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L’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou condamné en appel à quatre ans d’inéligibilité

février 18, 2020

Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin.

Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin. © Vincent Fournier/JA

 

Le candidat malheureux à la présidentielle béninoise de 2016 a été condamné en appel pour « dépassement de frais de campagne électorale » à quatre ans d’inéligibilité et cinq millions de F CFA d’amende.

Le verdict de la Cour d’appel de Cotonou est tombé ce mardi matin. Il confirme, en partie seulement, la condamnation en première instance de l’ancien Premier ministre béninois. Lionel Zinsou, reconnu coupable en appel de « dépassement de frais de campagne électorale », écope de quatre ans d’inéligibilité et cinq millions de francs CFA d’amende (environ 7 600 euros).

En première instance, les juges l’avaient condamné à cinq ans d’inéligibilité, et fixé l’amende à 50 millions de francs CFA. Surtout, ils avaient condamné Lionel Zinsou à six mois de prison avec sursis. Une peine qui disparaît du jugement en appel : les juges ont en effet rejeté le chef d’accusation de « faux et usage de faux », considérant qu’il n’était pas constitué. Ils ont suivi en cela le réquisitoire délivré par le procureur lors de l’audience du 4 février dernier.

« Décision de non-droit »

Lionel Zinsou a désormais la possibilité de déposer un recours devant la Cour de cassation. Une solution qui est « envisagée » par l’avocat de l’ancien Premier ministre, Me Robert Dossou, et d’autant plus privilégiée par la défense que les juges d’appel n’ont conservé que les charges relevant du contentieux électoral. Or, la Cour suprême, compétente en matière de litiges relatifs au processus électoral, avait décidé, après la présidentielle de 2016, de ne pas engager de procédure à l’encontre de Zinsou.

Très remonté contre la décision de la Cour d’appel, Me Robert Dossou, contacté par Jeune Afrique, estime que cette condamnation est « une décision de non-droit : les juges ont préféré faire plaisir au pouvoir plutôt que de dire le droit ».

Pour l’avocat, qui fut président de la Cour constitutionnelle du Bénin de 2008 à 2013, « il n’y avait aucune pièce justifiant matériellement d’un dépassement de frais de campagne. Tout le dossier ne tient que sur la parole du procureur ». Pour Me Robert Dossou, « l’objectif est clair : il s’agit de rendre inéligible Lionel Zinsou », car, estime l’avocat « le pouvoir veut écarter tout candidat crédible potentiel à la présidentielle de 2021 ».

« Il n’y a pas d’instrumentalisation politique de la justice », assurait au contraire à Jeune Afrique Séverin Quenum, le ministre béninois de la Justice, interrogé sur le sujet fin janvier. Il affirmait notamment que, dans ce dossier, « Lionel Zinsou est poursuivi pour un chef d’inculpation clair : dépassement des frais de campagne. Ceux-ci sont avérés, attestés par des pièces qu’il n’est pas en son pouvoir de nier ».

L’ancien Premier ministre de Thomas Boni Yayi s’était lancé dans la course à la présidence en 2016 sous les couleurs des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), le parti du président sortant. Il avait alors obtenu le soutien du Parti du renouveau démocratique (PRD, d’Adrien Houngbédji) et la Renaissance du Bénin (RB, de l’ancien président Nicéphore Soglo).

Arrivé en tête du premier tour, il s’était finalement incliné au second face à Patrice Talon, ne recueillant que 34,6 % des suffrages exprimés, contre 65,4 % pour son adversaire.

Bras de fer avec Maha­madou Bonkoungou

Il est accusé d’avoir, lors de cette campagne, dépassé le montant maximal de dépenses autorisées (2,5 milliards de F CFA, soit 3,8 millions d’euros). Un dépassement que le principal intéressé et ses avocats ont toujours nié, insistant par ailleurs sur le fait que la Cour des comptes n’avait relevé aucun manquement après avoir étudié ses comptes de campagne.

