Sur les traces de Franklin Boukaka et Jacques Loubélo, Hardos Massamba nous livre un opus « Les génocides des Laris du Pool » qui ne peut laisser insensibles tous les démocrates et les républicains congolais. Il est cet artisan modeste des cathédrales, qui apporte obscurément sa pierre à l’édifice auguste du Congo-Brazzaville nouveau.

Qui mieux qu’un artiste peut porter la voix des sans voix terrorisés par les hommes en armes, à travers une mélodie qui nous fait revivre les pires heures et horreurs subies par le peuple Lari dans le Pool.

Il est vrai que les Laris du Pool, qui réclament un meilleur vivre ensemble, ont toujours servis de variable d’ajustement d’une politique aveugle au Congo-Brazzaville visant à éliminer les lanceurs d’alerte, les vigies de la république qu’ils sont. Les mélodies de Franklin Boukaka demeurent intemporelles, tant l’homme en avance sur son temps avait prédit ce qui allait arriver et c’est ce que nous vivons maintenant.

Un pays est composé de multiples ethnies, tribus qui cohabitent pacifiquement dans la concorde nationale. Mais comme le dit si bien Hardos Massamba dans sa chanson, nous les Laris sommes toujours les boucs émissaires de tout ce qui ne va pas au Congo-Brazzaville.

Les Présidents Fulbert Youlou et Alphonse Massamba-débat sont morts depuis longtemps. Alors pourquoi continuer à s’acharner sur un peuple qui n’est plus aux affaires politiques. Ce dernier n’aspire qu’à vivre en paix et dans l’unité nationale. « En politique, la haine, c’est mieux que les diplômes. » dixit Philippe Rickwaert.

Depuis l’indépendance, le sang des ressortissants du Pool a beaucoup coulé pour un résultat nul tant il est vrai que ce sont les meilleurs que l’on a tué pour mieux terroriser les autres. Pour notre part, nous continuerons à dénoncer par nos écrits espérant vous ramener à la raison. Même vos armes n’arriveront pas à nous exterminer car notre combat pour un Congo uni est juste.

Nous n’allons plus continuer à commenter l’histoire, à ressasser nos mésaventures. Il est temps de la faire et de l’écrire car nos vies en dépendent. Séchons nos larmes pour avoir un regard lucide et clair. Le chemin de la délivrance est long et parsemé d’embûches, mais nous y arriverons. Vous ne pourrez pas en finir avec les cadres Laris, de surcroit Congolais, qui œuvrent pour la paix sur toute l’étendue du territoire.

Mais force est de reconnaitre que ce sont certains de nos cadres Laris qui tournent le dos et le regard ailleurs quand nos villes et villages sont bombardés, nos femmes violées, nos hommes et adolescents tués, nos arbres fruitiers abattus et nos rivières empoisonnées, par ceux qui ont perdu la raison. Dostoïevski a écrit : « Rien n’est plus facile que de dénoncer un être abject, rien n’est plus difficile que de le comprendre. »

Les personnages tels que Gérard Bitsindou, Isidore Mvouba, la famille Kolelas, Adelaïde Mougani, Émilienne Raoult, Placide Lenga, Rosalie Matondo, Louis Bakabadio, le Général Konta, Laurentine Milongo, Frédéric Ntumi dans sa roublardise et bien d’autres, ne se sont jamais indignés du sort macabre et funeste réservés aux ressortissants du Pool. Ils ont préféré les honneurs à la dignité en servant de marche pied aux tenants du pouvoir par les armes.  Avec autant de guerre, le Pool a été détruit, défiguré. Mais quoi qu’il en soit le phénix renaîtra de ses cendres. L’erreur est humaine mais persister dans l’erreur c’est diabolique.

La chanson d’Hardos Massamba est un cri de colère et d’espoir comme en son temps Franklin Boukaka. Cela doit nous inciter à dire NON aux exactions que le Pool subit depuis la nuit des temps. Ce département du Pool doit et devrait être un sanctuaire sans la présence militaire afin qu’il puisse se reconstruire paisiblement.

Les plaies de multiples guerres, des disparus du Beach et des procès staliniens de ceux qui ont été tués au petit matin ne sont pas encore cicatrisées, comme en témoigne Hardos Massamba dans sa chanson.

Les Laris doivent retrouver leur dignité au Congo-Brazzaville, un pays qui est aussi bien le leur. Pourquoi tant de haine pour un peuple qui n’est plus aux affaires depuis 1968 ? Stigmatisés injustement pour soi-disant cause de sédition, la jeunesse lari erre comme une âme en peine sans lendemain, écartée des institutions administratives, économiques et politiques.

Sans pardon, il ne pourrait y avoir de réconciliation nationale ni de résilience pour ceux qui ont subi ces atrocités. Le seul Président de la république à ne pas avoir de sépulture est comme par hasard issu du Pool, le Président Alphonse Massamba-Débat. Ceci ne se voit que dans les dictatures dans lesquelles les fosses communes sont légions.

Toujours le même peuple et la même région qui subissent depuis 1968 les affres de l’humiliation. Serait-ce une volonté manifeste d’en finir avec ceux qui prônent l’unité nationale et une gestion saine des affaires publiques ?

Quoi qu’il en soit, les Laris sont des Congolais et vous devrez compter avec ce peuple afin de bâtir une nation civilisée. Nous sommes capables de parler aux méchants, mais nous sommes des femmes et des hommes lucides, réfléchis et actifs.

Personne n’a le droit de vie ou de mort sur ses compatriotes. L’opus de Hardos Massamba qui a été censuré sur YouTube, est une piqûre de rappel pour contrer cette stratégie macabre de marginalisation des ressortissants du Pool qui est toujours en cours. « Même si vous êtes seul et que personne ne vous suit, défendez toujours ce qui vous parait juste. » disait l’Abbé Pierre.

Il est temps de sécher nos larmes, de panser nos plaies et d’aller de l’avant. Les ressortissants du Pool ne veulent plus être un sous peuple, mais bel et bien des Congolaises et des Congolais avec les mêmes droits et devoirs.

Hardos Massamba est le porteur de bonnes et mauvaises nouvelles qui incitent toutes les Congolaises et tous les Congolais à travers les Laris à plus d’optimisme au lieu d’être toujours la cinquième roue du carrosse. Le message de Hardos Massamba a été entendu comme celui de Franklin Boukaka. Il résonnera à jamais dans nos oreilles.

Toutes les intellectuelles et tous les intellectuels doivent se transcender pour aller de l’avant en faisant fi des avantages matériels pour sauver un peuple en péril et en voie de disparition. Nous avons vécu une tragédie et un échec, mais nous irons de l’avant, nous poursuivrons notre route plus prudents et téméraires jusqu’à la victoire finale. Tel le roseau, nous allons plier mais ne pas rompre.

Hardos Massamba puisse ta musique adoucir les mœurs et nous apporter la quiétude dans un Congo uni.

C’est Nelson Mandela qui disait : « La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique. »

Avec Congo-Liberty.com par  Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA