Posts Tagged ‘Luca Attanasio’

RDC : au procès du meurtre de l’ambassadeur d’Italie, le premier accusé nie en bloc

octobre 27, 2022

Le premier accusé de l’assassinat de Luca Attanasio entendu ce mercredi par le tribunal militaire de Kinshasa a affirmé que ses aveux avaient été arrachés sous la torture.

Lors des funérailles de l’ambassadeur italien en RDC Luca Attanasio, le 25 février 2021 à Rome. © Vincenzo PINTO / AFP

Au procès de l’assassinat – début 2021 dans l’est de la RDC – de l’ambassadeur d’Italie Luca Attanasio, le premier accusé entendu ce mercredi 26 octobre à Kinshasa par le tribunal militaire a tout nié en bloc. Il affirme que ses aveux, consignés sur procès-verbal, ont été arrachés sous la torture.

La mort de l’ambassadeur italien le 22 février 2021 au nord de Goma ? « Je l’ai apprise par la télévision », a déclaré au micro et en lingala Issa Seba Nyani, la trentaine, vêtu de la vareuse bleue et jaune des prisonniers.

Avec quatre autres accusés, il comparaît depuis le 12 octobre, à raison d’une audience par semaine, devant le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa-Gombe, siégeant dans l’enceinte de la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa. Un sixième prévenu, en cavale, est jugé par défaut.

Tués par balles

Tous sont poursuivis pour l’assassinat de Luca Attanasio, de son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et d’un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM), Mustapha Milambo. Les trois hommes avaient été tués par balles après être tombés dans une embuscade aux abords du parc national des Virunga, dans le Nord-Kivu, à l’est du pays.

Selon la police congolaise, qui avait annoncé en janvier dernier l’arrestation des auteurs présumés de l’attaque, ces derniers seraient des « criminels », qui au départ n’avaient pas l’intention de tuer l’ambassadeur, mais de le kidnapper et de demander un million de dollars (près de 998 000 euros) pour sa libération.

LE TRIBUNAL A REJETÉ LA DEMANDE DE LIBÉRATION

À l’audience de ce mercredi, le tribunal a commencé par rendre sa décision sur des questions soulevées la semaine dernière par la défense. Celle-ci contestait la compétence du tribunal, estimant que les accusés, tous civils, ne relevaient pas de la justice militaire, et réclamait leur remise en liberté provisoire car, disait-elle, ils clament tous leur innocence.

« Pour une bonne administration de la justice » et au vu des risques de fuite, le tribunal a rejeté la demande de libération. Il s’est aussi estimé compétent car, a souligné le président, les accusés sont poursuivis notamment pour « détention illégale d’armes et de munitions de guerre ». Les autres chefs retenus contre eux sont « association de malfaiteurs » et meurtres.

Enlèvements et kidnappings

L’examen du fond du dossier a ensuite démarré, avec l’interrogatoire du premier prévenu. L’accusation présente Issa Seba Nyani comme un ancien militaire déserteur ayant rejoint vers 2012 la rébellion du M23, défaite l’année suivante et qui refait parler d’elle depuis la fin de l’année dernière. Elle l’estime aussi impliqué dans plusieurs enlèvements et tentatives de kidnappings dans l’est du pays, dont l’attaque contre le convoi de l’ambassadeur.

Lui a tout contesté, affirmant n’être qu’un taxi-moto, arrêté au hasard alors qu’il était en train de laver son véhicule, n’ayant rien à voir avec une quelconque bande de kidnappeurs ni avec les armes. Il a même affirmé ne pas savoir à quoi ressemblait un fusil d’assaut AK47, type d’arme utilisée dans l’attaque contre le convoi de l’ambassadeur.

Pour le ministère public, le lieutenant-colonel magistrat Joseph Malikidogo a lu à l’audience des procès-verbaux que l’accusé avait lui-même signés après son arrestation à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dans lesquels il précise son rôle de guetteur ou transporteur dans des rapts, dénonce ses complices dans l’attaque contre Luca Attanasio et désigne même celui qui a tiré sur le diplomate.

DANS LES LOCAUX DE LA POLICE, ON TORTURE, ON TUE

Issa Seba Nyani a répété de multiples fois avoir avoué et signé sous la torture, ce que l’accusation a fermement contesté. « Dans les locaux de la police, on torture, on tue, ce qui est dans les PV doit être pris avec des pincettes! », a lancé un des avocats de la défense, Me Peter Ngomo. « Ce procès est monté de toutes pièces! », a renchéri son confrère Me Joseph Amzati. Le procès a été suspendu et reprendra mercredi prochain, 2 novembre, avec la suite des interrogatoires des prévenus.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

RDC-Diplomatie : les dépouilles de Luca Attanasio et de son garde du corps rapatriés en Italie

février 24, 2021

Les corps inertes de l’ambassadeur italien et de son garde du corps, tués le 22 février, lors d’une attaque à Nyrangongo au Nord-Kivu, sont arrivés à Rome en Italie, le  24 février par l’aéroport militaire de Ciampino. Elles ont été réceptionnées par le Premier ministre italien Mario Draghi. 

mediacongo.net - Actualités - Attaque d'un convoi du PAM à Nyiragongo :  l'ambassadeur italien Luca Attanasio est décédé des suites de ses blessures

L’ambassadeur italien Luca Attanasio

Auparavant, une délégation du cabinet du chef de l’État s’était rendue quelques heures plus tôt à Goma pour rendre les derniers hommages à l’ambassadeur Luca Attanasio. Ce dernier et son aide de camp, Vittorio Lacovacci, ont reçu les hommages des autorités congolaises au cours d’une sobre cérémonie non autorisée aux médias.