L’accusation s’est notamment appuyée sur un autre dossier pour fonder ses accusations de dépassement de frais de campagne : le litige qui a opposé Lionel Zinsou à l’homme d’affaires burkinabè Maha­madou Bonkoungou.

Au centre du contentieux : 15 milliards de F CFA (23 millions d’euros) présumés avoir été empruntés par Zinsou auprès de Bonkoungou, à la veille de la campagne. Après avoir un temps bataillé devant les tribunaux de Cotonou et de Paris, l’affaire avait finalement débouché sur un règlement à l’amiable, notamment grâce à la médiation du chef d’État ivoirien Alassane Ouattara et de son homologue guinéen Alpha Condé.

Avec Jeuneafrique par Mathieu Millecamps

 

Bénin : Lionel Zinsou condamné à 5 ans d’inéligibilité et 6 mois de prison avec sursis

août 2, 2019

Lionel Zinsou, ancien Premier ministre de Thomas Boni Yayi, fut également candidat à la présidentielle face à Patrice Talon en 2016. © Vincent Fournier/JA

 

Candidat malheureux à la présidentielle de 2016 face à Patrice Talon, Lionel Zinsou a été condamné vendredi 2 août à six mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité pour « faux » et « dépassement de fonds de campagne électorale ». Ses avocats dénoncent un jugement basé sur « un dossier sans aucune preuve » et annoncent leur intention de faire appel.

Le couperet est tombé ce vendredi matin au tribunal de première instance de Cotonou. L’ancien Premier ministre béninois Lionel Zinsou a été reconnu coupable de « faux » et de « dépassement de fonds de campagne électorale », et condamné pour cela à cinq ans d’inéligibilité et à six mois de prison avec sursis. Il a par ailleurs été condamné à une amende de 50 millions de francs CFA. Ses avocats ont d’ores et déjà indiqué leur intention de faire appel de la décision. Ils ont quinze jours pour le faire.

« Cela fait 55 ans que je pratique le droit, et je n’ai jamais vu ça, a réagi Me Robert Dossou, avocat de Lionel Zinsou, quelques minutes après l’annonce de la condamnation. Il n’y avait aucun élément constitutif de preuve dans ce dossier. Lorsque l’on condamne quelqu’un pour « faux », la moindre des choses est de produire un document supposément « faux ». Or, cela n’a pas été le cas ici », a dénoncé l’avocat, interrogé par Jeune Afrique.

« L’objectif est clair, et entre en résonance avec les affaires qui se succèdent ces derniers mois : il s’agit de rendre inéligible tous ceux qui seraient susceptible d’être des concurrents à Patrice Talon », vitupère l’avocat. Me Dossou, qui affirme que « la justice a été instrumentalisée dans ce dossier », a annoncé que « Lionel Zinsou fera appel de cette décision ». Mais, à l’en croire, « sans illusion » quant à l’issue de ce recours.

Douze mois requis

Ni Lionel Zinsou, ni ses avocats, n’étaient présents au tribunal pour entendre la décision. Le tribunal a en grande partie suivi les réquisitions du procureur qui, le 19 juillet dernier, avait réclamé douze mois de prison avec sursis, une amende de 50 millions de francs CFA et une peine d’inéligibilité pour l’ancien Premier ministre de Thomas Boni Yayi.

Lors de la campagne présidentielle de 2016, Lionel Zinsou avait été désigné candidat des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), le parti du président sortant, et enregistré le soutien de deux autres partis, le Parti du renouveau démocratique (PRD) et la Renaissance du Bénin (RB).

Jeuneafrique.com par Mathieu Millecamps

Bénin : pourquoi Lionel Zinsou a perdu

mars 21, 2016

Affiches de campagne de Patrice Talon et de Lionel Zinsou pour l'élection présidentielle béninoise de 2016.

Affiches de campagne de Patrice Talon et de Lionel Zinsou pour l’élection présidentielle béninoise de 2016. Crédits : PIUS UTOMI EKPEI/AFP
Ses derniers jours de campagne commençaient à bégayer, comme le signe d’une défaite prévisible. Lionel Zinsou a reconnu la victoire de l’homme d’affaires Patrice Talon à l’issue de second tour de la présidentielle béninoise, dimanche 20 mars, avant même l’annonce officielle des premières tendances par la Commission électorale nationale autonome (CENA). Sans attendre les estimations, lundi, du président de la Commission électorale, selon lequel le rival du premier ministre aurait rafflé 65,4 % des suffrages, Lionel Zinsou avait appelé, dans la nuit, celui qui se prépare à succéder au président Thomas Boni Yayi, pour le féliciter et lui « souhaiter bonne chance ».

Le premier ministre n’a pas perdu parce que son projet « Bénin gagnant » n’était pas convaincant. Son programme semblait au contraire plus ambitieux et volontariste que celui de ses concurrents. Son échec s’explique sans doute par deux facteurs : le temps et le président sortant.

Lionel Zinsou, qui se décrivait parfois comme un « Béninois virtuel », est arrivé tard dans la course. Nommé à la surprise générale premier ministre en juin 2015, le Franco-Béninois, ancien patron du fonds d’investissement PAI Partners, n’a pas eu le temps de faire ses preuves et pas non plus celui de se faire connaître.

Machine électorale réputée imbattable

S’imaginant sans doute que son profil d’agrégé d’économie et d’enfant chéri du capitalisme français lui ouvrirait aisément les portes du palais présidentiel à Cotonou, cet homme discret de 61 ans a peut-être péché par orgueil. Or il a dû faire face aux critiques tenaces de l’opinion qui ne voyait en lui qu’un prolongement de la très décriée Françafrique. Lionel Zinsou n’est donc pas resté suffisamment longtemps à son poste pour se défaire de l’image du candidat de la France. Sa campagne a été empoisonnée par des critiques sur sa supposée méconnaissance des réalités du Bénin, ainsi que sur la couleur de sa peau. Ce métis a été mille fois traité de « Blanc », insulte qui n’a cessé de gangrener la presse ou les réseaux sociaux.

Pour accéder à la magistrature suprême, le premier ministre s’est appuyé sur la mouvance au pouvoir, les Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), et deux grandes formations politiques plus ou moins alliées à Boni Yayi. Théoriquement, cette alliance représentait une machine électorale imbattable. Mais ces calculs étaient erronés.

Lionel Zinsou n’a pas réalisé à quel point le contexte dans lequel il a débarqué était marqué par une contestation, voire une détestation, du président Boni Yayi après deux mandats de cinq ans passés à la tête du pays. Malgré quelques avancées comme la mise en place d’un régime d’assurance maladie (RAMU) en décembre 2011, la corruption a atteint des sommets et le sentiment des Béninois est bel et bien d’avoir reculé sous Boni Yayi. Le Front des organisations nationales de lutte contre la corruption (FONAC) n’a eu de cesse de dénoncer la pratique qui consiste pour les responsables politiques à recevoir entre 15 % à 20 % de commission dans l’attribution d’un marché public. Les scandales financiers se sont multipliés. A l’instar de ce détournement de 4 millions d’euros, en mai 2015, sur une enveloppe de 66 millions d’euros d’aide publique néerlandaise au développement. Sous la présidence de Thomas Boni Yayi, le chômage et la pauvreté se sont accrus. En 2006, le pays se situait au 161e rang sur 187 à l’indice de développement humain des Nations unies. En 2014, il avait perdu quatre places.

Plutôt que se démarquer de ce bilan, rejeté par tous et dont il n’était comptable que de quelques mois, le premier ministre l’a pleinement assumé pendant sa campagne présidentielle. Il a sans cesse rendu hommage à « l’action du président ». Il a si bien assumé l’héritage de Boni Yayi qu’il n’a pas hésité dans l’entre-deux-tours à s’afficher aux côtés de deux personnages perçus comme des symboles du système de prévarication ayant cours dans le pays, le député Barthélémy Kassa et le ministre Komi Koutché.

