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Au pays du Cèdre, la résistance par les livres

octobre 26, 2022

Après quatre ans d’interruption, Le Festival « Beyrouth Livre » revient et innove pour marquer sa volonté de faire revivre le secteur du livre dans le pays.

Au pays du Cedre, la resistance par les livres
Au pays du Cèdre, la résistance par les livres

C’est un événement incontournable, un symbole, et une nouvelle pierre, solide, posée au cœur d’un Liban meurtri par la crise. Du 19 au 30 octobre, Beyrouth Livres, Festival international et francophone de Beyrouth, rouvre ses portes dans un format ambitieux et inédit, après quatre ans de silence. « Avant » le grand chaos, Beyrouth avait, vingt-cinq ans durant, accueilli le troisième plus grand salon littéraire et francophone du monde (après Paris et Montréal). Et puis ce fut le trou noir. La tragédie du port, et une crise totale – économique, politique, sociale, sanitaire, monétaire, sécuritaire – qui a frappé chaque Libanais, de l’ouvrier au bourgeois. Comme tous les autres, le secteur du livre en est ressorti exsangue. Le phénix est KO, le Liban à genou, mais Sisyphe n’abandonne (toujours) pas.

Initié par Anne Grillo, l’ambassadrice de France, soutenu par l’Institut français du Liban, le Centre national du livre et tout ce que le pays du Cèdre a de plus volontaire, Beyrouth Livres renaît et revient en force. De Gemmayzé à Hamra, de Mar Mikhael à Mathaf, à Beyrouth mais aussi Tripoli, Saïda, Baalbek, Jounieh et Tibnine, plus de cent auteurs de quinze nationalités (Fawzia Zouari, Fabien Toulmé, Marie Darrieussecq, Didier Decoin, Clara Dupont-Monod, Serge Bloch ou encore Ryoko Sekiguchi, Paule Constant, Philippe Claudel, Charif Majdalani, Diane Mazloum, Sabyl Ghoussoub ou Hyam Yared), mais aussi des musiciens, des artistes, des comédiens, des dramaturges et des cinéastes se retrouveront pendant dix jours dans une trentaine de lieux culturels, écoles, collèges et universités. Toutes les rencontres, tables rondes et conférences en français seront simultanément traduits en arabe et en anglais. Le tout, gratuitement. Comme à son habitude, le petit pays accueille en grand – le Liban a toujours eu le goût et le talent de la démesure.

Pour l’écrivain et avocat Alexandre Najjar, responsable de L’Orient littéraire et auteur du Dictionnaire amoureux du Liban, « ce festival représente un symbole très fort. Il intervient après une interruption de quatre ans et au milieu d’une crise économique sans précédent. Cet événement, qui se déroule dans tout le pays et non plus sous chapiteau comme par le passé, a dynamisé la vie culturelle et la francophonie, malgré le prix du livre importé, devenu inabordable à cause de la dépréciation de la monnaie locale. De nombreux écrivains et illustrateurs ont répondu présent, dont plusieurs membres de l’académie Goncourt, et ce, malgré la polémique ridicule créée par le ministre libanais de la Culture qui, pour faire de la surenchère, avait manifesté le désir de vérifier si les idées des invités étaient politiquement correctes – ce qui a provoqué un tollé contre lui de la part de la population, attachée plus que jamais à la liberté d’expression*Mais j’ose espérer que ce festival marquera le début d’une renaissance au Liban ! ».

« Parce que c’est vous, parce que c’est nous », disait Emmanuel Macron au lendemain de l’explosion du port. L’espoir a chez les Libanais d’étranges et puissantes racines. En plein cœur du chaudron, ce festival résolument international et francophone est plus qu’une audace, c’est un acte de résistance. Par la langue, la musique, la poésie, par la beauté. « Dans le jardin secret / Où nous avons rêvé / Un ouragan a balayé les feuilles », écrivait Lady Cochrane, mémoire de Beyrouth, ardente défenseuse de la culture et du patrimoine morte à 98 ans en buvant le thé dans son palais le 4 août. « Dans le jardin secret / Que nous avons créé / Le passé est une fleur que l’on cueille. » Puisse cet événement rassembler et favoriser par les livres la renaissance d’un Liban en mille morceaux.

Le 8 octobre dernier, le ministre de la Culture libanais Mohammad Mortada avait critiqué la présence d’auteurs « ayant embrassé les projets sionistes dans la pensée et dans la pratique, les soutenant aussi bien dans leurs travaux littéraires que dans leur vie quotidienne ». Cinq auteurs, dont des membres de l’Académie Goncourt, avaient alors annulé leur participation, évoquant une « dégradation générale de la situation au Liban ».

