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Explosion de Liverpool: le Royaume-Uni relève le niveau de la menace terroriste

novembre 15, 2021
Explosion de Liverpool: le Royaume-Uni releve le niveau de la menace terroriste
Explosion de Liverpool: le Royaume-Uni relève le niveau de la menace terroriste© AFP/Paul ELLIS

Le Royaume-Uni a relevé lundi à « grave » le niveau de la menace terroriste sur le sol britannique, après l’explosion d’un taxi à Liverpool (nord de l’Angleterre), qualifiée d' »acte terroriste » par la police.

Cette attaque, qui a fait un mort – le terroriste présumé – vient rappeler « le besoin pour chacun de nous de rester vigilant », a déclaré le Premier ministre Boris Johnson lors d’une conférence de presse, soulignant que « le peuple britannique ne se laissera jamais intimider par le terrorisme ».

« Nous ne cèderons jamais devant ceux qui veulent nous diviser », a-t-il ajouté.

Ce relèvement du niveau de la menace signifie que les autorités considèrent comme hautement probable une attaque terroriste.

Quatre hommes ? âgés de 20 à 29 ans ? ont été arrêtés depuis l’explosion dimanche du taxi devant un hôpital pour femmes de Liverpool, a annoncé la police qui a évoqué lundi un « acte terroriste » tout en précisant que ses motivations « restaient à déterminer ».

La ministre de l’Intérieur Priti Patel a souligné qu’il s’agissait de la deuxième attaque en un mois, après le meurtre le 15 octobre du député David Amess lors d’une permanence parlementaire à une soixantaine de kilomètres de Londres. Son auteur présumé a été inculpé pour meurtre et préparation d’actes terroristes.

Les enquêteurs pensent que l’engin explosif de Liverpool a été « fabriqué » par le passager du taxi, qui est décédé dans l’explosion.

La police a perquisitionné deux adresses à Liverpool. A l’une d’elle, avenue Rutland, « des éléments importants ont été trouvés et des recherches supplémentaires seront nécessaires aujourd’hui et potentiellement dans les prochains jours », a indiqué la police.

Le passager avait emprunté le taxi dans cette avenue, demandant au chauffeur de l’emmener à l’hôpital pour femmes, situé à dix minutes en voiture.

C’est devant cet hôpital que l’explosion est survenue dimanche matin, au moment où le Royaume-Uni commémorait les victimes des guerres, à l’occasion du « Dimanche du Souvenir ».

Elle s’est produite juste avant 11H00 (locale et GMT), heure à laquelle la nation se recueillait en silence, et à quelques centaines de mètres de la cathédrale de Liverpool où des centaines de soldats, vétérans et membres du public étaient rassemblés.

« Nous ne pouvons pas établir de lien à ce stade mais c’est une piste d’enquête que nous explorons », a déclaré lors de la conférence de presse lundi Russ Jackson, chargé de la police antiterroriste de la région, à propos de ces commémorations.

Il a précisé que les enquêteurs pensaient connaître l’identité du passager tué mais ne souhaitaient pas la révéler pour le moment.

« Bravoure incroyable »

Blessé lors de l’explosion, le chauffeur de taxi a été qualifié de « héros » par des responsables politiques et des tabloïds qui ont affirmé qu’il avait permis d’éviter des morts.

« Il semble que le chauffeur de taxi en question se soit comporté avec une présence d’esprit et une bravoure incroyables », a déclaré Boris Johnson lundi lors d’une visite dans un centre médical de Londres.

D’après The Daily Mail, le chauffeur a repéré que son passager avait l’air « suspect » et l’a enfermé dans le taxi, avant de s’échapper.

« Le chauffeur de taxi, dans ses efforts héroïques, a réussi à éviter ce qui aurait pu être une catastrophe absolument horrible à l’hôpital », a déclaré la maire de Liverpool, Joanne Anderson sur la BBC, confirmant qu’il avait « verrouillé les portes » du véhicule.

