Des conteneurs renfermant environ 2,5 tonnes d’uranium naturel, signalés comme ayant disparu d’un site en Libye par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ont été retrouvés, a annoncé jeudi un général des forces armées du camp de l’est libyen.
Le général Khaled al-Mahjoub, commandant de la direction de la communication des forces de l’Armée nationale libyenne (ANL) de l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar, a indiqué sur sa page Facebook que les conteneurs avait été retrouvés à « à peine cinq kilomètres » du site où ils étaient stockés dans la région de Sebha dans le sud de la Libye.
Il a publié une vidéo montrant un homme portant une combinaison de protection comptant, en anglais, 18 conteneurs de couleur bleu, soit l’ensemble de l’uranium qui était stocké sur le site.
« La situation est sous contrôle, l’AIEA a été informée », a déclaré le général Mahjoub à l’AFP.
Dans sa publication sur Facebook, le général Mahjoub a affirmé qu’après que la disparition des conteneurs a été constatée lors d’une visite des inspecteurs de l’AIEA, « une force de l’ANL armée les a retrouvés à peine cinq km du dépôt en direction de la frontière tchadienne ».
Il a estimé que les conteneurs avaient été volés avant d’être abandonnés « par une faction tchadienne, en croyant qu’il s’agissait d’armes ou de munitions ».
Profitant du chaos et de frontières poreuses, plusieurs factions tchadiennes et soudanaises ont établi leurs bases arrières dans le sud libyen, voisin de leurs pays, pour y s’adonner à divers trafics.
L’AIEA avait signalé mercredi la disparition d’environ 2,5 tonnes d’uranium naturel d’un site en Libye, selon une déclaration transmise à l’AFP.
Au cours d’une visite mardi, des inspecteurs de l’instance onusienne « ont découvert que 10 conteneurs avec environ 2,5 tonnes d’uranium naturel sous forme de concentré d’uranium (UOC, aussi appelé « yellow cake ») n’étaient pas présents là où ils avaient été déclarés par les autorités », a écrit le directeur général Rafael Grossi dans un rapport aux Etats membres.
L’AIEA a précisé qu’elle allait mener des investigations « complémentaires » pour « clarifier les circonstances de la disparition de cette matière nucléaire et sa localisation actuelle ».
Annoncée dès le 15 août, la nomination du diplomate sénégalais au poste de représentant spécial des Nations unies avait d’abord été refusée par Tripoli. Elle a finalement été entérinée le 2 septembre.
Après des mois de vacance du poste, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a nommé le diplomate sénégalais Abdoulaye Bathily émissaire de l’ONU en Libye, où deux gouvernements se disputent le pouvoir, ont annoncé les services de l’organisation le 2 septembre. L’ancien ministre sénégalais a précédemment été représentant de l’ONU en Afrique centrale, conseiller spécial du secrétaire général pour Madagascar ou encore représentant spécial adjoint pour la mission de l’ONU au Mali. Proposé dès le 15 août, comme l’avait révélé Jeune Afrique, le Sénégalais avait vu sa nomination rejetée par la Libye dans un premier temps.
Son prédécesseur, le Slovaque Jan Kubis, avait abruptement démissionné en novembre dernier. Depuis, le poste était vacant, le Conseil de sécurité, dont l’aval est nécessaire, ayant rejeté plusieurs propositions du secrétaire général António Guterres. Il y a quelques jours, des sources diplomatiques avaient indiqué que les membres du Conseil étaient désormais d’accord sur le nom d’Abdoulaye Bathily.
Deux gouvernements
Le gouvernement libyen avait en revanche indiqué ses « réserves ». La nomination d’un nouvel émissaire était particulièrement attendue alors que l’ONU est en première ligne pour organiser une médiation entre les deux parties rivales qui briguent Tripoli, pour parvenir à un cadre constitutionnel permettant la tenue d’élections, et que de nouvelles violences secouent la capitale.
En raison de la vacance du poste de représentant spécial en Libye, depuis l’automne, la mission politique de l’ONU (Manul) n’est renouvelée que pour des périodes de quelques mois, la Russie réclamant un nouvel émissaire avant un renouvellement plus long. Le dernier renouvellement a eu lieu en juillet pour trois mois, jusqu’au 31 octobre.
Deux gouvernements se disputent le pouvoir dans le pays pétrolier, plongé dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011: l’un est basé à Tripoli (ouest) et est dirigé par Abdulhamid Dabaiba depuis début 2021, et l’autre est conduit depuis mars par Fathi Bachagha, soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est.
Abdoulaye Bathily ne devrait donc pas devenir le premier Africain à occuper le poste très sensible de représentant spécial de l’ONU en Libye. Candidat d’António Guterres, comme Jeune Afrique l’annonçait ce dimanche 14 août, l’ex-ministre sénégalais n’a finalement pas été nommé. La session du Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est tenue sur cette question, lundi 15 août à New York, a donné lieu à un véritable tir de barrage de la part du gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli.
Les autorités libyennes ont fait part de leurs « réserves » et de leurs « objections ». Tout en affirmant souhaiter qu’un Africain soit désigné, elles ont affirmé, en substance, que le diplomate sénégalais manquait d’expérience. « Nous pensons que nous méritons un représentant qui soit mieux sélectionné », a notamment déclaré Taher El Sonni, le représentant libyen.
Mission impossible ?
Le revers est sérieux pour le secrétaire général de l’ONU. « Il existe un processus par lequel les personnes sont nommées à la tête des missions de maintien de la paix ou des missions politiques qui sont mandatées par le Conseil de sécurité », a précisé son porte-parole, Stéphane Dujarric. « Nous trouverons un candidat qui soit acceptable pour toutes les parties », a-t-il encore ajouté.
L’exercice semble pour le moins compliqué. Depuis la crise qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, pas moins de sept représentants spéciaux se sont succédé. Le dernier à occuper ce poste a été le Slovaque Jan Kubis, qui a démissionné en novembre dernier. L’Américaine Stephanie Williams assure depuis l’interim, en tant que « conseillère spéciale » du secrétaire général des Nations unies.
Le choix d’un candidat qui recueille l’adhésion de l’ensemble des parties semble relever de la mission impossible. Il faut en effet qu’il convienne aux différents acteurs libyens, mais aussi à l’Union européenne, aux États-Unis, à l’Algérie, à l’Égypte et aux monarchies du Golfe…
Fin décembre, une délégation libyenne s’est vue empêcher d’accéder à l’hôtel le plus en vue de Bangui. Un ultime rebondissement dans le bras de fer qui a longtemps opposé la Libye et la Centrafrique autour de la gestion de cet établissement.
Drôle de scène que celle qui s’est déroulée devant le Ledger Plaza de Bangui, le 29 décembre. Ce jour-là, des employés mécontents interdisent l’accès du palace à des représentants des autorités libyennes. La délégation, dirigée par le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Abdallah Hussein al-Lafi, est arrivée le matin même dans la capitale centrafricaine.
Celui-ci a rapidement pu rencontrer le président Faustin-Archange Touadéra et devait descendre au Ledger Plaza. Mais l’établissement, qui appartient au groupe Laico (Libyan African Investment Company), est depuis plusieurs années au cœur d’un bras de fer entre Tripoli et Bangui. Les Libyens ont même eu toutes les peines du monde à en reprendre le contrôle.
Écarté contre son gré
Financé par Mouammar Khadafi, il a été inauguré en 2012, au lendemain de la chute du Guide. En 2013, lorsque la Séléka renverse François Bozizé, elle y prend ses quartiers. L’hôtel devient un lieu de trafic et de pouvoir, et le restera après le départ des rebelles. C’est en 2014 que le Libyen Ziad al-Zarzour en prend la tête. Il tisse alors son réseau et gagne chaque jour en influence, au point que Tripoli finit par en prendre ombrage. Il faudra toutefois attendre septembre 2021 pour que le PDG soit écarté – contre son gré – au profit d’un Tunisien, Chokri Ben Abdallah, directeur administratif et financier de l’hôtel de 2016 à 2018.
LES EMPLOYÉS DE L’HÔTEL CRAIGNAIENT QUE L’ANCIEN DIRECTEUR, ZIAD AL-ZARZOUR, NE REVIENNE AUX AFFAIRES
Quel rapport avec le sit-in du 29 décembre ? Une source interne raconte que les employés de l’hôtel craignaient que l’ancien directeur ne revienne aux affaires. D’autant que Chokri Ben Abdallah, qui est réputé très connecté et bénéficiant de l’appui des autorités centrafricaines, est arrivé à Bangui par le même vol que la délégation libyenne. Des craintes qui sont surtout le reflet des tensions entre la nouvelle équipe dirigeante et l’ancienne.