Avec Le Point par Marine de Tilly

Syrie: 73 morts dans le naufrage d’un bateau de migrants partis du Liban

septembre 23, 2022
Syrie: 73 morts dans le naufrage d'un bateau de migrants partis du Liban
Syrie: 73 morts dans le naufrage d’un bateau de migrants partis du Liban© AFP/-

Au moins 73 migrants sont morts noyés au large de la Syrie après que leur bateau parti du Liban a coulé, a indiqué vendredi le ministère syrien de la Santé s’exprimant sur ce naufrage, le plus meurtrier de ces derniers années en partance du Liban.

Ce pays devient de plus en plus un point de départ d’embarcations illégales de migrants depuis le déclenchement en 2019 d’une grave crise économique et financière causée par des décennies de mauvaise gestion et de corruption d’une classe dirigeante quasi inchangée depuis des décennies.

Envrion 150 personnes, principalement des Libanais et des Syriens, se trouvaient à bord du petit bateau qui a fait naufrage jeudi au large de la ville portuaire de Tartous, dans l’ouest de la Syrie.

« Le nombre de victimes du naufrage du bateau est passé à 73, tandis que 20 personnes sont soignées à l’hôpital Al-Basel (à Tartous) », a déclaré le ministre de la Santé, Hassan al-Ghabach, dans un communiqué.

Parmi les personnes secourues figuraient cinq Libanais, avait indiqué plus tôt à l’AFP le ministre libanais des Transports, Ali Hamie.

Des efforts pour trouver d’éventuels survivants du naufrage jeudi sont toujours en cours, a ajouté M. Hamie: « Je discute avec le ministre syrien des Transports d’un mécanisme pour récupérer les corps en Syrie ».

« Nous avons affaire à l’une de nos plus grandes opérations de sauvetage », a déclaré de son côté à l’AFP un responsable du ministère syrien des Transports, Sleiman Khalil.

« Nous couvrons une vaste zone qui s’étend sur toute la côte syrienne », a-t-il ajouté, affirmant que de hautes vagues compliquaient les opérations de secours.

Traversée périlleuse

De nombreux passagers libanais du bateau sont originaires de régions pauvres du nord du pays, notamment de la ville de Tripoli, parmi les plus pauvres du Liban. Elle est devenue une plaque tournante de l’immigration illégale, la plupart des bateaux de migrants partant de ses côtes.

Parmi les survivants, Wissam al-Talawi, un père de famille habitant à Tripoli et originaire du Akkar, autre région pauvre du nord du Liban, a été hospitalisé, a déclaré son frère Ahmad à l’AFP.

Les corps de ses deux filles, âgées de cinq et neuf ans, ont été rapatriés au Liban et enterrés vendredi, a déclaré Ahmad. La femme de M. Talawi et ses deux fils sont toujours portés disparus.

« Ils sont partis il y a deux jours », a révélé Ahmad: Mon frère « ne pouvait pas couvrir ses dépenses quotidiennes, ni les frais d’inscription de ses enfants à l’école ».

D’autres proches de disparus ont indiqué à l’AFP qu’ils s’étaient rendus à la frontière libano-syrienne pour obtenir des informations sur le sort des migrants.

A la suite de l’effondrement économique au Liban, des réfugiés syriens et palestiniens, ainsi que des Libanais ont tenté de traverser la Méditerranée à bord d’embarcations de fortune pour se rendre vers des pays européens, notamment l’île de Chypre, située à 175 kilomètres des côtes libanaises.

En avril, le naufrage d’un bateau de migrants surchargé, pourchassé par la marine libanaise au large de Tripoli (nord), avait fait des dizaines de morts et provoqué une vive colère dans le pays en crise.

Le 13 septembre, les garde-côtes turcs ont annoncé la mort de six migrants parmi lesquels deux bébés, et secouru 73 personnes qui tentaient de gagner l’Europe, au large de la province de Mugla, dans le sud-ouest de la Turquie. Ces migrants auraient embarqué depuis le port libanais de Tripoli.

Selon l’ONU, au moins 38 bateaux transportant plus de 1.500 personnes ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par la mer depuis 2020.

Par Le Point avec AFP

Macron et le prince héritier saoudien ensemble pour aider le Liban

décembre 4, 2021
Macron et le prince heritier saoudien ensemble pour aider le Liban
Macron et le prince héritier saoudien ensemble pour aider le Liban© Saudi Royal Palace/AFP/Bandar AL-JALOUD

Le président français Emmanuel Macron a terminé samedi sa tournée express dans le Golfe en lançant une initiative pour aider le Liban avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, avec lequel il affirme avoir eu une discussion « sans tabou » sur les droits de l’Homme.

Les retrouvailles avec l’homme fort de Ryad, « MBS », étaient très attendues, trois ans après le choc provoqué par l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat du royaume à Istanbul.

« Nous avons parlé de tout sans aucun tabou. Et nous avons pu évoquer évidemment la question des droits de l’Homme (…) et cela a été un échange direct », a déclaré Emmanuel Macron. « Les prochaines semaines et les prochains mois nous permettront de voir si nous avançons sur ce sujet. »

Ryad avait affirmé que l’assassinat de Khashoggi avait été commis par des agents saoudiens ayant agi seuls mais un rapport des services de renseignement américains accuse le prince héritier de l’avoir « validé », une accusation rejetée avec force par l’Arabie saoudite.