Il a depuis quitté l’hôpital où il était soigné, selon la police.

La police antiterroriste est chargée de l’enquête avec, selon la BBC, le soutien du service de renseignement MI5.

Appel à la vigilance

La police locale avait expliqué avoir été alertée vers 11H00 et être immédiatement intervenue.

Des images ont montré une large fumée grise s’échappant des lieux de l’explosion et un véhicule carbonisé.

Phil Garrigan, chef des pompiers du Merseyside, a déclaré que l’incendie du véhicule était « complètement développé » à l’arrivée des véhicules de secours.

La police a exhorté la population à « rester calme mais vigilante ».

Par Le Point avec AFP

Congo-Diaspora: Hommage à l’illustre officier parachutiste Philippe Bikinkita. Par Vital Kolelas-Kouka

août 24, 2021

Une nouvelle venant de la ville de Liverpool nous est tombée dans nos oreilles, comme une pluie de glace, en plein été, dévastant nos corps déjà meurtris.

Philippe Bikinkita nous a quitté dans la première heure du samedi 21 août 2021 dans cette ville anglaise du Royaume- Uni. Une ville qui porte le suffixe Pool, en référence à sa région natale du pool. Il est décédé sans avoir remis ses pieds sur la terre du Congo qui l’a vue naître, car condamné par contumace et à rester en exil suite à la guerre du 5 juin 1997. Aussi sans avoir revu la rivière “Mboté” qui arrose, sans pause, de bonnes doses de son eau vitale, ce chapelet de villages qui peuplent  la contrée de Mayongongo sur le chemin de fer Congo-océan, dont Kari- kari son village natal est l’un des centres d’attraction.

Deux ans avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, plus précisément en 1943, naquit  Philippe Bikinkita, de MBemba MBoua et de Mpamissa Moutombo. Très tôt, il rejoint Bernard Bakana Kolélas, son aîné,  et ce dernier va l’amener partout où il va exercer son activité professionnelle principalement dans le district de Boko et à Brazzaville.

Après  qu’il ait  décroché brillamment son baccalauréat  en 1963, il suit les cours de droit, de 1963 à 1965  à la FESAC ( Fondation d’Enseignement  supérieur en Afrique centrale), qui deviendra l’Université de Brazzaville. Il dispense parallèlement des cours d’anglais  dans les collèges de la capitale, c’est dans ce contexte qu’il va rencontrer celle qui deviendra son épouse. Dans la même période, il prend part à une formation pré-militaire organisée au Congo. C’est donc à juste titre qu’il bénéficiera  en 1965  d’une bourse d’études supérieures en France pour faire une carrière militaire. C’est la ville de Poitiers qui aura ce privilège de l’accueillir de 1965 à 1967, pour les prépas littéraires  d’entrée dans les Grandes écoles françaises.  

Élève consciencieux et studieux, mais aussi très appliqué, discipliné et ordonné,  Il est donc admis, en 1967,  au concours d’entrée à la prestigieuse école Saint Cyr Coëtquidan.

En 1969, il est diplômé de Saint Cyr, promotion Lieutnant-Colonel Brunet de Sairigné ( 1967-1969).  Il est de la même promotion que Jean-Louis Georgelin, ancien chef d’état major des armées françaises , actuellement  retraité et en charge de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris.  De 1969  à 1970, il entreprend une formation  à l’Ecole d’application d’infanterie de Montpellier suivie de celle d’instructeur parachutiste à  l’école des troupes aéroportées (  ETAP) de Pau. Il est aussi instructeur commando  diplômé du Centre national d’entrainement commando ( CNED) de Mont-Louis.

La soif d’’apprendre qui l’habite pousse  Philippe Bikinkita à engranger des diplômes civils. C’est ainsi qu’il est détenteur d’un diplôme d’interprète militaire anglais-espagnol-français,  de deux  licences  en droit et en anglais, d’une licence, d’une maîtrise et d’un DES en histoire.