Chokri Ben Abdallah est en effet très critique à l’égard de son prédécesseur, dont il conteste la gestion. « Il y a eu des détournements et des malversations financières à coup de milliards de francs CFA », assure-t-il à Jeune Afrique. Le groupe Laico reprochait de son côté à Ziad al-Zarzour d’avoir profité de la crise libyenne pour s’émanciper de la tutelle de la maison-mère. Contacté, celui-ci n’a pas souhaité répondre aux accusations portées à son encontre, promettant une « sortie médiatique » dans les prochains jours pour « rétablir les faits ».
Équilibrer les finances
L’installation de son successeur à la tête du Ledger avait d’ailleurs été compliquée, le sortant ayant activé ses réseaux – notamment banguissois – pour tenter de sauver sa tête. Mais Tripoli a pesé de tout son poids pour imposer Chokri Ben Abdallah. Et pour marquer la fin de cet improbable feuilleton, les autorités libyennes ont tenu à organiser, le 15 septembre dernier, une cérémonie d’installation du nouveau DG dans ses fonctions, en présence de la ministre centrafricaine du Tourisme, Maria Lionelle Saraiva-Yanzere.
« La priorité, pour ces prochains mois, sera d’équilibrer les finances tout en essayant de faire venir le plus de clients possible et de récupérer les collaborations perdues, explique aujourd’hui Chokri Ben Abdallah. Elle est aussi de rassurer les membres du personnel, de les mettre en confiance pour leur permettre de travailler librement et d’être efficace. » Depuis la mi-septembre, l’hôtelier tente de « convaincre [ses] partenaires de revenir dans le jeu ». Il a aussi plusieurs fois rencontré les dirigeants de la Commercial Bank Centrafrique (CBCA), à qui l’hôtel doit 500 milliards de F CFA.
Après avoir été disqualifié par la Haute Commission électorale, le fils de Mouammar Kadhafi a finalement vu sa candidature validée par la cour de justice de Sebha. Explications.
Le bras de fer a donc tourné à l’avantage de Seif el-Islam Kadhafi. Après avoir vu sa candidature, déposée le 14 novembre, rejetée par la Haute Commission électorale libyenne le 24 novembre, Seif el-Islam Kadhafi a de nouveau été admis dans la course à la présidence, sur décision de la cour de justice de Sebha, dans le Fezzan, le 2 décembre. L’élection présidentielle doit avoir lieu le 24 décembre, même si de nombreuses incertitudes continuent de peser sur la tenue du scrutin.
« La Haute Commission électorale a reçu des lettres à charge de procureurs contre la candidature de Seif el-Islam Kadhafi. Elle s’est laissée intimider mais tout est rentré dans l’ordre, nous avons toujours été optimistes, son dossier de candidature était complet », a confié à JA Tayeb Benabderrahmane, le conseiller franco-algérien du fils de Mouammar Kadhafi.
Selon la loi électorale votée par la Chambre des représentants – le Parlement de Tobrouk –, les candidats doivent présenter un casier judiciaire vierge et ne « pas avoir été condamnés pour un crime déshonorant » (sans davantage de précisions). Or Seif el-Islam Kadhafi a été condamné en 2015 par un tribunal de Tripoli.
Imbroglio juridique
Mais la loi d’amnistie générale votée par le Parlement de Tobrouk en faveur de tous les Libyens impliqués dans la crise de 2011 a ajouté de la confusion à son statut juridique, ses soutiens le considérant comme libre, le bureau du procureur de Tripoli jugeant, au contraire, que la nature des crimes dont a été reconnu coupable Seif el-Islam Kadhafi excluait son amnistie.
Par ailleurs, Seif el-Islam Kadhafi est toujours réclamé par la Cour pénale internationale (CPI) pour son implication dans la répression de la révolte de 2011. La cour de justice de Sebha n’a pas démêlé cet imbroglio juridique, mais a jugé que rien ne s’opposait à la candidature du champion des « Verts ».