Le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kasivita, et le conseiller principal du chef de l’Etat au collège diplomatique, M. Boshiri, se sont recueillis devant les  deux cercueils enveloppés de drapeaux italiens exposés sous une tente au cœur du dispositif militaire de la Monusco à leur terminal de l’aéroport international de Goma. Après  avoir déposé deux gerbes de fleurs au nom du chef de l’Etat, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, les deux personnalités ont échangé quelques mots avec les délégués du gouvernement italien venus pour assurer le rapatriement de leurs compatriotes. Le gouverneur de province a remis le message de condoléances de sa province aux officiels italiens.

Un gros porteur de l’armée de l’air italienne a atterri en milieu de la journée à Goma avec, à son  bord, une dizaine d’officiers militaires. Visiblement émus, les  délégués italiens se sont opposés à toute cérémonie d’hommage aux deux illustres disparus. Aucune prise d’images n’a été autorisée et le lieu de l’exposition des dépouilles mortelles n’a pas été accessible aux autres autorités provinciales civiles et militaires. L’avion militaire de l’armée de l’air italienne a décollé le même jour en direction de  Rome.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

RDC : ce que l’on sait de l’attaque qui a coûté la vie à l’ambassadeur d’Italie

février 23, 2021
Des soldats de la paix de l’ONU surveillent la zone où le convoi a été attaqué, à Nyiragongo, province du Nord-Kivu, le 22 février 2021.

Luca Attanasio, son garde du corps et son chauffeur ont été attaqués par des hommes armés alors qu’ils faisaient partie d’un convoi du PAM qui faisait route près de Goma, dans le Nord-Kivu.

L’attaque a eu lieu dans la matinée du 22 février, autour de 10 heures, à une dizaine de kilomètres de Goma, dans le territoire de Nyiragongo, dans le Nord-Kivu. Le convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) faisait route vers Rutshuru, sur la route du parc des Virungas, lorsqu’il a été pris d’assaut. Selon le gouverneur de la province, Carly Nzanzu Kasivita, les assaillants étaient au nombre de six.

Selon l’agence onusienne qui a réagi dans un communiqué, « la délégation se rendait de Goma à Rutshuru pour visiter un programme d’alimentation scolaire du PAM lorsque l’incident a eu lieu ». Le convoi a été arrêté au niveau du lieu-dit « Trois antennes », rapporte de son côté le Baromètre sécuritaire du Kivu, projet conjoint de Human Rights Watch et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), qui observe l’activité des nombreux groupes armés dans l’est du pays.

Assaillants inconnus

Le déroulé des évènements reste flou, mais il semble que la Jeep dans laquelle se trouvait l’ambassadeur d’Italie a d’abord été arrêtée par des tirs de sommation avant d’être attaquée. Les assaillants auraient alors tenté de kidnapper les membres du convoi.

Alerté, un contingent de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui patrouillait près du lieu de l’attaque avec une unité des Forces armées de la RDC (Fardc), est alors intervenu. Des tirs ont été échangés et le garde du corps du diplomate, Vittorio Iacovacci, ainsi que le chauffeur congolais du véhicule du PAM, Mustapha Milambo, ont péri sur place. Gravement touché à l’abdomen et transféré vers un hôpital, Luca Attanasio a perdu la vie quelques instants plus tard.

LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE EST EN DEUIL POUR CES SERVITEURS DE L’ÉTAT QUI ONT PERDU LEUR VIE DANS L’EXERCICE DE LEURS FONCTIONS

Plusieurs questions subsistent. Selon le PAM, l’attaque s’est produite sur une route sur laquelle le convoi été autorisé à circuler sans escorte. « Les services de sécurité et les autorités provinciales n’ont pu ni assurer des mesures de sécurisation particulière du convoi, ni leur venir en aide faute d’informations sur leur présence dans cette partie du pays », a néanmoins affirmé en fin de journée le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité dans un communiqué.

L’identité des assaillants n’est pas encore connue, mais une source sécuritaire contactée par Jeune Afrique évoque la responsabilité de « certains éléments des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda] ». La zone dans laquelle l’attaque a eu lieu est toutefois le repère de plusieurs autres groupes armés, y compris des milices Nyatura et des membres de l’ex-M23.

Le dernier rapport du Baromètre sécuritaire du Kivu évoque la présence de 122 groupes armés distincts dans l’est de la RDC (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika). Ce chiffre est en baisse par rapport à la dernière recension, qui se focalisait uniquement sur le Kivu. Pourtant, le nombre de civils tués dans cette région en proie à l’insécurité depuis plus de vingt-cinq ans est en nette augmentation depuis la fin de 2019.