Philippe Bikinkita a eu une riche carrière professionnelle. Aussitôt de retour dans son pays natal, il est affecté à Pointe-Noire. Il y sera commandant de cette zone militaire avant d’être appelé à Brazzaville, en 1977, pour occuper les fonctions de Directeur Général de la Sécurité Publique. Ensuite radié des effectifs de l’armée congolaise et emprisonné pour des faits dont il ne sera même pas jugé, il sera libéré 4 ans après. A la faveur de la Conférence Nationale Souveraine qui prend place en 1991 au Congo, il sera par la suite réhabilité.

Au plan politique, après un passage au RDD, parti politique de Jacques Joachim Yhombi, il va intégrer le Mcddi de Bernard Bakana Kolélas où il  va animer le Cabinet politique de ce dernier. Il sera Ministre d’État , Ministre de l’Intérieur sous le Président Pascal Lissouba. La guerre du 5 juin 1997 va donc le pousser en exil . il va vivre dans un premier temps à Abidjan en Côte D’Ivoire et ensuite ira s’installer au Royaume-Uni plus précisément dans la ville de Liverpool.

Philippe Bikinkita , mon oncle paternel et mon grand frère , avec cette double casquette, il était les deux pour moi.

En effet, il m’a confié un jour qu’il se considérait comme le premier enfant de son frère Bernard Bakana Kolélas. Il m’a expliqué qu’il a vu arriver “Ya Jacqueline” ma chère maman dans le foyer conjugal à Mantaba dans le District de Boko –Région du Pool. Et donc le jeune couple l’avait comme seul garçon dans leur ménage.  

“ Ya Jacqueline”, c’est ainsi qu’il appelait affectueusement  l’épouse de Bernard Bakana Kolélas.

Philippe Bikinkita m’a vu naître dans ce village de Mantaba où mon père Bernard Bakana  Kolélas exerçait les fonctions d’infirmier chef du dispensaire de la localité. Et depuis nous avions grandi ensemble, ainsi je puis me considérer à juste titre comme un témoin privilégié de sa vie de jeunesse dans les quartiers Moungali et Bacongo. Il était amoureux du ballon rond et du jeu de dames. Je l’ai vu taper au mwana foot sur les terrains poussiéreux  du stade “yougos” qui se situaient là où l’on construit actuellement le deuxième module du Marché Total de Bacongo débaptisé Bernard Kolélas. Il y’avait quatre ou cinq terrains de mwana foot juxtaposés et qui furent un réservoir de talents qui ont fait le bonheur du football congolais, donnant naissance à de vieilles gloires. Je citerai : Germain Dzabana  Jadot, Léopold Foundoux  Moulélé, Mananga  l’enfant de l’homme, MBemba  Thorex, Batiaka  Mayo, Filankébo Lipopo, Bitambiki Ben, Wamba la Josée, Bihani sivori dit muana 15 ans, la liste est longue…

Philippe Bikinkita faisait partie  effectivement  du petit monde de  ces talents qui nous émerveillaient chaque dimanche matin au stade  “Yougos”. Il  jouait dans Réal Santos qui était l’équipe de notre quartier qui englobait  le centre sportif de Makélékélé , l’école des filles et le Bar Tahiti de Bacongo. Il était aussi amoureux du jeu de dames dont les compétitions se déroulaient sur la place mythique qui était localisée sur l’avenue Matsoua, non loin du marché Total de Bacongo. Mon instituteur du CE2 de l’école laïque de Bacongo actuellement Nkéoua Joseph y prenait aussi  part. 

Je me souviens que chaque fois que Philippe Bikinkita  battait  mon instituteur au jeu de dames, le soir à la maison j’étais couvert  de railleries de sa part, il aimait me taquiner.