Emmanuel Macron a justifié sa rencontre avec le prince héritier, l’une des premières pour un dirigeant occidental depuis cette affaire, parce que « le dialogue avec l’Arabie saoudite est une nécessité » en raison de son « poids démographique, économique, historique et religieux ».

Les deux dirigeants ont, a rapporté M. Macron, « longuement parlé » du Liban au cours de leur entretien au palais royal de Jeddah (ouest) avant d’appeler ensemble au téléphone le Premier ministre libanais, Najib Mikati, pour tenter de trouver une issue à la brouille diplomatique entre Beyrouth et Ryad.

« Réengagement »

« L’Arabie saoudite et la France veulent s’engager pleinement » en vue d’un « réengagement de la relation » entre Beyrouth et le royaume.

L’Arabie saoudite a rappelé fin octobre son ambassadeur à Beyrouth et expulsé l’ambassadeur libanais à la suite de propos du ministre de l’Information George Kordahi critiquant l’intervention militaire menée par le royaume saoudien, à la tête d’une coalition, au Yémen et défendant les rebelles Houthis pro-iraniens dans ce pays.

M. Kordahi a depuis annoncé sa démission vendredi, en soulignant que c’était un souhait de la France.

Ryad a également interdit les exportations en provenance du Liban, et trois autres pays du Golfe –Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Koweït– ont pris des mesures de rétorsion à l’égard de Beyrouth. Ce qui a encore aggravé la sévère crise économique libanaise.

MM. Macron et Ben Salmane ont également exprimé leur « volonté que le gouvernement (libanais) puisse travailler de manière normale, se réunir au plus vite, et mener les réformes utiles », a ajouté le président français, précisant qu’il appellerait dimanche son homologue libanais Michel Aoun.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a de son côté évoqué sur Twitter un « pas important vers la reprise des relations fraternelles historiques avec l’Arabie saoudite » après l’entretrien téléphonique.

Les autorités saoudiennes n’avaient, elles, pas communiqué sur cette initiative commune après le départ de M. Macron pour Paris.

« Voyage utile »

Ce dernier s’est déclaré satisfait de sa tournée qui l’a mené en deux jours aux Emirats, au Qatar et en Arabie Saoudite.

« C’était un voyage utile » car  » notre présence ici, dans ce moment géopolitique, était importante », a-t-il déclaré, alors que les pays du Golfe cherchent à diversifier leurs interlocuteurs avec l’attention américaine désormais tournée vers l’Asie.

Son escale à Dubaï lui a permis d’acter un accord historique pour l’acquisition par les Emirats de 80 avions de combat Rafale –commande record pour l’avion de chasse entré en service en 2004– pour 14 milliards d’euros. D’autres contrats militaires (hélicoptères et armements) ont fait grimper le total à 17 milliards d’euros.

En Arabie, Airbus fournira 26 hélicoptères civils à une société saoudienne, tandis que Veolia a remporté un contrat de gestion des services d’eau potable de Ryad, ont annoncé samedi les deux groupes.

Veolia a aussi étendu ses liens avec le géant pétrolier Saudi Aramco. Il devient son « partenaire exclusif » pour le traitement de ses déchets industriels et banals, soit 200.000 tonnes par an venant s’ajouter aux 120.000 tonnes de déchets dangereux déjà pris en charge par le groupe français.

A Doha, Emmanuel Macron a « remercié » le Qatar d’avoir organisé l’évacuation de 258 Afghans de leur pays, désormais aux mains des talibans, et « menacés en raison de leurs engagements » ou « de leurs liens avec la France ». Ces réfugiés doivent être rapatriés vers l’Hexagone après être passés par l’émirat.

Par Le Point avec AFP

Liban : par le vote, la diaspora peut inverser le cours de l’histoire

novembre 17, 2021
« Le peuple a décidé, le changement est en marche », peut-on lire sur un affichage électorale à Beyrouth, en octobre 2021 © JOSEPH EID/AFP

Moins de 140 000 Libanais de l’étranger sur 1 million de votants potentiels sont inscrits sur les listes électorales. La mobilisation pour les législatives de mars 2022 est pourtant cruciale pour l’avenir du Liban.

L’indépendance du Liban, dont nous devrions célébrer les 78 ans ce 22 novembre, n’est qu’une indépendance de façade. L’enjeu, désormais, c’est sa survie pure et simple en tant que Nation et en tant qu’État. Les élections législatives de mars 2022 marqueront soit l’expression de la volonté du peuple, soit celle d’une classe politique discréditée accaparant le pouvoir. Tentons d’inverser par le vote le cours de l’Histoire. Ne nous laissons pas décourager par une éventuelle révision de la loi électorale qui viendrait affaiblir le vote de la diaspora. Soyons un soutien des forces de l’opposition qui tentent d’émerger malgré une très forte adversité. Le temps presse.