C’EST UNE LUTTE À MORT QUI S’EST ENGAGÉE ENTRE SEIF EL-ISLAM ET KHALIFA HAFTAR », CONFIE UN CONSEILLER DU FILS DE MOUAMMAR KADHAFI
Au lendemain du rejet de sa candidature, Seif el-Islam Kadhafi et ses avocats ont tenté de déposer un recours devant cette même cour de justice, laquelle a été bouclée par des troupes loyales au maréchal Haftar, vraisemblablement pour les en empêcher.
L’épisode a donné lieu à un bras de fer de quelques jours entre Seif el-Islam Kadhafi et Khalifa Haftar. Les avocats de Seif el-Islam étant finalement parvenus à transmettre le dossier de recours aux juges, ces derniers n’ont pas pu immédiatement statuer sur la candidature en question, le tribunal étant à nouveau fermé par des forces pro-Haftar. Après plusieurs condamnations de ces manœuvres, notamment par la mission de l’ONU en Libye et le gouvernement de Tripoli, les juges on pu rendre leur décision le 2 décembre.
Reste que la rivalité entre les deux hommes, qui se disputent peu ou prou le même électorat, fait craindre des violences entre leurs partisans d’ici la tenue du scrutin présidentiel du 24 décembre. « C’est une lutte à mort qui s’est engagée entre eux », conclut un conseiller du fils de Mouammar Kadhafi.
La communauté internationale, réunie ce vendredi à Paris, a acté le maintien de l’organisation des élections en Libye le 24 décembre. Un pari risqué alors que de nombreux critères ne sont pas encore réunis.
À la conférence internationale pour la Libye, ce 12 novembre à Paris, le même message a été martelé par Emmanuel Macron et ses homologues allemand, Angela Merkel, et italien, Mario Dragui. L’enjeu principal est « d’organiser des élections présidentielle et législatives libres, régulières, inclusives et crédibles ». Les dirigeants réunis demandent donc aux candidats de respecter les droits de leurs opposants politiques et d’accepter le résultat des scrutins.
La conférence a été marquée par la présence conjointe du président Mohamed Al Menfi et du Premier ministre Abdulhamid Dabaiba, qui ont posé côte à côte à leur arrivée à la Maison de la Chimie. Cette image d’un exécutif uni à la tête de la Libye n’était pas évidente alors que se joue entre les deux hommes une bataille d’influence dans les coulisses du pouvoir, à Tripoli. Abdulhamid Dabaiba était ainsi accompagné de sa ministre des Affaires étrangères Najla Al Mangoush, qui avait pourtant été suspendue par le président le 6 novembre et interdite de voyager à l’étranger.
Mais devant le parterre de journalistes, les deux hommes ont affiché leur volonté commune de réussir à organiser les élections dans les délais impartis. Emmanuel Macron, qui s’était entretenu avec eux en amont de la conférence, ainsi qu’avec les deux représentants du comité militaire mixte libyen (5+5) comprenant 5 membres du gouvernement libyen de Tripoli et 5 membres des forces du général Khalifa Haftar, a rappelé que « la clé du processus électoral est dans le déroulement d’une organisation impliquant toutes les parties ».
Divisions sur la loi électorale
Si l’accent a été mis sur le respect du calendrier, le discours d’Abdelhamid Dabaiba laisse cependant présager de nouveaux retards. Le Premier ministre demande un amendement à la loi électorale élaborée par le Parlement libyen. « Cette loi soulève certains problèmes », confirme la ministre Najla Al Mangoush. Selon une source à l’Élysée proche du dossier, il s’agirait surtout de supprimer l’article 12 de la loi portant sur les critères de sélection des candidatures à la présidentielle.
Le retrait de cet article permettrait aussi à Abdelhamid Dabaiba de se présenter. « C’est une possibilité », reconnaît notre source. Malgré les rumeurs sur ses velléités de se porter candidat, le Premier ministre préfère éluder : « Si le processus électoral a lieu de façon honnête, je remettrai le pouvoir aux autorités élues qui auront été choisies par le peuple libyen ».
Le retrait des mercenaires
Déjà évoquée lors de la dernière conférence de Berlin en juin, la question du retrait des forces et mercenaires étrangers avance à petit pas. La chancelière Angela Merkel a rappelé que « la condition pour la bonne tenue du scrutin est la stabilité et sécurité, ce qui nécessite donc d’acter le retrait des mercenaires étrangers ». Si le départ de 300 mercenaires encadrés par le comité 5+5 a été annoncé, le plan d’action de retrait des forces étrangères reste flou.