Philippe Bikinkita fut une exception humaine, très doué à l’école , il fut aussi un artiste au football, au jeu de dames et à la musique car il était un virtuose à la flûte, à la trompette.

Je lui ai rendu visite, avec mon épouse,  il y’a quelques jours dans sa ville de Liverpool ayant  appris la nouvelle qu’il était souffrant. Nous nous sommes empressés de sauter sur  le premier train à la gare de Birmingham, notre ville de résidence, et pendant 1h 54 qu’avait duré ce voyage, alors que je contemplais le beau paysage qui défilait devant mes yeux, se disputaient dans mon esprit au même moment des nombreux souvenirs de vie commune avec mes parents qui ont quitté cette terre des hommes, des images indélébiles. 

Je priais du fond de mon cœur afin que leurs âmes qui se reposent en paix apportent  la guérison et intercèdent aussi pour les malades dont Philippe Bikinkita.

Mon frère Axel Bikinkita était venu nous prendre à la gare de Liverpool et nous conduisit directement au domicile  à bord de sa voiture. Aussitôt arrivés  dans la maison, maman Eugénie , son épouse  nous invita à monter dans la chambre pour voir Philippe Bikinkita. Ainsi je pénétrais dans cette chambre dont la modestie reflétait la nature intérieure moulée d’intégrité et de spiritualité de l’homme.  Une atmosphère de sérénité absolue régnait dans la pièce, lui  était couché sur son lit approprié du malade qui faisait face au lit ordinaire du couple. Je m’approchais et je prenais sa main, la serrais contre la mienne en lui disant “Bonjour Tata et tiens bon” et je m’asseyais juste en face, sur l’autre lit. Un coup d’oeil aux alentours me faisait découvrir deux grosses photos encadrées de son beau père “ feu Pépé Badila” et  de son deuxième fils feu Frank Bikinkita planquées sur les murs. Pour rappel, Frank Bikinkita était le deuxième enfant de Philippe Bikinkita et de maman Eugénie, très brilliant élève, il était titulaire d’une licence en mathématiques appliqués de l’Université Marien NGouabi de Brazzaville et d’un diplôme d’ingénieur en Informatique de l’école de Rouen en France. Il s’était installé depuis de longues années dans la ville de Montréal au Canada d’où il était tombé malade. Il était décédé le 17 novembre 2015 dans la ville de Draveil, à l’âge de 47 ans, et, inhumé en France la même année.  

Comme les bonnes infirmières étaient entrées dans la chambre pour leurs consultations du jour, nous étions descendus au salon pour leur laisser le temps de travailler.

Après leur départ, nous sommes remontés dans la chambre. Cette fois-ci, il avait fait l’effort de s’asseoir sur son fauteuil accolé au mur et placé entre les deux lits. D’évidence, cette position lui était plus confortable. Nous avions discuté en dépit du mal qui le rongeait, faisant le tour de quelques faits ayant marqué sa vie de  jeunesse que lui et moi avions vécus ensemble. Un passage en revue de ses  matchs au mwana foot sur les terrains du stade “Yougos”de Bacongo, et de son ami Germain Dzabana Jadot qui nous rendait souvent visite à la maison sur son vélo moteur ”solex”, ses parties au jeu de dames sur la place mythique de l’avenue Matsoua à Bacongo, c’était émouvant !

Je quittais cette pièce en lui disant au revoir avec un sentiment mitigé: d’une part la tristesse d’avoir échangé, peut- être, avec lui pour la dernière fois et d’autre part l’espoir de me convaincre que le Dieu vivant fera ses miracles de guérison sur lui.

Adieu Tata. Paix à ton âme, que la terre te soit légère !

Requiescat in domus aurea ancestrae ! Repose dans la maison d’or des ancêtres

Vital Kolélas-kouka, ton cher neveu qui ne t’oubliera jamais.