Les Libanais de la diaspora doivent être inscrits sur les listes électorales avant le 20 novembre. Au soir de cette date, le nombre total d’inscrits reflètera la capacité de la mobilisation diasporique. Or à ce jour, sur un 1 million de votants potentiels dans le monde, seuls près de 140 000 d’entre nous se sont inscrits. De fait, la mobilisation n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Le doute, la lassitude, l’indifférence ou l’éloignement sont-ils en train d’entraver la volonté de voter ? La probabilité est forte. Mais le prix a été trop élevé pour que nous renoncions …

Frustrations et attachement

Inscrivons-nous par frustration de n’avoir jusque-là que subi le cours des choses. Inscrivons-nous par solidarité avec nos proches vivant au Liban : enfants sans écoles, diplômés sans emplois qualifiés, malades sans soins, travailleurs sans salaires, jeunesse sans avenir… Inscrivons-nous pour que le volontarisme et l’intelligence l’emportent sur la médiocrité et la corruption.

CE VOTE MONTRERA À LA MÉDIOCRATIE EN PLACE ET AU MONDE ENTIER NOTRE MOBILISATION À TOUTE ÉPREUVE

Inscrivons-nous par devoir de mémoire pour tous ceux qui ont payé cher la construction du pays. Inscrivons-nous pour ne pas avoir un jour à répondre, la mort dans l’âme, à cette question de nos enfants : « Mais qu’as-tu fait pour essayer de changer la situation » ? Et surtout …. Inscrivons-nous par conviction que ce pays est bien le nôtre, y compris et surtout dans le malheur, que nous y sommes indéfectiblement attachés et qu’il a besoin de nous.

C’est en nous mobilisant de façon massive et démocratique que nous pourrons retrouver un Liban indépendant, en reprenant en main notre destinée sans plus la déléguer à d’autres. Inscrivons-nous avant le 20 novembre sur les listes et votons massivement en mars 2022. Participons activement à ce geste démocratique. Tournons délibérément le dos à toute résignation ou défaitisme. Ce vote n’est qu’une étape. Mais c’est une étape fondamentale qui montrera à la médiocratie en place et au monde entier notre mobilisation à toute épreuve dans la reconquête de notre indépendance.

Liste des cosignataires : Karim Daher (Aldic), Albert Kostanian (Kulluna Irada), Dania Khalil (Lebanon Talks). Ferris Wehbe (Our New Lebanon), Chibli Mallat (TMT), Hana Jaber (TMT), Nawal Meouchy (TMT), Isabelle Edde (TMT),  Nancy Stephan (The Lebanese Diaspora Network), Marc Tueni (Meghterbin Mejtemiin), Kamal Tarabey (Collectif franco-libanais), Georges Stephan (AADL), Rabih El Amin (Lebanese Executive Council), Nehme Lebbos (Union pour un Liban solidaire), Nadine Garabedian (Machrou Watan), Joumana Timery (La nouvelle République), Sergio Jalil (Celibal).

Collectif Change Lebanon

Avec Jeune Afrique par Collectif Change Lebanon

Association de droit français composée d’experts de la société civile libanais et franco-libanais

Crise au Liban: « Il faut établir des listes de noms et sanctionner les responsables »

septembre 17, 2021

Emmanuel Macron à Beyrouth, le 31 août 2020

Le Parlement européen a voté une résolution pour accélérer la prise de sanctions contre les dirigeants libanais à l’origine de la situation très préoccupante du pays. Entretien avec le député français Christophe Grudler, qui appelle à maintenir la pression internationale.

Condition préalable à l’octroi de l’aide internationale, le Liban s’est doté le 10 septembre d’un nouveau gouvernement tant attendu, avec une répartition des postes égales entre chrétiens et musulmans, conformément au système confessionnel. Mais la pression internationale ne faiblit pas. Le parlement européen a voté, ce 16 septembre, une résolution non contraignante réclamant un durcissement des sanctions contre des responsables de la grave crise politique et économique que traverse le pays.

Le texte déposé par le groupe du Parti populaire européen (PPE), l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), les Conservateurs et réformistes européens (CRE), le groupe Verts/ALE et la liste centriste Renaissance – ou Renew Europe, qui regroupe La République en marche (LREM), le Mouvement démocrate (Modem), Agir et le Mouvement radical –, a bénéficié d’un consensus, avec 575 voix sur 685 députés présents.

Enquête entravée

Effondrement des institutions, corruption endémique, crise financière exacerbée depuis fin 2019, hausse du taux de pauvreté, protestations populaires, manque de redevabilité des hauts responsables, cette résolution souligne la situation extrêmement préoccupante que traverse le pays, exacerbée par la crise du Covid-19 et l’accueil des réfugiés syriens. Les auteurs du texte dénoncent le rejet par les députés, motivés par des intérêts privés, du plan de sauvetage gouvernemental soutenu par le FMI. Ils reprochent également à des figures politiques libanaises clés d’avoir entravé l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020 et refusé la demande de levée d’immunité de certains membres du parlement. Accusant directement une poignée de personnalités d’être responsable d’un « désastre », ils pointent notamment du doigt le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, et son frère.

