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Togo : Lomé, le musée à ciel ouvert de Camille Tété Azankpo

novembre 7, 2021
Le plasticien Camille Tété Azankpo, sur le rond-point de la Colombe-de-la-Paix, à Lomé. © Caroline Chauvet pour JA

Pour le plasticien togolais, Lomé est une source d’inspiration, parfois même une œuvre d’art. Il nous emmène à la découverte de « sa » capitale natale.

« Je vais, je reviens… Je suis moulé dans cette ville. » Lomé, le plasticien Camille Tété Azankpo y est né, y a grandi. Il aurait pu habiter en Allemagne où il a étudié, ou bien en France, où il expose régulièrement. Mais il n’a jamais voulu quitter sa ville natale. Chaque jour, ce Loméen contemporain coud avec des fils de fer des bouts de bassines métalliques découpées, leur donnant une nouvelle vie, tel un docteur Frankenstein. Le temps d’une journée, il nous a emmenés faire un tour de « sa » ville.

Camille Tété Azankpo dans son atelier du quartier Forever, au nord du centre-ville de Lomé.
Camille Tété Azankpo dans son atelier du quartier Forever, au nord du centre-ville de Lomé. © Caroline Chauvet pour JA

Nous partons du nord de la capitale. L’atelier de Camille Tété Azankpo est situé à Forever, un quartier résidentiel, d’où il peut facilement se déplacer dans tout Lomé. Premier stop à l’aéroport, « là où les étrangers ont leurs premières impressions de Lomé ». Dès leur arrivée, les voyageurs ne peuvent pas manquer les fresques qui, depuis 2017, courent sur les murs de l’aérogare, puis sur des centaines de mètres, tout au long de l’avenue de la Paix, jusqu’au centre-ville. Patchwork de couleurs et de formes, représentant la paix et l’amour de la patrie, l’œuvre a été réalisée par huit artistes. Camille Tété Azankpo n’y a pas participé, mais tient à rendre hommage à ses confrères et à saluer la récente volonté des pouvoirs publics d’embellir la ville en faisant la part belle aux artistes nationaux.

OUI, IL Y A LA PAIX À LOMÉ, MAIS C’EST UNE PAIX SÉCURITAIRE

Colombe et légendes urbaines

Bifurcation vers le sud-ouest, direction le rond-point de la Colombe-de-la-Paix, dans le quartier de Tokoin. Posé sur une sphère, au sommet d’un vaste socle évasé, l’oiseau immaculé, un rameau dans le bec, surplombe le centre-ville situé en contrebas. Le monument est érigé sur le rond-point le plus emblématique de la capitale, passage obligé entre le sud et le nord de la capitale, entièrement réaménagé ces dernières années (chaussée de deux fois trois voies bitumées, larges trottoirs…).

Devant les fresques du « corridor de la paix ».
Devant les fresques du « corridor de la paix ». © Caroline Chauvet pour JA

L’artiste pose fièrement aux côtés de « la Colombe », qu’il compare à une tour Eiffel, tant elle est connue au Togo. Son seul regret : qu’elle ne soit pas l’œuvre d’un Togolais, mais d’un sculpteur italien, Franco Adami. Symbole de sérénité, le monument donne aussi lieu à quelques légendes urbaines. « Il paraît que sous la Colombe existe un passage qui mène directement au camp militaire… Ou encore que des corps humains auraient été ensevelis pour créer la Colombe ! explique l’artiste. Du temps du président Eyadema père, je me souviens que, lorsque le cortège présidentiel passait par ce carrefour, on bloquait les artères, on fermait les boutiques et tout le monde devait se tourner dos à la route. Cela pouvait durer une heure ou plus. Tout le monde avait peur de simplement regarder les hommes armés postés près de la Colombe. »

Aujourd’hui encore, l’endroit est bien gardé : un camp de la Garde républicaine jouxte le monument. Il représente décidément bien la ville, souligne Camille Tété Azankpo : « Oui, il y a la paix à Lomé, mais c’est une paix sécuritaire. »

Le marché dans son ADN

Direction le sud, au Grand-Marché d’Assigamé, le plus important de la capitale. Par sa position centrale, avec son littoral et son port en eau profonde, ses commerçants expérimentés et ses produits vendus moins cher qu’ailleurs, la métropole togolaise est une plateforme commerciale majeure dans la sous-région – et même pour l’Afrique centrale. Ivoiriens, Burkinabè, Maliens, mais aussi Gabonais viennent s’y approvisionner en pagnes et en produits de toutes sortes. Lomé est un grand marché et Assigamé, son cœur. Chaque pas de chaland, chaque clameur de commerçant est comme un battement de ville. Même si, Covid-19 oblige, nombre de clients ne peuvent plus aussi facilement se rendre au Togo, les frontières terrestres étant fermées pour les particuliers depuis mars 2020.

