Jeune Afrique par Florence Richard – à Abidjan