« Attaque lâche »

Arrivé en RDC en tant que chargé d’affaires à l’ambassade d’Italie, Luca Attanasio, 43 ans, était en poste depuis octobre 2019.

Sa mort, ainsi que celles de son garde du corps et de son chauffeur, ont provoqué une vague de réactions tant en RDC qu’en Europe. Le président italien, Sergio Mattarella, a dénoncé une « attaque lâche ». « La République italienne est en deuil pour ces serviteurs de l’État qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leurs fonctions », a-t-il ajouté.

Les autorités congolaises ont, quant à elles, réagi par la voix de la ministre des Affaires étrangères, Marie Tumba Nzeza, qui a promis que la RDC « mettrait tout en œuvre pour découvrir qui est à la base de cet ignoble meurtre ». Accompagnée du secrétaire général aux Affaires étrangères, Dominique Kilufya, la cheffe de la diplomatie congolaise a rendu visite à l’épouse et aux enfants de l’ambassadeur.

Avec Jeune Afrique par Romain Gras et Stanis Bujakera Tshiamala

RDC: l’ambassadeur d’Italie tué dans l’Est, théâtre de conflits oubliés

février 22, 2021

L’ambassadeur d’Italie en République démocratique du Congo (RDC) a été tué lundi lors d’une attaque dans la province orientale du Nord-Kivu, rappelant amèrement à la communauté internationale les conflits souvent oubliés qui ravagent depuis 25 ans l’Est du pays.

L’ambassadeur Luca Attanasio, 43 ans, « est décédé des suites de ses blessures » par balles, a déclaré à l’AFP une source diplomatique de haut rang à Kinshasa. 

Le ministère italien des Affaires étrangères a confirmé peu après, en faisant part de sa « profonde tristesse ».

En visite de terrain avec le Programme alimentaire mondial (PAM) au nord de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, l’ambassadeur et son convoi ont été pris pour cible par des hommes armés non-identifiés vers 10H15 (09H15 GMT), selon le diplomate de haut rang.

Gravement « blessé par balles à l’abdomen », l’ambassadeur a été évacué vers un hôpital à Goma « dans un état critique », avant de succomber à ses blessures, a-t-il précisé à l’AFP.

Deux autres personnes ont également été tuées pendant l’attaque du convoi, a indiqué de son côté à l’AFP le major Guillaume Djike, porte-parole de l’armée dans la région du Nord-Kivu. 

Les deux autres victimes seraient le chauffeur congolais et le garde du corps de l’ambassadeur, d’après plusieurs sources.

L’ambassadeur voyageait en voiture « dans un convoi de la Monusco », la mission des Nations unies présente en RDC depuis plus de vingt ans, précise le communiqué du ministère italien.

Les victimes étaient dans un convoi de deux véhicules du PAM, sans présence de la Monusco, a indiqué pour sa part une source de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).

Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, qui se trouvait à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues européens, a annoncé son retour anticipé à Rome.

Le président du Conseil européen Charles Michel s’est déclaré « choqué par l’attaque d’un convoi » et « les vies perdues »

« L’UE restera aux côtés de la RDC et sa population » pour la « sécurité et la paix », a-t-il ajouté sur Twitter en présentant en italien ses condoléances à la famille. 

– Dizaines de groupes armés –

Luca Attanasio était ambassadeur en RDC depuis octobre 2019, après être arrivé dans le pays deux ans plus tôt en tant que chef de mission, selon sa biographie officielle.

Il était entré dans la carrière diplomatique fin 2003, après des études de commerce à l’Université milanaise Luigi Bocconi. 

Il avait démarré à la direction des Affaires économiques, avant de travailler sur les questions africaines et la coopération internationale. 

A l’étranger, il fut d’abord chef de la section économique et commerciale auprès de l’ambassade de Berne (2006-2010), puis consul général à Casablanca au Maroc (2010-2013). Après un passage à Rome, il était aussi devenu conseiller à l’ambassade d’Italie au Nigeria en 2015.

L’attaque contre ce convoi du PAM a eu lieu dans le territoire de Nyiaragongo, au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en proie à la violence de dizaines de groupes armés depuis plus de 25 ans.

A proximité des lieux du drame, se trouvent les fiefs de la rébellion hutu rwandaise FDLR et des milices hutu congolaises Nyatura. Des rebelles congolais du M-23 sont également localisés dans la zone d’après un expert du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).

Cette région abrite le parc national des Virunga, dont au moins 200 rangers ont aussi été victimes ces dernières années d’embuscades des groupes armés dans l’exercice de leurs fonctions.

Le dernier incident en date remonte à début janvier, quand six rangers ont été tués dans le parc des Virunga.

Les groupes armés affirment défendre leur communauté mais se disputent souvent les ressources d’une région riche en minerais et en bois.

Luca Attanasio est le deuxième ambassadeur européen en fonction tué par balles en RDC, après le Francais Philipe Bernard, tué le 28 janvier 1993 lors d’émeutes qui avaient conduit à des pillages à Kinshasa, sous le règne de l’ex-président Mobutu Sese Seko.

Avec AFP