In Congo-liberty.com by Vital Kolélas-kouka

Congo-Brazzaville : Philippe Bikinkinta, autre victime de l’intolérance du pouvoir de Brazzaville, s’en est allé.

août 22, 2021

Le Colonel Philippe Bikinkinta, dernier Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation du Président Pascal Lissouba, nous a quittés, le 21 août 2021 à Liverpool, ville maritime, au Nord-Ouest de l’Angleterre.

        La mort, ces noces de l’homme avec l’éternité, l’a fauché, en plein exil, loin de son   pays, le Congo-Brazzaville, qu’il a intensément aimé et servi, sa vie durant. Rejoignant, ainsi, là-bas, à l’éternel   infini, MM. Nguila  Moungounga  Kombo, Yves  Ibala, le  Dr  Bikandou,  ses collègues  au  gouvernement,  sous  le  Président Pascal  Lissouba,  eux  aussi  morts  en  exil,  comme  le  Président Pascal  Lissouba, lui-même, le  24  août  2020,  à  Perpignan, en  France.  

       Suite aux violences de 1997, le Ministre Philippe Bikinkinta   a dû se séparer de sa patrie natale, arraché à un univers familier pour regagner une terre   d’exil. Un parcours, dans des conditions rudes, à travers les territoires des pays étrangers, surpris par maintes frayeurs et côtoyant, parfois, la mort. 

        Au   long et pénible exil du Ministre Philippe Bikinkinta, dans la cité de Liverpool, se sont associés plusieurs deuils, dans sa famille, au Congo-Brazzaville et en Europe. Particulièrement les deuils nés de la perte de deux de ses proches parents   dont la présence du Ministre Philippe Bikinkinta aux obsèques était indispensable pour des règlements   d’affaires familiales post-mortem.  

         « Aucun lien n’est plus fort que celui du sang. Il lance des ponts au-dessus des plus profonds abîmes ». Quand on néglige ses parents, on se néglige soi-même ».  Ainsi, me parlait le Ministre Philippe Bikinkinta lorsque nous échangions sur les traditions et coutumes Kongo. 

        C’est dire l’attachement à sa famille du Ministre Philippe Bikinkinta   qui aura, pendant l’exil, connu la disparition de Mr Bernard Kolélas, son frère, qu’il a pleuré à distance, absent de ses obsèques à Brazzaville   et   de la phase terminale de l’inhumation à Ntsouélé, dans la région du Pool.

       Philippe Bikinkinta a, par ailleurs, été très affecté par le décès à Paris de   Guy Brice Parfait   Kolélas, son neveu, dont il ne verra   plus jamais la dépouille et ne prendra plus part aux funérailles. 

       Philippe Bikinkinta disparait avec l’idée de la date non fixée des obsèques de Guy Brice Parfait Kolelas, la famille Kolélas n’ayant cesse d’exiger la lumière sur les conditions de la mort de l’ancien candidat aux présidentielles congolaises du 21 mars 2021. 

       Abandonné son pays natal,  jusqu’à  la mort,  pour  cause  d’exil  est  vécu  symboliquement  comme  une mutilation, un   démembrement, même  si,  dans le  cas  Philippe  Bikinkinta,  cela   est  perçu comme   une  forme  de sécurisation,  pour  fuir  les  sévices  d’un  injuste  emprisonnement,  au  terme   d’une  condamnation par  les  tribunaux  congolais.

       Philippe Bikinkinta qui, les 24 ans de son exil, à Liverpool, n’exprimait la douleur de cette expatriation forcée qui l’a soustrait de son sol natal qu’au travers de la souffrance de son corps et de son esprit.

        Pour moi qui ai connu Philippe Bikinkinta, sur les bancs d’une école primaire de Bacongo – Brazzaville, tenue par Mr Bremondy, de nationalité française, l’ai côtoyé sur les colonnes du gouvernement, pour ensuite le suivre,  de loin,  dans son isolement  en  Angleterre,  l’exil  a  bien usé  le  Ministre.  Il en a souffert. L’exil   était un supplice pour lui d’autant plus rigoureux qu’il ne trouvait nulle part, dans   son environnement, le moindre agrément de sa patrie.