Paradoxalement, alors qu’il n’a pas pris de distance avec ces figures controversées, Lionel Zinsou a voulu rester « propre », c’est-à-dire ne pas participer à un système, au Bénin, qui veut que les ralliements et les voix se conquièrent à coups de cadeaux et d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ses principaux adversaires sont soupçonnés d’avoir procédé de la sorte et avaient sans doute pour cela des moyens bien supérieurs aux siens. Lui a toujours estimé que sa réputation d’homme intègre et d’intellectuel de haut vol suffirait à convaincre les jeunes des quartiers populaires frappés par la précarité de lui accorder leur suffrage.

Trop courtois, trop fidèle

Autre erreur, et non des moindres. Lors du face-à-face télévisé d’avant le second tour, jeudi 17 mars, il est demeuré courtois face à un Patrice Talon pugnace et provocateur, sans jamais le renvoyer à sa part de responsabilité dans la situation du Bénin. Patrice Talon a fait fortune dans la filière du coton grâce à sa proximité avec les cercles politiques, depuis le vent de libéralisation amorcé en 1991 par l’ancien président Nicéphore Soglo. L’homme d’affaires a si bien côtoyé les politiques qu’il en a financé la plupart des campagnes électorales, y compris les deux victorieuses de Boni Yayi, son ancien allié et aujourd’hui ennemi juré, en 2006 et en 2011. Ce débat télévisé, pour Lionel Zinsou, était d’ailleurs l’ultime occasion de se distinguer de Boni Yayi. Il s’est au contraire monté d’une loyauté sans faille.

« Cette présidentielle était un référendum contre Boni Yayi et non une réelle adhésion à Patrice Talon. Les Béninois n’ont pas voulu de ce qui apparaissait comme un troisième mandat déguisé de M. Boni Yayi », affirme Shegun Bakary, conseiller économique d’Abdoulaye Bio Tchané, le quatrième homme du scrutin, ancien directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI) qui s’est rallié à Patrice Talon dès le lendemain du premier tour.

Abdoulaye Bio Tchané, d’ailleurs, a été traité de « sauvage » et de « malpoli » par Thomas Boni Yayi avant le premier tour parce que l’ex-directeur Afrique du FMI avait organisé un meeting le même jour dans la même ville de Djougou que le président. « Dieu va nous sauver », a martelé le président lors d’un meeting la veille du second tour dans son fief de Parakou (nord), sans réaliser que de battre campagne pour Lionel Zinsou allait lui faire perdre des voix.

Lionel Zinsou et Patrice Talon au second tour de la présidentielle béninoise

mars 8, 2016

Le second tour de la présidentielle béninoise se jouera entre Lionel Zinsou et le riche homme d’affaires Patrice Talon, le premier ayant recueilli 28,44 pour cent des suffrages soit 856.218 voix et le second 24,89 pour cent (746.798 voix), selon les résultats provisoires fournis tôt mardi matin par la Commission électorale nationale.

Les tractations ont déjà commencé dans les états-majors politiques avant le deuxième tour, dans 15 jours, pour obtenir le soutien des candidats arrivés en bonne place lors du vote de dimanche dernier, derrière le duo gagnant.

Sont notamment courtisés Sébastien Ajavon (693.492 voix soit 23,03 pour cent des suffrages) ou encore Abdoulaye Bio Tchané (8,79 pour cent) et l’ex-Premier ministre Pascal Irénée Koupaki (5,85 pour cent des voix).

Trente-trois (33) candidats étaient sur la ligne de départ pour remplacer le président Thomas Yayi Boni arrivé au terme de son deuxième et dernier mandat et ne pouvant plus se représenter selon la Constitution.