Dans ce contexte, les députés européens appellent à la mise en œuvre de réformes profondes, proposent l’ouverture d’une enquête internationale indépendante et  exhortent le Service européen pour l’action extérieure à établir clairement des listes de personnalités et d’entités responsables. Entretien avec le député français Christophe Grudler, membre de Renew Europe et porteur de ce texte.

Jeune Afrique : Le 16 septembre, le Parlement européen a réclamé un durcissement des sanctions contre les responsables libanais. Quels pays ont été à l’initiative de cette résolution ?

Christophe Grudler :  Les francophones, et les députés français en premier lieu, sont à la pointe du sujet du fait de leurs attaches culturelles et amicales avec le Liban. Mais quand j’ai porté ce texte, nous avons aussi bénéficié de la solidarité de nombreux collègues allemands, suédois, belges et italiens. Il y a eu un consensus autour d’un objectif : aider concrètement le peuple libanais.

TOUS LES PAYS DOIVENT COOPÉRER POUR CONCLURE L’ENQUÊTE SUR L’EXPLOSION DU PORT DE BEYROUTH

Le Conseil de l’Europe a déjà adopté fin juillet un cadre légal pour sanctionner les responsables de la crise. Vous appelez désormais à la création d’un tribunal spécial chargé des affaires de corruption et à la mise en œuvre de réformes structurelles. En quoi ce texte peut faire évoluer concrètement la situation ? 

Nous réclamons une enquête et des sanctions contre les responsables, il faut établir des listes de noms et se donner les moyens de contrôler ces personnalités. Nous parlons au nom du peuple européen, notre but est d’obtenir des actes forts rapidement. Nous appelons à la coopération de tous les pays afin d’identifier les biens mal acquis et de conclure l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth. Nous demandons également la mise en place d’une commission de suivi des élections de 2022 et nous sommes convaincus que le Service européen pour l’action extérieure s’en saisira.

En quoi votre démarche peut-elle accélérer la contribution des États européens sur ces dossiers ?

Les listes de noms seront établies sur la base d’une enquête internationale indépendante, sachant qu’il existe déjà des investigations en Suisse ou en France sur le gouverneur de la Banque du Liban et une enquête indépendante autour du blanchiment d’argent en Europe. Nous souhaitons que les États membres échangent des informations, en association également avec la Suisse et la Grande-Bretagne. Cette cohérence entre pays est nécessaire.

La Hongrie s’est certes opposée à l’enquête d’un juge international sur des personnalités libanaises mais nous sommes parvenus à créer un courant transversal englobant presque tous les groupes parlementaires, mis à part ceux de l’extrême gauche et de l’extrême droite. Chacun pourra influer sur les décisions des responsables de son État. Au-delà de cette résolution, nous avons créé des liens entre collègues de différentes nationalités et partis. Nous comptons ainsi suivre le dossier et nous rendre sur place s’il le faut pour constater les réalités du terrain.

À PARTIR DU MOMENT OÙ DES RESPONSABLES ONT ÉTÉ IDENTIFIÉS, ILS POURRONT ÊTRE SANCTIONNÉS

Pour quelles raisons soulignez-vous dans ce texte l’implication du Hezbollah et d’autres factions dans la crise politique et économique que traverse le pays ?

Quelles que soient les factions, notre objectif principal est la lutte contre la corruption. À partir du moment où des responsables ont été identifiés, ils pourront être sanctionnés, leurs biens mal acquis gelés, et une fois ces groupes affaiblis, nous pourrons parler de nation libanaise. Ce qui tue le Liban, c’est l’enfermement autour du communautarisme.

S’agit-il de remettre en cause un autre point sensible du Liban, le système confessionnel ?

L’objectif est de développer un système d’appartenance nationale au Liban. Il s’agit d’une nation et non pas d’une fédération. Tout ce qui renforcera ce sentiment fera du bien à tout le monde.

Le pays ayant été placé sous perfusion économique par les bailleurs, la responsabilité internationale est-elle engagée dans la faillite structurelle d’un État corrompu ?

L’enquête indépendante permettra d’établir toutes les responsabilités, mais elles sont avant tout celles des gouvernants. Les financeurs ne sont pas responsables du refus du précédent gouvernement de libérer des éléments d’enquête autour du port de Beyrouth, ni de l’opposition de la commission des finances à la levée de l’immunité parlementaire.

SI CE GOUVERNEMENT NE VEUT PAS COOPÉRER, IL SERA REJETÉ COMME SES PRÉDÉCESSEURS

En pleine déroute économique, doublée d’une crise sanitaire, le pays doit négocier un accord avec le FMI. Faut-il maintenir la pression internationale et européenne dans ce contexte ?