IL REDONNE AUX BASSINES ÉMAILLÉES, SI POSSIBLE ANCIENNES, UNE AUTRE VIE

C’est là que Camille Tété Azankpo est né et a vécu jusqu’à ses 12 ans. « Le marché est dans mon ADN », dit-il, en racontant qu’il y voyait sa grand-mère vendre du pétrole liquide (pour les lampes) qu’elle achetait au Ghana voisin. Le dimanche, il l’accompagnait parfois à la cathédrale du Sacré-Cœur. Un édifice que l’enfant admirait, non pour son caractère religieux, mais fasciné par sa structure imposante, ses formes, ses couleurs… Aujourd’hui, les œuvres de l’artiste sont découpées, comme des vitraux. « J’étais toujours content d’aller au marché, car on achetait plein de choses avec ma maman ! » se souvient-il avec une pointe de nostalgie. Assigamé, c’est sa madeleine de Proust.

… Et au Grand-Marché d’Assigamé.
… Et au Grand-Marché d’Assigamé. © Caroline Chauvet pour JA

C’est aussi là que le plasticien trouve sa « matière ». Depuis 1999, Camille Tété Azankpo récolte des bassines émaillées – si possible anciennes. Symboliques dans toute l’Afrique : elles sont souvent offertes lors d’un mariage, transmises de génération en génération… « Je leur redonne une autre vie. » C’est donc auprès des femmes, et en particulier celles du marché, que l’artiste trouve son bonheur. Aujourd’hui, il a repéré quelques modèles intéressants et promet à la vendeuse de repasser.

Le wharf, havre inspirant

Et comment parler de Lomé sans parler de l’océan ? Depuis Assigamé, il n’y a plus que quelques pas vers le bord de mer. Plus exactement vers le wharf, sur le boulevard du Mono, qui fut le premier port du pays, construit sous la colonisation allemande, inauguré en 1905 et mis à la retraite en 1964. Il n’en reste plus que les ruines battues par les vagues, les flots et le sable, comme un squelette émacié, une silhouette filamenteuse, à la Giacometti.

« Aujourd’hui, comme il n’a plus son utilité intrinsèque, le wharf est devenu une œuvre à part entière », murmure notre guide. Il est aussi un symbole de l’histoire de la ville et de la région, un lieu de promenade et de rencontres pour certains jeunes Loméens. Et un inspirant havre de méditation pour les artistes de passage.

Avec Jeune Afrique par Caroline Chauvet

Sénégal : Ousmane Sonko interdit de se rendre à Lomé pour débattre de l’avenir du franc CFA

mai 22, 2021
Ousmane Sonko, lors d’une conférence de presse à Dakar, le 8 mars 2021.

Invité par l’économiste Kako Nubukpo à participer aux « États généraux de l’Eco », qui se tiendront les 26, 27 et 28 mai dans la capitale togolaise, l’opposant sénégalais Ousmane Sonko ne pourra finalement pas se rendre à Lomé. La justice lui a refusé l’autorisation de sortie du territoire qu’il sollicitait.

« Au final, Lomé ne verra donc pas l’enfant prodige si attendu, pour le moment du moins. Pas de début de débat sur l’Eco pour Sonko. » Dans le communiqué annonçant la décision de la justice sénégalaise, Me Khoureyssi Ba, son avocat, juge que « rien ne justifie » le refus prononcé vendredi 21 mai par le juge Abdoulaye Assane Thioune.

L’opposant sénégalais, sous contrôle judiciaire depuis sa remise en liberté le 8 mars dernier, avait en effet été invité à participer aux « états généraux de l’Eco » à Lomé. Le leader du Pastef avait fait de la critique du franc CFA l’un de ses principaux axes de campagne lors de la présidentielle de 2019, à l’issue de laquelle il était arrivé en troisième position.

Des « États généraux de l’Eco » sans Sonko

L’évènement, organisé à l’initiative de l’économiste togolais Kako Nubukpo, commissaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) chargé du département Agriculture, ressources en eau et environnement, doit réunir de nombreux économistes de renom.