LA RUSSIE A RECONNU QU’IL POUVAIT Y AVOIR UN PROCESSUS BASÉ SUR LA RÉCIPROCITÉ, MAIS LA TURQUIE DEMEURE RIGIDE
La Russie, dont la société paramilitaire Wagner opère aux côtés du général Khalifa Haftar, est plus ouverte sur la question. Elle a reconnu qu’il pouvait y avoir un processus basé sur la réciprocité. Mais la Turquie, ayant soutenu militairement l’ex-gouvernement de Tripoli contre l’offensive du général Haftar, demeure beaucoup plus rigide. Lors de la réunion à huis-clos, Sedat Onal, son vice-ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs émis une réserve concernant le statut des forces étrangères.
Vers un dégel des avoirs ?
À Paris, un signal fort a été envoyé aux acteurs libyens pour les inciter à remettre de l’ordre dans la gouvernance et transparence de leurs institutions politiques et économiques. Les conclusions de la conférence mentionnent qu’en présence d’un gouvernement unifié, un dégel des avoirs pourra être envisagé par les Nations unies. Avec une nuance toutefois : il est précisé que « les avoirs seront mis à disposition pour être utilisés à une date ultérieure fixée par le Conseil de sécurité onusien ».
Sur l’aspect économique, les participants à la conférence ont rappelé l’importance de mener à bien la réunification des Banques centrales libyennes (BCL) de l’ouest et l’est. Or la BCL de Tripoli qui perçoit les recettes pétrolières, lesquelles représentent la principale manne financière de l’État, se garde toujours d’en redistribuer une partie vers les institutions de l’est du pays.
Emprisonné depuis 2014, le troisième fils du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi a été remis en liberté à la demande de la justice de Tripoli. Il se serait aussitôt envolé pour la Turquie.
« Saadi a été remis à sa famille conformément aux procédures légales », indique un communiqué des autorités libyennes publié ce lundi 6 septembre. Lesquelles précisent également que la remise en liberté du fils de l’ancien raïs a été prise « en exécution d’une décision de justice » datant de plusieurs mois et que l’intéressé serait, dès lors, « libre de rester ou de partir. »
Saadi Mouammar Kadhafi, aujourd’hui âgé de 47 ans, ne se l’est apparemment pas fait dire deux fois : de nombreuses sources indiquent qu’il aurait immédiatement quitté son pays à bord d’un vol à destination de la Turquie.
Saadi est la troisième fils de l’ancien dictateur libyen. Trois de ses frères – Seif al-Arab, Mutassim et Khamais – sont morts en 2011, soit aux côtés de leur père soit quelques temps après, au cours des combats. Mohamed, un autre frère, vit actuellement à Oman tout comme sa mère, Safiya, et sa soeur Aisha. Hannibal, de son côté, est détenu au Liban, tandis que Seif el-Islam, le plus médiatique des enfants encore en vie, est récemment revenu sous les feux des projecteurs en annonçant dans la presse américaine son intention de se présenter à la présidentielle organisée fin 2021 dans son pays.
Saadi, quant à lui, avait fui la Libye en 2011 lors du soulèvement qui a conduit à la chute, puis à la mort de son père. Réfugié au Niger, il en avait été extradé en mars 2014 et avait été traduit devant les tribunaux libyens, la justice l’accusant du meurtre de l’ancien entraîneur du club de football Al-Itihad de Tripoli, survenu en 2005. Le fils du colonel était à l’époque le patron de la fédération libyenne de football et il avait été recruté en 2003 par le club italien de Pérouse. La plupart des spécialistes affirmaient que la présence de Saadi sur le terrain devait plus à l’influence de son père et à ses bonnes relations avec le chef du gouvernement italien de l’époque, Silvio Berlusconi, qu’à son talent ballon au pied. Les plus passionnés se souviennent tout de même que Saadi Kadhafi avait joué 15 minutes face à la Juventus de Turin en 2004.
En 2018, la cour d’appel de Tripoli a finalement acquitté Saadi. Certains s’attendaient à ce que la justice lui demande des comptes sur son implication éventuelle dans la répression des événements de 2011. Sa libération semble clore le débat. Elle s’inscrit d’ailleurs dans une démarche générale d’apaisement en vue des élections attendues en décembre. Les autorités de transition ont ainsi annoncé aujourd’hui que d’autres « détenus politiques » avaient été relâchés. Parmi eux : l’ancien colonel Ahmad Ramadan al-Assebeï, surnommé « Black Box », qui occupait le poste de directeur de cabinet du dictateur et dont on dit qu’il connaît tous les secrets.