C’est nécessaire car si ce gouvernement ne veut pas coopérer, il ne pourra pas réussir et sera rejeté comme l’ont été ses prédécesseurs. La pauvreté, la grande précarité énergétique et alimentaire du pays lui imposent de reconnaître les erreurs passées et d’agir de manière positive. Ce sont des conditions préalables à l’aide internationale et au retour de l’argent de la diaspora. Il faut que ce gouvernement fasse ses preuves. La pression internationale permet de montrer que tout ne lui est pas dû.

L’UE a apporté une assistance économique au Liban et des aides d’urgence. Mais vous appelez à faire en sorte que ces fonds parviennent réellement dans les mains des acteurs de terrain…

Nous ne pouvons pas nous permettre de voir l’argent destiné à aider les Libanais aller dans la poche de quelques oligarques. C’est ce qui a pu se produire par le passé et l’enquête pourra le prouver. Il y a déjà des présomptions soulignées par l’enquête d’Amnesty International et par des juges européens. Nous demandons plus de moyens européens humains pour contrôler le bon usage de ce qui a été envoyé, avec la mise en place d’une task force internationale.

Avec Jeune Afrique par Camille Lafrance

Liban : décès d’un baron de la politique, Michel Murr

janvier 31, 2021

Un vétéran de la politique libanaise, l’ex-ministre et député de longue date Michel Murr, est décédé dimanche 31 janvier des suites du coronavirus à l’âge de 89 ans, a rapporté l’agence nationale d’information ANI.

Considéré comme un des piliers de l’ancienne tutelle syrienne au Liban, le politicien et homme d’affaires grec-orthodoxe avait été plusieurs fois ministre tout au long des années 1990, au sortir de la guerre civile (1975-1990). Ex-ministre de la Défense puis de l’Intérieur, il avait notamment fait partie des gouvernements dirigés par Rafic Hariri, dont il a été le Vice-Premier ministre.

Né en 1932 dans un petit village de la montagne du Metn, il avait été élu plusieurs fois député pour cette région majoritairement chrétienne au nord-est de Beyrouth. Il lui est aussi arrivé de s’allier à la coalition parlementaire du général Michel Aoun, aujourd’hui président du Liban. Murr avait échappé en 1991 à un attentat pour lequel le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, autre baron de la politique libanaise, avait reçu une de ses nombreuses condamnations à la perpétuité.

Fin 1999, Murr devait diriger la délégation libanaise qui allait négocier avec le voisin israélien, à la veille du retrait de l’Etat hébreu du sud du Liban en 2000. Son fils Elias, gendre de l’ancien président prosyrien Emile Lahoud, avait par la suite pris le flambeau, devenant ministre de l’Intérieur puis ministre de la Défense.

Par Le Figaro avec AFP

Liban : une réfugiée syrienne tuée par une balle perdue

janvier 1, 2021

Une balle perdue a en outre creusé un trou dans un avion de la compagnie nationale Middle East Airlines, garé sur le tarmac de l’aéroport international de Beyrouth.

Une réfugiée syrienne au Liban a été tuée par une balle perdue lors de tirs en l’air pour célébrer le Nouvel An, a indiqué vendredi 1er janvier l’agence nationale d’information (ANI), un phénomène récurrent dans ce pays que les autorités peinent à endiguer.

Les décès causés par des balles perdues sont fréquents au Liban, où les civils tirent régulièrement en l’air en guise par exemple de célébrations ou d’acclamation d’un chef politique.

Selon ANI, la Syrienne est décédée «après avoir été touchée à la tête par une balle perdue dans un camp de réfugiés à Taybeh» dans la ville de Baalbek (est) où des habitants ont tiré en l’air pour célébrer la nouvelle année.

Une balle perdue a en outre creusé un trou dans un avion de la compagnie nationale Middle East Airlines (MEA), garé sur le tarmac de l’aéroport international de Beyrouth, après des tirs similaires à proximité, selon une source à la MEA. L’appareil, un Airbus A321neo qui fait partie d’une flotte de sept nouveaux avions livrés en 2020, nécessite désormais des réparations, a-t-elle dit à l’AFP.

Mise en garde

Appréhendant ces tirs, les Forces de sécurité intérieure (FSI) avaient dès jeudi spécifiquement mis en garde contre les célébrations par des tirs en l’air en avertissant que des balles perdues pourraient tomber à l’aéroport, «ce qui menacerait la sécurité de l’aviation (civile) et la vie des voyageurs».

Cela n’a pas empêché des tirs nourris dans plusieurs régions du pays pour accueillir le Nouvel An, comme en témoignent des photos et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.

Par Le Figaro avec AFP

L’ONU lance une collecte de 565 millions de dollars pour le Liban

août 14, 2020

Les Nations unies ont lancé vendredi un appel de fonds d'un montant de 565 millions de dollars en faveur du Liban.