Outre la Cap-Verdienne Cristina Duarte, conseillère spéciale pour l’Afrique du secrétaire général des Nations unies, le Bissau-Guinéen Carlos Lopesle Béninois Lionel Zinsou, ou encore le chef des économistes pays de la Banque africaine de développement (BAD), Emmanuel Pinto Moreira, Ousmane Sonko devait y retrouver également le Franco-Béninois Wilfrid Lauriano Do Rego, président du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA, d’Emmanuel Macron), ou encore l’historien camerounais Achille Mbembe.

Les raisons du refus

Ousmane Sonko, toujours poursuivis dans le cadre de l’enquête ouverte suite à une plainte pour viol le visant, avait déposé une demande de sortie de territoire le 17 mai dernier. Le procureur de la République avait, jeudi 20 mai, fait savoir son opposition à ce que la demande soit acceptée. La balle était alors dans le camps du juge d’instruction Abdoulaye Assane Thione, qui a donc tranché en suivant l’avis du procureur.

Selon une communiqué de la défense d’Ousmane Sonko, le juge a motivé son refus par « l’absence de mainlevée du contrôle judiciaire » et par le fait qu’« Ousmane Sonko n’a pas encore été entendu au fond pour s’expliquer sur les accusations formellement portées à son encontre par la partie civile ».

« L’audition au fond de M. Sonko n’a aucun rapport avec la mesure de contrôle judiciaire », a regretté Me Bamba Cissé, un autre avocat de Sonko, cité par l’Agence France-Presse.

Avec Jeune Afrique par Mathieu Millecamps

Togo: dizaines de milliers de manifestants dans les rues de Lomé

décembre 30, 2017

Lomé – Des dizaines de milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de Lomé samedi, avant-dernier jour d’une année tourmentée au Togo, pour protester contre le régime du président Faure Gnassingbé, a constaté un journaliste de l’AFP.

A l’appel de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition, les manifestants ont sillonné plusieurs artères de la capitale togolaise, scandant des slogans hostiles au régime en place, avant de tenir un meeting en bordure de mer.

Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition et Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordonnatrice de la coalition, marchaient au milieu du cortège, encadré par les forces de l’ordre.

« Nous ne serons jamais fatigués. Cette fois-ci, nous irons jusqu’au bout de cette lutte que nous avons entamée depuis plusieurs mois », a lancé au milieu d’un groupe de jeunes manifestants, Alain, conducteur de taxi-moto.

« Personne ne baissera les bras, car nous voyons déjà la fin de ce régime cinquantenaire », a renchéri une manifestante, vêtue d’un tee-shirt orange, frappé de l’effigie de M. Fabre.

Aucun incident n’a été enregistré lors de cette nouvelle manifestation de l’opposition, la troisième cette semaine. Jeudi, la marche avait été dispersée par des gaz lacrymogènes, les manifestants n’ayant pas respecté l’itinéraire prévu, selon la police.

Au moins 12 personnes avaient été blessées, dont cinq grièvement, et une quinzaine arrêtées, selon l’opposition.

La coalition de l’opposition organise depuis septembre des manifestations quasi hebdomadaires contre le président, héritier d’une famille au pouvoir depuis 50 ans.

Faure Gnassingbé est à la tête du Togo depuis 2005, succédant à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans.

Un projet de révision de la constitution est en cours, mais la limitation à deux mandats présidentiels n’est pas rétroactive, et autoriserait le président à se représenter en 2020 puis en 2025, ce que rejette l’opposition.

Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, inquiets de l’instabilité que peut engendrer la crise togolaise, ont demandé des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition, sous la médiation du président ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé.

Mais le dialogue annoncé depuis début novembre par le gouvernement, peine à démarrer.

L’opposition exige des « mesures d’apaisement » notamment la libération des manifestants en prison et le retrait des forces de sécurité dans le Nord, avant le début des discussions.

Le 12 décembre, la coalition a boycotté des « consultation » initiées par le gouvernement, reprochant au pouvoir en place de vouloir être juge et partie.

Une délégation de l’opposition a été reçue vendredi à Accra par le président Nana Akufo-Addo.

« Nous avons rencontré le président ghanéen et ce dernier nous a affirmé que les deux médiations (ghanéenne et guinéenne) se poursuivent », a déclaré Jean-Pierre Fabre à l’AFP.