        Pour l’officier de haut niveau   qu’a été Philippe Bikinkinta, qui a quitté, sous la contrainte, son pays, s’imposer une vie   en   terre étrangère avec ce que cela implique de difficultés de langue, d’identité et d’insertion, n’était   pas chose aisée. Le sentiment permanent d’éloignement de ses racines rendait ses jours longs et lui coupait le sommeil.   

         Au-delà des contraintes que lui dictait son exil, Philippe Bikinkinta maintenait, cependant, en lui, la fière posture   d’un colonel Saint Cyrien, façonné selon les règles. Pour lui, l’autorité politique de son pays, par méchanceté, haine et antagonisme à son égard, l’a forcé   de s’installer, injustement, hors de sa patrie.

        Sur la guerre du 5 juin 1997, Philippe Bikinkinta balaie, d’un revers de main, les accusations de chef d’opérations Ninja, portées contre sa personne.  Tout en s’interrogeant sur les motivations partisanes du pouvoir de Brazzaville qui a fait bénéficier certaines personnalités proches du Président Pascal Lissouba des mesures de largesse, au détriment des autres.

        Tombé malade, les soins se prolongeant, les médicaments ne soulageaient plus Philippe Bikinkinta. Tout est allé de mal en pis. Homme de convictions, il croyait, malgré tout, en l’avenir du Congo-Brazzaville, pour le bien des populations et pour les siens qu’il allait quitter. 

         Depuis Paris, dans l’attente de la remise en liberté de Philippe Bikinkinta que je sollicitais, depuis quelques années du Président Sassou-Nguesso, au travers des réseaux sociaux, j’ai appris  que  du  côté  de Liverpool,  la  vie  du colonel Philippe Bikinkinta s’était arrêtée, le 21 août 2021. 

        Ce 21 août 2021, j’ai écrasé une larme. Puis, une deuxième. A coulé une troisième. Me souvenant de ce Philippe Bikinkinta, mon   camarade de classe, très doué, au point d’impressionner   notre maître, Mr Bremondy.  Lui, Philippe Bikinkinta, ce Ministre de l’Intérieur, très discret, de grande humilité, cultivé, intervenant, peu en conseil de Ministres où il avait toujours, posé devant lui, un code de procédure civile, de couverture rouge.  Lui, ce Philippe Bikinkinta qui a fait les bons offices, auprès du Président Laurent Désiré Kabila qui venait de s’installer à Kinshasa, lorsque   les obus de la force publique congolaise ont échoué   de l’autre côté du fleuve Congo, au   cours des affrontements armés du 5 juin 1997.

       Depuis la fin des hostilités, entre camps congolais rentrés en conflit, des voix de portées locale   et internationale s’élèvent, au nom de l’apaisement au Congo-Brazzaville et aux fins d’obtenir des autorités nationales qu’elles fassent preuve de tolérance.

        Des voix qui exigent   du Président Sassou Nguesso, par le biais de l’amnistie générale ou de  la grâce  présidentielle,  l’effacement  des  condamnations pour  faits de  guerre  ou  autres infractions,  s’il  en  existe,  liées   à  l’exercice  du pouvoir,  sous  le  mandat précédent  du Président Pascal  Lissouba.

         Aux   lendemains   du scrutin présidentiel congolais de 2016, reprise, à l’identique de ces exigences pour demander la remise en liberté de Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi  Salissa,  concurrents   du  Président  Sassou  Nguesso  auxdites  élections et   de  leurs  compagnons  d’infortune,  incarcérés  dans les  prisons   du   pays. 

        Aussi bien pour les condamnés du   régime du Président Pascal Lissouba dont l’ancien   Ministre des Hydrocarbures, Benoit Koukébéné reste la figure  dominante  que  pour  les  détenus des suites  de  l’après  présidentielle de 2016,   le pouvoir de Brazzaville  demeure  insensible  à l’exigence  de leur  libération.