Les Nations unies ont lancé vendredi un appel de fonds d’un montant de 565 millions de dollars en faveur du Liban. ALKIS KONSTANTINIDIS / REUTERS

Les Nations unies ont lancé vendredi un appel de fonds d’un montant de 565 millions de dollars en faveur du Liban, dix jours après l’explosion meurtrière qui a dévasté la ville de Beyrouth. Cette aide sera notamment destinée aux efforts de reconstruction succédant à la phase de première urgence dans la capitale. Il s’agit de financer la remise en état des hôpitaux et des écoles et de fournir un toit aux sinistrés, sans abri depuis l’énorme détonation au port, où étaient stockées des tonnes de nitrate d’ammonium.

«La tâche de reconstruire la vie des habitants et permettre la guérison d’une telle dévastation ne fait que commencer», a estimé à l’ONU Najat Rochdi, une coordinatrice de l’aide humanitaire à destination du Liban. Elle a appelé la communauté internationale à ne pas lésiner en mettant la main au portefeuille, en ayant particulièrement à l’esprit «l’incroyable générosité des Libanais vis-à-vis des réfugiés syriens et palestiniens».

L’explosion du 4 août, illustrant la corruption et la mauvaise gestion de responsables politiques libanais, a fait plus de 171 morts et 6.500 blessés et déclenché une colère de la rue face à laquelle le gouvernement du Premier ministre Hassan Diab a dû présenter sa démission.

Par Le Figaro avec AFP

Le Premier minitre libanais annonce sa démission du gouvernement

août 10, 2020

 

Quatre ministres s’étaient déjà retirés face au courroux des manifestants, qui crient «vengeance» depuis l’explosion ayant fait au moins 160 morts et des milliers de blessés la semaine dernière.

La pression devenait trop forte. Six jours après l’explosion qui a sinistré Beyrouth, le gouvernement a fini par tomber. Le premier ministre a annoncé à 19 h 30 qu’il présentait sa démission, affirmant avoir tout fait pour répondre aux aspirations au changement des Libanais, mais s’être heurté à un « mur très épais ». La catastrophe qui a frappé le pays n’est selon lui que le symptôme du « système de corruption qui étouffe et asservit l’État et ses institutions », a dénoncé Hassan Diab. Le président Michel Aoun a accepté sa démission mais lui a demandé d’expédier les affaires courantes en attendant la formation d’un nouveau gouvernement.

Les jeux étaient déjà faits dans la journée lorsque plusieurs ministres ont annoncé qu’ils jetaient l’éponge. La vague des démissions avait déjà commencé la veille de la détonation dans le port de Beyrouth, car cette catastrophe s’ajoute en réalité à une autre, antérieure, tout aussi dévastatrice pour le pays, à savoir la crise financière qui a éclaté au grand jour en octobre dernier. L’incapacité du gouvernement Diab à mettre en œuvre un plan de sauvetage est apparue au grand jour lorsque les négociations avec le Fonds monétaire international ont dû être interrompues : les options adoptées par le cabinet étaient désavouées par les tenants réels du pouvoir oligarchique qui est aux commandes du Liban depuis trois décennies.

Plusieurs centaines de manifestants étaient dans les rues de Beyrouth ce lundi alors que le premier ministre annonçait la démission de son gouvernement.
Plusieurs centaines de manifestants étaient dans les rues de Beyrouth ce lundi alors que le premier ministre annonçait la démission de son gouvernement. JOSEPH EID / AFP

Face à ces deux crises conjuguées, chacune d’une ampleur inégalée, quelque chose devait céder. Le Parlement faisant de la résistance – ni l’idée de raccourcir la durée de la législature, ni celle de la démission des principaux groupes parlementaires n’ayant été suivies -, le gouvernement était le fusible le plus facile. Sa formation, à la suite de la démission du premier ministre Saad Hariri sous la pression de manifestations géantes entamées le 17 octobre 2019, faisait déjà office de tentative de colmatage pour le système de pouvoir.

Conspuée dans la rue, la classe politique s’est alors fait représenter par des « technocrates » prétendument indépendants. Certains ministres l’étaient à titre individuel. Mais il est très vite apparu que les ficelles de l’exécutif étaient tirées en coulisses. « Je me suis battue sur plusieurs dossiers, mais nous étions confrontés à un système qui nous dépasse. Du plus petit au plus grand dossier que j’ai eu à traiter, j’ai acquis la conviction de la nécessité absolue d’une refonte du système politique libanais fondée sur un partage confessionnel du pouvoir. La démission du gouvernement ne résout rien en soi », déclare au Figaro, la ministre de la Justice démissionnaire, Marie-Claude Najm.

Les manifestations ont succombé à la violence.