« Au lendemain du sommet de la Cédéao, le pouvoir a tenté de distiller au sein de la population des informations selon lesquelles les Togolais sont suffisamment mûrs pour discuter entre eux. Le niveau atteint par la crise exclut toute discussion des Togolais entre eux », a-t-il martelé.

Romandie.com avec(©AFP / 30 décembre 2017 19h49)

Togo: cinq blessés par balles dans des heurts à Lomé

octobre 19, 2017

Lomé – Cinq personnes ont été blessées par balle jeudi à Lomé dans des heurts opposant des jeunes aux forces de l’ordre togolaises avant une manifestation de l’opposition interdite, selon des sources concordantes.

Mercredi, au moins quatre personnes avaient déjà été tuées, selon le gouvernement, dans les deux principales villes du pays, Lomé et Sokodé, au cours de violents affrontements.

Des bandes de jeunes avaient dressé comme la veille des barricades et brûlé des pneus à Bè, secteur historique de l’opposition dans Lomé d’où devaient partir les marches. Les forces de l’ordre, déployées en nombre, sont intervenus pour les disperser en usant massivement de gaz lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Cinq jeunes de Bè ont été blessés « par balle », dont deux se trouvent dans un « état critique », a déclaré à l’AFP Eric Dupuy, porte-parole de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC, opposition), qui a également fait état de « tirs autour du domicile » du chef de file historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, vers 13H00 locales et GMT.

Contacté par l’AFP, le directeur d’Amnesty international Togo, Aimé Adi, a confirmé le bilan de cinq blessés par balle, qui étaient en train d’être « évacués » vers une clinique de la capitale togolaise pour être soignés en urgence.

La principale coalition d’opposition avait maintenu malgré l’interdiction du gouvernement son appel à marcher jusqu’au siège de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour demander la démission du président Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis 50 ans.

Dans le centre de Lomé, les rues étaient quasiment désertes, la plupart des habitants n’osant pas sortir de chez eux et les commerces sont restés fermés, hormis quelques moto-taxis circulant sur les grands axes.

« Les activités sont au point mort après des jours de perturbation par des marches. Ce qui se passe pèse tellement sur nous, il faut que les politiques dialoguent pour trouver une solution à cette crise » expliquait un vendeur de téléphones portables à Deckon, le quartier commerçant de Lomé.

Depuis août, de nombreuses marches ont été organisées au Togo, dont celles des 6 et 7 septembre, qui ont rassemblé plus de 100.000 personnes dans Lomé et plusieurs dizaines de milliers dans les villes du nord du pays.

Douze personnes, dont une majorité d’adolescents, ont été tuées en deux mois de manifestations.

« La France suit avec préoccupation la situation au Togo », a commenté jeudi le ministère français des Affaires étrangères lors d’un point presse à Paris. « Nous condamnons fermement les violences récentes qui ont fait plusieurs victimes (et) appelons les parties à l’apaisement et à entamer un dialogue ».

Selon une source proche de la présidence togolaise, le chef de l’Etat béninois Patrice Talon s’est rendu discrètement à Lomé mercredi soir pour s’entretenir avec son homologue togolais de la crise politique que traverse son pays. C’est la deuxième fois en une semaine qu’il se rend au Togo.

Romandie.com avec(©AFP / 19 octobre 2017 15h37)                                            

Togo: la manifestation ne faiblit pas même dans la nuit à Lomé

septembre 7, 2017

Manifestation pour réclamer une alternance politique et des réformes, le 7 septembre 2017 à Lomé / © AFP / PIUS UTOMI EKPEI

Une foule massive était encore rassemblée dans le centre de Lomé jeudi soir, longtemps après le coucher du soleil, les manifestants se disant déterminés à rester « toute la nuit », jusqu’au départ du président Faure Gnassingbé et la mise en place de réformes.

Le reste de la ville était quasiment désert, la population ayant dressé des barricades de fortune, à l’aide de pierres et de pneus. Les chauffeurs de moto-taxis filtraient également certains axes à la circulation, pour assurer la sécurité des manifestants.

Les manifestants ont marché dans le calme mercredi et jeudi, à grand renfort de sifflets et brandissant des drapeaux du Togo.

Aucun incident n’a été pour l’instant enregistré à Lomé ou dans les autres villes du pays où des manifestations se sont également déroulées.