        La tolérance, une vertu qui facilite l’apaisement dans le pays et contribue à substituer une culture de paix à une culture de guerre, semble ne pas préoccuper, outre mesure, les autorités, pour les cas cités. 

        Et, pourtant, la tolérance n’est ni une concession, ni une condescendance, encore moins une complaisance. Elle n’est pas le laisser faire, le laxisme.  N’est pas signe de faiblesse. Mais, une qualité supérieure, d’autant qu’elle accepte l’altérité de l’autre.

        Pratiquer la tolérance, ce n’est ni tolérer l’injustice sociale, ni renoncer à ses propres convictions, ni faire concession à cet égard. C’est l’acceptation   par les dirigeants   du Congo- Brazzaville du fait que tous les citoyens de la République ont le droit de vivre en paix, à l’abri d’injustes tracasseries, et   d’être tels qu’ils sont, avec leurs opinions, aussi différentes soient elles de celles du pouvoir. 

        Autant les autorités congolaises ont une obligation   de tolérance à faire prévaloir, autant la cohésion nationale est nécessaire pour préserver la paix civile et conforter l’apaisement dans le pays, face aux déchirures ethnocentriques et  autres  velléités  de partition   qui menacent la  nation.

       Sans consolider l’unité nationale et sans développer plus encore le sentiment d’appartenance à une nation commune par des gestes forts, à l’image de ceux posés par le Président ivoirien Alassane Ouattara, il ne sera jamais atteint, au Congo-Brazzaville, le renforcement des valeurs communes s’imposant comme   des paramètres essentiels du progrès dans le pays. 

         Rien n’est aussi dangereux, pour les autorités congolaises, que la certitude d’avoir raison, sur toute la ligne, dans les dossiers Philippe Bikinkinta, Benoit Koukébéné, Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa.   Des dossiers auxquels s’ajoutent ceux des   défunts Nguila Mougounga Kombo   et autre Yves Ibala.

        Ce sont là, des personnalités politiques, pour celles qui sont en vie, dont les dirigeants congolais privent de liberté, pour des chemises judiciaires aux accents controversés pour l’opinion nationale et internationale.

       Et, bien plus, rien, par ailleurs, ne cause autant de destruction, au sein de la nation congolaise, que l’obsession par les autorités d’une vérité considérée comme absolue sur laquelle celles-ci ne voudraient entendre de son contraire.

          Philippe Bikinkinta,

                Te voilà parti, condamné.  Dans ta tombe, condamné tu le demeureras. Une salissure sur ta mémoire d’officier noble et sur les loyaux services rendus à ton pays. 

                 Que la force de ton esprit et le sacrifice de ton exil injustifié soient le canal et l’effet d’entraînement par lesquels Benoit Koukébéné, Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi  Salissa  recouvrent  la liberté. 

              Viendra, alors, pour toi, le temps d’effacement posthume de ta peine.

               Repose, en paix, Philippe.

               Puisse ta famille trouver, ici, dans la dure épreuve qu’elle traverse, l’expression de mes condoléances les plus attristées et la traduction de ma solidarité.

                     Ouabari  Mariotti 

                 Paris, le 22 août 2021

Avec Congo-liberty.com

Congo-Diaspora: Décès du colonel Philippe Bikinkita

août 21, 2021

Décès du Colonel Philippe BIKINKITA, (membre fondateur du RDD et ancien ministre sous Lissouba), ce 20 Août 2021, à Liverpool (Angleterre).

Parachutiste et grand commando. Très craint par les régimes communistes au Congo. Saint Cyrien, il était sorti de la grande école militaire, promotion Lt Col Brunet de Sairigné, en France.

Ce dernier avait demandé qu’il soit enterré en exil comme bon nombre de personnalités congolaises.

Avec Brazzanews