Quelque 4,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour ce scrutin marqué par des retards dans la distribution des cartes d’électeurs.

La Commission électorale nationale a annoncé un taux de participation de 64,03 pour cent.

Apanews.net

Bénin – Lionel Zinsou : « Barack Obama a parlé avec empathie et humour, tout le contraire d’un donneur de leçons »

juillet 30, 2015
Lionel Zinsou, premier ministre du Bénin. © Bruno Levy/Jeune Afrique

Lionel Zinsou, premier ministre du Bénin. © Bruno Levy/Jeune Afrique

Le Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, salue le discours historique de Barack Obama dans lequel il invitait les « dirigeants africains à ne pas s’accrocher au pouvoir ». Pour l’économiste, le bilan du premier président noir des États-Unis est « impressionnant ».

Barack Obama a livré un discours historique, mardi 28 juillet, au siège de l’Union africaine dans lequel il a martelé l’importance de la démocratie. Une salve qui a suscité de nombreuses réactions. Lionel Zinsou, Premier ministre du Bénin depuis juin 2015, a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Qu’avez-vous pensé du discours de Barack Obama, prononcé devant l’Union africaine le 28 juillet ?

Lionel Zinsou : C’était du grand Obama. Il a une éloquence extraordinaire, un véritable style oratoire qui a fait son succès électoral et aujourd’hui mondial.

Pensez-vous qu’il a eu raison de fustiger les dirigeants africains “qui s’accrochent au pouvoir” ?

Ne retenir que la phrase sur le respect des Constitutions serait passer à côté de l’esprit de ce discours. Il l’a prononcée après s’être adonné à un extraordinaire exercice oratoire, celui d’un “sang mêlé” – et moi je le ressens d’autant plus fort que je suis aussi un sang mêlé – qui exprime admirablement sa fidélité à son lignage africain sans rien enlever à son titre de président américain.

Barack Obama n’aurait pas pu dire l’inverse. Cela aurait été un scandale mondial et il aurait blessé les nombreux démocrates qui existent en Afrique. Comme il s’adressait à tout le continent, il n’était pas “donneur de leçon”. C’est juste un président américain qui affirme des valeurs démocrates, toujours avec empathie, admiration et humour, pour déminer ce qui aurait pu passer pour de l’ingérence. C’était tout le contraire d’un ton donneur de leçons. Certes, on sait très bien quels pays il visait, notamment dans l’Afrique des Grands lacs… Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait eu des réactions négatives dans des pays qui s’apprêtent à ne pas respecter leurs Constitutions.

Le Bénin n’est pas concerné par cette menace ?

Depuis 1990, le pays connaît des alternance démocratiques et des élections libres. Il n’y a pas eu de violations de la Constitution et le nombre de mandats imposé a toujours été respecté. Le Bénin l’a fait de lui-même et le Bénin n’est pas un donneur de leçons. Nous sommes à huit mois du premier tour d’une élection présidentielle totalement libre et tout le dispositif institutionnel est en place. Les intentions du président Boni Yayi ont été annoncées depuis plusieurs années. Le Bénin, comme le Sénégal ou le Ghana, fait partie des pays où il n’y a aucune ambiguïté à ce niveau-là.

Est-ce que Barack Obama a fait assez pour l’Afrique au cours de ses deux mandats ?

Barack Obama a fait beaucoup pour l’Afrique. Les États-Unis de Barack Obama ont même fait encore plus que ceux de Bill Clinton avec son traité sur le libre-échange ou ceux de Georges W. Bush avec ses actions dans le domaine de la santé. Tout en poursuivant ces programmes, Obama a impulsé deux initiatives porteuses, l’une sur l’énergie pour tous et l’autre pour les jeunes leaders africains. Parallèlement, on a constaté une montée en puissance des investissements américains en Afrique et une expansion des échanges commerciaux. C’est un bilan impressionnant et non pas insuffisant.