Les manifestants réclament des réformes constitutionnelles, notamment la limitation des mandats présidentiels à deux, un scrutin à deux tours, et ils protestent contre le régime du président Faure Gnassingbé, qui a succédé il y a douze ans à son père, lui-même resté au pouvoir près de quarante ans.

« Nous sommes fatigués, nous sommes fatigués, 50 ans, c’est trop », scandaient les manifestants, toujours survoltés après 10 heures de marche. « Nous resterons toute la nuit s’il le faut, et demain encore », a lancé un groupe de jeunes hommes, assis au milieu du rond point de la Paix.

« Nous avons prévu des bougies, au cas où ils coupent l’éclairage public », expliquaient-ils à l’AFP. « Nous avons ramené de la pâte (de maïs), nous pouvons tenir le temps qu’il faudra. »

Les manifestants ont tenté de converger vers la présidence togolaise, mais ils ont été bloqués par les forces de l’ordre. Une centaine de gendarmes, épuisés après des heures d’immobilité, faisaient toujours face à la foule.

Une banderole déployée demandait aux « soldats, policiers et gendarmes de faire allégeance au peuple ».

Plus bas sur le boulevard, à quelques kilomètres de là, des milliers d’autres personnes étaient réunies dansant sur de la musique reggae contestataire, autour du chef historique de l’opposition, Jean-Pierre Fabre.

Le président de l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement) s’est dit « très ému » devant la foule de ses supporters.

« De voir le peuple togolais se lever comme un seul homme, c’est une très grande satisfaction », a-t-il déclaré à l’AFP. « C’est une grande émotion qui m’étreint », a confié cet opposant qui bat le pavé depuis des années, sans avoir jusqu’à présent réussi à imposer des réformes au pouvoir.

Les journées du 6 et 7 septembre ont été lancées par une coalition de l’opposition togolaise (Cap 2015, le Groupe des six et le Parti National Panafricain – PNP, rejoints par plusieurs partis mineurs), d’où l’importance de la mobilisation.

Mercredi, une marée humaine (plus de 100.000 selon Amnesty International, un million selon des opposants) avait déjà défilé dans la capitale togolaise, véritable démonstration de force pour une opposition qui a longtemps échoué à parler d’une seule voix.

« Il y a beaucoup d’électricité dans l’air », a relevé jeudi Adoté Delali, observateur de l’Association des droits de l’homme, une ONG locale, affirmant qu’il y avait « beaucoup plus de monde qu’hier » (mercredi).

« Hier, je n’était pas venu », a témoigné Dodo M.. « J’avais peur, mais quand j’ai vu qu’il n’y avait pas de violence j’ai rejoint les frères. »

– « Du jamais vu » –

Le président Gnassingbé ne s’est pas exprimé depuis le début du mouvement, et la présidence, contactée à plusieurs reprises par l’AFP, n’a pas donné suite.

Jeudi soir encore, tous les accès à internet étaient coupés à travers le pays, et les communications téléphoniques très sporadiques.

Le gouvernement avait tenté de joué l’apaisement mardi, à la veille des rassemblements, en annonçant une réforme constitutionnelle concernant la « limitation des mandats et le mode de scrutin », mais cela n’a pas suffi à dissuader les manifestants.

« Nous allons rester dans la rue jusqu’à ce qu’il nous écoute. Nous voulons que Faure (…) s’en aille », a affirmé Jonas Badagbon, 29 ans.

Selon Aimé Adi, directeur d’Amnesty International au Togo, des manifestations ont également rassemblé des milliers de personnes dans plusieurs villes du nord, dont Sokodé, Bassar et Bafilo, « où une centaine de manifestants occupent la route principale, bloquant la circulation ».

Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, ce qui avait entraîné de violentes manifestations et une féroce répression.

Il a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.

Romandie.com avec(©AFP / 07 septembre 2017 23h51)

Togo: incidents à Lomé et en région

août 19, 2017

 

Incidents à Lomé et en région Manifestants du PNP samedi 19 août 2017 à Lomé

 

Des incidents ont été signalés samedi à Lomé, Sokodé et Kara en marge de manifestations organisées par le PNP (Parti national panafricain), un petit parti d’opposition créé il y a 3 ans.

Un itinéraire avait été proposé par le ministère de la Sécurité, mais les organisateurs sont passés outre. Plusieurs interpellations ont eu lieu.

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Un canon à eau de la gendarmerie en intervention

 

Le PNP exige le retour à la constitution de 1992 et le vote pour la Diaspora.