Les manifestations ont succombé à la violence. ALKIS KONSTANTINIDIS / REUTERS

Professeur de droit respectée, elle a beaucoup déçu ceux qui réclament des réformes. « Je n’ai pas démissionné plus tôt car j’avais encore espoir de faire avancer les choses dans mon ministère. Après la catastrophe du 4 août, je me devais de ne plus accepter aucun compromis. » Avant de rendre son tablier, la ministre a transmis l’enquête sur la déflagration du port de Beyrouth à la Cour de justice, une cour d’exception présidée par un magistrat dont la probité n’a jamais été mise en doute, dans un pays où le pouvoir judiciaire est soumis à l’ingérence ostensible du politique. « J’espère que ce dossier permettra à la justice libanaise de regagner la confiance des Libanais, car nous ne pouvons pas nous en remettre à chaque fois à la justice internationale », poursuit Marie-Claude Najm, selon qui des experts français qui ont inspecté le site de l’usine AZF à Toulouse ont en tout cas été sollicités dès le début de l’enquête. De même que des experts français mandatés par le parquet de Paris, en vertu d’accords bilatéraux liés à la présence de ressortissants français parmi les victimes.

Manœuvres dilatoires

Pour l’instant toutefois, la défiance des citoyens est à son comble. D’autant que le scénario d’un véritable changement politique reste plus qu’incertain. « La question clé reste de savoir quand la multitude de groupes qui sont descendus dans la rue formera un mouvement politique en mesure, non pas de condamner le système de pouvoir criminel au Liban, mais d’imaginer et de travailler à en établir un autre », interroge le politologue Karim Makdessi.

L'explosion a soufflé une bonne partie de la capitale libanaise.
L’explosion a soufflé une bonne partie de la capitale libanaise. MAXAR TECHNOLOGIES / MAXAR via REUTERS

En attendant, des consultations parlementaires pour la formation d’un nouveau gouvernement vont débuter. « Le prochain cabinet devra être accepté de toutes les parties qui ont de l’influence au Liban, de Téhéran à Riyad en passant par Paris et Washington. Avec un mandat clair : des négociations avec le FMI, la réforme du secteur de l’électricité, et des élections anticipées », expose l’analyste Khaldoun el-Charif, directeur du site Lebanon 24. Autant dire que les manœuvres dilatoires continuent de prévaloir dans un système pour lequel, selon un connaisseur, « chaque jour qui passe est un jour de gagné ».

L'explosion a détruit la moitié de la ville de Beyrouth.
L’explosion a détruit la moitié de la ville de Beyrouth. THIBAULT CAMUS / AFP

Avec Le Figaro par Steve Tenré et AFP agence

Liban: démission d’un second membre du gouvernement, le ministre de l’Environnement

août 9, 2020

 

Après la ministre de l’Information, c’est au tour de Damianos Kattar, ministre de l’Environnement, d’annoncer son départ.

Damanios Kattar, en février 2020.
Damanios Kattar, en février 2020. AFP

Le ministre libanais de l’Environnement et du développement administratif, Damianos Kattar, a annoncé dimanche soir sa démission, devenant ainsi le second membre du gouvernement à le quitter après l’explosion meurtrière et dévastatrice du port de Beyrouth.

«Face à l’énorme catastrophe (…) et (…) un régime stérile qui a raté de nombreuses opportunités, (..), j’ai décidé de démissionner du gouvernement», a annoncé M. Kattar dans un communiqué. «En ce moment de douleur qui unit les Libanais, je vois de l’espoir dans la capacité de nos jeunes à faire progresser un nouveau Liban qui réponde à leurs aspirations et à leurs rêves».

Illustrant l’ampleur de la colère dans le pays, le Patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a lui-même réclamé dimanche la démission du gouvernement et des législatives anticipées. Ces derniers jours déjà, plusieurs députés ont démissionné.

Samedi, des milliers de manifestants en colère contre la classe dirigeante accusée de corruption, d’incompétence et de négligence après l’explosion, ont pris d’assaut brièvement des ministères et défilé dans le centre-ville de Beyrouth pour crier vengeance. Ils ont brandi des potences de fortune symbolisant la rage à l’égard des dirigeants.

«La démission d’un député par-ci, d’un ministre par-là, ne suffit pas», a lancé lors de son sermon dominical le cardinal Béchara Raï, cité par son service de presse. «Il faut, par respect pour les sentiments des Libanais et en raison de sa gravissime responsabilité, avoir la démission du gouvernement tout entier, incapable de faire avancer le pays, et organiser des législatives anticipées, plutôt que d’avoir un Parlement qui n’exerce pas ses fonctions», a-t-il ajouté.

«C’est ce qu’on peut appeler un crime contre l’humanité», a lancé le patriarche maronite, qui jouit d’une influence importante, en évoquant la tragédie du port, réclamant une «enquête internationale» afin que tous les responsables de ce «massacre» rendent des comptes.

Pour tenter d’apaiser la colère de la rue, le Premier ministre contesté Hassan Diab a annoncé samedi qu’il proposerait des législatives anticipées et s’est dit prêt à rester au pouvoir «pendant deux mois», le temps que les forces politiques s’entendent.

Par Le Figaro avec AFP