Son bilan a pourtant été critiqué…

Il est rare pour un homme politique de faire l’unanimité. Je ne sais pas quelle est la représentativité de ceux qui disent que son bilan est insuffisant. L’anti-américanisme, l’anti-occidentalisme et l’anti-capitalisme existent. Mais je peux vous assurer qu’une très grande majorité de l’opinion africaine considère Obama comme un héros. Vous savez ce qu’il a de commun avec Nelson Mandela ? Il a réussi à faire ce que tous croyaient impossible : devenir le premier président noir de la première puissance au monde.

Jeuneafrique.com par Sabrina Myre

Bénin : un nouveau Premier ministre nommé Lionel Zinsou

juin 19, 2015
    Le Franco-Béninois Lionel Zinsou au Forum africain de Bercy, le 6 février 2015. © Bruno Levy pour J.A.


Le Franco-Béninois Lionel Zinsou au Forum africain de Bercy, le 6 février 2015. © Bruno Levy pour J.A.




 

Le président béninois Boni Yayi a procédé à un remaniement ministériel dans la nuit du jeudi au vendredi marqué par l’entrée au gouvernement comme Premier ministre du Franco-Béninois Lionel Zinsou. Qui fait un pas de plus vers la présidentielle de 2016…

Le nouveau gouvernement, annoncé jeudi 18 juin, est consécutif à l’entrée au Parlement de plusieurs membres du gouvernement suite aux élections législatives d’avril. Il comporte 28 ministres, contre 27 précédemment, dont 4 femmes, et compte également 3 ministres d’État : Komi Koutché au Finances, Alassane Djimba à l’Enseignement et Fulbert Amoussouga aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Surtout, le remaniement consacre le retour des postes non constitutionnels de Premier ministre, qu’occupe désormais le Franco-Béninois Lionel Zinsou, et de vice-Premier ministre, où s’installe un fidèle du président, François Abiola. La loi fondamentale béninoise dispose en effet que seul le président de la République est le chef du gouvernement. Cependant, le Bénin a déjà connu depuis l’établissement de la démocratie deux Premiers ministres (Adrien Houngbédji sous le président Mathieu Kérékou en 2001 puis Pascal Koupaki en 2011) qui n’ont pas su imposer leur marque dans la gestion du gouvernement.

Lionel Zinsou aura-t-il plus de marge de manœuvre ? Son arrivée au gouvernement confirme en tout cas ses ambitions politiques, alors que Boni Yayi multiplie les déclarations pour assurer qu’il ne touchera pas à la limitation constitutionnelle du nombre des mandats présidentiels et qu’il ne se présentera pas à l’élection prévue en 2016. Le financier franco-béninois, qui est également mécène d’art à travers sa fondation qui porte son nom, a un calendrier politique qui apparaît de plus en plus évident. En acceptant sa nomination, il ne fait ainsi qu’anticiper son départ de PAI Partners, géant européen du capital-investissement qu’il préside depuis 2008. Départ qui était prévu… en 2016, justement.

Agitateur d’idées

Ancienne plume de Laurent Fabius, Lionel Zinsou, 60 ans, est un économiste influent et un infatigable agitateur d’idées au carnet d’adresses bien fourni, notamment depuis une décennie passée à piloter les équipes Afrique de la banque d’affaires Rothschild. Mais son entrée dans le grand bain politique risque de faire quelques remous. L’opposition a d’ores et déjà tiré à boulets rouges sur celui qui pourrait vouloir se positionner comme le successeur potentiel de Boni Yayi.

« Il va de soi qu’un tel gouvernement qui viole la Constitution sera comme les autres et ne brassera que du vent. En l’absence de cadre juridique portant sur les attributs de la fonction de Premier ministre, il est clair que ce dernier n’est nommé que pour le titre», fustige Victor Topanou, président du Front uni pour la république (FUR, opposition). À Lionel Zinsou de le faire mentir.

Jeuneafrique.com par Fiacre Vidjingninou