Quelque 20 000 combattants sont invités par la communauté internationale à quitter le pays. Ils devront cependant répondre de leurs crimes devant des juridictions spécialisées.
Après une décennie de guerre civile, l’espoir de voir la Libye progresser vers la paix semble enfin permis. En ligne de mire après la signature, en octobre 2020, d’une trêve par les principaux protagonistes, l’organisation d’élections démocratiques avant la fin de l’année 2021. Reste cependant un défi majeur à relever dans ce conflit influencé par le contexte international : mettre fin aux ingérences étrangères.
Pas assez de départs
Cela passe par le retrait de Libye des mercenaires et des troupes étrangères, comme le prévoit le cessez-le-feu négocié sous l’égide des Nations unies, et comme l’exige le Conseil de sécurité.
Leur présence n’est pas officielle mais elle est confirmée par plusieurs médias et des experts de divers pays. Si les combattants syriens commencent à partir, selon des sources diplomatiques françaises, l’ONU juge les retraits annoncés d’autant plus insuffisants que la Turquie a envoyé ces dernières semaines 380 mercenaires supplémentaires.
Objectifs et statuts variés
La question du départ des combattants étrangers est complexe. Combien sont-ils exactement ? Sont-ils tous des mercenaires ? Comment et vers quelles destinations les faire repartir ? Que prévoit le droit international à leur sujet ?
Le problème majeur que pose la demande onusienne tient à la multiplicité des statuts des combattants et des implications juridiques qui peuvent en découler. On retrouve ainsi de vrais mercenaires répondant aux critères définis par « la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires », adoptée en 1989 par l’ONU pour pénaliser le mercenariat. Ils ne sont là que pour accomplir la mission pour laquelle ils sont payés et ne s’intéressent pas aux objectifs de ceux qui achètent leurs services ni à ceux de leurs adversaires.
Il y a aussi ces groupes jihadistes dont l’engagement n’est pas dicté par le seul appât du gain, mais aussi par des motivations idéologiques et par l’adhésion aux visées politiques de la partie pour laquelle ils combattent. Ces groupes ne relèvent pas des législations concernant le mercenariat mais des lois relatives à la lutte contre le terrorisme, dont il n’existe pas une définition juridique admise par tout le monde. En plus, ces lois sont pas appliquées de la même façon par tous les États à tous ceux qui commettent des actes terroristes.
Procès équitables
L’autre grande interrogation concerne le devenir de ces « mercenaires » et « combattants étrangers » appelés à quitter la Libye. S’il revient aux États qui les y ont fait venir de les récupérer, seront-ils poursuivis pour les crimes qu’ils ont commis ? N’est-ce pas une façon de les soustraire à la justice en attendant leur envoi éventuel vers d’autres champs de bataille ?
S’ils sont renvoyés dans leurs pays d’origine, y a-t-il des garanties qu’ils seront jugés pour leurs crimes et comment être sûr qu’ils ne seront pas appelés à accomplir ailleurs le même type de « missions » criminelles ?
S’il est légitime de la part des autorités libyennes de mettre fin à la présence de ces combattants dans le pays, ne serait-il pas plus juste de les remettre à des juridictions internationales ou, à défaut, à la justice du pays où ils ont commis leurs crimes, en exigeant des conditions de procès équitables leur garantissant un traitement humain respectant leurs droits, et de s’assurer qu’ils ne seront pas acheminés vers d’autres fronts ? Là est en définitive tout l’enjeu.
Avec Jeune Afrique par Mohamed Chérif Ferjani
Professeur honoraire de l’université Lyon2, président du Haut conseil scientifique de Timbuktu Institute, African Center for Peace Studies
L’ONG dénonce les politiques européennes de retour forcé de migrants vers la Libye, où ils sont enfermés dans des centres de détention où des violences sont commises en toute impunité.
Des migrants secourus attendent devant un bateau des gardes-côtes dans la ville de Khoms, dans le nord-ouest de la Libye, le 1er octobre 2019. HAZEM AHMED / AP
Amnesty international a dénoncé le traitement « atroce » subi par des migrants interceptés en Méditerranée et envoyés de force dans des centres de détention en Libye, avec l’aide « honteuse » des Européens, dans un rapport publié jeudi 15 juillet.
Plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est devenue une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants, qui tentent de rejoindre l’Europe par la mer au risque de leur vie.
Les agences des Nations unies et les organisations non gouvernementales (ONG) opérant en Méditerranée dénoncent régulièrement les politiques européennes de retour forcé de migrants vers la Libye, où ils sont enfermés dans des centres de détention, dans des conditions très dures.about:
Dans son rapport, Amnesty International affirme qu’à la fin de 2020 la direction libyenne de lutte contre les migrations illégales (DCIM, dépendant du ministère de l’intérieur) a « légitimé » ces violations des droits humains en prenant le contrôle de deux centres de détention gérés par des milices, où des centaines de réfugiés et de migrants ont fait l’objet de disparitions forcées au cours de ces dernières années.
Torture, violences sexuelles, travail forcé
Dans l’un de ces centres, des témoins ont fait état de viols sur des femmes par des gardiens. Ces derniers les forçaient à avoir des relations sexuelles « en échange de nourriture ou de leur liberté », selon l’ONG.
« Ce rapport effroyable jette une nouvelle lumière sur les souffrances des personnes interceptées en mer et renvoyées en Libye, où elles sont immédiatement détenues arbitrairement et systématiquement soumises à des actes de torture, des violences sexuelles, au travail forcé et à d’autres formes d’exploitation, en toute impunité », a indiqué Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Dans le même temps, les autorités libyennes ont récompensé ceux qui étaient (…) soupçonnés d’avoir commis de telles violations avec (…) des promotions », a-t-elle ajouté.
L’ONG a appelé les autorités libyennes à fermer « immédiatement » ces centres de détention. Elle a, par ailleurs, dénoncé « la complicité des Etats européens, qui continuent honteusement d’aider les garde-côtes libyens à capturer des personnes en mer et à les renvoyer de force dans l’enfer de la détention en Libye ».
Les Etats européens « doivent suspendre leur coopération sur les migrations et les contrôles des frontières avec la Libye », et aider « de façon urgente des milliers de personnes coincées là-bas et ayant besoin d’être protégées », a indiqué Amnesty.
Les autorités libyennes ont annoncé la création d’une commission de réconciliation nationale chargée de rétablir la paix sociale dans ce pays déchiré par des guerres fratricides depuis dix ans, une décision saluée mardi 6 avril par l’ONU.
L’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Jan Kubis, s’est félicité de «l’annonce par le Conseil présidentiel de la création d’une Haute commission de réconciliation nationale», lit-on dans un communiqué de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul). Cette commission, dont la création a été annoncée lundi par le nouveau président du Conseil présidentiel libyen Mohamed el-Manfi, sera chargée «de jeter les bases d’un processus de réconciliation nationale pour promouvoir l’unité, la tolérance, la justice et les droits de l’Homme», selon la Manul.
Il s’agira notamment de «restaurer le tissu social parmi les composantes de la société libyenne» dans le cadre d’un «processus de réconciliation inclusif», dans le respect des droits humains, pour «garantir une paix, une stabilité, une unité et une prospérité durables», a souligné Jan Kubis. L’ONU est prête à «soutenir les autorités libyennes» dans ce sens, a-t-il ajouté.
Mohamed al-Manfi a annoncé lors d’une conférence de presse lundi à Tripoli la création de cette commission, «une étape que nous attendions tous (…) pour rassembler Libyens, pour réparer et rendre justice dans le respect des lois et des droits humains». Selon des médias libyens, les équipes de cette commission travailleront sur le terrain, dans les villes qui ont été le théâtre d’opérations militaires.
La Libye tente de s’extraire d’une décennie de conflit, depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, un chaos marqué par l’existence ces dernières années de pouvoirs rivaux, en Tripolitaine (Ouest) et Cyrénaïque (Est). Le Conseil présidentiel, composé de trois membres, a été désigné en février par 75 responsables libyens de tous bords réunis à Genève, qui ont également choisi Abdelhamid Dbeibah comme chef du gouvernement d’unité nationale.
Ensemble, ils devront oeuvrer à réunifier les institutions libyennes, lancer un processus de réconciliation nationale et, enfin, amener le pays à des élections présidentielles et législatives en décembre