Réagissant aux incidents, son président, Tikpi Atchadam, a déploré ‘le caractère arbitraire de la gouvernance et le refus de la liberté de manifestation du régime en place’.

En ne respectant pas l’itinéraire, les responsables de cette formation ont sciemment créé les conditions propices à ces violences. Une stratégie calculée pour tenter de supplanter les autres partis de l’opposition qui peinent à mobiliser.

Photo de BrazzaNews.

Photo de BrazzaNews.Photo de BrazzaNews.

 

 

La police a dispersé samedi à coups de gaz lacrymogènes des partisans d’un parti de l’opposition qui tentaient de se rassembler pour une marche dans les rues de Lomé afin d’exiger des réformes politiques dans ce pays d’Afrique de l’Ouest dirigé depuis un demi-siècle par une dynastie familiale, a constaté l’AFP.

A l’appel du Parti national panafricain (PNP), des milliers de manifestants, vêtus pour la plupart de tee-shirts rouges, la couleur du parti, ont investi le lieu de rassemblement. Ils ont rapidement été dispersés à coup de grenades lacrymogènes.

Vendredi, les ministres de la Sécurité et de l’Administration territoriale avaient proposé un itinéraire aux organisateurs de la manifestation mais ceux-ci ont refusé et maintenu leur propre itinéraire.

Selon le ministre de la Sécurité, le colonel Yark Damehame, l’itinéraire choisi par les manifestants visait à bloquer les activités de la capitale.

Le PNP avait également prévu des marches dans certaines autres villes du Togo ce samedi, qui ont également été dispersées, ont rapporté des journalistes de médias privés dans ces localités.

« Nous sommes fatigués de ce régime. Nous voulons les réformes avant les prochaines élections. C’est tout », a déclaré à l’AFP Idrissou Hama, l’un des manifestants au milieu de la foule à Lomé.

« Nous serons dans les rues tous les samedis, si le pouvoir en place ne montre pas sa volonté de faire les réformes dans un bref délai. Nous n’avons plus peur des gaz lacrymogènes », a renchéri un autre contestataire, Gounou Aléri.

Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma, – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans – à la présidentielle de 2005 avec l’appui de l’armée, avant d’être réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.

Le 3 août, les militants et sympathisants du Combat pour l’Alternance politique (CAP), le plus important regroupement de cinq partis de l’opposition, avaient manifesté à Lomé pour les mêmes raisons.

L’opposition togolaise réclame depuis dix ans que la Constitution – modifiée en 2002 – soit révisée, notamment afin d’y réintroduire une limitation des mandats présidentiels à 10 ans au plus.

Elle exige également un mode de scrutin à deux tours, une recomposition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale.

Un projet de loi prévoyant ces réformes a été déjà rejeté en juin 2014 par le Parlement, dominé par le parti au pouvoir avec 62 sièges sur 91.

De nouveaux débats autour de deux propositions de lois, introduites par l’opposition n’ont rien donné, opposition et pouvoir s’accusant réciproquement de bloquer le vote des textes.

Le 3 janvier, le président Gnassingbé a nommé les personnalités d’une commission créée en janvier 2015, chargée de proposer un texte de réformes institutionnelles et constitutionnelles. Mais aucune personnalité de l’opposition n’y figure.

Boudée par l’opposition, cette commission a entamé depuis le 31 juillet des consultations à travers le pays. Elle doit recueillir des avis et suggestions de la population pour proposer des réformes qui « tiennent compte de l’histoire du pays et répondent aux aspirations du peuple togolais ».

Les togolais montrent l’exemple aux congolais.

Pour dégager le rejeton Eyadema, le peuple togolais uni comme un seul homme a investi la rue. Toutes les villes du Togo sont aux mains du peuple et, à Lomé comme dans le reste du pays, des marées humaines envahissent les rues à tel point que l’armée est débordée.

Qui va tirer ? Sur qui ? Ils n’auront jamais assez de balles car tout le monde est dehors. Les forces du désordre sont débordées. Le rapport de force a été inversé. Les militaires sont obligés de coopérer avec les manifestants.

Voilà ce que nous devons faire rapidement au Congo. Brazzaville, Pointe-Noire, Owando, Ouesso, Nkayi, Djambala etc… Tout me monde dehors. On verra qui va tirer.

Republicoftogo.com avec Jeuneafrique.com et Brazzanews.fr